Cygne (héraldique)

Cygne (héraldique)
Page d'aide sur l'homonymie Cet article concerne la figure héraldique. Pour le genre d'oiseaux, voir Cygne. Pour les autres significations, voir Cygne (homonymie).
Figure héraldique du cygne passant.

Le cygne est, en héraldique, une figure naturelle qui s'inspire de l'oiseau du même nom. Relativement peu fréquent sur l'écu tout au long du Moyen Âge, cet animal est, en revanche, à compter du XIVe siècle, une figure courante des ornements extérieurs de l'écu, en particulier le cimier et les supports, de même que sur les devises et emblèmes personnels.

Sa fréquence sur l'écu augmente considérablement à partir du XVIIe siècle, au moment où le répertoire des meubles et figures du blason s'accroît et se diversifie.

Sommaire

Histoire

Le cygne apparaît tôt dans le bestiaire héraldique. Vers 1200, il est déjà présent parmi la vingtaine d'espèces animales décorant alors les écus et repérées par Michel Pastoureau[1].

Cependant, si sa présence est ancienne, le cygne demeure un animal relativement peu fréquent dans l'héraldique médiévale. Bien que les oiseaux figurent dans près de 10% des armoiries portées entre les XIIIe et XVe siècles, à peine 2 % d'entre elles représentent un cygne[2]. Michel Pastoureau et Laurent Hablot, spécialistes de l'emblématique médiévale, proposent d'expliquer cette rareté par le caractère ambivalent du cygne dans les bestiaires médiévaux[3]. Ainsi, selon Hugues de Fouilloy, rédigeant son De avibus (Le Livre des oiseaux) entre 1130 et 1160 :

« La blancheur du cygne est le symbole du converti. Le cygne a un plumage blanc mais une peau noire. Allégoriquement la couleur blanche du plumage signifie le prétexte sous lequel la peau noire est dissimulée. Parce que le péché de chair est dissimulé par divers prétextes. Lorsque le cygne nage sur la rivière, il tient son cou dressé, parce que l'homme fier, entaché par des possessions matérielles, se rengorge lui-même de posséder des biens transitoires. On dit que le cygne produit un chant d'une immense douceur lorsqu'il est à l'agonie. De même, à la fin de sa vie le fier prend toujours plaisir à la douceur de ce monde, et mourant, il se souvient de ses mauvaises actions. Mais lorsque le cygne est privé de son plumage neigeux, placé sur une broche, il est mis à rôtir dans les flammes. De même, une fois mort, le riche orgueilleux, dépouillé de sa gloire terrestre, est précipité dans les flammes de l'enfer, où il est son châtiment, de sorte que celui qui avait coutume de rechercher les plus viles nourritures, descendu aux abysses, devient nourriture pour les flammes[4]. »

Attributs

Pour consulter un article plus général, voir : Attribut (héraldique).

Quand rien n'est précisé, le cygne est représenté passant, les ailes fermées et tourné vers la gauche.

Le cygne est dit becqué, langué ou membré, suivant que son bec, sa langue ou ses pattes sont d'une couleur différente de celle du corps.

Navré, il est transpercé d'une flèche ou d'un dard.

Lorsqu'il est posé sur une onde, c'est-à-dire qu'il paraît nager sur une mer ou une rivière, il est dit nageant[5].

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Héraldique imaginaire

Exemple d'armoiries imaginaires : Penthésilée, reine des Amazones, représentée comme l'une des Neuf Preuses avec ses armes au cygne (Petit armorial équestre de la Toison d'or, vers 1460-1470)
Pour consulter un article plus général, voir : Héraldique imaginaire.

Dans le premier quart du XIIIe siècle, Wolfram Von Eschenbach crée dans son Willehalm le personnage sarrasin de Josweiz. Né d'un père blanc, Matusales et d'une mère noire, une Africaine de Jetakranc, Josweiz a la peau noire et blanche et ses armes représentent un cygne blanc aux pattes et au bec noirs, reflet fidèle de son apparence et de sa filiation[6].

Armes parlantes

Exemple d'armoiries parlantes : Le minnesänger Hiltbolt von Schwangau (Schwan = cygne en allemand) et ses armes au cygne, répété cinq fois. (Codex Manesse, entre 1305-1340)
Pour consulter un article plus général, voir : Armes parlantes.

Selon Michel Pastoureau, le cygne serait, contrairement à d'autres oiseaux comme le coq et le corbeau, rarement employé dans les armes parlantes[7]. Cependant, les exemples sont relativement abondants dans les pays de langue germanique (schwan, cygne en allemand), notamment Schwangau, Schwanberg, Schwanheim, Schwanenberg, Hohenschwangau et Merenschwand.

L'un des exemples les plus célèbres d'armes parlantes avec un cygne est celui du dramaturge Jean Racine, dont le blason familial représentait, sous forme de rébus, un rat au-dessous d'un cygne (Racine ≈ rat-cygne)[8]. Appréciant peu la figure du « vilain rat » qui « [le] choquait »[9], Jean Racine ne conserva que le cygne dans les armes qu'il fit enregistrer en 1697[8] en conformité avec l'édit royal de novembre 1696.

Notes et références

Principales références

  • Laurent Hablot, « Emblématique et mythologie médiévale : le cygne, une devise princière », dans Histoire de l’art, no 49 « Animalia », novembre 2001, p. 51-64. (ISSN 0992-2059) [résumé] 

Notes

  1. Pastoureau 2008, p. 134 et note 39.
  2. Hablot 2001, p. 51.
  3. Pastoureau 2008, p. 152 et note 98; Hablot 2001, p. 51-52.
  4. Hugues de Fouilloy, De avibus, chapitre 58, « De olore », traduction française de l'original latin par Rémy Cordonnier dans Hugues de Fouilloy, De avibus. Traité des oiseaux (extraits), fac-similé du manuscrit 177 de la Médiathèque de l'Agglomération troyenne, Phénix Éditions, Paris, 2004; texte cité dans « De la nature du cygne », Le Livre des oiseaux, section de l'exposition virtuelle Bestiaire du Moyen Âge de la Bibliothèque nationale de France.
  5. Pastoureau 2008, p. 366; Nageant, sur Au blason des armoiries
  6. Jean-Marc Pastré, « Les survivances d'un mythe : quelques images du guerrier-fauve dans la littérature allemande médiévale », dans Alain Niderst, éditeur, L'animalité: hommes et animaux dans la littérature française, Tübingen, Gunter Narr Verlag, coll. « Études littéraires françaises / no 61 », 1994 (ISBN 3823346148 et 9783823346142), p. 75. 
  7. Pastoureau 2008, p. 152.
  8. a et b Jacques Berchtold, Des Rats et des ratières : anamorphoses d'un champ métaphorique de saint Augustin à Jean Racine, Paris, Librairie Droz, 1992 (ISBN 2-600-03691-1 et 978-2-600-03691-7) [présentation en ligne], p. 176-177 . Voir aussi : Jean Dubu, « Autour des armoiries de Jean Racine », dans XVIIe siècle, no 161, octobre-décembre 1988, p. 427-431 (ISSN 0012-4273) , repris dans Jean Dubu, Racine aux miroirs, Paris, SEDES, 1992 (ISBN 9782718117331) .
  9. Jean Racine, lettre du 16 janvier 1697 adressée à sa sœur, publiée dans Jean Racine, Œuvres complètes de Jean Racine, précédées des mémoires sur sa vie, Laplace, Sanchez et Cie., Paris, 1873, p. 562-563.

Voir aussi

Bibliographie complémentaire

  • Michel Pastoureau, « Par avis cygni. Armoiries parlantes et symbolique du cygne », dans Claudio Leonardi, éditeur scientifique, Natura, scienze e società medievali: studi in onore di Agostino Paravicini Bagliani, Florence, SISMEL / Edizioni del Galluzzo, coll. « Micrologus' Library / no 28 », 2008 (ISBN 978-88-84503-01-5), p. 221-244. 
  • (en) Anthony Richard Wagner, « The Swan Badge and the Swan Knight », dans Archaeologia, no 97, 1959, p. 127-138. 

Articles connexes

Liens externes



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