Îles Kouriles

Îles Kouriles
Îles Kouriles
Курильские острова (ru)
Carte des îles Kouriles.
Carte des îles Kouriles.
Géographie
Pays Drapeau de Russie Russie
Revendication par Drapeau du Japon Japon
Archipel Aucun
Localisation Mer d'Okhotsk et océan Pacifique
Coordonnées 47° 08′ 53″ N 152° 25′ 37″ E / 47.148, 152.42747° 08′ 53″ N 152° 25′ 37″ E / 47.148, 152.427
Superficie 10 355,61 km2
Nombre d'îles 40
Île(s) principale(s) Itouroup, Ouroup, Kounachir, Paramouchir
Point culminant Alaid (2 339 m sur Atlassov)
Géologie Îles volcaniques
Administration
Drapeau de Russie Russie
Région économique Extrême-Orient
District fédéral Extrême-oriental
Oblast Oblast de Sakhaline
Démographie
Population 18 730 hab. (2009)
Densité 1,81 hab./km2
Autres informations
Fuseau horaire UTC+12

Géolocalisation sur la carte : Oblast de Sakhaline

(Voir situation sur carte : Oblast de Sakhaline)
Îles Kouriles
Îles Kouriles

Géolocalisation sur la carte : Russie

(Voir situation sur carte : Russie)
Îles Kouriles
Îles Kouriles
Archipels de Russie - Archipels du Japon

Les îles Kouriles (Курильские острова en russe) sont un archipel d'îles volcaniques qui forme une ligne discontinue de quelque 1 200 kilomètres de l'extrême Nord du Japon à la pointe sud de la péninsule du Kamtchatka séparant ainsi la mer d'Okhotsk de l'océan Pacifique. Ces îles qui par le passé ont changé plusieurs fois de statut sont aujourd'hui administrées par la Russie bien que certaines d'entre elles soient revendiquées par le Japon.

En japonais l'archipel est appelé Chishima rettō (千島列島?), ce qui signifie la chaîne des mille îles, ou, plus rarement, Kuriru rettō (クリル列島?), la chaîne des Kouriles. En russe on écrit Курильские острова (Kourilskie ostrova). Le nom de « kourile » est associé au peuple autochtone des Aïnous qui y vivait autrefois (et qui subsiste aujourd'hui, bien que largement métissé, dans l'île japonaise de Hokkaidō principalement), « kur » signifiant « homme » en langue aïnou.

Sommaire

Les îles

L'archipel des Kouriles compte une trentaine d'îles et de nombreux rochers pour une surface d'environ 10 600 km². Seules 4 de ces îles sont habitées. On distingue traditionnellement les Kouriles méridionales, ou Minami-chishima (南千島?, lit. « Chishima du sud »), proches du Japon et revendiquées par celui-ci sous le nom de territoires du nord (北方領土, hoppō ryōdo?), des Kouriles septentrionales, ou Kita-chishima (北千島?, lit. « Chishima du nord »).

Kouriles septentrionales, du nord au sud :

  • Choumchou (Шумшу) ou Shumushu (占守島, Shumushu-tō?)  : 360 km²
  • Atlassov (Остров Атласова) ou Araido (阿頼度島, Araido-tō?) : 154 km², elle est constituée uniquement d'un seul volcan actif l'Alaïd qui avec ses 2 339 mètres constitue le point culminant des Kouriles
  • Paramouchir (Парамушир) ou Paramushiru/Horomushiro (幌筵島, Paramushiru-tō/Horomushiro-tō?) : la plus grande des Kouriles septentrionales, 2 042 km² pour 3 500 habitants
  • Antsiferov (Остров Анциферова) ou Shirinki (志林規島, Shirinki-tō?) : 7 km²
  • Makanrouchi (Маканруши) ou Makanru (磨勘留島, Makanru-tō?) : 48 km²
  • Onekotan (Онекотан) ou Onnekotan (温禰古丹島, Onnekotan-tō?) : 432 km²
  • Kharimkotan (Харимкотан) ou Harimukotan/Harumukotan (春牟古丹島, Harimukotan-tō/Harumukotan-tō?) : 75 km²
  • Ekarma (Экарума) ou Ekaruma (越渇磨島, Ekaruma-tō?) : 28 km²
  • Tchirinkotan (Чиринкотан) ou Chirinkotan (知林古丹島, Chirinkotan-tō?) : 6 km²
  • Chiachkotan (Шиашкотан) ou Shasukotan (捨子古丹島, Shasukotan-tō?) : 122 km²
  • Raïkoke (Райкоке ou 雷公計島, Raikoke-tō) : 4 km²
  • Matoua (Матуа) ou Matsuwa/Matsua (松輪島, Matsuwa-tō/Matsua-tō?) : 52 km²
  • Raschoua (Расшуа) ou Rasutsua/Rashowa/Rashuwa/Rashua (羅処和島, Rasutsua-tō/Rashowa-tō/Rashuwa-tō/Rashua-tō?) : 62 km²
  • Ouchichir (Ушишир) ou Ushishiru (宇志知島, Ushishiru-tō?) : 5 km²
  • Ketoï (Кетой) ou Ketoi (計吐夷島, Ketoi-tō?) : 64 km²
  • Simouchir (Симушир) ou Shimushiru/Shinshiru (新知島, Shimushiru-tō/Shinshiru-tō?) : 362 km²
  • Brouton (Броутона) ou Buroton (武魯頓島, Buroton-tō?) : 6 km²
  • Tchirpoïev (Чирпой) ou Chirihoi (知理保以島, Chirihoi-tō?) : fait partie du groupe des 3 îles des frères noirs, 20 km²
  • Ouroup (Уруп) ou Uruppu (得撫島, Uruppu-tō?) : 1 430 km²

Kouriles méridionales :

  • Itouroup (Итуруп) ou Etorofu (択捉島, Etorofu-tō?) : la plus grande des Kouriles (3 238 km²) et la plus peuplée (7 000 habitants)
  • Kounachir (Кунашир) ou Kunashiri (国後島, Kunashiri-tō?) : la plus méridionale des Kouriles à 7 km de l'ile d'Hokkaidō au Japon, 1 550 km² pour 4 000 habitants
  • Chikotan (Шикотан ou 色丹島, Chikotan-tō) : c'est la plus grande des petites Kouriles, 182 km² pour 1 500 habitants
  • groupe des Habomai (Хабомай ou 歯舞諸島, Habomai shotō) : archipel d'îles basses et inhabitées faisant partie des petites Kouriles

Histoire

Revendications des îles du sud par le Japon, et des îles du nord par la Russie (avant 1855)

Carte des îles au XVIIIe siècle

En 1643, le capitaine hollandais Maarten Gerritszoon de Vries est le premier européen à découvrir les Kouriles. À l'époque entre 3 000 et 3 500 Aïnous natifs du lieu vivent sur l'archipel de la pêche, de la chasse et vont commercer jusqu'aux îles Aléoutiennes et au Kamtchatka.

L'archipel des Kouriles est revendiqué par les Japonais à compter de l'époque d'Edo, date à laquelle le clan Matsumae administre de manière effective les îles les plus proches d'Hokkaidō. Dans leurs revendications les Japonais indiquent qu'ils connaissent les îles du nord depuis 370 ans et que le commerce entre ces îles et Ezo (Hokkaidō) existe depuis encore beaucoup plus longtemps. Sur une carte japonaise datant du shogunat Tokugawa (carte Shōhō Onkuko Ezu réalisée en 1644), sont indiquées 39 îles grandes et petites situées au nord de la péninsule de Shiretoko et du cap Nosappu.

La Russie commence à progresser vers les Kouriles au début du XVIIIe siècle. Mais, quoique les Russes envoient souvent des expéditions pour chercher et chasser les otaries dans l'archipel, ils ne dépassent pas le sud de l'île d'Ouroup. En effet, à cette époque, le shogunat Tokugawa contrôle les îles au sud d'Itouroup et y a placé des garnisons pour prévenir les incursions étrangères.

En 1737, un tsunami avec une vague d'au moins 60 mètres de hauteur ravage le nord des îles.

En 1811, le capitaine Golovnine et son équipage qui s'étaient arrêtés à Kounachir pour effectuer des relevés hydrographiques sont capturés par des serviteurs du clan Nambu et envoyés aux autorités du clan Matsumae. Comme un marchand japonais Takadaya Kahei avait été à la même époque capturé par un vaisseau russe près de Kounachir, le Japon et la Russie entament en 1813 des négociations pour fixer la frontière entre les deux pays.

L'administration japonaise du sud de l’archipel et russo-japonaise de Sakhaline et des îles du nord (1855–1875)

Le traité de Shimoda, signé le 7 février 1855, place la frontière dans l'archipel entre Russie et Japon au niveau du chenal séparant les îles d'Itouroup et d'Ouroup. L'empire russe reconnaît la souveraineté du Japon sur les îles Chikotan et Habomai, ainsi que sur celles de Kunashiri et Etorofu.

L'île de Sakhaline, quant à elle, est déclarée « indivise », Russes et Japonais s'autorisant mutuellement à y chasser et à s'y établir.

À la fin de l'été 1855, durant la guerre de Crimée, des troupes anglaises et françaises débarquent dans l'île d'Ouroup, territoire russe, et prennent possession de l'île qu'ils baptisent Ile de l'Alliance. L'archipel est rebaptisé Archipel des Brumes. Mais ces troupes ne restent pas longtemps et les territoires occupés sont restitués à la fin de la guerre.

En 1869, le nouveau gouvernement de l'ère Meiji créa à Sapporo une commission de colonisation pour faciliter le développement de la région nord. Ezo, renommée Hokkaidō, fut divisée en 11 provinces et 86 districts placés sous le contrôle des clans.

Cession par le Japon des droits sur Sakhaline à la Russie, contre ceux sur la totalité de l’archipel (1875–1941)

Les îles Kouriles et les frontières fixées par les différents traités russo-japonais

Au traité de Saint-Pétersbourg conclu le 7 mai 1875 le Japon cède à la Russie ses droits sur l'île de Sakhaline, où la colonisation russe est largement supérieure à la présence japonaise, mais en échange, récupère 18 îles Kouriles (de Ouroup à Choumchou) et le droit de commercer le long du littoral de la mer d'Okhotsk. Les historiens japonais perçoivent toutefois ce traité comme l'échange d'un territoire japonais contre un autre. Il est stipulé que les sujets des deux empires peuvent conserver leur nationalité et voyager dans leur pays d'origine, mais doivent accepter de se placer sous les lois de leur nouveau pays.

À compter de la signature du traité, l'archipel des Kouriles en entier fait intégralement partie du Japon et est rattaché administrativement à Hokkaidō comme l’étaient auparavant les îles du sud.

Le traité de Tokyo signé le 22 août 1875 ajoute un article au traité de Saint-Pétersbourg:

  1. Il précise que les sujets russes et japonais conservent leurs droits de chasse et de pêche et sont exemptés de taxes pour leur travail jusqu'à leur mort.
  2. Les sujets japonais de Sakhaline (île appartenant désormais à la Russie) et les sujets russes présents dans l'archipel conservent leur propriétés et un certificat devra leur être remis.
  3. La liberté de religion est accordée aux Japonais de Sakhaline et aux sujets russes des Kouriles. Notamment les cimetières, églises et temples doivent être conservés.
  4. Les Aïnous (peuple aborigène) de l'archipel et de Sakhaline doivent devenir sujets japonais ou russes dans les trois ans s'ils veulent rester sur place et conserver leurs propriété et droits.
  5. Les Aïnous conservent également leur droit à la liberté de religion sur l'île de Sakhaline et dans l'archipel. Leurs cimetières et temples sont conservés.

Comme le gouvernement Meiji ne pouvait contrôler la progression des russes vers le sud de Sakhaline, un troisième traité fut signé en 1878 qui convenait d'échanger définitivement les derniers droits sur Sakhaline contre ceux sur les 18 îles situées au nord d'Ouroup, qui appartenaient encore aux russes.

Durant la guerre russo-japonaise de 1905, Gunji, un militaire japonais retraité et un colon de Choumchou, monte depuis les Kouriles une force d'invasion qui débarque sur la côte du Kamtchatka. La Russie envoie des renforts qui capturent le groupe. À la fin de la guerre le Japon reçut des droits de pêche dans les eaux russes, et la moitié sud de l'île de Sakhaline, sans toutefois en obtenir la propriété territoriale : Sakhaline reste russe, et les îles Kouriles toutes japonaises.

Un réseau routier et un système postal furent mis en place à Kounachiri et Itouroup. La vie sur les îles devint moins précaire grâce à une desserte maritime régulière depuis Hokkaidō et à la mise en place d'un système télégraphique. Chaque village avait un bureau forestier de district, un centre d'examen de la production de la pêche, un centre de reproduction du saumon, une poste, une école élémentaire, un temple shinto et d'autres services publics.

En 1930, 8 300 personnes résidaient à Kounachiri et 6 000 à Itouroup, la plupart vivant de la pêche côtière ou hauturière. Il y avait alors en tout 17 000 Japonais vivant dans les Kouriles.

Au début de la Seconde Guerre mondiale qui se déclenche en Europe en 1939, le conflit se propage rapidement dans les colonies européennes en Asie et dans le Pacifique. Dans l'archipel, depuis octobre 1940, des unités de la 7e division japonaise sont installées dans les îles de Paramouchir, Choumchou à l'extrémité nord de l'archipel proche du Kamtchatka. Plusieurs installations portuaires et aérodromes militaires existent également dans les îles. Cependant, un traité transitoire de neutralité est signé le 13 avril 1941 entre le Japon et l’Union des républiques socialistes soviétiques, tous deux liés à l'Axe par des traités (depuis le 23 août 1939 pour l'URSS et depuis 27 septembre 1940 pour le Japon), stipulant que chaque signataire respecterait l’intégrité territoriale de l'autre (donc selon le traité de Saint-Pétersbourg de 1875, toujours en vigueur).

La Seconde Guerre mondiale et conquête soviétique de la totalité des Kouriles

Article détaillé : Invasion des Îles Kouriles (1945).

Le 22 novembre 1941, l'amiral Isoroku Yamamato ordonne le rassemblement de la force navale qui allait participer à l'attaque sur Pearl Harbor dans les baies de Tankan et d'Hittokappu de l'île de d'Itouroup. Ce site avait été choisi car l'archipel était peu peuplé, les étrangers peu nombreux et le brouillard fréquent. L'amiral donna l'ordre aux navires de se mettre en route le 26 novembre.

En juillet 1943 eurent lieu les premiers bombardements des bases japonaises de Choumchou et Paramouchir par des avions américains. Ces bombardements s'intensifièrent en 1944 pour faire croire aux forces japonaises qu'une invasion était envisagée depuis les Aléoutiennes. Les Japonais renforcèrent la défense des Kouriles du nord faisant passer les effectifs de 8 000 à 41 000 hommes en 1944 et installèrent 400 avions sur des aéroports situés à Hokkaidō et dans les Kouriles. Par la suite les Américains envisagèrent plus sérieusement une invasion par le nord et agrandirent à cet effet leurs bases dans les Aléoutiennes dans la perspective d'une attaque en 1945.

Le 5 avril 1945 alors que la défaite du Japon se profilait, l'Union soviétique indiqua qu'elle ne renouvelait pas le traité de neutralité soviéto-japonais de 1941 et que celui-ci devenait en conséquence caduc à compter du 25 avril.

Le 8 août de la même année, deux jours après le bombardement atomique de Hiroshima et à la veille de celui de Nagasaki, l'Union soviétique déclarait la guerre au Japon et lançait L'opération Tempête d'août en Chine, contre le Mandchoukuo. Initialement les Russes prévoyaient de conquérir l'archipel avant la capitulation car, jusqu'au 23 août, les Alliés n'avaient pas fixé clairement si les Kouriles ou Hokkaidō feraient partie de la zone d'occupation russe. Or Staline souhaitait occuper Hokkaidō. Sur les deux îles du nord, le Japon disposait en août 1945 d'environ 22 000 hommes et 70 tanks.

La conquête des Kouriles coûte aux forces russes quelques pertes, malgré les ordres du haut commandement japonais. Les troupes de l'infanterie de marine soviétique traversèrent le 18 août au petit matin le détroit séparant le Kamtchatka de l'île de Choumchou sur des chalands LCI fournis par les Américains. Le Japon ayant cessé le combat contre les Alliés le 15 août 1945, le commandement japonais donna l'ordre aux garnisons de l'archipel de capituler le 19 août. Mais plusieurs commandants de garnison refusent d'obéir à un ordre qu'ils considèrent comme contraire au Bushido, et la conquête de Choumchou ne s'achève donc que le 31 août en ayant fait 1 567 morts chez les Soviétiques contre 1 018 chez les Japonais. Les îles Kouriles restantes sont progressivement occupées sans combat, de même que la moitié sud de Sakhaline.

L’occupation soviétique et américaine du Japon d’après-guerre (1945–1952)

La population japonaise des Kouriles (environ 17 300 personnes) est déportée au cours de l'année qui suivit la fin de la guerre mondiale. De nombreux civils et tous les soldats sont envoyés dans des camps au Kazakhstan et en Ouzbékistan où les survivants furent considérés comme « Coréens de Russie » et établis à demeure, sans possibilité de retour[1].

En février 1946, le gouvernement soviétique déclare que les Kouriles font désormais partie du territoire de l'Union soviétique, rendant caduc de fait le traité russo-japonais de 1875. Le Japon sous occupation américaine n’a pas encore la capacité de contester cette annexion.

Il n'y a pas eu de traité de paix entre l’Union soviétique et le Japon suite à la Seconde Guerre mondiale, et bien que le Japon ait renoncé à tous ses droits sur les îles Kouriles par le Traité de San Francisco en 1951, l’Union soviétique (comme aussi la Chine) a refusé de signer ce traité nippo-américain mettant fin à la période d’occupation américaine et restaurant l’administration japonaise sur son territoire.

La Guerre froide (1952–1991)

En 1956, une déclaration commune entre le Japon et l'URSS (en) est signée, annonçant la rétrocession au Japon des îles Habomai et Chikotan dans un prochain traité de paix, qui ne sera lui jamais signé.

Durant la Guerre froide, les Kouriles ont une grande importance stratégique. L'archipel constitue la première ligne de défense de la Russie continentale. À côté d'une division de troupes terrestres (créée en 1978 et réduite en 1995) sont stationnés dans les îles environ quarante chasseurs-bombardiers MiG-23B qui peuvent atteindre Tokyo.

Dans les années 1980 en particulier, ces forces étaient considérées comme représentant une menace permanente pour Hokkaidō. En réponse à cette menace, les États-Unis ont apporté une aide militaire constante au Japon depuis 1952, d’autant plus renforcée que d’autres conflits régionaux sont nés depuis avec la Corée du Nord ainsi qu‘avec la République Populaire de Chine qui n’a pas signé non plus le Traité de San Francisco, et conteste l’influence japonaise sur le statut actuel de Taïwan (toujours non résolu) ou la présence de la flotte japonaise en mer de Chine[Laquelle ?] ou à proximité de Taïwan.

Le Japon a constitué durant toute la Guerre froide pour la Russie, la Chine et encore aujourd'hui la Corée du Nord un « porte-avion américain » menaçant stationné en mer de Chine[Laquelle ?], pour assister Taïwan et la Corée du Sud, ce qui n’a pas facilité les relations du Japon avec l’Union soviétique.

Le statut de l'archipel aujourd'hui

La principale agglomération sur l'île de Chikotan

L'ensemble des Kouriles fait aujourd'hui partie de la Fédération de Russie, plus précisément de l'Oblast de Sakhaline.

Toutefois, le Japon réclame toujours les quatre îles Kouriles les plus méridionales (Kounachir, Itouroup, Chikotan et l'archipel des Habomai soit un tiers de la surface totale), selon la frontière fixée par le Traité de Shimoda signé par le Japon et la Russie le 7 février 1855, et arguant du fait que le Traité de San Francisco de 1951 (par lequel le Japon renonçait à ses droits sur les Kouriles) :

  • ne précise pas quelles îles exactement comprend la dénomination d'îles Kouriles ;
  • n'a pas été contresigné par l'URSS.

Le gouvernement nippon considère que les quatre îles qu'il revendique sont des extensions de Hokkaidō, et les appelle territoire du nord (北方領土, hoppō ryōdo?). En revanche, il ne revendique pas la frontière du Traité russo-japonais de 1875 incluant les îles du Nord, car ce traité considère l'ensemble des Kouriles comme un territoire unique (alors placé sous administration japonaise). La Russie, comme le faisait auparavant l'URSS, se réfère pour sa part à ce texte, en vigueur lors du Traité nippo-américain de San Francisco, et considère donc que le renoncement japonais concerne bien l'ensemble de l'archipel.

Le Japon rétorque que, faute de signature d'un traité de paix avec la Russie, faute d'une reconnaissance par la Russie du traité de San Francisco, et compte tenu du caractère arbitraire et unilatéral de la déclaration soviétique d’annexion de 1946 (qui n'est fondée par aucun document juridique), la question de la définition de cette frontière reste un élément négociable avec l’actuelle Fédération russe. Le Japon négocie encore avec elle le statut des populations japonaises (et autochtones aïnoues) des Kouriles expulsées en 1946, afin de permettre leur réinstallation dans l’archipel et son développement économique.

Le 3 juillet 2009, la Diète du Japon a adopté une loi affirmant la souveraineté du Japon sur les quatre îles, le texte déclarant que le Japon « fera tous ses efforts pour obtenir la restitution au plus tôt des îles qui font partie intégrante du pays »[2]. Le gouvernement russe a déclaré en réaction : « Nous considérons l'adoption de cette revendication territoriale infondée vis-à-vis de la Russie comme inappropriée et inacceptable »[3].

Ces îles offrent un intérêt stratégique majeur pour la Russie : en effet, tant que le Japon les possédait, les bateaux russes basés dans le port de Vladivostok n'avaient pas librement accès au Pacifique, d'autant qu'en hiver la Mer d'Okhotsk est gelée. La navigation y est donc très difficile, sauf dans le sud de l'archipel où le climat est plus doux. L'annexion des Kouriles après la Seconde Guerre mondiale a ainsi permis de renforcer la position géostratégique de l'URSS (puis encore de la Russie actuelle) sur cet océan, en facilitant l'accès à celui-ci en toute saison. Enfin, les forces armées de la fédération de Russie restent encore très présentes à Kounachir, celle des îles qui est la plus proche des côtes japonaises.

L’intérêt halieutique des Kouriles est autre enjeu majeur : il concerne l'attribution des zones de pêche environnantes qui étaient très poissonneuses.

Le 1er novembre 2010, le président Dmitri Medvedev se rend sur les îles, une première pour un chef d'État russe depuis 1945 ; ceci avant son déplacement au Japon pour le sommet de la coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec) le 12 novembre[4]. Le Premier ministre japonais Naoto Kan juge alors « très regrettable » cette visite, qu'il qualifiera en février 2011 d'« outrage impardonnable »[4],[5]. Le ministre japonais des Affaires étrangères Seiji Maehara quant à lui convoque le jour-même l'ambassadeur de Russie à Tokyo pour protester contre cette visite[6]. Selon Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères, le chef de l'État russe est libre de choisir « les régions russes » qu'il visite, « ne voyant aucun lien » entre une visite sur ces îles et les relations russo-japonaises[4]. Il juge « inacceptable » le mécontentement du Japon et annonce alors que l'ambassadeur japonais à Moscou sera convoqué[7]. En réaction, Seiji Maehara demande à son ambassadeur de rentrer au Japon[8]. Dans cette affaire, les États-Unis soutiennent le Japon, et encouragent les deux pays à négocier un traité de paix[9]. Selon le porte parole du Département d'État américain Philip Crowley, « les États-Unis soutiennent le Japon et reconnaissent la souveraineté japonaise sur le territoires du nord »[10].

Plusieurs visites de ministres russes sur les îles ont lieu par la suite, notamment du ministre de la Défense, Anatoli Serdioukov, venu inspecter le 4 février 2011 une division d'artillerie[5]. Suite à ses visites, une manifestation est organisée le 7 février par des militants nationalistes japonais devant l'ambassade de Russie, pendant laquelle ils traînent par terre un drapeau russe déchiré, provoquant l'ire de Moscou qui demande des poursuites[11]. Le même jour, l'ambassade aurait reçu par courrier une balle accompagnée du message « les territoires du Nord sont une terre japonaise »[12]. Le 9 février, Dmitri Medvedev annonce que son pays va renforcer sa présence militaire auprès de ces îles : les deux premiers navires de guerre de la classe Mistral commandés à la France, ainsi que des systèmes de missiles de défense antiaérienne S-400, des radars et des avions de combat Soukhoï Su-35 de nouvelle génération sont évoqués[13].

Géographie

Image satellite d'Ekarma.

Les îles Kouriles sont situées sur la zone d'instabilité tectonique qui entoure la plaque tectonique du Pacifique et à ce titre fait partie de la ceinture de feu du Pacifique. Les îles constituent le sommet d'une chaîne de stratovolcans qui résultent de l'enfoncement (subduction) de la plaque du Pacifique sous la plaque d'Okhotsk. Le même phénomène est à l'origine de la fosse des Kouriles qui longe l'archipel à 200 km au large.

La chaîne des volcans des Kouriles comprend environ 100 volcans dont 40 actifs ainsi que de nombreuses sources d'eau chaude et fumerolles. C'est un des endroits du monde où l'activité tectonique est la plus fréquente avec un tremblement de terre d'une magnitude supérieure à 5 tous les deux mois environ. Ainsi un séisme de magnitude 8,3 a été enregistré dans l'archipel le 15 novembre 2006 créant un tsunami ; celui-ci a créé des vagues de 1,5 mètre qui ont atteint la côte de Californie.

L'archipel est compris entre les 40e et 50e parallèles Nord, et est baigné d’un courant froid appelé Oya shivo qui descend de la mer de Béring le long de Kamtchatka. Le climat dans les îles est généralement rude avec des hivers longs et froids soumis à de nombreuses tempêtes et des étés particulièrement brumeux. Les précipitations sont en moyenne de 760 à 1 000 mm par an, en majorité sous forme de neige. Le climat est de type pré-arctique à océanique : en conséquence la végétation comprend des zones de toundra au nord et des forêts épaisses d'épicéa et de mélèze dans les îles les plus méridionales.

Les plus hauts sommets sont le volcan Alaid (2 339 mètres) sur l'île Atlassov à l'extrémité nord de l'archipel et le volcan Tiatia (1 819 mètres) dans l'île de Kounachir à l'extrémité sud.

On trouve dans l'archipel plusieurs types de plage et de côtes rocheuses, des falaises, des rivières et des torrents, des forêts, des prairies, des toundras alpines, des lacs de cratère et des tourbières. Les sols sont généralement riches grâce à l'apport des cendres des volcans ainsi que, dans certains endroits, l'accumulation du guano. Mais les zones pentues instables sont souvent sujettes à des glissements de terrain et les éruptions volcaniques peuvent brutalement détruire toute végétation.

Faune terrestre et marine

Côte d'une île Kourile

La faune terrestre de l'archipel est dominée par des espèces qui sont venues du continent en transitant par Hokkaidō, l'île de Sakhaline et le Kamtchatka. Bien que les espèces présentes soient très diversifiées le niveau d'endémisme (la proportion d'espèces spécifiques à l'archipel) est relativement faible.

À cause de l'isolement et de la faible taille des îles centrales, peu de mammifères terrestres majeurs les ont colonisées, malgré la présence du renard roux et du renard polaire introduits par l'homme dans les années 1880 pour le commerce de la fourrure. L'essentiel de la biomasse des mammifères terrestres est représenté par les rongeurs souvent introduits au cours des siècles passés. Les îles situées les plus au sud et les plus au nord comprennent des populations d'ours bruns, de renards et de martes. Certaines espèces de cervidés sont également présentes dans les îles méridionales. Les espèces d'oiseaux les plus courantes sont les corbeaux, les faucons pèlerins, certaines espèces de troglodytinés et de bergeronnettes.

L'archipel abrite plusieurs millions d'oiseaux de mer, en particulier des fulmars boréals, macareux huppés, pingouins, guillemots, goélands, pétrels, mouettes et cormorans. Sur les plus petites îles où les prédateurs sont absents, toutes les niches dans la falaise, terriers et tertres sont occupés durant la saison de reproduction par un nid d'oiseau.

En raison de leur situation en bordure du plateau continental et de la collision entre le courant marin d'Oya shivo et les courants giratoires de la mer d'Okhotsk, les eaux entourant l'archipel sont parmi les plus poissonneuses de l'océan Pacifique et comprennent une grande variété d'espèces marines.

Situation économique

Rue principale de Severo-Kourilsk sur Paramouchir

Aujourd'hui environ 16 800 habitants (en majorité russes avec des minorités d'Ukrainiens Belarusses, Tatars, Coréens, Nivkhes, Orochs et Aïnous) vivent dans l'archipel. Selon l'administration régionale, la moitié de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. La pêche est la première activité. Les îles ont une importance stratégique et économique grâce à leurs eaux poissonneuses et leurs gisements de pyrite, soufre et minéraux polymétalliques.

Le relèvement récent de l'économie russe a eu une influence bénéfique sur l'archipel. La manifestation la plus flagrante a été la construction de nouvelles infrastructures. Un quai et un brise-lame sont en cours de construction dans la baie de Kitovy à Itouroup (le débarquement des marchandises se fait aujourd'hui essentiellement via des barges faisant la navette entre les bateaux mouillés au large et la côte). Une nouvelle route a été percée à travers les bois près de Kourilsk pour desservir l'aéroport qui doit ouvrir en 2010 (coût de 1,25 milliard de roubles soit 44 millions de dollars). Gidostroy, la plus grosse entreprise de l'archipel avec des activités diversifiées dans la pêche les travaux publics et l'immobilier, a construit une seconde unité de transformation de poissons à Itouroup en 2006 avec un système de convoyage à la pointe de la technique.

Pour faire face à la demande croissante d'électricité, le gouvernement local fait relever la puissance de la centrale géothermique exploitant la vapeur et l'eau chaude résultant de l'activité du volcan du Mont Baranski[14].

Notes et références

  1. Nikolaï Feodorovitch Bougaï, « Histoire de la déportation des « Coréens de Russie » au Kazakhstan et en Ouzbékistan », Droujba Narodov no  7, Moscou, 1992
  2. Le Japon adopte une loi sur sa souveraineté sur les Kouriles, AFP, sur Aujourd'hui le Japon, le 4 juillet 2009
  3. Moscou fustige une loi du Parlement japonais sur les îles Kouriles, AFP, sur Aujourd'hui le Japon, le 9 juillet 2009
  4. a, b et c Le président russe Dmitri Medvedev se rend dans les îles Kouriles disputées, AFP sur Romandie, le 1er novembre 2010
  5. a et b Gilles Campion, « Iles Kouriles: Tokyo qualifie la visite de Medvedev d'"outrage impardonnable" », AFP sur Google News, le 7 février 2011
  6. Medvedev aux Kouriles: l'ambassadeur russe convoqué à Tokyo (presse), AFP sur Le Monde, le 1er novembre 2010
  7. La visite de Medvedev dans les îles Kouriles provoque la colère du Japon, AFP sur Le Monde, le 1er novembre 2010
  8. Kouriles: la tension monte entre Moscou et Tokyo qui rappelle son ambassadeur, AFP sur L'Express, le 2 novembre 2010
  9. Les Etats-Unis soutiennent le Japon dans sa dispute avec la Russie sur les îles Kouriles, China Radio International, le 2 novembre 2010
  10. Benjamin Gauducheau, « Les États-Unis reconnaissent la souveraineté du Japon sur les "territoires du nord" », Aujourd'hui le Japon, le 3 novembre 2010
  11. Outrage au drapeau russe au Japon: Moscou réclame des poursuites, RIA Novosti, le 8 février 2011
  12. Kouriles: l'ambassade de Russie à Tokyo reçoit une balle par courrier, RIA Novosti, le 8 février 2011
  13. Luc Perrot, « Moscou renforce sa présence militaire aux Kouriles en plein froid avec Tokyo », AFP sur Google News, le 9 février 2011
  14. (en) Islands disputed with Japan feel Russia's boom, The China Post, le 15 septembre 2007

Annexes

Articles connexes

  • Rochers Liancourt coréens (appelés Dokdo en Corée), revendiqués par le Japon (sous le nom de Takeshima)
  • Îles Senkaku japonaises, revendiquées par la Chine sous le nom de Diàoyútái Qúndǎo

Liens externes

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