Bureau des Affaires étrangères du Tibet

Bureau des Affaires étrangères du Tibet

29°39′11″N 91°7′53″E / 29.65306, 91.13139

Bureau des Affaires étrangères du Tibet
Création 1909
Dissolution 1952
Type Ministère tibétain
Siège Lhassa, Drapeau du Tibet Tibet

Le Bureau des Affaires étrangères du Tibet (tibétain : བོད་གཞུང་ཕྱི་རྒྱལ་ལས་ཁུངས) était un bureau, puis un ministère à partir de 1942, du Gouvernement tibétain chargé des relations diplomatiques du Tibet entre 1909 et 1952. Il était situé à Lhassa, à proximité du Jokhang[1]. En 1953, il fut amalgamé avec le Bureau chinois des Affaires étrangères à Lhassa et placé sous la direction d'officiels chinois[2].

Histoire

Selon Roland Barraux, le 13e dalaï lama, après le retour à Lhassa le 13 août 1909 comprenant que le Tibet ne pouvait lutter seul contre les prétentions chinoises, établit le Bureau des Affaires étrangères du Tibet. Ce bureau fut chargé des relations extérieures, limitées dans un premier temps au Népal, à la Mongolie et au gouvernement britannique des Indes[3].

En 1942, du fait de la réactivation des interactions avec le monde extérieur, le gouvernement tibétain étendit les attributions et les effectifs de ce bureau[3], en faisant un ministère[4]. En raison de son importance, deux hauts responsables, un ecclésiastique et un laïc ayant le titre de Dzasa en avait la charge[5]. Les représentations népalaise et britannique acceptèrent de passer par ce canal. Les Chinois manifestèrent leur mauvaise volonté[3].

Le Bureau, qui a été dirigé par Dsazak Surkhang (zurpa), Surkhang Wangchen Tseten et Ta Lama Kunchok Jungnas, a entretenu des relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne, les États-Unis, le Népal, l’Inde indépendante et la Chine. Le Népal a établi une légation à Lhassa en 1856, faisant suite à la Mission diplomatique népalaise ouverte en 1792. La Chine ouvrit une mission en 1934 et la Grande-Bretagne en 1936.

En 1942 que le Gouvernement américain établit les premiers contacts avec le gouvernement tibétain. Pour approvisionner les troupes chinoises, les Américains décidèrent de construire une route reliant l'Inde au Tibet. La Chine proposa, au nom des États-Unis, au gouvernement tibétain de construire cette route, mais le Tibet s'y opposa par respect de sa neutralité [6]. Franklin Roosevelt et l'Office of Strategic Services (OSS) [7] envoyèrent deux agents secrets, Ilya Tolstoy (petits fils de Tolstoï) et Brooke Dolan II, pour enquêter sur place. Pour accéder au Tibet, ils demandèrent des visas à la Chine via le ministère chinois des Affaires étrangères qui essuya un refus de Lhassa. Ce fut finalement le bureau des affaires coloniales britanniques qui permit aux deux agents de se rendre à Lhassa. Ces deux envoyés de Franklin Roosevelt remirent une lettre et des cadeaux au jeune dalaï-lama [8] au cours d'une audience sans aucun échange verbal comme l'exigeait la tradition. Il discutèrent avec le ministre des Affaires étrangères du Tibet, Surkhang Dzasa [9],[10]. Selon la Commission internationale de juristes citant le FRUS, ayant reçu des assurances que ni la Chine ni la Grande-Bretagne n'exercerait de juridiction au Tibet par l'intermédiaire des ayant droit à la libre circulation, Lhassa autorisa finalement l'ouverture temporaire de cette voie de communication[11]. Finalement, les agents conclurent à l'impossibilité de construire une route à cette époque[12]. Des relations commerciales furent établies pour permettre des importations de laine américaine au Tibet, et des équipements radios furent livrés aux Tibétains. Un quota d'importation de laine fut accordé à Padatsang, un marchand tibétain du Kham qui avait facilité la mission.

Dans les années 1940, Kyibug Wangdue Norbu devint un interprète permanent du Bureau des Affaires étrangères du Tibet et du Bureau du Kashag. Il a voyagé lors de visites officielles du gouvernement tibétain à l'étranger, notamment en 1947[13], quand il fut l'un des trois délégués du Bureau, avec Teiji Tsewang Rigzing Sampho et Khenchung Lobsang Wangyal, qui représentèrent le Tibet lors de la conférence des relations asiatiques qui s’est tenu en Inde[14],[15],[16].

En 1947, le ministère des affaires étrangères tibétain planifia la visite d’une délégation commerciale en Inde, en Chine, aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Des démarches furent faites auprès de l'ambassade des États-Unis en Inde en vue de rencontrer le Président Truman et d’autres responsables américains pour des discussions commerciales. Cette demande fut envoyée à Washington, mais le Département d'État des États-Unis ne souhaitait rencontrer les Tibétains que de façon non officielle. La délégation comprenait 4 personnes, Tsepon W.D. Shakabpa, ministre des finances du Tibet, Padatsang, et deux autres Tibétains dont un moine[17].

Liushar Thubten Tharpa fut le dernier ministre des Affaires étrangères du Tibet[18].

L'armée populaire de libération (APL) est intervenue au Tibet le 7 octobre 1950, mettant en ligne environ 40 000 militaires chinois contre les 8 500 hommes de l'armée tibétaine. Le 19 octobre 1950, 5 000 soldats tibétains avaient été tués, et l'armée tibétaine se rendit. Fin octobre, le gouvernement tibétain demande l'aide diplomatique de l'Inde par l'intermédiaire du chef de la Mission de l'Inde à Lhassa[19]. Le 7 novembre 1950, le gouvernement du Tibet envoya un appel aux Nations unies sur l'invasion du Tibet par la Chine. Dans cette période, seul le Salvador accepta de soutenir le Tibet[20].

En raison de l'ajournement de l'Appel du Tibet aux Nations unies, Surkhang Wangchen Tseten et Khendrung Chöpel Tupten furent envoyés à Delhi pour discuter avec l'ambassadeur de la République populaire de Chine, Yuan. L'ambassadeur avisa qu'il serait préférable que les discussions se tiennent à Pékin, où fut signé l'Accord en 17 points[21].

En janvier 1950, Jigmé Taring fut nommé assistant du Bureau des Affaires étrangères du Tibet.

En 1953, Phuntsok Tashi Takla fut le secrétaire du Bureau des Affaires étrangères du Tibet.

En 1952 ou 1953, après l’intervention militaire de la République populaire de Chine au Tibet, ce bureau fut amalgamé avec le bureau des Affaires étrangères du Résident du Gouvernement chinois[22].

Notes et références

  1. Thomas Laird, Into Tibet: The CIA's First Atomic Spy and His Secret Expedition to Lhasa, Grove Press, 2003, (ISBN 080213999X et 9780802139993), p 223
  2. The Statesman's year-book, New York, 1960 p. 1426 « In 1953 the Chinese foreign bureau in Lhasa was amalgamated with the Tibetan foreign department and the new bureau was placed under a Chinese official. »
  3. a, b et c Roland Barraux, Histoire des Dalaï Lamas - Quatorze reflets sur le Lac des Visions, Edition Albin Michel 1993. Réédité en 2002, (ISBN 2-226-13317-8), p. 280, 282, 318
  4. China's Internationalization: the Republican era of foreign relations, version anglaise du site chinois “hi138.com” : « In 1942 established its own Ministry of Foreign Affairs of Tibet [...]  »
  5. Hugh Richardson, Tibet and its history, Shambhala, 1984 (ISBN 0877732922 et 9780877732921), p 21-22 : « in view of its importance two senior officials, one monk the other lay with the rank of Dzasa were put in charge of it.  ».
  6. Statement by Westerners who visited Tibet before 1949.
  7. Agence de renseignement du gouvernement américain créée après son entrée dans la Seconde Guerre mondiale, elle précéda la CIA.
  8. Orphans of the Cold War America and the Tibetan Struggle for Survival par John Kenneth Knaus.
  9. (en) World Governments Recognize Tibet: The Tibetan Perspective The Tibetan Foreign Office conducted talks with President Franklin D. Roosevelt when he sent representatives to Lhasa to discuss the allied war effort against Japan during World War II.
  10. (en) Thomas Laird, The Story of Tibet: Conversations with the Dalai Lama.
  11. Commission internationale de juristes, La question du Tibet et la primauté du droit, Genève, 1959, p 103-104 (référence au Ministère des affaires étrangères des USA : Foreign Relations of the United States, 1942, China (Washington, 1956), p. 145).
  12. Laird, Thomas, Dalaï-Lama, Christophe Mercier, Une histoire du Tibet : Conversations avec le dalaï lama, Plon, 2007, (ISBN 2259198910).
  13. (en)Tibet Album, British photography in Central Tibet 1920-1950, une brève description physique et des photographies
  14. CTA's Response to Chinese Government Allegations: Part Four, 19 July 2008
  15. Chronologie Tibet], Clio
  16. Jamyang Norbu, Independent Tibet – The Facts, 4 mars 2010
  17. John Kenneth Knaus, Orphans of the Cold War: America and the Tibetan Struggle for Survival, Perseus, 1999, hardcover, 398 pages, (ISBN 1-891620-18-5); trade paperback, Perseus, 2000, (ISBN 1-891620-85-1). p. 27 et 28
  18. John F. Avedon, In exile from the land of snows: the Dalai Lama and Tibet since the Chinese conquest, Harper Perennial, 1994, (ISBN 0060975741), p. 164
  19. Tibetan troops in retreat, The Mercury, 31 octobre 1951
  20. Claude Arpi, Tibet, le pays sacrifié,
  21. W. D. Shakabpa, Derek F. Maher, One Hundred Thousand Moons: An Advanced Political History of Tibet, Volume 1, « Thus, Dzasak Zurkhang Zurpa Wangchen Tseten and Khendrung Chöpel Tupten were sent to Delhi to improve relations with the Chinese Communist Ambassador Yuan. The ambassador advised that it would be best to undertake discussions in Beijing »
  22. Ministère de l'information, France. Direction de la documentation, Notes et études documentaires, Numéros 2555 à 2585, La Documentation Française, 1959, p. 55

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