Église Saint-Étienne de Caen

Église Saint-Étienne de Caen
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Église Saint-Étienne de Caen
Image illustrative de l'article Église Saint-Étienne de Caen
Vue générale
Présentation
Culte Catholique romain
Type Église paroissiale
Rattaché à Diocèse de Bayeux et Lisieux
Début de la construction XIe siècle
Protection  Classé MH (1840)
Géographie
Pays France
Région Basse-Normandie
Département Calvados
Ville Caen
Coordonnées 49° 10′ 54″ N 0° 22′ 22″ W / 49.1817823, -0.372843149° 10′ 54″ Nord
       0° 22′ 22″ Ouest
/ 49.1817823, -0.3728431
  

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Église Saint-Étienne de Caen

L'église Saint-Étienne de Caen est une église paroissiale de la ville de Caen. Cette ancienne abbatiale de l'abbaye aux Hommes ne doit pas être confondue avec l'église Saint-Étienne-le-Vieux située à proximité. L'église fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840[1].

Sommaire

Histoire

Construite après la conquête normande de l'Angleterre, l'abbatiale Saint-Étienne bénéficie des richesses que le duc-roi tire des territoires conquis. Elle est consacrée en 1077 par l’archevêque Jean d'Ivry.

L'ordonnance du 12 juillet 1791, qui réduit le nombre des paroisses caennaises de treize à sept, incorpore à la paroisse Saint-Étienne celle de Saint-Martin, de Saint-Nicolas, de Saint-Germain-la-Blanche-Herbe et de Saint-Ouen, les deux dernières conservant la qualité de succursale. L’église Saint-Étienne-le-Vieux est désaffectée et l'ancienne abbatiale devient paroissiale[2].

Architecture

Extérieur

La haute façade ne comporte presque aucune décoration, si ce n'est de minces voussures autour des portails et une croix sculptée. La façade de l'abbatiale, qui frappe d'abord par son épure et sa rigueur, est le premier exemple d'une formule appelée à dominer la construction des plus grandes églises d'Occident : la « façade harmonique normande ». Celle-ci consiste en deux tours occidentales d'élévation identique plantées sur la première travée des collatéraux, alignées sur la porte principale de la nef, de sorte à créer une façade rectiligne.

Les trois niveaux inférieurs de la façade forment un bloc carré, contribuant à l'aspect massif de l'ensemble. Excepté quelques ornements géométriques aux voussures des trois portails et au pignon de la nef, la nudité de ce bloc est frappante : l'impression d'ensemble est soumise aux lignes architecturales, aux quatre contreforts massifs d'abord, qui accompagnent le regard du sol vers les tours ; aux dix grandes fenêtres ensuite, dont la base est prolongé par des cordons saillants.
Les tours se divisent en trois étages de hauteur égale dont la progression accentue l'élan du regard vers le ciel. L'étage inférieur est aveugle et compte sept arcatures étroites sur chaque face. Le second niveau est plus orné et moins dense : cinq arcatures dessinées par des demi colonnes jumelées. Le troisième niveau, enfin, est plus aéré et largement décoré : deux grandes baies comportent chacune deux baies séparées par une colonne ; les écoinçons sont décorés et les archivoltes moulurées.

Deux flèches gothiques au XIIIe siècle (hauteur 80 et 82 mètres) coiffent ses deux tours romanes. Elles consistent en deux octogones effilés posées sur des bases carrées, garnie de huit clochetons eux-mêmes octogonaux pour la tour Nord (triangulaires pour la tour Sud). Les tours symétriques sont de plus en plus richement décorées au fur et à mesure de leur élévation.

Le chevet est construit au XIIIe siècle par un certain maître Guillaume dont la pierre tombale se trouve sous le mur gouttereau. Il est reconstruit au XVIIe siècle après l'effondrement, en 1566 de la flèche de la tour-lanterne. Les quatre clochetons surmontés de flèches lui donnent cet aspect original que l'on retrouve à Coutances et Bayeux.

L'extérieur présente l'humble élévation suivante : le mur collatéral est rythmé par une succession de baies et de larges contreforts, l'étage supérieur, plus élaboré, propose une bande continue d'arcatures plaquées, deux étroites arcatures aveugles séparant les baies les unes des autres. Le chevet, entièrement remanié à la période gothique, est coiffé par deux couples de clochetons qui, une fois de plus, participent à l'incroyable impression d'élan vertical, donné aussi de ce côté de l'église. Les deux collatéraux se rejoignent au niveau de l'abside en un déambulatoire qui donne sur treize chapelles absidiales. Dans les années 1720, le terrain à l'est de l'abbaye a été remblayé de 25 pieds afin d’aménager les jardins (actuelle esplanade Jean-Marie Louvel)[3]. Le pied du chevet a donc été légèrement enterré.

Intérieur

Plan de l'abbatiale dessiné par Victor Ruprich-Robert en 1863

La nef est longue de 56 mètres, elle constitue un parfait exemple du style roman normand. Chacune des huit travées, dont la première est occupée par l'orgue, comprend trois niveaux : celui des grandes arcades du rez-de-chaussée, celui des tribunes au premier étage, celui des fenêtres hautes (la claire-voie) au second étage. Aux niveaux inférieur et intermédiaire, les arcades sont en plein cintre, à double rouleau (la voussure externe est moulurée) ; les fenêtres hautes offrent, pour deux travées, quatre arcatures décorées, symétriques deux à deux. L'unité élémentaire de cette élévation est de deux travées, subtilement délimitées par l'alternance des supports (pile faible constituée d'une simple demi colonne, recevant l'arc-doubleau de la voûte ; pile forte constituée d'une demi colonne reposant sur un dosseret, supportant un doubleau et deux ogives). L'étage des tribunes a pour but, par sa voûte en demi-berceau, de soutenir les murs de la nef. Au niveau des fenêtres, une galerie, la « coursière » permet de faire tout le tour de l'abbatiale. À l'origine couverte d'une charpente en bois (plafond plat ou voûte en berceau comme dans la nef du Mont-Saint-Michel ? ), la nef a reçu, à partir de 1115, des voûtes sexpartites, sur croisée d'ogives en plein cintre. Ces voûtes seraient, après celles de Durham (Angleterre) et Lessay (Manche) édifiées autour de 1100, les plus anciennes voûtes sur croisées d'ogives de France. La tribune nord est occupée par une horloge comportant l'inscription : Dérigée par Fierville commis, exécutée par Gautier à Caen 1744.

Les bas-côtés sont voûtés d'ogives, les tribunes sont voûtées en demi-berceaux, la nef est voûtée d'ogives sexpartites, chaque groupe de deux travées ayant reçu une croisée d'ogives aux nervures moulurées retombant sur de courtes colonnettes raccordées aux dosserets des piles fortes.

Le transept comporte deux croisillons au fond desquels se trouvent une tribune et donnant sur une absidiole, la croisée supporte une tour-lanterne octogonale où courent des arcatures dessinées au premier étage par des colonnes cylindriques.

Le chœur de l'église abbatiale Saint-Étienne de Caen est le premier édifice construit après l'annexion de la Normandie au domaine royal (1204) quoique certains historiens pensent qu'il pourrait avoir été commencé en 1195, mais cette thèse est discutée. Il témoigne de l'introduction timide du style gothique dans la région et des résistances du style normand. La décoration de petites roses, trèfles et quatre-feuilles est typiquement normande. Il y a treize chapelles rayonnantes.

Le tombeau de Guillaume le Conquérant (mort le 9 septembre 1087) était placé au milieu du chœur (peut-être sous la tour-lanterne). Son fils, Guillaume le Roux, fait construire un monument en marbre, surmonté d'un gisant. Ce monument est détruit en 1562 par les huguenots. En 1742, le tombeau est réduit à un simple caveau recouvert d'une pierre tombale situé dans le sanctuaire. À la Révolution, la pierre tombale du duc Guillaume est à nouveau détruite. Elle est remplacée en 1802 par la pierre tombale visible actuellement. Elle porte, en latin, l'inscription suivante :

HIC SEPULTUS EST
INVICTISSIMUS
GUILLELMUS
CONQUESTOR
NORMANNIÆ DUX
ET ANGLIÆ REX
HUJUSCE DOMUS
CONDITOR
QUI OBIIT ANNO
MLXXXVII

Cette inscription peut être traduit par : « Ici repose l'invincible Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d'Angleterre, fondateur de cette maison, qui mourut l'année 1087 ».

Orgue

L'orgue de tribune

Le buffet de l'orgue de tribune construit par les frères Lefebvre date de 1741 ; il repose sur deux cariatides du sculpteur rouennais Gouy. Ce buffet fait l'objet d'un classement au titre objet des monuments historiques par la liste de 1840[4]. L'orgue de soixante jeux d'origine a été remplacé en 1885 par un orgue de cinquante jeux conçu en 1882 par Cavaillé-Coll[5]. La partie instrumentale fait l'objet d'une inscription au titre objet des monuments historiques depuis le 15 janvier 1975[4]. La composition du clavier est[6] :

I Grand Orgue C–
Montre 16'
Bourdon 16'
Montre 8'
Flûte harmonique 8'
Bourdon 8'
Gambe 8'
Prestant 4'
Flûte octaviante 4'
Doublette 2'
Quinte 2 2/3
Plein jeu IV
Cornet V
Bombarde 16'
Trompette 8'
Clairon 4'
II Positif C–
Bourdon 16'
Principal 8'
Cor de nuit 8'
Salicional 8'
Unda maris 8'
Prestant 4'
Flûte douce 4'
Carillon III
Basson 16'
Trompette 8'
Cromorne 8'
III Récit expressif C–
Quintaton 16'
Diapason 8'
Flûte traversière 8'
Viole de Gambe 8'
Voix céleste 8'
Flûte octaviante 4'
Octavin 2'
Cornet 2 V
Bombarde 16'
Trompette 8'
Clarinette 8'
Basson-Hautbois 8'
Voix humaine 8'
Clairon 4'
Pédale C–
Bourdon 32'
Contrebasse 16'
Soubasse 16'
Grosse flûte 8'
Violoncelle 8'
Bourdon doux 4'
Flûte 4'
Bombarde 16'
Trompette 8'
Clairon 4'

Mobilier

L’église abrite un important mobilier liturgique dont une partie est protégée aux titres des monuments historiques :

Notes et références

  1. Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA00111124 » sur www.culture.gouv.fr.
  2. Louis Huet, Histoire de la paroisse Saint-Etienne de Caen : 1791-1891, Évreux, Imprimerie de l'Eure, 1892, pp. 17–18
  3. Célestin Hippeau, L'Abbaye de Saint-Étienne de Caen, 1066-1790, Hardel, Caen, 1855
  4. a et b Ministère de la Culture, base Palissy, « Notice no PM14001293 » sur www.culture.gouv.fr.
  5. Louis Huet, op. cit., p. 68
  6. Orgues de Normandie
  7. Notice no PM14000200, sur la base Palissy, ministère de la Culture
  8. Notice no PM14000184, sur la base Palissy, ministère de la Culture
  9. Notice no PM14000180, sur la base Palissy, ministère de la Culture
  10. Notice no PM14000178, sur la base Palissy, ministère de la Culture
  11. Notice no PM14000176, sur la base Palissy, ministère de la Culture
  12. Notice no PM14000175, sur la base Palissy, ministère de la Culture
  13. Notice no PM14000174, sur la base Palissy, ministère de la Culture
  14. Notice no PM14000173, sur la base Palissy, ministère de la Culture
  15. Notice no PM14000179, sur la base Palissy, ministère de la Culture
  16. Notice no PM14000181, sur la base Palissy, ministère de la Culture

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