Vêtement

Vêtement
Le vêtement au travers des âges (périodes anciennes)

Un vêtement est un article d’habillement servant à couvrir le corps humain, exception faites des chaussures.

Il est le plus souvent en tissu mais les matériaux utilisés pour sa fabrication tendent à se diversifier au fil des siècles.

Sa raison d’être est plurielle et varie fortement selon les cultures et les périodes de l’histoire : pratique (se protéger), symbolique (signaler une posture morale) ou encore sociale (afficher un statut).

Sommaire

Origines

Article détaillé : Histoire du costume.

L’histoire du vêtement est indissociable de sa sociologie : étudier les conditions qui ont contribué à sa naissance ne peut-être fait sans s’intéresser aux enjeux socioculturels du moment[1].

Il convient ainsi de dissocier les simples habitacles originaux (généralement des peaux de bêtes) des premiers costumes qui leur succèderont, donnant progressivement naissance à la notion de mode. D’un rôle purement utilitaire – protéger le corps humain des intempéries et agressions extérieures, permettre de se mouvoir aisément – le vêtement évolue en s’adjoignant des fonctions immatérielles : orné, il devient parure.

Le progrès technique et l’intensification des échanges commerciaux conduisent à une accélération de son rythme de transformation à compter du XIVe siècle. Activité originellement très locale, car dépendante des ressources naturelles d'un territoire, la fabrication des vêtements s'inscrit aujourd'hui au cœur de la globalisation économique.

Fonctions

Les fonctions des vêtements sont multiples. Si le linge de corps a une vocation originellement protectrice, il endosse aussi d’autres dimensions, notamment psychologiques, culturelles et sociales.

Protéger…

Les vêtements ont longtemps joué un rôle de « barrière protectrice ». La première des protections à apporter concernait les intempéries. Cela est toujours le cas aujourd’hui, indépendant des changements survenus à travers les siècles :

Ancien imperméable japonais

Au-delà des intempéries, les vêtements ont toujours servi à protéger le corps d’éventuelles agressions extérieures. Ainsi, les médecins du XVIIe siècle utilisaient-ils des étoffes lorsqu’ils étaient amenés à soigner des pestiférés[2].
Aujourd'hui encore, certains vêtements conservent un rôle spécifique de protection notamment contre les risques mécaniques et chimiques. Ce rôle est très important dans les vêtements professionnels qui constituent fréquemment des équipements de protection individuelle (EPI). C'est le cas des blouses, des bleus de travail, des casques, des tabliers, et, dans les cas extrêmes des armures (dont les gilets pare-balles).
En contribuant à la propreté du corps, certains vêtements aide enfin à se protéger contre la saleté extérieure, la transpiration et les mauvaises odeurs.

Marc-Alain Descamps résume idéalement cette dimension : " Les vêtements nous protègent des éléments (froid, chaleur, pluie, vent, soleil...), des écorchures, des morsures des animaux ou des piqûres d’insectes, des coups des hommes à la guerre ou dans le sport, etc. Mais il ne faut jamais exagérer l’aspect fonctionnel des vêtements. L’utilité dans ce domaine n’explique finalement que bien peu de choses. Si l’on ne tenait compte que du froid, les peuples méditerranéens vivraient nus 10 mois sur 12. D’ailleurs, au lieu de nous protéger du froid, les vêtements affaiblissent notre résistance et nous font perdre notre thermorégulation naturelle." [3]

…cacher…

Les longueurs de jupes appropriées selon le Harper's Bazaar en 1868 : vers le milieu de l'époque victorienne, une jupe se portait aux genoux à quatre ans et pratiquement aux chevilles à seize

Les vêtements jouent, dans un second temps, un rôle central en matière de pudeur. Ils visent en effet à cacher le corps, à le dissimuler en l'enveloppant de textiles afin de faire passer la communication verbale et la réflexion avant les instincts. La vue des caractères sexuels primaires et secondaires (organes génitaux, fesses, poitrine féminine) provoque en effet souvent un désir, une attirance ; masquer ces organes permet de voir chez l'autre un être social avant d'y voir un partenaire sexuel potentiel. C’est la raison pour laquelle les organes sexuels ne doivent pas être visibles dans de nombreuses cultures où il est mal vu de dévoiler son corps. La gestion des réactions humaines « primaires » s’en trouve dès lors facilitée : érection et chair de poule sont, par exemple, soustraites du regard.

La relation entre le respect de la pudeur et le développement des vêtements demeure complexe et difficile à dater historiquement. Les cache-sexes d'ethnies vivant quasiment nues, comme par exemple les étuis péniens d'Océanie ou les pagnes — pourraient faire penser que la pudeur a précédé les vêtements. A contrario, on peut également s'interroger sur le fait de savoir si la pudeur ne résulterait pas plutôt du masquage du corps, rendant la vision de celui-ci inconvenante même lorsque le temps permettrait de le découvrir — voir par exemple l'arrêté municipal de Deauville de 1996 interdisant le torse nu en dehors de la plage, ou bien les témoignages de pratiquants du nudisme (l'émoi serait créé par le manque).

De nouveau, les travaux de Marc-Alain Descamps nous apportent une excellente synthèse de cet aspect : " En fait la sexualité est beaucoup plus importante pour rendre compte du vêtement, le premier et le dernier des vêtements étant toujours le cache-sexe. La pudeur a enclin les hommes (et encore plus les femmes) à cacher leurs organes de reproduction pour ne pas exciter des convoitises. Puis, par proximité des organes d’élimination, s’y est adjoint la honte. Aussi notre corps est-il coupé en deux : les parties nobles ou montrables et les "parties honteuses". Mais la pudeur n’est pas une réalité stable, car il n’y a rien de plus érotique que la pudeur. Aussi sa localisation varie selon les époques et les lieux. Le rôle des vêtements est finalement de cacher pour donner du prix en excitant le désir, et pouvoir après, dévoiler le caché dans un strip-tease sans fin. Ainsi on cache le décolleté par une modestie, que l’on fait ensuite en dentelles et l’on porte une mini-jupe mais en ayant bien soin de mettre dessous un collant qui cache ce que l’on vient de dévoiler. "[3]

…montrer

Si les vêtements peuvent servir à cacher le corps, ils peuvent aussi jouer le rôle inverse : le mettre en valeur à des fins séductrices.

En effet, nous pouvons difficilement corriger notre apparence physique alors que l’habillement, lui, est aisément modifiable. En jouant avec les vêtements que nous portons, nous pouvons facilement mettre en valeur nos atouts physiques… et faire en sorte que nos défauts soient le moins visibles possibles.

Fusionnant avec l’enveloppe charnelle, certains vêtements peuvent ainsi avoir un rôle partiellement « mécanique » : corset, bustier, gaine, chemises à épaulettes

Ce phénomène n’est pas nouveau et, dès l'Antiquité, les femmes se bandaient les seins avec une étoffe afin de répondre aux critères esthétiques de l'époque.

Certains vêtements sont expressément conçus pour orienter le regard vers les attributs sexuels, les valoriser ou pour simplement les laisser transparaître, les suggérer. On lira à ce sujet l'article sur les décolletés ou celui sur les vêtements moulants.

Une fois encore, Marc-Alain Descamps donne une parfait condensé de ce volet : " Finalement la parure rend mieux compte du vêtement. Son origine doit en effet se trouver dans le trophée de chasse (la peau d’ours, de loup ou du lion de Némée pour Hercule) que le chasseur garde sur son dos pour perpétuer le souvenir de sa victoire. A ce premier rôle d’intimidation se superpose celui d’exaltation générale du corps. Il s’agit toujours de magnifier le corps humain, de grandir avec des talons ou des chapeaux, d’élargir les épaules des hommes puis maintenant des femmes, de resserrer la taille pour bien séparer le haut noble du bas ignoble. Par là ce sont tous les fantasmes collectifs et l’inconscient d’un groupe qui vont s’inscrire dans le corps (l’oeuf pour la "mama" méditerranéenne, la guêpe en 1900, l’araignée et l’échassier actuellement...). "[3]

Classe et signification sociales

La robe d'Alim Khan est un message social

Les vêtements sont visibles et porteurs de significations. Ils revêtent une dimension sémiotique : à la fois messages et porteurs de messages. Les vêtements sont souvent utilisés pour mettre en valeur celui ou celle qui les porte, ils sont parfois le signe de la classe sociale, de la fonction (uniforme de police, de sapeur-pompier, de l'armée).

Ils peuvent également constituer un facteur d'intégration dans un groupe. C'est notamment le cas chez les adolescents, très influencés par les phénomènes de mode et les marques commerciales.

  • Certains vêtements professionnels sont dits à « haute visibilité » (couleur jaune ou orange fluorescent, bandes réfléchissantes) afin que les conducteurs, d'engin sur les chantiers et, de véhicules sur la route, puissent mieux les voir et, donc éviter les accidents.
  • A contrario, d'autres vêtements ont pour rôle le camouflage, de rendre difficilement visible la personne dans l'environnement, exemple la tenue de combat des fantassins.

La forme et la couleur des vêtements sont fréquemment porteuses d'un symbole fort. Ainsi en Europe, les femmes n'ont elles longtemps porté que des robes et des jupes, c'est-à-dire des vêtements laissant symboliquement le « libre accès » à leur sexe. D'ailleurs, l’ordonnance de la préfecture de police de Paris interdisant en 1800 aux femmes de s’habiller en homme (et l'ordonnance inverse promulguée en 1907 par Louis Lépine, interdisant aux hommes de se travestir en femme) n’a jamais été abrogée. En Europe, le noir est la couleur du deuil et, le blanc celle de la pureté, de la virginité, donc la couleur du mariage. Par contre, en Asie, le blanc est la couleur du deuil.

Dans la culture musulmane, il n'y a pas de différence entre la tenue liturgique et la tenue de la vie quotidienne. En islam, la vie religieuse et la vie profane sont beaucoup plus imbriquées l'une dans l'autre, on passe constamment de l'une à l'autre sans aucune transition autre que les ablutions. En effet, la fonction essentielle du vêtement de la vie quotidienne, c'est de permettre et de faciliter l'accomplissement de la prière.

Article détaillé : Vêtement musulman.

Typologie

Culture occidentale contemporaine

Pour consulter un article sur un vêtement précis, vous pouvez vous aider des pages Liste des hauts de vêtements, Liste de couvre-chefs par ordre alphabétique, Liste des sous-vêtements, Liste de vêtements de nuit ou parcourir la Catégorie:Vêtement.

Pour la plupart des vêtements l'usage est de distinguer les hauts (Chemise, Chemisier, T-shirt, Gilet) et les bas (Jupe, Minijupe, Pantalon).

Toutefois, certains vêtements se considèrent par ensemble : pour une tenue habillée : complets pour les hommes, tailleurs ou robes pour les femmes. Il existe d'autres ensembles comme les uniformes scolaires, les vêtements militaires (treillis ou uniforme), les vêtements de sport ...

Enfin ne font pas partie des vêtements mais composent l'habillement : les chaussures et les accessoires de mode (écharpes, couvre-chef, bijoux, etc.).

N'oublions pas non plus les sous-vêtements.

Culture occidentale historique

Article détaillé : Histoire du costume.

Autres cultures

Article détaillé : Costume traditionnel.

Vêtements pour enfants

Article détaillé : Mode enfantine.

Economie

Voire les articles détaillés industrie de la mode, industrie textile.

Répartition du prix d'un vêtement

Selon une étude réalisée en 1997[5], un vêtement vendu 10 euros en magasin n'aura en fait, au maximum, coûté que 3 euros à fabriquer. Le coût se répartirait ainsi :

Matières premières et fournitures de 8 % à 14 %
Main d'œuvre de 5 % à 14 %
Frais divers de 2 % à 3 %
Marge fabricant de 15 % à 17 %
Marge magasin de 55 % à 67 %

Economie et éthique

La plupart des produits textiles sont fabriqués dans le Tiers-Monde, et particulièrement en Asie. Certains matériaux utilisés sont parmi les plus polluants. La culture du coton, par exemple, utilise 28% des pesticides mondiaux, alors qu’il ne représente pas plus de 2,5% des terres cultivées. De plus, les conditions de travail et les salaires des ouvriers de base dans cette branche sont souvent parmi les plus déplorables, surtout au regard des profits importants réalisés par les intermédiaires et les marques.

La mode a une responsabilité dans les principaux enjeux sociaux et environnementaux. En Europe et au Canada, des créateurs ont pris conscience de ces enjeux et proposent des créations plus respectueuses de l'homme et de l'environnement.

Pratique

Tailles

On classe les vêtements par leur taille. On distingue les tailles adultes des tailles enfants.

Entretien

Bibliographie

  • Bailleux, N. et Remaury, B., Modes et vêtements, Paris : Gallimard, 1995.
  • Barthes, R., Système de la mode, Paris : Le Seuil, 1967.
  • Boutin-Arnaud, M.N. et Tasmadjian, S., Le Vêtement, Paris : Nathan, 1997.
  • Descamps, M.A. Psychosociologie de la mode. Paris : PUF, 1979
  • Godart, F., Sociologie de la mode, Paris : La Découverte, 2010.
  • Monneyron, F., La Frivolité essentielle. Du vêtement et de la mode, Paris : Presses Universitaires de France, 2001.

Notes et références

  1. Barthes, R., Système de la mode, Paris : Le Seuil, 1967.
  2. Nathalie Bailleux et Bruno Remaury, Modes et vêtements, Éditions Gallimard (ISBN 2-0705-3270-4)
  3. a, b et c http://www.europsy.org/marc-alain/psyvet1.html
  4. Hanbok has beauty of harmonization
  5. Marie-Noëlle Boutin-Arnaud et Sandrine Tasmadjian, Le vêtement, Éditions Nathan (ISBN 2-0918-2472-0) 

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

  • L'Habit, commune française, située dans le département de l'Eure et la région Haute-Normandie.

Articles connexes


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