Dilution homéopathique

Dilution homéopathique

La dilution homéopathique est une étape essentielle de la préparation des médicaments homéopathiques. Elle consiste en une dilution d'une teinture-mère, contenant une substance active connue pour sa toxine produisant des symptômes ressemblant aux symptômes caractéristiques de maladies répertoriées, dilution par un solvant (eau ou éthanol) et pour aboutir à des dilutions pour lesquelles plus aucune molécule de la toxine n'est présente dans la solution ; la contradiction entre effets supposés et absence de substance active constitue l'une des principales critiques contre l'homéopathie. Les homéopathes considèrent que les préparations diluées sont susceptibles de contrecarrer les symptômes de la maladie présentant les mêmes symptômes que ceux provoqués par la toxine présente dans la teinture-mère et donc de soigner selon un principe datant de l’antiquité grecque : « similia similibus curantur », c'est-à-dire soigner par les semblables.

Sommaire

Les dilutions

Diverses dénominations sont utilisées pour quantifier les dilutions utilisées. La plus courante, la dilution CH, s'exprime très simplement mathématiquement :

x CH = 10 (-2x ) exemple: 5 CH = 10 (-10 ) soit un dixmilliardième=0.0000000001.

La dilution CH : Centésimale Hahnemannienne

La première dilution utilisée par Samuel Hahnemann s'exprime en DH (au dixième) ou le plus souvent en CH (centésimale Hahnemanienne), au centième ; elle s'effectue en prenant 1 volume de la teinture mère et en complétant avec 99 volumes de solvant : on obtient ainsi une dilution à 1CH = 1 % = 0,01 rarement prescrite. La quantité de matière active initiale est donc simplement divisée par 100.

On répète l'opération en prenant 1 volume de la solution à 1CH et en complétant avec 99 volumes de solvant pour obtenir 2CH. La quantité de matière initiale est donc divisée par 10 000 en comparaison de celle de la dilution initiale.

On réitère comme cela jusqu'à obtention en CH de la dilution souhaitée. Il existe des dilutions pouvant atteindre 30 CH, soit une dilution par 10-60 de la teinture mère. Il est impossible de se représenter concrètement la petitesse extrême d'un tel chiffre. À titre de comparaison, le Soleil contient environ 1057 atomes et on estime que la partie observable de notre univers contient 1080 atomes. Un seul atome dilué dans la masse de mille soleils représente donc 30 CH et un seul atome dilué dans l'univers représente 40 CH.

Si la teinture mère est à l'état pur, sans dilution, et contient 10+24 molécules actives (environ une mole), les dilutions successives contiennent en molécules actives :

CH 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 > 12
Nombre de
molécules
1022 1020 1018 1016 1014 1012 1010 108 1 000 000 10 000 100 1 0

À des dilutions de 12, et a fortiori de 15, voire 18 CH, la totalité des flacons ou des granules ne comprennent statistiquement plus une seule molécule du produit actif.

Remarque : après chaque dilution, la solution est « secouée ». Cette étape qui n'a pas pour but de parfaire la dilution, est appelée la succussion par les homéopathes, et n'a aucune base scientifique. La dilution suivie de la succussion forment ce que les homéopathes regroupent sous l'appellation de dynamisation.

La dilution K dite korsakovienne, une variante

On utilise un seul flacon pour l'ensemble de la procédure. Si l'on vide un récipient, on peut considérer que environ 1 % reste sur la paroi et que si on remplit à nouveau le récipient l'on obtient une dilution de 1K ; on dynamise en secouant énergiquement, on vide le récipient que l'on reremplit et que l'on secoue, etc. C'est la procédure de base que l'on utilise instinctivement lorsque l'on veut bien nettoyer et rincer un récipient.

  • à 200K, dilution qui est utilisée pour fabriquer l'oscillococcinum, cela revient à rincer 200 fois un récipient avec de l'eau pure et en secouant très fortement à chaque rinçage.

Il n'y a, depuis la douzième dilution, plus aucune molécule active dans la préparation.

La dernière dilution est constituée de 99 % d'eau provenant de l'eau utilisée pour les dilutions et de 1 % de la dilution antérieure, elle même à 99 % constituée d'eau.

  • si on considère les 5 dernières dilutions, le résultat est constitué de :

99,99999999 % d'eau utilisée pour faire les cinq dernières dilutions et de 0,00000001 % issue des dilutions antérieures.

En reprenant le même exemple cité plus haut, un seul atome dilué dans tout l'univers visible (estimé à 1080 atomes) correspond à une dilution de 40K.

La mémoire de l'eau

Article détaillé : mémoire de l'eau.

Il fut envisagé que l'eau pouvait garder « mémoire » du produit utilisé dans les premières dilutions[1]. Cependant, cet effet n'a jamais pu être reproduit et a soulevé des accusations de fraude[2],[3].

Pour certains homéopathes, cette expérience était dès sa conception vouée à l'échec car elle ne respectait pas le principe d'individualisation qui fait partie des fondements de l'homéopathie.

Et pourtant, ce principe d'individualisation est de fait mis à mal par les laboratoires homéopathiques eux-mêmes, qui commercialisent et promeuvent publicitairement des médicaments homéopathiques vendus sans ordonnance, identiques pour tous les malades, le plus connu étant l'Oscillococcinum, indiqué dans les « états grippaux »[4].

Plusieurs hypothèses concernant la mémoire de l'eau ont été émises. La plus répandue est que des électrons se déplacent selon un certain rythme par paire[citation nécessaire]. Sautant simultanément d'une orbite plus basse pour l'un et plus haute pour l'autre, le rythme ne nous est pas perceptible car il n'y a pas d'échange d'énergie en dehors de l'atome[citation nécessaire]. Ce rythme peut se transmettre par application d'une force extérieure (comme la succussion ou l'application d'un champ électromagnétique) d'une molécule à une autre. [citation nécessaire]

Dilutions des substances insolubles

Les substances insolubles sont diluées par trituration dans du lactose jusqu'à obtention du seuil de solubilité requis et, permettra de préparer la solution liquide.

Autres travaux

Divers travaux expérimentaux ont été menés pour tenter de mettre en évidence une influence de la dynamisation (utilisée en homéopathie) et des dilutions extrêmes sur des phénomènes physiques ou chimiques observables. Il s'agit de réaliser une préparation homéopathique, puis de comparer celle-ci à un produit de référence (le solvant seul, par exemple) au regard de diverses mesures. Contrairement à la mémoire de l'eau, on ne teste pas l'efficacité in vitro de la préparation dans un cadre thérapeutique.

Parmi ces travaux, Jean-Louis Demangeat et Bernard Poitevin (coauteur avec Jacques Benveniste de l'article portant sur la mémoire de l'eau) ont fait état d'une légère modification du temps de relaxation RMN des protons de l'eau selon le niveau de dynamisation et la nature des substances que l'on soumet à la préparation homéopathique classique[5]. Plus récemment, des chercheurs anglais[6] et norvégiens[7] ont publié des études qui échouèrent à reproduire ce type d'effets. Demangeat et son équipe ont néanmoins contesté ces résultats négatifs sur la base de différences méthodologiques entre les différentes études, toutefois ils recommandent la prudence dans l'interprétation de ces données qui, de leur propre aveu, n'ont pas encore fait l'objet de publication dans des revues scientifiques spécialisées dans la RMN[8].

Ces travaux constituent des pistes de recherche intéressantes pour étudier un éventuel effet physique mesurable des solutions très diluées. L'idée serait que l'oxygène dissous dans l'eau conserverait une « mémoire » statique de la substance ayant subi la méthode de préparation homéopathique et qu'elle transmettrait cette mémoire aux granules de sucre.

Génériques

La notion de générique, concernant les médicaments homéopathiques, est irréalisable du fait même que le médicament homéopathique n'est pas associé à une molécule active, mais à une dynamisation qui conduit à l'absence de molécule active.

Contradiction avec l'idée d'interaction moléculaire

La contradiction entre effets supposés et absence de principe actif constitue l'une des principales critiques faites à l'homéopathie, que ses détracteurs assimilent à un simple effet placebo. Les tenants de la validité scientifique de l'homéopathie répliquent que cette l'absence de principe actif ne réfute pas l'homéopathie, qui repose sur le principe que c'est le solvant, et non le soluté, qui est le principe actif. Le prix Nobel de physique Brian Josephson explique, dans sa réplique à un éditorial du New Scientist :

« [...] les critiques qui tournent autour du nombre ridiculement faible de molécules dissoutes présentes dans une solution après qu'elles ont été maintes fois diluées sont hors propos, puisque les défenseurs des remèdes homéopathiques attribuent leurs effets non à des molécules présentes dans l'eau, mais à des modifications de la structure de l'eau. »[9]

Quant aux propriétés du soluté, il ajoute :

« Une analyse simpliste voudrait que l'eau, étant un fluide, ne peut pas avoir une structure compatible avec cette idée de structure de l'eau. Mais des cas comme celui des cristaux liquides, qui peuvent, bien qu'ils s'écoulent comme des fluides ordinaires, maintenir une structure ordonnée sur des distances macroscopiques, montrent les limites de ce mode de pensée. Il n'y a jamais eu, au meilleur de ma connaissance, aucune réfutation de l'homéopathie qui reste valable une fois que ce point particulier a été pris en compte. » [10]

Certains homéopathes ajoutent que l'effet physiologique de ces remèdes ne se réduit pas à une interaction physico-chimique.

Illustration des Centésimale Hahnemannienne

Potentialisation de la dilution centésimale selon Hahnemann
Dilution Échelle Expression Exemples
1DH 0,1 1 : dix 1 dl (un verre de vin) dans 1 litre d'eau
1CH 0,01 1 : cent 1 centilitre dans 1 litre d'eau
2CH 0,0001 1 : 10 mille 1 millilitre dans 10 litres d'eau
3CH 0,000001 1 : 1 million 1 millilitre (soit 1 cm3) dans 1 mètre cube d'eau (1000 litres)
4CH 0,00000001 1 : 100 millions 0,25 litre (un demi de bière) dans 25000 m3 d'eau, soit 10 piscines olympiques de 50m de longueur, 25m de largeur et 2m de profondeur)
5CH 0,0000000001 1 : 10 milliards Le même verre de bière dans 1000 piscines olympiques aux mêmes dimensions
7CH 0,00000000000001 1 : 100 billions 8,9 décilitre (~1 litre) dans le lac Léman
9CH 0,000000000000000001 1 : 1 trillion 1,32m3 d'eau dilué dans la totalité des océans de la terre (1 320 000 000 km3)
12CH 0,000000000000000000000001 1 : 1 quadrillion 11,5CH donne une molécule dans 3 grammes d'eau (ex. : dé à coudre).
15CH 0,000000000000000000000000000001 1 : 1 quintillion Une molécule dans 30 tonnes d'eau (30m3 d'eau, un camion-citerne)
30CH 0,000000000000000000000000000000
000000000000000000000000000001
1 : 1 décillion 1 litre d'eau dans la galaxie de la Voie lactée (voir aussi les ordres de grandeurs)
40CH 0,000000000000000000000000000000
0000000000000000000000000000000
0000000000000000001
1: 100 trédécillions Une molécule d'eau dans l'ensemble de l'univers observable (la masse de l'univers est estimé à environ 1080 atomes)
200CH 1x10-400 1:10400 Dilution du remède populaire contre la grippe Oscillococcinum

Notes et références

  1. E. Davenas, F. Beauvais,, J. Amara, M. Oberbaum, B. Robinzon, A. Miadonnai, A. Tedeschi, B. Pomeranz, P. Fortner, P. Belon, J. Sainte-Laudy, B. Poitevin et J. Benveniste, « Human basophil degranulation triggered by very dilute antiserum against IgE », dans Nature, vol. 333, no 6176, 30 juin 1988, p. 816-818 [lien DOI] 
  2. Jean Brissonnet, Les Pseudo-médecines : un serment d'hypocrites, book-e-book, 2003, 229 p. (ISBN 2915312028) (OCLC 469354846) 
  3. Michel de Pracontal, L'Imposture scientifique en dix leçons, Paris, La Découverte, coll. « Sciences et société », 2001, 335 p. (ISBN 2707132934) (OCLC 46676918) 
  4. Elie Arié et Roland Cash (préf. Gilles Johanet), Tempête sur l'homéopathie, Neuilly-sur-Seine, Les Asclépiades, coll. « Docteur, dites-moi tout ! », 2006, 222 p. (ISBN 2915238162) (OCLC 421106701) 
  5. Modification des temps de relaxation RMN à 4 MHz des protons du solvant dans les très hautes dilutions salines de silice/lactose. JL Demangeat, C Demangeat, P Gries, B Poitevin, A.J. Constantinesco. (1992) J. Med. Nucl. Biophys 16, 135-145
  6. On the investigation of homeopathic potencies using low resolution NMR T2 relaxation times: an experimental and critical survey of the work of Roland Conte et al. Milgrom LR, King KR, Lee J, Pinkus AS. (2001) British Homeopathic Journal 90, 5-13.
  7. Nuclear magnetic resonance (NMR) studies of homeopathic solutions. Aabel S, Fossheim S, Rise F. (2001) British Homeopathic Journal 90, 14-20.
  8. Nuclear Magnetic resonace : let's consolidate the ground before getting excited. JL Demangeat, B Poitevin (2001) British Homeopathic Journal 90, 2-4
  9. Josephson, B. D., Letter, New Scientist, November 1, 1997. « criticisms centred around the vanishingly small number of solute molecules present in a solution after it has been repeatedly diluted are beside the point, since advocates of homeopathic remedies attribute their effects not to molecules present in the water, but to modifications of the water's structure. » Texte intégral sur la page de Brian Josephson.
  10. Josephson, B. D., Letter, New Scientist, November 1, 1997.« Simple-minded analysis may suggest that water, being a fluid, cannot have a structure of the kind that such a picture would demand. But cases such as that of liquid crystals, which while flowing like an ordinary fluid can maintain an ordered structure over macroscopic distances, show the limitations of such ways of thinking. There have not, to the best of my knowledge, been any refutations of homeopathy that remain valid after this particular point is taken into account. » Texte intégral sur la page de Brian Josephson.

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