Tunique d'Argenteuil

Tunique d'Argenteuil

La tunique conservée à Argenteuil est vénérée comme une relique authentique, apportée par Charlemagne.

Sommaire

Historique

La première mention authentifiée par un document de la tunique à Argenteuil date de 1156. D'après la datation au carbone 14, effectuée en 2003 à l'initiative du sous-préfet d'Argenteuil, Jean-Pierre Maurice (avec l'accord de la Municipalité - Philippe Métezeau, adjoint au maire, de l'Évêque de Pontoise ( Monseigneur Riocreux) et du Ministère de la culture-conservatoire des Monuments historiques) elle a été confectionnée au VIIe siècle, ce qui lui donne une véritable valeur historique. Cette datation est contestée.

Des documents anciens, (notamment une charte de 1156) relatant la redécouverte de la Sainte Tunique, ont disparu il y a une vingtaine d'années probablement[réf. nécessaire]. Cette charte indiquait que Louis VII,roi de France, était présent à Argenteuil lors de l'annonce de cette 'redécouverte'.Mais tout comme pour la venue de Charlemagne à Argenteuil en 800-804 aucune relation d'historien n'en fait état.

La Charte dite de 1156 fait référence au Pape Adrien IV avec la mention felicis memoriae c'est-à- dire « défunt »: or en 1156 Adrien IV est encore vivant et ne décèdera que 4 ans plus tard: cette référence permet de douter sinon de l'authenticité du moins de l'historicité de la Charte de 1156[réf. nécessaire]. Autre élément d'ambigüité : à l'époque des incursions Vikings ou peu avant, Théodrade a quitté le couvent d'Argenteuil et s'est réfugiée au monastère de Schwarbach en Francie orientale où elle est décédée en 848 sans avoir révélé l'existence de la Sainte Tunique.

Selon les Évangiles, le droit romain accordait aux bourreaux, qui auraient été quatre, la possibilité de se partager les vêtements d'un crucifié. Il existe de nombreuses représentations picturales de Romains jouant aux dés cette tunique.

La basilique d'Argenteuil (bâtie au XIXe siècle), où est conservée la tunique

Selon la légende, la tunique aurait été retrouvée au IVe siècle par sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, puis conservée à Constantinople jusqu'au VIIIe siècle. Néanmoins si Hélène évoque la croix et les clous de la passion ,elle ne mentionne jamais l'existence de la Tunique de Jésus.

En l'an 800, l'Impératrice de Byzance, Irène, l'aurait ensuite offerte à Charlemagne lors de son sacre comme empereur d'Occident. Et celui-ci l'aurait donnée en garde au monastère de l'Humilité-de-Notre-Dame d'Argenteuil, dont sa fille Théodrade était prieure. En 850, les Normands pillèrent le hameau d'Argenteuil et la basilique Saint-Denys. Avant leur arrivée, la tunique avait été cachée dans un mur. En 1003, l'abbaye a été reconstruite et la relique retrouvée. Elle est ensuite vénérée jusqu'au XVIe siècle, mais elle aurait brûlé partiellement ou aurait été cachée lors de la prise d'Argenteuil par les huguenots en 1567. Sous la Révolution, le prieuré bénédictin est supprimé, et la relique remise à l'église paroissiale. Mais en 1793, le curé d'Argenteuil Ozet la découpe en morceaux et l'enterre dans son jardin avant d'être emprisonné durant deux ans. En 1795, il ressort la tunique et fait recoudre les différents fragments. Les pèlerinages et les ostensions solennelles reprennent au XIXe siècle, en principe tous les cinquante ans. Le 13 décembre 1983, le curé de la paroisse Saint-Denys découvre le vol de la tunique. Le reliquaire où repose la relique a été volé. La DRPJ de Versailles est sur les dents, des anarchistes peu crédibles revendiquent le vol. Le 2 février 1984, le père Guyard reçoit un coup de téléphone d'un inconnu promettant de restituer le trésor à la condition de conserver le secret sur les noms des ravisseurs. Le soir même, la tunique retrouve son écrin, la basilique Saint-Denys. La plainte est retirée, le secret toujours gardé. La dernière ostension solennelle de la tunique a eu lieu pendant les fêtes de Pâques 1984. En six jours, la tunique voit défiler 80 000 personnes.

Les pèlerinages publics à la Tunique d'Argenteuil ont recommencé depuis 2005, le premier dimanche de la Passion.

Les études historiques et scientifiques

L'authenticité de la Tunique d'Argenteuil, comme toutes les reliques remontant à l'époque du Christ, peut être mise en doute par la critique historique du document, par exemple, son émergence médiévale (1156), soit plus de mille ans après les faits.

Déjà à la fin du siècle dernier, en 1892 et 1893, et encore en 1931, des chimistes se livrèrent sur le tissu à des expériences précises qui prouvèrent la nature animale des fils, son ancienneté, sa coloration à l'aide de la garance ou du cachou, sa maculation enfin par des taches de sang, mais n'apportèrent évidemment rien en ce qui concerne l'authenticité[1].

André Lesort, dans le Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastique[2], écrit : «Nous nous trouvons ici en présence d'une tradition qui ne paraît pas remonter au-delà du XVe siècle finissant et, dans tous les cas, n'est appuyée d'aucun témoignage antérieur au XVIe siècle. Le vêtement qui en est l'objet est, sans contestation possible, un tissu de laine sans couture, provenant de l'Orient et confectionné dans les premiers siècles de notre ère. Il se peut qu'il ait été revêtu par le Sauveur du monde. A ce titre, il est depuis plus de quatre siècles l'objet d'une dévotion qui a été encouragée par l'autorité ecclésiastique et qui a provoqué des interventions miraculeuses. C'est, croyons-nous, les seules conclusions auxquelles puisse s'arrêter la critique.»

Dom H. Leclercq[3]paraît beaucoup plus net. Puisque le tissu est de laine fine et de type copte, «il ne peut s'agir de la tunique du Sauveur qui, suivant les usages hébraïques, devait être tissée en lin ou en coton. » De plus, la date de 1156 étant insoutenable et la relique demeurant privée de toute attestation entre le Vendredi Saint et l'année 1156, «on ne saurait, dit-il, contester que l'espace ne soit un peu long».

En 2003, le sous-préfet d'Argenteuil, Jean-Pierre Maurice, a décidé de réaliser une serie d'analyses relatifs à la structure du vêtement, du tissage, et un prélèvement d'échantillon en vue d'une datation par le carbone 14. Ces analyses ont été réalisées avec les autorisations nécessaires. En raison d'évidents impératifs de sécurité le transport a eu lieu de nuit et la relique a été conservée - avec l'accord de la direction régionale des affaires culturelles -dans une pièce sous alarme chez le sous-préfet du 13 au 15 octobre. Cet épisode est raconté dans un livre écrit sous pseudonyme par Jean-Pierre Maurice[4].

La radiodatation de la tunique a été effectuée en 2004 au Laboratoire des Mesures du Carbone 14, à Saclay, la procédure ne prévoyant pas de mesure en aveugle. La laboratoire a daté les fils de la tunique des VIe-VIIe siècles de notre ère (entre les années 530 et 650), avec un intervalle de confiance de 95,4 %. Ce qui correspond aux témoignages les plus anciens, ceux de Grégoire de Tours et de Frédégaire.
Ces résultats ont été rendus publics par l’évêché de Pontoise en décembre 2004 qui s'est tout de suite montré prudent[5]. En 2005, un élément est venu jeter un doute sur la validité de cette mesure. Un autre fragment du même échantillon radioanalysé l'année précédente est remis par Gérard Lucotte à une société privée habituée à ces analyses. La procédure suivie est identique, mais le laboratoire est tenu dans l'ignorance de l'origine exacte des quelques fils. Sa conclusion ne cadre pas avec les résultats délivrés par Saclay. Selon lui, la date serait comprise entre 670 et 880, avec un intervalle de confiance de 95,4%. C'est-à-dire que les intervalles de confiance ne se recoupent pas et qu'il y a une différence de 185 ans entre les deux dates moyennes (590 pour Sarclay et 775 pour Zurich-Archeolabs)[6].Toutefois, l'écart de ces deux analyses est peu important et permet de considérer que la Tunique d'Argenteuil est postérieure au VII ème siècle.En ce sens, la seconde analyse vient confirmer la première. Rappelons - s'il était nécessaire de faire une troisième analyse - qu'un "double exact" du prélèvement effectué en 2003 a été remis (dans une éprouvette scellée) à l'évêque de Pontoise venu personnellement en prendre possession à Argenteuil en présence, notamment, du Conservateur des Monuments historiques .

Bibliographie

  • Jean-Maurice Devals, Une si humble et si sainte tunique… : Enquête sur une énigme - La Sainte Tunique du Christ d'Argenteuil (relation de l'expérimentation au radiocarbone, recherches historiques), éd. François-Xavier de Guibert, Paris (juin 2005)
  • Revue 'Monumental' Juin 2OO6: page 42, article de Serge Pitiot, Conservateur en chef des monuments historiques;détails de la datation au carbone 14 de 2004.
  • André Marion, Gérard Lucotte Le linceul de Turin et la tunique d'Argenteuil : Le point sur l'enquête, éd. Presses de la Renaissance, mars 2006 - (ISBN 2750902045)
  • Collectif, La Sainte Tunique d'Argenteuil face à la science : Actes du colloque COSTA du 12.11.2005 à Argenteuil, éd. François-Xavier de Guibert, Paris (déc. 2006)
  • Gérard Lucotte, Sangui Christi « J'ai vu le sang du Christ » , éd. Trédaniel, 2007 (ISBN 9782844457301)
  • Pierre Dor, "La tunique d'Argenteuil et ses prétendues rivales", Maulévrier, éditions Hérault, 2002 (ISBN 9782740701805).
  • François le Quéré, La Sainte Tunique d'Argenteuil. Dossiers d'Archéologie, Jésus dans l'Histoire, n° 249, déc. 1999-janv. 2000.
  • François le Quéré, Résumé des recherches scientifiques anciennes sur la Sainte Tunique. Dossiers d'Archéologie, Jésus dans l'Histoire, n° 249, déc. 1999-janv. 2000.

Notes et références

  1. Patrick Boussel, Des reliques et de leur bon usage, Baland, Paris, 1971
  2. BAUDRILLART, Alfred et al.,Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastique,Letouzey et Ané, Paris, depuis 1912
  3. CABROL, Fernand (1907-1948), Henri LECLERCQ (1913-1948), Henri MARROU (1948), dir.,Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, Letouzey et Ané, Paris, 1907-1953
  4. Jean-Maurice Devals, Une si humble et si sainte tunique, Paris, F.-X. de Guibert, 2005.
  5. Gérard Entem, « Cette histoire mouvementée peut poser un problème pour la datation au carbone 14, contamination éventuelle par du carbone plus récent que le tissu original, ce que personne ne peut garantir pour la Tunique. » in Église en Val-d'Oise, déc. 2004, n°210.
  6. André Marion, Gérard Lucotte, « Les deux "intervalles de confiance" qui sont censés correspondre à une probabilité de 95,4% ne se recoupent pas, ce qui est très gênant et laisse pour le moins perplexe quant à la validité de la méthode » in Le linceul de Turin et la tunique d'Argenteuil, Paris, Presses de la Renaissance, 2006, p. 262.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Tunique d'Argenteuil de Wikipédia en français (auteurs)

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