Débat sur les organismes génétiquement modifiés

Débat sur les organismes génétiquement modifiés

Les organismes génétiquement modifiés (OGM) provoquent de nombreux débats qui sont sortis des mondes agricole, économique et scientifique pour toucher les sphères politique, philosophique, médiatique et juridique.

Les débats sur les OGM concernent trois thèmes principaux :

  • Sur le bien fondé des modifications génétiques par l'Homme
  • Sur les processus utilisés pour créer et expérimenter des OGM
  • Sur leurs domaines d'application (utilité et risques)

Sommaire

Évolution générale du débat

Les OGM sont source de grandes divergences d’opinion, qui conduisent à une absence de consensus au sein des opinions publiques nationales ; les avantages mis en avant des OGM entrent en conflit avec les risques sanitaires qu'ils pourraient générer et à des craintes sur une éventuelle atteinte à la biodiversité.

Histoire du débat

Le débat sur les OGM, d'abord confiné au monde scientifique ou agricole s'est progressivement politisé sur deux principales bases d'arguments :

  • Une base éthique en raison, selon les opposants, d'incertitudes sur l'impact des OGM sur l'homme et l'environnement, puis de la brevetabilité du vivant.
  • Une base économique en raison, selon les opposants, de la domination du marché des OGM par un petit nombre de multinationales détenant les brevets des OGM et tentant par ce biais de prendre le contrôle de l'agriculture mondiale.

En France, le débat sur les OGM a été médiatisée par les actions des faucheurs volontaires d'OGM et du leader de la Confédération paysanne José Bové.

Acteurs du débat

Article détaillé : Mouvement anti-OGM.

Les acteurs du débat sur les OGM sont nombreux :

  • En amont, il existe un débat entre scientifique sur les risques et les avantages des OGM.
  • Le débat s'est un moment focalisé au début des années 1990 entre les groupes industriels producteurs de semences (dont la société américaine Monsanto est devenu le symbole) et les associations anti-OGM.
  • La sensibilisation du grand public a donné au débat un caractère politique, y compris au niveau national.

Le groupe de pression anti-OGM est très actif en Europe, et particulièrement en France, au Royaume-Uni[1] en Allemagne, en Autriche, au Luxembourg, en Hongrie et en Suisse. Il n’a pas pris corps majoritairement dans l’opinion publique américaine, mais se manifeste également au Canada[2].

Les mouvements anti-OGM communiquent au public les risques présentés, selon eux, par la culture d’OGM en plein-champs. Ils estiment que les autorités n’auraient pas suffisamment contrôlé les différents effets néfastes possibles des OGM.


Débat éthique

Critiques des OGM

Les militants anti-OGM développent leurs critiques sur plusieurs axes. Les OGM sont considérés comme étant contrôlés uniquement par des grands groupes industriels comme Monsanto ou Bayer Cropscience. Ces groupes soumis à la pression des marchés seraient suspectés de faire passer la rentabilité économique avant l'intérêt des populations. Les brevets sur le vivant et l'utilisation de plantes stériles pour forcer les paysans à racheter des graines sont aussi critiqués. L'argument pro-OGM présentant les semences OGM comme une arme de la lutte contre la faim dans le monde est rejeté, car pour les anti-OGM, les problèmes économiques et politiques sont les principales causes de famine[3].

Défense des OGM

Le professeur de biologie végétale Alain-Michel Boudet (UPS/CNRS) et membre de l’Académie des Sciences, qui ne condamne pas les OGM, juge que « la génétique, et singulièrement les OGM, nous amène à nous poser la question du rapport à la nature. Je remarque par ailleurs que les plantes hybrides, qui existent depuis longtemps, ne sont pas remises en question alors qu’elles sont obtenues par des mélanges de gènes beaucoup plus incertains quant à leurs agencements et à leurs conséquences. Est-ce la précision et la multiplicité dans la palette d’applications qui participent au rejet des OGM ? [..] mettre un gène de chien dans un maïs provoque a priori un rejet fort et une question sur l’ordre de la nature. Mais si cette transgénèse permettait de soigner des maladies graves et fréquentes, on sent bien que la limite de ce rejet serait largement repoussée. Cette idée qu’on ne touche pas à la nature, n’est pas une règle écrite par l’homme, et elle n’est pas fréquemment exprimée dans l’histoire. L’homme n’a jamais cessé d’avancer dans la maîtrise de la nature. On oppose, par exemple, les OGM au développement durable. Mais on peut aussi se poser la question d’OGM qui, comme beaucoup de techniques, seraient au service du développement durable, au service de la préservation de l’environnement. Si la progression de la connaissance et la maîtrise de la nature me semblent inexorables, le problème est de savoir si l’homme peut les utiliser pour son bien-être. »[4]

Débat sur les avantages prêtés aux OGM

Parmi les arguments en faveur des OGM, ressortent notamment les points suivants :

  • La stabilité ou l'accroissement des rendements agricoles par une lutte contre les insectes et un désherbage plus efficaces[5],
  • la lutte contre la faim due notamment à la hausse de ces rendements,
  • l'impact positif de l'industrie des OGM sur l'économie, la croissance et l'emploi.

Débat sur les rendements agricoles

Études montrant un rendement accru pour des semences OGM

Les OGM permettraient d'accroître les rendements agricoles (lire plus haut). Selon plusieurs études scientifiques, l’utilisation d’OGM permet d’accroitre la productivité des surfaces cultivées des grandes cultures (céréales et oléagineux) comme le soja ou le maïs[6],[7],[8].

Études montrant un rendement comparable entre semences OGM et non-OGM

Certaines études[9] sur les OGM actuellement utilisés montrent des rendements moyens équivalents entre les plantes OGM et les plantes classiques[10].

Une étude sur le rendement de trois semences génétiquement modifiées (un maïs et un soja tolérants aux herbicides et un maïs résistant aux insectes), de l'Union of Concerned Scientists, une association de scientifiques promouvant l'agriculture durable, parue en avril 2009, montre que ces OGM n'ont pas contribué, de manière significative, à l'augmentation du rendement agricole aux États-Unis d'Amérique : Parmi ces trois semences, seul un maïs BT permet des augmentations de rendement, mais ces augmentations (+ 7 à 12 %) ne sont significatives que dans des situations de fortes invasions. Ces situations étant marginales, l'augmentation moyenne est de 0,2 à 0,3 % par an, à comparer à l'augmentation moyenne annuelle d'environ un pour cent pour l'ensemble des cultures de maïs. Cette dernière augmentation globale est attribuable à l'amélioration des pratiques culturales[11].

Étude montrant un rendement inférieur des semences OGM

Un chercheur de l'université d'État du Kansas explique ainsi que ses travaux ont débouché sur la conclusion que la productivité de la variété de soja transgénique qu'il a étudiée est inférieure de 9% à celle du soja non transgénique. Cependant ce chercheur déplore l'acharnement médiatique autour de cette recherche. Il précise dans un supplément d'information daté du 28 avril 2008 que cette recherche ne touche que 2 variété de soja dont l'une, et non pas l'unique, différence génétique était le transgène. Cette recherche conclu en une carence en manganèse dans le sol de la culture à très haut rendement étudié. Une fois cette carence pallié, on ne dénotait aucune différence significative dans la productivité des deux variétés étudiées[12].

Rendement agronomique et rendement économique

La plupart des associations de producteurs utilisateurs ou potentiellement utilisateurs de semences OGM font état d'études indiquant un gain économique net au niveau de la production[13]. Dans certains cas, les cultures présentent un meilleur rendement agronomique, soit du fait d'un désherbage simplifié et plus efficace[14] permettant un recours accru aux TCS[15], soit d'une protection accrue voire totale contre certains ravageurs.

Même dans l'Union européenne où la culture des OGM est très limitée, un rapport officiel indique qu'« il apparaît en général de manière probante que les plantes Bt actuellement commercialisées peuvent apporter un avantage économique aux exploitants, puisqu'elles réduisent les besoins en insecticides et/ou augmentent les rendements ; l'ampleur des bénéfices varie toutefois selon les régions et les années »[16].

Actuellement dans le monde, la promotion des OGM commercialisables se fait essentiellement sur les possibilités de réduction du temps et du coût [de production], par simplification de l'itinéraire technique, et sur l'amélioration de certains points techniques (désherbage, protection contre certains insectes) en comparaison avec les cultures traditionnelles, plutôt qu'à un gain de rendement agronomique des semences utilisées.

Débat sur la lutte contre la faim

Les OGM sont parfois présentés comme la solution pour lutter contre la faim dans le monde[17].

Plus modérées, certains chercheurs font ainsi valoir que les PGM pourraient apporter une solution à la malnutrition d'une partie de la population mondiale, soit par l'augmentation de la productivité agricole ou encore l'accroissement de la valeur énergétique des aliments[18]. Le site d'information sur les OGM du gouvernement canadien, estiment que les OGM ne peuvent pas résoudre à eux seul tous les problèmes de famine, mais que l'utilisation d'OGM résistant mieux aux insectes, par exemple, pourrait permettre d'envisager un accroissement de la production agricole en limitant les pertes causées par les ravageurs[18].

Un chercheur du département britannique pour l'Environnement, la Nourriture et les Affaires Rurales, Robert Watson, déclare qu'à la question de savoir si les OGM peuvent résoudre la faim dans le monde, « la réponse simple est non »[19]. Il spécifie, entre autres, « Nous devons stimuler l'économie des pays d'Afrique [...] et y travailler pour rencontrer les standards de sécurité alimentaire ».

A l'inverse, un courant de pensée critique envers les OGM considère que les politiques commerciales associées (licences d'utilisation des semences) induiraient des risques économiques qui dépasseraient les avantages économiques attendus. Les OGM seraient notamment créateurs de déséquilibres entre agricultures des pays riches et des pays pauvres, et créeraient une situation de dépendance entre semenciers et agriculteurs.[réf. nécessaire]

Des organisations écologistes soulignent que l'usage d'OGM à grande échelle participe au remplacement de l'agriculture vivrière par une agriculture de rente, qui menace l'indépendance et la stabilité des économies locales, et favorise l'accroissement des inégalités[20].

Avantages des OGM

Les partisans des OGM avancent notamment les arguments suivants :

Résistance des plantes aux climats difficiles

La recherche sur les OGM se porte actuellement sur le développement d'OGM pouvant être cultivés dans des conditions climatiques difficiles (sécheresse en particulier) qui permettraient de réduire les risques de sous-nutrition ou de famine. L'un des programmes les plus connus à ce sujet est le développement du Green Super rice par la Chine[21].

Durée de vie des plantes

Selon Philippe Joudrier, président du groupe d'experts chargé de l'évaluation des OGM à l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), la durée de vie moyenne d'une variété de plante cultivée par l’homme est de 3 à 7 ans, parce que, notamment, ses ravageurs évoluent constamment. Pour développer de nouvelle variété, la création d’OGM par transgénèse est selon lui « la méthode la plus sûre, la plus fiable, parce qu'on sait exactement ce qu'on change dans la variété »[22].

Limites à l'efficacité des OGM

Certaines études contestent l'importance du surcroît de rendementapporté par les OGM.

Une autre limite à l'efficacité des OGM est la capacité d'adaptation des ravageurs (lire plus bas).

Risques

Les critiques des OGM développent également une argumentation économique pour contester les avantages des OGM dans la lutte contre la faim.

Risque d'une asymétrie entre pays

Un axe de critiques craint que les OGM ne provoquent des déséquilibre entre les agricultures des pays riches et celles des pays en voie de développement liés à une asymétrie possible du développement des OGM, tant au niveau de la recherche que de la production et de la commercialisation, selon les zones géographiques[réf. nécessaire].

Certains défenseurs des OGM répondent que, au contraire, en 2005, les plantes génétiquement modifiées étaient cultivées par plus de 8,5 millions de paysans dans le monde, dont 90 % dans des pays en développement[23]. Ces pays, notamment le Brésil, l'Inde, la Thaïlande et la Chine, mettent en place des programmes de recherche visant à développer une industrie génétique indépendante. Ils estiment en 2008 que c'est en fait l'Europe, jusqu'ici important producteur agricole et pharmaceutique, qui semble de plus en plus à l'écart et qui risque ainsi de se trouver dominée sur ces terrains tant par les laboratoires et entreprises américaines que par la montée des pays émergents[réf. nécessaire]

Risque de dépendance face aux semenciers

Une autre axe de critiques craint que le développement des OGM ne créent un lien des dépendance des agriculteurs vis-à-vis d'une petite nombre de grands semenciers internationaux. L'argumentation s'appuie sur le fait les récoltes issues d'OGM protégés par un brevet sur la propriété intellectuelle ne sont pas réutilisables pour réensemencer l'année suivante. Les grandes firmes de l'agrochimie, de la transformation et de la distribution agricole (BASF, Bayer CropScience, Dow Chemical, DuPont, Monsanto, Pioneer Hi-Bred, Syngenta), jouent un rôle de plus en plus important dans le contrôle et l’orientation de l'évolution du secteur agro-alimentaire et de la pharmacie dans les pays où les OGM sont cultivés sur des surfaces importantes (États-Unis, Argentine, Brésil, Canada, Inde, Chine, Afrique du Sud). Une agriculture nationale pourrait dépendre de quelques semenciers.

Selon une étude publiée en 1984, les agriculteurs des pays industrialisés sont déjà dans une situation de dépendance depuis les années 1970, du fait de l'utilisation de semences hybride F1 pour la majeure partie des productions[24].

Ces réflexions amènent les chercheurs des pays en voie de développement, lors de certains sommets internationaux, comme dans le cadre de l’AGOA (forum de coopération économique et commercial entre les États-Unis et l’Afrique subsaharienne), à estimer que les OGM ne profiteront pas à ceux qui en auraient le plus besoin (défaut de solvabilité des pays en développement). Les risques socio-économiques liés aux OGM seraient notamment dus, selon certains, à la disparition de l'agriculture familiale, plus respectueuse des réseaux économiques locaux.[réf. nécessaire]

Débat concernant les avantages pour l'économie

L’International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications (ISAAA), organisation spécialisée dans le développement des OGM dans les pays en voie de développement, estime en 2006 à 5,6 milliards de dollars la richesse créée en 2005 par les OGM pour les agriculteurs (soit un gain de 4%)[25].

Selon une étude menée par Eduardo Trigo pour le Conseil argentin pour l'information et le développement des biotechnologies, entre 1997 et 2002, les OGM ont créé 200 000 emplois en Argentine[26].

D'après le rapport 2006 de l'ISAAA, le développement des OGM a permis une baisse des prix des produits alimentaires. Selon le même rapport, les petits propriétaires des pays en développement seraient les principaux bénéficiaires de l'introduction des OGM[25].

Débats sur les risques supposés des OGM

L'existence de risques liés aux OGM ne fait pas l'unanimité auprès de tous les acteurs du débat.

Débat méthodologique sur la qualité des études scientifiques

Certains de 26 scientifiques américains jugeaient en février 2009 qu'« aucune recherche véritablement indépendante ne peut être légalement conduite sur beaucoup de questions critiques » compte tenu de l'attitude des producteurs de semences génétiquement modifiées. Ces sociétés seraient très réticentes devant les recherches effectuées sur leurs produits : se prévalant de leurs brevets, elles soumettent leur autorisation à effectuer des études à des conditions que les scientifiques indépendants ne peuvent pas toujours accepter, ou la refusent d'emblée[27].

Ces restrictions ont également une influence sur le processus législatif : dans une tribune[28], Corinne Lepage dénonce la confidentialité des données scientifiques des études sur lesquelles se prononce l'EFSA. Les institutions se voient ainsi réduites à prendre des décisions à partir d'études scientifiques dont les données, protocoles et interprétations sont gardés secrets.

La validité des résultats des études cliniques sur les effets des OGM sur les animaux est également contestée. Selon certains, sous la pression des écologistes[réf. nécessaire], la durée des tests effectués sur des animaux de laboratoire a été portée à un minimum de trois mois[réf. nécessaire] alors que, en matière de santé publique, il est impossible de statuer de manière formelle sur l'innocuité d'un produit sans une étude épidémiologique de plusieurs années.[réf. nécessaire]

Débat sur les risques environnementaux

Diffusion des gènes et substitutions d'espèces

Selon les opposants aux OGM, des risques existent de diffusion des gènes modifiés par croisement entre OGM et plantes cultivées ou sauvages, ou par la domination progressive des plantes améliorées ceci pouvant provoquer un risque d'atteinte à la biodiversité si le gène inséré confère à l'organisme un avantage sélectif par rapport à son équivalent non modifié. Cette dissémination des gènes insérés dans les populations naturelles peut éventuellement provoquer un avantage évolutif quasi-instantané à une espèce par rapport à une autre espèce. Ainsi, les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et le Japon ont déjà constaté cette dissémination dont l'origine provient non seulement de champs de plantes cultivées OGM mais aussi de chute de graines de camions lors de leur transport[29].

Certains éléments vont cependant dans le sens d'une relativisation de ces craintes.

Premièrement, les effets dépendent fortement des effets du gène inséré. Pour un gène conférant un avantage aux plants sauvages, par exemple en les protégeant contre un parasite, ceci pourraient conduire à la disparition d'espèces occupant les mêmes niches écologiques. Par contre, un gène conférant une résistance au glyphosate n'aurait aucun intérêt hors champs et conduirait à un désavantage par rapport aux plantes sauvages, les plants modifiés devant produire une protéine supplémentaire inutile[réf. nécessaire].

Deuxièmement, deux cas semblent démontrer que des transgènes disséminés dans la nature par « pollution génétique » ne le sont pas forcément de manière irréversible (au moins pour le colza et le maïs) :

  1. Le premier cas porte sur des variétés locales de maïs de la province mexicaine d'Oaxaca. Une étude publiée en 2001 dans la revue Nature avait montré la dissémination du gène modifié dans les variétés locales de maïs (affaire Quist et Chapela)[30]. Une nouvelle étude réalisée en 2003 et 2004 et mentionnée dans une nouvelle lettre à Nature en 2005[31] n'a pas retrouvé de trace de ces gènes modifiés. Aucune explication ne semble faire l'unanimité[32].
  2. Le cas d'une expérience de contamination croisée avec une crucifère parente du colza (la ravenelle, dont on sait qu'elle se croise assez facilement avec le colza). L'INRA a mené en 2000 une étude sur la création spontanée d'hybride. Une partie des essais a été détruit par des militants anti-OGM mais le reste des données a permis de conclure que, sur « 190.000 plantes issues des ravenelles récoltées, une seule était un hybride présentant la résistance à l’herbicide ». Les chercheurs ajoutent que « la probabilité qu’une semence soit un hybride se situe entre une chance sur 10.000.000 et une chance sur 33.000 »[33].

Un autre type de crainte provient de la durée de vie de certaines graines OGM. Selon un article de la revue scientifique de référence Nature en avril 2008, en Suède, sur une parcelle expérimentale de culture de colza OGM datant de 1998, des graines ont continué à germer et produire des plants transgéniques au moins jusqu'en 2008, c'est-à-dire durant 10 ans, bien que les chercheurs aient chaque année désherbé, déchaumé et arraché chaque plant survivant de colza[34]. Cependant le phénomène des repousses de colza n'est pas propre aux OGM mais à la plante, il est contrôlable par rotation agronomique.

Impact sur la faune et la flore sauvage

Les opposants aux OGM pointent les impacts sur la faune et flore sauvage, en particulier sur les abeilles, papillons et autres pollinisateurs et/ou herbivores susceptibles de consommer des plantes transgéniques[35].

Résistances adaptatives

Insectes

Des utilisateurs potentiels d'OGM craignent l'apparition de résistances adaptatives chez les insectes. En 2007, le "National cotton council" et la "Cotton Fondation" aux États-Unis[36] étudient avec attention l'adaptation d'insectes (punaises, papillons, coléoptères) au Bt, après avoir détecté en 2000[37] quelques rares individus d'espèces ravageuses porteurs de gènes de résistance. Puis des phénomènes plus importants, et chez d'autres espèces, ont été identifiés, dont par exemple chez le ravageur Helicovera zea qui attaque le coton ou la tordeuse du tabac Heliothis virescens ou Pectinophora gossypiella dont certains individus se sont adaptés (en champs et au laboratoire) à une ou plusieurs formes de protéines Bt émis par le coton ou tabac génétiquement modifié pour leur résister[38]. Ce risque était prévu par les fabricants d'OGM qui pensent pouvoir le diminuer si les agriculteurs respectent bien le maintien des zones-refuges sans OGM recommandées autour des cultures transgéniques[39]. Il semble que la pratique des bandes-refuges s'affaiblisse après quelques années[40], les agriculteurs n'étant plus motivés pour les maintenir. Une autre piste étudiée est d'associer des inhibiteurs de protéase au Bt pour en renforcer sa toxicité à l'encontre d'espèces d'invertébrés qui commencent à y résister[41]. Les lignées hautement résistantes (une des souches est devenue 100 fois plus résistante, en laboratoire après une sélection sur seulement 11 générations) ne semblent pour le moment pas stables dans le temps (l'acquisition de la résistance s'accompagnant d'une moindre réussite dans la reproduction des générations).

Un problème similaire d'apparition de résistance adaptative existerait également avec les gènes de sélection. Ces derniers sont des gènes insérés en même temps que le gène d'intérêt, mais dont le rôle est de permettre la sélection des cellules modifiées. Les gènes de résistance à un antibiotique peuvent être utilisés dans ce but. Ils correspondent à des gènes conférant la résistance à un antibiotique donné et qui ne sont plus utilisé dans les secteurs de la santé humaine ou animale (les bactéries colonisant l'homme et les animaux sont à 90% résistants à ces antibiotiques, d'où l'arrêt de leur utilisation en santé publique). Des risques, bien que de probabilité extrêmement faible, sont liés à la diffusion de ces gènes de résistance à d'autres espèces, et l'apparition de nouvelles résistances aux antibiotiques chez les bactéries pathogènes pour l'homme et l'animal[42]. Dans tous les cas, ces questions se posent pour toutes les OGM antérieures à 2005 puisqu'à partir du 1er janvier 2005, ces gènes marqueurs sont interdits.

Adventices

L'application d'une pression de sélection continue sur les adventices avec essentiellement une seule matière active (glyphosate pour les variétés RR) conduit de manière inéluctable à l'apparition d'adventices résistantes, phénomène bien documenté[43],[44]. Le problème est plus aigu lorsque la rotation contient plusieurs plantes RR (soja - maïs par exemple). Pour le canola (colza), on peut alterner les matières actives (glyphosate, glufosinate et imidazolinone), et on ne connait pas de résistance au glufosinate, ce qui réduit le risque dans l'immédiat. Cela n'encourage pas la mise sur le marché de blé RR qui pourrait conduire à des rotations entièrement RR.

Selon Christian Vélot, de l'Université Paris-Sud: Il n'y aurait pas eu de transfert du gène de tolérance au Roundup par croisement sexué entre le soja et l'amarante car ces deux plantes ne sont pas inter-fécondables. En fait, des variants naturels de l'amarante (considérée comme mauvaise herbe) résistants au Roundup auraient été sélectionnés par l'utilisation intensive et répétée de Roundup sur ces cultures de soja OGM (tout comme la pratique intensive des cultures Bt année après année finit par sélectionner des insectes résistants à la toxine produit par la plante). Ceci rendant inefficace le désherbant RoundUp.

Modification de l'équilibre des populations d'insectes

Selon une étude parue dans la revue Science[45], la diminution de l'utilisation d'insecticides liée à la culture de coton Bt en Chine a permis le développement de populations de punaises (myridés) qui, n'ayant pas de stage chenille, ne sont pas atteintes par la toxine Bt, prolifèrent dans les champs de coton et atteignent les cultures adjacentes, d'où la nécessité de retraiter en conventionnel.

En 2006 une étude jointe entre le « Center for Chinese Agricultural Policy », l'académie des sciences chinoise et l'institut Cornell soulignait que l'absence de refuges aux alentours des cultures OGM en Chine(zone de plantation de culture non OGM où l'agriculteur utilise des pesticides à large spectre pour empêcher l'apparition de population résistante au cotton Bt) avaient permis à des insectes non ciblés par la toxine Bt de se développer et attaquer le coton[46].

OGM et produits chimiques

Les promoteurs des OGM disent que le développement de semences OGM réduit le recours aux produits chimiques dans l'agriculture, pesticides et engrais. De ce point de vue, le développement de plantes répondant mieux aux conditions climatiques pourrait réduire les pertes et les produits chimiques utilisés[réf. nécessaire] . Selon l'ISAAA, 962 millions de kilos de CO2 n'ont pas été émis grâce aux OGM en 2005 et 356 millions de litres d'essence ont été économisés grâce à une meilleure organisation des récoltes et des traitements. Les répercussions sur l'environnement, mesurées par l'indicateur de l'Environmental Impact Quotient, ont été réduites de 15,3 % entre 1996 et 2005. L'utilisation de produits chimiques a été réduite de 7 %, ce qui correspond à 224,3 millions de kilos de produits qui n'ont pas été déversés en 2005 grâce aux OGM[25]. La moindre utilisation d'engrais ou d'insecticides réduit la nocivité des aliments pour la santé humaine.

Les opposants aux OGM soutiennent la thèse inverse. D'une part, l'acquisition par une plante d'une résistance à un herbicide donné permet d'épandre cet herbicide plus largement sur les cultures avec les risques sanitaires inhérents. C'est le cas du couple formé du soja OGM Roundup ready couplé à l'herbicide Roundup de Monsanto, dont la toxicité relative a été mise en évidence[47]. L'épandage induit un risque d'ingestion de cette substance[réf. nécessaire]. D'autres part, le stress subit par les plantes visées par cet herbicide serait en mesure de les forcer à évoluer vers des formes résistantes qui demanderait un usage accru de l'herbicide quand celui-ci ne s'avèrerait pas définitivement inefficace.[réf. nécessaire]

  • Dans le détail, dans le cas des OGM résistants à un herbicide, on substitue à un herbicide comportant plusieurs matières actives (en plusieurs passages) un autre herbicide contenant une seule matière active (en deux passages habituellement), très étudié et peu rémanent, pour une meilleure efficacité de désherbage. Cependant tous les herbicides présentent une toxicité propre (aigüe et chronique), et de plus leurs produits de dégradation, ou encore leurs adjuvants, peuvent aussi poser problème, comme pour le glyphosate avec l'AMPA. Le glyphosate est l'herbicide le plus utilisé dans le monde, et pas seulement pour les cultures OGM, mais aussi pour des usages non-agricoles comme le désherbage des voies ferrées. Rien qu'en Europe où l'on ne cultive pas d'OGM résistants à un herbicide, on utilise environ 10.000 tonnes de glyphosate[48].
  • Les principales cultures modifiées génétiquement pour tolérer un herbicide sont : le maïs-grain, le soja, le coton, le canola (colza), la betterave sucrière, le lin, la luzerne, le riz[49].
  • Pour les OGM produisant une toxine insecticide interne Bt, on substitue plusieurs pulvérisations d'insecticides destinées à éliminer les formes volantes de deux insectes (pyrale du maïs: Ostrinia nubilalis et noctuelles du maïs ou sésamie: Sesamia nonagrioides) dont la prolifération relative doit être contrôlée en permanence pendant la période sensible, par rien, avec une bien meilleure efficacité. D'où un avantage environnemental évident, a priori. La plupart des insecticides sont des organochlorés, des organophosphorés ou des carbamates dont la toxicité sur l'homme et le milieu naturel est significative.
  • Les principales cultures OGM Bt sont le maïs et le coton[50].

Débat sur les risques de santé publique

Dans le cadre du débat sur les OGM et la santé publique, il faut distinguer les risques liés :

  • au gène lui-même,
  • à l'expression de la protéine,
  • à la transgénèse.

Il n'y aurait pas d'effet nocif connu des acides nucléiques (support matériel des gènes)[réf. nécessaire].

En revanche, les protéines produites pourraient présenter des risques de toxicité ou d'allergéicité dû, par exemple, à un repliement incorrect.

D'autre part, en introduisant un gène dans l'ADN, on l'introduit forcément à un endroit de l'ADN ce qui peut empêcher d'autres gènes de fonctionner correctement par exemple si le gène introduit induit l'inactivation d'un gène préexistant.

Question de la toxicité

Pour l’ONU, les OGM « qui sont actuellement sur les marchés internationaux ont passé avec succès des évaluations du risque et il est improbable qu’il[s] présente[nt] un quelconque risque pour la santé humaine »[51]. En outre, le Conseil international pour la science, qui fédère les organisations scientifiques faisant autorité dans tous les domaines, a considéré dans une étude publiée en 2003, que la consommation des OGM contemporains est sans danger[n 1].

Selon Clive James, directeur de l'ISAAA, il n'y a pas de nocivité constatée des OGM végétaux commercialisés. Il déclarait en janvier 2006 : « Trois cent millions de personnes en mangent aux États-Unis et au Canada depuis 10 ans, et il n’y a jamais eu l’ombre d’un problème »[52]. En outre, il rappelle que cette absence de nocivité pour la santé des OGM doit s'évaluer en comparaison aux risques avérés d'autres éléments présents dans les produits alimentaires : colorants, conservateurs ou résidus de pesticides.

Question des allergies

D'après le site interministériel sur les OGM[53], «Les études réalisées ne permettent pas de conclure si les aliments issus d'organismes génétiquement modifiés (OGM) sont plus ou moins allergisants que les aliments traditionnels correspondants».

Il est cependant possible que certains OGM provoquent des allergies alimentaires, « soit par insertion d'un gène qui conduirait à la synthèse d’une protéine allergénique, soit par modification du fonctionnement du métabolisme ou de certains gènes de l’organisme receveur générant la production d’une nouvelle protéine susceptible de provoquer des allergies. » et certains programmes d'OGM ont en effet été arrêtés pour des raisons d'allergie :

  • Dans l'exemple de la transplantation d'un gène de la noix du Brésil (améliorant la teneur en acides aminés soufrés dont la méthionine) dans le génome d'un soja destiné au fourrage, il s'est révélé que la protéine codée par le gène inséré était responsable de l'allergie à la noix du Brésil chez l'Homme. Même si la consommation de fourrage n’est pas une habitude de l’alimentation humaine, cette plante génétiquement modifiée s'est arrêtée au stade du laboratoire et ne sera donc jamais commercialisée (le principe de précaution prévalant)[54].
  • Un cas similaire s'est produit avec un pois génétiquement modifiée surexprimant un inhibiteur d'alpha-amylase. Lors des tests, l'obtenteur s'est rendu compte que cette protéine provoquait des lésions de type immunitaire chez le rat. Le programme a donc été arrêté[55].

Les défenseurs des OGM soulignent que le nouvelles variétés obtenues par OGM ne provoquent pas plus d'allergies que celles obtenues par d'autres techniques que la transgénèse :

  • L'AFSSA concluait dans un rapport en 2006 que « il ressort qu’en l’état actuel des connaissances, les plantes génétiquement modifiées ne présentent pas plus de risque que les plantes obtenues par des méthodes conventionnelles en ce qui concerne le potentiel allergénique. »[56]
  • En 2006, une étude de Kleter et alii a démontré qu'un croisement conventionnel entre des variétés pouvaient conduire à l'apparition de protéines allergéniques. (Cf. rapport de l'AFSSA sur les allergies, 2006).

Les défenseurs des OGM soulignent également que certaines études plaident pour une certaines innocuité des OGM en termes d'allergies.

  • Expérimentalement, une étude récente a prouvé l'absence d'allergénicité spécifique aux lignées de maïs et soja transgéniques testées[57]. Les chercheurs portugais signataires de l'article préconisent cependant la mise en place en routine de tests d'allergénicité et de sensibilisation des aliments après leur mise sur le marché.

Réglementations et méthodes de tests

Aux États-Unis et au Canada[58], les autorisations de mise sur le marché des OGM par la FDA, l'EPA, l'USDA et l'ACIA reposent essentiellement sur l'établissement de l'équivalence en substance appelé principe d'équivalence en substance qui met en œuvre les méthodes permettant le dosage des différents constituants biochimiques présents dans les organismes GM comparativement aux témoins. Si des différences significatives apparaissent, alors des tests complémentaires sont alors réalisés. Cette philosophie se base entre autres sur le fait que le risque est considéré comme faible a priori, puisque les OGM ne sont que des cellules dans l'ADN desquelles un gène (une protéine) a été inséré, et que le mélange des caractéristiques génétiques de deux produits pour en obtenir un troisième existe depuis plus d'un millénaire (greffes de branches sur des plantes, par exemple)[réf. nécessaire].

La réglementation européenne prône une philosophie différente et demande ces tests pour toute mise sur le marché (tests de toxicité aiguë, sub-chronique et d'alimentarité)[réf. nécessaire]. On peut remarquer cependant que certains aliments ou ingrédients conventionnels courants comme le poivre ne passeraient pas l'épreuve de ces tests s'ils leur étaient appliqués.

Débat sur l'interférence avec l'agriculture biologique

Article connexe : Label Agriculture Biologique.

Du fait des possibilités de dissémination non maîtrisée des gènes et des mélanges de semences dans les circuits d’approvisionnement-distribution, la culture de plantes OGM peut conduire à détecter la présence de transgènes dans des denrées où leur présence n'a pas été voulue par les producteurs. Dans l'Union européenne, des seuils de présence fortuite d'OGM sont prévus[réf. nécessaire].

Jusqu'à récemment[Quand ?], les critères d’attribution des labels « produit issu de l’agriculture biologique » définis par la Commission européenne et la marque AB en France fixaient un seuil de 0 % de contenu OGM, ce qui rendait incompatible la labélisation de produits biologiques cultivés à proximité de cultures OGM, en raison de croisements accidentels[n 2]. De tels déclassements ont déjà eu lieu au Canada, aux États-Unis et en Europe (cf. le cas de Kochko). Depuis le 31 décembre 2008, est entré en vigueur la législation adoptée en juin 2007 par les ministres européen de l'agriculture qui autorise la présence « fortuite ou techniquement inévitable » d'OGM à hauteur de 0,9% dans les produits bio. Au-delà de ce seuil, ces aliments devront être étiquetés comme contenant des OGM. En deçà, aucune indication au consommateur n'est prévue[59]. Néanmoins, des problèmes techniques d'étiquetages imposent que soit reportée au 1er juillet 2009 l'application de cette loi.

Réflexions sur les débats

Réflexions sur le débat scientifique

Selon une étude de Sylvie Bonny (INRA) parue dans l'Electronic Journal of Biotechnology, l'opposition est plus forte aux OGM en Europe et tout particulièrement en France. Cela s'expliquerait par un débat focalisé sur les risques et non sur les avantages. Les medias de masse ont adopté selon elle une posture critique ou même négative, qui expliquerait en partie l'opposition de la société civile. Elle souligne par ailleurs la publicité que les médias ont fait aux mouvements dénonçant les OGM et estime que c'est en 1997-1998 que les médias ont adopté cette posture anti-OGM. À partir de ce moment-là, pour Sylvie Bonny, le débat des OGM n'est plus couvert par des journalistes scientifiques. Cela expliquerait la méconnaissance des avantages des OGM[60].

Plusieurs chercheurs se sont prononcés pour que la question des OGM reste scientifique. Jean de Kervasdoué, agronome et économiste, considère dans Les prêcheurs de l'apocalypse que les médias français sont anti-OGM et empêchent la tenue d'un véritable débat scientifique. Il écrit ainsi que « Quand les présentateurs du journal télévisé parlent d'OGM, j'ai l'impression que Mars attaque. »[61] Claude Allègre, géochimiste et ancien ministre, souligne également, dans Ma vérité sur la planète, le manque de traitement scientifique de la question et les préjugés qui règnent[62]. Il écrit que « La répulsion de certains contre les OGM touche au fanatisme » et considère que la lutte anti-OGM est devenue une « religion » avec ses « dogmes »[63]. Dans une émission de France 2, selon Marcel Kuntz, « un torrent de contrevérités et de manipulations fut déversé sur les téléspectateurs »[64]. En restant sur le mode scientifique mais en incluant des questions de développement agricole et de biodiversité, d'autres chercheurs incluant Pierre-Henri Gouyon et Yvon Le Maho (tous deux membres de l'Academia Europaea), ont demandé une approche interdisciplinaire et intégrative de la question en montrant que de ce point de vue, les dangers de la culture d'OGM n'étaient pas négligeables[65].

Ailleurs dans le monde d'autres scientifiques ont regretté que le débat des OGM ne soit pas un débat scientifique mais un débat politique, faisant appel aux émotions et non aux arguments rationnels. Ainsi, le professeur Marc Van Montagu, chercheur en biologie moléculaire à l'Institute of Plant Biotechnology for Developing Countries (IPBO) et pionnier de la transgénèse a-t-il déclaré que le débat était « centré sur des arguments émotionnels plutôt que sur l'examen des preuves scientifiques ». Il ajoute que les OGM ont souffert de l'image de « nourriture Frankenstein » qui leur a été accolée et considère qu'il n'y a pas d'arguments rationnels contre l'utilisation des OGM dans la production alimentaire[66].

Par ailleurs, des scientifiques (par exemple Mae Wan Ho (en), Jacques Testart[67] ou Christian Vélot) regrettent la diffusion dans l'environnement d'une technologie, selon eux, encore mal connue, non maitrisée et irréversible. Ils se regroupent parfois pour faire entendre des voix indépendantes[68],[69],[70].

Selon le professeur de biologie végétale Alain-Michel Boudet (Université Paris-Sud 11/CNRS), « sur les aspects scientifiques et technologiques, et à propos des OGM, le problème réside dans le fait qu’il s’agit souvent d’une confrontation entre des gens qui ont des certitudes et des gens qui, comme souvent les scientifiques, parlent au nom d’une absence de certitudes. »[4]

L'économiste libérale Cécile Philippe de l'Institut économique Molinari juge dans son livre La terre est foutue que « les faucheurs d’OGM menacent le progrès de la science au nom d’une vision conservatrice de l’agriculture »[71]. Selon elle, la lutte anti-OGM et la destruction de parcelles de plantation scientifique nuit à la recherche dans le secteur des biotechnologies, et constitue un handicap pour le développement de firmes de semences. Ce serait particulièrement le cas en France[n 3]. Cette situation entraîne le risque que les chercheurs français et européens émigrent vers d'autres pays[72].

Réflexions sur le débat politique

Les décisions règlementaires des décideurs politiques varient fortement en fonction des pays et des périodes (multiples autorisations en Amérique du Nord ou au Brésil, autorisation de culture en France, puis interdiction en 2008, etc.). Dépassant le cadre scientifique, bon nombre des partisans de la lutte anti-OGM, dont José Bové, soulignent le caractère éminemment politique du choix d'autoriser ou non les cultures OGM[73]. De même, des observateurs politiques pensent que les décisions règlementaires sont parfois prises en fonction de l’opinion de la population[n 4]. À l'opposé, certains parlementaires ont insisté sur le fait que les partisans des OGM étaient "actionnés" (selon les mots du sénateur Legrand[74]) par les semenciers.

Selon le philosophe français François Ewald, proche du MEDEF, et le philosophe français Dominique Lecourt, les pays qui freinent ou bloquent la recherche sur les OGM prennent un retard technologique vis-à-vis des autres pays. Le non-développement des OGM entraîne le risque que les chercheurs, par exemple français et européens, émigrent vers d'autres pays[72] (voir fuite des cerveaux).

Enjeux juridiques, brevetabilité du vivant

Le développement des OGM a stimulé les débats sur la brevetabilité du vivant, et entraîné une modification progressive du droit.

Notes et références

Notes

  1. Conclusion du : « Currently available genetically modified foods are safe to eat. Food safety assessments by national regulatory agencies in several countries have deemed currently available GM foods to be as safe to eat as their conventional parts and suitable for human consumption. This view is shared by several intergovernmental agencies, including the FAO/WHO Codex Alimentarius Commission on food safety, which has 162 member countries, the European Commission (EC), and the Organization for Economic Cooperation and Development (OECD). » ; (en) New Genetics, Food and Agriculture: Scientific Discoveries – Societal Dilemmas, International Council for Science, mai 2003, p. 8 :
  2. INRA Résultats du projet européen SIGMEA sur la coexistence entre cultures OGM et non-OGM Les différents résultats obtenus par SIGMEA montrent que les probabilités sont graduées suivant le contexte cultural et suivant les caractéristiques de l’OGM envisagé. Pour le maïs, dans certaines situations, il peut suffire d’organiser la récolte séparément (à condition d’un accord entre agriculteurs) pour satisfaire des seuils inférieurs au seuil réglementaire de 0,9%. Sinon, des mesures comme des décalages de semis ou des distances d’isolement sont efficaces mais elles ne sont pas toujours faciles à appliquer. En cas de très grande densité de maïs ou pour des espèces comme le colza, la séparation géographique entre cultures OGM et cultures conventionnelles est la solution raisonnable. Enfin, pour les filières telles que l’agriculture biologique qui revendiquent une absence totale d’OGM dans leurs productions, la coexistence à l’échelle locale est en revanche techniquement impossible dans la plupart des cas.
  3. « OGM : la France à la peine face aux Américains », Le Figaro Économie, 15 octobre 2007 : « Difficile pour les semenciers français et européens de rivaliser quand, en plus, leurs essais sont détruits par les opposants aux OGM. Ce fut notamment le cas, en 2004, à Marsat (Puy-de-Dôme), de maïs expérimentaux conçus par l'Inra et Biogemma pour donner le même rendement en consommant moins d'azote. "C'est d'autant plus stupide que, s'agissant de plants castrés, il ne pouvait y avoir dissémination de pollen transgénique. En outre, ces recherches vont dans le sens du développement durable : les engrais azotés sont fabriqués avec du pétrole qui devient de plus en plus rare et cher ! », s'indigne Bertrand Hirel, chercheur à l'Inra de Versailles »
  4. Par exemple, en France : « Nicolas Sarkozy s'était plutôt déclaré favorable aux OGM pendant la campagne présidentielle. Posture courageuse alors que tous les sondages montrent invariablement que près des deux tiers des Français y sont hostiles. » [..] « Mais le "Grenelle de l'environnement" fut un tel événement, relayé dans le monde entier, une telle fierté, partagée par la majorité des Français pour montrer qu'ils prenaient les premiers conscience de la nécessité de protéger la planète et ses occupants, un tel exemple à suivre, présenté comme une révolution culturelle, un pacte fondateur devant l'universel, qu'avaliser les OGM devenait politiquement impossible, intenable, inopportun. Ce n'était pas le sens de l'histoire. », in « Les OGM contre le sens de l'histoire », Le Figaro, 11 janvier 2007

Références

  1. mention du « anti-GM lobby » (lobby anti-OGM) : (en) GM debate cut down by threats and abuse, Times higher education, 24 octobre 2003 ; Suspicion isn't proof, Telegraph, 7 mars 2004
  2. Résumé des sondages sur les OGM au Québec et au Canada 1994-2004, site de Greenpeace
  3. Maison de la consommation et de l'environnement, Les critiques émises par le collectif OGM 35, [1]
  4. a et b Entretien agrobiosciences, 28 octobre 2003
  5. Monsanto, « Seeds & Traits ». Consulté le 18 juin 2009. « « In addition, by inserting one or more genes in the seed — a biotechnology trait — we're able to provide farmers with a novel way to combat insects and control weeds, so yield is preserved throughout the growing season » »
  6. ARNOLD, J.C., D.R. SHAW et C.R. MEDLIN, « Roundup Ready™ Programs Versus Conventional Programs: Efficacy, Variety Performance, and Economics », dans [of the Southern Weed Science Society], vol. 51, 1998, p. 272-273 
  7. CARPENTER, J., A. FELSOT, T. GOODE, M. HAMMIG, D. ONSTAD et S. SANKULA, « Comparative Impacts of Biotechnology-derived and Traditional Soybean, Corn, and Cotton Crops », dans Council for Agricultural Science and Technolog, 2002 
  8. FERNANDEZ-CORNEJO, J. et W.D. MCBRIDE, « Genetically Engineering Crops for Pest Management in US Agriculture: Farm-Level Effects », dans Resource Economic Division, Economic Research Service, US Department of Agriculture, Agricultural Economic Report, 2000 [texte intégral] 
  9. OGM : la hausse des rendements contestée - Le Monde - 16 avril 2009
  10. « Les gains de rendement des OGM surestimés », Libération, 20 avril 2009.
  11. [PDF] (en)Rapport de UCS sur le rendement des cultures génétiquement modifiées
  12. (en) Gordon B., 2007, « Manganese nutrition of glyphosate-resistant and conventional, soybeans », Better Crops, Vol. 91, No. 4: 12-13
  13. (en) Etude du Canola Council of Canada
  14. Page du CETIOM sur le désherbage du colza OGM
  15. (en) Etude canadienne sur les aspects économiques de la culture du canola OGM
  16. Rapport de DG SANCO sur l'impact socio-économique de la culture des OGM, publié en avril 2011
  17. Voir par exemple James K. Glassman, 21 novembre 2002, « Norman Borlaug: Solving World Hunger Through Genetics », Capitalism Magazin, consulté le 24 avril 2008.
  18. a et b « Production agricole accrue », ogm.gouv.qc.ca
  19. (en) Geoffrey Lean, « Exposed: the great GM crops myth »], The Independent, 20 avril 2008, article consulté le 22 avril 2008
  20. Greenpeace, Les impacts économiques et sociaux des OGM, p. 2
  21. (en) Zhang, Qifa, « Strategies for developing Green Super Rice », dans Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 104, no 42, 16 Octobre 16 2007, p. 16402-16409 [texte intégral, lien DOI] 
  22. Interview dans « Rien n'est mieux contrôlé qu'un OGM », Ouest-France, jeudi 3 janvier 2008
  23. Rapport 2006 de l'ISAAA, p. 37
  24. P. Pesson, J. Louveaux, Pollinisation et productions végétales, Quae, 1984, 86 p. (ISBN 2853404811), « Biologie florale ».
    en 1973 85% de la surface cultivée de céréales sont composés de semences hybrides obtenues à l'aide de la stérilité mâle cytoplasmique
     
  25. a, b et c [PDF] (en) Rapport 2006 de l'ISAAA, rétrospective sur 10 ans, pages viii, xv, 36, 40
  26. Étude de Trigo et alii: Genetically Modified Crops in Argentina agriculture: an opened story, Libros del Zorzal, Buenos Aires, Argentine
  27. Elisabeth Leciak, « OGM : les grandes compagnies empêchent la recherche scientifique », Univers-nature, février 2009. Consulté le 26 février 2009
  28. Réformons l'autorité européenne de la sécurité alimentaire
  29. Claire Peltier, « Du colza OGM dans la nature ! », Futura-sciences, août 2010. Consulté le 6 août 2010
  30. (en) I.H. Chapela, « « Transgenic DNA introgressed into traditional maize landraces in Oaxaca, Mexico » », dans Nature, vol. 414, 2001, p. 541-3 [texte intégral (page consultée le 18 juin 2009)] 
  31. Marris E., Four years on, no transgenes found in Mexican maize, Nature 436, 760, 2005.
  32. Les premiers auteurs maintiennent leurs résultats. De plus, l'article de 2005 donnant des résultats négatifs n'est cité qu'une seule fois
  33. Hybridation entre le colza et la ravenelle en conditions proches de la pratique agricole, INRA, Communiqué de presse - 25 août 2000
  34. Revue Nature 2.4.2008
  35. Pour des sources scientifiques à ces positions, voir notamment les références de Impacts des OGM sur l'environnement et la santé : les preuves, pp. 3 à 5.
  36. Auburn University, Beltwide Cotton Conferences 9 au 12 janvier 2007, États-Unis
  37. Anthony D. Burda et al., Estimated Frequency of Nonrecessive Bt Resistance Genes in Bollworm, Helicoverpa zea (Boddie) (Lepidoptera: Noctuidae) in Eastern North Carolina
  38. Marcus, Maria Adalita ; Thèse (North Carolina State University, 2005-06-06, en
  39. R.E. Jackson et al., Entomologia Experimentalis et Applicata Vol. 126 Issue 2, Page 89 February 2008 Regional assessment of Helicoverpa zea populations on cotton and non-cotton crop hosts
  40. http://farmindustrynews.com/crop-protection/0201-corn-refuge-respect/] Article en anglais relatant la baisse de la pratique du refuge aux États-Unis
  41. Zhu, Y.C., Abel, C.A., Chen, M.S. 2007. Interaction of Cry1Ac toxin (Bacillus thuringiensis) and proteinase inhibitors on the growth, development, and midgut proteinase activities of the bollworm, Helicoverpa zea. Pesticide Biochem. Physiol. 87:39-46. (USDA, États-Unis, 17 mai 2006)
  42. rapport fao page 68
  43. (en) Présentation sur les adventices résistantes aux herbicides sur canola
  44. (en) Site répertoriant des adventices résistantes aux herbicides
  45. Yanhui Lu, Kongming Wu, Yuying Jiang, Bing Xia, Ping Li, Hongqiang Feng, Kris A. G. Wyckhuys et Yuyuan Guo, « Mirid Bug Outbreaks in Multiple Crops Correlated with Wide-Scale Adoption of Bt Cottonin China », dans Science, vol. 328, no 5982, 28 mai 2010, p. 1151-1154 [texte intégral] 
  46. (en) Seven-year glitch: Cornell warns that Chinese GM cotton farmers are losing money due to 'secondary' pests
  47. Glyphosate-based herbicides are toxic and endocrine disruptors in human cell lines, Gasnier et al., 2009
  48. Fiche de l'Agence de l'eau Seine-Normandie sur le glyphosate
  49. OGM : Utilisation actuelle : Tolérence aux herbicides Gouvernement du Québec Source d'informations sur les organismes génétiquemet modifiés
  50. Gouvernement du Québec Source d'informations sur les organismes génétiquement modifiés
  51. Toujours selon l'Organisation des Nations unies : « De plus, on n’a jamais pu montrer que leur consommation par le grand public dans les pays où ils ont été homologués ait eu un quelconque effet sur la santé humaine. », p. 3, [PDF] (fr) 20 questions sur les aliments transgéniques sur le site de l’ONU. Consulté le 8 octobre 2007
  52. OGM : 10 ans et toutes leurs dents, Association française pour l'information scientifique, 2006
  53. OGM et allergies alimentaires, site interministériel sur les OGM
  54. [2]
  55. rapport Afssa page 9
  56. rapport Afssa page 10
  57. R. Batista et alii, « Lack of detectable allergenicity of transgenic maize and soya samples », dans Journal of Allergy and Clinical Immunology 116:2, août 2005 [(en) lire en ligne]
  58. Site du Bureau de la Biosécurité Végétale de l'ACIA
  59. La Libre Belgique 31 12 2008
  60. (en)Why are most Europeans opposed to GMOs? Factors explaining rejection in France and Europe, Sylvie Bonny, Electronic Journal of Biotechnology
  61. Jean de Kervasdoué, Les prêcheurs de l'apocalypse, p. 11
  62. Claude Allègre, Ma vérité sur la planète, p. 39.
  63. Claude Allègre, ibid , p. 40.
  64. « Armes médiatiques de destruction massive », Marcel Kuntz, site de l'Association française pour l'information scientifique, octobre 2007
  65. http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1023965
  66. (en)Hungary overreacting on GMO issue, claims expert
  67. OGM Santé et Démocratie, le site officiel de Jacques Testard
  68. FSC Fondation des Sciences Citoyennes
  69. Site officiel du CRIIGEN
  70. The Independent Science Panel on GM Final Report
  71. Cécile Philippe, La terre est foutue, p. 16.
  72. a et b « Les OGM et les nouveaux vandales », François Ewald et Dominique Lecourt in Le Monde, 4 septembre 2001
  73. « Notre combat anti-OGM est politique, il ressort de la désobéissance civile, pas de la délinquance. », in « José Bové: "Je peux très bien être sacrifié sur l’autel du Grenelle" », Libération, 10 novembre 2007
  74. http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1030786

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Anti-OGM
Pro-OGM
Analyse de la question OGM



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