Xuan Zang

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Xuanzang

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Xuanzang (Xuánzàng 玄奘 , en Wade-Giles Hsiuan-tsang)[1] (602664), moine bouddhiste chinois, est l'un des quatre plus grands traducteurs des soutras bouddhiques de l'histoire de la Chine. Il a créé avec son disciple Kui Ji en Chine l'école de la conscience seule (sk. vijñānavāda ou yogācāra, ch. wéishí 唯識). En raison du célèbre roman classique Le Pèlerinage vers l'Ouest (ch. Xīyóujì 西遊記), inspiré par son histoire, adapté plusieurs fois au théâtre et sur l'écran, il devient l'un des personnages historiques les plus connus de tous les Chinois.

Il est né à Luoyang dans le Henan, cadet de quatre fils d'une famille de lettrés. En 629, il part en pèlerinage en Inde d'où il revient en avril 645 ramenant un grand nombre de textes en sanskrit, augmentant ainsi considérablement la quantité de littérature bouddhique disponible en Chine.

Sommaire

Biographie

Formation

Statue de Xuanzang à Xi'an

Bien que né dans une famille essentiellement confucéenne, Xuanzang exprime dès son jeune âge le désir de devenir moine bouddhiste comme l'un de ses grands frères. Son souhait une fois exaucé, il vit pendant cinq ans avec ce frère au monastère Jingtu 净土寺 à Luoyang, patronné par la dynastie Sui. Pendant ce temps, il étudie les bouddhismes theravāda et mahāyāna, sa préférence allant vers ce dernier.

En 618, tandis que les Sui s'effondrent, Xuanzang et son frère s'enfuient vers Chang'an (Xi'an), devenue la capitale des Tang, puis de là plus au sud à Chengdu dans le Sichuan. Les deux frères y passent deux ou trois ans en études approfondies.

Xuanzang est pleinement ordonné moine en 622 à l'âge de 20 ans. Il quitte ensuite son frère et retourne à Chang'an pour apprendre des langues étrangères et continuer son étude du bouddhisme. Il commence ainsi à maîtriser le sanskrit en 626 et étudie probablement le tokharien. Pendant ce temps, Xuanzang s'intéresse également à l'école métaphysique yogācāra.

Voyage

Peinture représentant Xuanzang en route pour l'Inde.

En 629, Xuanzang prétend avoir eu un rêve qui l'a convaincu de partir en Inde. La dynastie Tang et les Gökturks orientaux étant en conflit, l'empereur Tang Taizong avait interdit tout voyage à l'étranger. Xuanzang persuade quelques gardes bouddhistes aux portes de Yumen de le laisser passer et fuit l'Empire en passant par Liangzhou dans le Gansu et la province de Qinghai. Il traverse ainsi le désert de Gobi à Hami, suivant la chaîne des Tian Shan vers l'ouest, arrivant enfin à Tourfan en 630. Il y rencontre le roi du pays, un bouddhiste, qui lui donne des lettres d'introduction et des objets de valeur comme monnaie d'échange pour son voyage.

Continuant plus à l'ouest, Xuanzang échappe à des voleurs et atteint Yanqi puis visite les monastères theravāda de Koutcha. Toujours plus à l'ouest, il passe Aksou avant de prendre vers le nord-ouest pour entrer dans ce qui est maintenant le Kirghizstan. Il longe le lac Issyk Kul avant de visiter Tokmak au nord-ouest et de rencontrer le grand Khan des Gökturks occidentaux, qui entretient des rapports amicaux à l'époque avec l'empereur Tang. Xuanzang continue au sud-ouest vers Tachkent, aujourd'hui capitale de l'Ouzbékistan. À partir de là, il poursuit au travers du désert jusqu'à Samarcande. Dans cette ville sous influence persane, il retrouve quelques temples bouddhiques abandonnés et impressionne le roi local par ses prêches. Repartant vers le sud, Xuanzang traverse le Pamir, atteint l'Amou-Daria (Oxus) puis la ville de Termez où il rencontre une communauté de plus de mille moines bouddhistes.

Plus à l'est, il traverse Kunduz où, resté quelque temps, il est témoin des rites funèbres en l'honneur du prince Tardu, mort d'empoisonnement. Il y rencontre le moine Dharmasimha puis se dirige en direction de l'ouest vers Balkh en Afghanistan pour y voir des sites et reliques bouddhiques. Là, Xuanzang trouve également plus de 3 000 moines theravāda parmi lesquels Prajñākara avec qui il étudie les écritures. Prajñākara accompagne alors le groupe de voyageurs vers Bamiyan, plus au sud, où Xuanzang rencontre le roi et visite des dizaines de monastères theravāda ainsi que les deux bouddhas géants creusés dans la falaise que les Taliban détruiront en 2001. Il reprend ensuite son périple vers l'est, passant le col du Shibar et redescendant vers la capitale régionale Kapisi (à environ soixante kilomètres au nord de la moderne Kaboul) qui compte plus de cent monastères et 6 000 moines de l'école mahāyāna pour la plupart, sur la terre fameuse du Gandhara. Xuanzang participe à un débat religieux et fait montre de sa connaissance d'un grand nombre d'écoles bouddhiques. C'est là également qu'il rencontre les premiers jains et hindous de son voyage. Il pousse ensuite jusqu'à Nagarahâra, l'actuelle Jalalabad, où il considère enfin avoir atteint son but, l'Inde, en 630.

Vie en Inde

Xuanzang quitte Nagarahâra où il a trouvé peu de moines bouddhistes mais de nombreux monastères et stūpas. Il traverse Hunza puis la passe de Khyber vers l'est, atteignant l'ancienne capitale du Gandhara, Peshawar. La ville n'est plus rien comparée à son ancienne gloire et le bouddhisme entre en déclin dans la région. Xuanzang visite un certain nombre de stūpas autour de Peshawar notamment celui construit par le roi Kanishka au sud-est de la cité. Il sera redécouvert en 1908 par D. B. Spooner grâce au récit du voyageur chinois.

Xuanzang se dirige ensuite vers le nord-est en direction de la vallée de la Swat. Atteignant Udyana, il trouve 1 400 anciens monastères qui comptèrent par le passé jusqu'à 18 000 moines. Les moines qui y vivent encore sont de l'école mahâyâna. Xuanzang continue maintenant vers le nord puis traverse l'Indus à Hund. Il se dirige vers le Taxila, un royaume bouddhique mahâyâna vassal du Cachemire, où il se rend ensuite. Cette nouvelle région compte plus de 5 000 moines bouddhistes dans cent monastères et c'est là qu'il fait la rencontre d'un moine de l'école mahâyâna auprès duquel il passe les deux années suivantes (631-633), étudiant les écrits de plusieurs écoles bouddhiques. Durant cette période, Xuanzang écrit sur le quatrième concile bouddhique qui eut lieu tout près de là, vers 100, convoqué à la demande de Kanishka.

En 633, Xuanzang abandonne le Cachemire et se met en route vers le sud pour Chinabhukti — peut-être la moderne Firozpur — où il étudie toute une année avec le prince-moine Vinitaprabha.

Il prend la direction de l'est pour Jalandhar au Panjab en 634, visite les monastères theravâda de la vallée de Kulu, descend plein sud vers Bairat et Mathura sur la Yamunâ qui compte 2 000 moines des deux écoles bouddhiques principales bien que l'hindouisme y soit prépondérant. Xuanzang remonte ensuite le fleuve jusqu'à Srughna avant de tourner vers l'est pour Matipura où il arrive en 635 après avoir traversé le Gange. Il se dirige ensuite vers le sud, traverse Sankasya (Kapitha) et arrive dans la capitale du râja Harsha ou Harshavardhana de Kanyakubja (Kânauj) en 636. Xuanzang y compte cent monastères des deux écoles principales et y est impressionné par le patronage que le roi assure aux étudiants et aux bouddhistes. Il rend compte aussi de l'armée du râja, 500 éléphants, 20 000 cavaliers et 50 000 fantassins mais les attaques de dacoïts qu'il subit sur ses terres montrent que Harsha ne contrôle pas parfaitement son territoire. Il passe quelque temps dans la ville à étudier, part pour Ayodhya (Saketa), patrie de l'école yogâchâra, se dirige vers le sud pour Kausambi (Kosam) où il fait exécuter une copie d'une peinture fameuse du Bouddha.

Xuanzang prend la route du nord vers Sravasti où Bouddha passa 25 saisons des pluies, parcourt le Terai, la partie méridionale du Népal actuel où il trouve des monastères bouddhiques abandonnés, et se rend à Kapilavastu, son dernier arrêt avant Lumbinî, le lieu de naissance traditionnel du Bouddha.

Les Stupa de Sariputta, dans l'ancienne université de Nâlandâ

En 637, Xuanzang quitte Lumbini pour Kusinâgar, le lieu où Bouddha atteint le nirvāna, puis visite le parc aux gazelles à Sarnath où il donna son premier sermon et il y compte 1 500 moines résidents. Il traverse Varanasi, Vaisali, Pataliputra (Patna) et atteint Bodh-Gaya où Bouddha avait atteint l'Illumination. Accompagné par des moines locaux, il se rend à Nālandā, la grande université antique de l'Inde, où il passe les deux années suivantes. Il se trouve alors en compagnie de plusieurs milliers de moines — on estime leur nombre à dix mille à cette époque — avec lesquels et sous la direction du patriarche Shîlabhadra il étudie la logique, la grammaire, le sanskrit et la doctrine yogācāra, l'école bouddhique prépondérante en ce temps-là à Nālandā.

S'arrachant difficilement à l'atmosphère d'étude, il se dirige vers le Bengale où il passe l'été 638. Mais il pense maintenant à une autre destination, l'île de Ceylan, foyer de l'école theravâda. De plus, l'île est dépositaire, depuis le règne d'Ashoka, d'une relique majeure, la dent du Bouddha, qui fut retrouvée dans les cendres de son bûcher funéraire. Des moines du sud venus en pèlerinage le persuadent de continuer par la terre et de prendre le bateau pour faire la traversée près de l'île plutôt que de s'embarquer depuis le port de Tamralipti, l'actuel Tamluk. Il suit donc la côte orientale, traverse l'Orissa, rencontre et décrit des aborigènes peu indianisés puis entre dans l'Andhra, la première des régions de langues dravidiennes, et passe à Amaravati ou Bezvada la saison des pluies 639. Il continue sa descente et entre en pays pallava, passe à Mahaballipuram où il découvre peut-être la descente du Gange en travaux.

À Kanchipuram, des religieux cinghalais en fuite à cause de la guerre civile qui gronde dans l'île lui déconseillent de s'y rendre. Il renonce donc à contrecœur et visite Tanjavûr et Madurai. Il remonte ensuite le long de la côte occidentale, traverse le pays konkani (Goa) et le Maharashtra qui forment alors l'empire Chalukya et passe peut-être la saison des pluies 641 à Nasik. Il visite Ajanta sans en faire la description et s'arrête quelques jours dans le port de Baroch, la Barygaza des Grecs, grand port de commerce de l'Inde avec l'Égypte. Il traverse ensuite le Goujerat, entre dans le Sind, recueille quelques renseignements sur l'empire Sassanide qui sera bientôt balayé par la conquête arabe.

Étrangement, Xuanzang qui visite consciencieusement tous les sites bouddhiques de l'Inde ne fait aucune référence à Sânchî, centre important et actif lors de son séjour puisqu'un temple, resté inachevé, y est alors en construction.

Il est bientôt de retour à la prestigieuse université de Nâlandâ où il reprend ses joutes oratoires défendant la doctrine du Bouddha contre celles des brahmanes et de savants shivaïtes et vishnouites. Le raja Bhaskara Kumara de l'Assam, qui a entendu parler de lui, l'invite à séjourner dans son royaume dont Xuanzang fait la description. Là, il pense un moment rejoindre la Chine, relativement proche, mais recule devant la difficulté du terrain et les risques entraînés par la maladie et les bêtes sauvages. C'est alors que Harsha, le dernier des grands rois indiens bouddhistes et le suzerain du roi de l'Assam, lui fait savoir qu'il souhaite sa présence auprès de lui.

Malgré son attachement au bouddhisme mahâyâna et comme tous les souverains de l'Inde, Harsha n'a pas rompu avec les brahmanes et les sectes hindouistes et il compte organiser une assemblée entre savants religieux de toutes obédiences. Durant les premiers jours de l'année 643, il fait un accueil munificent au pèlerin puis l'accompagnent en remontant le Gange vers Kânauj. Les savants religieux se rassemblent bientôt pour l'assemblée et Xuanzang s'y montre si habile qu'il fâche ses coreligionnaires du Petit Véhicule. Un sanctuaire construit par Harsha pour y loger une statue du Bouddha est incendié, probablement par des brahmanes mécontents, et le roi échappe même à une tentative d'assassinat qui implique ces mêmes brahmanes. Cinq cents d'entre eux seront déportés hors des frontières de l'Inde, une punition plus sévère que la mort car elle les oblige à vivre dans l'impureté. Harsha invite ensuite Xuanzang à Prayag, l'actuelle Allâhâbâd, et ils y sont rejoints par 18 vassaux du roi pour assister à la Kumbhamelâ dont le pèlerin fait la première mention historique.

Malgré l'insistance d'Harsha, Xuanzang prend la route du retour. Au début de 644, il franchit l'Indus où cinquante manuscrits tombent dans le fleuve et sont perdus ainsi que les graines de fleurs qu'il ramenait en Chine. Le roi du Cachemire, ayant appris qu'il ne traverserait pas son pays, se rend au-devant de lui. Il est probable que les petits rajas voyaient en lui l'espoir d'un soutien chinois contre les hordes turques intéressées par leur richesse mais qui finissaient pourtant et toujours par se convertir au bouddhisme. Ils n'imaginaient pas que l'Islam allait bientôt déferler, effacer les restes de cette civilisation gréco-bouddhique et interrompre le contact entre l'Inde et le bassin méditerranéen.

Xuanzang reprend ainsi la route du Pamir, refaisant le chemin qui l'avait conduit en Inde en sens inverse.

Héritage

Dessin représentant Xuanzang dans l'ouvrage Voyage en Occident

Xuanzang est connu pour son énorme travail de traduction des textes bouddhiques indiens en chinois, permettant ainsi la reconstitution de textes indiens perdus grâce à ses traductions. Il est également à l'origine d'une école bouddhique. Son récit de voyage offre une description de l'Inde bouddhique au moment où elle entame son déclin. Il est d'un intérêt majeur pour la connaissance de l'Inde de cette époque. Le Voyage de Xuanzang et les légendes qui ont grandi autour de celui-ci ont inspiré le roman Xiyouji (西游记) ou Le Voyage en Occident.

Se fondant sur le texte de Xuanzang, une mission archéologique menée par Zemaryalai Tarzi, un archéologue français d’origine afghane, effectua en 2005 des recherches dans la vallée de Bâmiyân pour retrouver un Bouddha couché en parinirvâna dont le voyageur chinois estimait la longueur à trois cent mètres[2].

Annexes

Sources

  • (en) Le texte de Xuanzang, en anglais
  • (fr) Sur les traces du Bouddha, René Grousset, L'Asiathèque, 1991, ISBN 2-901-795-44-7
  • (en) Xuan Zang: A Buddhist Pilgrim on the Silk Road, Sally Hovey Wriggins, Westview Press, 1996, ISBN 0-8133-3407-1
  • Louis Frédéric, Dictionnaire de la civilisation indienne, Robert Laffont, 1987

Article connexe

Notes et références

  1. Autres transcriptions possibles de son nom : Xuan Zang, Yuan Chwang, Hiuen Tsiang, Hhuen Kwan, Hiouen Thsang, Hsuan Chwang, Hsuan Tsiang, Hwen Thsang, Yuan Chang et Yuen Chwang.
  2. (en) « From Ruins of Afghan Buddhas, a History Grows », The New York Times, 6 décembre 2006

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