David de Boudry

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David I. de Boudry (caricature d'Alexis Illitchevski^[1])

David Marat, dit David de Boudry^[2], né à Boudry (principauté de Neuchâtel) en 1756 et mort à Saint Petersbourg (Russie) le 23 septembre 1821, est un précepteur qui fit carrière en Russie.

Il est le frère cadet du révolutionnaire Jean-Paul Marat.

Biographie

Après de brillantes études à l'Académie des Belles-Lettres de Genève, il est candidat malchanceux au poste de ministre calviniste à Neufchâtel, et participe activement aux revendications égalitaristes de Genève en 1781.

Précepteur, comme le furent naguère son père Jean-Baptiste Marat et son illustre frère, il s'installe à Saint Petersbourg en 1784, pour s'occuper de l'éducation française des enfants du comte V. L. Saltikov.

Entreprenant et tenté par l'aventure industrielle^[3], il ouvre une fabrique d'indiennes et de brocards d'or et d'argent, attirant en Russie des ouvriers spécialisés de Lyon.

Mis en faillite à cause de la nouvelle réglementation russe en la matière, il revient à l'enseignement pour être nommé professeur de langue française, successivement à l'Institut des jeunes filles nobles de Sainte-Catherine (1803), au Gymnase de Saint-Petersbourg (1806)^[4], puis, dès sa création (1811), au Lycée impérial de Tsarkoïe Selo, où il a pour élève l'illustre poète Pouchkine^[5].

Professeur de langue française et d'art oratoire, il écrivit en russe, sous le nom de David (Marat) de Boudry^[6], deux grammaires françaises qui firent longtemps autorité (vid. inf. Oeuvres).

Selon les différents témoignages de ses contemporains, le professeur de Boudry, doté d'un esprit des plus vifs, d'une grande culture et de manières très raffinées, d'une courtoisie exquise mais d'une laideur et d'une crasse légendaires^[7], toujours vêtu de gris à la jacobine, remarquable pédagogue, sut enthousiasmer ses jeunes élèves par ses cours de civilisation française truffés d'anecdotes divertissantes et respectueuses quant à son illustre frère^[8], imprégnant ainsi d'idéaux démocratiques, voire révolutionnaires, la fine fleur de l'aristocratie russe.

Fonctionnaire du Tchin^[9], particulièrement apprécié à la cour, il finit sa brillante carrière de linguiste au niveau de professeur de 7ème classe, avec le titre de Conseiller de collège, rang alors anoblissant (1819).

Distinctions

• Ordre de Sainte Anne, 2ème classe
• Ordre de Saint Vladimir, 4ème classe

Œuvres

• Первые основания французского языка, или Новая грамматика в пользу российского юношества, 1811
• Abrégé de la grammaire françoise, par le professeur D. de Boudri - Сокращение французской грамматики, Joseph Iohannessof, Saint-Pétersbourg, 1819

Sources

• A. A. Половцовъ, Русский Биографический Словарь, Де Будри.
• I. A. Grot, Pouchkine, ses condisciples et leurs professeurs au Lycée, 1887.
• J.-P. Brissot, Mémoires (Volume 1, pages 281 et suivantes).

Notes et références

1. ↑ Condisciple de Pouchkine au Lycée impérial et, lui-aussi, grand admirateur de Boudry
2. ↑ En russe: Давид Иванович де Будри
3. ↑ La fabrique qu'il fonda à Saint-Pétersbourg fut la première du genre en Russie.
4. ↑ Il intégra en 1808 dans la fonction publique au 9e rang.
5. ↑ On pourrait même plus considérer le jeune poète comme son disciple, puisque Pouckine maniait alors le français aussi bien que le russe
6. ↑ La mauvaise réputation de son nom de famille dans les milieux aristocratiques russes l'amena rapidement à lui préférer celui du bourg de sa naissance, sous lequel il est désormais connu ; il aurait fait usage de ce nom dès son arrivée en Russie, usage qui lui fut définitivement accordé par l'impératrice Catherine II, qui l'appréciait beaucoup.
7. ↑ Sa réputation en la matière était telle que d'aucuns le soupçonnaient de ne changer de (sous) vêtements qu'une fois par mois
8. ↑ Avec lequel il ne cessa de correspondre jusqu'à la mort tragique du conventionnel ; aux dires de leurs contemporains, les deux frères se ressemblaient beaucoup physiquement
9. ↑ Il avait prêté serment à l'Empereur en 1806