Bataille de Kelly's Ford

Bataille de Kelly's Ford

38° 28′ 37″ N 77° 46′ 48″ W / 38.47692, -77.77988

Une carte d'époque de la bataille

La bataille de Kelly's Ford, aussi connue sous le nom de bataille de Kellysville, est un combat de cavalerie qui se déroule le 17 mars 1863 en Virginie, penant la guerre de Sécession.

Si le résultat du combat est en faveur des cavaliers confédérés, c'est cependant la première fois que la cavalerie nordiste leur tient tête. La confiance que ces derniers retireront de ce combat conduira aux succès de Brandy Station et de la campagne de Gettysburg.

Sommaire

Le contexte

L'arrivée du Major General Joseph Hooker à la tête de l'armée du Potomac amène une réorganisation de la cavalerie nordiste. Jusqu'à présent éparpillée en petites unités, elle est regroupée en un seul corps, sous le commandement du Major General George Stoneman.

Le 25 février 1863, la cavalerie nordiste est incapable de s'opposer à un raid mené par la cavalerie du Brigadier General Fitzhugh Lee, l'un des seconds du célèbre J.E.B. Stuart.

Trois semaines plus tard, le général en chef nordiste décide de lancer sa cavalerie "attaquer la cavalerie sudiste devant se trouver dans les environs de Culpeper Court House"[1],[2]. Le brigadier general William W. Averell, commandant la 2e division du corps de cavalerie de Stoneman, mène ses trois brigades et sa batterie d'artillerie montée à la rencontre des sudistes.

Averell dispose de 3000 hommes. Il demande à Hooker de placer quelques régiments pour sécuriser son flanc droit et, sur le refus de celui-ci, décide d'affecter à cette tâche deux de ses régiments, le 1er du Massachusetts et une partie du 4e Pennsylvanie, soit 900 hommes[3]. C'est donc avec une force réduite d'un tiers qu'il se propose de remplir la mission qui lui a été confiée.

Les forces en présence

Il n'y a que de la cavalerie et un peu d'artillerie de chaque côté[4].

Nordistes

Les forces fédérales sont sous le commandement du brigadier-general William W. Averell. Elle comptent 2 100 hommes environ.

  • Cavalerie.
  • Brigade Duffié[5].
  • 4e New-York,
  • 6e Ohio,
  • 1er Rhode Island.
  • Brigade McIntosh.
  • 3e Pennsylvanie,
  • 4e Pennsylvanie,
  • 16e Pennsylvanie.
  • Brigade Reno (réserve de division).
  • 1er régiment de cavalerie US,
  • 5e régiment de cavalerie US[6].
  • Artillerie.
    • Batterie d'artillerie montée : 6e du New-York Light Artillery, capitaine Joseph W. Martin (commandée ce jour par le lieutenant Browne), 6 canons (type "ordonnance", 3").

Sudistes

Les forces confédérées sont sous le commandement du brigadier-general Fitzhugh Lee. Elles comprennent 5 régiments de cavalerie et une batterie d'artillerie (4 canons). L'effectif total est d'environ 800 hommes[7].

  • 1er régiment de cavalerie de Virginie,
  • 2e régiment de cavalerie de Virginie,
  • 3e régiment de cavalerie de Virginie,
  • 4e régiment de cavalerie de Virginie,
  • 5e régiment de cavalerie de Virginie,
  • Batterie d'artillerie à cheval Breathed (4 pièces[8], 3 "Napoleon"[9] et un 10pdr Parrott).

Le combat

Déroulement

Le colonel Alexandre Duffié

Le mardi 17 mars 1863, au lever du soleil, les premiers éléments de la colonne nordiste tentent de passer la Rappahannock, au gué de Kelly's Ford. Des éléments sudistes tiennent la rive droite. Ils ont établi une ligne d'abatis devant le gué et pour protéger la bourgade de Kellysville, située un peu en amont.

Le 4e New-York essaie de forcer le passage mais est repoussé. Deux autres tentatives seront aussi infructueuses. Finalement, une heure et demi plus tard, c'est un escadron du 1er Rhode-Island qui réussit à forcer le passage.

Les cavaliers nordistes remontent au nord puis la route vers Brandy Station, refoulant les détachements sudistes. environ 3 kilomètres plus loin, ils se retrouvent face à la brigade de Fitzhugh Lee.

Les sudistes lancent une première charge, contre la gauche de la ligne nordiste, avec le 2e de Virginie. La charge est arrêtée et le régiment sudiste recule en désordre. C'est la première fois dans le conflit qu'une unité de cavalerie sudiste plie devant la cavalerie nordiste[10].

Les sudistes attaquent alors la droite nordiste avec le 3e de Virginie. Il est arrêté par le feu des tirailleurs nordistes, démontés et abrités derrière le muret[10].

Les sudistes attaquent alors à nouveau la gauche nordiste. Cette fois, Ce sont les 1er et 4e de Virginie qui chargent, avec le 2e en support. De nouveau, le feu nordiste les repousse. Deux autres charges sont aussi sans résultat[10].

Les sudistes reculent alors d'environ 1500 mètres pour se réorganiser. Averell les suit avec lenteur. Vers 15 heures, 2 coups de canons signalent une charge générale sudiste[11]. Les 2e et 4e de Virginie contre la brigade Duffié et les 1er, 3e et 5e contre la brigade Mc Intosh. Ils sont, une nouvelle fois arrêtés par le feu des tirailleurs et de l'artillerie nordiste.

Vers 17h30, le commandant nordiste estime qu'il est temps de reculer. Il manque de munitions pour ses canons et craint l'arrivée de renforts confédérés, ceux-ci pouvant facilement être amenés à pied d'œuvre par la voie de chemin de fer passant derrière la position sudiste. Il fait repasser la Rappahannock, laissant les sudistes maîtres du champ de bataille..

Les tactiques utilisées

  • Première tentative de passage en force.
Deux escadrons du premier régiment, démontés, doivent par leur feu réduire la défense sudiste.
Deux autres essaient de traverser la rivière sous cette protection. Mais le gué est étroit. Les deux tentatives suivantes sont faites plus en aval, toujours sans succès.
  • Passage réussi.
Dans ce cas, outre l'appui-feu à partir de la rive gauche, un détachement du 1er Rhode-Island traverse (et subit de fortes pertes). D'autres cavaliers, du 6e Ohio, traversent en portant des haches avec lesquelles ils créent des brèches dans les abattis. Le reste du régiment traverse alors et oblige les sudistes à évacuer leur position.
  • Passage de l'artillerie.
Le niveau de l'eau est trop haut pour permettre le passage des caissons. Plus précisément pour traverser sans que leur poudre soit mouillée et donc inutilisable.
La technique utilisée sera de faire passer les charges de poudre par les cavaliers qui se serviront du sac-mangeoire en toile de leur cheval pour les garder hors de l'eau[12].
  • Affrontement principal.
Le 6e Ohio est entièrement démonté et agit comme voltigeurs devant le reste des troupes nordistes.
Les autres régiments sont rangés en ligne. Le 1er US sert de réserve. La brigade Duffié est à gauche et celle de McIntosh, à droite. Les charges sudistes sont faites à cheval, en tiraillant et sont arrêtées par les nordistes démontés, abrités derrière le muret de pierres.
La contrecharge de Duffié se fait en ligne sur 1 rang[13], sabre au clair. Les cavaliers sudistes chargent, eux, revolver au poing[14],[15]. Il n'y a pas contact, les sudistes font volte-face avant le choc.
Dans la dernière partie du combat, une partie des unités nordistes est démontée et combat au fusil. Le reste est gardé en arrière, monté et prêt à contre-charger tout unité ennemie arrivant au contact.
Tout au long du combat, les nordistes assument une posture défensive et les sudistes attaquent. Cela favorise la défense en ce que le volume de feu délivré interdit des charges efficaces.

Les conséquences

Chaque camp réclame la victoire. Pour les sudistes, le fait d'avoir bloqué l'avance des fédéraux et d'être restés maîtres du champ de bataille suffit à le montrer.

Pour les nordistes, la victoire est appréciée différemment. Si elle n'est pas totalement admise, en dehors des communiqués triomphants, et, le fait que dans les semaines qui suivent, une cour martiale soit constituée pour juger le comportement des officiers lors du passage à gué, ce qui n'arrive pas en cas de victoire indiscutable[16], la victoire est à chercher ailleurs.

Jusqu'à ce combat, la cavalerie sudiste a toujours eu le dessus et fait fuir ses adversaires. Pour la première fois, les cavaliers fédéraux n'ont pas reculé mais ont fait reculer leurs adversaires. La confiance qu'ils vont en retirer, partagée par toutes les unités de cavalerie de l'armée, marquera les combats suivants, comme Brandy Station ou les combats de cavalerie de Gettysburg, et marquent la maturation de cette arme.

Notes et références

  1. Eicher, page 450.
  2. Wittenberg, page 71.
  3. Wittenberg, page 72.
  4. Les données de cette section sont tirées de Wittenberg, pages 348-349.
  5. Né à Paris en 1835, Alfred Napoléon Duffié est un ancien militaire français. En Crimée comme sous-officier du 6e dragons, il obtient en 1859 le grade de sous-lieutenant au 3e Hussards. Mais, au lieu de gagner son affectation, il émigre aux États-Unis et est condamné par contumace pour désertion à 10 ans de forteresse. Au début des hostilités, il devient capitaine d'un régiment de cavalerie de l'État de New-York. colonel en 1862 et breveté Brigadier-General en 1863. Après la guerre, naturalisé, il finira sa carrière comme consul des États-Unis à Cadix.
  6. Il s'agit de 2 régiments de l'armée régulière. Les autres sont des régiments de volontaires.
  7. Ce nombre est celui donné par J.E.B. Stuart (voir Official Records, volume 25, 1e partie, page 59). Il est cependant curieux en ce qu'il donne une moyenne de 160 cavaliers par régiment, ceux-ci ayant un effectif théorique de 12 compagnies de 100 (cf. Starr, page 347, note 65).
  8. Jennings C. Wise, The long arm of Lee, volume 1, page 434. Mais Wittenberg donne 2 pièces seulement. Les différentes sources s'accordent pour affirmer que l'artillerie sudiste n'arrivera sur les lieux qu'en cours d'après-midi.
  9. Nom donné à des pièces de 12 livres, à âme lisse, dérivées d'un modèle conçu (ou approuvé), par l'empereur Napoléon III.
  10. a, b et c Longacre, Lincoln's cavalrymen, page 136.
  11. Longacre, Lee's cavalrymen, page 136.
  12. Incidemment, certaines sources, Eicher, par exemple, critiquent la lenteur d'Averell à franchir la rivière mais ne font pas référence à cette contrainte due à l'artillerie et qui peut, en partie, expliquer cette apparente passivité.
  13. La doctrine d'emploi et des manoeuvres de cavalerie est celle établie en 1862 par le général Philip St George Cooke. Elle prévoit le combat en ligne sur un seul rang, et les mouvements par groupes de 4 cavaliers.
  14. Sur ce point, un officier autrichien de hussards, visitant le Sud en 1863, remarquait : "C'est, en réalité, une infanterie montée... Il n'y a pas le temps de les former comme cavaliers, et de leur apprendre le bon usage du sabre – l'arme de base d'une vraie cavalerie -..." (cf.Ph Katcher, Confederate Cavalryman 1861-65, page 13, Osprey Publishing, W54, 2002, (ISBN 1-84176-381-0)).
  15. Starr (p.347) rapporte les exclamations des sudistes appelant leurs adversaires "à combattre comme des gentlemen", en laissant tomber leurs sabres pour s'expliquer à coups de revolver.
  16. Longacre, Lee's cavalrymen, page 175.

Annexes

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article

Ouvrages généraux abordant ce sujet

  • Mark M Boatner III, The Civil War Dictionary, Vintage books, 1991, (ISBN 0-679-73392-2); page 451.Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • David J. Eicher, The Longest Night: A Military History of the Civil War, Simon & Schuster, 2001, (ISBN 0-684-84944-5).

Ouvrages centrés sur la cavalerie

  • Edward G. Longacre, Lincoln's cavalrymen, Stackpole Books, 2000, (ISBN 0-8117-1049-1); pages 134-138. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Edward G. Longacre, Lee's cavalrymen, Stackpole Books, 2002, (ISBN 0-8117-0898-5); pages 171-174. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Walbrook Davis Swank, Clash of sabres, Pentland Press Inc., 1996, (ISBN 1-57197-029-0); pages 74-77. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Stephen Z. Starr, The Union Cavalry in the Civil War, volume 1, Louisiana State University Press, 1979, (ISBN 0-8071-0484-1); pages 345-350. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Eric J. Wittenberg, The Union Cavalry comes of ages, Potomac Books, 2003, (ISBN 1-57488-650-9); chapitre 3, pages 71-110, appendice 2 pour l'ordre de bataille. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • George Walsh, Those damn horse soldiers, Tom Doherty Associate Books, 2006, (ISBN 978-0-765-31270-9); pages 126-130 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Articles connexes

Liens externes



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