Élisabeth Charlotte de Bavière (1652-1722)

Élisabeth Charlotte de Bavière (1652-1722)
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Charlotte-Élisabeth de Bavière
La princesse palatine peinte en 1713 d'après Hyacinthe Rigaud
La princesse palatine peinte en 1713 d'après Hyacinthe Rigaud

Naissance 27 mai 1652
Château de Heidelberg
Décès 8 décembre 1722 (à 70 ans)
Château de Saint-Cloud
Profession duchesse d'Orléans
Conjoint Philippe de France, duc d'Orléans

Élisabeth-Charlotte von der Pfalz-Simmern, dite Charlotte-Élisabeth de Bavière[1], est la seconde épouse de Philippe de France, duc d'Orléans, dit Monsieur, frère du roi Louis XIV. Elle est née le 27 mai 1652 au Château de Heidelberg et morte le 8 décembre 1722 au Château de Saint-Cloud.

Sommaire

Biographie

La Princesse palatine par Largillière (Château de Chantilly)

Elle est issue du mariage en 1650 (suivi d'un divorce en 1657) de l’Électeur Palatin Charles Ier Louis, (1617 ; † 1680), comte palatin du Rhin et de Charlotte de Hesse-Cassel (1627 ; † 1686).

Elle épouse le 19 novembre 1671 à Châlons-en-Champagne le frère de Louis XIV, Philippe de France (Monsieur), ce qui fait d'elle la duchesse d'Orléans ou Madame.

Originaire d'une petite cour allemande cultivée, elle est élevée dans la religion réformée à Heidelberg puis à partir du divorce de ses parents, par sa tante la duchesse de Brunswick-Lunebourg à Hanovre et Herrenhausen. Celle-ci lui donne une éducation humaniste, sachant apprécier la nature, Montaigne, Rabelais et la liberté, elle ne s'est jamais sentie très à son aise à la cour de Versailles régie par une étiquette rigoureuse, où fleurissent des intrigues de toutes sortes, et où les relations humaines ne sont fondées que sur l'intérêt et l'égoïsme. En outre, si, comme l'observe un historien[Qui ?], « dans la fraîcheur de ses vingt ans, Madame n'était pas désagréable à regarder », son physique est très rapidement compromis par un embonpoint considérable, dont elle parle elle-même en évoquant « sa taille monstrueuse de grosseur ».

Son mari, de toute façon indifférent aux charmes féminins, ne lui montre que l'empressement strictement nécessaire pour assurer une descendance. Pétillante d'esprit, indépendante, la princesse se consacre alors à une correspondance très abondante. Ses lettres, au nombre de 60 000, rédigées dans un style savoureux, constituent une source d'informations précieuse sur la vie à la cour de France. La princesse reste allemande de cœur et elle abhorre la cour et l'étiquette. Si on l'en croit ses lettres, la dépravation attribuée à la Régence règne déjà dans toute la seconde moitié du grand règne.

Madame présentant l’Électeur de Saxe à Louis XIV.

Consciente de son rang et de ses devoirs, elle ne dissimule pas ses antipathies, en particulier contre sa deuxième belle-sœur, Madame de Maintenon, qu'elle surnomme (entre autres) « la ripopée » « la vieille conne »[2]. Elle ne recule pas, on le voit, devant le mot trivial. Méprisant la famille illégitime du roi, elle surnomme par exemple le comte de Toulouse (fils du roi et de madame de Montespan) « la chiure de souris », ou, à propos de la sœur de ce dernier, Mademoiselle de Blois, que son fils Philippe d'Orléans (1674-1723) a épousée, elle écrit : « Ma belle-fille ressemble à un cul comme deux gouttes d'eau ». Elle s'est d'ailleurs fortement indignée de ce mariage, Mademoiselle de Blois bien que fille légitimée du roi, étant issue de l'union doublement adultérine de ce dernier avec Mme de Montespan.

D'après seul le duc de Saint-Simon, elle serait allée jusqu'à gifler son fils sous les yeux de toute la Cour quand elle apprend que celui-ci a accepté ces épousailles qu'elle juge indignes de son rang[3]. En revanche, elle montre toujours le plus grand respect envers le roi, tout en déplorant l'influence des gens qui l'entourent. Elle parle souvent de son fils en déplorant ses mauvaises fréquentations mais en admirant son intelligence et ses succès militaires. Par contre, elle se montre une mère attentive, et sa correspondance avec sa fille (détruite en grande partie en 1719), la duchesse de Lorraine et de Bar, est pleine de conseils maternels.

La princesse suit les débats d'idées de son temps et entretient même une correspondance avec Leibniz, mais elle ne partage pas le penchant de plus en plus dévot que suit le règne de Louis XIV. Elle partage dans ses lettres ses doutes sur de nombreux points de religion. Elle-même protestante convertie par devoir au catholicisme, à Metz, pour pouvoir épouser le frère du roi de France, elle reste fidèle dans son cœur à la foi de son enfance, et du reste, témoin de la révocation de l'Édit de Nantes, elle ne comprend pas pourquoi des peuples peuvent se dresser les uns contre les autres sur des points qui lui paraissent mineurs. Jamais elle ne se console de la détresse du Palatinat, sa région d'origine, ravagée par les armées du roi son beau-frère et tient Louvois pour responsable de la mort de son père et de son frère. Jusque dans les dernières années elle regrette sa jeunesse à Heidelberg. Elle souffre aussi des avanies et des intrigues de l'entourage de son mari.

Anekdoten vom Französischen Hofe, 1789.

Œuvres

Portrait de Charlotte-Élisabeth de Bavière

On a publié en 1788 des fragments des Lettres originales de Madame, etc., écrites de 1715 à 1720 au duc Ulric de Brunswick et à la princesse de Galles ; réimprimés en 1823 sous le titre de Mémoires sur la cour de Louis XIV et de la Régence, extraits de la correspondance de Mme Élisabeth Charlotte, etc.

Sa Correspondance complète (sic) a été traduite de l'allemand et publiée en 1855 par G. Brunet. Les lettres sont le plus souvent assez mal traduites, voire forgées artificiellement en compilant des extraits de plusieurs lettres différentes en une seule, assortie d'une date de fantaisie. De plus, tous les passages jugés trop crus (et Dieu sait si Madame en était prodigue) sont naturellement censurés. Plusieurs autres éditions ont suivi. Toutes ne contiennent pas la lettre fameuse, citée par les frères Goncourt, dans laquelle la princesse décrit à sa tante Sophie de Hanovre, avec force détails scatologiques et sur un mode humoristique, la difficulté de déféquer à Fontainebleau (9 octobre 1694). Elle a également écrit de nombreuses lettres en français, éditées par Dirk Van der Cruysse en 1989.

Il existe également un curieux livre, Mélanges historiques, anecdotiques et critiques sur la fin du règne de Louis XIV et le commencement de celui de Louis XV par Madame la Princesse Élisabeth-Charlotte de Bavière, seconde femme de Monsieur, frère de Louis-le-Grand : (souvenirs) précédés d’une « notice sur la vie de cette illustre princesse » rédigée par Maubuy. L'ensemble représentant une table des matières de 50 chapitres évoquant, et au passage étrillant, un grand nombre de personnages de la cour en commençant par le roi lui-même, son caractère et ses mœurs, sa conduite à l'égard de son épouse, ses amours, sa mort. Puis vient l'évocation des favorites royales : Fontanges, La Vallière, Montespan, Maintenon, etc. Nous connaissons une publication de cet ouvrage en 1807[4].

Une sélection des Lettres de la Princesse Palatine a été publiée en 1999 au Mercure de France (ISBN 9782715221802).

Notes et références

  1. Son titre exact, tel qu'il figure dans son contrat de mariage, est Élisabeth-Charlotte, princesse électorale palatine du Rhin. Toutefois, comme elle est issue de la branche aînée de la maison de Wittelsbach, dont la branche cadette règne alors sur la Bavière, une confusion s'établit chez ses contemporains, qui prennent l'habitude de la nommer assez inexactement Charlotte-Élisabeth de Bavière. La tradition respecte cet usage, et c'est ainsi qu'elle est toujours communément appelée aujourd'hui. Elle est également très souvent appelée « la princesse palatine », mais cette appellation est postérieure, car pour ses contemporains, français du moins, ce titre désigne exclusivement Anne de Gonzague de Clèves (1616-1684), épouse de son oncle Édouard (1625-1663). Enfin, pour tous les membres de sa famille allemande, elle est simplement « Liselotte ».
  2. La palatine, une commère à la cour de Louis XIV
  3. Claude Pasteur, La princesse Palatine Tallandier 2001, p.88
  4. À Paris chez Léopold-Collin, libraire, rue Gît-le-Coeur no 4. (E.O. ?)

Voir aussi

Bibliographie

Iconographie

  • Portrait de Charlotte-Élisabeth de Bavière par Rigaud

Filmographie

  • La princesse Palatine, une commère à la cour de Louis XIV, film documentaire de Jean-Christophe de Revière, France, 2010, 95'

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :

Fille de France et Madame écrit. Par Françoise Hamel

Source partielle


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