William Labov

William Labov
William Labov
Linguiste occidental
XXe siècle - XXIe siècle
Naissance : 4 décembre 1927
Rutherford (NJ)
Drapeau des États-Unis États-Unis
Principaux intérêts : Sociolinguistique
Dialectologie
Démographie linguistique
Idées remarquables : Fondateur de la sociolinguistique quantitative
Œuvres principales : A Study of Non-Standard English (1969)
Language in the inner city: Studies in the Black English vernacular (1972)
Sociolinguistic patterns (1972)
The social stratification of English in New York city (1972)
Principles of linguistic change: Internal factors (1994)
Principles of linguistic change: Social factors (2001)
The atlas of North American English: phonetics, phonology, and sound change: a multimedia reference tool (2006)
Influencé par : Uriel Weinreich
Basil Bernstein
A influencé : Gregory Guy (en)
John Myhill (en)
Geoffrey Nunberg (en)
Shana Poplack (en)
John Rickford (en)
Adjectifs dérivés : labovien, labovienne

William Labov (né le 4 décembre 1927 à Rutherford, New Jersey) est un linguiste américain, considéré comme le fondateur de la sociolinguistique quantitative. Corollairement, il a également porté d'importantes contributions à la méthodologie de l'analyse de corpus et à l'observation de la variation linguistique. Professeur à l'université de Pennsylvanie, il y poursuit actuellement des recherches en sociolinguistique et en dialectologie.

Sommaire

Biographie

William Labov est né à Rutherford, une agglomération à proximité directe de New York. Il vit sa tendre enfance, avant de déménager à Fort Lee à l'âge de 12 ans. Il a étudie dans un premier temps la chimie à Harvard (1948), et travaille ensuite comme chimiste industriel (1949-1961) avant de tourner vers la linguistique. Pour son mémoire de master, qu'il présente en 1963, il mène une étude sur la variation dialectale à Martha's Vineyard (publiée avant celui de la Linguistic Society of America). Labov présente ensuite un doctorat en 1964 à l'Université de Columbia sous la direction d'Uriel Weinreich. Il obtient alors un poste de professeur à l'Université de Columbia, dans laquelle il enseigne entre 1964 et 1970, avant de devenir professeur de linguistique à l'Université de Pennsylvanie (1971). Il en devient le directeur du Laboratoire de Linguistique en 1977.

Apports scientifiques

Édification de la sociolinguistique moderne

William Labov conserve une influence de premier plan, particulièrement pour les études sociolinguistiques se réclamant de l'école anglo-saxonne. La méthodologie initiée par William Labov demeure également une référence pour tout travail en sociolinguistique quantitative ou de corpus.

William Labov est considéré comme le père de la sociolinguistique moderne. Il sera le premier à développer une étude de la variation dotée d’un arsenal descriptif véritablement performant (description quantitative, modèles théoriques,…). On lui doit de nombreuses études dans lesquelles il insiste sur des paramètres de variation linguistique jusqu'alors délaissées dans le cadre des études linguistiques. En dehors des variations géographiques (études des dialectes) et temporelles (histoire de la langue), Labov met en effet l'accent sur les variations diastratiques et diaphasiques, autant d'« axes » de la variation qui jusque-là avaient été délaissés par les linguistes. Les premières correspondent à des variations de la langue de nature sociale (liées au sexe, à l'âge, à la profession, à la position sociale, au niveau d'études...). Les secondes correspondent aux variations qui affectent le même locuteur en fonction de situations données (expression écrite ou orale, niveau de langue en fonction d'interlocuteurs différents)[1].

Par après, William Labov donnera également un éclairage social à la variation diachronique en expliquant la relation entre variation et changement.

Selon Labov, la sociolinguistique doit être en mesure d’expliquer et de décrire les variations dans l’usage de la langue, tant à l’échelle microsociale (au niveau de l’individu et des relations interindividuelles) qu’à l’échelle macrosociale (au niveau d’une communauté entière). Il s’agit de décrire et d’expliquer les variations tant chez des individus pris séparément que dans un groupe plus large. On constate que le langage est le reflet des relations sociales, et qu'il joue un rôle de marqueur identitaire, ce dont la sociolinguistique doit être en mesure de rendre compte.

La sociolinguistique constitue une réaction à la position générativiste, selon lequel tout linguiste devait se placer au niveau de la compétence et non de la performance, et donc étudier uniquement la norme linguistique sans tenir compte de l'usage, perçu comme fuyant. La sociolinguistique a pour mission de montrer que contrairement à la vision générativiste du langage, la performance n’est pas aléatoire. La variation qui la conditionne en effet n’est pas libre, mais structurée par des règles sous-jacentes.

Mise en évidence du paradoxe de l'observateur

La question que pose alors Labov est de savoir si on peut réellement qualifier l'usage linguistique non standard comme un usage appauvri, ou économe, du point de vue cognitif. Les précédentes études sur bande sonore qui avaient été menées aux États-Unis sur les locuteurs de variantes non standard semblaient en effet montrer que ces personnes maîtrisaient la langue à un degré moindre et commettaient un certain nombre d'hésitations et d'erreurs même dans leur propre variante linguistique. William Labov a invalidé ce constat en soulignant le fait que les personnes enregistrées n’étaient pas accoutumées aux conditions d'expérience qui leur étaient imposées. Pour certains locuteurs en effet, et particulièrement ceux de faible extraction sociale, le fait d'être enregistré et interrogé sur ses pratiques linguistiques par un individu s'exprimant dans une langue savante pouvait s'avérer psychologiquement déstabilisant, et conséquemment altérer les données recueillies. L’expérience avait en fait toutes les chances d’être biaisée par les conditions de l’observation.

Labov va alors réaliser la même expérience, en en changeant les conditions. Il va se présenter aux jeunes noirs américains de manière informelle, autour d'un verre offert ou d'un paquet de chips, en évitant de guider trop facilement la conversation. En somme, l’observateur essaie de se fondre dans la communauté linguistique et de s’adapter à la personne interrogée. L’enquête ainsi réalisée par Labov va produire de tous autres résultats. On se rend compte que la compétence linguistique des personnes interrogées était élaborée, mais que leur problème est principalement une question de registre et de cadrage de l’interaction. Leur code est bien fonctionnel, et adapté à l’intérieur de la communauté utilisant une pratique uniforme, avec ses propres fonctionnements, et ce indépendamment du fait qu'il s'agisse d'une variante « non standard ».

En réalisant cette expérience, Labov a mis en évidence le problème méthodologique du paradoxe de l’observateur : les données doivent refléter la manière dont la personne interagit dans un contexte réel de production. Avant lui, on négligeait le contexte en pensant qu’il suffisait de prendre un tiers informateur et de l’enregistrer. La contestation faite par Labov de cette approche a conduit à une reconsidération méthodologique et à un regard nouveau sur les variétés non standard.

Travaux

Sociolinguistic patterns

L'île de Martha's Vineyard

William Labov, lors de vacances touristiques, se rend sur une petite île au large du Massachusetts, Martha’s Vineyard. Durant son séjour dans cette île où le tourisme se développe depuis peu, il constate que l'enthousiasme des autochtones à recevoir les vacanciers fortunés varie considérablement d'une personne à l'autre. En outre, il note une variation typique de l’île (dans les diphtongues /a͜ʊ/ et /a͜ɪ/, présentes par exemples dans « mouse » et « mice »), qui est pratiquée d'une manière plus ou moins exagérée, ou plus ou moins modérée, selon les habitants.

Il fera l’objet de sa thèse de doctorat d’étudier une corrélation existant a priori entre ces deux phénomènes : les habitants favorables aux touristes semblent prononcer les deux diphtongues de la même manière que ceux-ci, dans un américain plus standard. Tandis que ceux qui ceux qui leur sont plus défavorables, parmi lesquels les derniers marins de l’île dont l'activité de pêche au gros est à terme menacée par l'arrivée des touristes, auront tendance à conserver, voire à exagérer l’accent local.

A social stratification of English in New York City

La chaîne la plus luxueuse, Saks, est également celle dans laquelle le plus de /r/ sont réalisés.

Labov s’intéresse également à la variation liée à la classe sociale dans la prononciation. Une étude fondatrice en la matière est celle qu’il a réalisée à propos de la prononciation du /r/ à New York, The Social Stratification of English in New York City (1966). Il s’est rendu, pour la réaliser, dans trois chaînes de magasins de vêtements ciblant des clientèles socialement différentes : Saks Fifth Avenue, dont l’offre était catégorisée comme de luxueuse; Macy's adressée aux classes moyennes ; et S. Klein (en) ciblant les classes populaires. Ayant choisi les magasins de telle sorte qu’à chaque fois, les bas en nylon soient vendu au quatrième étage (« fourth floor »), sa démarche d'investigation consistait à feindre de demander aux clients où se trouvaient ceux-ci, muni d’un enregistreur. De là, il avait pour objectif d’étudier la variation de prononciation, des classes hautes aux classes populaires.

Le résultat de cette enquête a montré que la chaîne la plus luxueuse, Saks Fifth Avenue, est également celle dans laquelle le plus de /r/ étaient prononcés, à tels point qu'ils étaient révélateurs d'une hypercorrection par rapport à l’écrit. En revanche, chez S. Klein, l’insistance sur la prononciation des /r/ est dans bien des contextes presque inexistante.

Notes et références

  1. Alain Rey, Mille ans de langue française, 2007Perrin, p. 102 

Voir aussi

Articles connexes

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