Valle Padusa

Valle Padusa

Valle Padusa

Le valle Padusa ou marais Padusa était une très vaste zone marécageuse qui dans l'antiquité s'étendait au sud du (Padus en latin), dans la région de l’Émilie-Romagne au nord de l’Italie. C’est la partie antique du delta du Pô.

Image 1 : Les marais du Pô selon une carte de 1603 (Galerie des cartes du musée du Vatican)
Image 2 : Le valle Padusa (marais du Pô) et les bras du Pô sur une carte de 1568.
Image 3 : Les paludes et les îles formées par les alluvions du Pô selon une carte de 1570.

Sommaire

Géographie

Comme l’indique la légende écrite en biais sur l'image 2 : « Antique lagune du Pô nommée Padusa, laquelle, selon l’itinéraire d’Antonino réferé de Gasparo Sardi s’étendait de Nonantola jusqu’à Ravenne en longueur de 60 mille et selon Priscien en largeur de pas plus d’un mille. »

La zone marécageuse Padusa touchait, à l’est, le territoire de Ravenne-Cervia, au nord la lagune de Venise et au sud, la zone nord de la Province de Bologne. Les valli di Comacchio (marais de Comacchio) sont tout ce qui reste aujourd'hui de la Padusa.

Hydrologie

Pendant plusieurs siècles, ces miroirs d'eau constituèrent les points de référence d'un vaste système marécageux de transition entre terre-ferme et mer. Quelques marais étaient navigables et permettaient de rejoindre la Mer Adriatique, principalement pour la ville de Bologne, qui par le canal Navile (1208) rejoignait le et correspondait avec Ferrare, Milan ou Venise et autres ports maritimes.

  • Le Pô, principal fleuve de la région provenant des montagnes alpines, avec un débit très variable mais pratiquement toujours en eau, traverse la Padusa en formant ses propres digues avec les limons qu’il transporte (compréhensible sur image :2).
  • Seuls quelques fleuves assez puissants comme le Panaro, le Reno, le Santerno et le Lamone réussissaient à rejoindre le Pô di Primaro et la mer.
  • Perpendiculairement au Pô, les autres fleuves Savena, Idice, Sillaro, Senio, Ronco, Montone, leurs affluents, les nombreux torrents et ruisseaux qui descendaient des l'Apennins romagnols, en ne réussissant pas à aboutir dans le Pô, puisque le terrain était plus bas, s’épanchaient et approvisionnaient en eaux fraîches la Padusa sans rejoindre la mer Adriatique (voir image : 1).

Intérêts en jeu

En 1152, après avoir rompu ses digues au nord de Ferrare, le Pô changea de cours et en 1155 le bras nord (Pô Grande) devint le cours principal. La branche droite (Pô di Primaro) qui passe à Ferrare, s’appauvrit peu à peu et devint continuellement plus petite. Les fleuves Panaro et Reno, continuant à s’écouler dans le Pô entre Bondeno et Stellata , y apportaient leurs alluvions et comblaient peu à peu son lit.

  • Vers 1600, les habitants de Ferrare, craignant que cette situation risquait de créer des inondations dans le Polesino de S. Georges, demandèrent que le fleuve Reno soit détourné.
  • Le 12 août 1604, par un bref du pape Clément VIII, le fleuve Reno fut détourné et ses eaux dirigées vers les vallées de Sainta Maria. Mais peu profonde, celles-ci furent vite comblées par les sables limoneux. Alors que les Ferrarais faisait tout pour éloigner les eaux de leur territoire, les Bolonais étaient obligés de surélever les digues du fleuves pour se protéger des inondations.
  • Pour apaiser ces querelles le pape et ces successeurs, Grégoire XV, Urbain VIII, Alexandre VII en 1658, Innocent XII en 1693, firent faire des projets par les plus brillants architectes de l’époque, et les travaux entrepris coûtèrent des fortunes pour un résultat médiocre.
  • Au XVIII siècle, le pape Benoît XIV qui désirait soulager sa patrie et calmer les querelles entre les habitants de Bologne et de Ferrare, fit creuser un canal, appelé Cavo Benedettino pour recevoir les eaux de l’Idice que les ducs de Ferrare avaient détourné du Primaro au 16 siècle et qui inondaient les vallées de Marmorta et Dugliolo (Budrio) au grand dam des habitants de Bologne.

Assainissement

Les travaux d’assainissement par le percement du Cavo Benedettino, n’eurent pas le succès espéré à cause principalement de l’Idice, dont la forte pente et les eaux limoneuses comblèrent une partie du Cavo et permit au fleuve Reno de s’ouvrire une autre route et débordant de ses digues.

  • De nombreuses études furent menées, principalement par les ingénieurs Leonardo Ximenes de Florence et Hippolyte Sivieri de Ferrare ; dont les conclusions étaient que le moyen le plus sur et le moins coûteux serait d’amener les eaux directement dans les valli di Comacchio (marais de Comacchio). Cette solution entraîna une opposition ferme de la Camera (chambre de commerce).
    • Le grand intérêt de la Camera est de ne pas se priver du revenu considérable que procure la pêche dans les marais et étangs. Avec leurs trois entrées sur la mer, ceux-ci sont ouvert du début février à fin mars pour permettre aux poissons d’y venir frayer en abondance. De septembre à novembre, lorsque la saison incite le poisson à retourner en mer ; on les piège par des claies de roseaux en forme de prisme disposée dans les issues (pêche encore pratiquée, principalement pour l’anguille).
  • En 1765, les travaux reprirent après des études de Tomaso Temanza de Venise et Antonio Lecchi de Milan qui fut chargé de l’exécution avec 2400 ouvriers. Il porta les eaux du Reno dans le Cavo depuis Cento pour les conduire jusqu’à Argenta dans le lit du Pô di Primaro et de là à la mer.
  • En 1772, 54 mille arpents (1 arpent = 35 à 50 ares) furent rendus à la culture, grâce au creusement du lit des rivières.
  • En 1782, les digues sur le Reno furent achevées et le fleuve Lamone fut détourné de son cours à la hauteur d’Alfonsine et dirigé directement dans la mer.
  • En 1807, le creusement du Cavo Napoleonico, servit de By-pass aux eaux du Reno et du Pô, afin de réguler les flux selon les conditions atmosphériques, puis plus tard à approvisionner le canal d’irrigation Canal Émilien Romagnol.

Habitat

Au milieu du marécage émergeaient des nombreuses îles, qui furent le siège de communautés humaines depuis la préhistoire. Les premiers habitants de cette vaste aire mangeaient des racines, des herbages, fruits sauvages, lait, poissons et gibier. À cause de la conformation du terrain, caractérisé par de vastes étendues d'eau, ils vivaient dans une multitudes de petits centres isolés, dont chaque menait une vie plus ou moins indépendante des autres (voir image 3). Leurs cabanes étaient construites avec les matériels que la nature offraient : bois, cannes, herbes sèches, boue. Ces habitations étaient de roseau ou « cannes palustres » (palis atque virgultis), comme le roseau (ou canne, ou paille, ou chaume), usage qui, dans quelques rares cas, c’est maintenu jusqu'au début du XXe siècle.

Avec le déroulement des siècles et le l’ensablement progressif des eaux, la partie cispadane (régions au sud du Pô) de la Padusa devient une forêt, selva litana, ou un cordon littoral, en s'étendant du Pô de Primaro ou du Reno jusqu'à l'Émilie, sur bien 60 milles (environ 100 km, 1 mille = 1 852 m).

Aujourd’hui

Aujourd'hui l’habitat de l'ancienne Padusa survit à Comacchio et dans les réserves naturelles protégées, comme l'oasis de Valle Sainta di Campotto (Argenta) et l'oasis de Punte Alberete (située entre les lidos de Marine Romea et de Casal Borsetti (commune de Ravenne), une des dernières forêts naturelles (pins et chênes) d'Europe et la plus étendue d'Italie.

sources

  • Informations prises du livre ( écrit en vieux français) : « Voyage en Italie, fait dans les années 1765 et 1766 » par M. De La Lande (1769).

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