Économiste

Économiste
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Un économiste est un expert en sciences économiques. Il peut s’agir d’un chercheur en économie, ou bien d’une personne qui écrit, développe et utilise des théories économiques pour les appliquer au domaine de l’économie politique.

Des dizaines de domaines de spécialisation existent : les individus sont alors des macroéconomistes, microéconomistes, des économètres, etc.

Les statistiques nécessaires au travail des économistes ont été approfondies pour former le domaine de l’économétrie – domaine de recherche exclusif pour certains chercheurs –, qui permet d’établir empiriquement des lois et modèles économiques et des théorèmes économiques.

Dans le cas des recommandations de politique économique apportées à la société, de grands principes émergent, mais dans certains domaines « les divisions des économistes sont notoires[1] ».

Sommaire

Formation

La grande majorité des universités et grandes écoles ont un département de sciences économiques, qui délivre des diplômes en économie : licence, master, et thèse en France ; master of science et Ph.D dans les pays anglo-saxons. Les économistes peuvent également avoir une formation complémentaire en sociologie, en histoire, etc. Les économistes les plus reconnus ont, en plus d'une formation en économie, une formation en mathématiques, qui permet l’élaboration de modèles et de théorèmes.

« Nos collègues du département de physique, de l'autre côté du campus, peuvent trouver saugrenue l'idée que nous considérons que nous faisons un travail très proche du leur, mais nous expliquerons immédiatement à qui sera prêt à nous écouter que les économistes construisent leurs théories avec une précision mathématique, qu'ils accumulent d'immenses bases de données portant sur les comportements individuels et collectifs, et qu'ils utilisent les techniques statistiques les plus sophistiquées pour parvenir à des résultats empiriques exempts de biais statistique et d'idéologie (en tout cas, c'est ce que nous aimons croire). »

— Gregory Mankiw, The Macroeconomist as Scientist and Engineer[2]

Formation en France

Hélène Rey, économiste française enseignant à Princeton, souligne les différences majeures de formation des économistes entre les États-Unis et la France ; en France, les étudiants en économie peuvent être formés soit par des grandes écoles (à entrée hautement compétitive), soit par les universités. Selon Hélène Rey, le système de formation universitaire français est mauvais. Dans l’Université en France, un fois admis à l’agrégation du supérieur, un étudiant sera nommé professeur à vie ; son statut ne pourra changer quelle que soit l’étendue de ses succès ou échecs en recherche et en enseignement[3],[4].

Profession

Les économistes peuvent travailler dans des centres de recherche en économie, pour le gouvernement (dans des centres d'analyses ou des ministères), dans des banques, ou pour des entreprises privées (cas en majorité de microéconomistes).

Il est plus difficile de définir la formation nécessaire au métier d’économiste que celui de professions très règlementées (médecine, droit, etc.). Il n’est pas nécessaire de posséder un diplôme pour se prétendre économiste, cependant posséder un diplôme du second degré semble être un minimum pour avoir un minimum de crédibilité et/ou obtenir un poste dans un institut de recherche.

Les hommes politiques font appel à l’analyse d'économistes avant de mettre en place des mesures de politique économique. Par ailleurs, de nombreux hommes politiques sont diplômes en économie ; en France, Raymond Barre, Dominique Strauss-Kahn, etc. Au Canada, Jacques Parizeau, Stephen Harper, etc.

Spécialisation

Les économistes ont souvent un domaine de spécialisation ; cela peut être l’étude du marché du travail (Pierre Cahuc, Francis Kramarz, Olivier Blanchard, etc.), l’étude de la politique monétaire, des marchés financiers (Michel Aglietta, etc.), l’économie géographique, l’économie des institutions, l’économie de la santé, etc. (voir Liste des branches de l'économie).

Rôle des économistes

Les économistes jouent un rôle d’expertise pour les centres de décision (organisations) et pour les dirigeants politiques (État, collectivités territoriales). Ils recommandent la mise en œuvre de réformes économiques pour améliorer le fonctionnement de l’économie, l’adapter aux changements, atteindre des objectifs en termes de bien-être collectif.

En France

Selon Hélène Rey, « il va bien de soi que le rôle des économistes dans la vie publique est simplement d’informer les hommes politiques sur l’existence et l’importance quantitative de certains mécanismes économiques, jamais de prendre des décisions[4]. »

Elle note cependant qu’en France, « bon nombre de décisions économiques très importantes ont été prises dans le passé sans qu’aucun débat économique n’ait eu lieu ou même aucune étude économique indépendante n’ait été réalisée préalablement[4]. »

Par ailleurs, selon elle, le rôle des économistes est dévalorisé en France pour de mauvaises raisons : « l’économie, contrairement aux mathématiques n’est pas traditionnellement en France une discipline noble et les économistes n’ont jamais joué dans la vie publique le même rôle de premier plan que les énarques (qui ont une formation avant tout juridique et administrative)[4]. »

« L’économie n’est traditionnellement en France ni une matière d’excellence, ni une matière très appliquée, en phase avec les problèmes concrets de la vie quotidienne. Du coup, le grand public ne la connaît pas très bien. L’économie n’est pas, en particulier, l’apologie du néolibéralisme, contrairement à un cliché que je crois fort répandu en France. Les méthodes, puissantes, de l’économie ou de l’économétrie (qui ne s’acquièrent vraiment qu’après de longues études et une pratique de la recherche) peuvent être utilisées dans de multiples contextes qui vont de la régulation des marchés à l’aide au développement. Combien de gens ne seraient-ils pas surpris de savoir que c’est à Harvard, au MIT et à Columbia (ces temples du libéralisme, de la pensée néoclassique, ces adeptes de la jungle du capitalisme !) que l’on met au point nombre de programmes d’aide pour les pays les plus pauvres dans le cadre du « millenium project » de l’ONU ? Malheureusement rien de tel ne se passe dans les universités françaises. »

— Hélène Rey, La France et ses économistes[4]

En 2010, un groupe d'économistes hostiles à la doctrine néolibérale lancent le Manifeste d’économistes atterrés[5] avec un but pédagogique envers de fausses évidences[6].

Économistes célèbres

Écoles de pensée

Article connexe : École de pensée économique.

Différents courants de pensée économique existent de nos jours. Au-delà de courants relativement marginaux, la majorité des économistes approuvent le libéralisme économique et, après l'effondrement du communisme, ont reconnu le système économique capitaliste de libre-entreprise comme le meilleur, la mise en place de politiques économiques permettant de gommer certains de ses défauts.

Les échecs des politiques keynésiennes traditionnelles au cours des années 1970 et 1980 ont réduit l’influence du courant keynésien et rendu obsolètes une partie des connaissances acquises précédemment.

L’analyse du rôle de la monnaie dans l’économie a été profondément enrichie par le courant monétariste, à partir des années 1960 (principalement par Milton Friedman), sans qu’un consensus émerge entre économistes.

Il est majoritairement considéré que l’économie d’une région ou d’un pays répond à la fois à des mécanismes keynésiens à court terme (l’effet multiplicateur keynésien par ex.) et aux mécanismes fondamentaux de l’équilibre général développé par l’école néoclassique, qui prédominent pour le moyen terme et le long terme. Différentes formes de synthèse ont donc été bâties par les économistes, dont les majoritaires sont la synthèse néoclassique et la synthèse néokeynésienne.

Des courants assez proches regroupant des économistes connus sont la nouvelle économie classique (Robert Lucas Jr, Finn E. Kydland, Edward C. Prescott, Robert Barro…) et la nouvelle économie keynésienne (Joseph Stiglitz, George Akerlof, Gregory Mankiw, Stanley Fischer, David Romer…).

Dans l’ensemble, les idées en science économique sont encore en évolution ; les recommandations de politique économique peuvent ainsi changer significativement dans le temps et selon les courants économiques.

Notes et références

  1. Encyclopædia Universalis, v. 11, article science économique
  2. (en) The Macroeconomist as Scientist and Engineer, mai 2006, p. 1 [lire en ligne] (traduction libre pour Wikipédia) : « Our colleagues in the physics department across campus may find it amusing that we view them as close cousins, but we are quick to remind anyone who will listen that economists formulate theories with mathematical precision, collect huge data sets on individual and aggregate behavior, and exploit the most sophisticated statistical techniques to reach empirical judgments that are free of bias and ideology (or so we like to think). »
  3. Le système de formation universitaire français « est plein de bonnes intentions. Le principe d’égalité est louable en soi. Qui ne serait pas, en théorie, favorable à un accès égal aux programmes doctoraux pour tous ? A un traitement égal des universités par l’État ? Le problème, c’est qu’à trop égaliser, on détruit les incitations. Le système doctoral français serait peut-être le meilleur système dans un certain monde. [..] Malheureusement, même en France, un tel monde n’existe pas. Appliquer aveuglément la recette de l’égalité résulte dans le cas précis de l’enseignement supérieur universitaire et de la recherche en un immense gâchis. »
  4. a, b, c, d et e La France et ses économistes, Hélène Rey, octobre 2003
  5. http://www.atterres.org/
  6. http://www.sudouest.fr/2011/04/16/economistes-atterres-373317-2780.php

Sources

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Voir aussi


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