Zones urbaines

Zones urbaines

Ville

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Ville de Tōkyō (Japon)

Une ville est une unité urbaine (un « établissement humain » pour l'ONU) étendue et fortement peuplée (par opposition aux villages) dans laquelle se concentrent la plupart des activités humaines : habitat, commerce, industrie, éducation, politique, culture. Les principes qui gouvernent la structure et l'organisation de la ville sont étudiés par la sociologie urbaine et l'urbanisme.

En Belgique, ville est un titre honorifique officiel qui est octroyé par arrêté royal aux communes. Il se justifie par plusieurs critères dont parfois l'importance qu'un bourg avait par le passé. Il existe donc légalement en Belgique, des villes et des communes qui exercent les unes et les autres le même pouvoir politique. Le terme ville est parfois utilisé de manière officieuse pour désigner un gros village mais l'organisation politique qui dirige l'endroit portera le nom de commune et non de ville. Au Canada, il s'agit aussi d'un statut officiel pour les municipalités. En France, où l'organisation municipale est devenue uniforme, l'INSEE définit la ville selon le critère de l'importance du peuplement et de la continuité de l'habitat.

L'ONU estime[1] que 2008 fut l'année où pour la première fois dans l’histoire de l'humanité, plus de 50 % des humains résident dans une ville.

Sommaire

Histoire

L'apparition des villes

La ville de Mexico, capitale du Mexique

Les villes apparaissent entre 3500 et 1500 avant J-C dans les régions fertiles de Syrie, d'Égypte, de Mésopotamie, de la vallée du Jourdain, de la vallée de l'Indus et du Yangzi Jiang. Selon la tradition biblique, ce seraient les descendants de Caïn qui ont fondé les premières villes, et la plus ancienne serait Jéricho. Les premières villes apparaissent dans la Haute-Antiquité avec la civilisation des palais dans les quatre grandes plaines alluviales fertiles de la Mésopotamie, du Nil, du Fleuve Jaune et du Gange. L'apparition de villes coïncide avec l'émergence de l'agriculture durant la période du néolithique. À cette époque, la ville se caractérise par 3 éléments :

  • le mur d'enceinte monumental,
  • la superficie (la ville mésopotamienne d'Uruk s'étend sur 400 ha),
  • la population (la population de Xi'an est estimée à un million d'habitants 1000 ans avant l'ère chrétienne).

Les raisons de l'apparition des villes sont probablement liées aux richesses des civilisations rurales capables de dégager des surplus de production, mais surtout au développement d'une division du travail. Les cultures relativement intensives favorisent la spécialisation des personnes dans d'autres domaines que l'agriculture, et tout particulièrement dans les fonctions religieuses, artisanales puis administratives et militaires.

Des décisions politiques furent à l'origine de la création de villes nouvelles comme Brasilia.

L'urbanisation, un phénomène mondial et en croissance exponentielle

Le XXème siècle a connu une forte croissance de l'exode rural et des villes. L'ONU et la Banque mondiale notent qu'en 2007, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la population urbaine a dépassé en nombre la population des campagnes ; En 1950, 30 % des humains étaient urbains, la moitié l'était en 2007, et 60 % le seront probablement en 2030 (surtout dans les pays en développement qui selon les prospectivistes devaient accueillir 4 milliards d’urbains en 2030, soit 80 % des citadins de la planète).

Le Nigeria et la Chine encore très ruraux dans les années 1980 dépasseront 50 % d’urbains, et Bombay et de Delhi devaient atteindre respectivement 22 et 19 millions, quand Shanghaï ou Lagos (Nigeria) auront 17 millions d'habitants chacune. 36 mégapoles devraient abriter plus de 10 millions d’habitants en 2015 (contre 23 en 1998).

Dans les pays pauvres, les bidonvilles croissent souvent au même rythme que l'urbanisation souligne l'ONU, qui craint avec 1,4 milliard d’habitants vivant dans des bidonville en 2020 (souvent sans eau ni électricité et sans accès aux services médicaux et sociaux de base) une augmentation de la pauvreté, des maladies et de la violence urbaine. En 2008, environ 1 milliard d'humains urbains vivent dans une grande pauvreté, souvent dans des bidonvilles[2]..

Définitions

La ville de Chicago (États-Unis)

La difficulté de la définition de la ville tient à ses propres caractéristiques : une taille, mais également des fonctions diverses et surtout une autonomie politique. Pour les géographes contemporains comme Pierre George, une ville se définit comme « un groupement de populations agglomérées caractérisé par un effectif de population et par une forme d'organisation économique et sociale ».

On fait aussi souvent la distinction entre ville et village avec les activités dominantes, en tenant compte de la population : la ville n'a pas une activité essentiellement agricole ou artisanale, contrairement au village, elle a aussi une activité commerciale, politique, intellectuelle. Avec cette définition, une ville pourrait être plus petite qu'une agglomération fortement peuplée à partir d'un réseau de communication.

Par le statut

En France, la différence entre une ville (plus exactement un bourg) et un village est historique. Elle n'est pas une question de population ou de forme, mais de statut politique. Un village désigne ordinairement une paroisse ou une partie de paroisse dont le seigneur local assure la sécurité, la justice et l'administration, soit directement, soit au moyen d'un procureur fiscal qui applique la coutume locale. Avec la renaissance des villes, à partir du Xe siècle, dans les paroisses ayant le titre de bourg, les habitants portent le titre de bourgeois et possèdent le droit collectif de s'administrer et de se défendre. Ils sont dotés, par une chartre municipale passée avec le seigneur haut-justicier dont ils dépendent, d'une personnalité juridique collective, d'un sceau, d'un trésor; ils ont le droit d'élire un conseil municipal, de délibérer, de tenir un marché, de former des communautés de métiers, de lever des taxes, une milice et de se clore de murs pour assurer leur défense.

Les droits municipaux des villes varient considérablement selon leur ancienneté et leur importance : les plus ordinaires ne possèdent que la basse et moyenne justice, c'est-à-dire la voirie et la police, tandis que les villes anciennes, qui ont le titre de cité, possèdent la haute justice, c'est-à-dire le statut d'une baronnie ou d'une vicomté. Du fait que leurs échevins, consuls ou capitouls exercent les fonctions nobles de la haute justice et de la guerre en fournissant un contingent d'hommes d'armes, du fait qu'ils dépendent directement du comte ou du roi et qu'ils envoient des députés aux États généraux, les charges de consul ou d'échevins de ces villes sont souvent anoblissantes.

L'appellation de ville repose par conséquent sur l'existence d'une municipalité dont l'origine est soit un usage conservé depuis l'Antiquité, soit un acte rédigé lors de leur fondation par le seigneur supérieur qui accorde à tous ses habitants présents et à venir des coutumes, libertés ou des franchises, c'est-à-dire un règlement d'administration publique qui vient compléter la coutume locale.

Cette distinction administrative entre village, bourg et cité a été supprimée avec tous les autres privilèges de la noblesse sous la Révolution française. Toutes les anciennes paroisses des bourgs et de la campagne, au nombre de 36 000, sont transformées en autant de municipalités pour lesquelles est promulgué un Code des communes uniforme. Avec cette réforme, et la vente comme biens nationaux de tous leurs bâtiments municipaux (collèges, hôpitaux, bien-fonds…) les anciens bourgs perdent une grande partie de leur richesse, de leur autonomie et de leurs pouvoirs, notamment pour la fiscalité, les affaires sociales, l'instruction, la culture ou l'urbanisme, qui se trouvent centralisés au niveau de l'administration départementale ou centrale.

À partir de cette époque, les appellations de ville, de bourg et de village se spécialisent pour distinguer les agglomérations urbaines selon leur taille, les bourgs étant des petites villes ou de gros villages établis à la campagne.

Par la population et densité de population

La ville de New York (États-Unis)

Le seuil à partir duquel on parle de ville varie selon les époques et les pays. Il pose la question des représentations de la ville selon les pays. Les statistiques des Nations unies montrent les différences de seuil entre les instituts nationaux de statistiques (il en existe presque 200 à travers le monde). Si en France ou en Allemagne, le seuil est de 2 000 habitants agglomérés, il est au Danemark de 200, en Islande de 300, au Canada de 1 000, aux États-Unis de 2 500, en Suisse et en Espagne de 10 000, au Japon de 50 000. Les Nations unies se réfèrent quant à elles au seuil de 20 000 habitants.
Une définition statistique internationale de la population urbaine a été déterminée lors de la Conférence de Prague en 1966.

La densité de population est un des critères possibles, qui est notamment influé par la hauteur des bâtiments. En Europe, les urbains occupent un pour-cent de la superficie totale du continent, mais leur empreinte écologique s'étend bien au-delà de la surface des villes.

La ville consomme plutôt moins de ressources (renouvelables ou non-renouvelables) par habitants que dans les zones de périurbanisation (grâce notamment aux transports en communs, plus efficients et à de moindres besoins de mobilité), mais dans les années 1990, une ville européenne d'un million d'habitants consommait environ 11 500 t/jour de combustibles fossiles, 320 000 t d'eau et 2 000 t de denrées alimentaires, en produisant 25 000 t de CO2, 1 600 t de déchets solides et en évacuant 300 000 t d'eaux usées[3],[4].

Typologie

Par la fonction principale

Malgré la diversité des situations, il est possible de dresser une typologie des villes :

Par la taille

Article détaillé : Aire urbaine.

Les grandes villes sont le produit de l'étalement urbain ainsi que de la concentration des pouvoirs stratégiques de commandements dans de multiples domaines (politique, administratif, économique, culturel, militaire, etc.). On utilise généralement le terme de "métropole" pour les désigner. Toutefois, de nouvelles expressions permettent de les distinguer, notamment selon leur rayonnement au niveau mondial :

Expressions et citations

Expressions

Vue aérienne de Genève (Suisse)
Quartier financier de Toronto (Canada)
Vue aérienne de Venise (Italie)
  • « En ville » s'oppose au monde rural - on utilise l'adjectif « citadin » pour désigner ce qui est relatif à la ville.
  • « Centre-ville » désigne le cœur de la ville, par opposition à la banlieue.
  • La « pucelle » ou « l'inviolée » était le surnom donnée à Metz au Moyen Âge.
  • La « cité des ducs » est un des surnoms de Nancy.
  • La « cité des sacres » ou la « cité des rois » sont des périphrases de Reims.
  • La « Venise de l'Ouest » et la « cité des ducs », « Nantes la rouge et noire » ou la « ville émeutière » (en référence à sa tradition anarcho-syndicaliste) sont des surnoms de Nantes.
  • La « cité des Vénètes » ou « la Blanche » sont les surnoms donné à la ville de Vannes.
  • La « ville aux sept collines » et la « ville éternelle » sont des surnoms de Rome. Yaoundé est également appelée « ville aux sept collines ».
  • La « ville des vents » est un des surnoms de Chicago.
  • La « ville lumière » est un des surnoms de Paris.
  • La « plus petite des grandes capitales » ou « la Rome protestante » sont les surnoms de Genève.
  • La « ville aux mille fontaines » est un des surnoms d'Aix-les-Bains.
  • La « ville musée » est un des surnoms de Rouen qui a également pour surnom la « ville aux 100 clochers » (donné par Victor Hugo) et « l'Athènes du gothique » (donné par Stendhal).
  • La « ville reine » est un des surnoms de Toronto.
  • La « ville rose » est un des surnoms de Toulouse.
  • La « ville aux cent clochers » est un des surnoms de Caen, Dijon, Liège, Montréal, Poitiers, Prague, Rouen ou Troyes.
  • La « grosse pomme » (Big Apple) est un des surnoms de New York, comme la « ville qui ne dort jamais ».
  • La « villes des fèves » (Beantown) est un des surnoms de Boston.
  • La « ville des péchés » (Sin City) est un des surnoms de Las Vegas.
  • « Motor City » est un des surnoms de Détroit.
  • La « sérénissime » est un des surnoms de Venise.
  • La « cité ardente » est le surnom donné à Liège.
  • La « capitale des Alpes » est le surnom donné à Grenoble.
  • La « Venise du Nord » est le surnom donné aux villes de Bruges et de Stockholm.
  • « The Big Easy » est le surnom donné à La Nouvelle-Orléans.
  • La « ville des pêcheurs » en référence à la tradition révolutionnaire des pêcheurs, est le surnom donné à Lorient.

Citation

« Les villes sont des bibles de pierre. Celle-ci n'a pas un dôme, pas un toit, pas un pavé qui n'ait quelque chose à dire dans le sens de l'alliance et de l'union, et qui ne donne une leçon, un exemple ou un conseil. Que les peuples viennent dans ce prodigieux alphabet de monuments, de tombeaux et de trophées épeler la paix et désapprendre la haine. (…)
Le genre humain a deux livres, deux registres, deux testaments, la maçonnerie et l'imprimerie, la bible de pierre et la bible de papier. » Victor Hugo, Paris

« Il n'est de cité que je préfère à Reims : c'est l'ornement et l'honneur de la France. » Jean de La Fontaine

Voir aussi

Articles connexes

Listes :

Histoire

Urbanisme :

Sociologie

Ecologie

Littérature

Cinéma

Bibliographie

Voir aussi les dictionnaires de géographies donnés dans la bibliographie de l'article Géographie

  • Bairoch P., De Jéricho à Mexico : Villes et économie dans l'histoire, Gallimard, Paris, 1985.
  • Beaujeu-Garnier J., Géographie urbaine, Armand Colin, Paris, 1980 ; rééd. 1987.
  • Marchal H., Stébé J.-M., La Ville. Territoires, logiques, défis, Ellipses, coll. « Transversale Débats », Paris, 2008.
  • Moriconi-Ebrard F., L'Urbanisation du monde depuis 1950, Economica/Anthropos, Paris, 1993.
  • Paquot T., Lussault M., Body-Gendrot S., La Ville et l'Urbain. L'état des savoirs, La Découverte, coll. « Textes à l'appui », Paris 2000.
  • Raulin A., Anthropologie urbaine, Armand Colin, coll. « Cursus », 2001.
  • Stébé J.-M., Marchal H., La Sociologie urbaine, PUF, coll. « Que sais-je? », Paris, 2007.
  • Veltz P., Mondialisation, villes et territoires : l'économie archipel, PUF, Paris, 1996.
  • Jean -Pierre Paulet, Géographie urbaine, éd. Armand Colin, coll. « U Géographie », Paris, 2e édition 2005, 342 p. (ISBN 220026934X et ISBN 978-2200269340) ; rééd. 2009
  • Jean -Pierre Paulet, Géographie urbaine, éd. Armand Colin, coll. « 128 », Paris, 2009, 128 p. (ISBN 2200355726 et ISBN 978-2200355722)
Revues/articles

Liens externes

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Notes et références

  1. ONU, Note no 6144, 22 avril 2008 (Communiqué de presse)
  2. Rapport de prospective de l'ONU sur l’urbanisation, World Urbanization Prospects, Octobre 2006
  3. Évaluation DOBRIS Agence européenne pour l'environnement 1994
  4. « Dictionnaire des sigles, des mots clés - Dégradation de l'environnement urbain », sur le site planetecologie.org, consulté le 11 juin 2009
  5. Claude Mangin, L’Allemagne, Belin, Paris, 2003, (ISBN 2701132290), p. 90
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Panorama de Paris
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