Valeur (économie)

Valeur (économie)
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La valeur intrinsèque des billets est très faible : le prix du papier et de l'impression. Lors de phénomènes d'hyperinflation; la monnaie perd de sa valeur. Ici, lors du change de monnaie, des billets sont mis au caniveau, car sans valeur, malgré les chiffres énormes inscrits.

Dans le sens commun et dans le champ public, elle se distingue peu de la notion de prix[1],

Pourtant chez les économistes , cette notion est vue par tous distinctement de la notion de prix , mais fait l'objet de controverses :

Les uns pointent que chacun en son for intérieur attribue à un bien une valeur économique qui lui est propre .
D'autres estiment au contraire qu'il n'en est rien et que la valeur doit reposer sur un socle objectif.

Sommaire

Valeur objective ou valeur subjective ?

L'histoire de la pensée économique identifie deux systèmes théoriques sur la valeur.

une conception subjective de la valeur
une conception objective de la valeur

La conception subjective considère que c'est la désidérabilité du bien pour le consommateur qui fonde la valeur. La valeur est alors subjective et privée. Elle sort du champ de l'économie pour intégrer celui de la psychologie. C'est seulement la notion de prix ( parce qu'il est fixé par le marché ou tout autre mécanisme analogue ) qui a une pertinence économique . Elle correspond à l'estimation publique de la valeur que les agents économique partagent à propos d'un bien et reflète les valeurs subjectives distinctes qu'ils attribuent à ce bien.

La conception objective voit la valeur comme le résultat d'une construction à partir de l'ensemble des coûts engendrés pour produire le bien ou le service. Et ce , en partant des matériaux bruts et du travail de transformation jusqu'à l'objet final mis à disposition du consommateur . Cette valeur objective est alors un prix particulier, obtenu à partir d'hypothèses sur la valeur des matériaux de départ, sur le processus de transformation, et sur la valeur du travail requis. Elle est liée à la notion philosophique et morale de juste prix.

Pourtant, les deux conceptions ne s'opposent pas totalement :

  • avoir une conception subjectiviste de la valeur n'interdit pas de faire des calculs objectifs sur la valeur (exemple : calcul de plus-value)
  • avoir une conception objectiviste de la valeur n'interdit pas de reconnaitre des variations de valeurs selon les situations et les points de vue (exemple : impact des différences de niveau technique sur les coûts de production).

Conception objective de la Valeur

La valorisation d'un bien est fondée sur un facteur objectif, matérialisé par un critère mesurable en théorie[2].
Dans cette acception , la valeur ne doit pas être confondue avec la valeur d'usage qui reflète l'utilité subjective d'un bien, qui dans cette conception n'explique pas la formation des prix.

Vision physiocratique

Les physiocrates et particulièrement François Quesnay mettent en avant la valeur provenant de la nature . Elle repose sur l’idée que seule la production agricole est créatrice de richesses et que toute autre activité artisanale ou commerciale n’est que l’addition de travail aux matières premières issues directement ou indirectement des produits de la terre.
Ainsi, l'estimation de la valeur résulte de l'agrégation de " la valeur des produits naturels constituant le capital nécessaire à une production + la valeur des produits naturels nécessaires à la reproduction de la force de travail " .

Vision des économistes classiques anglais

La valeur d'échange d'un bien est donnée par le coût des facteurs de production nécessaires à sa production , soit essentiellement celui du travail. avec une nuance cependant :

  • Pour Ricardo la valeur est égale à la quantité de travail incorporée dans la marchandise : soit la "Valeur-travail-incorporé"
avec également la mise en avant du rôle de la loi des rendements décroissants sur la détermination de la valeur .
  • Pour Smith, la valeur est égale à la quantité de travail que cette marchandise peut acheter ou commander : "Valeur-travail-commandé".

Vision des marxistes

Elle reprend l'idée de la "valeur-travail-incorporé" : les biens ont une valeur qui peut être déterminée de façon objective. Elle résulte de la somme de toutes les formes de travail, direct et indirect, qui ont contribué à sa fabrication. Les Marxistes apportent les nuances suivantes :

L'utilisation de machines dans la production ne change en rien cette analyse objective de la valeur puisqu'une machine ne produit pas de valeur mais transmet simplement la sienne au bien qu’elle produit : la valeur dégagée par une machine est égale à l'usure de celle-ci, car une machine n’est que du travail accumulé (Marx).
la valeur d'un bien est affectée par l'expression d'un certain type de rapport social de production , déterminé par l'état des forces productives[3].
la valeur est aussi une propriété émergente du fétichisme de la marchandise qui vient de ce que :
les hommes s'en remettent à la circulation des choses dans le cadre concurrentiel de l'équivalence généralisée pour établir des liens productifs entre eux. Elle n'aurait donc de sens que dans le cadre d'une économie de marché.
la valeur est l'expression d'un rapport social de production qui se décompose en trois aspects :
sa forme (l'échangeabilité qui induit la coordination des producteurs de marchandises sans organisation préalable),
sa substance (le travail abstrait qui représente le travail socialement nécessaire pour produire la marchandise)
et sa grandeur (la quantité de travail abstrait déterminé par l'état des forces productives)[3].

Conception subjective de la valeur

Elle a la faveur de la grande majorité des économistes contemporains . l'origine de ce courant est ancienne :

Les précurseurs

Cette conception, est celle de Démocrite, de StThomas d'Aquin, et des scolastiques espagnols,

Les Economistes classiques français

Étienne Bonnot de Condillac évoque l'exemple de la valeur d'un verre d'eau dans le désert pour montrer combien l'utilité et la valeur d'usage » sont en réalité le fondement unique de la valeur.
Turgot et Say reprennent la notion à leur compte .( Voir à la même époque les travaux du mathématicien Daniel Bernoulli).

Les Economistes marginalistes

Les économistes marginalistes considèrent la valeur comme étant la mesure du désir qu'un agent économique éprouve pour un bien ou un service.

C'est alors une appréciation subjective non mesurable, liée aux préférences de la personne compte tenu de sa situation actuelle.
William Jevons développe lors d’un congrès en 1862 la notion de « degré final d’utilité » (utilité marginale).
Pour reprendre l'exemple du verre d'eau, un homme assoiffé dans le désert est prêt à payer une « fortune » pour UN verre d'eau, un peu moins pour le deuxième quand il s'est déjà abreuvé, encore moins pour le troisième, etc., et ce indépendamment de sa valeur de production.

William Jevons introduit donc une subjectivité dans la détermination de la valeur.

La théorie néoclassique adopte cette conception de la valeur comme liée a l'utilité dégagée par la dernière unité échangée et à la satisfaction des autres besoins. La formation des prix ne dépend alors plus que de cette utilité marginale.
L'école autrichienne d'économie considère que l'étude de la formation de la valeur dans ce sens précis relève de la psychologie et non de l'économie. " Le domaine de notre science est l’action humaine, pas les événements psychologiques qui résultent en une action" ou encore "L'économie commence là où la psychologie s'arrête" (Ludwig von Mises).

Notes et références

  1. Le prix d'un bien ou d'un service est un taux d'échange entre ce bien et la monnaie, qui est établi sur le marché par l'offre et la demande ou fixé par une autorité ; c'est un chiffre directement constatable de façon objective
  2. CD Echaudemaison , Dictionnaire d'Economie , Nathan , Paris 1993
  3. a et b Isaac Roubine, Essais sur la théorie de la valeur de Marx

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie


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