Babylone

Babylone
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Babylone
Bābil, (ar) بابل
Ruines de Babylone photographiées en 1975
Ruines de Babylone photographiées en 1975
Localisation
Pays Drapeau d'Irak Irak
Gouvernorat Babil
Région antique Babylonie
Coordonnées 32° 32′ 31″ Nord
       44° 25′ 12″ Est
/ 32.542, 44.420
Superficie Environ 1 000 hectares
Localisation de Babylone et des principales villes de la Babylonie du Ier millénaire av. J.-C.
Localisation de Babylone et des principales villes de la Babylonie du Ier millénaire av. J.-C.
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Babylone
Babylone
Histoire
Empire d'Akkad / Ur III c. 2340-2000 av. J.-C.
Première dynastie de Babylone c. 1800-1595 av. J.-C.
Dynastie kassite de Babylone c. 1595-1155 av. J.-C.
Empire assyrien 728-626 av. J.-C.
Empire néo-babylonien 626-539 av. J.-C.
Empire achéménide 539-331 av. J.-C.
Empire séleucide 311-c. 141 av. J.-C.
Empire parthe c. 141 av. J.-C.-224 ap. J.-C.

Babylone (akkadien : Bāb-ili(m)[1], sumérien KÁ.DINGIR.RA[1], arabe بابل Bābil) est le nom d'une ville antique de Mésopotamie située sur l'Euphrate dans ce qui est aujourd'hui l'Irak, à environ 100 km au sud de l'actuelle Bagdad, près de la ville moderne de Hilla. À partir du début du IIe millénaire av. J.‑C., cette cité jusqu'alors d'importance mineure devient la capitale d'un royaume qui étend progressivement sa domination à toute la Basse Mésopotamie et même au-delà. Elle connaît son apogée au VIe siècle av. J.‑C. durant le règne de Nabuchodonosor II qui dirige alors un empire dominant une vaste partie du Moyen-Orient. Il s'agit alors d'une des plus vastes cités au monde, ses ruines actuelles occupant plusieurs tells sur près de 1 000 hectares. Son prestige s'étend au-delà de la Mésopotamie, notamment en raison des monuments célèbres qui y ont été construits, comme ses grandes murailles, sa ziggurat (Etemenanki) qui a inspiré le mythe de la Tour de Babel et les Jardins suspendus dont l'emplacement n'a toujours pas été identifié.

Babylone occupe une place à part en raison du mythe qu'elle est progressivement devenue après son déclin et son abandon qui a lieu dans les premiers siècles de notre ère. Ce mythe est porté par plusieurs récits bibliques et également ceux des auteurs gréco-romains qui l'ont décrite, qui ont assuré une longue postérité à cette ville, souvent sous un jour négatif. Son site, dont l'emplacement n'a jamais été oublié, n'a fait l'objet de fouilles importantes qu'au début du XXe siècle sous la direction de l'archéologue allemand Robert Koldewey, qui a exhumé ses monuments principaux. Depuis, l'importante documentation archéologique et épigraphique mise au jour dans la ville, complétée par des informations provenant d'autres sites antiques ayant eu un rapport avec Babylone, ont permis de donner une représentation plus précise de l'ancienne ville, au-delà des mythes. Il n'empêche que des zones d'ombres demeurent sur l'un des plus importants sites archéologiques du Proche-Orient ancien, tandis que les perspectives de nouvelles recherches sont réduites du fait de la situation politique de l'Irak.

Sommaire

Les phases de l'histoire de Babylone

Article connexe : Babylone (royaume).

Babylone fait irruption tardivement dans l'histoire de la Mésopotamie antique si elle est comparée aux autres grandes villes de cette civilisation (Kish, Uruk, Ur, Nippur, Ninive). Son ascension rapide n'en est donc que plus remarquable. Alors que la ville est peu mentionnée dans la documentation de la seconde moitié du IIIe millénaire av. J.‑C., elle connaît une croissance rapide après avoir connu l'installation d'une dynastie qui connaît une ascension politique rapide, durant la période dite « paléo-babylonienne » (2004-1595 av. J.-C.). La période suivante, dite « médio-babylonienne » (1595-fin du XIe siècle av. J.‑C.), voit Babylone confirmer durablement son rang de capitale de la Mésopotamie méridionale, notamment parce qu'elle devient un grand centre religieux en plus d'un centre politique, sous les dynasties kassite et d'Isin II. Le Ier millénaire av. J.‑C. débute par des périodes très difficiles, qui se prolongent dans les guerres provoquées par les tentatives de domination des rois assyriens sur la Babylonie. Ceux-ci sont finalement vaincus par les rois qui fondent le puissant empire « néo-babylonien » (626-539 av. J.-C.) et entreprennent les chantiers qui font de Babylone la ville la plus prestigieuse de son temps. Après leur chute, plusieurs dynasties étrangères se succèdent à Babylone, et même si la ville n'est pas leur capitale elle conserve une importance notable jusqu'aux derniers siècles avant J.-C., durant les phases tardives de l'histoire babylonienne, avant son abandon durant les premiers siècles de notre ère.

Origines de la ville et du nom

La plus ancienne attestation du nom de la ville de Babylone semble se trouver dans une tablette datée d'après des critères paléographiques des alentours de 2500 av. J.-C. (Période des dynasties archaïques)[2]. Ce texte mentionne une ville nommée BA7.BA7, dont le souverain (ENSÍ) commémore la construction du temple du dieu Marduk (écrit sous sa forme sumérienne AMAR.UTU), divinité tutélaire de Babylone aux époques ultérieures, ce qui semble un argument probant pour l'identification de cette ville. Son nom aurait pour origine le terme Babal ou Babulu, qui est sans doute dans un langage inconnu qui est celui d'une population antérieure à la présence sumérienne et sémitique en Mésopotamie, donc inexplicable ; une autre solution est qu'il s'agisse d'un terme d'origine sumérienne, signifiant peut-être « bosquet[3] ». La première attestation assurée du nom de Babylone dans un texte cunéiforme date de l'époque du règne de Shar-kali-sharri (2218-2193 av. J.-C.), roi de l'empire d'Akkad dont elle fait partie, et qui y restaure deux temples. La ville y apparaît en idéogrammes sumériens sous la forme KÁ.DINGIR, « Porte du Dieu ». Cela semble indiquer que le nom ancien de la ville a alors été réinterprété par la population akkadienne la peuplant comme bāb-ili(m), « Porte du Dieu », qui apparaît souvent sous sa forme sumérienne, KÁ.DINGIR.RA (la terminaison -RA étant la marque du datif). Par la suite, on trouve également dans les textes la forme bāb-ilāni, « la Porte des Dieux ». Les noms akkadiens de la ville sont à l'origine du grec Babylon, de l'hébreu Babel ou encore de l'arabe Bābil.

Babylone apparaît dans plusieurs textes de la période de l'empire d'Ur III au XXIIe siècle av. J.‑C., dont elle est un centre administratif secondaire, dirigé par un gouverneur (portant l'ancien titre royal ENSÍ)[2]. Il s'agit avant tout de documents fiscaux, illustrant donc une ville peu importante. Les niveaux de la ville du IIIe millénaire av. J.‑C. n'ayant pas été fouillés, il reste difficile de dater ses origines ; quelques objets de ce millénaire ont été récupérés lors de prospections[4].

Babylone sous la dynastie amorrite

Le roi Hammurabi de Babylone face au dieu Shamash, détail de la stèle du Code de Hammurabi, XVIIIe siècle av. J.‑C.

L'essor de Babylone vient avec l'émergence d'une dynastie d'origine amorrite qui débute vers 1894 avec un certain Sumu-abum (18941881 av. J.-C.)[5]. Cette période est qualifiée de « paléo-babylonienne », ou babylonienne ancienne. Sumu-la-El (18801845 av. J.-C.) est le véritable ancêtre de la Première dynastie de Babylone, car il est sans lien familial avec son prédécesseur tandis que tous se successeurs sont ses descendants. Ceux-ci agrandissent progressivement le royaume qui était alors limité à la ville et ses alentours, et sous Sîn-Muballit (18121793 av. J.-C.) Babylone devient une puissance capable de rivaliser avec les autres grands royaumes amorrites voisins que sont Larsa, Eshnunna, Isin et Uruk. Son fils Hammurabi (17931750 av. J.-C.) sait jouer intelligemment son rôle dans le concert international de son temps et cette première dynastie babylonienne ne devient dominante que sous son règne[6]. Après une première partie de règne sans grande victoire, il parvient à soumettre les royaumes qui l'entourent : Larsa, Eshnunna, puis Mari. Babylone devient alors la plus grande puissance politique de Mésopotamie. Son fils et successeur Samsu-iluna (17491712 av. J.-C.) maintient encore pendant un certain temps cette suprématie, mais il fait face à plusieurs révoltes qui affaiblissent son royaume. Les rois suivants voient leur territoire se désagréger sous l'effet de rébellions et d'attaques de peuples ennemis, en premier lieu les Kassites mais aussi les Hourrites, le tout dans un climat de crise agraire. Samsu-ditana (16251595 av. J.-C.), dont le royaume ne comporte plus que les environs immédiats de Babylone, est acculé. Selon ce que la tradition babylonienne ultérieure a retenu, le coup fatal lui est porté par le roi hittite Mursili Ier, qui réussit en 1595 av. J.-C. un raid sur Babylone. La ville est pillée et la dynastie amorrite disparaît, alors que les statues de culte du dieu Marduk et de sa parèdre Sarpanitum seraient emportées chez les vainqueurs en signe de soumission de la ville vaincue.

Peu de choses sont connues sur le visage de Babylone à l'époque de sa première dynastie[7]. Il s'agit manifestement de la période de son premier essor. Cela est dû à plusieurs facteurs : avant tout la présence d'une puissante dynastie, mais aussi à une situation géographique dont elle sait profiter, dans une riche région d'agriculture irriguée, le long d'un bras de l'Euphrate et près du Tigre qui constitue un axe de communication majeur entre la Syrie, la Haute Mésopotamie, le plateau Iranien et le sud mésopotamien ouvrant sur le golfe Persique. Le ville a pu ainsi devenir une sorte de carrefour sur des voies commerciales importantes[8]. Les niveaux archéologiques paléo-babyloniens n'ont pu être atteints que dans un quartier résidentiel, car ils sont en général recouverts par la nappe phréatique et endommagés irrémédiablement[9]. Les relevés archéologiques sont maigres et les apports les plus appréciables des fouilles sont plusieurs lots de tablettes scolaires, religieuses et économiques trouvés dans la zone du Merkes[10]. L'organisation générale de la ville se faisait sans doute déjà autour de son quartier religieux (le futur Eridu) situé sur la rive gauche de l'Euphrate est déjà en place, mais l'extension exacte de la ville reste à déterminer, notamment la question de savoir si l'enceinte passait alors par certaines portes qui un millénaire plus tard sont situées à l'intérieur de la ville (Porte de Lugal-irra, Porte du Marché), ou bien si elle entourait déjà une surface plus vaste correspondant à la ville intérieure du temps de Nabuchodonosor II). Il semble en tout cas que la ville s'étendait dès cette période sur la rive droite du fleuve (futur quartier de Kumar) où plusieurs temples sont attestés par les textes[11]. Les meilleures sources d'information sur les constructions de la ville sont les inscriptions de fondation et les noms d'années des rois paléo-babyloniens commémorant leurs travaux de constructions[12]. Le premier roi de la dynastie, Sumu-la-El, a construit un nouveau mur d'enceinte pour la ville et le palais royal que ses successeurs occupent après lui, avant Ammi-ditana qui semble en construire un autre (à moins qu'il ne s'agisse d'une restauration, les textes ne distinguant pas forcément les deux). La vie au palais royal de Babylone n'est approchable que par quelques tablettes du temps de Hammurabi provenant de la correspondance diplomatique du roi de Mari, évoquant avant tout des tractations intéressant celui-ci[13]. En dehors de leur lieu de vie, les rois paléo-babyloniens entreprennent régulièrement des chantiers dans leur capitale, qui concernent avant tout ses murailles, ses portes et surtout ses nombreux temples, qui peuvent être souvent localisés car ils sont connus par des textes des époques postérieures. Ils rapportent également les offrandes somptueuses dont ils gratifient certaines divinités de la ville. L'Esagil, le temple du grand dieu local Marduk, fait l'objet de leurs attentions. Sa ziggurat n'est pas mentionnée, mais les relevés archéologiques semblent la dater de cette période. Les textes du Merkes indiquent pour leur part que le quartier situé en ce lieu était nommé « Ville neuve orientale », et était notamment habité par une catégorie de prêtresses appelées nadītum caractéristiques de l'époque paléo-babylonienne[14].

La période kassite

Après la prise de Babylone par les Hittites, la situation politique de la Babylonie est particulièrement obscure. Cette région tombe dans des conditions mal établies sous la coupe d'une dynastie d'origine kassite. Un texte du VIIe siècle av. J.‑C. retrouvé à Ninive en Assyrie se présente comme une copie d'une inscription du roi kassite Agum II, qui dit avoir ramené les statues de culte de Marduk et Sarpanitu à Babylone et restauré l'Esagil[15]. On ne sait rien quant à l'authenticité de ce texte, d'autant plus que ce roi Agum n'est mentionné que dans des textes postérieurs à son règne. En l'état actuel des connaissances la domination kassite sur la Babylonie n'est assurée que vers le début du XVe siècle av. J.‑C., sous Burna-Buriash Ier et surtout ses successeurs Ulam-Buriash et Agum III[16]. Les rois de cette dynastie, qui se présentent comme monarques de « Karduniaš » (région correspondant à la Babylonie) plus souvent que comme « rois de Babylone », n'apparaissent que rarement en relation avec la ville de Babylone où leurs travaux ne sont pas ou peu mentionnés. Le statut de Babylone en tant que centre politique n'est pas clair : sous Kurigalzu Ier (ou le deuxième du nom) au début du XIVe siècle av. J.‑C., une nouvelle capitale est fondée à Dûr-Kurigalzu (« Fort Kurigalzu », du nom de son fondateur), située plus au nord dans la région où l'Euphrate et le Tigre sont proches, comme d'autres futures capitales des royaumes établis en Mésopotamie (Séleucie du Tigre, Ctésiphon puis Bagdad)[17].

Il n'empêche que Babylone reste une ville très importante et prestigieuse notamment parce que son rôle de centre religieux se développe, comme en témoigne le fait que l'Esagil reçoit des donations de terres conséquentes et que Marduk s'affirme peu à peu en tant que figure divine souveraine dans les sources de cette période[18]. De façon significative, les défaites les plus marquantes des rois kassites voient la prise de Babylone par leurs ennemis. Vers 1235 av. J.-C. elle est pillée par le roi Tukulti-Ninurta Ier d'Assyrie. Selon une chronique historique babylonienne nommée Chronique P ce roi aurait fait abattre ses murailles puis enlevé à son tour la statue de Marduk. Il a ensuite fait rédiger dans son pays un long texte célébrant sa victoire[19]. Les conflits entre Babylone et l'Assyrie se poursuivent jusqu'à l'intervention d'un troisième camp, celui des rois d'Élam Shutruk-Nahhunte et son fils Kutir-Nahhunte qui s'emparent de Babylone en 1158 puis 1155 av. J.-C. et emportent à leur tour ses trésors dont la statue de son grand dieu[20].

L'apparence de la ville de Babylone est encore moins bien connue à la période kassite qu'à la paléo-babylonienne, en l'absence d'inscriptions de fondation commémorant des travaux dans cette ville et parce que les niveaux archéologiques n'ont pas pu être fouillés pour les mêmes raisons que ceux de la période précédente[21]. Seuls quelques niveaux ont été atteints dans le secteur du Merkes. Plusieurs lots de tablettes économiques privées et un de textes religieux appartenant à un devin ont été exhumés pour cette époque[22]. C'est peut-être à cette période que le plan de Babylone avec son enceinte principale se fixe, si ce n'est pas déjà fait à la période précédente[23].

La seconde dynastie d'Isin et la période d’affaiblissement de la Babylonie

Les Élamites sont finalement repoussés de Babylonie par une nouvelle dynastie trouvant ses origines à Isin, qui réussit à reprendre Babylone. Son plus grand roi, Nabuchodonosor Ier (1126-1105 av. J.-C.), bat ensuite les Élamites dans leur propre pays et peut ramener triomphalement la statue de Marduk à Babylone, événement rapporté dans un long texte figurant sur un acte de donation[24]. Ce fait est particulièrement important pour l'histoire religieuse de la Babylonie, car c'est de cette période que doit sans doute être datée la primauté accordée à Marduk sur les autres dieux mésopotamiens, avec la rédaction de l'Épopée de la Création (Enūma eliš) qui narre comment il est devenu roi des dieux[25]. Ce récit fait de Babylone une cité construite par les dieux et située au centre du Monde, au contact du Ciel et de la Terre (matérialisé par sa ziggurat, dont le nom signifie « Maison-lien du Ciel et de la Terre »). Il est généralement considéré que c'est à ce moment qu'est rédigé le texte topographique appelé d'après son incipit TINTIR=Babilu, qui rapporte notamment l'emplacement de tous les lieux de culte de la ville, en conséquence de ce statut de ville sainte pour Babylone[26]. Cela indiquerait que la ville a alors son plan quasi-définitif, même s'il reste possible que ce texte (et donc l'organisation intérieure finale de Babylone) soit plus tardif.

Le retour du royaume babylonien au premier plan politique est cependant de courte durée : à partir des alentours 1050 av. J.-C., la Babylonie est submergée par les incursions de plusieurs peuples nomades dont les Araméens. La fin du règne de Nabû-shum-libur (1032-1025 av. J.-C.) marque pour Babylone le début d'un chaos et de changements dynastiques fréquents, alors que les sources concernant la Babylonie se tarissent. Il semble que les grandes villes de cette région aient subi plusieurs périodes de fortes violences, et Babylone ne fait sans doute pas exception[27].

Babylone face à la domination assyrienne

Bas-relief du palais royal de Ninive, représentant des soldats assyriens comptabilisant leur butin au cours d'une campagne en Babylonie.

La situation commence à se rétablir à partir du IXe siècle av. J.‑C. même si elle reste très heurtée et que les rois de Babylone ont du mal à affirmer leur domination sur la région et que les dynasties sont très instables[28]. À ces problèmes s'ajoute la reprise de la lutte contre l'Assyrie, qui est en position de force en raison de sa plus grande stabilité interne. La situation s'accélère sous le règne de Teglath-Phalasar III, qui après plusieurs années de luttes réussit à prendre Babylone en 728 av. J.-C. et s'en proclame roi.

La domination assyrienne n'est pour autant pas assurée, et le nouveau souverain Sargon II (qui a restauré des temples et les remparts de Babylone) doit faire face à un adversaire coriace en Babylonie, Merodach-Baladan II, qui réussit à régner sur la cité à deux reprises. Sennacherib, le successeur de Sargon II, faisant à son tour face à de nouvelles révoltes en Babylonie, place un de ses fils sur le trône de la cité[29]. Ce dernier tient peu de temps, une nouvelle révolte babylonienne survenant. Les comploteurs le capturent, et le livrent à leurs alliés élamites qui l'exécutent. La réplique de Sennacherib est terrible, et le récit qu’il en laisse est plein de haine contre Babylone : il aurait massacré une grande partie de sa population et détruit une grande partie de la ville en détournant les eaux du fleuve sur elle, puis rasé ses murailles et le sanctuaire de Marduk dont il emporte la statue. La réalité de l'ampleur des destructions reste discutée, selon toute vraisemblance la ville n'est pas entièrement détruite comme le prétend le roi assyrien. Son fils et successeur Assarhaddon choisit la voie de l'apaisement et entreprend de restaurer la cité, justifiant cette entreprise malgré l'interdit de ne pas la reconstruire avant 70 ans qui aurait été proclamé par le dieu Marduk en colère contre la population de sa ville (Sennacherib n'ayant alors été que le bras de sa vengeance). Par un retournement de la graphie cunéiforme du nombre 70, il le lit à l'envers, ce qui donne 11 années et lui permet d'entreprendre le chantier[30].

Assurbanipal représenté en bâtisseur, sur une stèle commémorant la restauration de l'Esagil.

La succession d’Assarhaddon, en 652 av. J.-C., avait en fait donné lieu à une organisation politique spéciale : Assurbanipal régnait depuis l'Assyrie, alors que son frère Shamash-shum-ukin était placé sur le trône de Babylone, en position de vassal mais auréolé du retour de la statue de Marduk qui accompagne son intronisation[29]. Ce dernier se révolte finalement en 652, mais est vaincu après une guerre âpre de quatre ans et le siège de sa ville qui dure plusieurs mois en 648. Il meurt lors du siège de Babylone, brûlé dans l'incendie de son palais, histoire qui donna naissance au mythe grec de Sardanapale. Après une première phase de répression Assurbanipal se révèle moins brutal que son grand-père et fait restaurer la ville, à la tête de laquelle il place un souverain fantoche, Kandalanu. Au final, les rois assyriens ont profondément marqué l'histoire de Babylone et sans doute aussi son paysage urbain[31].

L'empire néo-babylonien et l'apogée de Babylone

L'extension approximative de l'empire des rois néo-babyloniens.

Cette succession de révoltes en Babylonie a sans doute affaibli l'Assyrie, tandis qu'à Babylone l'esprit de résistance était de plus en plus fort, et les résistants de plus en plus actifs et unis. À la mort d'Assurbanipal en 627 av. J.-C., ses successeurs rentrent dans une querelle de succession qui est fatale à leur royaume. Nabopolassar, sans doute le gouverneur de la région du Pays de la Mer, et probablement d'origine chaldéenne, profite des troubles en Assyrie pour prendre le pouvoir à Babylone en 625 av. J.-C. avant de porter peu à peu le conflit chez son voisin du nord[32] Après quelques années de conflit, il réussit finalement à abattre l'empire assyrien avec l'aide du roi des Mèdes, Cyaxare, entre 614 av. J.-C. et 610 av. J.-C. Son fils Nabuchodonosor II (605 av. J.-C.562 av. J.-C.) lui succède. Avec lui, Babylone connaît son apogée. C'est la période de l'« empire néo-babylonien », qui couvre une grande partie du Proche-Orient des frontières de l'Égypte jusqu'au Taurus anatolien et aux abords de la Perse. Les successeurs de Nabuchodonosor II réussissent à tenir tant bien que mal leur royaume, mais ils n'ont pas la trempe des fondateurs de la dynastie. Le dernier roi de Babylone, Nabonide (556539 av. J.-C.), est un personnage énigmatique qui se met à dos une partie de l'élite de son royaume, dont le clergé de Marduk car il semble délaisser ce dieu au profit de sa divinité favorite, le dieu-lune Sîn.

Les règnes de Nabopolossar et Nabuchodonosor II correspondent à une période de profondes transformations de la ville, initiées par le premier et achevées par le second, connues par de nombreuses inscriptions de fondation[33]. Ce sont ces travaux qui vont contribuer à l'image, légendaire, reproduite par des auteurs étrangers comme Hérodote, Ctésias ou les rédacteurs de la Bible hébraïque, d'une ville ceinte par des murailles impressionnantes, et dominée par des monuments remarquables qui sont alors agrandis ou restaurés : palais royaux, temples, ziggurat, artères principales, dont la « Voie processionnelle » partant de la Porte d’Ishtar. La vie économique et sociale de la ville transparaît également dans des textes économiques, administratifs et scolaires de cette période[34].

Babylone sous domination étrangère

Quand le roi des Perses Cyrus II attaque Babylone en 539 av. J.-C. par une offensive surprise contre la porte d'Enlil au nord-ouest de la ville, la lutte tourne court et la cité et l'empire tout entier tombent entre ses mains. Dès lors, Babylone perd son indépendance[35]. Le nouveau maître proclame néanmoins son souhait de préserver la ville et s'attache les faveurs du clergé local en proclamant un décret très favorable envers eux, qui a été retrouvé inscrit sur un cylindre d'argile trouvé à Babylone. La chute du royaume babylonien et la fin de l'indépendance politique ne signifient pas le déclin de la métropole mésopotamienne. Certes à plusieurs reprises la ville se révolte : contre Darius Ier vers 521 av. J.-C., puis plus tard contre son fils Xerxès Ier, à qui les auteurs grecs postérieurs ont attribué la décision de détruire le sanctuaire de Marduk, répression dont l'ampleur réelle est débattue[36]. Babylone reste une ville importante de l'empire même si elle n'en est pas la capitale, et la Babylonie entière est une région cruciale où la noblesse perse dispose de vastes domaines. En 331 av. J.-C., Babylone ouvre ses portes au roi macédonien Alexandre le Grand après la victoire de Gaugamèles et les envahisseurs sont manifestement bien accueillis par la population. Alexandre patronne des restaurations de canaux et dans l'Esagil, s'y installe quelques mois après son expédition en Inde avant d'y mourir en juin 323[37]. C'est donc à Babylone que s'ébauche le premier partage de l'empire entre ses généraux, les Diadoques, qui ne tardent pas de se déchirer dans des luttes qui touchent durement la Babylonie et sa plus grande ville. Celle-ci est exsangue au moment où Séleucos Ier réussit à raffermir sa domination sur la région en 311[38]. Le nouveau souverain ne garde pas Babylone comme capitale, puisqu'il en construit une nouvelle une soixantaine de kilomètres au nord-est, à Séleucie du Tigre[39]. Babylone reste cependant importante, comme en témoigne par exemple le fait que son fils Antiochos Ier y demeure plusieurs années avant de prendre seul le pouvoir, et que son statut reste prestigieux aux yeux des nouveaux maîtres. Les deux premiers rois y font restaurer les édifices religieux. Plus tard le centre de gravité de leur royaume se déplace vers l'ouest et Antioche devient la capitale principale de leurs successeurs, qui perdent progressivement la Babylonie face à l'avancée des Parthes qui la dominent définitivement sous Mithridate II (123-88 av. J.-C.)[40]. Ces conflits ont une nouvelle fois fortement touché Babylone et sa région, notamment du fait des exactions perpétrées par le général parthe Himéros.

Babylone reste donc une ville importante dans l'administration des empires dirigés par des dynasties étrangères au cours de la seconde moitié du Ier millénaire av. J.‑C. Sous les Achéménides, son gouverneur (appelé dans les textes cunéiformes par le titre babylonien pahāt et non par celui de satrape) dirige une vaste province couvrant au départ tout l'ancien empire babylonien, donc jusqu'à la Méditerranée, avant que son territoire ne soit réduit à la seule Mésopotamie[41]. Sous les Séleucides, Babylone est supplantée par Séleucie en tant que principale cité de l'administration et devient donc une capitale provinciale secondaire. Le roi y est représenté par un personnage appelé dans les textes locaux šaknu (« préposé », autre titre d'un ancien dignitaire du royaume babylonien), qui dirige le personnel du palais royal local[42]. À partir du règne d'Antiochos IV (vers 170 av. J.-C.), Babylone devient une cité grecque avec sa communauté de citoyens (grec politai, que l'on retrouve dans les textes babyloniens sous la forme puliṭē ou puliṭānu) dirigée par un épistate (à qui échoit apparemment le titre de pahāt dans les sources cunéiformes), groupe qui se réunit dans le théâtre qui est alors construit dans la ville[43]. La communauté babylonienne indigène, qui reste sans doute dominante en nombre, forme la troisième entité politique de cette société complexe. Elle est représentée devant les autorités grecques par le personnel chargé de l'Esagil, qui a donc pris un poids dominant dans la vie de la cité en tant que seule autorité traditionnelle d'origine locale encore en place. Il est dirigé par une assemblée (kiništu) dont l'autorité supérieure est l'administrateur du sanctuaire (šatammu). Des autorités semblables semblent encore en place sous les Parthes, qui ne modifient pas la structure politique et sociale de la cité. Pour ces différentes périodes les archives cunéiformes de familles privées et des sanctuaires restent en nombre assez important par rapport aux autres villes de la région où elles se tarissent progressivement, et renseignent sur les activités cultuelles et économiques[44].

La fin de la Babylone antique

La période parthe voit Babylone décliner progressivement, même si ses monuments principaux sont encore en activité : Pline l'Ancien écrit au début du Ier siècle de notre ère que le temple continue à être actif, bien que la cité soit en ruines[45] et une inscription en grec datable du IIe siècle ap. J.-C. indique que le théâtre est encore restauré[46]. Elle reste une ville commerciale active, où on trouve des communautés de divers horizons en plus des communautés babylonienne et grecque (qui se sont sans doute liées depuis longtemps), notamment des marchands de Palmyre, tandis que les premières communautés chrétiennes s'installent dans la région[47]. Les mentions de cette ville comme un champ de ruines dans les textes gréco-romains, ainsi Dion Cassius quand il rapporte la venue sur place de l'empereur Trajan lors de sa campagne de 115 ap. J.-C[48], illustrent néanmoins le fait que son déclin a été important et a marqué les personnes imprégnées des récits relatifs à sa splendeur passée. Son temple principal fonctionnerait encore au début du IIIe siècle ap. J.-C., et son abandon est à dater des siècles suivants, donc sous la domination des Sassanides qui est généralement considérée comme la période de disparition définitive de l'antique culture mésopotamienne dans ce lieu même[49]. Durant la période islamique, l'emplacement de Babylone est encore connu, mais Bābil n'est alors plus qu'un petit village selon le géographe Ibn Hawqal au Xe siècle. Les écrivains des siècles suivants ne parlent plus que de ses ruines et du fait qu'elles sont dépouillées de leurs briques les plus solides pour servir à construire des bâtiments dans les habitations des alentours, ainsi que de récits sur leur signification et les croyances locales[50]. La ville antique a totalement basculé du côté de la légende.

Babylone mythifiée

Par son importance politique et culturelle, Babylone a durablement marqué les esprits et est devenu un élément présent dans l'imaginaire et les mythes de plusieurs civilisations, même longtemps après sa chute. Les récits relatifs à cette ville, difficilement dissociables de la trajectoire du royaume dont elle était la capitale, se sont avant tout concentrés sur son statut de ville aux proportions gigantesques et aux monuments édifiants, mais aussi de façon plus négative sur son orgueil et ses péchés. Les sources antiques ont fourni la matrice de ces représentations : d'abord les sources provenant de la théologie babylonienne même, faisant de cette ville une cité sainte située au centre du Monde, puis les écrits des auteurs grecs et latins qui ont laissé l'image d'une ville gigantesque, et enfin les auteurs des textes bibliques qui l'ont avant tout présenté sous un jour négatif. C'est cette image de grande cité et de symbole du péché qui est développé après la fin de la ville, notamment à la période médiévale, alors que les sources les plus fiables sur ce qu'elle était réellement sont devenues inaccessibles.

Dans les civilisations antiques

En Mésopotamie

« Carte du Monde » figurant Babylone au centre de celui-ci, VIIe siècle av. J.-C.

L'ascension politique de Babylone s'est progressivement transportée dans le domaine de la religion et des mythes dans la Mésopotamie ancienne, sans doute avant tout à l'instigation des lettrés des temples de la ville, et en premier lieu de celui de l'Esagil. Cela va de concert avec l'affirmation de la prééminence de Marduk en tant que roi des dieux, qui se manifeste dans la rédaction vers le XIIe siècle av. J.‑C. de l'Épopée de la Création (Enuma eliš). Ce récit mythologique décrit comment Marduk est devenu le roi des dieux en étant le seul capable de sauver ceux-ci de la menace représentée par Tiamat, leur ancêtre à tous, symbolisant le chaos[51]. Après sa victoire, Marduk crée le Monde avec la dépouille de Tiamat, et en son centre il place Babylone, sa ville, avec son grand temple, au lieu de jonction du Ciel et de la Terre. Cette idée selon laquelle Babylone serait au centre du Monde se retrouve également dans une tablette représentant une mappemonde babylonienne avec la ville en son centre[52].

Le statut mythique de Babylone transparaît dans les divers textes topographiques relatifs à ses monuments religieux, que ce soit Tintir qui montre à quel point son espace est marqué par le sacré ou la Tablette de l'Esagil qui donne les dimensions de la ziggurat Etemenanki, suivant des chiffres symboliques[53]. Cette dernière représenterait le centre du monde à l'endroit où il a été crée et où sont reliés le Ciel et la Terre (c'est la signification de son nom). Cette fonction de capitale du cosmos s'étendait à toute la ville, puisque parmi les épithètes s'appliquant à celle-ci se trouvait un « Lien entre le Ciel et la Terre[54] ».

Des chroniques historiques sans doute écrites par le clergé babylonien mettent en avant le lien entre l'importance religieuse de la ville et de son dieu et leur importance politique. Elles reconstruisent un passé mythique en plaçant l'évolution des événements sous le prisme du rapport des grands rois avec Marduk et ses temples de Babylone : ceux qui leur manquent de respect sont tôt ou tard châtiés. Cela se veut un message pour les rois suivants, à qui ils conseillent de bien traiter le dieu et son grand temple[55].

Les auteurs de l'Antiquité gréco-romaine

Les auteurs grecs et latins de l'Antiquité ont été les témoins de la décadence de Babylone, mais ont préservé le souvenir de sa grandeur, en donnant une image largement mythifiée qui reflétait sans doute bien mal la réalité à laquelle ceux qui ont réellement visité la ville ont pu être confrontés[56]. Le premier à en avoir laissé une description est Hérodote dans la première moitié du Ve siècle av. J.‑C.[57], suivi par Ctésias vers la fin du même siècle. Ils décrivent une ville gigantesque, sans doute la plus vaste du monde qu'ils connaissent en leur temps, et évoquent ses grands monuments, notamment ses murailles. Ctésias évoque son autre merveille, ses Jardins suspendus, et attribue sa fondation à la reine légendaire Sémiramis. Ce topos de Babylone en tant que megalopolis se retrouve par la suite, avec ses monuments et souverains légendaires, parfois des confusions avec l'histoire de sa voisine assyrienne, tandis que les auteurs des siècles du tournant de notre ère (Strabon, Flavius Josèphe, Pline l'Ancien), tout en rapportant son passé prestigieux, évoquent le fait que la ville est tombée en ruines. Progressivement, le souvenir de Babylone se déforme, malgré le fait que certains auteurs écrivant en grec ou latin rapportent des informations relativement fiables sur son histoire et sa culture, reposant sur les écrits du prêtre babylonien Bérose, ou avec des sources locales comme dans le cas du philosophe Damascios[58].

La Bible hébraïque et le Nouveau Testament chrétien

La Bible hébraïque, et donc sa version chrétienne l'Ancien Testament, comportent plusieurs passages dans lesquels Babylone occupe une place importante[59]. Le premier est le mythe de la Tour de Babel, rapporté dans la Genèse, où Babel renvoie à Babylone, et sa tour dérive manifestement de la ziggurat de cette dernière dont ont pu être témoins les Judéens descendants des exilés en Babylonie. Ce récit évoque comment les habitants de la ville de Babel au pays de Shinear, ville fondée par le premier roi Nimrod, érigèrent une tour avec pour but d'atteindre le Ciel, mais comment l'« Éternel » les en empêcha, en les dispersant en multipliant les langues pour qu'ils ne se comprennent plus, jetant parmi eux la confusion (hébreu balal, terme proche de Babel)[60]. Babylone apparaît également dans des livres de la Bible plus en rapport avec sa réalité historique, notamment le Deuxième Livre des Rois qui raconte les victoires de son roi Nabuchodonosor II sur le Royaume de Juda, et le Livre de Jérémie qui prend place durant les mêmes événements, évoquant le début de la déportation en Babylonie. De ces textes il ressort une image ambiguë de Babylone : celle de la cité honnie, capitale du royaume dominateur et orgueilleux qui a déporté des Judéens et les a contraint aux douleurs de l'exil et à la mélancolie du pays d'origine « sur les bords de fleuves de Babylone » (Psaume 137). Mais Babylone et Nabuchodonosor sont aussi parfois présentés comme des instruments de la volonté divine. L'image négative de cette ville est par la suite reprise dans le Nouveau Testament des Chrétiens, notamment pour être assimilée à Rome, nouvelle puissance dominatrice et persécutrice. Dans l'Apocalypse de Jean, la « Grande prostituée » porte le nom de Babylone.

Le souvenir de Babylone après sa fin

La construction de la Tour de Babel, d'après un manuscrit russe du XVIe siècle.

Le souvenir lointain d'une grande ville

Après la disparition de Babylone, la plupart des témoignages directs la concernant sont largement oubliés durant l'époque médiévale, durant laquelle l'image de la ville se déforme encore plus. Les sources bibliques constituent alors l'essentiel de la documentation de base disponible aux personnes de ces périodes pour approcher l'existence de cette ville. Les occupants des anciens territoires dominés par Babylone, auteurs de langues arabe[50],[61] et iranienne[62], avant tout des géographes et historiens, ont préservé le souvenir du lieu des ruines de la ville, et l'évoquent comme la plus ancienne ville de l'Irak. Les histoires qu'ils évoquent à son propos reposent largement sur la Bible ou les traditions historiques iraniennes, notamment celles liées aux rois Nabuchodonosor II (Bukht Naṣ(ṣ)ar) et Alexandre (Iskandar), Babylone n'apparaissant qu'une fois dans le Coran. Dans le monde médiéval européen, l'image de Babylone est encore plus floue, reposant sur les seuls textes bibliques, et dans les représentations des manuscrits elle apparaît comme une grande ville dont l'architecture suit les conventions de l'époque de l'artiste[63]. Avec la redécouverte des textes des auteurs grecs et latins à partir du XVe siècle de notre ère, les représentations peuvent se faire plus précises, notamment l'inclusion des Jardins suspendus. Mais ce sont avant tout deux aspects de la ville qui intéressent le plus les auteurs du monde chrétien : le mythe de la Tour de Babel et son utilisation en tant que symbole du Mal.

Le mythe de la Tour de Babel

Article détaillé : Tour de Babel.

Le succès du mythe de la Tour de Babel est un des vecteurs essentiels du souvenir du passé de Babylone dans le monde chrétien et dans une moindre mesure dans le monde musulman. Ce mythe est avant tout lu sous un jour négatif, celui du pêché d'orgueil des hommes frappés par la sanction divine pour avoir cherché à trop s'élever. Il devient un thème iconographique très prolifique durant l'époque médiévale[64] et encore plus à l'époque moderne entre le XVIe siècle et le XVIIe siècle[65]. Durant cette dernière période il est interprété de façon plus ambiguë en fonction des évolutions du temps : toujours un symbole de l'orgueil, mais aussi de la division des hommes durant les périodes de guerres, notamment religieuses, et de façon plus positive celui d'une humanité confiante en ses moyens. Dans les représentations, la tour prend des formes très variées (pyramidale, conique, rampe hélicoïdale, base carrée, etc.), reflétant les tendances architecturale du temps ou bien l'imagination de l'artiste.

Un symbole du Mal

Article détaillé : Babylone (symbole).

Le nom de Babylone a revêtu progressivement une connotation négative dans le monde chrétien, du fait de l'image laissée par les récits de la défaite puis de la déportation des Judéens en Babylonie à l'époque de Nabuchodonosor II. Babylone est devenue symbole du pêché et de la persécution. Rome a été identifiée comme une nouvelle Babylone à l'époque des persécutions contre les premières communautés chrétiennes dans les textes des Pères de l'Église, puis aussi bien plus tard quand les premiers Réformés, Martin Luther en tête, firent de la ville du Pape la cité du pêché, reprenant le topos de la Grande Prostituée de l'Apocalypse[66]. Dans l'iconographie de l'Europe médiévale, aussi bien en Occident qu'en Orient à Byzance et en Russie, l'image de Babylone en tant que cité du Mal est répandue, notamment associée à un serpent symbolisant le pêché[67]. Son destin est marqué par une fin funeste, celle de sa chute et de son abandon. Cette image négative du terme Babylone a traversé le temps. Ainsi, divers mouvements messianiques et millénaristes des États-Unis actuels utilisent encore la métaphore babylonienne pour qualifier l'origine de ce qui est vécu comme une persécution, et New York est parfois désignée comme une « Babylone moderne[68] ». On retrouve aussi cet emploi du nom de la ville antique pour condamner l'oppression et la corruption dans des discours du mouvement rastafari et de différents styles musicaux (reggae, rap)[69]. Pour Jacques Ellul, Babylone symbolise toute les grandes villes, car celles-ci véhiculent toutes les caractéristiques de Babylone : commerce des corps et des âmes, recherche de sécurité, de vivre ensemble (sans Dieu), mais aussi isolement, forte criminalité, etc. C'est la ville, quelle qu'elle soit, qui enferme l'homme, l'uniformise et le rend esclave de la technique[70]. Toutes les villes, dans la Bible, sont maudites, et « jamais une parole d'espérance, jamais une parole de pardon pour la ville en tant que ville, parce qu'elle est cette terrible manifestation de l'astre brillant du matin, qui a détourné les hommes »[71]. À la fin de l'histoire, toutes les villes seront jugées par Dieu lors du jugement de Babylone[72].

Babylone dans la culture du XIXe et du XXe siècle : une image qui se précise

Décor représentant Babylone dans Intolérance de David Wark Griffith (1916), mêlant des thèmes iconographiques assyriens à d'autres provenant de civilisations extérieures à la Mésopotamie.

À partir du XVIIIe siècle, certains auteurs critiques vis-à-vis des autorités religieuses nuancent l'image négative de Babylone, par exemple Voltaire qui fait référence à cette ville dans plusieurs de ses écrits[73]. Au début du XIXe siècle, le romantisme et surtout l'orientalisme débouchent sur un nouvel intérêt pour le passé antique de l'« Orient », mouvement qui accompagne les premières fouilles des sites antiques du Moyen-Orient (qui ne concernent pas Babylone) qui précisent peu à peu les connaissances qui restent cependant encore fortement marquées par l'héritage grec, romain et biblique[74]. Babylone apparaît dans des œuvres marquantes de cette période, comme la peinture La Mort de Sardanapale d'Eugène Delacroix (1827) et l'opéra Nabucco de Giuseppe Verdi (1842). Les découvertes archéologiques peuvent être prises en compte pour mettre les représentations de l'ancienne Mésopotamie se rapprochent de leur apparence antique dans les œuvres artistiques à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, d'abord dans les peintures comme par exemple Babylonian Marriage Market du peintre orientaliste Edwin Long (1875), et plus tard dans Intolérance de David Wark Griffith, un des chefs-d'œuvres du cinéma muet, réalisé en 1916[75]. Depuis, Babylone apparaît dans différentes formes d'expression artistiques (littérature, arts plastiques, cinéma, jeux vidéo, etc.) qui s'inspirent selon les cas plutôt des traditions externes antiques et leur postérité ou bien des acquis des recherches archéologiques et assyriologiques[76].

Babylone redécouverte

Les explorations des sites de la Mésopotamie antique débutent dans le courant de la première moitié du XIXe siècle et se font plus intenses dans les décennies qui suivent. Mais elles concernent en premier lieu les sites assyriens dont les ruines sont plus spectaculaires. Si le site de Babylone a rapidement attiré l'attention en raison de l'importance du nom qui lui était attaché, il n'a fait l'objet de fouilles que tardivement au début du XXe siècle, mais par l'une des meilleurs équipes d'archéologues de sa génération. D'autres campagnes ont suivi durant la seconde moitié du XXe siècle, précisant les connaissances sur le site, dont la majeure partie reste cependant inexplorée, alors que les perspectives de fouilles sont limitées depuis la mise en œuvre d'un programme de reconstruction de certains monuments et surtout le déclenchement de plusieurs conflits en Irak à partir de 1990.

Les premières explorations et fouilles du site

Malgré quelques confusions possibles avec les sites voisins de Birs Nimrud (Borsippa) et Aqar Quf (Dur-Kurigalzu) où les ruines des ziggurats rappelaient la Tour de Babel, l'emplacement du site de Babylone ne fut jamais réellement perdu, une partie de celui-ci conservant son ancien nom, Bābil. Plusieurs voyageurs venus d'Europe ont visité ses ruines : Benjamin de Tudèle au XIIe siècle, Pietro della Valle au XVIIe siècle, et au XVIIIe siècle l'abbé de Beauchamp, un diplomate français[77]. Le premier à y effectuer un travail scientifique est le Britannique Claudius James Rich, qui établit au début du XIXe siècle le premier travail de cartographie du site, travail pionnier dans l'exploration scientifique de la Mésopotamie[78]. Plusieurs de ses compatriotes le suivent sur le site, notamment Austen Henry Layard en 1850 et Henry Rawlinson en 1854, deux des principaux découvreurs des sites des capitales assyriennes, qui y restent peu de temps car le site de Babylone présente moins de découvertes spectaculaires que ceux du nord, ce qui explique pourquoi il reste en marge des principales fouilles de cette période. En 1852, des Français entreprennent des fouilles sur le site, dirigés par Fulgence Fresnel assisté de Jules Oppert et de Félix Thomas[79]. Les maigres découvertes qu'ils accomplissent au cours de fouilles menées dans un contexte difficile (des sépultures avant tout) n'ont pu être rapatriées en France car le convoi fluvial les transportant (qui transportait surtout des bas-reliefs assyriens) est attaqué par des tribus hostiles dans le sud de l'Irak et coule en 1855. Le site de Babylone est régulièrement parcouru par des fouilleurs dans la seconde moitié du XIXe siècle après ces premiers chantiers. En 1862, le consul français Pacifique Delaporte trouve une tombe parthe richement dotée en objets qui sont expédiés au Musée du Louvre. Des locaux qui jusqu'à présent collectaient surtout des briques sur place prennent aussi les objets anciens qu'ils y trouvent pour les revendre sur les marchés voisins. Cela se fait parallèlement à des fouilles, organisées par des équipes britanniques, sous la direction d'Hormuzd Rassam dans les années 1870, qui réussit à rapporter plusieurs objets de choix au British Museum, notamment le cylindre de Cyrus. Les fouilles britanniques reprennent de temps en temps sous fond de scandale lié à des soupçons de collusion entre fouilleurs clandestins et Rassam, avant que les Allemands ne s'intéressent à Babylone à partir de 1897.

Les fouilles allemandes

Photographie d'un chantier lors des fouilles allemandes sur le tell du Kasr au début du XXe siècle.

C'est en 1897 que Robert Johann Koldewey vint à Babylone et décida de prendre en charge ses fouilles à une échelle sans précédent. L'année suivante, la Deutsche-Orient Gesellschaft (DOG, Société orientale allemande) est créée pour mobiliser les fonds nécessaires à ce projet, en même temps que le département oriental des musées prussiens qui devra recevoir des trouvailles effectuées lors des fouilles, le tout bénéficiant de l'appui de l'empereur Guillaume II qui manifeste un vif intérêt pour l'antiquité orientale[80]. Les fouilles débutent l'année même, et durent jusqu'en 1917, chantier exceptionnel par sa durée pour l'époque, d'autant plus que les recherches ne s'interrompaient pas une fois dans l'année contrairement aux pratiques actuelles. Du fait de l'ampleur du site et des objectifs (redécouvertes scientifique du site et dégagement puis envoi de pièces majeurs à Berlin), une logistique lourde est mise en place par Koldewey et ses assistants, notamment Walter Andrae. Plusieurs chantiers ont lieu en même temps (souvent trois, parfois cinq), les effectifs d'ouvriers dégageant les tells explorés atteignent rapidement 150 à 200 personnes, et même 250 au maximum. L'équipe a également pour but d'entreprendre des chantiers sur d'autres sites, et elle explore Birs Nimrud (Borsippa), Fara (Shuruppak), puis Qala'at Shergat (Assur) où Andrae est dépêché en permanence de 1903 à 1913. Les fouilles à Babylone permettent de dégager plusieurs monuments majeurs et d'en laisser des plans et autres données d'une qualité inédite jusqu'alors dans l'histoire de l'archéologie mésopotamienne, le directeur des fouilles, architecte de formation, ayant un intérêt marqué pour la restitution des bâtiments anciens à la différence de nombre des autres archéologues l'ayant précédé qui se focalisaient avant tout vers les trouvailles d'objets sans trop se soucier de préserver les bâtiments anciens. Le Kasr, le tell des palais royaux principaux, est le premier exploré, avant le complexe de Marduk (tells Amran Ibn Ali et le Sahn). Ils restent les chantiers principaux. Le palais du tell Babil est également exploré, ainsi que des temples sur le tell d'Ishin Aswad, la « Voie processionnelle » et le quartier résidentiel du Merkès à partir du 1907. Dès 1913, Koldewey publie les résultats des découvertes dans l'ouvrage Das wiedererstehende Babylon (« La résurrection de Babylone »), livre qui fait l'objet de plusieurs rééditions jusqu'à sa mort en 1925 et est depuis devenu un classique de l'archéologie mésopotamienne[81]. Au final, une documentation impressionnante et de grande qualité au regard des autres chantiers de l'époque a pu être collectée pour être analysée, mais l'ampleur du site fait que seule une petite partie du site est connue même si les principaux bâtiments ont été explorés. Parallèlement, des trouvailles sont expédiées en Allemagne comme prévu dans les objectifs des fouilles, notamment les reliefs glaçurés de la Porte d'Ishtar et de la Voie processionnelle qui sont reconstituées au Pergamon Museum. Les fouilles sont moins intenses à partir du déclenchement de la guerre en 1914, qui appelle de nombreux fouilleurs allemands et locaux sous les drapeaux. Koldewey reste jusqu'en 1917 avec une équipe limitée.

Les fouilles après 1945

Les explorations archéologiques à Babylone ne reprennent que plusieurs décennies après le départ de Koldewey. Des équipes allemandes fouillent le secteur de la ziggurat et d'autres bâtiments, notamment un complexe qui correspond peut-être à l'ancien temple de la fête-akītu, en 1962 puis entre 1967 et 1973[82]. À partir de 1974, c'est une mission italienne menée par G. Bergamini qui investit le site. Un premier objectif est d'effectuer des relevés topographiques et stratigraphiques visant à corriger et compléter les fouilles de l'époque de Koldewey, en mettant notamment en avant le rehaussement de la cité en lien avec les problèmes hydrographiques du site[83]. Des bâtiments sont également mis au jour dans le secteur d'Ishin Aswad. En 1979 et 1980, une équipe irakienne fouille le temple de Nabû ša harê, où elle retrouve un important lot de tablettes[84]. Les chantiers sont interrompus en 1990 par la Guerre du Golfe.

Reconstructions et dégradations : une histoire récente tourmentée

US Marines devant les ruines reconstruites de Babylone, 2003.

Durant les années 1960 et 1970, les équipes archéologiques irakiennes entreprennent la restauration des monuments antiques du pays. À partir de 1978, Babylone fait l'objet d'un vaste programme de reconstruction. Celui-ci est lié aux volontés de Saddam Hussein, qui dirige l'Irak de 1979 à 2003 et cherche à se rattacher au passé antique de la Mésopotamie pour des besoins de propagande, en se présentant parfois comme successeur de Hammurabi et de Nabuchodonosor II (et également de souverains assyriens). Les murs de certains monuments sont restaurés, une partie des murailles, avec la porte d'Ishtar, et certains bâtiments sont intégralement reconstruits (comme le temple de Ninmah), Saddam Hussein laissant même des inscriptions de fondation comme le faisaient les anciens souverains babyloniens[85]. Après la guerre du Golfe, il se fait construire un palais à proximité du palais de Babylone. Cette entreprise est critiquée par les archéologues, parce qu'elle empêche les fouilles sur une grande partie du site, et dégrade les monuments anciens, déjà dégradés par les fouilles précédentes qui avaient emporté des parties de certains d'entre eux vers les musées européens.

Les dégradations du site de Babylone ont empiré à la suite de l'invasion de l'Irak de 2003 par les armées américaines. En effet, le site de Babylone est choisi pour établir une base militaire, comprenant notamment un héliport militaire. Ces activités ont endommagé certains édifices, dus à la présence de véhicules militaires (hélicoptères, blindés à chenilles), d'une garnison conséquente, et surtout à d'importants travaux de terrassement. Des tranchées sont creusées sur des sites archéologiques, le pavement de la Voie processionnelle est endommagé par les véhicules. Le site est ensuite transféré sous la responsabilité de l'armée polonaise, sans que les dégradations ne s'arrêtent. Certaines œuvres antiques ont ainsi été enlevées, sans doute pour être revendues sur le marché des antiquités qui est en plein essor depuis la chute de Saddam Hussein[86].

Babylone à son apogée

Les niveaux anciens de Babylone n'ont pu être fouillés, à l'exception de quelques résidences paléo-babyloniennes, et les textes n'apportent pas d'informations suffisantes pour connaître l'aspect de la ville à ces périodes. L'essentiel des connaissances sur Babylone porte donc sur la période néo-babylonienne (624-539 av. J.-C.) et de la période achéménide (539-331 av. J.-C.), les mieux connues par les résultats des fouilles archéologiques et les différents textes locaux ou extérieurs[87]. Les premières n'ont dégagé qu'une maigre partie du site, mais elles ont permis de connaître les principaux monuments officiels (palais et temples), un quartier résidentiel, ainsi que les remparts et les portes, donnant une vue d'ensemble du site. Leur comparaison aux sources textuelles cunéiformes, en premier lieu les tablettes topographiques et surtout TINTIR=Babilu, qui décrit les différents noms de la ville, l'emplacement de ses grands temples, mais aussi des lieux de cultes plus modestes ainsi que tous les lieux marqués par la religion, par exemple les portes et murailles nommées en fonction de dieux[26]. Il permet de préciser la vision d'ensemble de la ville, tandis que les textes des auteurs grecs les mieux informés (Hérodote et Ctésias) apportent également des informations exploitables. À cela s'ajoutent divers textes cunéiformes, comme les inscriptions royales commémorant des travaux importants ou des sources de nature gestionnaire et administrative donnant des informations sur la société, l'économie et l'organisation politique de la ville ainsi que des textes religieux rapportant des pratiques cultuelles et illustrant le statut sacré de la ville.

Une « mégapole » antique

À son apogée, le site de Babylone couvre près de 1 000 hectares (entre 950 et 975 selon les estimations), ce qui en fait le plus vaste ensemble de ruines de l'Antiquité mésopotamienne et même proche-orientale, couvrant aujourd'hui plusieurs tells[88]. Les estimations du nombre d'habitants y ayant résidé sont quasiment impossibles. Le chiffre de 100 000 habitants pour la seule ville intérieure a pu être avancé, sans bases solides[89]. Quoi qu'il en soit, c'est manifestement une ville très peuplée entre la période néo-babylonienne et le début de la période achéménide, qui peut être vue comme la première « mégapole » de l'histoire[90], débordante d'activité, qui a frappé l'imagination des témoins extérieurs. L'espace urbain de Babylone est très inégalement connu, les quartiers centraux ayant surtout fait l'objet de fouilles, en premier lieu autour des complexes monumentaux. Plusieurs aspects de son urbanisme ont été repérés par les fouilles que complètent les sources épigraphiques : les remparts, les cours d'eau, et quelques quartiers résidentiels. Dans ces derniers, plusieurs lots de tablettes ont été trouvés et ont permis de mettre en lumière certains aspects de la vie des anciens Babyloniens, qui sont également éclairés par les trouvailles de sépultures sur le site ou à sa proximité.

Organisation générale du site

Plan simplifié du site archéologique de Babylone, avec localisation des principales zones de fouilles.

L'espace urbain de Babylone peut être divisé en trois entités, les deux premières étant les plus anciennement peuplées et les plus densément occupées aux époques néo-babylonienne et perse, le troisième ne s'intégrant dans la ville qu'à une époque récente, sans doute celle de Nabuchodonosor II. Le centre de la ville de Babylone est situé sur la rive gauche de l'ancien cours de l'Euphrate[91]. L'espace situé sur cette rive entre le fleuve et la limite orientale de l'enceinte intérieure couvre entre 450 et 500 hectares, et dispose des principaux monuments de la ville, à commencer par le secteur palatial, situé sur le tell du Kasr (ou Qasr, le « château » en arabe), et le secteur du temple de Marduk, l'Esagil, sur le tell Amran ibn Ali, jouxté au nord par sa ziggurat, Etemenanki, dont il ne reste plus que les tracé sur le sol dans une dépression appelée Sahn. À l'est du complexe religieux se trouve le site du Merkes (« Centre ville »), où un quartier résidentiel a été mis au jour. Suivant le texte Tintir, cette partie de la ville est divisée en six quartiers portant pour la plupart des noms sumériens, les trois premier formant le cœur et sans doute la partie la plus ancienne de la ville, leurs noms pouvant parfois servir à désigner la ville dans son intégralité[92] : KÁ.DINGIR.RA (terme signifiant la « Porte du dieu », donc « Babylone ») à proximité des palais ; ERIDU (nom d'une vieille ville sacrée de Mésopotamie, ville du dieu Enki, le père de Marduk) autour du complexe de l'Esagil ; ŠU.AN.NA (la « Main du Ciel ») au sud de ce dernier autour du tell Ishin Aswad ; TE.EKI vers l'angle sud-est ; KULLAB vers le centre (nom ancien du quartier où se trouve le sanctuaire du dieu du Ciel, Anu, à Uruk) ; et la « Ville neuve » (ālu eššu en akkadien) dans l'angle nord-est autour du tell Homera.

Le deuxième ensemble est construit sur la rive droite de l'ancien cours de l'Euphrate, couvrant environ 130 hectares[91]. Il n'a pas été fouillé, notamment parce qu'il est couvert en partie par le cours actuel du fleuve et sans doute aussi parce qu'il ne comportait pas les monuments les plus visibles. Il est impossible de déterminer s'il a été occupé parallèlement à la rive gauche ou bien s'il s'agit d'une extension plus tardive de la ville qui aurait franchi le fleuve pour occuper plus d'espace[11]. Cette partie est entourée par une enceinte formant une seule entité avec celle l'ensemble précédent donnant à ces deux zones réunies, la ville intérieure, une forme rectangulaire coupée en deux par le fleuve dans le sens nord-sud. Tintir indique que s'y trouvaient quatre quartiers, du nord au sud : Bab-Lugalirra (« Porte de Lugalirra »), KUMAR (ou KU'ARA), TUBA (deux noms d'anciennes villes sumériennes) et un dernier dont le nom n'est pas compris[93].

Le troisième et dernier ensemble est un vaste triangle protégé par une enceinte construite à l'époque néo-babylonienne autour de la première zone, et remontant jusqu'à 2,5 kilomètres vers le nord de cette dernière, sur le tell Babil, où se trouvait le seul monument connu de cette partie de la ville, le « Palais d'été[91] ». Cette troisième zone est à peine mieux connue que la deuxième, et n'était sans doute pas urbanisée dans sa totalité, car elle pouvait comporter des espaces agricoles. Elle n'apparaît pas dans Tintir qui a été rédigé avant son inclusion dans les murailles. Au-delà des murailles se trouvaient plusieurs villages qui peuvent être considérés comme des faubourgs de Babylone, peuplés par des communautés agricoles exploitant les champs de la campagne environnante, mentionnés dans des textes économiques[94].

Les remparts et les portes

Les murs de Babylone après leur reconstruction récente.

Le système défensif de Babylone était constitué de plusieurs enceintes englobant ses différentes parties. Un premier ensemble de murailles plus fortes englobe la ville intérieure de part et d'autre de l'Euphrate. Un autre système de murailles de forme triangulaire définit quant à lui une ville extérieure. Des textes de Nabuchodonosor II indiquent également que dans l'arrière-pays plusieurs ouvrages défensifs servaient également à ralentir l'avancée des ennemis potentiels, au nord de la ville jusqu'à Kish, et plus au nord vers Sippar pour défendre la Babylonie entière[95].

L'enceinte extérieure englobe la cité sur la rive est de l'Euphrate, dont la partie occidentale de la ville intérieure, constituant donc un premier rideau défensif avant les murailles de cette dernière, construit au temps de Nabuchodonosor II[96]. Ses contours sont de forme grossièrement triangulaire (en fait une sorte de trapèze), et elle couvre entre 12 et 15 kilomètres, plus de 800 mètres ayant été fouillés. Elle consiste en une succession de trois murs, celui du milieu étant le plus solide, séparés par un fossé. Devant eux, un fossé d'environ 50 mètres de long rempli d'eau avait été creusé. Des dizaines de tours défensives étaient réparties à des intervalles réguliers, évalués entre 30 et 50 mètres. Un texte métrologique faisant sans doute référence à cette muraille donne les nombres de 120 tours et 5 portes en tout. Le relevé archéologique de cette enceinte n'est pas sans soulever des interrogations : notamment, l'absence d'extension connue à l'ouest le long de l'Euphrate, un défaut qui aurait offert un point d'accès aisé à des assaillants. Il faut alors envisager ou bien une erreur de conception surprenante, ou bien que ce pan de la muraille existait mais qu'il a disparu[97].

La muraille intérieure était composée de deux murs délimitant un espace rectangulaire d'environ 3 kilomètres sur 2, courant sur environ 8 kilomètres[98]. Le mur interne était nommé par les textes Imgur-Enlil (« Enlil a montré sa faveur »), et le mur externe Nimit-Enlil (« Rempart d'Enlil »). Détruits par Sennacherib, ils ont été reconstruits par ses successeurs Assarhaddon et Assurbanipal, puis les premiers rois néo-babyloniens Nabopolassar et Nabuchodonosor II. L'enceinte interne était épaisse de 6,50 mètres, puis un espace de 7,20 mètres la séparait de l'enceinte externe, large de 3,72 mètres. Environ 20 mètres en avant, un fossé rempli par l'eau de l'Euphrate et large de plus de 50 mètres constituait un autre rideau défensif, et vers l'extérieur il était défendu par une autre muraille. Le tout constituait donc un système défensif de plus de 100 mètres de large, agrémenté de tours défensives à des intervalles réguliers. Deux fortins défendaient le point le plus sensible du système, celui du secteur des palais (notamment le « Palais nord » qui est situé en avant des murailles) sur le côté nord de la ville intérieure occidentale, entre l'Euphrate et la Porte d'Ishtar. Cet ensemble constituait un système défensif manifestement impressionnant qui a frappé l'imagination d'auteurs étrangers. Certains lui attribuaient des dimensions formidables, à l'image de Hérodote et Diodore de Sicile, tandis que pour Strabon c'était une merveille du monde au même titre que les jardins suspendus[99].

Selon Tintir, les murailles internes de Babylone étaient percées par huit portes monumentales, dont le nom est à une exception près (la « Porte du Roi ») celui d'une divinité (qui a une fonction protectrice), agrémenté d'un « nom sacré » mettant l'emphase sur leur rôle défensif : ainsi la Porte d'Urash, « L'ennemi lui est répugnant » ; la Porte de Zababa, « Il haït son agresseur » ; etc.[100]. Quatre d'entre elles, situées dans la moitié occidentale, ont été dégagées et identifiées (celles d'Ishtar, de Marduk, de Zababa et d'Urash), les autres, celles de la partie orientale, n'étant situées que de façon imprécise (portes d'Enlil, du Roi, d'Adad et de Shamash)[101].

La plus célèbre est la Porte d'Ishtar (« Ishtar terrasse son assaillant »), sans doute le monument le mieux conservé de l'ancienne Babylone, transportée et reconstituée au Pergamon Museum de Berlin par les archéologues allemands[102]. Elle était d'une importance capitale dans la topographie de la ville car c'est par elle que passait la Voie processionnelle, l'axe de communication principal rejoignant le grand sanctuaire de la ville, et qu'elle bordait le palais royaux. Son organisation est similaire à celle des autres portes fouillées : une avant-porte de taille réduite et défendue par deux tours avancées donnait accès à la porte principale flanquée de tours plus imposantes, le tout sur une longueur d'environ 50 mètres. La Porte d'Ishtar est surtout célèbre pour son décor constitué de panneaux en briques glacées bleues ou vertes qui représentaient des lions, des taureaux ou des dragons.

Le fleuve et les canaux

Le cœur de Babylone est la partie occidentale de la ville intérieure, située en rive gauche, et couvrant près de 500 hectares. S'y trouvaient tous les monuments qui ont fait la renommée de la ville. Elle est structurée autour de plusieurs axes majeurs, en premier lieu les cours d'eau[103]. L'Euphrate borde cette partie et est selon toute vraisemblance à l'origine de l'implantation d'un habitat sur ce site, car il s'agit d'un axe de communication majeur à l'échelle régionale et même internationale. Pour améliorer le transit de marchandises et de personnes, les quais de la partie est furent réaménagés au temps de Nabuchodonosor II. Ils étaient plats, en contrebas des murs qui longeaient le fleuve et qui étaient percés en plusieurs endroits par des sortes de poternes pour permettre une communication aisée entre le fleuve et la ville. L'activité devait y être intense, les quais des villes mésopotamiennes (kāru) étant traditionnellement des espaces commerciaux de premier plan. On sait par un texte daté de 496 av. J.-C. (durant le règne de Darius Ier) qu'une taxe, affermée par l'administration à des entrepreneurs privés, étaient perçue à cet endroit sur les marchandises qui y étaient débarquées, portant sur une partie de la valeur de celles-ci[104].

Un des ouvrages majeurs lié à l'Euphrate est le pont long de plus de 120 mètres qui l'enjambait au niveau du quartier sacré et permettait de relier les deux parties de la ville intérieure[105]. Il est mentionné par Hérodote et Diodore de Sicile, et a pu faire l'objet de fouilles car il est désormais à sec suite au déplacement du cours du fleuve. Il était supporté par sept piliers en briques et en pierre dont trois ont pu être bien dégagés, en forme de bateaux et mesurant 21 x 9 mètres. Le tablier était constitué de madriers de bois, et selon Hérodote il était déplaçable la nuit (ce qu'il faut sans doute comprendre comme la possibilité de retirer une partie du tablier). Le texte concernant la taxe de débarquement évoqué ci-dessus indique que le pont servait également de lieu de transit de marchandises, et qu'il était placé sous la responsabilité de trois « gardiens » rémunérés par une partie des taxes qui y étaient perçues[104].

Le cours du fleuve était en partie dérivé vers des canaux qui servaient de voies de communication aux échelles locale et régionale et permettaient l'irrigation de la campagne environnante[103]. Une vingtaine de canaux sont mentionnés dans les textes, dont Libil-he(n)galla (« Qu'il apporte l'abondance ! »), partant du fleuve et coulant sans doute entre la zone des palais et celle du quartier sacré en direction du nord-est de la ville et au-delà dans la campagne. Leur entretien est un souci constant pour les autorités locales et avant tout le roi, d'autant plus qu'ils ont un rôle dans le système défensif dans lequel ils sont intégrés.

L'eau du fleuve et des canaux constituait un risque avec lequel les Babyloniens ont dû composer[83],[106]. Le cours moyen du fleuve et celui de sa nappe phréatique semblent être montés progressivement au cours de la période néo-babylonienne, et c'est pour cela que les rois de cette période ont mis en place un vaste programme de rehaussement des constructions principales de la ville. Des canaux de drainage parcouraient la ville et amenaient les eaux usées et celles des précipitations vers le fleuve. Il fallait également faire face à l'érosion des constructions bâties sur les berges du cours d'eau, qui a justifié au temps de Nabuchodonosor II la construction du fort occidental pour protéger le secteur des palais face au fleuve. L'Euphrate pouvait également être dangereux en période de crues, et parfois même son cours se déplaçait : il est ainsi possible qu'à l'époque achéménide une deuxième branche du fleuve soit apparue, passant entre le secteur des palais et celui de Marduk avant de rejoindre le cours principal. Plus tard le cours principal dévia vers l'ouest, où il coule encore, recouvrant une partie de la moitié occidentale de la ville intérieure[107].

L'urbanisme de la ville intérieure : voirie et résidences

Plan de la ville intérieure de Babylone au VIe siècle av. J.‑C., avec les données topographiques issues des fouilles et du texte TINTIR. Livius
Plan des zones fouillées de la partie occidentale de la ville intérieure : le Kasr au nord, le sanctuaire de Marduk au sud voisinant le pont à l'ouest, et le Merkes à l'est.

Les axes de communication terrestres sont également importants dans la structuration de l'espace urbain[108]. Tintir indique que chaque porte ouvrait sur une grande avenue, mais les seules à avoir été repérées clairement sur place sont la « Voie processionnelle » (Ay-ibur-šabu, « Que l'ennemi arrogant ne passe pas ! »), rectiligne de sens nord-sud sur environ 900 mètres, entre la Porte d'Ishtar et le quartier sacré et une autre voie tout aussi rectiligne la coupant en angle droit au niveau du complexe cultuel, longue d'au moins 500 mètres et passant entre l'enceinte de la ziggurat et celle de l'Esagil pour mener au pont[109]. Elles étaient pavées de dalles cuites liées avec du bitume. La Voie processionnelle, qui est comme son nom l'indique un axe majeur lors de cérémonies religieuses, est large de plus de 20 mètres, et ornée au moins sur une partie de frises en briques glaçurées décorées de lions et de rosaces.

Le seul quartier d'habitation à avoir été fouillé est situé sur le site du Merkes, à l'est de la Voie processionnelle et du complexe sacré, entre les anciens quartiers de Ka-dingirra, Eridu et Shuanna. Sa voirie est caractérisée par des rues étroites approximativement rectilignes et se coupant quasiment en angles droits. Il s'agit peut-être de l'héritage d'un ancien plan orthogonal planifié qui a été altéré suite à des remaniements de constructions, courants en raison de l'altération rapide des constructions en briques crues qui doivent régulièrement être restaurées[110].

La voirie du Merkes délimite des îlots d'habitations d'environ 40 à 80 mètres de côté, où un dizaine de résidences, datées de l'époque néo-babylonienne jusqu'à l'époque parthe, ont été fouillées, les seules connues de Babylone. Elles permettent d'approcher les aspects matériels de la vie des anciens habitants de Babylone[111]. Construites en briques d'argile crues, elles mesurent entre 196 m² et 1 914 m² au sol (la surface habitable étant inférieure car il faut enlever l'espace couvert par les murs), avec une surface moyenne située autour de 200 m². Cela illustre donc une société très hiérarchisée mais sans séparation forte entre riches et pauvres. Les résidences ont au minimum 8 pièces et au maximum une vingtaine. Elles sont organisées de façon caractéristique autour d'un espace central qui peut-être ouvert, et d'une pièce de réception rectangulaire, donnant sur les autres salles dont la fonction est généralement impossible à définir. Ces maisons disposaient probablement d'un étage (même trois ou quatre si on suit la description d'Hérodote). Aux époques hellénistique et parthe, elles conservent la même organisation générale, mais les espaces centraux de certaines maisons riches sont réaménagés pour prendre la forme d'une cour péristyle, témoignage d'une influence grecque[112]. Le mobilier trouvé dans les résidences est modeste : essentiellement de la vaisselle en terre cuite, parfois en pierre ou en verre, ainsi que diverses plaques et figurines en terre cuite représentant des génies ou démons ayant sans doute une fonction protectrice[113].

Les habitants de Babylone : économie et société

Les résidences de Babylone ont livré des tablettes d'argile inscrites en cunéiforme offrant un éclairage limité sur la vie quotidienne des anciens habitants de la ville, en particulier les activités économiques des plus riches d'entre eux[114]. La vie des habitants de la plus grande agglomération de la Mésopotamie antique est donc mal connue. Elle abritait alors une population très cosmopolite, avec la venue de déportés, mais aussi de marchands, de militaires et d'administrateurs de Syrie, du Levant, et plus tard de Perses et d'une communauté grecque[115].

Plusieurs corpus de textes issus des activités privées de familles de notables caractéristiques des périodes néo-babylonienne et achéménide ont été retrouvés lors de fouilles régulières et clandestines[34]. Les maisons du Merkes ont livré quelques tablettes économiques, provenant de familles d'une sorte de couche moyenne de la société ayant des activités d'achats immobiliers, de prêts et de locations de terrains. Mais les lots de groupes plus riches proviennent de fouilles clandestines documentant des notables du quartier de Shuanna, le plus important étant celui de la famille des descendants d'Egibi, constitué d'environ 1 700 textes datés du règne de Nabuchodonosor II à celui de Xerxès Ier, soit environ un siècle[116]. La première génération connue, dont le chef de famille est un dénommé Shulaya, bâtit sa prospérité sur un commerce local de denrées alimentaires. La deuxième génération est dirigée par son fils Nabû-ahhe-iddin qui reçoit une éducation poussée lui permettant d'intégrer l'administration et de devenir juge royal sous Nabonide. Son successeur Itti-Marduk-balattu doit assurer la poursuite des intérêts de la famille sous la domination perse. Le patrimoine de la famille (au sens large) est bien connu par le texte de son héritage, partagé entre trois ayants droit : il est alors constitué de terrains à Babylone et dans les alentours, jusque dans les villes voisines de Borsippa et Kish ; parallèlement, des liens familiaux ont été noués avec d'autres notables. D'autres familles ayant des activités similaires sont connues par des archives de cette période à Babylone, comme les descendants de Nur-Sîn et ceux de Nappāhu[117]. Il s'agit d'un groupe qui peut alors connaître une ascension sociale remarquable en menant des activités diverses : certaines pour le compte d'institutions, comme des charges dans l'administration royale et celle des temples, notamment la prise de prébendes, parts de service cultuel donnant droit à une rémunération ; une autre partie des activités est de type privé, à savoir des prêts, acquisition de propriétés, opérations commerciales, etc.[118]. Les revers de fortune sont cependant courants. Des personnages de ce type sont encore connus pour les périodes suivantes, avec les archives de Muranu et de son fils Ea-tabtana-bullit au début de l'époque hellénistique[119], et celles de Rahimesu, qui s'occupe d'une caisse de gestion de l'Esagil au début de la période parthe[120].

Mais ces familles ne sont pas l'élite de la société babylonienne, constituée par des proches des rois (Babyloniens, Perses ou Grecs), groupe mal connu. Le seul personnage de cette catégorie qui soit illustré par un lot d'archives est Belshunu, gouverneur de Babylone pour les rois Achéménides dans la seconde moitié du Ve siècle av. J.‑C., qui possède ou prend en charge des domaines agricoles répartis dans toute la province, et entreprend d'autres types d'affaires, apparemment avec des moyens supérieurs à ceux des notables urbains[121]. Les strates basses de la société de Babylone ne sont guère mieux documentées[122]. Devaient s'y trouver des dépendants (esclaves ou non) permanents des institutions (palais et temples) qui dominaient la vie économique, mais aussi des travailleurs libres constituant une main-d'œuvre disponible (une sorte de prolétariat) pour les travaux proposés de façon temporaires par les institutions ou les familles riches, notamment dans la construction, tout en sachant qu'une partie des habitants de la ville pouvait être employée dans des activités agricoles.

La ville de Babylone est en effet le cadre d'activités économiques diverses servant de base aux affaires de familles de notables, en premier lieu l'agriculture pratiquée sur des champs céréaliers et des palmeraies-jardins situés à l'intérieur des murailles ou dans sa périphérie immédiate[123]. Ce sont ces terrains que les notables cherchent à acquérir en priorité, de façon à en tirer des revenus importants en profitant de la proximité du fort marché de denrées que représente la ville. Ils se chargent également de la commercialisation des produits agricoles depuis ces terrains et d'autres situés plus loin, en utilisant le réseau de canaux pour leur transport. Iddin-Marduk de la famille des descendants de Nur-Sîn monte ainsi un réseau de collecte puis d'acheminement vers Babylone des productions de paysans localisés à proximité d'un canal (céréales, dattes et légumes avant tout). Babylone est également une ville commerciale majeure, jouant un rôle de carrefour régional et international grâce aux voies terrestres et fluviales majeures la desservant[124]. Des marchands y affluaient pour se procurer des matières premières rares venues d'horizons lointains. Cependant le commerce régional et local est plus important. Plusieurs espaces commerciaux importants sont connus dans la ville : le port fluvial (kāru, « quai ») et le pont évoqués plus haut, et une partie du quartier de Shuanna autour de la « Porte du marché » (une porte intérieure).

Les pratiques funéraires

Statuette en albâtre d'une déesse nue provenant du tombeau découvert par P. Delaporte, Ier siècle av. J.-C.-Ier siècle ap. J.-C., musée du Louvre.

Tout le long des campagnes de fouilles menées à Babylone depuis le milieu du XIXe siècle, des tombes ont été mises au jour en plusieurs endroits. Elles couvrent une période allant de celle des rois néo-babyloniens jusqu'à la fin de la domination parthe. Les pratiques funéraires ont connu quelques modifications au cours de ces siècles même si les éléments de continuité sont nombreux. Pour la période néo-babylonienne, les tombes sont essentiellement retrouvées sous des résidences, suivant l'habitude mésopotamienne qui voulait qu'on enterre les défunts de la famille sous la résidence de leurs descendants pour permettre de garder le lien entre morts et vivants de la communauté, lien qui s'exprime notamment dans un culte des morts. On trouve ainsi des caveaux familiaux. Les morts de cette période sont enterrés dans des sarcophages en terre cuite, qui peuvent être longs et ovales avec un couvercle, ou bien courts, auquel cas le défunt est en position fléchie[125]. Durant la période achéménide se développe la pratique de disposer le sarcophage retourné sur le défunt. Les tombes sont alors pour la plupart en fosse[126]. Durant les périodes séleucide et parthe, l'enterrement en position allongée devient plus répandu que celui en position fléchie, et les tombes en fosse sont minoritaires par rapport aux caveaux. Des sarcophages reprenant la forme du visage du défunt sont connus pour la période séleucide. Les plus riches défunts tendent à être enterrés dans des caveaux voûtés où des niches sont creusées pour porter le sarcophage[127]. Le matériel funéraire de ces tombeaux est diversifié et peut-être important, même si la majorité des tombes exhumées concernent des familles peu riches et présentent donc un matériel simple (céramiques, ornements personnels, figurines). Quelques trouvailles sortent cependant du lot par la richesse de leur contenu. C'est le cas d'une tombe de période achéménide d'un enfant disposé dans une jarre, qui dispose d'objets et de parures riches dont une ceinture ornée de pierre précieuses. Des tombes parthes riches ont également été mises au jour sur le tell Babil. Le tombeau le plus remarquable fouillé à Babylone est celui mis au jour par Pacifique Delaporte en 1862, daté approximativement des siècles du tournant de notre ère. Il s'agit d'une chambre funéraire voûtée qui abritait cinq corps dans des sarcophages, deux d'entre eux portant des masques en or sur leur visage. Parmi le riche matériel qui y a été trouvé se trouvent des statuettes en albâtre de divinités typiques de la période, ainsi que des bijoux et des objets anciens comme des sceaux-cylindres remontant jusqu'au IVe millénaire av. J.‑C.[128]

Les monuments du pouvoir politique

Avant 539 av. J.-C. et la conquête perse, Babylone est la capitale du plus puissant empire du Moyen-Orient, ce qui explique sa croissance. Les rois y ont construit de vastes palais reflétant leur puissance. Ils ont été plus ou moins bien dégagés lors des fouilles. Ces édifices servent encore au pouvoir politique après la perte d'autonomie politique de la ville, car elle reste la résidence d'un gouverneur important, et que des rois peuvent s'y rendre et occuper les anciens palais royaux, comme Alexandre le Grand qui souhaitait faire de la ville sa capitale avant sa mort. La vie des élites politiques de Babylone est cependant très mal connue en l'absence de sources similaires aux dizaines de milliers de tablettes des capitales de l'empire assyrien : on ne sait donc pas grand chose de la cour et de l'administration centrale de l'empire babylonien, ou de celles des gouverneurs des empires successeurs.

Les palais de Nabuchodonosor

Plan du Palais Sud : A, B, C, D, E : cours principales. 1 : Salle du trône, 2 : Bâtiment voûté, 3 : Bastion ouest, 4 : Bâtiment perse, 5 : Porte d'Ishtar.
Une des décoration en briques à glaçure des murs de la salle du trône du Palais Sud : palmiers, motifs floraux et lions.

Babylone de l'époque de Nabuchodonosor II comportait trois palais royaux : deux dans le secteur du Kasr à côté des murailles et de bastions, le « Palais Sud » et le « Palais Nord » ; et un autre isolé plus au nord à tell Babil, le « Palais d'Été ». Seul le premier a pu être correctement exploré par les archéologues, et les deux autres sont mal connus. Plusieurs inscriptions de fondation de Nabuchodonosor II, qui les a restaurés ou reconstruits, permettent de mieux les connaître.

Le « Palais Sud » (Südburg suivant la dénomination des fouilleurs allemands), appelé dans les inscriptions de Nabuchodonosor « Palais de l'émerveillement du peuple », est le mieux connu des palais royaux de Babylone[129]. Il est encastré dans la muraille intérieure. C'est un vaste bâtiment de forme trapézoïdale, mesurant 322 x 190 m, où l'accès se faisait depuis une porte monumentale à l'est, donnant sur la Voie processionnelle à proximité de la Porte d'Ishtar. Cet édifice, qui comptait sans doute un étage supérieur, avait un plan original : il était organisé autour de cinq unités architecturales se succédant d'est en ouest, chacune organisées autour de grandes cours situées en leur centre et assurant la communication. Elles séparaient chacune de ces unités en des espaces distincts au nord et au sud, organisés eux-mêmes en petites pièces desservies par des espaces centraux. Il semble que les salles de la partie nord avaient une fonction administrative, tandis que celles du sud servaient d'appartements royaux, mais la séparation de l'espace entre ces deux fonctions ne semble pas aussi net que dans les palais assyriens. La troisième cour, au centre de l'édifice, est la plus vaste de toutes (66 x 55 m) et ouvrait par trois portes sur son côté sud vers la salle du trône. Cette grande pièce rectangulaire, mesurant 52 x 17 m, comportait un podium pour le trône en son centre. Ses murs étaient décorés de briques glaçurées représentant des lions, ainsi que des palmiers stylisés et des motifs floraux. Une autre partie notable du palais est le « Bâtiment voûté », situé au nord-est, mesurant environ 50  x  40 m et disposant de murs épais, sans doute une sorte d'entrepôt. C'est là qu'a été mis au jour le seul lot d'archive palatial notable de l'époque néo-babylonienne daté de 595 à 570 av. J.-C., en ensemble de tablettes enregistrant les livraisons et la distribution de produits pour des rations alimentaires d'entretiens en céréales, dattes et huile distribuées à des dépendants du palais. Parmi ceux-ci se trouvent des familles royales déportées à Babylone, notamment Joiakin de Juda emmené là suite à la prise de Jérusalem de 597 av. J.-C. mentionnée dans la Bible[130]. À l'extrémité occidentale du Palais Sud, Nabuchodonosor avait fait construire le « Bastion ouest » (allemand Westliche Auswerk) de forme rectangulaire (230 x 110 m) et aux murs très épais (18 à 21 mètres), qui débordait sur le fleuve dont il obstrua le cours, obligeant à un réaménagement du quai[131].

Le « Palais Nord » (allemand Hauptburg), « Grand Palais », est construit à l'époque de Nabuchodonosor II sur une hauteur et à cheval sur les remparts, juste au nord du Palais Sud[132]. Il avait été bâti sur une terrasse, formant une sorte de citadelle de plan rectangulaire plus petite que le Palais Sud (170  à 180  x  115  à 120 mètres), où ont été repérées deux grandes cours ouvrant sur plusieurs corps de pièces mal repérés lors des fouilles en raison de l'érosion du site. Il était protégé par le « Bastion Nord ». Le Palais Nord fut le lieu de trouvaille d'un trésor de guerre des rois babyloniens, constitué de statues, stèles et autres œuvres apportées à Babylone suite à des campagnes militaires, ensemble d'objet qualifié de « musée » par le fouilleur du site. Les inscriptions de Nabuchodonosor semblent indiquer que cet édifice avait été construit comme un espace d'agrément, un véritable palais servant de résidence royale. Il pourrait même s'agir de la résidence principale de ce roi, le Palais Sud ayant peut-être une fonction plus administrative[133].

Plus de 2 kilomètres au nord du Kasr, au bord de l'Euphrate sur l'actuel tell Babil, les fouilleurs allemands ont dégagé un édifice qu'ils ont qualifié de « Palais d'Été » (Sommerpalast), parce que des salles y semblaient ventilées par des sorte des puits à vent servant à rafraîchir des pièces en période de forte chaleur[134]. Sans doute érigé vers la fin du règne de Nabuchodonosor II, les inscriptions indiquent qu'il avait plutôt une fonction défensive, au nord de la muraille extérieure récemment construite. Il ne reste que ses soubassements laissant apparaître un édifice de forme carrée (250 m de côté) organisé autour de deux vastes cours, qui a été remanié à plusieurs reprises après l'époque néo-babylonienne.

Les « Jardins suspendus »

Article détaillé : Jardins suspendus de Babylone.

Dès les premières campagnes de fouilles, on chercha la « merveille du monde » de Babylone : les Jardins suspendus décrits par cinq auteurs de langue grecque et latine (notamment Bérose et Diodore de Sicile), qui selon une version auraient été construits par Nabuchodonosor II pour son épouse mède, nostalgique de son verdoyant pays natal[135]. Aucune mention de ces édifices n'ayant été retrouvée dans les nombreuses inscriptions de fondation du roi babylonien, leur repérage n'a pu être effectué. Ils ont été recherchés dans le secteur palatial du Kasr à la suite des textes les décrivant, en privilégiant les constructions aux murs épais, propres à supporter les lourds jardins, et les édifices aux fonctions mal identifiées[136]. Le problème est qu'une construction surélevée a forcément disparu depuis l'Antiquité et est donc introuvable par l'analyse des relevés archéologiques sans plus d'indications des textes. R. Koldewey a proposé de situer les jardins sur le Bâtiment voûté qui comportait un puits ayant pu servir à les irriguer, mais cette interprétation est aujourd'hui rejetée. Les identifications les plus vraisemblables sont celles qui les situent en partie ou en totalité sur le Bastion ouest (D. Wiseman, J. Reade), en localisant la source de l'eau les irriguant dans le Bastion oriental, construction identifié par une forteresse par les fouilleurs allemands mais réinterprété par la suite comme un vaste réservoir. Devant cette impossibilité de trouver une preuve déterminante de l'existence des Jardins suspendus à Babylone, S. Dalley a proposé de les rechercher à Ninive, où des grands jardins sont longuement décrits dans des textes de fondation tandis qu'un bas-relief pourrait les représenter[137]. Cette interprétation a été diversement reçue et est loin d'avoir mis un terme à la discussion car il n'y a pas de mention explicite de Jardins suspendus à Ninive, rien n'excluant leur présence à Babylone[138]. Une autre solution pour clore le débat par l'inexistence des jardins suspendus est de supposer qu'ils dérivent d'une exagération à partir des jardins royaux babyloniens due à un auteur antique qui aurait servi de source unique aux autres[139]. En effet, la seule certitude reste le fait que des jardins royaux existaient à Babylone comme dans les capitales d'Assyrie, notamment ceux mentionnés dans une tablette du règne de Merodach-Baladan II (722-703 av. J.-C.) recensant les diverses plantes qui poussaient dans un d'entre eux, provenant parfois de régions lointaines[140].

Les lieux du pouvoir politique sous domination étrangère

Après la conquête de Babylone par les Perses, les palais royaux continuent par être occupés de temps à autres par les rois achéménides lors qu'ils résident dans la ville. Ils sont en permanence occupés par un gouverneur et son administration. Comme il a été vu plus haut, les niveaux connus du Palais Sud sont généralement attribués aux rois néo-babyloniens, mais une partie de l'édifice date peut-être de la période achéménide[141]. La seule construction d'époque perse identifiée clairement par les fouilleurs du site dans ce palais est le « Bâtiment perse » (Perserbau), une construction sur terrasse localisée à l'ouest entre le palais et le Bastion ouest et qui est accessible depuis le premier par une porte donnant sur une esplanade[142]. Il s'agit d'un bâtiment de dimensions 34,80 x 20,50 mètres, érigé sur une terrasse artificielle, dont les structures sont peu visibles. Suivant la reconstruction des fouilleurs, son entrée était un portique à colonnes, ouvrant sur une salle hypostyle. Y ont été retrouvés des fragments de décorations en briques glaçurées représentant des guerriers et des rosettes, rappelant celles des palais perses de Suse et Persépolis.

Après la chute de l'empire perse, Alexandre le Grand réside quelque temps dans un des palais de Babylone, où il meurt. Les Séleucides qui dominent la région après lui établissent leur capitale mésopotamienne à Séleucie du Tigre, mais continuent à demeurer de temps à autres dans les palais royaux de Babylone, à l'image de Antiochos Ier qui y a habité alors qu'il était prince héritier. Le gouverneur de la cité doit également occuper un des palais. Celui de tell Babil est alors réaménagé et doté d'une cour à péristyle, et peut-être aussi les palais du Kasr[143]. À la période parthe, le palais de tell Babil devient une forteresse aux murs épais. Les autorités politiques locales des périodes séleucide et parthes occupent quant à elles de nouveaux lieux. La communauté des citoyens grecs se réunit dans le théâtre construit au nord-est dans la « Ville neuve », vaste édifice dont les gradins sont construits sur un remblais (le tell Homera) apparemment constitué des débris exhumés lors des travaux de terrassement entrepris en vue de la reconstruction de la ziggurat sous Alexandre et les premiers séleucides[43]. Il est jouxté au sud par un vaste édifice à cour à colonnes érigé vers la fin de la période séleucide et le début de la période parthe, identifié comme un gymnase ou comme une agora. Quant à l'organisme dirigeant la communauté babylonienne autochtone, le conseil issu de l'administration du temple de l'Esagil et dirigé par l'administrateur de ce dernier, il se réunit dans le « Bâtiment des délibérations » (Bīt milki), situé dans un parc intra-urbain, le « Verger aux Genévriers » (GIŠ.KIRI6 ŠEM.LI) qui serait localisé au sud de la ville près de la Porte d'Urash et qui abriterait également des temples[144].

Une capitale religieuse

La « Porte des dieux » est devenue progressivement le principal centre religieux de la Mésopotamie, évolution qu'il est difficile de ne pas mettre en parallèle avec son affirmation comme capitale politique majeure de la partie sud de celle-ci, qui était la région la plus rayonnante sur le plan culturel et religieux. Le clergé de l'Esagil, sans doute appuyé par le pouvoir royal, a progressivement élevé le dieu Marduk au rang de principal dieu du panthéon mésopotamien suite à une production théologique impressionnante. Les sanctuaires de ce dieu sont devenus le plus vaste et le plus prestigieux ensemble cultuel de la Mésopotamie antique, et cette l'affirmation de Babylone comme ville sainte s'est aussi répercutée dans le développement de nombreux autres sanctuaires. Cela a donné naissance à une vie cultuelle et intellectuelle très dynamique.

Marduk et le panthéon de Babylone

Article connexe : Marduk.
Le dieu Marduk et son animal-attribut, le dragon-serpent

La divinité tutélaire de Babylone est Marduk, divinité aux origines obscures qui s'est progressivement hissée au sommet du panthéon de Mésopotamie appuyé par la royauté babylonienne triomphante et le clergé de l'Esagil, durant la seconde moitié du IIe millénaire av. J.‑C.[145]. Sans doute une divinité agraire à l'origine, comme l'illustre le fait qu'il ait la bêche pour attribut, il est également devenu un dieu patron de l'exorcisme en étant assimilé au dieu Asalluhi dont c'était l'attribut. Avec l'affirmation de Babylone en tant que puissance politique à laquelle il est identifié car il est considéré comme son véritable roi, il prend son aspect de dieu souverain et concentre de grands pouvoirs dans la théologie reposant notamment sur l'Épopée de la Création (Enuma eliš). Il est parfois appelé Bēl, le « Seigneur ». Son nom rentre dans la composition de nombreux noms de personnes à Babylone, attestant de sa popularité dans cette ville, sans doute bien plus forte que dans les autres grandes cités de Basse Mésopotamie qui gardaient beaucoup de révérence pour leurs divinités locales. Dans ses relations avec les autres dieux, Marduk est considéré comme le fils d'Ea et de Damkina, et sa parèdre est Sarpanitu (parfois appelée Bēltiya), déesse sans personnalité réelle propre qui n'existe qu'à travers son époux. Leur fils est Nabû, dieu de la sagesse, divinité tutélaire de la cité voisine de Borsippa mais qui dispose aussi de lieux de culte à Babylone. L'autre grande divinité de la ville est Ishtar de Babylone, connue aussi sous l'épithète de « Dame de Babylone » (Bēlet Bābili), hypostase locale de la grande déesse mésopotamienne Ishtar, qui a le rôle de protectrice des défenses de la cité[146].

Le sanctuaire de Marduk

Articles détaillés : Esagil et Etemenanki.

L'ensemble cultuel principal de Babylone est celui dédié au dieu de la cité, Marduk, l'Esagil (sumérien É.SAG.ÍL, quelque chose comme « Maison à la tête haute »), terme qui pouvait désigner le temple bas seul ou bien l'ensemble du sanctuaire, ziggurat comprise[147]. Les fouilleurs allemands n'ont pu dégager qu'une partie du temple bas principal, car le tell où il se trouve, Amran ibn Ali, est occupé par une mosquée limitant les explorations. Ils n'ont bien dégagé que la partie ouest de l'édifice, la cour centrale menant aux cellae des divinités et quelques-unes des pièces qui la bordaient. La partie orientale n'a pu être approchée que par des fouilles en tunnel qui en ont retrouvé le contour. Des textes anciens, avant tout la Tablette de l'Esagil, texte métrologique dont on a retrouvé une copie du IIIe siècle av. J.‑C. mais dont l'original datait sans doute de la période néo-babylonienne[148], ont permis de compléter les connaissances sur les parties non dégagées, à savoir la partie est mais aussi les appartements de Marduk, lieu le plus important du sanctuaire. L'Esagil était constitué d'une première avant-cour d'environ 103 x 81 mètres, entourée d'une première série de pièces, accessible par une porte monumentale située à l'est, comprenant le lieu de réunion de l'assemblée des dieux que présidait Marduk lors de la fête du Nouvel An. Cette première cour ouvrait sur la cour supérieure (« Cour de Bēl », c'est-à-dire Marduk) de dimensions 37,60 x 32,30 mètres, qui a été fouillée, et qui était entourée de pièces constituant les appartements des divinités résidant dans le temple, comme une sorte de cour du roi des dieux (notamment sa parèdre Sarpanitu et son fils Nabû), le tout constituant le corps principal du temple, de dimensions 85,59 x 79,30 mètres. La cella de Marduk était richement décorée et pourvue en offrandes nombreuses, et sa statue, sensée être habitée par le dieu en personne, était sculptée dans du bois précieux et parée de vêtements et de bijoux riches. L'Esagil s'étendait aussi au sud de la première cour, dans une unité organisée autour d'une troisième cour principale, dédiée aux divinités Ishtar et Zababa, à laquelle la Tablette de l'Esagil attribue une dimension de 95 x 41 mètres.

90 mètres au nord de l'Esagil se trouvait la ziggurat Etemenanki (É.TEMEN.AN.KI, « Maison-fondement du Ciel et de la Terre »), passée à la postérité sous le nom de Tour de Babel[149] . Elle était construite dans une enceinte de 460 x 420 m de côté au maximum, occupant donc une vaste surface de la ville, en plein centre de celle-ci[150]. Cette muraille comprenait deux unités architecturales organisées chacune autour d'une cour à l'est, à côté de la porte monumentale ouvrant sur la Voie processionnelle, et plusieurs pièces au sud. Il s'agissait donc sans doute du secteur administratif du sanctuaire de Marduk, l'Esagil étant un temple richement doté en terres, employant un personnel pléthorique d'esclaves, dépendants et autres partenaires économiques (notamment les familles de notables locaux). La ziggurat en elle-même a disparu depuis l'Antiquité, et seules ses fondations (appelées au moment des fouilles Sahn par les locaux, « poêle », car leur forme rappelle celle de l'ustensile de cuisine) ont pu être fouillées, le reste des connaissances permettant de tenter de restituer son aspect provenant de la Tablette de l'Esagil qui en donne les dimensions et également d'une représentation de l'édifice sur une stèle[151]. Sa base était carrée, d'environ 91 m de côté, et un escalier monumental menait à son sommet depuis le côté sud, dont on a retrouvé les traces de l’avancée sur 52 m. Elle s'élevait sur sept étages, en fait six terrasses de taille décroissantes empilées, la dernière supportant un temple haut (šahuru). Selon la Tablette de l'Esagil, elle atteignait 90 m de haut, mais ce chiffre répond sans doute plus à des conceptions symboliques qu'à la réalité, et les estimations les plus récentes lui attribuent plutôt une hauteur d'une soixantaine de mètres. La symbolique de l'édifice, si on suit son nom, est de constituer une sorte de lien entre la Terre, monde des humains, et le Ciel, monde des dieux, et même de symboliser l'endroit où Marduk a créé le Monde, son centre[152]. En revanche, sa fonction cultuelle est mal établie : Hérodote dit qu'un rite de type hiérogamique (« Mariage sacré ») se passait dans son temple haut[153], une tablette cunéiforme fragmentaire évoque peut-être un rituel ayant lieu dans le même édifice[154], mais elle demeure absente des autres textes rituels. Sa fonction cultuelle était probablement limitée, le temple bas (l'Esagil à proprement parler) concentrant sans doute la plupart des rituels.

Après la période néo-babylonienne, les édifices du sanctuaire de Marduk connaissent un destin mouvementé. L'Esagil reste le lieu de culte majeur de la ville. La question de savoir s'il a été détruit lors de la répression d'une révolte sous le règne de Xerxès Ier reste en débat, mais il est manifeste qu'il continue de fonctionner[36]. La ziggurat est peut-être détruite aussi lors de cet événement. En tout cas les textes se référant à la période d'Alexandre et au début de la domination séleucide les présentent comme étant en mauvais état. Le temple bas fonctionne toujours, est sans doute restauré, tandis que la ziggurat est arasée en prévision d'une reconstitution qui n'a jamais lieu. On sait par les mentions d'auteurs grecs et latins et par des textes cunéiformes qu'il continue de fonctionner au Ier siècle et au IIe siècle de notre ère comme cela a été évoqué plus haut.

De nombreux temples

Plan de l'É.MAH, temple de Ninmah, localisé à proximité de la Porte d'Ishtar, de plan « babylonien ».

Tintir donne les noms de 43 temples situés à l'intérieur de Babylone, dont 13 pour le seul « quartier sacré », Eridu. Une même divinité pouvait en posséder plusieurs, puisque cinq sont mentionnés pour Ishtar et trois pour Nabû. Huit d'entre eux ont été fouillés et identifiés dans la partie occidentale de la ville intérieure, hors du complexe principal. Ils sont de dimensions diverses et isolés du tissu urbain même s'ils sont parfois construits dans un quartier résidentiel comme le temple d'Ishtar d'Akkad fouillé au Merkes[155]. Ils suivent le plan typique des temples locaux, qualifié de « babylonien », déjà observé dans celui de Marduk et qui rappelle celui des résidences des humains : une porte ouvrait sur une cour, qui menait ensuite à une antecella (vestibule) puis à la cella de la divinité principale du sanctuaire, chapelle au fond de laquelle se trouvait une niche destinée à recevoir la statue de culte. Plusieurs pièces servant de dépendances entouraient les espaces servant à la circulation. Les portes principales pouvaient être voûtées. La cour de celui de Nabû ša harê est recouverte de bitume et ses murs portent un décor sommaire en noir et blanc. Le bīt akītu, temple où se déroulaient les cérémonies finales de la fête-akītu, se situait au-delà de l'enceinte intérieure. Ce sont peut-être ses ruines qu'ont dégagé les fouilles allemandes des années 1960 quand elles ont mis au jour un complexe architectural situé au nord du Kasr[82].

Le culte religieux

Les temples de Babylone sont des centres d'activité intense, car ils doivent entretenir le culte quotidien des divinités qu'ils hébergent, qui consiste en leur entretien alimentaire et vestimentaire (adressé à leur statue), offrandes accompagnées de rituels[155]. Cela justifie la présence d'un important personnel cultuel, les erīb bīti, seule catégorie habilitée à pénétrer dans l'espace sacré du sanctuaire et à y accomplir les rituels. Mais le culte nécessite également la participation d'un personnel plus large, notamment des artisans fournissant des aliments et des objets de culte. Pour pouvoir mener ces tâches, les temples disposent d'un patrimoine constitué de terres, d'ateliers et d'autres biens dont ils ont disposé avant tout suite à des offrandes, notamment celles du roi, qui est également le personnage qui entreprend les travaux de restauration les plus importants. Toute cette organisation explique pourquoi ces sanctuaires sont aussi des centres économiques majeurs, autour desquels gravite sans doute une part importante de la population de la ville et de la campagne environnante.

Le calendrier liturgique de Babylone était émaillé de fêtes religieuses plus ou moins régulières, certaines revenant mensuellement tandis que d'autres étaient annuelles, voire plus exceptionnelles. La fête religieuse principale de Babylone est l'akītu qui avait lieu au Nouvel An, à l'équinoxe de printemps (21 mars), et qui dure douze journées, nécessitant la participation du roi en personne[156]. Les statues de culte des grandes divinités de Babylonie rejoignaient l'Esagil où elles rendaient hommage à Marduk, avant de se réunir dans le bīt akītu. L'Épopée de la Création était récitée pour rappeler les hauts faits de ce dieu au cours d'une procession parcourant la ville. Le roi se voyait ensuite renouveler son mandat. Cette fête apparemment grandiose avait pour but de célébrer le renouveau de la nature au printemps, mais aussi d'affirmer le lien fort entre le grand dieu Marduk et le roi qui était considéré comme son représentant terrestre. Elle nécessitait la présence de la statue du dieu et du souverain, et dans les périodes d'instabilité ou après une défaite militaire ayant entraîné la capture de la statue par un ennemi son déroulement était impossible, ce qui était vu comme un grand malheur. D'autres fêtes importantes avaient lieu dans la ville, par exemple un rituel de « mariage sacré » (hašādu) entre Marduk et Sarpanitu, ou un autre mettant en scène un Marduk infidèle poursuivant Ishtar de ses assiduités tout en étant lui-même pourchassé par son épouse légitime[157].

Un haut lieu du savoir

La fonction cultuelle et les moyens économiques des temples en ont fait les lieux culturels principaux de Babylone. Plusieurs des temples de la ville ont ainsi livré des tablettes techniques, scientifiques et littéraires qui ont pu constituer dans l'Antiquité des fonds de manuscrits pouvant être caractérisés comme des bibliothèques. De plus, des textes du même type ont été retrouvés dans des résidences privées de lettrés (travaillant de toute manière pour le compte des temples), qui servaient aussi parfois d'école de scribes[158]. Le lot le plus important est celui découvert en 1979 dans le temple de Nabû ša harê, ce dieu représentant la sagesse et patronnant les lettrés. Il s'agit de plus de deux mille tablettes scolaires constituant un dépôt votif offert au dieu par des apprentis-scribes. Deux autres tablettes rituelles trouvées dans un four indiqueraient la présence d'une bibliothèque propre au temple[159].

Le principal lieu de savoir de Babylone était l'Esagil, en dépit du fait qu'il n'ait livré que peu de tablettes faisant allusion à des activités intellectuelles si on le compare aux corpus de la même période de Ninive et d'Uruk qui étaient des centres de savoir de niveau comparable. Il est clair que le temple abritait une bibliothèque et un groupe de lettrés, qui sont des prêtres spécialistes de plusieurs disciplines (astronomes/astrologues, devins, lamentateurs et exorcistes/médecins). Des tablettes cunéiformes montrent comment le corps des lettrés du temple était recruté et entretenu entre la fin de la période achéménide et la période hellénistique. Un texte illustre ainsi le recrutement d'un astrologue/astronome : il reprenait la charge exercée par son père, ce qui était courant chez les lettrés de l'époque, mais il devait quand même passer un examen devant le conseil du temple pour prouver ses compétences. Il était rémunéré par un salaire annuel et un champ qui lui était concédé. Des obligations lui étaient prescrites : faire les observations célestes, rédiger des textes techniques, sans doute des almanachs ou éphémérides caractéristiques de la science qui connaît alors le plus fort développement en Babylonie. Cette organisation prévalait aussi pour les autres spécialités, et elle a pu inspirer les Grecs quand ils ont mis en place la Bibliothèque d'Alexandrie et son Mouseion suivant des principes présentant des similitudes avec la situation observée pour l'Esagil[160].

Plusieurs œuvres de la littérature mésopotamienne (au sens large, comprenant des textes rituels et techniques) sont rattachables au clergé de l'Esagil. On peut estimer que les grands textes exaltant Marduk (l'Épopée de la Création) et l'importance religieuse de la ville (TINTIR=Babilu, Tablette de l'Esagil) sont issus de ce cercle, ainsi que les textes rituels liés au culte du grand dieu babylonien ou encore plusieurs chroniques historiques centrées sur Babylone ou ses temples et le texte sapiental parfois appelé Monologue du juste souffrant, complainte adressée au dieu par un homme frappé d'injustice. Certains textes sont attribués à des auteurs dont le nom renvoie au temple ou au dieu et qui ont manifestement été des prêtres du temple : l'Épopée d'Erra de Kabti-ilani-Marduk, récit cherchant à légitimer la période chaotique que connaît Babylone au début du Ier millénaire av. J.‑C. par l'abandon de la cité par son grand dieu Marduk, dupé par le dieu Erra, personnifiant la guerre sous son aspect destructeur[161] ; la Théodicée babylonienne rédigée par Esagil-kina-ubbib, un texte sapiental prenant la forme d'une discussion entre deux individus sur les rapports entre dieux et hommes[162]. L'exemple le mieux connu des lettrés de l'Esagil est Bérose, qui a composé vers le début du IIIe siècle av. J.‑C. les Babyloniaka, livre en grec dont il ne reste plus que des citations et résumés, visant à présenter la tradition babylonienne à un public lettré grec[163],[139]. Il s'est servi pour cela des tablettes disponibles dans la bibliothèque de l'Esagil. Suivant les éléments biographiques le concernant, il aurait terminé sa vie à enseigner l'astronomie et l'astrologie sur l'île de Cos à des Grecs, dont on sait qu'ils reconnaissaient la grande maîtrise que les Babyloniens avaient atteints dans ce domaine.

L'Esagil et les temples de Babylone restent avec ceux d'Uruk les derniers lieux où on sait que le savoir de la Mésopotamie ancienne est transmis après la période hellénistique. C'est à Babylone qu'a été retrouvée la plus récente tablette cunéiforme connue, qui est de façon très significative un almanach astrologique, daté de 74/75 apr. J.-C.[164]

Notes et références

  1. a et b Les mots en sumérien sont ici écrits en petites capitales et ceux en akkadien en italiques. Les termes dans les autres langues (arabe, hébreu, grec) sont notés en italiques avec précision de la langue.
  2. a et b B. André-Salvini, « Les premières mentions historiques et la légende des origines », dans Babylone 2008, p. 28-29
  3. J.-J. Glassner, La tour de Babylone. Que reste-t-il de la Mésopotamie ?, Paris, 2003, p. 240
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  7. George 1992, p. 15-20
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  11. a et b J.-C. Margueron, « Aux origines du plan de Babylone », dans C. Breniquet et C. Kepinski (dir.), Études mésopotamiennes, Recueil de textes offerts à Jean-Louis Huot, Paris, 2001, p. 335 envisage un peuplement simultané des deux rives dès les débuts de la ville. George 1992, p. 16 et 18 considère qu'une partie de la rive droite est déjà peuplée à la période paléo-babylonienne.
  12. B. André-Salvini, « Inventaire des sources », dans Babylone 2008, p. 39-47
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  26. a et b George 1992, p. 1-72. Le terme sumérien TINTIR est un nom alternatif de Babylone et également celui d'un de ses quartiers, plus couramment appelé Shuanna. Ce texte est évoqué simplement comme Tintir dans la suite de l'article.
  27. F. Joannès, « Babyloniens post-cassites (rois) », dans Joannès (dir.) 2001, p. 117-118
  28. F. Joannès, « Babyloniens post-cassites (rois) », dans Joannès (dir.) 2001, p. 118-119
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  39. L. Capdetrey, Le pouvoir séleucide. Territoire, administration, finances d’un royaume hellénistique (312-129 av. J.-C.), Rennes, 2007, p. 52-57
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  41. P. Briant, Histoire de l'Empire perse, de Cyrus à Alexandre, Paris, 1996, p. 500-503
  42. L. Capdetrey, op. cit., p. 304-305
  43. a et b A. Invernizzi, « Les dominations grecque et parthe », dans Babylone 2008, p. 252-253. (en) R. J. Van der Spek, « The theatre of Babylon in cuneiform », dans W. H. van Soldt (dir.), Veenhof Anniversary Volume. Studies presented to Klaas R. Veenhof on the occasion of his sixty-fifth birthday, Leyde, 2001, p.445-456.
  44. Sur les archives de cette période, voir notamment (en) D. Kennedy, Late Babylonian Economic Texts, Londres, 1968 ; (en) T. Boyt, Late Achaemenid and Hellenistic Babylon, Louvain, 2004 ; (en) M. J. H. Lissen, The Cults of Uruk and Babylon, The Temple Rituals Texts as Evidence for Hellenistic Cult Practices, Leyde, 2004
  45. Pline l'Ancien, L'Histoire naturelle, VI, 30
  46. B. Van der Spek, « The “theater inscription” », Livius.org, non daté (consulté le 15/03/2011)
  47. J. Teixidor, « La Babylonie au tournant de notre ère », dans Babylone 2008, p. 380
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  55. J.-J. Glassner, Chroniques mésopotamiennes, Paris, 1993, p. 215-230
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  57. (de) R. Rollinger, Herodots babylonischer Logos, Innsbrück, 1993
  58. J. Teixidor, « La Babylonie au tournant de notre ère », dans Babylone 2008, p. 378-382
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  60. Discussion sur ce récit et son sens dans M. Ricolleau, Babel : le récit biblique, Bruxelles, 2008.
  61. A. Vernay-Nouri, « Babylone dans la tradition arabe », dans Babylone 2008, p. 390-391
  62. F. Richard, « Babylone dans la tradition iranienne », dans Babylone 2008, p. 392-393
  63. M.-T. Gousset, « Images médiévales de Babylone dans les manuscrits occidentaux », dans Babylone 2008, p. 384-386
  64. M.-T. Gousset, « Images médiévales de Babylone dans les manuscrits occidentaux », dans Babylone 2008, p. 382-384
  65. S. Allard, « Le Mythe de Babylone du XVIe au XIXe siècle », dans Babylone 2008, p. 441-444 et Id., « La Tour de Babel, du XVIe au XVIIIe siècle », dans Babylone 2008, p. 456-467
  66. S. Allard, « Le Mythe de Babylone du XVIe au XIXe siècle », dans Babylone 2008, p. 438-441
  67. M.-T. Gousset, « Images médiévales de Babylone dans les manuscrits occidentaux », dans Babylone 2008, p. 385-386 et Ead., « Byzance et la Russie Médiévale », dans Babylone 2008, p. 389.
  68. Ph. Joutard, « L'empire du Mal », dans L'Histoire n° 301, septembre 2005, p. 44-45
  69. Par exemple la célèbre chanson Rivers of Babylon chantée par plusieurs artistes et dont les paroles sont reprises du Psaume 137 de la Bible.
  70. Jean-Luc Porquet, « Nous tous pareils » in Jacques Ellul - L'homme qui avait (presque) tout prévu, Le Cherche-Midi, 2003, p. 151-158.
  71. Jacques Ellul, Sans feu, ni lieu, Paris, Gallimard, collection Voies ouvertes, 1975, p.82
  72. Apocalypse chapitre 18. [lire en ligne].
  73. J.-J. Glassner, La tour de Babylone. Que reste-t-il de la Mésopotamie ?, Paris, 2003, p. 83-87. S. Allard, « Le Mythe de Babylone du XVIe au XIXe siècle », dans Babylone 2008, p. 444-448
  74. S. Allard, « Le Mythe de Babylone du XVIe au XIXe siècle », dans Babylone 2008, p. 448-453
  75. S. Allard, « Intolérance de D. W. Griffith : Babylone enfin ressuscitée », dans Babylone 2008, p. 498-500
  76. J.-J. Glassner, op. cit., p. 199-228
  77. A. Invernizzi, « Les premiers voyageurs », dans Babylone 2008, p. 505-507
  78. J. Taylor, « Les explorateurs britanniques au XIXe siècle », dans Babylone 2008, p. 508-512
  79. N. Chevalier, « Les fouilles archéologiques françaises au XIXe siècle », dans Babylone 2008, p. 513-515
  80. J. Marzahn, « Les fouilles archéologiques allemandes », dans Babylone 2008, p. 516-525
  81. Republié et augmenté dernièrement : (de) R. Koldewey, Das wiedererstehende Babylon, Leipzig, 1990
  82. a et b J. Marzahn, « Les fouilles archéologiques allemandes », dans Babylone 2008, p. 525
  83. a et b G. Bergamini, « La mission italienne », dans Babylone 2008, p. 529-531
  84. A. Cavigneaux, « Les fouilles irakiennes : le temple de Nabû sha Harê », dans Babylone 2008, p. 531-532
  85. (en) F. T. Schipper, « The Protection and Preservation of Iraq's Archaeological Heritage, Spring 1991-2003 », dans American Journal of Archaeology 109/2, 2005, p. 260-261. Sur ce programme mal documenté, voir notamment le témoignage de D. George, un des responsables de ces chantiers, dans J. Farchakh-Bajjaly, « Reconstruire Babylone… ou mourir », dans Archéologia n° 453, mars 2008, p. 24-27.
  86. (en) J. E. Curtis, « Report on Meeting at Babylon 11 – 13 December 2004 », site du British Museum, non daté (consulté le 22/03/2011) ; Le Monde du 16 août 2007
  87. Margueron 2000, p. 454-459. André-Salvini 2009, p. 7-17
  88. Margueron 2000, p. 465 et 467
  89. André-Salvini 2009, p. 46. Pour donner un ordre d'idée, la population de Ninive à son apogée, deuxième plus grande ville de la Mésopotamie ancienne, a été estimée à approximativement 75 000 personnes sur des bases guère plus assurées ((en) J. Reade, « Ninive (Nineveh) », dans E. Ebeling, B. Meissner et D. O. Edzard (dir.), Reallexikon der Assyriologie 9 (5-6), Berlin/New York, 2000, p. 395).
  90. Margueron 2000, p. 478
  91. a, b et c Margueron 2000, p. 467
  92. George 1992, p. 23-26. André-Salvini 2009, p. 47-48 et p. 18 pour la localisation
  93. George 1992, p. 26-28. André-Salvini 2009, p. 47-48 et p. 18 pour la localisation.
  94. Margueron 2000, p. 477
  95. André-Salvini 2009, p. 58-59
  96. Margueron 2000, p. 470-471. André-Salvini 2009, p. 59-61
  97. Margueron 2000, p. 471-472
  98. Margueron 2000, p. 471. André-Salvini 2009, p. 61-64
  99. André-Salvini 2009, p. 64-66
  100. George 1992, p. 66-67
  101. Margueron 2000, p. 472. André-Salvini 2009, p. 70-71
  102. J. Marzahn, La porte d'Ishtar de Babylone, Mayence, 1993. André-Salvini 2009, p. 71-72
  103. a et b Margueron 2000, p. 468-470. André-Salvini 2009, p. 66-68
  104. a et b F. Joannès, La Mésopotamie au Ier millénaire avant J.-C., Paris, 2000, p. 156-159
  105. Margueron 2000, p. 468. André-Salvini 2009, p. 68
  106. Huot 2004, p. 186
  107. Margueron 2000, p. 461 et 470
  108. Pour une contextualisation du cas de Babylone, on trouvera une brève synthèse sur l'urbanisme des villes babyloniennes au Ier millénaire av. J.‑C. dans (en) H. D. Baker, « Urban form in the First Millennium B. C. », dans Leick (dir.) 2007, p. 66-77
  109. Margueron 2000, p. 473-474. André-Salvini 2009, p. 107-108
  110. Margueron 2000, p. 474-475
  111. Huot 2004, p. 183-184. André-Salvini 2009, p. 49-51
  112. A. Invernizzi, « Les dominations grecque et parthe », dans Babylone 2008, p. 253-254
  113. André-Salvini 2009, p. 51-53. E. Klengel-Brandt, « La culture matérielle sous l'empire néo-babylonien », dans Babylone 2008, p. 173 et Babylone 2008, p. 218-220
  114. André-Salvini 2009, p. 55-56
  115. F. Joannès, « La vie économique et sociale à Babylone dans la Babylonie tardive », dans Babylone 2008, p. 180-181
  116. (en) C. Wunsch, « The Egibi Family », dans Leick (dir.) 2007, p. 236-247
  117. (en) H. Baker, The Archive of the Nappāḫu Family, Vienne, 2004
  118. (en) M. Jursa, « The Babylonian Economy in the First Millennium B.C. », dans Leick (dir.) 2007, p. 229-232. F. Joannès dans Babylone 2008, p. 180
  119. (en) M. Jursa, « Agricultural Management, Tax Farming and Banking: Aspects of Entrepreneurial Activity in Babylonia in the Late Achaemenid and Hellenistic Periods », dans P. Briant et F. Joannès (dir.), La Transition entre l'empire achéménide et les royaumes hellénistiques, Persika 9, Paris, 2005, p. 137-222
  120. (en) R. J. Van der Spek, « Cuneiform Documents on Parthian History: The Raimesu Archive. Materials for the study of the standard of living », dans J. Wiesehöfer (dir.), Das Partherreich und seine Zeugnisse. The Arsacid empire: Sources and documentation, Stuttgart, 1998, p. 205-258
  121. Le corpus est éclaté car issu de fouilles clandestines, et est étudié par M. Stolper, par exemple dans (en) M. W. Stolper, « The Babylonian enterprise of Belesys », dans P. Briant (dir.), Dans les pas des Dix-Mille : peuples et pays du Proche-Orient vus par un Grec, Toulouse, 1995, p. 217-238 ; (en) Id., « Kasr Texts: Excavated, But Not in Berlin », dans M. T. Roth, W. Farber, M. W. Stolper et P. von Bechtolsheim (dir.), Studies Presented to Robert D. Biggs, June 4, 2004, Chicago, 2007, p. 243-283
  122. (en) M. Jursa, « The Babylonian Economy in the First Millennium B.C. », dans Leick (dir.) 2007, p. 232-233
  123. F. Joannès dans Babylone 2008, p. 179
  124. Margueron 2000, p. 463-465 et 473. F. Joannès dans Babylone 2008, p. 179-180
  125. E. Klengel-Brandt, « La culture matérielle sous l'empire néo-babylonien », dans Babylone 2008, p. 172
  126. A. Invernizzi, « Babylone sous domination perse », dans Babylone 2008, p. 240-241
  127. A. Invernizzi, « Les dominations grecque et parthe », dans Babylone 2008, p. 255
  128. A. Invernizzi, « Les dominations grecque et parthe », dans Babylone 2008, p. 256-257 et présentation des objets aux p. 276-292.
  129. André-Salvini 2009, p. 78-83
  130. (de) E. F. Weidner, « Jojachin, Koenig von Juda, in babylonischen Keilschrifttexten », dans Mélanges Syriens offerts a M. René Dussaud, t. 2, Paris, 1939, p. 923-935
  131. André-Salvini 2009, p. 87-88
  132. André-Salvini 2009, p. 84-87
  133. Reade 2000, p. 206
  134. Reade 2000, p. 203-204. André-Salvini 2009, p. 91
  135. I. J. Finkel, « Les jardins suspendus de Babylone », dans P. A. Clayton et M. J. Price (dir.), Les Sept Merveilles du monde, Paris, 1993, p. 38-40 présente les traductions des différentes descriptions des Jardins suspendus.
  136. Reade 2000, p. 206-213
  137. (en) S. Dalley, « Nineveh, Babylon and the Handing Gardens », dans Iraq LVI, 1994, p. 45-58
  138. Reade 2000, p. 197 admet la possibilité de Jardins suspendus à Ninive, mais maintien aussi leur présence à Babylone. Avis similaire dans André-Salvini 2009, p. 88-91. Huot 2004, p. 176-180 semble accorder plus de crédit aux propositions de Dalley.
  139. a et b (en) R. J. van der Spek, « Berossus as a Babylonian Chronicler and Greek Historian », dans R. J. van der Spek (dir.), Studies in Ancient Near Eastern World View and Society, Presented to Marten Stol on the Occasion of his 65th Birthday, Bethesda, 2008, p. 277-318
  140. Babylone 2008, p. 333
  141. H. Gasche, « Les palais perses achéménides de Babylone », dans J. Perrot (dir.), Le palais de Darius à Suse, Une résidence royale sur la route de Persépolis à Babylone, Paris, 2010, p. 446-463 propose que les deux cours les plus à l'ouest soient dues à l'initiative des rois achéménides. Voir aussi les remarques de J.-C. Margueron, « Considérations sur le palais de Babylone », dans Babylone 2008, p. 228.
  142. A. Invernizzi, « Babylone sous domination perse », dans Babylone 2008, p. 241-243
  143. A. Invernizzi, « Les dominations grecque et parthe », dans Babylone 2008, p. 252
  144. (en) R. J. Van der Spek, « The Size and Significance of the Babylonian Temples under the Successors », dans P. Briant et F. Joannès (dir.), La Transition entre l'empire achéménide et les royaumes hellénistiques, Persika 9, Paris, 2005, p. 275-276 et 296-299
  145. F. Joannès, « Marduk », dans Joannès (dir.) 2001, p. 493-496. (en) T. Oshima, « The Babylonian god Marduk », dans Leick (dir.) 2007, p. 348-360. J. Marzahn, « Le sanctuaire et le culte de Marduk », dans Babylone 2008, p. 171
  146. André-Salvini 2009, p. 92
  147. F. Joannès, « Esagil », dans Joannès (dir.) 2001, p. 304-306. J. Marzahn, « Le sanctuaire et le culte de Marduk », dans Babylone 2008, p. 169-170. André-Salvini 2009, p. 100-104. (en) A. R. George, « The Bricks of E-Sagil », dans Iraq 57, 1995, p. 173-197 ; Id., « E-sangil and E-temen-anki, the Archetypal Cult-centre? », dans J. Renger (dir.), Babylon: Focus mesopotamischer Geschichte, Wiege früher Gelehrsamkeit, Mythos in der Moderne, Sarrebruck, 1999, p. 67-86.
  148. George 1992, p. 109-109
  149. J. Marzahn, « Le sanctuaire et le culte de Marduk », dans Babylone 2008, p. 169-170. André-Salvini 2009, p. 109-114. (de) H. Schmid, Der Tempelturm Etemenanki in Babylon, Mainz, 1995. J. Vicari, La Tour de Babel, Paris, 2000. (en) A. R. George, « The Tower of Babel: archaeology, history and cuneiform texts », dans Archiv für Orientforschung 51, 2005-2006, p. 75-95
  150. J.-C. Margueron, « Aux origines du plan de Babylone », dans C. Breniquet et C. Kepinski (dir.), Études mésopotamiennes, Recueil de textes offerts à Jean-Louis Huot, Paris, 2001, p. 323-345 propose même que la ziggurat ait servi de point de référence pour un « plan régulateur » de Babylone tracé au moment de sa fondation, ou plutôt d'une refondation qu'il situerait vers la fin de la Troisième dynastie d'Ur et le début de la période paléo-babylonienne, et resté en vigueur par la suite.
  151. J. Vicari, op. cit., p. 7-33 détaille les différentes propositions de reconstitution de l'apparence de l'édifice. Voir aussi J. Montero-Fenellos, « La tour de Babylone, repensée », dans Babylone 2008, p. 229-230.
  152. André-Salvini 2009, p. 114-177
  153. Hérodote, Histoire, Livre I, CLXXXI
  154. George 1992, p. 277
  155. a et b Huot 2004, p. 181-182. André-Salvini 2009, p. 92-94
  156. F. Joannès, « Akîtu », dans Joannès (dir.) 2001, p. 20-22. André-Salvini 2009, p. 104-109
  157. J. Bottéro dans S. N. Kramer, Le Mariage sacré, Paris, 1983, p. 189. F. Joannès, « Mariage sacré », dans Joannès (dir.) 2001, p. 509
  158. O. Pedersen, « Archives et bibliothèques à l'époque néo-babylonienne », dans Babylone 2008, p. 177-178
  159. D. Charpin, Lire et écrire à Babylone, Paris, 2008, p. 91-92 et 223. A. Cavigneaux, Textes scolaires du temple de Nabû ša harê, Bagdad, 1981 ; (de) Id., « Nabû ša harê und die Kinder von Babylon », dans Colloquien der Deutschen Orient-Gesellschaft 2, Sarrebruck, 2000, p. 385-391
  160. P.-A. Beaulieu, « De l'Esagil au Mouseion : l'organisation de la recherche scientifique au IVe siècle av. J.C. », dans P. Briant et F. Joannès (dir.), La Transition entre l'empire achéménide et les royaumes hellénistiques, Persika 9, Paris, 2005, p. 17-36. Voir aussi (en) P.-A. Beaulieu, « Late Babylonian Intellectual Life », dans Leick (dir.) 2007, p. 473-484
  161. N. Ziegler, « Épopée d'Erra », dans Joannès (dir.) 2001, p. 297
  162. B. Lion, « Théodicée », dans Joannès (dir.) 2001, p. 848
  163. F. Joannès, « Bérose », dans Joannès (dir.) 2001, p. 124-125
  164. (en) A. J. Sachs, « The Latest Datable Cuneiform Tablets », dans B. L. Eicher, Kramer Aniversary Volume: cuneiform studies in honor of Samuel Noah Kramer, Neukirschen, 1976, p. 379-398

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie générale

Livres

  • F. Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, 2001 
  • J.-L. Huot, Une archéologie des peuples du Proche-Orient, tome II, Des hommes des Palais aux sujets des premiers empires (IIe-Ier millénaire av. J-C), Paris, 2004 
  • (en) G. Leick (dir.), The Babylonian World, Londres et New York, 2007 
  • B. André-Salvini, Babylone, Paris, 2009 
  • B. André-Salvini (dir.), Babylone, Paris, 2008 
  • (en) D. J. Wiseman, Nebuchadrezzar and Babylon, Londres, 1985
  • (en) A. R. George, Babylonian Topographical Texts, Louvain, 1992 

Articles

  • (en) A. R. George, « Babylon revisited: archaeology and philology in harness », dans Antiquity vol. 67 n° 257, 1993, p. 734–746 
  • (en) J. Reade, « Alexander the Great and the Hanging Gardens of Babylon », dans Iraq 62, 2000, p. 195-217 
  • J.-C. Margueron, « Babylone, la première mégapole ? », dans C. Nicolet (dir.), Mégapoles méditerranéennes, Paris, 2000, p. 452-481 
  • (en) M. Van de Mieroop, « Reading Babylon », dans American Journal of Archaeology 107/2, 2003, p. 257-275 



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Babylone de Wikipédia en français (auteurs)

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