De Egelantier

De Egelantier
Les rhétoriciens, vers 1655, par Jan Steen. Le tableau représente un rhétoricien, entouré de ses confrères, qui lit son poème ; au balcon pend le blason de sa chambre de rhétorique, l’Egelantier, arborant comme symbole l'églantine rose et portant la devise In Liefde Bloeiende (En amour, florissant).

De Egelantier (variantes orthographiques : Egelantier et Eglentier) est une des chambres de rhétorique d'Amsterdam. Son origine remonte au moins à la fin du XVe siècle. Elle fut fusionnée avec une autre chambre de rhétorique amstellodamoise en 1632.

Sommaire

Bref historique

Introduction

Cette chambre de rhétorique, qui devint l'une des plus célèbres dans les Pays-Bas septentrionaux, surgit à Amsterdam en 1517 ou en 1518, peut-être en tant que société reconstituée[1] dans le sillage d'associations plus anciennes. Son insigne consistait en une églantine rose, fleurissante (la rose sauvage était un symbole de l'amour), sous la forme d'une croix à laquelle était suspendue la figure du Christ[2] ; sa devise était : « En amour, florissant » (In Liefde Bloeiende). L'un des dirigeants les plus importants de la chambre était Hendrik Laurenszoon Spiegel. D'autres membres éminents furent Laurens Reael, Roemer Visscher, Dirck Volkertszoon Coornhert, Pieter Corneliszoon Hooft et Gerbrand Adriaenszoon Bredero[3], et encore Reynst, Rendorp, Samuel Coster, Albert van der Burch, Hendrik de Keyser et Theodore Rodenburg[4].

XVe – XVIe siècle

Avant l’Altération d’Amsterdam

La majeure partie de ce qu'on connaît aujourd'hui au sujet du fonctionnement de ce genre de sociétés, provient des archives de la ville et de la guilde. La chambre De Egelantier est documentée à partir des années 1490 : il s’agit des plus anciennes traces d’activités rhétoriciennes à Amsterdam. Ainsi, on trouve des données sur la participation de la chambre à une compétition à Malines[5]. Et une chambre amstellodamoise du même nom participa en 1496 au concours du landjuweel à Anvers[6]. Lors de la Joyeuse Entrée de Philippe le Beau, en 1497, des rhétoriciens amstellodamois jouèrent des « esbatements » et des tableaux vivants (« batementen en stomme figuren »). Si, dans une lamentation imprimée en 1634, Treurklacht van Liefd'Bloeyende (Plainte de l'amour florissant), il est suggéré que cette société poétique et dramatique avait été opérationnelle depuis 130 ans - donc à partir de 1504 -[5], en 1518 elle est mentionnée comme la « vieille » société dramatique de la ville[3], recevant une subvention annuelle de la ville[1],[7], ce qui mène à croire que la chambre, qui avait reçu, un an auparavant, des statuts ainsi qu'un blason offert par Charles Quint[7], mais qui fut apparemment déjà actif à la fin du XVe siècle, avait été reconstituée sous l'une ou l'autre forme[5]. En 1520, les rhétoriciens participèrent à plusieurs festivités de la ville et produisirent une pièce sur l'histoire de Pyrame et Thisbé. En 1526-1527, les registres de la chambre des comptes du Comté font état de lettres du bailli (schout), du bourgmestre et de l'administration d'Amsterdam concernant certains jeux, blasphématoires et dérisoires à l'égard du Saint-Sacrement de la Sainte Église et d'autres institutions vénérables, montés devant l'hôtel de ville et dans d'autres maisons par certains rhétoriciens. En 1527 eut lieu un concours entre rhétoriciens à Amsterdam.

En 1533, les autorités de la ville interdirent aux rhétoriciens amstellodamois de jouer des esbatements sans l'accord et la censure préalable des dites autorités[7]. La société a été populaire pendant la deuxième moitié du XVIe siècle et de nombreux artistes de grand renom s'y sont affiliés, bien qu'elle ne reçoive que peu de patronage de la ville, même pas lors de la Joyeuse Entrée, en 1549, de Charles Quint, de qui la chambre avait reçu son blason[6] en 1518[8]. Les chercheurs ont expliqué cela par la nature réformiste des pièces et des poèmes produits durant cette période, rendant dangereux tout patronage politique.

En 1546, la chambre participa à un concours à Gouda[9]. On connaît des moralités du XVIe siècle écrites par des membres de la chambre : Menschelijcke Broosheit (Vulnérabilité humaine) de 1551, et, de la même période Van Moortdadigh werk en manhatighe tanden (Des œuvres meurtrières et des dents hargneux), montrant une scène de guerre[4]. Le 28 juillet 1561, la chambre remporta cinq prix à Rotterdam, et en 1616 quatre à Vlaardingen[10].

Après l’Altération d’Amsterdam

Dans le courant de la révolte néerlandaise, les chambres de rhétorique se virent prohibées par le gouverneur espagnol des Pays-Bas, le duc d'Albe, mais en 1578 la chambre de l’Egelantier fut rétablie à la suite de l'Altération d'Amsterdam, par laquelle le gouvernement catholique de la ville fut renversé[11]. À partir de cette année, et jusqu'en 1601, la chambre, dont Spiegel est à cette époque le facteur (c'est-à-dire, le dramaturge ou poète en titre), publiera régulièrement des chansons de Nouvel An[12]. Après la prise d'Anvers par Alexandre Farnèse en 1585, entraînant le déclin de la chambre de rhétorique De Violieren, l’Egelantier devint la chambre la plus prestigieuse des anciens Pays-Bas : cinq bourgmestres[13] et huit échevins comptaient parmi les membres en 1581[4],[14].

Un des plus grands mérites de cette chambre réside dans le soin porté à la purification de la langue et à sa structure, jadis d'autant plus nécessaires puisque le néerlandais pullulait de mots bâtards. Spiegel écrivit, en collaboration avec Coornhert et Roemer Visscher, quatre ouvrages sur les nouveaux principes de la langue, notamment sur la grammaire en 1584, la dialectique en 1585 et la rhétorique en 1587[4],[15]. En cette dernière année, évoluée d'une société poétique vers une compagnie de théâtre, la chambre prit en charge les deux représentations dramatiques données au Damsluis et dans la Oude Doelenstraat à l'occasion de l'entrée du comte de Leicester[16].

L'afflux de nombreux poètes doués originaires des Pays-Bas méridionaux non seulement fit croître le nombre de membres de la chambre d’Egelantier, mais causa également la création de chambres concurrentes comme ’t Wit Lavendel (La lavande blanche), créée en 1598[17] (où Joost van den Vondel était actif, parmi d'autres)[18], après quoi la chambre de l’Egelantier reçut le sobriquet de « la vieille chambre ».

XVIIe siècle

Des recueils de chansons rassemblant des œuvres produites par les membres de cette chambre, furent, entre autres, publiés en 1602, Den Nieuwen Lusthof (Le nouveau jardin de plaisance), en 1610, Den Bloemhof (Le jardin de fleurs), et en 1615 Apollo (Apollon)[4].

Si les relations avec la chambre brabançonne d'Amsterdam, ’t Wit Lavendel, furent optimales[4], après 1610 il y eut des difficultés internes au sein de l’Eglantier[3]. En 1613, Bredero écrivit une lettre, publiée en 1615 et adressée à un autre membre de la société, le peintre de verre Visscher, dans laquelle il se plaignit du déclin de la chambre[19]. Vers la même époque, il s'insurgea contre les comédiens étrangers, en particulier ceux venus d'Angleterre : « On est des rhétoriciens, pas des comédiens » (« Wy syn rederijckers en gheen gheckmakers »)[20]. En 1617, Samuel Coster et un groupe de membres firent sécession et fondèrent la chambre de rhétorique Duytsche Académie[3].

Lorsque Rodenburg partit en 1619, Jan Harmensz. Krul reprit la direction de la vieille chambre. Sa comédie Diana (Diane) fut représentée par la chambre en 1623. Toutefois, il ne put arrêter le déclin[4]. Pas plus que deux ans après la fusion des chambres ’t Wit Lavendel et Duytsche Academie, en 1630[21], les bourgmestres d'Amsterdam prirent l'initiative, le 7 juillet 1632, d'unir cette nouvelle société à l’Egelantier dans une nouvelle chambre de rhétorique du nom d’Amsterdamsche Kamer, apparaissant dans les sources aussi sous le nom de De Vergulden Byekorf (La ruche dorée), Bloeyende Eglantier (L'Églantier fleurissant) et l’Academie (Académie), portant la devise : « Grâce à la ferveur de l'amour, florissante ». Les rhétoriciens ne marquèrent pas tous leur accord avec cette fusion, et l'un d'entre eux, Jan Harmensz. Krul, fonda par la suite, en mai 1634, la Musijckkamer, une chambre musicale[22] qui, toutefois, fit faillite un an plus tard, en 1635. L’Amsterdamsche Kamer fut conduite, dans ses premières années, par Willem Dircksz. Hooft, Steven Vennecool, Heereman Dircksz. Coorenkind, Johan Meurs et Meyndert Voskuyl. En 1637, le premier vrai théâtre à Amsterdam, construit par Jacob van Campen, fut fondé par la chambre de rhétorique. Peu de choses sont connues sur ce qui se passa ensuite avec la chambre de rhétorique. Il existe une liste des dirigeants de la chambre de 1664 (datant d'un an avant la construction du « nouveau théâtre »), sur laquelle figurent les noms de Cornelis Withenoon, Jan Vos, Tobias van Domselaer, Jacob van der Poel et Cornelis de Vries.

Sources

Références


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article De Egelantier de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужен реферат?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Chamber of rhetoric — The Rhetoricians, circa 1655, by Jan Steen. The painting depicts a rederijker reading his poem, while hanging over the balcony the blason of his chamber of rhetoric can be seen; in this case the Amsterdam society Egelantier , whose symbol was a… …   Wikipedia

  • Kortrijk — For the Dutch village, see Kortrijk (Netherlands). Kortrijk (Dutch) Courtray (English) Broel towers in Kortrijk …   Wikipedia

  • Chambre de rhétorique — Les chambres de rhétorique étaient des réunions où se retrouvaient les gens d un même métier ou d un même quartier, les Rederijkers ; ces « compagnies de quartier » prennent goût à des réunions où se développe une certaine… …   Wikipédia en Français

  • Granida — Auteur Pieter Cornelisz. Hooft Genre Pièce de théâtre Pays d origine Pays Bas (  Provinces Unies) Date de parution …   Wikipédia en Français

  • Courtrai — Kortrijk Cortrique o Courtrai Bandera …   Wikipedia Español

  • rederijkerskamer — ▪ Dutch dramatic society       (Dutch: “chamber of rhetoric”), medieval Dutch dramatic society. Modelled after contemporary French dramatic societies (puys), such chambers spread rapidly across the French border into Flanders and Holland in the… …   Universalium

  • The Heart Of Everything World Tour — Gira de Within Temptation Lugar(es) Europa, América Álbum(es) The Heart Of Everything Fecha de inicio 14 de marzo de 2007 Fecha …   Wikipedia Español

  • Kanäle in Amsterdam — Die Kanäle in Amsterdam (Niederlande) prägen den historischen Anblick der Stadt. Die bekanntesten Grachten sind die Prinsengracht, Herengracht, Keizersgracht und Singel.[1] Zusammen haben diese vier Kanäle eine Länge von rund zehn Kilometer, eine …   Deutsch Wikipedia

  • Landjuweel — Le Landjuweel est, aux Pays Bas méridionaux, la plus haute distinction pour une troupe de théâtre d’amateurs et trouve son origine historique dans les concours qui eurent lieu entre les chambres de rhétorique de différentes villes au anciens Pays …   Wikipédia en Français

  • Littérature moyen-néerlandaise — Hendrik van Veldeke, enluminure du manuscrit dit Codex Manesse d’autour de 1300 La littérature moyen néerlandaise est l ensemble de ce qui est décrit comme œuvre littéraire en moyen néerlandais, ancêtre du néerlandais moderne, écrit et par …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”