- Troisième bataille de Luçon
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La bataille de Luçon se déroula lors de la guerre de Vendée.
Sommaire
Prélude
Après son échec à la deuxième bataille de Luçon, l'état-major vendéen se réunissait au château de La Boulaye, à Châtillon-sur-Sèvre. Un émissaire, Vincent de Tinténiac, ancien membre de l'Association bretonne, se présenta aux Vendéens porteur de lettres écrites par Henry Dundas. Ce fut le premier contact des Vendéens avec le gouvernement britannique. Celui-ci demandait aux Vendéens de franchir la Loire et de prendre un port dans les côtes du nord de la Bretagne, afin de pouvoir faire débarquer des troupes. Il demanda également quelques informations sur les plans, les forces et les objectifs des Vendéens. Tinténiac repartit ensuite pour la Grande-Bretagne, porteur de la réponse des Vendéens qui demandaient au comte de Provence et au comte d'Artois de débarquer dans l'Ouest à la tête de soldats de l'armée des émigrés.
Cependant, les officiers vendéens étaient divisés, concernant la suite des opérations. Bonchamps et Talmont étaient favorables au plan anglais. En revanche, le général en chef Maurice d'Elbée, soutenu par Lescure, estimait qu'après la défaite de Nantes, une nouvelle tentative de passage au nord de la Loire serait difficile : l'armée avait besoin de poudre et de munitions et les villes du sud semblaient plus vulnérables. Aussi fut-il décidé de venger la défaite de Luçon.
D'Elbée fit appel à l'armée du Centre et l'armée du Bas-Poitou, commandées respectivement par Royrand et Charette. Les trois armées se réunirent à Chantonnay, puis marchèrent sur Luçon, tandis que Charles de Bonchamps restait au nord afin de protéger l'Anjou.
À Luçon, le général Augustin Tuncq venait d'être destitué sur ordre du général Rossignol, le commandant en chef de l'armée des côtes de La Rochelle, à cause des nombreux conflits qui l'opposaient à ce dernier. Cependant, le 13 août, les républicains apprirent que les Vendéens marchaient sur Luçon. Aussi, les représentants en mission Jean François Marie Goupilleau de Fontenay et François-Louis Bourdon maintinrent Tuncq dans son commandement pour repousser les Vendéens.
La bataille
C'est à l'auberge du Bon Pasteur (qui reçut également, le 8 août 1808 l'empereur Napoléon) à Sainte-Hermine, que se retrouvèrent les généraux vendéens, afin de préparer le plan d'attaque de la ville de Luçon. On prête à Charette cette phrase téméraire : « Je puis prendre la ville seul ».
Le 14 août, à 5 heures du matin, les Vendéens étaient devant Luçon. D'Elbée, Royrand, La Rochejaquelein occupaient le flanc gauche, Lescure et Marigny le centre, François-Athanase de Charette et Joly le flanc droit. Le plan d'attaque adopté avait été établi par Lescure : il s'agissait de lancer plusieurs attaques à différents échelons.
Tuncq déploya ses troupes dans la plaine, au nord de la ville. Bien qu'elles fussent déjà très inférieures en nombre, il tenta de faire croire aux Vendéens qu'il avait encore moins d'hommes : le terrain était à son avantage, il cacha son artillerie au centre derrière un bataillon, d'autres soldats étaient couchés au sol. Face à la charge des Vendéens, les fantassins républicains ouvrirent le feu, puis se replièrent vers la ville.
L'artillerie républicaine ouvrit le feu à son tour, causant de grandes pertes aux Vendéens et freinant leur avance. Mais Charette, épargné par les tirs d'artillerie, progressa beaucoup plus vite que le reste de l'armée, tandis que la cavalerie de Talmont s'était empêtrée dans l'artillerie de Marigny. D'Elbée se redéploya alors au centre, afin d'appuyer Royrand, tandis que La Rochejaquelein s'était égaré. Une grande confusion et un manque de coordination régnait dans les rangs vendéens. Tuncq lança alors la contre-attaque ; il délaissa Charette et attaqua le centre. Les Vendéens cédèrent à la panique, poursuivis la cavalerie républicaine. Charette, se retrouvant isolé, fut forcé de battre en retraite, pour ne pas se retrouver à combattre contre toutes les forces républicaines. Les Vendéens se replièrent jusqu'à Chantonnay, laissant de nombreux tués sur le terrain, dont Baudry d'Asson. Les pertes vendéens furent de 5 000 à 6 000 morts selon le rapport républicain. Selon les mémoires de Victoire de Donnissan de La Rochejaquelein les Vendéens perdirent 1 500 hommes dans cette bataille qui fut la plus désastreuse de toutes celles qui s'étaient déroulées jusqu'à présent[1], d'après les mémoires de Jeanne-Ambroise de Sapinaud de Bois-Huguet, les pertes vendéennes furent de 2 000 morts[2].
Les Vendéens se réunirent à Chantonnay, mais les officiers vendéens se rejetèrent les uns les autres la responsabilité de la défaite. D'Elbée estima que la déroute était due au plan de Lescure, celui-ci répliqua à d'Elbée qu'il l'avait approuvé. Charette reprocha à l'armée d'Anjou d'avoir abandonné le champ de bataille. De même, des officiers de l'armée d'Anjou reprochèrent à Royrand d'avoir enrôlé des paroisses protestantes généralement républicaines. Finalement, les chefs se séparèrent aigris.
Tuncq avait repoussé les Vendéens à deux reprises à Luçon. En conséquence, il fut confirmé dans son commandement et promu au grade de général de division.
Références
- Jean Tabeur, Paris contre la Province, les guerres de l'Ouest, éditions Economica, 2008, p.119-121.
- Yves Gras, La Guerre de Vendée, éditions Economica, 1994, p.57-58.
- Smith, D. The Greenhill Napoleonic Wars Data Book. Greenhill Books, 1998.
Notes
Catégories :- Bataille des guerres de la Révolution française
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