Bactriane

Bactriane
La Bactriane vers 320 av. J.-C.

La Bactriane ou Bactrie (du grec ancien Βακτριανὴ / Baktrianê) est une région à cheval sur les États actuels d'Afghanistan, du Pakistan, de la Chine, du Tadjikistan, de l'Ouzbékistan et aussi un peu du Turkménistan, située entre les montagnes de l'Hindū-Kūsh et la rivière Amou-Daria.

Elle était beaucoup plus grande autrefois. Elle avait pour bornes au sud les Paropamisades et l'Inde; au nord, la Sogdiane; à l'est, la Scythie extra Imaum; à l'ouest, l'Hyrcanie, et contenait, entre autres contrées, la Margiane, la Guriane, la Bubacène, le pays des Tochares et des Marucéens.

Sommaire

Histoire

« Princesse de Bactriane » : statuette votive de divinité féminine, début du IIe millénaire av. J.‑C., musée du Louvre

La Bactriane fut à une époque très reculée le centre d'un empire puissant et fort civilisé : quelques-uns la regardent comme le berceau de l'empire des Perses et de la religion de Zoroastre.

Sa capitale était Bactres (actuelle Balkh). Les Indiens lui donnaient le nom de Bahlikâ et les Chinois celui de Daxia 大夏 (« Grand été »).

De 545 à 540 av. J.-C., Cyrus II se lance à la conquête de l'Asie centrale, il intègre la Bactriane dans l'empire achéménide. En 462, une révolte de la Bactriane est écrasée.

Elle fut conquise par Ninus. Lors de la conquête d'Alexandre le Grand (328), elle formait alors une des grandes satrapies de la monarchie persane. Bessus, satrape de Bactriane, assassina Darius III, son maître, afin de se rendre indépendant dans sa satrapie ; mais il n'y réussit pas : Alexandre joignit ce pays à ses conquêtes.

Les Séleucides le gardèrent jusqu'au règne d'Antiochus Théos, en 256 av. J.-C. À cette époque, la Bactriane reprit son indépendance et eut successivement six rois grecs : Théodote Ier (250), Théodote II (243) ; Euthydème I (221); Ménandre Ier (195), Eucratide Ier (181); Eucratide II (147-141) : c'est ce qu'on nomme l'empire grec de la Bactriane, ou encore royaume gréco-bactrien, qui dura jusqu'au règne de Hélioclès Ier. Pendant ce laps de temps de plus d'un siècle, les rois gréco-bactriens avaient beaucoup étendu les limites de leur empire aux dépens de l'Inde d'une part, de la Sogdiane et des Scythes de l'autre, mais surtout aux dépens des Séleucides. Il fut envahi en 130 par les nomades Yuezhi venu du nord. À leur chute, les Arsacides de la Parthiène s'emparèrent de toutes leurs conquêtes à l'ouest; les Scythes, 90 av. J.-C., prirent possession du reste, et fondèrent un nouveau royaume de Bactres dont les dimensions varièrent souvent.

Fouilles

« Balafré », statuette de dragon-serpent anthropomorphe, début du IIe millénaire av. J.‑C., musée du Louvre

De nombreuses fouilles ont été effectuées en Bactriane, surtout en Bactriane du Nord (vallée du Surkhan-Daria) par des équipes franco-ouzbèques ou nippo-ouzbèques, en particulier sur le site de l'ancienne Termez. La Bactriane de l'âge du bronze (v.-3000/v.-1200), contrairement à la Mésopotamie et à l'Indus, n'a, à ce jour, livré aucun document écrit. Toutes les informations que nous possédons reposent sur les données qu'ont fournies les diverses recherches archéologiques. Les premières fouilles ont débuté au début des années 1970 (mission franco-ouzbèque, dirigée par A.Askarov). Elles ont confirmé que les premières civilisations urbaines du Sourkhan Darya apparaissent à l'âge du bronze sur plusieurs sites, dont ceux dans le nord de Payon Kourgan, Sapalli-Tepe et Djarkutan, qui sont aujourd'hui les mieux connus.

Les sites importants

  • La forteresse de Payon Kourgan a été construite sur une éminence naturelle à 10 km au sud-est des Portes de Fer de Derbent et à 5 km au sud de Bayssun, au croisement des routes caravanières reliant la Sogdiane à la Bactriane du Nord et au Tchaganian. En 1997, des fouilles ont été faites principalement dans la partie sud du site, sur des constructions proches de l'enceinte. Elles ont fourni d'abondantes découvertes, dont des monnaies kouchanes, qui donnent des éléments de datation, et une quinzaine de terres cuites, parmi lesquelles une représentation d'Héraclès et celle d'un guerrier équipé à la mode grecque. Ont également été découverts des boulets de pierre, des pointes de flèches de type nomade à quatre ailettes, des râpes à grain, etc...
  • Le site de Khaytabad, qui se situe à 7 km au nord de la ville contemporaine de Djarkutan, sur la rive droite du Surkhan Darya. Le site couvre plus de 11 hectares et a une forme vaguement circulaire. La citadelle carrée de 90 m de côté se trouve dans l'angle sud-ouest de la ville. Elle est séparée du reste de la ville par un fossé profond. La hauteur de la citadelle est de plus de 17 m. La citadelle et la ville étaient fortifiées par un puissant mur flanqué de tours. Autour de la ville, il y avait un fossé profond rempli d'eau. Des fouilles ont été commencées en 1976. Des travaux sur la citadelle ont été entrepris; ils sont principalement consacrés à l'exploration de la pente orientale où une tranchée avait été ouverte en 1995.
  • Les vestiges de l'ancienne Termez, l'une des capitales de la Bactriane-Tokharistan, se trouvent à 8 km au nord et à l'ouest de la ville actuelle de Termez (province du Sourkhan Darya, Ouzbékistan). Ses ruines s'étendent dans un coude de l'Amou Darya, sur une superficie d'environ 500 ha, ce qui en fait le site archéologique le plus vaste de la région. L'ancienne Termez se compose d'ensembles d'inégale importance. À l'ouest, deux éminences distantes de 500 m dominent le cours de l'Amou Darya. Au sud, la Citadelle (ou ville haute), forme un rectangle d'est en ouest d'environ 400 m x 200 m qui est bordé de puissants remparts. Ceux-ci sont entourés par un large fossé. Au nord, le Tchingiz-Tepe, qui s'élève à 27 m, est une colline naturelle sur laquelle on trouve encore quelques vestiges de constructions. Elle devait avoir un rôle dans la défense du site. La ville basse (Chahristan), à l'est de la citadelle et du Tchingiz-Tepe, possède une enceinte encore bien conservée, percée de deux portes. Les faubourgs (Rabat), dont les fortifications ont presque entièrement disparu, occupent une vaste superficie d'où n'émergent que les ruines d'un petit château (Kourgan).
  • Aï Khanoum est située au nord de l’Afghanistan, au confluent des rivières Kokcha et de l’Amou-Daria. Elle a été édifiée entre la fin du IVe siècle et le milieu du IIe siècle. Le site a été fouillé, entre 1965 et 1978, par une mission française menée par Paul Bernard. Les fouilles ont permis de mettre au jour un ensemble palatial monumental de 250 m x 350 m. On y accédait par des propylées alignés sur la rue principale suivis d’une cour carrée de 100 m de côté, bordée de 18 colonnes à chapiteaux corinthiens. Le plus important des temples qu'on a trouvés était un bâtiment rectangulaire avec podium, à l’architecture typiquement orientale. Il renfermait une statue monumentale de Zeus-Oromazdès, divinité mixte du panthéon irano-grec. Un théâtre, qui comportait 35 rangées de gradins, pouvait accueillir 6 000 spectateurs. Quant au gymnase monumental, accolé au rempart ouest, il comportait deux cours, celle du nord entourée de colonnes doriques. Depuis, le site a été massivement pillé par les voleurs, mais dans la trésorerie royale on a découvert les restes du trésor d’Eucratide Ier. Les objets d’art trouvés dans les ruines témoignent d’une double tradition, grecque et iranienne.
  • Begram (ou Kapiçi, "ville de Kapiça") est située à 60 km au nord de Kaboul. La cité fut détruite par Cyrus II (-558/-528), restaurée par Darius Ier (-522/521 /-486) et reconstruite et fortifiée par Alexandre le Grand (-336/-323). Elle devient la capitale sous les rois gréco-bactriens. La ville était construite sur un plan hippodamien. Elle était protégée par une muraille en briques crues renforcée aux angles par des tours. Une douve l'entourait sûrement. L'entrée de la cité se faisait par le sud, d’où partait la rue principale, bordée de magasins et d’ateliers, qui traversait la ville. Dans le complexe palatial, on a découvert deux salles contigües de 10 m x 6 m, murées. Elles ont livré des objets de grand luxe dont des récipients chinois de style Han, des bronzes hellénistiques, des sièges en bois plaqué d’ivoire d’origine indienne, des verres peints gréco-romains venant d’Égypte, etc. Ces pièces datent vraisemblablement du IIe siècle.

Chameaux

La Bactriane a donné son nom à une espèce de chameaux, le chameau de Bactriane (Camelus bactrianus).

Lien externe

Source partielle

Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Bactriane » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878  (Wikisource)

Voir aussi

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