Trois Départements et Six Ministères

Trois Départements et Six Ministères

Trois départements et six ministères

Le système des trois départements et six ministères (en sinogrammes traditionnels 三省六部) était l'élément central de l'administration dans la Chine impériale. Ce système se dessine d'abord sous la dynastie des Han occidentaux (206 av. J.-C. - 24 apr. J.-C.), entre officiellement en fonction sous la dynastie Sui (589-618), et prend toute sa valeur sous la dynastie Tang (618907). Le système remplace celui des trois seigneurs et neuf ministères qui avait prévalence sous la dynastie Qin (221-206 av. J.-C.). Les trois départements sont le secrétariat (中書省), la chancellerie (門下省), et le département des affaires d'État (尚書省).

Au sommet de l'organigramme se pose l'Empereur, les « directeurs » de chaque département (省, shěng) sont responsable devant lui, avec :

  • Le secrétariat (中書省), organe politique, conçoit les réformes et les décrets impériaux en fonction de la volonté politique du moment ;
  • La chancellerie (門下省), organe de conseil, relit et vérifie que les réformes ne contiennent pas d'éléments contradictoires avec la volonté politique générale ou avec la situation de l'Empire ;
  • Le département des affaires d'État (尚書省) doit faire appliquer les décrets validés ; ce ministère-clef comprend six divisions (部, bù) : le ministère du Personnel (吏部), des Revenus (戶部), des Rites (禮部), de la Guerre (兵部), de la Justice (刑部) et des Travaux (工部)[1].

Sommaire

Les trois départements

Les trois directeurs de départements étaient connu sous le titre de chancelier, étant tout trois juste en dessous de l'empereur en termes de rang et pouvoir décisionnel. Ces trois chanceliers sont les collaborateurs immédiats de l'Empereur, ses yeux, ses oreilles, ses éminences grises.

Chancellerie et secrétariat

La chancellerie et le secrétariat étaient les très proches collaborateurs de l'empereur, les éminences grises dessinant avec lui les lois qui sculpteront l'avenir social, économique, et militaire de l'Empire. Leur rôle est purement abstrait, imaginant des solutions, des lois, des stratégies, des budgets, des projets répondant aux grands besoins de l'Empire. Dans ce jeu, le secrétariat (中書省) est un organe politique qui conçoit ces plans, ces réformes, et les formulent sous forme de proposition de décrets impériaux en fonction de la volonté politique et des besoins (connu) du moment. De son coté, la Chancellerie (門下省) est un organe « de conseil », moralisateur et limitant, il relit et vérifie que les réformes proposées ne contiennent pas d'éléments contradictoires avec la volonté politique générale ou avec la situation de l'Empire. La chancellerie est parfaitement placée pour refuser des projets trop ambitieux (constructions de palais, expédition militaires) et même pour adresser des remontrances à l'Empereur… s'il est apte à les accepter.[2]

L'empereur reste en possession du choix final :

  • il peut court-circuiter le tout en édictant directement (seul) des décrets[3] ;
  • il peut passer outre les conseils de la chancellerie, et lancer des actions coûteuses malgré son opposition farouche.
Le département des affaires d'État…

Le département des affaires d'État est responsable de l'application réelle sur le terrain immense qu'est l'Empire. C'est le département des affaires d'État qui engage, forme, guide, contrôle, paye, l'ensemble des fonctionnaires impériaux à travers l'Empire. Cette tache immense et complexe est divisé en six ministères gérant un aspect des problématiques concrètes que pose la maintenance de l'Empire.

…et ses six ministères

A l'interieur du département des affaires d'État, les six ministères étaient les organes d'administrative direct, chaque ministère étant dirigé par un ministre (尚書) et un vice-ministre (侍郎).

  • le ministère du Personnel (吏部) a la charge de nommer, noter, promouvoir et démettre les officiels civils, ainsi que de remettre les titre honorifiques[4] ;
  • le ministère des Revenus (戶部) a la charge de recueillir des données de recensement, de collecter l'impôt, de gérer les revenues de l'État. Deux deux bureaux de monnaie qui sont subordonnés.[5]
  • le ministère des Rites (禮部) a la charge des cérémonies officielles, des rites, et des sacrifices ; il supervise également la création de registres pour les prêtres Bouddhiste et Daoistes ainsi que la l'accueil des ambassades provenant des pays vassaux (payant un tribut symbolique).[6]
  • le ministère de la Guerre (兵部) a la charge de de nommer, promouvoir et démettre les officiels militaires, entretenir les installations, équipement et armes ainsi que le système de messagerie impériale[7]
  • le ministère de la Justice (刑部) a la charge des systèmes judiciaires et pénaux locaux (il n'a pas de contrôle sur le Secrétariat qui conçoit les lois)[8]
  • le ministère des Travaux (工部) a la charge des projets de constructions public, les projet d'entretiens des routes et des canaux, d'engager des artisans et des ouvrier pour ces travaux temporaires, et de la fabrications d'équipements spécifiques (armes, artisanat de qualité pour la Cour impériale, etc.), la standardisation (et contrôle) des poids et mesures, et la gestions des ressources des régions, par exemple en organisant des transports de grain d'une région en sur-production, vers une région en demande, ou par le stockage dans les grenier à grain, etc.[8]

Histoire

L'origine des trois départements et six ministères peut être retracé jusqu'à la dynastie Han (206 av. J.-C. –220 apr. J.-C.). La dynastie Han adoptant le système dit des trois seigneurs et neuf ministères sous la surveillance du chancelier à la tête de tous les officiers civils. Après l'Empereur Wudi (156–87 av. J.-C.), le chancelier perd peu à peu de son rôle.

Le royaume de Wei restaure un proto-système des Trois Départements et Six Ministères, qui sera repris et renforcé par les Sui, puis par les Tang.

Voir aussi

  • Grand Secrétariat
  • Censorate (御史台 yùshǐtái)
  • Trois Excellences et neuf ministères (trois seigneurs et neuf ministères)

Notes

  1. Li, 130.
  2. CHoC, p.197. Voir la pique sidérante qu'envoie Wei Zheng à l'empereur Tang Taizong en 637, mais considérer aussi qu'en 648, simplement 11 ans plus tard, Fang Xuanling fait remarquer que plus personne n'ose adresser de remontrance à cet empereur (p.193). En règle générale, les empereurs acceptaient peu les critiques.
  3. CHoC, p. 179.
  4. Hucker, 32.
  5. Hucker, 33.
  6. Hucker, 33–35.
  7. Hucker, 35.
  8. a  et b Hucker, 36.

Références

  • Konghuai Li, History of Administrative Systems in Ancient China, Joint Publishing (H.K.) Co., Ltd., 2007 (ISBN 978-962-04-2654-4) 
  • Simian Lu, The General History of China, New World Publishing, 2008 (ISBN 978-7-80228-569-9) 
  • Yü-Ch'üan Wang, « An Outline of The Central Government of The Former Han Dynasty », dans Harvard Journal of Asiatic Studies, vol. 12, no 1/2, June 1949, p. 134-187 
  • Denis C. Twitchett, John K. Fairbank (Hrsg.), The Cambridge History of China : Sui and T'ang China, 589–906, vol. 3, Cambridge University Press, Cambridge, 1979, 179,193,197 p. (ISBN 0-521-21446-7) 
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