Bob Maloubier

Bob Maloubier

Bob Maloubier (né en 1923) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent secret français du Special Operations Executive. À ce titre, il fut d'abord parachuté clandestinement deux fois en France occupée comme saboteur dans le réseau SALESMAN de Philippe Liewer, dans la région de Rouen au deuxième semestre 1943, puis dans le Limousin à la libération. Puis, ayant rejoint la Force 136, il fut parachuté au Laos en août 1945. Après la guerre, il fut agent du SDECE, participa à la création des premières unités de nageurs de combat et travailla en Afrique pour des compagnies pétrolières.

Identités

  • État civil : Robert Maloubier
  • Comme agent du SOE, section F :
    • Enregistrement à Londres : Robert Mortier
    • Nom de guerre (field name) : « Clothaire »
    • Nom de code opérationnel : PORTER (en français PORTIER)
    • Faux papiers d’identité : Robert Mollier ; Robert Malvalle ; René-Maurice Hérault
    • Autre surnom : Paco

Parcours militaire :

  • SOE, section F ; grade : s/lt (au recrutement), lt (au parachutage en France occupée, 15 août 1943), captain.

Pour accéder à une photographie de Bob Maloubier, se reporter à la section Sources et liens externes en fin d'article.

Famille

  • Son père : Eugène, Parisien. Il s'est engagé en 1914 et a été affecté à l'état-major du général Haig comme interprète.
  • Sa mère : Henriette (née en 1880), Franc-Comtoise.
  • Son frère aîné : Jacques (né en 1920)

Éléments biographiques

Premières années

Seconde Guerre mondiale

  • 1940. En mai, alors qu'il prépare son bac, « les épreuves du baccalauréat sont reportées à une date ultérieure ». En juin, il quitte Paris avant l’arrivée des Allemands. Il décide de rejoindre le général de Gaulle. Il essaie de partir par Bordeaux, par Saint-Jean-de-Luz, par Marseille, mais il échoue les trois fois. En décembre, il retourne à Paris embrasser ses parents une dernière fois. Retour à Marseille, avec un crochet par Royat, où il rencontre le colonel Émile Bonotaux, qui, se méfiant du général de Gaulle, lui conseille, d’aller en Afrique plutôt qu'en Angleterre .
  • 1941. En janvier, il s’enrôle dans l’aviation de l’armée d’armistice, résolu, dès son premier lâcher seul aux commandes d’un avion, à mettre le cap sur Gibraltar ou Malte. Mais comme il y a déjà trop de pilotes, il est affecté à la garde de la base aérienne de Bizerte.
  • 1942. Le 8 novembre, la base est encerclée par les Allemands. Après l’assassinat de Darlan, Jacques Vaillant de Guélis le recrute comme agent secret du SOE.
  • 1943
  • Janvier. Le 10[2], il quitte Alger pour Londres, via Gibraltar.
  • Février. Il est brièvement interrogé par le MI5 à Patriotic School, puis est emmené à Orchard Court où les membres dirigeants et les officiers traitants de la section F rencontrent les agents opérationnels. Commence ensuite son entraînement. Il se rend à Wanborough Manor.
  • Mars. Il est inscrit à la session de mars en compagnie de Pierre Raynaud et d’Henri Silhol. Tous trois se joignent à une vingtaine de stagiaires, dont Diana Rowden, Eliane Plewman et Éric Cauchi : maniement des armes et des explosifs, liaisons radio, actions de commandos (Wanborough Manor) ; sécurité (New Forest) ; parachute (cinq sauts, dont un de nuit, à Ringway)
  • Août. Dans la nuit du 15 au 16, il est parachuté en France, à la périphérie de Louviers. Il atterrit, à minuit passé, dans un champ de blé. Au pied d’un pommier patiente un homme jeune, plutôt petit, aux lèvres bien ourlées, au regard gris pétillant d’intelligence et d’humour. C’est Philippe Liewer, qui sera son « boss », le chef du réseau SALESMAN. Maloubier vient remplacer Gabriel Chartrand comme saboteur du réseau. Secondé par Claude Malraux, Bob Maloubier mène alors une équipe de « terroristes » qui réalise plusieurs sabotages : un « tender » de sous-marins qui, depuis longtemps, force le blocus de la Royal Navy et accroît le rayon d’action des U-Boote ; une usine qui fabrique des pièces d’avions Focke-Wulf ; une centrale électrique qui alimente la région rouennaise.
  • Décembre. Le 20, mis en retard par un poivrot et trahi par un passager, il frôle de trop près le couvre-feu. Il est intercepté, arrimé, pistolet sur la nuque, sans espoir de sortie, par les Feldgendarmes. Il s’échappe et reçoit plusieurs balles. Traqué, il brise la banquise d’un canal qu’il traverse de façon que les chiens perdent son odeur. Il se couche sur la terre givrée, par moins dix. À l’aube, il se réveille surgelé et parvient à se rendre à Rouen, à quatorze kilomètres de là.

1944

  • Février. Dans la nuit du 4 au 5, un avion Hudson le ramène à Londres[4].
  • Mars. Pendant qu'ils sont à Londres, Philippe Liewer et Bob Maloubier apprennent que de nombreux membres du réseau ont été arrêtés.
  • Juin. Dans la nuit du 7 au 8, Philippe Liewer « Hamlet », Violette Szabo, Bob Maloubier et Jean-Claude Guiet « Virgile », l'opérateur radio, sont parachutés dans le Limousin. Ils viennent soutenir les maquis de la région.
  • 1945. Il est affecté à la Force 136. En août, il est parachuté au Laos et fait prisonnier par les Japonais[6] juste à la fin de la guerre.

Après la guerre

  • 1945 (suite). Après la guerre, comme son profil de saboteur, dynamiteur et tireur d'élite n'est plus recherché, il offre ses services au contre-espionnage français. Cela va durer dix ans.
  • 1947. Il participe à la fondation du service action du SDECE (services spéciaux français).
  • 1948. Le 8 juin, il témoigne au procès d’Henri Déricourt.
  • 1952. Il fonde l’unité « nageurs de combat » d'Arzew, avec Claude Riffaud, créateur du CINC d'Aspretto,

Au Gabon, il est forestier (il y coupe du bois et gère des domaines forestiers). Il travaille pour Jacques Foccart (le « Monsieur Afrique » du général de Gaulle) pour qui il met sur pied la garde personnelle du président gabonais.

  • 1962. Il devient pétrolier à la Shell.
  • 1967. En mai, il est en poste à Lagos, capitale du Nigéria, lorsque s'y déclenche la guerre du Biafra[7]

Il termine sa carrière chez Elf.

Œuvres

Décorations

Bob Maloubier a reçu les distinctions suivantes :

France
Royaume-Uni
Laos

Annexes

Notes

  1. Triple Jeu, p. 25-26
  2. La date du 10 janvier est celle indiquée par Bob Maloubier. Brooks Richards, p. 870, indique le 17 janvier.
  3. Triple Jeu, p. 26-27.
  4. Opération KNACKER organisée par Henri Déricourt ; terrain : ACHILLE, NE d’Angers, 1 km SE de Soucelles (49) ; appareil : Hudson ; pilotes : sqn Ldr L. F. Ratcliff, Flg Offs Woolridge et Johns, Plt Off Hall ; passager amené (1) : Gerry Morel (qui a instruction de ramener Henri Déricourt à Londres, mais qui rentrera sans lui) ; passagers ramenés (9) : Philippe Liewer, Bob Maloubier, Robert Benoist, H. Borosch, Madeleine Lavigne, Limousin, Le Barbu, l'aubergiste à Tiercé et son mari. [Source : Verity, p. 292]
  5. Plonge dans l'or noir, espion, p.30-31
  6. Robert Maloubier, interrogé le 20 octobre 2011 sur le sujet, conteste avoir été capturé par les Japonais, mais reconnait avoir été blessé par eux
  7. Les Ibo proclament leur indépendance et baptisent leur province « Biafra ». Le gouvernement nigérian met aussitôt en place un blocus. Débute une guerre civile qui va durer deux ans et demi et provoquer la mort de plus d’un million de personnes.

Sources et liens externes

Outre les livres de Bob Maloubier lui-même, mentionnés plus haut à la section #Œuvres et qui constituent la source principale de l'article, il y a lieu de noter les ouvrages et sites suivants.

  • Vidéo et photographie de Bob Maloubier avec ses décorations miniatures en pendantes
  • (en) Fiche Bob Maloubier, avec photographie : voir le site Special Forces Roll of Honour. Erreur sur ce site : Bob Maloubier n'a pas reçu la Military Cross.
  • (en) Attribution du DSO London Gazette du 19 juin 1945
  • Magazine RAIDS n° 1er juin 1986. Article de l'historien Eric Deroo "Bob Maloubier, le père des nageurs de combat" enrichi de nombreuses photographies.
  • Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978 2 84734 329 8), (EAN 9782847343298). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
    Ce livre présente la version « officielle » britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle sur le sujet du SOE en France.
  • Hugh Verity, Nous atterrissions de nuit..., préface de Jacques Mallet, 5e édition française, Éditions Vario, 2004.
  • Sir Brooks Richards, Flottilles secrètes. Les liaisons clandestines en France et en Afrique du Nord, 1940-1944, traduction de Secret Flotillas par Pierrick Roullet, Éditions Marcel-Didier Vrac (M.D.V.), 2001, (ISBN 2-910821-41-2)
  • Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, 1960, document dactylographié (exemplaire en provenance de la bibliothèque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable à la bibliothèque de Valençay). Voir sheet 22, SALESMAN CIRCUIT.
  • Récits sur la guerre du Biafra un film de joël Calmettes
  • Historiquement Show 14, débat diffusé sur la chaîne Histoire, animé par Michel Field, avec Éric Zemmour du Figaro Magazine, Claude Quétel et Bob Maloubier (à l'occasion de la parution de son livre Les Coups tordus de Churchill), 15 janvier 2010. Bob Maloubier intervient dans la dernière partie de l'émission (index 33:40).
  • David Korn-Brzoza, Histoire des services secrets français, documentaire en quatre parties, 2010 ; 1re partie, L'Heure des combats 1940-1960, diffusée sur France 5 le 6 février 2011.
  • Philippe Rousseau, Bob Maloubier, article in « Plongée Octopus - Le magazine des plongeurs experts », no 7, avril-juin 2011, cahier spécial, p. 54-68.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Bob Maloubier de Wikipédia en français (auteurs)

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