Viscum album

Viscum album

Gui (plante)

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Gui des feuillus
 Viscum album
Viscum album
Classification classique
Règne Plantae
Classe Magnoliopsida
Ordre Santalales
Famille Loranthaceae
Genre Viscum
Nom binominal
Viscum album
L., 1753
Classification phylogénétique
Ordre Santalales
Famille Santalaceae
 Planche Flore médicinale de Chaumeton 1828

Planche Flore médicinale de Chaumeton 1828

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Le gui est un sous-arbrisseau hémiparasite de la famille des Loranthacées, originaire des régions tempérées de l'ancien monde, que l'on trouve sur diverses espèces d'arbres feuillus ou résineux. C'est en Europe une plante traditionnelle, avec le houx, des fêtes de Noël et de fin d'année. On l'appelle aussi « bois de Sainte Croix ».

Le terme est issu du latin viscum, devenu *wiscu- sous l'influence du francique *wîhsila, puis *gwy. L'ancien occitan quant à lui, a conservé le mot vesc issu directement du latin[1].

À Noël, et le jour de l'an à minuit précisément, la tradition, en Europe du nord veut que l'on s'embrasse sous une branche de gui, symbole de prospérité et de longue vie. La saison voulant que le gui abonde, on en cueillit dès le Moyen Âge pour l'offrir avec ce souhait : « Au gui l'an neuf », formule qui fut remplacée plus tard par « Bon an, mal an, Dieu soit céans » (soit dans la maison). Au XIXe siècle on disait « Bonne et sainte année, le paradis à la fin de vos jours », expression modernisée au XXe siècle en « Bonne et heureuse année ».

Touffes de gui sur peupliers

Sommaire

Description

Le gui est un arbre prenant, après quelques années, l'apparence d'une grosse boule vert jaunâtre de 50 cm à un mètre de diamètre. En hiver, après la chute des feuilles, il devient facilement repérable dans les arbres. Certaines branches peuvent atteindre 60 cm de hauteur. Il est fixé à son hôte par un suçoir primaire de forme conique qui s'enfonce profondément jusqu'au bois, sans pouvoir pénétrer le tissu ligneux. Toutefois, l'accroissement du bois en épaisseur par la formation des cernes annuels finit par englober plus profondément ce suçoir. Celui-ci émet des ramifications latérales, les cordons corticaux qui s'insinuent et se ramifient sous l'écorce à la limite du cambium et du liber et émettent à leur tour des suçoirs secondaires. L'observation sur une branche coupée de l'enfoncement de ces suçoirs dans les cernes du bois permet de déterminer l'âge de la touffe, qui peut atteindre trente ans.

Les tiges, vertes et de section cylindrique, ont un mode de ramification dichotomique par suite de l'avortement du bourgeon terminal. Cette dichotomie n'est toutefois pas absolue, il peut arriver que plus de deux rameaux partent du même nœud. Les ramifications successives conduisent à la forme de boule, leur nombre permettant d'évaluer l'âge de la plante.

Les feuilles, vertes également tirant souvent sur un vert jaunâtre, sont simples, arrondies, sans pétiole et disposées par paires opposées à l'extrémité des rameaux. Leur limbe, coriace, de 5 à 6 cm de long, est parcouru par cinq nervures parallèles. Elles persistent 18 mois à deux ans faisant du gui une plante toujours verte.

Le gui est une plante dioïque avec des touffes à fleurs femelles et d'autres mâles. Il a une floraison en mars et avril. Il peut arriver que les touffes voisines soient imbriquées donnant l'impression de pieds hermaphrodites.

Les fleurs, sessiles, jaunâtres, sont groupées en petites inflorescences insérées au niveau des nœuds des tiges. Les fleurs mâles comportent quatre tépales qui portent les anthères sans filet. À la floraison, elles laissent apparaître le pollen sur leur face interne.

Les fleurs femelles sont très particulières aussi : elles comportent quatre tépales surmontant un ovaire infère soudé au réceptacle.

Les fruits donnés par les touffes femelles sont de fausses baies globuleuses de 8 à 10 mm de diamètre, d'un blanc vitreux, charnues et visqueuses, caractéristique soulignée par Virgile et Pline, d'où le terme de viscum. La pulpe est constituée de viscine, substance collante qui contribue à la fixation des graines sur les branches des plantes-hôtes.

Les fruits mûrissent entre août et décembre et ne germent qu'au printemps suivant.

Biologie

Le gui est une plante hémiparasite, c'est-à-dire qu'il n'est pas totalement dépendant de son hôte. Il utilise les ressources de la plante hôte en lui soutirant eau et sels minéraux, mais il possède de la chlorophylle et peut fabriquer ses propres sucres.

Plus d'une centaine d'espèces d'arbres sont susceptibles d'être parasitées. Parmi les feuillus, les arbres les plus fréquemment atteints sont les pommiers, les peupliers (surtout le peuplier noir) et les trembles, les aubépines, les saules, les robiniers et les tilleuls. On le trouve également souvent sur les poiriers, les noisetiers et les cerisiers, et plus rarement sur les noyers, et les frênes. On ne le trouve jamais sur les hêtres et les platanes. Sa présence sur les ormes et les chênes est très rare, d'où l'importance que les druides accordaient au gui récolté sur les chênes. Des formes particulières parasitent aussi les sapins et les pins, et occasionnellement les épicéas. Le gui peut aussi parasiter une autre touffe de gui.

Sa dispersion est essentiellement assurée par certains Turdinae dont notamment la grive draine qui raffolent des fruits du gui et rejettent les graines non digérées dans leurs fientes, parfois à plusieurs kilomètres compte tenu du temps de la digestion. Les mésanges et les fauvettes qui décortiquent les baies sur place assurent une dissémination beaucoup plus limitée. De la graine collée à l'arbre glue (viscine) de la pulpe du fruit ou sur tout autre substrat émerge alors une ou deux excroissances vertes (hypocotyles) - rarement trois -, correspondant chacune à un embryon. L'hypocotyle se développe - son extrémité présente un renflement - et se dirige vers le substrat. Au contact du substrat, est sécrété un « disque de fixation » permettant l'adhérence. À l'issue de deux mois environ se développe toujours à l'extrémité de l'hypocotyle ce qui est appelé un « coin » - en utilisant les réserves des cotylédons de la graine -, qui pénètre l'écorce de l'arbre-hôte (pour les graines « tombées » dans cette situation) jusqu'aux vaisseaux transportant la sève ; c'est la transformation de l'hypocotyle en « suçoir ». L'embryon peut donc ne pas rester longtemps à l'état d'épiphyte sensu sricto, c'est-à-dire totalement autonome (fonction chlorophyllienne); mais dans tous les cas, pendant la première année surtout et les suivantes le prélèvement de sève est faible. Au printemps suivant, de la graine initiale, il ne reste plus qu'une petite tige, correspondant au suçoir, vont alors émerger deux petites feuilles constituant le premier stade d'une nouvelle touffe.

Variétés

Touffe de gui dans un buisson

Certains auteurs distinguent trois sous-espèces du gui :

  • Viscum album mali, le gui blanc d'Europe, le plus commun, parasitant les feuillus,
    • Viscum album abietis, le gui du sapin,
    • Viscum album pini, le gui du pin.

Il existe par ailleurs quelques 70 espèces du genre Viscum réparties dans les régions tempérées.

Le gui américain, Phoradendron leucarpum, bien que ressemblant au gui blanc d'Europe appartient à un genre distinct, Phoradendron, originaire d'Amérique du Nord.

Distribution

Branche de gui

L'aire de répartition du gui est assez vaste. Elle comprend :

C'est une espèce présente surtout dans les régions de plaines et de collines.

Histoire

Touffe de gui blanc d'Europe

Les Grecs associaient le gui à Hermès, grand messager de l'Olympe, mais aussi dieu de la santé.

Du temps des Gaulois, les druides allaient en forêt pour couper le gui sacré, le sixième jour de l'année celtique. Ils coupaient le gui en s'exclamant : « O Ghel an Heu » ce qui signifie littéralement « Que le blé germe ». Cet expression sera modernisée au Moyen Âge dans « Au gui l'an neuf ».

En Bretagne, au XIXe siècle encore, les enfants allaient frapper aux portes des maisons bourgeoises en criant le « blé germe » et ils recevaient des étrennes.

Les druides considéraient cette plante comme sacrée en raison des vertus médicinales, ou même miraculeuses, qu'ils lui attribuaient; le gui chassait les mauvais esprits, purifiait les âmes, guérissait les corps, neutralisait les poisons, assurait la fécondité des troupeaux, permettait même de voir les fantômes et de les faire parler. Le gui cueilli sur le chêne – chose rare – était particulièrement recherché car cet arbre symbolisait la force et la puissance.

Selon une légende scandinave, le dieu solaire, Balder, avait été tué par une flèche fabriquée avec une tige de gui par le dieu Loki. Sa mère, Frigga, implora les autres dieux pour son retour à la vie, et celui-ci devint le symbole de l'amour et du pardon.

Lutte contre le gui

Touffe de gui sur le tronc d'un arbre

Le gui est considéré comme un fléau par les forestiers et les arboriculteurs car sa présence provoque l'affaiblissement de l'arbre-hôte, ralentit sa croissance et diminue la qualité du bois ainsi que la production fruitière dans le cas des pommiers. Au point de fixation du gui, il se produit un renflement de la branche hôte, puis progressivement un affaiblissement mesurable de la partie située au-delà de ce point, partie qui finit à la longue par se dessécher. En outre l'affaiblissement de l'arbre favorise d'autres attaques de parasites, champignons et insectes notamment.

Une fois collée sur une branche, si les conditions sont favorables la graine germera et pourra développer un cône de fixation pourvu en son centre d'une racine suçoir qui s'enfonce dans le cortex de l'arbre-hôte, à la recherche des tissus conducteurs de sève.

La lutte contre le gui n'est pas facile. La plus éprouvée est la méthode mécanique qui consiste à enlever les touffes de gui, mais cela n'est généralement pas suffisant car tant qu'on n'a pas extirpé les cordons corticaux, ceux-ci peuvent émettre des bourgeons adventifs capables de créer de nouvelles touffes. Il faut donc tailler les branches assez largement avant le point de fixation, mais cela n'est pas toujours faisable si le gui est implanté sur une branche maîtresse, voire sur le tronc.

Aucun produit chimique n'existe actuellement pour contrôler le gui sans nuire à la plante hôte. La destruction chimique, notamment par l'injection dans le tronc de l'hôte d'herbicides systémiques, qui sont véhiculés par la sève, fait l'objet de recherche en vue de trouver des substances spécifiques.

Enfin la prévention, par la sélection de cultivars naturellement résistants, est une voie de recherche prometteuse.

En France, le gui figure sur la liste des organismes nuisibles dont la destruction peut être rendue obligatoire par arrêté préfectoral.

Propriétés et utilisations

Propriétés

Le gui renferme des substances toxiques, des hétérosides (vraisemblablement des saponosides) qui peuvent provoquer en cas d'ingestion des fruits des troubles digestifs et même des troubles cardiaques (collapsus cardio-vasculaire) si le nombre de baies ingérées dépasse la dizaine[2].

Constituants : choline, viscalbine, viscoflavine, acétylcholine, viscotoxine, inosite, mannite, saponine, acides, sels, vitamine C, résine.

Pharmacopée

  • Partie utilisée : feuilles et branchettes ;
  • Propriétés : hypotenseur, vasodilatateur, antiépileptique, diurétique ;
  • Mode d'emploi : infusion, teinture, sirop, extrait de fluide, œnolé, extrait visqueux.

Le gui était autrefois prescrit contre l'épilepsie, les désordres nerveux, pour la régulation des activités glandulaires, du rythme cardiaque et de la digestion. La décoction des branchettes donne de bons résultats sur les engelures, mais peut être cause d'intolérance.

La viscine, substance extraite du gui, peut à forte dose ralentir dangereusement le rythme cardiaque, causer des convulsions, accroître la pression artérielle et même provoquer un avortement, alors qu'en faible dose, elle a des effets bénéfiques sur les personnes souffrant d'hypertension et de maladies cardiaques.

Les jeunes-pousses feuilles de printemps sont utilisées en gemmothérapie.

Des extraits de gui ont été utilisés comme traitement adjuvants de certains cancers traités par chimiothérapie. Pour le cancer de la peau, une étude EORTC [3] n'a pas montré de bénéfice en termes de survie de cette thérapeutique. Pour le cancer du sein, une étude [4] montre une amélioration des scores évaluant la qualité de vie des patients, mais pas de bénéfice en termes de survie.

Décoration de Noël

En Amérique du Nord, on décore souvent avec des feuilles de gui. La tradition veut que deux personnes qui se retrouvent sous le gui doivent s'embrasser.

Divers

  • Le feuillage du gui a parfois été utilisé comme fourrage pour compléter l'alimentation des bestiaux à la mauvaise saison. Il était réputé favoriser la lactation des vaches et des chèvres.
  • Les fruits du gui, une fois macéré, fermenté et cuits, donnent une colle fine et très adhésive qui servait de glu (glu des oiseleurs).
  • Les touffes de gui avec leurs fruits se conservent très bien pendant des semaines voire des mois en guise d'ornement par exemple. Il suffit de tremper les extrémités des tiges coupées dans de l'eau et de changer celle-ci de temps en temps. Rapidement l'eau se teinte de brun pâle, mais curieusement, même la putréfaction de cette eau, du moins dans ces premiers stades, n'affecte pas la santé du gui.
  • Un coléoptère buprestide vit exclusivement dans le bois du gui : Agrilus viscivorus (Bily). Cette espèce menacée par la coupe des vieux vergers est signalée en France depuis 2005.

Notes et références

Liens externes

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Voir « gui » sur le Wiktionnaire.

[1] Histologie, Viscum album, coupe de suçoir

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