Vengeons

Vengeons

48° 45′ 20″ N 0° 54′ 55″ W / 48.7555555556, -0.915277777778

Vengeons
Administration
Pays France
Région Basse-Normandie
Département Manche
Arrondissement Avranches
Canton Sourdeval
Code commune 50625
Code postal 50150
Maire
Mandat en cours
Jean-Marie Brard
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes du canton de Sourdeval
Démographie
Population 487 hab. (2008)
Densité 31 hab./km²
Gentilé Vengeonnais
Géographie
Coordonnées 48° 45′ 20″ Nord
       0° 54′ 55″ Ouest
/ 48.7555555556, -0.915277777778
Altitudes mini. 160 m — maxi. 352 m
Superficie 15,75 km2

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Vengeons est une commune française, située dans le département de la Manche et la région Basse-Normandie, peuplée de 487 habitants[1] (les Vengeonais[2] ou Vengeonnais).

Sommaire

Géographie

Toponymie

Nom sans rapport avec la première personne du pluriel du verbe venger ou son impératif.

François de Beaurepaire[4] postule un gaulois *Vindo-ic-onti-o, basé sur *uindo, blanc (cf. irlandais finn, breton gwenn, blanc) que l'on rencontre dans de nombreux noms de lieux (Vendœuvre, Vienne, etc.), le suffixe -ik- qui selon Pierre-Yves Lambert[5] permet la substantivation et le suffixe -(o)-nti-(o) fréquemment attesté en toponymie (cf. Rosontio > Ressons; *Licontio > Lyons; Vesontio > Besançon; etc.). Le sens serait « endroit blanc, lumineux, beau ».

L'évolution phonétique *Vindicontio est semblable à celle de vindicamus qui a abouti à "vengeons" du verbe venger.

Histoire

Aujourd’hui Vengeons compte 500 habitants, contre plus de 1 800 au début du XIXe siècle. Ceci est une indication précieuse pour comprendre la vie industrieuse et commerciale de la commune…

Les textes les plus anciens remontent aux XIe et XIIe siècles. On y voit apparaître une famille de Vengeons. Le fief de Vengeons dépendait du comté de Mortain.

Pendant l’occupation anglaise, en 1449, une des insurrections est née à Vengeons, en liaison avec une sortie commando des 129 barons normands assiégés au Mont-Saint-Michel. Cette révolte est née à la Pesantière. Et c’est cette révolte vengeonaise qui permit la libération de la région. Olivier Basselin, le poète, loua cette résistance contre les Anglais.

Lors des Guerres de religion, le 1er septembre 1568, les huguenots du village reçoivent un fort soutien des Huguenots venant de reprendre Vire.

Entre 1619 et 1642, la peste fait des ravages dans la population, et 1630 est une année particulièrement terrible pour Vengeons.

En 1639, suivant le souhait de François Ier, on consigne les actes dans les registres. Après la révolte des nu-pieds, on a conservé les registres vengeonais. Ils étaient d’abord visés par l’archidiacre, puis le doyen rural, puis au XVIIIe du lieutenant général civil et criminel de Mortain. Après 1789, l’ensemble des registres formeront le fonds des archives départementales. Par un concours de circonstances, après leur restauration grâce à un mécène, les registres seront sauvés de la destruction des archives départementales de Saint-Lô en 1944. Le mécène est connu par l'inscription suivante, mentionnée en tête du premier registre :

« L'an 1901, Monsieur Poisnel étant maire, ces archives, qui avaient beaucoup souffert du temps, ont été remises en état par les soins de Jules Prosper Le Baron, docteur en médecine de la Faculté de Paris, fondateur et président du Syndicat des médecins de la Seine, membre du Conseil supérieur de la Mutualité, inspecteur des Enfants du 1er âge et des crèches de la Ville de Paris, né à Blaison (Maine-et-Loire), le 23 février 1855, fils de Pierre Joseph Le Baron de Blaison et de Jeanne Perrine Julienne Suzanne Le Baron de Segré, petit-fils de Pierre et de Julien Le Baron nés à Vengeons le 29 floréal an IV (15 mai 1796) et le 30 frimaire an VI (20 décembre 1797). »

En 1789, Jacques Louis le Harivel s’offre, avec des membres de sa famille, en otage garant de la vie du roi, après son arrestation.

Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
 ? mars 2001 Jean-Claude Lepetit SE  
mars 2001 en cours Jean-Marie Brard DVD Inséminateur
Toutes les données ne sont pas encore connues.


Le conseil municipal est composé de quinze membres dont le maire et deux adjoints.

Démographie

Vengeons a compté jusqu'à 1 810 habitants en 1806.

Évolution démographique
Années 1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
Population 1 800 1 484 1 810 1 760 1 781 1 727 1 716 1 658 1 704
Années 1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
Population 1 618 1 554 1 574 1 360 1 379 1 249 1 160 1 042 995
Années 1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
Population 976 923 883 738 788 762 813 753 670
Années 1962 1968 1975 1982 1990 1999 2008 - -
Population 619 635 610 578 552 518 487 - -
Notes, sources, ... Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes.
(Sources : EHESS[6] et Insee[7])

Économie

Lieux et monuments

Un circuit de découverte présente le patrimoine de la commune. Vengeons est un Village Patrimoine du Pays de la baie du Mont-Saint-Michel depuis 2003.

La fontaine Saint-Germain

La fontaine Saint-Germain est un des deux lavoirs de la commune. Son nom vient de saint Germain d'Auxerre, l'évangélisateur, qui serait passé par ce chemin en 396.

La lessive était un travail important, et fatigant, surtout au regard du chemin, très pentu. La lavandière utilisait un caboret ou carrosse, pour être un peu plus à l’aise. À l’aide d’un pussoir (pucheux dans l’Avranchin et en normand), elle puisait l’eau, pour la mettre dans le cuvier. Le pussoir faisait 1,5 l à Vengeons, le pucheu faisait 3 l. Ce chaudron était chauffé, et recevait de la cendre de bois d’arbres fruitiers (de préférence). Le linge était battu au lavoir, puis placé dans le cuvier bouillant sur lequel on plaçait le charrier ou doublier, un gros drap de chanvre, pour éviter le contact direct entre la cuve et le linge. La lavandière tournait le linge avec un grand bâton ou de grandes pinces en bois. Ensuite le linge retournait au lavoir pour être rincé et essoré. À Vengeons, une femme profitait de l’aide de ses enfants pour ramener le linge sur le haut du village à l’aide d’une corde. La grande lessive avait lieu 2 à 3 fois par an. Et il fallait être plusieurs.

La maison de Mme Halot

Dans le bourg de Vengeons, le bâti présente des lucarnes de différentes factures. On trouve des lucarnes à bâtière, qui avancent, des lucarnes rampantes, un versant, ou des lucarnes frontons. Il y a deux grandes familles de lucarnes : celles destinées à éclairer et aérer les combles, en tête de mur des façades, et celles destinées à dégager l’accès aux greniers, recoupant les façades.

La maison de Mme Halot est une maison très ancienne qui possède des volets intérieurs. Ceux-ci permettaient d’éviter d’ouvrir les fenêtres l’hiver, et de perdre de la chaleur. Dans cette maison, dans la cave, à la Révolution, un prêtre réfractaire disait la messe en cachette. En effet, à Vengeons, un prêtre avait prêté serment et le vicaire avait refusé. Vengeons ne s’est pas révolté spontanément lors de la Révolution, en suivant les premiers Chouans. Mais lorsque le sectarisme et les remises en cause de la religion apparurent, les habitants bougèrent. Des prêtres refusent de remettre leurs lettres de prêtrises, et certains se réfugient.

Vengeons sera au centre des fronts de batailles chouannes de la région, entre Tinchebray, Vire, Saint-Sever… et les troupes de Frotté y séjournent plusieurs fois.

Le puits du Bourg

Ce puits très ancien a la particularité d’être tout en haut de la colline, c’est une grande chance pour les habitants, qui ainsi n’avaient pas de trajet à effectuer pour les corvées d’eau. La croix juste à côté, très ancienne, était probablement située sur le haut du puits, car l’eau était mise sous la protection divine.

Les tombes du Commonwealth

Ces deux tombes sont les témoignages du passage du front sur la commune. Les deux jeunes aviateurs de la Royal Air Force, âgés de 22 et 24 ans furent abattus par la DCA, à l’Anfrérie. Deux personnes ont été tuées lors de l’accident.

Le café, les commerces

L’ancien café de Vengeons a fermé il a peu de temps. Mais ce n’est pas le seul de Vengeons, car il y en avait plusieurs. Vengeons comptait plus de 1 700 habitants, et les commerces étaient très nombreux. Voici un aperçu non exhaustif de tout ce qu’on pouvait trouver à Vengeons en 1900 (aujourd’hui, tout se situe à Sourdeval) : un boulanger, trois épiciers, un charcutier, un boucher, un tabac, six sabotiers, deux coiffeurs, deux charpentiers, trois fileuses, une repasseuse de coiffes, deux brodeuses, deux couturières, une tricoteuse. Les exploitations agricoles étaient modestes, de 5 à 10 hectares. Souvent les hommes avaient un deuxième métier : colporteur, étameur, marchand de cheveux…

En plus des commerçants du bourg, un boucher venait le dimanche, un poissonnier de Sourdeval, par le train, et une fois par an, un marchand d’oignons de Bretagne.

Le circuit textile

Les maisons « ouvrières » : des maisons, très simples, mais très fonctionnelles. Vengeons, avec ses 1 710 habitants et 72 villages, comptait de nombreux ouvriers et artisans, notamment dans le textile. La fibre pouvait y vivre tout son cycle, du cardage au papier chiffon. En effet, on pouvait recenser, en 1851, dans la commune :

    • 2 filassiers
    • 19 filassières
    • 42 fileuses
    • 17 tisserands (plutôt des hommes)
    • 15 tailleurs et couturières
    • 13 blanchisseuses
    • 10 brodeuses
    • 5 mercières
    • 5 marchands de chiffons
    • 6 papetiers
soit 134 personnes travaillant dans le textile.

Les clôtures de granite

Vengeons est implanté sur une crête granitique à l’extrémité est de l’utilisation des blocs de granite pour réaliser des clôtures. Ces pierres sont très lourdes, car il y a autant de granite à l’extérieur qu’à l’intérieur de la terre. La forme des blocs est très caractéristique de cette région manchoise.

La poste et l’école

L’école se trouvait en face des maisons ouvrières, avant la guerre de 1914. Après 1918, elle fut déplacée au nord du centre bourg, tout comme la mairie. L’école jouxtait le mur du cimetière. La rue actuelle fut creusée après la Seconde Guerre mondiale. Il y avait deux écoles, une école de filles, et une école de garçons. Pour venir à l’école, les enfants venaient de jusqu’à près de 3 km (Saint-Germain par exemple), par tout temps, toute l’année, même dans le noir et dans la neige. Les enfants emmenaient leur repas, fait de tartines de graisse, parfois d’un bout de lard, et de cidre. L’entraide villageoise existait. Une petite fille dont la mère était trop pauvre pour lui fournir son repas faisait la quête auprès des dames du village.

Le presbytère, l’église

Vengeons est une paroisse ancienne, et très croyante. La plupart du temps, ils étaient deux à officier : curé et vicaire, avec un sacristain. Vengeons a donné des prêtres à Paris (église Saint-Roch par exemple), et compta jusqu’à dix carmélites. L’année était rythmée par les fêtes catholiques.

L’église de Vengeons a subi de nombreux remaniements, dus aux aléas de l’histoire. La première date évoquée est 1222. La région dut être évangélisée au IVe siècle, comme tout le Mortainais, et on évoque surtout saint Germain d'Auxerre, qui parcourait la région dans les années 390.

  • Le porche gothique est austère, il s’agit peut-être des vestiges d’un autre édifice, une autre église, ou d’une chapelle accolée. Son dallage est fait de pierres tombales du XVIe siècle, et des dessins étranges sont gravés sur les bancs.
  • Les fonts baptismaux datent du XIXe siècle. La grande ogive a été remise en valeur par la suppression de la tribune qui la masquait. La chaire a été déplacée lors des travaux d’après 1944, car l’édifice a été éprouvé par des obus. La voûte précédente était peinte en bleu et parsemée d’étoiles d’or, comme on peut le voir encore dans la chapelle absidiale de Mortain, ce qui est typique du XIXe siècle. Il y avait un Christ sur une poutre de gloire, mais elle a disparu.
  • Les vases acoustiques. Sous la maçonnerie de la nef se trouvent des vases acoustiques, ils sont sans doute en terre de Ger, et servaient à améliorer le renvoi du son lors des offices, avec leur ouverture vers l’intérieur de la nef.
  • La statuaire. Au-dessus du maître-autel se trouve une vierge couronnée, portant l’Enfant à la Colombe, classée à titre d'objet aux Monuments historiques[8]. Elle est en pierre polychrome, XVe / XVIe siècles. Un cœur de bronze doré comporte le nom de tous ceux qui ont participé aux dépenses de la statue. De chaque côté se trouvent saint Blaise et saint Germain. Saint Blaise était très vénéré, car il est dit qu’il guérit de tous les maux. Ces statues sont en bois, du XVIIIe siècle. La pièce la plus remarquable de la statuaire est le martyr de saint Blaise, bas-relief de pierre blanche classé également à titre d'objet[9]. Le corps du saint est nu, sa mitre rappelle qu’il est évêque. Il est attaché à un poteau, et de chaque côté, un bourreau laboure sa poitrine à coups de cordes. Il fut raccommodé en 1696, puis disparut, car la chapelle Saint-Blaise et des « prétendues » reliques furent interdites par l’évêque. Il fut retrouvé en 1925 par le curé Danguy sous un lambris. La restauration n’avait pas été efficace. Saint Blaise a été torturé au temps de Dioclétien, au début du IVe siècle. Il fut frappé par des peignes à carder, puis décapité. Ainsi il fut choisi comme patron des corporations des textiles, des tailleurs de pierres, et des médecins laryngologistes. Il a été sanctifié car il aurait sauvé un garçonnet qui s’étranglait avec une arête de poisson dans la gorge, en touchant le garçon avec deux cierges de la chandeleur. La fontaine Saint-Germain a eu la réputation de guérir des maux de gorge.
  • Le retable du croisillon nord (fin XVIIe/début XVIIIe) comporte une vierge de pitié en pierre, du XVe siècle. Le retable du croisillon sud (XVIIIe), présente une éducation de la vierge, en bois peint du XVIIIe.
  • Les vitraux. Le vitrail de la nef date de 1970. Il représente saint Michel touchant du doigt la tête de saint Aubert, qui doutait de la véracité de son souhait de créer un monastère sur le mont Tombe.
  • Les cloches. Elles pèsent 3 tonnes, et datent de 1888. Elles s’appellent Vitaline Marie, Louise Élisabeth, et Léonie Marie.
  • Les dalles funéraires. Elles sont nombreuses dans l’église. Elles sont dures, parfois impossibles à déchiffrer, car martelées à la Révolution. Elles datent des XVIIe et XVIIIe siècles essentiellement, et concernent des prêtres, notaires, marchands…

Activité et manifestations

Personnalités liées à la commune

Voir aussi

Notes et références

Altitudes, coordonnées, superficie : IGN[10].
  1. Population municipale 2008 (site de l'Insee)
  2. Ouest-france.fr - Mairie de Vengeons. Consulté le 7 octobre 2010
  3. Géoportail (IGN), couche « Limites Administratives » activée
  4. Les noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, éditions Picard 1986.
  5. La langue gauloise, éditions errance 1994.
  6. Source : Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui, « Notice communale - Vengeons », École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS). Consulté le 7 octobre 2010
  7. Insee : historique des populations par commune depuis le recensement de 1962
  8. Statue : Vierge à l'Enfant, sur la base Palissy, ministère de la Culture.
  9. Bas-relief : Scènes de la vie de saint Blaise, sur la base Palissy, ministère de la Culture.
  10. Vengeons sur le site de l'Institut géographique national (archive Wikiwix)

Liens externes



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