Édouard Chimot

Édouard Chimot

Édouard Chimot (Lille, 26 novembre 1880 - Paris, 7 juin 1959) est un artiste français, peintre, illustrateur, graveur et directeur artistique dont la carrière a atteint sa consécration dans les années 1920 à Paris, en publiant une trentaine d'ouvrages aux Éditions d'Art Devambez.

En tant qu'artiste son œuvre occupe une place remarquable, mais c'est comme directeur artistique que son travail prit toute sa dimension, faisant collaborer ensemble des talents exceptionnels au moment de la période art nouveau.

Sommaire

Biographie

Les débuts

Édouard Chimot étudie sous la direction de Pharaon de Winter aux beaux-arts de Lille, puis sous celle de Jean-Baptiste Levert et d'Alexis Mossa à l'école des Arts décoratifs de Nice où il apprend véritablement le dessin. Le début de sa carrière n'est pas très précis. Il semble qu'il ait exposé pour la première fois en 1912, assez tard, à l'âge de trente-deux ans, à l'approche de la Première Guerre mondiale, ce qui entraîna une césure dans sa carrière. Ce n'est qu'à trente-neuf ans que Chimot marqua la scène artistique parisienne.

Ce début tardif pourrait être dû au fait que Chimot suivit une formation d'architecte. La seule preuve qui permette d'émettre cette hypothèse se trouve dans le guide Fodor, qui crédite Chimot de l'architecture en 1903 de la villa Lysis à Capri, pour le baron Jacques d'Adelswärd-Fersen.

Puis Édouard Chimot vient à Paris où il effectue différents métiers pour gagner sa vie tout en se consacrant la nuit au dessin[1]. C'est alors qu'il songe à graver ses dessins. Il s'achète une presse et, tout seul, apprend la gravure dans ses rares heures de liberté.

Dans les années précédant la Grande Guerre, il habite un atelier à Montmartre. « De jeunes et jolies femmes[1] » commencent à lui servir de modèle. En 1912, sa première exposition de dessins, gravures et monotypes est couronnée de succès. Il décide de publier un premier ouvrage à tirage limité avec les textes de René Baudu, intitulé Les Après-midi de Montmartre, avec ses dessins qu'André Warnod nomme ses « petites filles perdues ». Puis vient la guerre durant laquelle il est mobilisé près de cinq ans.

Un nouveau départ

Après la Première Guerre mondiale, Chimot loue l'atelier d'Auguste Renoir, boulevard de Rochechouart.

Son premier livre illustré, La Montée aux enfers, le lance et lui permet d'achever ses Après-midi de Montmartre. L'ouvrage est publié en 1919. Suivent Les Soirs d’opium par Maurice Magre, Le Fou par Aurele Partorni, L’Enfer par Henri Barbusse, La Petite Jeanne pâle par Jean de Tinan et Mouki le Delaissé par André Cuel, tous illustrés avec des dessins originaux entre 1920 à 1922.

En 1921, Chimot collabore à La Roseraie : Revue des Arts et des Lettres, publiée par Roger Lacourière[2], graveur en taille-douce et fondateur, en 1919, de la maison d'édition La Roseraie[3] sous la direction artistique de Chimot. Un seul numéro paraîtra. Carco, Dignimont, Chas Laborde, Martin, Daragnès, Falké, Drian, Vertès et bien d’autres, qui tous s’emparaient d’un coin de table pour travailler, fréquentent les ateliers de La Roseraie[4]. Mac Orlan, en 1927, rédige l'introduction du catalogue des éditions de La Roseraie. Le directeur, Roger Lacourière, a débuté en gravant et en tirant des estampes pour d'autres. L'un des premiers livres édités par La Roseraie, après les Contes de Perrault, de Drian, fut le grand livre de Daragnès, Faust, auquel Mac Orlan fut associé car il en écrivit la préface.

Devambez

La consécration de Chimot fut son rôle de directeur artistique de Les Éditions d’Art Devambez. De 1923 à 1931, de son atelier de la rue Ampère, il supervise l'édition de livres d'art illustrés par des artistes comme Pierre Brissaud, Edgar Chahine, Alméry Lobel-Riche, et Tsugouharu Foujita. Cependant, il se réserva des textes d'exceptions pour les illustrer Les Chansons de Bilitis de Pierre Louÿs (1925), Les Belles de nuit de Maurice Magre (1927), et enfin Parallèlement de Paul Verlaine (1931).

Pour célébrer la femme, Chimot, va s'inspirer d'œuvres littéraires réalistes ou sulfureuses qui répondent à ses propres aspirations. Leurs poèmes ou leurs textes l'inspirent car ils exaltent la séduction féminine, la passion absolue, le désir exacerbé, il s'y mêle érotisme, beauté sublimée, rêverie, fantasmes, plaisir, triomphe, mais aussi souffrances et humiliations[1]. Derrière l'amour subi ou consenti, il y a une course effrénée à l'oubli. Chimot va devenir le chantre visuel insatiable de la Beauté, de la Volupté et de la Mort.

Dans les années 1920, Édouard Chimot participe à deux films, L’Ornière (1924, aussi connu sous le titre de Micheline Horn et de Sur le Chemin de Vrai) puis Survivre (date inconnue). Durant cette période, il noue non seulement des alliances artistiques mais aussi des alliances littéraires avec le Surréaliste Gilbert Lely, qui lui dédie sa première publication, Ne tue ton père qu’à bon escient, en 1929. Le 23 octobre de cette année, Édouard Chimot à l'âge de 49 ans, il était une figure incontournable du monde de l'Art, un éditeur généreux avec ses artistes, et lui-même un artiste dont le public admirait les nus symbolistes, « soumises à leurs passions mortelles et délicieuses », comme l'écrivit André Warnod.

Arriva le krach de Wall Street et la crise de 1929, qui met fin aux commandes de livres d'art à tirage limité. Quand les derniers livres en production chez Devambez sortent, dont l'édition par Chimot de Parallèlement, publié en 1931, une page se tourne.

Cette même année une monographie de Chimot est publiée par Maurice Rat avec une préface de Maurice Magre, dans la série Les Artistes du livre, mettant un point final aux glorieuses années de direction artistique.

La fin de carrière

Les trente dernières années du travail de Chimot font ressortir un sentiment de tristesse bien que, du fait de son exceptionnel talent, des moments de grâce et de génie éclairent cette période.

Dans la dernière année de sa vie paraît une collection de 16 de nus féminins, Les Belles que voilà : mes modèles de Montmartre à Séville, qu'il considère comme une sélection de son œuvre et de sa relation à la beauté féminine.

En 1926, dans un article de L’Ami du Lettré, Chimot écrivait :

« J’ai choisi la femme comme sujet préféré, puis unique de mon œuvre. Je recherché un modèle au corps élégant et mince avec le côté moderne, un peu androgyne. Je fais beaucoup de dessins dans l’ambiance du texte, puis je choisis parmi eux. La gravure devient une traduction libre de mon dessin. Il me faut de deux à quatre semaines pour une gravure. Je ne fais que de l’eau-forte. »

Chimot tombe amoureux de l'Espagne lors de ses recherches pour l'ouvrage La Femme et le Pantin de Pierre Louÿs en 1928.

En 1938, lui et sa femme Loulou trouvèrent refuge au moment de la guerre dans la maison de vacances qu'ils avaient achetée à Barcelone. À compter de ce moment, les ouvrages furent publiés à Barcelone, le plus souvent pour illustrer des textes en espagnol.

Notes

  1. a, b et c J.-L. Bernard, Édouard Chimot 1880-1959 : bibliographie des œuvres illustrés, 1991.
  2. Roger Lacourière (1892-1966), graveur et fils de graveur..
  3. Futur atelier Lacourière-Frélaut.
  4. Catalogue des éditions de la Roseraie, 1927.

Sources

Source principale

  • J.-L. Bernard, Édouard Chimot 1880-1959 : bibliographie des œuvres illustrés, édition de 200 exemplaires, 1991

Autres

  • Anon, « The Work of The Maison Devambez », Commercial Art Magazine, mai 1928
  • J. Bailly-Herzberg, L’Estampe en France 1830-1950 (Arts et Métiers Graphiques, 1985)
  • E. Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs (Gründ, 14 vol., 1999)
  • [Édouard Chimot], Les Éditions d’Art Devambez (Éditions d’Art Devambez, 1929)
  • Colette Giraudon, Paul Guillaume et les Peintres du XXe Siècle (La Bibliothèque des Arts, 1993)
  • Paul Guillaume, 'A New Aesthetic', Les Arts à Paris, 15 mai 1919
  • Luc Monod, Manuel de l’Amateur de Livres Illustrés Modernes 1875-1975 (Ides et Calendes, 1992)
  • Pierre Mornand, Trente Artistes du Livre (Éditions Marval, 1945)
  • Pierre Mornand, Vingt-Deux Artistes du Livre (Courier Graphique, 1948)
  • Pierre Mornand, Vingt Artistes du Livre (Courier Graphique, 1950)
  • Marcus Osterwalder, Dictionnaire des Illustrateurs, 1800-1965 (Ides et Calendes, 3 vols, 2000)
  • Maurice Rat, Édouard Chimot (Henri Babou, 1931)
  • W.J. Strachan, The Artist and the Book in France (Peter Owen, 1969)
  • Martin Wolpert and Jeffrey Winter, Figurative Paintings: Paris and the Modern Spirit (Schiffer, 2006)

Liens externes


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