Vieux norois

Vieux norois

Vieux norrois

Vieux norrois
Période du VIIe siècle au XVe siècle
Parlée en Islande
Langues-filles langues scandinaves
Classification par famille
Codes de langue
IETF non
ISO 639-2 non
ISO/DIS 639-3 non

Le vieux norrois (ou norrois, norois ou encore vieil islandais) correspond aux premières attestations écrites d'une langue scandinave médiévale.

Sommaire

Place du norrois dans l'évolution des langues scandinaves

L'extension du vieux norrois et des langues apparentées au début du Xe siècle :       Dialecte de l'ouest       Dialecte de l'est       Ancien Gutnisk       Gothique de Crimée       Anglo-saxon       Autres langues germaniques pour lesquelles le vieux norrois conserve des éléments intelligibles

On distingue traditionnellement trois périodes dans l'évolution des langues scandinaves :

Le vieux norrois est de loin la variété la mieux attestée d'ancien scandinave ; le norrois « classique » est le langage dans lequel ont été rédigées les sagas islandaises des XIIe et XIIIe siècles, dont la plus connue, l'Edda décrivant avec une neutralité étonnante de la part d'un clerc la mythologie viking.

Système phonologique du norrois

Les graphies et leur valeur phonétique

L'ancien scandinave est attesté sous deux formes graphiques :

  • en écriture runique, aussi appelée futhark
  • en alphabet latin, qui fut introduit en même temps que le christianisme peu après l'an 1000.

Dans l'alphabet latin, il a été nécessaire d'ajouter certains signes pour représenter tous les sons de l'ancien scandinave. Voici un tableau des voyelles de l'ancien scandinave telles qu'elles étaient représentées dans l'alphabet latin :

voyelles d'avant valeur
i [i]
í i long [iː]
y voyelle labiale d'avant [y]
ý voyelle labiale d'avant longue [yː]
u [u]
ú u long [uː]
Voyelles d'arrière
e [ɛ]
é e long [eː]
ø e labial [ø]
œ e labial long [œː]
o o ouvert [ɔ]
ó o ouvert long [oː]
æ è long [ɛː]
a [a]
á a long [aː], ou mieux [ɑː]
ǫ o labial [ɒ]

Les symboles ǫ, ę (n'est plus utilisé et n'apparaît donc pas dans le tableau) et ø (à l'origine une ligature par superposition de o et e) datent du XIIe siècle. Ils ont été proposés pour l'orthographe du vieil islandais par l'auteur du Premier traité de grammaire. Æ est emprunté au vieil anglais. L'ancien norrois connaissait en outre trois diphtongues : æi, ǫu et æy. Ces diphtongues étaient transcrites par des digrammes dans les manuscrits.

Pour les consonnes, on emprunta les graphèmes þ (th dur, comme dans faith en anglais, souvent translittéré th) et ð (th doux, comme dans le the anglais ; souvent translittéré dh) au vieil anglais ; le signe y transcrivant la voyelle labiale d'avant fermée fut aussi emprunté à l'anglo-saxon.

Consulter aussi Transcription des langues germaniques.

L'accentuation

Le norrois faisait la différence entre syllabes accentuées et syllabes non-accentuées. L'accent portait habituellement sur le radical des mots, c'est-à-dire, dans la plupart des cas, sur la première syllabe. Dans les mots composés, le premier élément portait en général l'accent primaire, mais un accent secondaire apparaissait sur le deuxième élément. Dans certains cas, c'était le préfixe qui était porteur de l'accent (et le radical restait alors inaccentué).

Morphologie du norrois

Les noms

Les noms du norrois se classent selon deux critères :

  1. leur suffixe d'origine
  2. leur genre.

Suffixes forts et suffixes faibles

Il y avait deux possibilités :

  • le suffixe accentué d'origine se terminait par la voyelle a, o long, i ou u : le nom relevait alors de la déclinaison forte;
  • le suffixe accentué d'origine se terminait par la séquence an, on ou in : le nom relevait alors de la déclinaison faible. À cette déclinaison appartenaient également quelques noms se terminant en nd ou en r, ou bien ceux qui ne se terminaient pas par un suffixe accentué.

Le genre nominal

Le norrois comportait 3 genres : masculin, féminin, et neutre. Le genre dépendait généralement du suffixe accentué originel du nom; en général :

  • les noms en -a étaient masculins ou neutres;
  • les noms en -o long étaient féminins;
  • les noms en -u, masculins;
  • les noms en -n, nd ou r étaient soit masculins soit féminins.

Le nombre

À l'origine, il existait trois nombres grammaticaux : le singulier, le pluriel et le duel, comme en grec ancien ou en breton. À l'époque classique, toutefois, le duel s'était depuis longtemps fondu avec le pluriel... en ce qui concerne les noms, du moins.

Les déclinaisons nominales

Les déclinaisons du norrois comprenaient quatre cas, les mêmes que ceux que l'on retrouve en allemand moderne : nominatif, accusatif, génitif et datif.

Exemple de déclinaison forte :

cas singulier pluriel
nominatif armaz > armr armōr > armar
accusatif arma > arm armanz > arma
génitif armas > arms armō > arma
datif armē > armi armumz > ǫrmum

(Précédés d'un point, les formes d'ancien scandinave reconstituées; à leur suite, les formes attestées en norrois classique).

Exemple de déclinaison faible :

cas singulier pluriel
nominatif granni grannar
accusatif granna granna
génitif granna granna
datif granna grǫnnum

Les adjectifs

A l'origine, les adjectifs étaient déclinés comme les noms; cependant, déjà en proto-germanique, on adopta certaines formes pronominales qui donnèrent naissance à une déclinaison adjectivale particulière, mixte des déclinaisons nominale et pronominale. Les formes spécifiquement pronominales sont :

cas singulier pluriel
masculin féminin neutre masculin féminin neutre
nominatif - - t ir - -
accusatif (a)n a t - - -
génitif - rar - ra ra ra
datif um ri u - - -

Les autres formes utilisent :

  • les terminaisons en a au masculin et au neutre;
  • et les terminaisons en ō au féminin.

Cette déclinaison est utilisée lorsque l'adjectif fonctionne comme prédicat ou modifie une phrase nominale indéfinie. Cette déclinaison est aussi appelée « déclinaison forte ».

Dans les phrases nominales définies, on utilise en revanche une « déclinaison faible » :

  • terminaison an au masculin et au neutre singulier;
  • terminaison ōn au féminin singulier;
  • au pluriel, terminaison um au datif pour tous les genres, et u à tous les autres cas.

Comparatif et superlatif

Il existait deux systèmes en norrois :

  • la plupart des adjectifs utilisaient le suffixe -ar pour former le comparatif et -ast pour le superlatif : ríkr --> ríkari --> ríkarstr, « puissant ».
  • mais un petit groupe d'adjectifs formaient leur comparatif et leur superlatif avec les suffixes -r et -st associés à une inflexion provenant d'un i disparu qui précédait la finale : langr --> lengri --> lengstr, « long ».

Les pronoms personnels

La série des pronoms est, en norrois, composée de trois systèmes morphologiques distincts :

  • les pronoms personnels proprement dits
  • les pronoms de la troisième personne
  • les pronoms démonstratifs de distance et de proximité.

Les trois séries s'organisent selon des systèmes différents.

Les pronoms personnels proprement dits

Ils s'organisent en trois nombres (singulier, duel, pluriel) et quatre cas, mais ne font pas de différences entre les genres. Ce sont les pronoms de la première et de la deuxième personne, et les réflexifs de la troisième personne. Parmi les nombres, le duel correspond, comme en grec ancien, aux situations où deux individus (ou deux groupes), pas plus, sont face à face.

Tableau des pronoms personnels proprement dits :

cas singulier duel pluriel
nominatif ek þú - vit it vér ér
accusatif mik þik sik okkr ykkr oss yðr
génitif mín þín sín okkar ykkar vár yðar
datif mér þér sér okkr ykkr oss yðr

Les pronoms personnels de la troisième personne

Cette série s'organise en distinguant les genres (masculin et féminin) et correspond à une racine germanique caractérisée par un préfixe h-. En norrois, ce système s'utilise uniquement au singulier et seulement pour les genres masculin et féminin. Le génitif tient lieu de pronoms et d'adjectifs possessifs.

Déclinaison des pronoms de la troisième personne :

cas masculin féminin
nominatif hann hon
accusatif hann hana
génitif hans hennar
datif honum henni

Les pronoms démonstratifs de distance et de proximité

Cette série se divise en deux groupes :

  • les démonstratifs de distance : ils sont formés sur deux paradigmes, sa (qui n'est utilisé que pour le nominatif singulier et le féminin), et þa :
cas singulier pluriel
masculin féminin neutre masculin féminin neutre
nominatif þat þeir þær þau
accusatif þann þá þat þá þær þau
génitif þess þeirrar þess þeirra þeirra þeirra
datif þeim þeirra því þeim þeim þeim
  • et les démonstratifs de proximité. Ces derniers étaient à l'origine formés sur la base des démonstratifs de distance, à laquelle on ajoutait les suffixes -si ou -a, voire les deux comme dans l'ancien scandinave þansi. Ce système n'est cependant jamais attesté de façon consistante; la racine et le suffixe semblent s'être mêlés très tôt pour former un nouveau radical de déclinaison très irrégulière. C'est pourquoi les formes de ce type de pronom démonstratif a beaucoup varié en fonction des lieux et des époques.

Les pronoms interrogatifs

Les verbes

Comme les autres langues germaniques, le norrois fait la distinction entre verbes forts et verbes faibles. À l'origine, les verbes faibles étaient formés d'un simple radical auquel on ajoutait un suffixe accentué; au passé, on se contentait d'ajouter une terminaison dentale à ce suffixe accentué.

Les verbes forts, au contraire, ne possédaient pas de suffixe accentué; le changement de temps était marqué par une alternance vocalique dans le radical. En norrois, le système temporel se construit autour d'une seule opposition : passé face à tout ce qui n'est pas passé (en particulier, le présent). On retrouve un système similaire dans les langues sémitiques, qui opposent l'accompli à l'inaccompli (voir l'article langue arabe).

Syntaxe du norrois

Au présent

La phrase s'organise de la manière suivante :

Complément Sujet Verbe

exemples : Chez moi je retourne. Avec mon cheval en ville tu vas.

Diffusion

Le vieux norrois a influencé de nombreuses langues : le russe, l'anglais, mais aussi le français, via le normand. Les langues qui lui sont aujourd'hui le plus proche sont les langues scandinaves.

En France, la toponymie normande est caractérisée par la présence d'appellatifs issus du vieux norrois ; ceci est dû à l'installation de colons danois, norvégiens et anglo-scandinaves au Moyen Âge ; c'est par exemple le cas de Caudebec du vieux norrois kald bekkr (froid ruisseau), Foulbec de fúll bekkr (ruisseau puant), Elbeuf de welleboth, etc.

Voir aussi

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