Violence politique sioniste

Violence politique sioniste

Entre 1920 et 1948, durant la période du Mandat Britannique sur la Palestine, plusieurs organisations sionistes utilisèrent la violence dans le cadre de leurs revendications politiques, en particulier nationalistes. L'usage de la violence culminera lors de deux premières phases de la guerre de 1948 en Palestine.

Ces événements s'inscrivent en parallèle dans le contexte de la naissance et la prise de conscience du nationalisme arabe en Palestine et de la violence politique palestinienne. Le contexte se complique par des événements extérieurs comme la montée du nazisme en Europe, la seconde guerre mondiale et l'holocauste.

Avec la naissance de l'État d'Israël, le sionisme a atteint son objectif principal. La violence politique sioniste change de cadre. Le sionisme a atteint son objectif principal. Les organisations paramilitaires clandestines deviennent officielles. Elles fusionnent au sein de l'armée israélienne en juillet 1948 tandis que leurs branches politiques siègent à la Knesset. La situation géopolitique évolue également avec le début du conflit israélo-arabe et l'évolution du conflit israélo-palestinien. Elle est traitée dans l'article violence politique israélienne.

Sommaire

Au début du sionisme

Plusieurs organisations nationalistes sionistes ont été actives lors des premières années d'immigration juive du nouveau yichouv en Palestine.

Dans le contexte de la lutte pour la création d'un État juif et contre le nationalisme arabe, de la lutte contre les autorités mandataires britanniques et dans le cadre d'une montée progressive de la violence réciproque[1], certaines de ces organisations optèrent pour l'usage de la violence. Les plus radicales dans le camp sioniste furent l'Irgoun et le Lehi.

L'Irgoun, certainement la plus célèbre, fut fondé en 1931 suite aux différends politiques et idéologiques entre les sionistes révisionnistes et la gauche sioniste sur les objectifs à atteindre et la politique à adopter pour réagir à la situation. L'Irgoun opta pour une lutte armée clandestine.

Elle organisa des attentats principalement pendant la Grande Révolte arabe en Palestine (1936-1939), puis entre 1944 et 1947 contre les Britanniques[2] et lors de la guerre de 1948. Ceux-ci firent des dizaines de morts parmi la population arabe et les troupes britanniques+.

Le Groupe Stern ou Lehi continua ses actions pendant la Seconde Guerre mondiale, refusant la trêve de l'Irgoun avec les Britanniques. Le groupe se revendiquait comme terroriste [réf. nécessaire].

Après la Seconde Guerre mondiale

L'Irgoun est notamment responsable de l'explosion qui a détruit l'hôtel King David de Jérusalem le 22 juillet 1946, à midi. Cet hôtel abritait alors le secrétariat du gouvernement britannique de Palestine. Une attaque, initialement commanditée par la Haganah à l'Irgoun, fut planifiée par Menahem Begin, qui était à la tête de l'organisation (il deviendra premier ministre d'Israël à la fin des années 1970. Il conclura alors une paix avec l'Égypte et recevra également le prix Nobel de la paix)[3],[4]. Ben Gourion demande l'annulation de l'attaque initialement prévue, lorsqu'il apprend la potentialité de victimes civiles, Begin refuse et poursuit le plan[5]. L'attaque est menée par Yosef Avni, qui participera au massacre de Deir Yassin, et Yisrael Levi[6]. L'hôtel est planté avec six charges représentant 350 kg d'explosifs. Un message téléphonique avertit le consulat français et le journal Jerusalem Post 25 minutes avant l'explosion. Un autre message d'avertissement est donné à l'hôtel peu de temps avant l'explosion, ce que nieront longtemps les autorités britanniques. 91 personnes périrent, la plupart civiles, dont 28 Britanniques, 41 Arabes, 17 Juifs, et 5 d'autres nationalités. Il y eut aussi 45 blessés. L'Irgoun revendiqua immédiatement l'attentat et Mehahem Begin relate cet épisode dans un livre autobiographique paru en 1978[7].

Guerre de 1948

Au début de la guerre civile, les milices juives organisèrent plusieurs attentats à la bombe. Le 12 décembre, l’Irgoun fit exploser une voiture piégée en face de la porte de Damas, provoquant la mort de 20 personnes[8]. Le 4 janvier, le Lehi fit exploser un camion devant l’hôtel de ville de Jaffa abritant le quartier général d'al-Najjada, tuant 15 personnes et en blessant 80 dont 20 gravement[9],[10],[11]. La nuit du 6 au 7 janvier, à Qatamon dans la banlieue de Jérusalem, la Haganah fit exploser l’hôtel Semiramis dont les services de renseignement avaient signalé qu’il abritait des miliciens arabes. 24 personnes sont tuées[12]. Le 7 janvier, à Jérusalem, des membres de l’Irgoun lancent une bombe à un arrêt de bus, tuant 17 personnes[13]. Le 18 février, une bombe de l’Irgoun explose dans le marché de Ramla, provoquant la mort de 7 personnes et en blessant 45[14]. Le 28 février, le Palmach commit un attentat à la voiture piégée dans un garage de la Haïfa arabe faisant 30 morts et 70 blessés dans le camp arabe[15].

Le massacre de Deir Yassin du 9 avril 1948 commis par l'Irgoun et le Lehi fit entre 100 et 120 morts[16] et est resté, jusqu'à nos jours, le plus célèbre de l'historiographie de l'époque bien que d'autres massacres, parfois faisant plus de victimes, se sont déroulés pendant cette période[17]. Pour de multiples raisons, l'impact de celui-ci fut néanmoins beaucoup plus important[18].

Dénonciations de ces violences

L'Irgoun a été considérée comme une organisation terroriste et combattue par les autorités britanniques[19]. Plusieurs membres de l'Irgoun furent capturés et certains furent condamnés à mort et exécutés[réf. nécessaire].

David Ben Gourion et les autorités juives représentant le Yichouv ont désapprouvé les actions et méthodes des organisations Irgoun et Lehi (voir histoire du sionisme). Entre 1945 et 1947, plusieurs membres de l'Irgoun furent livrés aux autorités britanniques par la Haganah[20]

L'expression terrorisme juif est encore utilisée dans ce contexte par des médias juifs (comme le site de l'UPJF, par exemple), comme par des médias non-juifs (Le journal Libération, par exemple).

Notes et références

  1. Massacre de Jérusalem de 1920; Massacres d'Hébron de 1929; Grande Révolte Arabe de 1936-39
  2. Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited, p.12
  3. (en) L'attaque de l'hôtel King David, sur le site de l'Irgoun
  4. (en) Point de vue britannique de l'attaque de l'hôtel King David
  5. Paul Johnson, A History of the Jews, Weidenfeld & Nicolson, 1987, p. 523 (édition de 2001)
  6. (en)L'attaque de l'hôtel King David sur wikipédia anglophone
  7. (en) Menahem Begin, The Revolt, Dell Books, New York NY, 1978
  8. Karsh (2002), p. 32.
  9. Yoav Gelber, Palestine 1948, p. 20.
  10. Walid Khalidi cite le chiffre de 25 civils tués en plus des cibles militaire dans Before Their Diaspora, 1984. p. 316 et photos p. 325.
  11. (en) Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem, 1947-1949, Cambridge University Press, p. 46.
  12. Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem revisited, p. 123.
  13. Dominique Lapierre et Larry Collins, Ô Jérusalem, p. 200-204.
  14. Site internet de l’Ambassade d’Israël à Londres se référant à Zeez Vilani, Ramla past and present.
  15. Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem revisited, p. 221.
  16. Le chiffre de 254 fut rapporté à l'époque mais a été revu depuis - voir massacre de Deir Yassin.
  17. Massacre du convoi de l'hôpital Hadassah, Massacre de Kfar Etzion, Massacre de Lydda, ...
  18. Voir Yoav Gelber, Palestine 1948, Propaganda as history, what really happened at Deir Yassin pp.307-318
  19. Freedom of Information releases in March 2006, concernant la palestine britannique, ainsi que le terrorisme
  20. Voir Biographie de Ben Gourion sur wikipedia.

Annexes

Articles connexes


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