Tunnels du Lioran

Tunnels du Lioran
Premier tunnel routier avec sa voûte en chaînette

Il existe au Lioran, localité française du Massif central, trois tunnels appelés chacun tunnel du Lioran. Les deux tunnels routiers et le tunnel ferroviaire traversent la montagne en dessous de la station de ski de Super Lioran. Ils permettent de relier l'est et l'ouest du département du Cantal entre Murat et Aurillac. Les tunnels routiers sont ceux de la RN 122 ; le tunnel ferroviaire est celui de la ligne de Figeac à Arvant.

Sommaire

Le premier tunnel routier

Au XIXe siècle, le nord et le sud du département ne sont reliés que par la route royale n° 126 entre Montauban et Saint-Flour. Cependant, cette route traverse le col de la Font de Cère (1 296 m) recouvert par une épaisse couche de neige et exposé à des vents violents en hiver, ce qui rend cet itinéraire impraticable plusieurs mois dans l’année.

La construction d’un tunnel est donc décidée, et le premier coup de pioche est donné le 10 août 1839. La première pierre est posée symboliquement le 30 septembre de la même année. Après 4 ans de creusement à la seule force des bras qui manient les pioches, la jonction a lieu le 23 novembre 1843. Le tunnel est inauguré le 4 décembre 1843, jour de la Sainte Barbe. D’une longueur de 1 414 mètres, le tunnel fait 5,30 m de large, et 6,50 m de haut en son centre (cette valeur varie sur les côtés en raison de la forme voûtée du tube). La construction du tunnel a fait 3 morts et près de 56 blessés graves.

Les galeries latérales, qui servaient de refuge aux ouvriers lors des tirs de mines ont servi de caves à fromage de 1881 à 1930.

Ce tunnel, est resté en service jusqu’à l’ouverture du nouvel ouvrage en 2007, était le plus ancien tunnel routier de plus de 1 000 m encore en service en France. Compte tenu de son importance, de la date ancienne de sa construction, avec une voûte en chaînette, c'est un ouvrage d'art exceptionnel.

Le percement de ce tunnel est raconté dans le livre de Jean Anglade, Les puysatiers, Presse de la cité, 2001.

Le tunnel ferroviaire

Tunnel ferroviaire du Lioran, portail coté Le Lioran


Le tunnel ferroviaire, sur la ligne de Figeac à Arvant, a été construit d'avril 1865 à mai 1868, sous la direction de l'ingénieur Wilhelm Nördling.

Percé à partir des 2 extrémités, il a nécessité la construction de nombreux puits d'aération.

C'est un tunnel à voie unique et en alignement de 1 959 m[1] de longueur établi en rampe continue de 24 ‰ depuis son portail d'entrée situé au point kilométrique (PK) 337,275[2] à 1 105,34 m[3] d'altitude (niveau du radier), jusqu'à son portail de sortie à l'altitude de 1 151,54 m. Il passe à environ 30 m sous le tunnel routier.

Le nouveau tunnel routier

Second tunnel routier en cours de construction

Les projets

Dès le début des années 1990, les pouvoirs publics cantaliens, toutes tendances politiques confondues ont émis des appels pour une modernisation du tunnel du Lioran, jugé très dangereux. En effet, dans sa configuration actuelle, la chaussée est très étroite et ne permet pas à deux camions de se croiser : leur circulation se fait donc en alternance. En cas de problème, l’évacuation paraît extrêmement difficile.

Des hypothèses sont alors lancées afin de répondre à ce problème:
La première est un réalésage, c’est-à-dire un agrandissement du tunnel existant. Cette solution est cependant abandonnée, à cause des coûts élevés qu’elle entraîne, des problèmes géotechniques posés par la piètre qualité des roches et de la nécessaire fermeture de l’axe routier pendant les 2 ans que dureraient les travaux.
La seconde idée est le percement d’un second tunnel unidirectionnel dans lequel les véhicules passeraient dans un sens, le tunnel actuel étant aménagé pour accueillir l’autre sens de circulation. Là encore, le doublement annoncé des coûts d’exploitation a fait écarter ce projet.
Une troisième idée émise est celle d’un tunnel long de 5 à 6 km, reliant Saint-Jacques-des-Blats à Laveissière, mais le coût prohibitif d’un tel ouvrage (225 millions d’euros) écarte également cette idée.

C’est donc l’hypothèse d’un tunnel bidirectionnel entièrement nouveau qui est choisie, avec abandon de l’existant. Quatre tracés sont alors proposés, dont deux évitent le village du Lioran. En 1996, c’est l’hypothèse « courte » qui est choisie, un tunnel de 1515 m parallèle au précédent.

En 1999, après l’incendie meurtrier du tunnel du Mont-Blanc, une expertise est menée sur 39 tunnels routiers français. Le rapport juge le tunnel « ancien, étroit et inadapté à son trafic actuel » et préconise sa reconstruction totale. La décision est prise de conserver l’ancien tunnel comme galerie de secours pour le nouveau tunnel en reliant les deux ouvrages par 4 galeries.

De nombreuses années ont été nécessaires pour obtenir le financement de l'ouvrage, avec notamment une manifestation importante le 29 mai 2000, au cours de laquelle le conseil général du Cantal est venu siéger au tunnel afin de marquer sa détermination en faveur du projet.

Finalement, le montant des travaux de 78 millions d’euros se répartit comme suit :

Le financement du tunnel représente 70 % du volet routier du contrat de plan État-Région.

Le nouveau tunnel

Construction

La construction du nouveau tube a nécessité le déplacement de la route départementale 67 qui monte à la station de Super Lioran. L’auberge construite en 1859 à l’entrée de l’ancien tunnel a dû être détruite début avril 2004, deux pistes de ski ont dû être redessinées, et le lit de la rivière Alagnon a dû être dévié. Le chantier emploie à son plus haut 170 personnes.

Le nouveau tunnel a des dimensions bien plus généreuses que son aîné : 1 515 mètres de long (tout un symbole pour le département du Cantal), 9 mètres de large, 4,55 mètres de haut. Il est prévu que la route nationale 122 ait une circulation qui atteigne 5 000 véhicules par jour.

Le nouveau tube est creusé à l’explosif, et non avec un tunnelier, ce qui a nécessité des fermetures régulières de la route par mesure de sécurité. Sa construction nécessite l’utilisation de 300 m³ d’explosifs et l'évacuation de 150 000 à 200 000 m³ de déblais rocheux, le coulage de 30 000 m³ de béton. Le premier tir a été déclenché par Claudie Haigneré, alors ministre déléguée aux affaires européennes.

Le nouveau tunnel est extrêmement bien doté en équipements de sécurité : tous les 200 mètres, des niches de sécurité sont disposées avec vitres de sécurité, extincteurs et poste d’appel. Des trappes de désenfumage sont disposées tous les 100 mètres. Un système de caméras vidéos à détection automatique des incidents fonctionne 24 h / 24 en liaison avec le centre d’exploitation de Saint-Flour.

Le percement devait être terminé en 2005, puis les aménagements devaient occuper l’année 2006.

La circulation a été provisoirement autorisée à compter du 13 novembre 2007 en raison de conditions météorologiques dégradées[4] puis le tunnel a été déclaré définitivement ouvert le 16 novembre[5] et inauguré par le Secrétaire d’Etat chargé des Transports, Dominique Bussereau, le 23 novembre 2007[6].

Notes et références

  1. Revue Chemins de fer éditée par l'AFAC, n° 426 - 1994/3, page 4 à 12 (longueur des tunnels ferroviaires selon la direction des ouvrages d'art de la SNCF)
  2. Livre : Reinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau ferré français, édité par La Vie du Rail en août 2011, ISBN 978-2-918758-44-0, volume 2, page 81.
  3. Donnée IGN.
  4. Communiqué de la préfecture du Cantal sur cantal.forumactif
  5. Article du moniteur du 26/11/2007 Lire en ligne
  6. communiqué de la Direction départementale de l'Equipement du Cantal

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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