Ultra-modernité

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Design

Le design est une discipline visant à représenter concrètement, une pensée, un concept ou une intention en tenant compte éventuellement d'une ou des contraintes fonctionnelles, structurelles, esthétiques, didactiques, symboliques, techniques et productives. Ces représentations peuvent être tangibles ou virtuelles et s'inscrivent de préférence dans un contexte social, économique, culturel.

radio, Design Zanuso-Sapper. 1964-1970
tabouret Mezzadro, 1957, Achille Castiglioni.

Sommaire

Étymologie et évolution

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Voir « design » sur le Wiktionnaire.

À la Renaissance, disegno (en italien) est l'un des concepts majeurs de la théorie de l'art. Il signifie à la fois dessin et projet. Au XVIIe siècle en France, les théoriciens de l'art le traduisent par dessein et conservent le double sens (l'idée et sa représentation).

En 1712, Shaftesbury introduit dans la théorie anglaise de l'art[1] le concept de design fidèle au sens de disegno. Ainsi, nous avons drawing pour le dessin en tant que tracé et design signifiant l'idée et sa représentation, le projet et son graphisme.

Néanmoins, ce double sens de design va se disjoindre rapidement pour suivre les théories de l'art dominantes de l'époque. Car c'est en 1750 en France que la distinction apparaît pour donner deux champs sémantiques distincts, celui du dessin (la pratique) et du dessein (l'idée) marquant une rupture fondamentale qui n'est pas sans rappeler la dualité matière/esprit de Descartes. À l'Académie royale de peinture et de sculpture, on enseigne désormais les arts du dessin et non plus du dessein.

C'est seulement au début du XXe siècle, alors en plein essor de l'industrialisation, que l'on assiste à l'émergence internationale du terme design dans le sens de disegno, c'est-à-dire, la conception et la mise en forme. Cette définition moderne se concrétise dans le travail effectué au Bauhaus.

Aussi, le design est souvent confondu avec le stylisme d'objet lorsque l'exercice consiste à embellir un objet dans le but de séduire des consommateurs. D'ailleurs, en 1994, le ministre de la Culture français Jacques Toubon présente un projet de loi pour remplacer l'anglicisme design par stylique, provoquant par là même l'incrédulité et les moqueries de la presse française, notamment Le Nouvel Observateur. La loi Toubon sera fortement édulcorée dans son application, par le Conseil constitutionnel et cette disposition concernant le mot design, caduque.

Sollicité par le marketing depuis les années 2000, ce mot est peu à peu devenu un argument publicitaire. Design est devenu un adjectif qualificatif signifiant un style aux formes simples et une apparence épurée. ex : une lampe design. Il succède ainsi au style rustique des années 1990.

Des définitions multiples

selon le contexte

Il n'existe pas de définition unique du design. Son sens varie selon les époques, les cultures et les individus. C'est cette complexité qui le caractérise. En dehors des interprétations variées selon les cultures, le design peut se concevoir soit comme un art appliqué (exécution créative), soit comme une discipline autonome (dans la pratique et la théorie).

Pour les Anglo-Saxons, le design est davantage une conception, une idée, une intention ou un projet[réf. nécessaire]. En français[réf. nécessaire], c'est une recherche d'harmonie entre les formes et les fonctions de l'objet. En Italie et en Allemagne[réf. nécessaire], le design est nettement plus stratégique puisque l'industrie et l'artisanat de qualité en ont fait leurs credo pour valoriser leurs productions.

selon une démarche

Dès le début de l'histoire du design, on remarque deux grandes visions (deux idéaux qui correspondent aux idéologies dominantes) qui s'opposent et se croisent tout au long du XXe siècle. On peut ainsi situé le design entre ces deux extrêmes :

-D'un côté, il y aurait un design d'auteur : privilégiant un travail à taille humaine, une proximité avec des artisans ou techniciens très qualifiés de différents métiers. Le savoir-faire (et donc sa sauvegarde) a une grande importance. Les pièces réalisés en petites séries sont souvent très onéreuses, car le travail (savoir-faire) à un prix. La pièce final n'aurait pas pu exister indépendamment de l'ouvrier. On peut le rapprocher du mouvement Arts & Crafts de William Morris. C'est un design qui est du côté de la réalisation et qui défini le citoyen davantage comme un travailleur. [2]

- de l'autre, il y aurait un design industriel : agissant au sein d'une entreprise, ce design collectif se situe en amont du projet, c'est-à-dire dans la phase de conception. les produits sont tirés en grande série pour diminuer les coût initiaux des moules de fonderies, d'injections, de presses, etc. La quantité de matière et les procédés de fabrication sont optimisés pour aboutir à un produit au plus économique. Au moment de la production, un employé sans qualification est suffisante, pour réduire là aussi les coûts. La pièce existe indépendamment des employés car ils sont interchangeables. C'est un design qui conçoit, qui projette. C'est un design qui est du côté de la conception et le citoyen se défini davantage comme un client.

Histoire

chaise Thonet no 14, 1859

Naissance du design

Dans un contexte d'une industrie émergente à partir de 1850, Michael Thonet développe un procédé de fabrication révolutionnaire, le cintrage de bois laminé, courbé sous pression à vapeur. Sa chaise « nº 14 » devient une référence, vendue à quarante millions d´exemplaires entre les années 1859 et 1914.

En 1888, Arts & Crafts naît de l'association du critique d'art John Ruskin et de l'écrivain, peintre, décorateur et théoricien William Morris. Morris et ses amis veulent créer des formes nouvelles en accord avec la fonction des objets et prônent paradoxalement le retour au Moyen Âge et aux formes inspirées par la nature. Ils souhaitent rapprocher le concepteur et le destinataire du produit par la mise en place d'ateliers car ils dénoncent le côté aliénant et inhumain de l'industrie. William Morris défend le bel ouvrage et le travail artisanal du compagnonnage et l'oppose au produit industriel de qualité médiocre. Bien que très contesté, William Morris apparaît encore comme une figure fondatrice du design.

Dès 1902, Peter Behrens réalise le premier design industriel global pour AEG : l'usine des turbines, des objets électriques, le logo, etc. En 1911, Josef Hoffmann achève le palais Stoclet, fabuleuse villa urbaine conçue comme une œuvre d'art totale pour le compte d'un financier belge. (Charles Rennie Mackintosh et Frank Lloyd Wright, à la même époque, posent les bases des lignes épurées et simplifiées qui vont devenir le synonyme de « design », en construisant villas et mobilier pour la bourgeoisie américaine ou écossaise avide de nouveautés.[réf. nécessaire])

Le fonctionnalisme

Le fonctionnalisme est une doctrine esthétique qui peut se résumer par la célèbre expression de Louis Sullivan, « la forme suit la fonction »[3]. Né à la fin du XIXe siècle, il engendre l'école de Chicago, puis le Deutscher Werkbund, les Wiener Werkstätte ainsi que le Bauhaus. Pour Louis Sullivan, le fonctionnalisme est le résultat d'une observation et d'une compréhension des processus évolutionnistes de la nature. Chaque forme à une nécessité, il n'y a pas de superflu dans la nature bien qu'elle soit « séduisante ».

Bien que le concept fonctionnaliste paraisse très simple, il y a eu beaucoup de divergence sur les interprétations et en particulier sur la définition de la fonction. C'est ainsi que rationalistes (« la fonction, c'est ce qui est utile ») et expressionnistes (« les émotions sont aussi une fonction ») se revendiquent également fonctionnalistes.

Le fonctionnalisme domine le design moderne jusqu'à sa remise en cause par certains post-modernes à partir de 1968.

Le Bauhaus et les années 1920

En 1919, Walter Gropius, dans le Manifeste du Bauhaus, annonce le but de ce mouvement en ces termes : « Le but final de toute activité plastique est la construction ! […] Architectes, sculpteurs, peintres ; nous devons tous revenir au travail artisanal, parce qu’il n'y a pas d'art professionnel. Il n’existe aucune différence essentielle entre l’artiste et l’artisan. […] Voulons, concevons et créons ensemble la nouvelle construction de l’avenir, qui embrassera tout en une seule forme : architecture, art plastique et peinture […] »[4] Le Bauhaus a été une formidable pépinière de talents et un extraordinaire outil de la promotion d'un modernisme « progressiste »[5] qui, contrairement au modernisme conservatif, n'hésite pas à mettre les mains dans le cambouis de la production de masse.

Citons, parmi les designers de premiers plans qui relèvent ou se réclament de ce mouvement moderniste, Ludwig Mies van der Rohe, Marianne Brandt, Marcel Breuer, Le Corbusier et Charlotte Perriand, le néerlandais Gerrit Rietveld, auteur d'une célébrissime chaise cubiste. Les régimes totalitaires (rappelons que l'un des premiers gestes des nazis une fois arrivés au pouvoir, est de fermer le Bauhaus) ne sont pas antithétique avec le design : Giuseppe Terragni pour l'Italie, Lazar Markovich Lissitzky et Alexandre Rodtchenko[6] pour la Russie, illustrent le versant « social » du design : offrir des beaux objets au plus grand nombre de consommateurs possibles.

Plus au nord, la Scandinavie fait preuve d'un extraordinaire regain de créativité illustré par Alvar Aalto en Finlande et Bruno Mathsson ou Wilhelm Kage en Norvège.

Grande crise et années 1930

Avec les années 1930, la créativité et la théorisation du design traversent l'Atlantique. Raymond Loewy écrit « la laideur se vend mal » et propose de donner une valeur esthétique et symbolique forte aux objets manufacturés pour relancer l'économie. Outre la Cadillac, la bouteille pour Coca-Cola, il dessine aussi le paquet de cigarettes des Lucky Strike et fait apparaître la marque déposée et le logo publicitaire sur les deux faces du paquet. La marque sera identifiable sur tous les paquets jetés dans la rue.

Loewy n'est pas isolé, Walter Dorwin Teague, Wells Coates, Russel Wright ou Henry Dreyfuss représentent cette créativité américaine qui s'affirme et à laquelle l'industrie du pays offre de larges débouchés.

La foire internationale de New York ouvre ses portes en avril 1939 pour célébrer la confiance regagnée après des années de crise, les designers américains sont à l'honneur dans cette exposition universelle qui accueille - avec un sens du temps malheureux - « le monde de demain ». Lorsqu'elle ferme ses portes la Seconde Guerre mondiale a éclaté et les efforts des designers pour rendre le monde un peu plus beau, un peu meilleur, sont relégués au second plan.

Après-guerre et design organique

La période d'après-guerre que Penny Sparke[7] appelle le néomodernisme présente une large adoption par les designers des deux bords de l'Atlantique de formes fluides, rondes, souples et qui vaut au design d'être qualifié d'« organique ».

Alvar Aalto instaure dans ses réalisations de mobilier le procédé du lamellé collé de bois déjà utilisé dans l'architecture depuis le début du XXème. Au niveau des matériaux, le tube d'acier, omniprésent dans le design des années 1930, se voit remplacé par les plastiques. De Scandinavie viennent aussi Arne Jacobsen et sa fameuse chaise Fourmi ou son fauteuil Œuf, Eero Saarinen et sa chaise Tulipe alors que les formes totalement organiques du terminal TBWA de l'aéroport international John-F.-Kennedy (1956-1962) séduisent le public. Le céramiste et verrier Kaj Franck, l'ébéniste Hans Wegner, le touche-à-tout Tapio Wirkkala complètent la série de l'éclosion artistique scandinave.

Parmi les designers de cette époque phare - les fifties américaines battent leur plein - mentionnons les Américains Charles et Ray Eames ou George Nelson. Eliot Noyes, actif auprès d'IBM, donne une forme organique et sympathique aux machines à écrire produites pour la bureautique - on lui doit aussi le pavillon IBM lors de l'Expo 1964 à New York.

les Italiens Gio Ponti, Carlo Molino, Marcello Nizzoli accompagnent le boom de l'industrie italienne de l'après-guerre et créent les icônes de La Dolce Vita : vespa, machine à expresso, belles carrosseries, etc. On doit à Flaminio Bertoni les lignes des Citroën depuis la Traction Avant en passant par la 2CV jusqu'à la DS.

En Allemagne, la tradition artistique issue du Bauhaus renaît avec la Hochschule für Gestaltung Ulm. Parmi les designers allemands de cette période, citons Hans Gugelot, Dieter Rams prend la direction artistique des produits Braun GmbH.

Au Royaume-Uni, Ernest Race crée un style « moderne », l'équivalent pour le design du New Look de Christian Dior, immédiatement repris dans toute l'Europe. Robin Day et sa femme Lucienne, nous ont laissé des textiles au style fifties immédiatement reconnaissables. Douglas Scott dessine le bus rouge à impériale, devenu depuis l'une des icônes anglaises.

Le Japon, autres puissances industrielles de cette époque, ne nous ont pas laissé de designer de premier plan mais le design, anonyme, produit par les équipes de sociétés comme Sony témoigne d'un fort professionnalisme dans ce pays.

Après-guerre du "Modernisme conservation"

Dans son livre 100 ans de design[8], Penny Sparke crée cet oxymore à propos de ces grands artistes de l'entre-deux-guerres, certes producteurs de lignes épurées et adeptes du modernisme, mais qui ne sont pas, pas plus hier qu'aujourd'hui, considérés comme des designers. Ce qui les rassemblent ? Ils créent des pièces uniques mariant des matériaux modernes et matières luxueuses traditionnelles, pour une clientèle richissime.

Citons parmi ces modernistes conservatifs largement célébrés lors de l'Exposition des Arts Décoratifs, les décorateurs-ensembliers français Jacques-Émile Ruhlmann et Jean Dunand, ce dernier surtout célèbre pour ses laques, ou Eileen Gray, Anglaise active essentiellement à Paris. Ailleurs, l'Autrichien Josef Frank ou l'Américaine Sylvie Maugham font, dans leurs pays respectifs, envie aux classes moyennes qui voient dans les premiers magazines de décoration, leurs réalisations.

Cette exemple nous rappelle qu'il y a toujours eût une controverse sur la définition de designer, en particulier en France. Tout d'abord, parce que le terme n'est pas protéger, ce n'est ni un statut ni un métier officiellement reconnu par l'administration.

1960-80, autocritique du design et réinvention poétique

Entre 1961 et 1974, le mouvement anglais Archigram, mené entre autres par Peter Cook, développe une architecture sans fondation, purement théorique, et édite une revue d’architecture. Ses membres réagissent à l'ère de la consommation et développent un travail portant sur le pop art, les mass medias et l'électronique.

À la fin des années 1960, parallèlement au mouvement d'architecture radicale, l’antidesign, porté par les œuvres de Joe Colombo, repense l'habitat à partir du design et contre les formes hiérarchiques de l'architecture. « La capsule insiste sur sa stupéfiante concordance avec l'émancipation disciplinaire du design à la fin des années 1960 quand il tente de se libérer de ces tutelles historiques pour s'imposer comme une discipline idoine de l'habitat. Cette position est notamment illustrée par l'œuvre de Joe Colombo. Il invente les conditions d'une vie quotidienne moderne en correspondance avec le monde dans un rapport harmonieux espace-temps et invite ses pairs à repenser complètement l'habitat à partir du design. »[9]

L’agence italienne Archizoom, est fondée en 1966 à Florence en Italie par Andrea Branzi, Gilberto Corretti, Paolo Deganello, Massimo Morozzi, Dario Bartolini et Lucia Bartolini. Le groupe Superstudio est fondé en 1966 à Florence en Italie par Adolfo Natalini et Cristiano Toraldo di Francia. Natalini écrit en 1971 : « si le design est plutôt une incitation à consommer, alors nous devons rejeter le design ; si l'architecture sert plutôt à codifier le modèle bourgeois de société et de propriété, alors nous devons rejeter l'architecture ; si l'architecture et l'urbanisme sont plutôt la formalisation des divisions sociales injustes actuelles, alors nous devons rejeter l'urbanisation et ses villes… jusqu'à ce que tout acte de design ait pour but de rencontrer les besoins primordiaux. D'ici là, le design doit disparaître. Nous pouvons vivre sans architecture. »

Le Groupe de memphis est fondé par Ettore Sottsass en 1980, le mouvement est une réaction au style international, marqué par une production humoristique et poétique.

Droog Design est découvert à la Foire Internationale du Meuble de Milan en 1993 dans l'exposition off de la Design Academy d'Eindhoven. Caractérisé par une impertinence, une approche critique et décalé, les productions font souvent figures de manifeste. C'est une fondation dirigée par l'historienne d'art Renny Ramakers et le designer Gijs Bakker, tous deux originaires des Pays-Bas. Droog Design se définit comme un label et regroupe des designers internationaux convergent sur cette même approche (Jan Konings, Jurgen Bey, Marcel Wanders, Tejo Remy, Piet Hein Eek...) Ce mouvement est avant tout un pied de nez au design institutionnalisé, aux formes fluides et fonctionnelles. Ce groupe est très liés aux idées des années 1960-70, notamment le design radical. Le phénomène a véritablement ouvert une brèches dans les enjeux de la discipline et dans nos références culturelles.

Discipline et Sous-disciplines du design

  • Le designer se caractérise de l'artisan par le fait qu'il n'est pas spécialiste d'une matière (bois, métal, plastique, etc), du technicien par le fait qu'il n'est pas spécialiste d'une technique et de l'ingénieur par le fait qu'il traverse les domaines du savoir de façon transversale. En cela, on peut le rapprocher du chef d'orchestre ou du réalisateur au cinéma.
  • Le design se conçoit comme une navigation permanente entre l'unité et le global, entre la pensée (dessein) et la pratique (dessin). En cela, on peut rapprocher cette démarche de celle de la pensée complexe et de la systémique.
  • Le design ne consiste pas à accumuler des savoirs mais plutôt à créer, par la compréhension, des liens logiques entre des choses (flux, concepts, images, symboles, etc.)

Bien que le design soit par essence non-spécialisé et couvrant des domaines très variés, une tendance à la séparation en sous-disciplines s'est faite progressivement en raison :

  • du paradigme occidentale actuel fondée sur la disjonction (au XVIIe siècle) et la spécialisation ensuite (XIXe siècle) pour servir une volonté de maîtrise.
  • de la réalité professionnelle en entreprise qui exige davantage une spécialisation par domaine. D'où, une tendance pour les écoles professionnalisantes de sectoriser leurs formations.
  • d'une tendance à une définition de « design » anglo-saxon pour des métiers déjà existants : scénographie se nomme de plus en plus design d'espace. Essentiellement, pour des raisons de valorisation. Game design est préféré pour les mêmes raisons à infographie. Ce dernier point n'est pas valable pour le Canada francophone, où la tendance aux anglicismes est combattue âprement par l'élite intellectuelle et artistique, grande créatrice et consommatrice de design.
  • d'une certaine confusion : initialement, il y a une distinction entre le design graphique (pratiqué par un designer pour servir un design global) et le graphisme, une discipline autonome qui possède sa propre histoire remontant au première trace de l'homme dans les grottes de Lascaux.
  • et des nouveaux terrains du design nécessitant de nouvelles formulations : design culinaire, motion design, parametric design, etc.

Les séparations se font par :

  • finalité typologique : design d'espace, design produit, motion design, design graphique, design sonore, web design, design transport. Ce sont les sous-disciplines classiques fondées sur la spécialisation, et l'acquisition de savoir et d'outils propres à chaque domaines. La finalité de ces sous-disciplines est essentiellement de l'exécution.
  • mode d'action, d'intention ou de processus : design industriel, Éco-conception, Design pédagogique, Design interactif & numérique, Design stratégique, parametric design, design de recherche, design d'auteur. Fondés davantage sur un positionnement et une stratégie de création. Les compétences sont centrées davantage sur la réflexion que sur les acquis.

Le Design et ses relations

Le design et les beaux-arts

Le design a longtemps été défini, en particulier par les académiciens, comme l'un des arts appliqués, mis au rang des arts mineurs, en raison d'une pratique asservie à quelque chose : au mobilier, à l'espace, à l'industrie, à une fonction, etc.

Les distinctions classiques entre l'art et le design sont encore présentes. On oppose ainsi le design à l'art par l'utilité, il est au service d'une fonction. Le design est couramment pensé comme un processus de résolution de problème (usage, forme, technique, etc). Ainsi, le design se situerait dans la réponse tandis que l'art serait dans le questionnement.

En tant qu'art appliqué et dans le contexte de la modernité, le design est souvent associé aux intérêts mercantiles et au consumérisme.

Le design et l'architecture

Une station essence par Jean Prouvé au Vitra Design Museum.

La frontière peut paraitre floue entre design et architecture : Le Corbusier, Eero Saarinen n'ont pas dédaigné dessiner des meubles, Philippe Starck a dessiné plusieurs maisons et immeubles. En réalité, cette différence n'est pas dans la finalité typologique mais dans le processus de création.

Le design en tant que l'un des arts appliqués se définit comme une activité créative s'exerçant en aval d'un projet d'architecture pour concevoir l'aménagement de l'espace domestique. Les zones fonctionnelles sont prédéfinies par l'architecte : cuisine, salon, chambre, etc., et le designer s'adapte.

Le design en tant que discipline autonome (depuis 1968) consiste à penser le quotidien, à œuvrer pour un épanouissement de chacun, dans un mouvement crescendo de l'individu jusqu'aux formes urbaines.

Le design et la technique

Le Design à la particularité d'utiliser la technique à des fins non-technicistes.

Le but n'étant pas d'améliorer la technique pour elle-même, mais pour le progrès humain.

Le design et le marketing

Selon certaines théories, le design est une démarche stratégique opposée à celle du marketing. Elle ne tient pas compte des panels de consommateurs et des cibles potentielles. Le design s'adresse à tous en privilégiant le sens et l'évidence de la production d'objets ou de services.
Dans la réalité, le design est très largement lié au marketing dont il peut exploiter les données [réf. nécessaire].

Le design de marque

Le design de marque est une technique de marketing visant à créer et gérer l'identité d'une marque auprès des consommateurs par le biais de son design.

Article détaillé : design de marque.

Le design et la théorie

« Le design est une activité liée à une pensée complexe et à une logique originale où la recherche esthétique s'associe aux stratégies industrielles et où la technologie n'est qu'une partie d'un vaste contexte symbolique. Les rapports entre l'art et le design sont beaucoup plus difficiles à mettre en théorie, en raison de leur caractère spontané et discontinu. Il fut un temps où l'on considérait que l'art générait de nouveaux langages tandis que le design les utilisait. Aujourd'hui nous assistons au phénomène inverse... » Andrea Branzi

« Le designer est un inventeur de scénarios et stratégies, Ainsi, le projet doit s'exercer sur les territoires de l'imaginaire, créer de nouveaux récits, de nouvelles fictions, qui viendront augmenter l'épaisseur du réel » Andrea Branzi, La casa calda, Paris, Éditions de l'Équerre, 1985

« La fonction de destruction, la fonction de mort, sont fondamentales et notre société l'a oublié. Il ne suffit pas de produire des objets qui servent, il faut produire des objets qui sachent mourir, pour rétablir l'ordre symbolique. Toute discipline ne s'accomplit que si elle se dessaisit de son objet et met en jeu sa propre mort. C'est dans cette voie que, paradoxalement, le design peut trouver le sens du symbolique. » Jean Baudrillard, extrait du texte le crépuscule des signes, Traverses, n°2, 1975.

« La mise en œuvre du matériau est conditionnée dans la technique par une longue tradition. C'est pourquoi la formation technique consiste généralement en une transmission et une acceptation, de méthodes achevées de travail. Une telle formation ne libère pas la créativité, elle empêche l'invention. » Josef Albers

« On ne pourra bien dessiner le simple qu'après une étude approfondie du complexe. »

Le Nouvel Esprit scientifique, Gaston Bachelard.

La formation au design en France

Le design est très souvent rattaché à un domaine d'activité. Il est soit absorbé soit sectorisé et les formations en sont très révélatrices.

D'un point de vue administratif, il n'existe pas de titre designer tout comme D.P.L.G. en architecture, et chacun peut exercer sous le titre de designer.

Le design dans les écoles d'ingénieurs

Depuis peu, les écoles d'ingénieurs intègrent la notion de design au sens de valeur ajoutée à la conception de produit. La conception de produit se traduit d'ailleurs par design en anglais. Cette spécificité française marque la différence pour ce qu'on peut qualifier de design d'ingénieur.

La filière Ingénierie du Design Industriel transmet aux élèves ingénieurs les éléments nécessaires à la conception de produits en tenant compte des facteurs techniques, humains et esthétiques. Un nouveau parcours Design d’Interaction est apparu dans son programme de Master Sciences et Technologie, venant renforcer la formation en conception des produits complexes.

Le design dans les écoles d'architectures intérieures

Nommé parfois design d'espace, c'est le design d'aménagement intérieur. Les agences d'architectures proposent de plus en plus souvent la conception du mobilier pour intégrer le cadre architectural qu'ils ont créés. Certaines écoles d'architectures proposent désormais des options design.

Le design dans les écoles d'arts

Certaines écoles sont historiquement rattachées aux métiers du bois, de la tapisserie, de la mode, des arts décoratifs : comme l’École nationale supérieure des arts décoratifs, mais aussi l’Esad Reims, l’École Boulle et les Arts Déco Strasbourg.

Certaines ont un rapport davantage serré avec l'art contemporain. Ce sont les Beaux-Arts offrant des sections Design comme à Lyon ou Saint-Étienne. Il existe un post-diplôme : « Design et Recherche » à École supérieure art & design de Saint-Étienne

Les formations post bac de niveau 3 (Brevet de Technicien Supérieur) existent également dans de nombreuses académies en France. Ces BTS sont spécialisés dans des domaines particulier du design: BTS Design de produits, BTS Design d'espace, BTS Design de communication, BTS Design de mode. Liste des établissements publics proposant des formations BTS dans les métiers du design sur le site national des arts appliqués

Le design produit en école privée

Quelques grandes écoles privée réputées formant des designer produit sont à citer : Créapole, Strate College, ISD Valenciennes, etc.

La création industrielle

Parrainé par Jean Prouvé et Charlotte Perriand : Les Ateliers / École Nationale Supérieure de Création Industrielle ouvre à Paris en 1982 sous une double direction exceptionnelle du Ministère de la Culture et du Ministère de L'Industrie avec un statut d'EPIC et une méthode inspirée de la pédagogie de Freinet.

On ne parle pas de design mais bien de création industrielle (au sens pluriel), dans le sillage du CCI du Centre Pompidou et proche du courant d'esthétique industrielle de Roger Tallon et Jacques Viénot « un art qui ne relève ni des Beaux-Arts, ni des Arts décoratifs, ni de la technique pure ».

La création, en ce sens, doit être un outil d’action, de déformation, et de transformation du monde réel. Les échanges avec des laboratoires de recherches, d'écoles doctorales et partenaires de tous domaines sont fréquents.

Concrètement, les diplômés des Ateliers/Ensci peuvent aussi bien travailler en indépendant (Mathieu Lehanneur, Patrick Jouin, Matali Crasset), avec des artistes, être DA dans une agence de design (Thierry Gauguin), monter un label de musique (Laurent Hô), être vidéaste, consultant en innovation ou bien entrepreneur en fonction de ses projets et des ses objectifs personnels.

Notes et références

  1. Shaftesbury, Lettre sur l'art et la science du dessin, 1712
  2. Art et Industrie, philosophie du Bauhaus, Pierre Damien Huygue, Ed. Circé
  3. En 1908, à Vienne, Adolf Loos publie Ornement et crime où il combat l’ornementation au profit de la lecture claire de la fonction dans la forme d’un bâtiment.
  4. Archive du Bauhaus, manifeste du Bauhaus
  5. Penny Sparke, op.cit.
  6. Connu comme photographe, il est néanmoins l'auteur du design de clubs ouvriers et du pavillon russe à l'exposition des arts décoratifs de Paris, en 1925.
  7. Penny Sparke, op.cit.
  8. Penny Sparke, 100 ans de design, Octopus, Paris, 2002.
  9. Alexandra Midal, Antidesign, Petite histoire de la capsule d'habitation en images, Éditions Epithème, 2003.

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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