Bataille de Badajoz

Bataille de Badajoz

Bataille de Badajoz

Bataille de Badajoz
Badajos 1812 diagram.jpg
Siège de Badajoz
Informations générales
Date 16 mars-6 avril 1812
Lieu Badajoz, Espagne
Issue Victoire anglo-portugaise
Belligérants
France France Royaume-Uni Royaume-Uni
Flag Portugal (1707).svg Royaume du Portugal
Commandants
Armand Philippon Arthur Wellesley de Wellington
Forces en présence
5 000 réguliers 25 000 réguliers
Pertes
1 500 morts ou blessés 5 000 morts ou blessés
Guerre d'indépendance espagnole
Batailles
Bruc — Saragosse (1er) — Medina del Rio Seco — Bailén — Roliça —Vimeiro — Durango — Valmaseda — Burgos (1e) — Espinosa — Tudela — Somosierra — Saragosse (2e) — Sahagún — Castellón — Uclés — La Corogne — Valls — Villafranca — Medellin — Oporto —Gérone — Talavera — Almonacid — Ocaña — Alba de Tormes — 1er Ciudad Rodrigo — Buçaco — Gebora — Barrosa — Figueres — Fuentes de Oñoro — Albuera — Sagonte — Badajoz — 2e Ciudad Rodrigo — Arapiles — Burgos (2e) — Vitoria — Sorauren — Nivelle — Nive — Orthez — Toulouse
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Au cours de la Bataille de Badajoz l'armée anglo-portugaise sous les ordres de Wellington assiégea Badajoz en Espagne et força la garnison a effectuer sa reddition. Le siège fut l'un des plus sanglants des guerres napoléoniennes et fut considéré comme une victoire coûteuse par les Britanniques, avec quelques 3 000 soldats alliés tués en quelques heures de combat intense vers la fin du siège.

Sommaire

Siège

Après avoir au cours de sièges précédents pris les villes frontières d'Almeida et de Ciudad Rodrigo, l'armée anglo-portugaise fit mouvement sur Badajoz afin de prendre la ville et de sécuriser les lignes de communication avec Lisbonne, la base principale d'opérations pour l'armée alliée. Badajoz avait une garnison d'environ 5 000 hommes sous le commandement du général Armand Philippon, le gouverneur militaire de la ville, et possédait des fortifications bien plus redoutables qu'Almeida ou Ciudad Rodrigo. Avec un forte muraille couverte par de nombreux points fortifiés et bastions, Badajoz avait déjà fait face avec succès à deux tentatives de sièges et était bien préparée pour une troisième tentative, avec ses murailles renforcées et une partie de la zone autour de l'enceinte qui avait été inondée ou minée avec des explosifs.

L'armée alliée, forte de 25 000 hommes, surpassait en nombre la garnison française dans le rapport de cinq à un et après avoir encerclé la ville, le siège commença par le creusement des tranchées[1], des parallèles[2] et des terrassements destinés à protéger l'artillerie de siège[3]. Ce travail fut rendu difficile par des pluies torrentielles et prolongées. Pendant que les alliés procédaient aux terrassements, les Français effectuèrent plusieurs raids afin de détruire les lignes d'approche vers la muraille, mais furent chaque fois repoussés par les tireurs d'élite britanniques et l'infanterie de ligne.

Avec l'arrivée de mortiers lourds de 18 et 24 livres, les alliés commencèrent un bombardement intense des défenses de la ville, pendant que l'un des bastions avancée fut pris par les tuniques rouges de la 3e division du général Thomas Picton. Cette prise permit d'élargir les terrassements de siège et bientôt les tranchées rampèrent vers les hauts murs de pierre pendant que les canons continuaient à pilonner la maçonnerie de la muraille. Le 5 avril deux brèches avaient et faites dans la muraille et les soldats se préparèrent pour donner l'assaut à Badajoz. L'ordre d'attaquer fut différé de 24 heures pour permettre d'ouvrir une troisième brèche. Des nouvelles commençaient à circuler chez les alliés selon lesquelles le maréchal Soult était en route pour porter secours à la ville et l'ordre de lancer l'attaque fut donné à 22 heures le 6 avril.

La garnison française savait à quoi s'attendre, mina les larges brèches dans les murs et se prépara pour un assaut immédiat.

L'assaut

Badajoz00.jpg

Avec trois larges ouvertures dans la muraille et le maréchal Soult qui venait au secours de la ville, Wellington ordonna de donner l'assaut à la ville à 22 heures le 6 avril et les troupes s'avancèrent avec des échelles d'assaut et différents outils. Les premiers hommes à donner l'assaut étaient ceux du Forlorn Hope[4] qui allaient précéder l'attaque principale menée par la 4e division et la division d'infanterie légère de Craufurd, pendant que les attaques de diversion seraient faites au nord et à l'est par les Portugais et les Britanniques de la 5e division de Picton et la 3e division.

Juste au moment où le Forlorn Hope allait lancer son attaque, une sentinelle française fut alertée et donna l'alarme. En quelques secondes les remparts s'emplirent de soldats français, qui déversèrent une grêle mortelle de mousquèterie sur les troupes à la base de la brèche. Les Britanniques et le Portugais foncèrent en avant en masse et escaladèrent la brèche, faisant face à un barrage meurtrier de tir de mousquets, complété par des grenades, des pierres, des barils de poudre à canon avec des mèches rudimentaires et même des balles de foins enflammées.

Ce furieux barrage dévasta les rangs britanniques et la brèche commença bientôt à s'emplir de morts et de blessés, à travers lesquels les troupes d'assaut devaient se frayer un passage. Malgré le carnage, les tuniques rouges continuèrent bravement à pousser en avant en grand nombre, avec pour seul résultat d'être fauchés par les volées de mousquets et la mitraille. En seulement deux heures, quelques 2 000 hommes avaient été tués ou grièvement blessés à la brèche principale, alors que de nombreux autres hommes de la 3e division étaient abattus dans les attaques de diversion. Le général Picton lui-même fut blessé alors qu'il escaladait une échelle afin d'atteindre le haut de la muraille. Partout où les alliés attaquaient, les soldats étaient immobilisés et le carnage était si immense que Wellington était sur le point de rappeler ses troupes quand finalement elles prirent pied sur le sommet de la muraille.

La 3e division de Picton finit à atteindre le sommet du mur et simultanément à faire sa jonction avec les hommes de la 5e division, qui eux aussi progressaient vers l'intérieur de la ville. À partir du moment où ils avaient réussi à prendre pied dans la ville, les alliés avaient l'avantage de leur supériorité numérique et commencèrent à repousser les Français. Voyant qu'il ne pouvait plus tenir, le général Philippon se retira de Badajoz vers la forteresse voisine de San Cristobal[5]; cependant il capitula peu de temps après que la ville ne fut tombée.

Conséquences

Avec la victoire, vint le pillage en masse et le désordre quand les tuniques rouges se mirent à boire[6] et il fallut 72 heures avant que l'ordre ne soit complètement restauré. Le sac de Badajoz, acte de sauvagerie gratuite, a été retenu par de nombreux historiens comme un exemple de conduite particulièrement atroce de la part de l'armée Britannique, on entra par effraction dans de nombreuses maisons, les biens furent vandalisés ou volés, des citoyens espagnols de tous ages et de tous bords furent tués ou violés, et de nombreux officiers britanniques furent abattus par les hommes qu'ils essayaient de ramener à l'ordre. Parmi les civils qui réussirent à survivre, se trouvaient Juana de los Dolores de Leon, future épouse du général Harry Smith et sa sœur.[7]

A l'aube du 7 avril, on put mesurer l'horreur du massacre tout autour de la muraille. Les corps étaient empilés sur plusieurs épaisseurs et le sang avait coulé par ruisseaux entiers dans les tranchées. Quand il vit la destruction et le massacre, Wellington pleura amèrement et maudit le Parlement Britannique pour lui avoir accordé si peu de ressources et de soldats.[8] L'assaut et les engagements précédents avaient coûté aux alliés quelques 4.800 hommes hors de combat. La division d'élite, La Division Légère avait durement souffert, perdant 40% de ses effectifs. Pourtant, le siège était terminé et Wellington avait sécurisé la frontière entre l'Espagne et le Portugal et pouvait maintenant marcher contre le Maréchal Marmont à Salamanque.

Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Battle of Badajoz (1812) ».

Notes et références

  1. Tranchées en zig zag permettant de s'approcher à portée de canon de la fortification sans être exposé au tir en enfilade. Voir la partie inférieure du plan du siège
  2. Tranchées parallèles aux murailles de la ville et permettant d'accéder à plusieurs batteries d'artillerie de siège
  3. Plate-formes terrassées en excavation et avec un pente remontant vers l'objectif ennemi, protégées des tirs ennemis par des gabions emplis de terre et destinées à recevoir l'artillerie de siège.
  4. Littéralement Chance désespérée. Dans l'armée britannique on appelait ainsi les unités constituées en vue de mission suicide ou à haut risque, généralement constituées de volontaires, ou pour le moins encadrées par des officiers et sous-officiers volontaires, dont les survivants en cas de succès étaient systématiquement promus à un grade supérieur. Dans une armée où les commissions d'officier s'achetaient fort cher, c'était à peu près la seule manière d'obtenir une promotion pour un officier subalterne désargenté.
  5. Voir plan, au sud de la ville
  6. Afin d'amadouer les assaillants, les civils avaient disposé dans le patio donnant accès à leur maison des barriques de vin, dans l'espoir que les soldats n'iraient pas plus loin, cette ruse fonctionna généralement pendant quelques heures, mais le désordre durant plusieurs jours, les soldats poursuivirent le pillage après avoir vidé les réserves de vin
  7. A cette époque il était d'usage de laisser 24 heures de pillage aux troupes victorieuses après l'assaut d'une ville fortifiée. cela était contraire à la politique de Wellington, qui en pays allié, Portugal ou Espagne, exigeait que ses soldats payent tout ce qu'il consommaient et interdisait les réquisitions sans paiement faites par l'intendance de l'armée. Cependant, il régnait un climat de défiance entre Britanniques et Espagnols, suite à la conduite douteuse des responsables espagnols vis à vis des britanniques ( voir par exemple Bilan de la Bataille de Talavera et Bataille de Barrossa), ce qui n'était pas le cas entre Portugais et Britanniques, qui se battaient en parfaite harmonie. L'assaut avait été si meurtrier, que les officiers n'osèrent pas dans les premières heures freiner les instincts de leurs troupes. De plus dans l'assaut lui-même la majeure partie des officiers qui accompagnaient les troupes qui percèrent, avait été tuée ou blessée, laissant les soldats pénétrer dans la ville sans encadrement. Les français de leur côté se livrèrent dès le début de la guerre en 1808, à de nombreux sacs de villes, souvent en s'en prenant à des populations qui étaient restées jusque là neutres dans le conflit, créant ainsi le climat qui favorisa la guérilla.
  8. Il est plus que probable que Lord Wellington, dont la réputation de sang froid et de soucis de ne jamais montrer ses sentiments était bien établi, a versé des larmes de crocodile pour le bénéfice d'un envoyé de Londres, dont il espérait qu'à son retour il ferait un rapport favorable à un envoi de renforts en hommes et en moyens, à moins que l'épisode ne soit parfaitement apocryphe.
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