Cornelis Everaert

Cornelis Everaert
Cornelis Everaert
Blason de la chambre de rhétorique De dry Sanctinnen, à laquelle Cornelis Everaert fut affilié
Blason de la chambre de rhétorique De dry Sanctinnen, à laquelle Cornelis Everaert fut affilié

Activités Dramaturge
Naissance vers 1480
Bruges
Comté de Flandre
Flag of the Duchy of Burgundy.svg  Pays-Bas bourguignons
Décès 14 novembre 1556
Bruges
Comté de Flandre
Flag - Low Countries - XVth Century.png  Pays-Bas espagnols
Langue d'écriture néerlandais
Mouvement Littérature des Rhétoriciens
Genres Esbattement
Moralité

Cornelis Everaert, né à Bruges vers 1480, mort dans cette ville le 14 novembre 1556, est un poète et dramaturge des Pays-Bas méridionaux. Il écrivit dans le style des rhétoriciens[1].

Sommaire

Biographie

Il portait les devises : Ic comme om leeren (Je viens pour apprendre) et So reine verclaert (Si bien expliqué)[1] ; cette dernière étant l’anagramme de son nom[2]. Comme son père Cornelis[3], de profession il était teinturier et foulonnier. En outre, il était clerc associé à la gilde des archers de saint Sébastien[1]. C’est à leur « roi » que, à l’occasion d’une de leurs fêtes, il présenta son jeu Van der Beke[4]. Il fut membre, peut-être facteur, des chambres de rhétorique brugeoises De Heleghe Gheest (Le Saint-Esprit) et De dry Sanctinnen (Les trois saintes)[1].

À un concours de poésie à Nieuport, il remporta le premier prix avec son premier esbatement (un genre de farce), datant de 1512 : Van ’t Wesen, c'est-à-dire l'essence ou la nature insondable de la femme[5].

Notoriété posthume

À sa mort, en 1556, Eduard de Dene composa un poème en l'honneur de ce rhétoricien, dans lequel il indique que celui-ci aurait éduqué maint artiste talentueux (« […] heeft menich aerdich artiste vpghequeect […] »)[6].

Un jeu de table anonyme, à trois personnages (Tafelspeelken van drye Personagien), du Dboeck der Amoreusheyt (Livre de l'amour), publié à Anvers par Guillaem van Parijs, en 1580, lui est attribué sur des bases stylistiques, ainsi que pour cause des noms des chambres de rhétoriques De Heleghe Gheest et De dry Sanctinnen, cités dans les vers conclusifs[7]. Cette pièce ne daterait pas d'avant 1540[8].

Œuvre

Remarques générales

Rethorisienen doen tvolc lachghen, maer selve zy weenen.
Dus is de cunste van cleenen proffytte.
Les rhétoriciens font rire les gens, mais eux, ils pleurent.
Ainsi, le bénéfice de l'art est minime.
Cornelis Everaert[9]

Entre 1509 et 1538, mais avec une interruption de 1513 à 1523, il écrivit 35 jeux sérieux et comiques. Aux premiers appartiennent ceux traitant des sujets dévotionnels religieux (dix jeux) et sociopolitiques (dix moralités), aux derniers les jeux de table et les sept esbattements, presque tous des pièces de circonstance[10],[1]. Ainsi, le jeu Ghewillich Labuer ende Volc van neeringhe (Laboureurs et artisans industrieux) de 1526, fut écrit à l'occasion du traité de Madrid[10].

Quoiqu'il dénonça, ne le cédant en rien à ses contemporains, les mauvaises mœurs des prêtres, et surtout des moines, qu'il dépeint avec sa raillerie spirituelle dans ses farces ainsi que dans ses pièces sérieuses, il demeure toutefois un fils crédule de l'Église au début de la Réforme, qui ne désapprouve même pas les supplices du bûcher auxquels les « hérétiques » furent condamnés, comme il l'a indiqué dans ses pièces à quelques reprises[11]. Dans les pièces qu'on a conservées de lui, il se présente comme un homme conservateur du Moyen Âge, qui voulut résoudre les problèmes religieux et sociaux par des moyens complètement désuets à son époque. Son sentiment social prononcé le poussa à critiquer les pouvoirs établis, tout en dépassant parfois largement les bornes, comme en témoigne l'interdiction par les autorités de la représentation de certains jeux. Cependant, dans les pièces tolérées est réclamé le respect du peuple dû au gouvernement[1].

Le jeu du vignoble (Spel van den Wynghaert), de 1533, s'oppose au péché de la hérésie (Lazarussche sonde der Ketterye) ; cette pièce est une adaptation de la parabole des ouvriers envoyés à la vigne. Le jeu de la pluie légère (Spel van den Zoeten Reyn) traite de la victoire remportée à la bataille de Pavie, en 1525. Le jeu du combat (Het Spel van den Crych), c’est-à-dire de la cupidité, fut interdit parce que l'auteur se serait trop éloigné de la vérité (« […] te veel de waarheid in noopte […] »). Le jeu de la monnaie inégale (Spel van d'Ongelycke Munte) subit le même sort.

C'est dans les farces qu'Everaert déploie le plus son art. Dans ces pièces comiques, il vise les femmes en particulier[10] ; la cause des désaccords conjugaux réside généralement dans le sang-froid de l'homme et la trop grande avidité de la femme[12]. Dans l'esbattement du méchant et de l'impertinent (Stout ende Onbescaemt), une femme adultère ouvre la pièce par un monologue dans lequel elle se plaint de son mari qui n'a plus de jeunesse ou de joie dans son corps. De façon indécente, elle fait savoir qu'elle est hantée par le désir brûlant de s'amuser avec un autre homme, ne fût-ce qu'un bedeau ou un clerc[13]. Dans l'esbattement du pêcheur, une femme en détresse confesse à son mari que celui-ci n'est le père biologique que de l'aîné de leurs trois fils[10], le second et le plus jeune enfant étant, respectivement, du valet et du chapelain[14].

Sa pièce la plus connue a été l'esbattement du menu peuple et de la tribulation (Esbatement van Scamel Gemeente ende Tribulasie) : les gens ordinaires, par une trop grande prospérité induits à la richesse, la cupidité et d'autres péchés, sont retenus de cette dépravation « grâce » à la tribulation, c'est-à-dire les troubles[10],[15]. Le pauvre ouvrier (Scaemelen Arbeyder) est appris que, en vivant au-delà de ses moyens, il s'est infligé à lui-même ses malheurs. Après avoir reconnu sa culpabilité, il reçoit d'une personnification du sentiment raisonnable (Redelic Ghevoel), qui lui rappelle en passant le sort de Job, un tabouret appelé Patience (Patiencie), sur lequel il peut s'appuyer. Le pauvre ouvrier, complètement convaincu, se promet :

Ic zal my gheerne pacientich houden
Ende lenen gherustelic up mynen stocke
« Volontiers, je vais patienter
et m'appuyer sur ma canne en toute quiétude »[16].

Everaert devrait être considéré comme un génie incompris à son époque, car aucun rhétoricien, et que peu de dramaturges, avant ou après lui atteignirent une hauteur pareille dans le genre comique[1].

Par son orthodoxie assagie dans laquelle l'élément éthique est prédominant, ainsi que par l'intérêt porté à la vie sociale et domestique qui renvoie à l'arrière-plan les questions religieuses, et par la volonté de versifier des morceaux aérés et joyeux à une époque turbulente, Everaert représente une attitude caractéristique de nombreux catholiques romains de son temps[17].

Les 35 pièces du manuscrit de Bruxelles

La Bibliothèque royale de Belgique à Bruxelles possède les textes pour 35 pièces conservées en manuscrit[2].

  • Tspel van Maria hoedeken, ende es een exemple van eenen clerc die Maria diende, ghestelt ende ghemaect, 1509 ;
  • Tspel van een anders welvaren, ende was mijn eerste waghenspel, 1511 ;
  • Esbatement van 't Wesen, 1512 ;
  • Tspel van den Hooghen wint en den Zoeten Reyn, 1525 ;
  • Esbatement van der Vigilie, 1526 ;
  • Esbatement van den coopman die vijf pondt grooten vercuste, 1513 ;
  • Tspel dat ghespelt was voor de Aragoenoysen, 1525 ;
  • Esbatement van Scaemel Gemeente ende Trybulatie, 15?? :
  • Tspelt van den willecome van den predicaren int capittele provinciael, 152? ;
  • Esbatement van Stout ende Onbescaemt, 1527 ;
  • Tspel van Gewillich Labuer ende volc van Neiringhe ;
  • Esbatement van den Dryakel-prouver, 1528 ;
  • Tspel van den Crygh; Esbatement van Boerlic Pleghen ende Ghenoughelic Voorstel, 1526 ;
  • Tspel van donghelijcke munte, 1530 ;
  • Tspel van Groot Labuer ende sober wasdom ;
  • Esbatement van arm in de buerse, 1529 ;
  • Tspel van Maria gheleken by den throon van Salomon ;
  • Esbatement van den Visscher ;
  • Tspel van Maria ghecompareert by den scepe, 1530 ;
  • Tspel van sinte Pieter ghecompareert by der duve, 1531 ;
  • Tspel van Maria ghecompareirt by de stede van Jherusalem in glorien gheresen ;
  • Een tafelspeilken van der Beke, 1512 ;
  • Tspel van Maria ghecompareert by de claerheyt, 1511 ;
  • Een tafelspeilken up een hoedeken van Maria, 1530 ;
  • Een spel van den nieuwen priester ;
  • Tspel van Ghemeene Neerynghe ;
  • Esbatement van de zeven bloetsturtinghen, 1530 ;
  • Tspel van Tilleghem ;
  • Tspel van Joncheyt ende Redene ;
  • Tspel van den Berch ;
  • Tspel van den Wyngaert ;
  • Tspel van een Jubile ;
  • Tspel van der Nichte ;
  • Tspel van den Pays[2],[18].

Lien externe

Sources

Références


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