Bataille de Mers el-Kébir

Bataille de Mers el-Kébir

35°43′10.18″N 0°41′20″O / 35.7194944, -0.68889

Bataille de Mers el-Kébir
Informations générales
Date 3 juillet 1940
Lieu Port de Mers el-Kébir
Issue Victoire britannique
Belligérants
Drapeau : Royaume-Uni Royaume-Uni Drapeau de France France
Commandants
Amiral Somerville Amiral Gensoul
Forces en présence
1 porte-avions
2 cuirassés
1 croiseur de bataille
2 croiseurs
11 destroyers
1 porte-hydravions
2 cuirassés
2 croiseurs de bataille
5 contre-torpilleurs
Pertes
2 tués
4 avions
1 297 tués
1 cuirassé coulé
1 croiseur de bataille, 1 cuirassé et 1 contre-torpilleur mis hors de combat
Seconde Guerre mondiale
Opération Catapult
Batailles
Seconde Guerre mondiale-Méditerranée et Europe du Sud

Invasion italienne de l'Albanie · Campagnes d'Afrique et du Moyen-Orient · Bataille des Alpes · Opération Vado · Bataille de Mers el-Kébir · Bataille de Tarente · Bataille du cap Teulada · Bataille du cap Matapan · Siège de Malte · Campagne des Balkans · Campagne de Yougoslavie · Bataille des îles Kerkennah · Campagne d'Italie · Débarquement de Provence 


Front d'Europe de l’Ouest


Front d'Europe de l’Est


Bataille de l'Atlantique


Campagnes d'Afrique et du Moyen-Orient


Guerre en Asie et dans le Pacifique


Guerre sino-japonaise

La bataille de Mers el-Kébir est un épisode de la Seconde Guerre mondiale ; on désigne par cette expression l'attaque, le 3 juillet 1940, de la marine britannique contre une escadre de la marine française mouillant dans le port militaire de Mers el-Kébir (golfe d'Oran, Algérie). Il y eut 1 297 morts. Le Royaume-Uni, alors seul devant l'ennemi allemand et italien, craignait que l'armistice signé par le gouvernement français avec l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste quelques jours auparavant ne fasse tomber cette flotte dans les mains d'Hitler, lui permettant ainsi de remettre en cause la suprématie maritime britannique et lui faisant courir un grave péril.

Sommaire

Contexte

Les deux puissances française et britannique s'étaient engagées, dans une déclaration solennelle, à l'issue de la réunion commune du Comité suprême de guerre tenu à Londres le 28 mars 1940, à laquelle assistèrent, entre autres, le Premier ministre britannique Neville Chamberlain, le président du Conseil français Paul Reynaud et le premier lord de l'Amirauté Winston Churchill, à ne conclure ni paix ni armistice séparés[1],[2].

Après la débâcle de juin 1940, le gouvernement français, déplacé à Bordeaux, doit choisir entre la capitulation ou une demande d'armistice. Une capitulation aurait engagé l'armée mais aurait permis au gouvernement de poursuivre la guerre en exil avec les alliés et ce qui restait des forces françaises (c'est-à-dire la Marine et les forces françaises d'Afrique). Un armistice, au contraire, devait engager le gouvernement dans son ensemble à ne pas poursuivre la guerre. Une attention toute particulière devait alors être portée sur les conditions de l'armistice pour que celui-ci soit « honorable ».

Début juin 1940, le président du Conseil Paul Reynaud et avec lui, la majorité du Gouvernement, penchent pour la première solution. Au contraire, le général-en-chef, Weygand, et le maréchal Pétain, vice-président du Conseil, et l'armée dans son ensemble considèrent que la charge de la défaite appartient aux politiques et souhaitent, pour cette raison, que le gouvernement endosse pleinement sa responsabilité en demandant l'armistice. Laval, de son côté, est également favorable à l'armistice mais il va encore plus loin puisque, particulièrement anglophobe, il penche pour un renversement des alliances. Laval et les militaires s'appuient sur l'anglophobie ambiante (depuis l'affaire de Dunkerque) pour amener les membres du gouvernement à rejoindre leur position, conduisant Paul Reynaud à démissionner de la Présidence du Conseil.

D'après Albert Kammerer[2], l'amiral Darlan qui était à la tête d'une des marines de guerre les plus puissantes du monde, et qui n'avait pas été vaincue (à la différence de l'armée de terre) était début juin sur la même position que Paul Reynaud. Il n'était pas, à l'origine, anglophobe mais il avait beaucoup d'ambitions personnelles et Pétain réussit à le faire changer d'avis en lui promettant de devenir ministre de la Marine dans le nouveau gouvernement.

Finalement, les relations entre les deux nations, qui se sont dégradées après la bataille de Dunkerque, prennent une nouvelle tournure quand Paul Reynaud démissionne et que Pétain, nouveau président du Conseil, se prépare à signer l'armistice du 22 juin 1940 avec l'Allemagne (puis le 24 juin avec l'Italie).

L'armistice impliquait d'être délié de l'engagement interallié du 28 mars 1940 puisque celui-ci prévoyait qu’aucune paix séparée n’était possible sans l’accord de l’autre partie. Winston Churchill fait savoir à plusieurs reprises, d'abord à Paul Reynaud puis plus tard au gouvernement Pétain, qu'il comprend la position difficile dans laquelle se trouve la France et qu'il peut admettre que la France soit déliée de ses engagements en concluant un armistice séparé, mais à condition que la flotte française ne puisse jamais tomber dans les mains de l'ennemi, ce qui suppose ou bien que la flotte française se saborde, ou bien qu'elle rallie les positions britanniques ou américaines (ce qu’elle fait jusqu’au 18 juin, avant de se réfugier en Afrique).

C'est à ce moment-là que démarre un terrible malentendu. Les conditions britanniques ont d'abord été adressées par deux télégrammes à Paul Reynaud, mais elles n'ont même pas été discutées par le Conseil des ministres du 16 juin 1940 car un autre télégramme britannique est venu proposer une « union indissoluble » avec le Royaume-Uni en vue de poursuivre la guerre (ce qui rendait évidemment caducs les télégrammes précédents). Seule cette dernière proposition a été discutée en Conseil des ministres. Quelques jours plus tard, la Chancellerie britannique a rappelé ses conditions au gouvernement Pétain mais, d'après Albert Kammerer, celui-ci a un comportement équivoque. Pétain affirme qu'il n'a pas l'intention de remettre la flotte française aux mains des Allemands et que le projet d'armistice ne le prévoit d'ailleurs pas, ce qui est vrai, mais ceci ne répond pas vraiment à la demande des Britanniques qui craignent que les Allemands puissent s'emparer de la flotte française contre le gré de celle-ci. C'est pourquoi le télégramme transmis le 16 juin, et reconfirmé ensuite, exige que, si l'armistice est signé, il ne peut l'être qu’« à la seule condition que la flotte française soit immédiatement dirigée sur les ports britanniques en attendant l’ouverture de négociations[3] ». Cet aspect durant la discussion de l’armistice entre la France et l'Allemagne est complètement omis. Pire, les Britanniques ne sont pas informés des clauses de l'armistice qui est finalement signé le 22 juin[4].

De facto, l'ambassadeur britannique ne prend connaissance de la clause 8 de l'armistice, exigeant que les navires français ne fussent désarmés dans leur ports d'attache sous contrôle allemand et italien, qu'après la signature (les navires devaient rejoindre leur port d'attache habituel de temps de paix). Comme le confirme l'historien Max Lagarrigue : « [...] Trois ports militaires de la marine française sont en zone d’occupation (Cherbourg, Brest et Lorient) et donc à la merci d’un coup de force de la Wehrmacht. Seul Toulon est en zone non occupée. Dans l’état actuel de ses forces, l’Angleterre ne peut prendre le risque de ne pas demeurer la première puissance navale du monde[5]. » Cette clause inquiétait évidemment les Britanniques qui ne savaient pas que les installations portuaires de l'Atlantique et de la Manche avaient été sabotées par les marins français, avant l'arrivée des troupes allemandes, ni que l'amiral de la flotte, Darlan, avait donné l'ordre à tous ses états-majors de saborder leurs bâtiments si les Allemands essayaient de s'en emparer. Ce dernier ajouta même que, s'il devait donner plus tard un ordre contraire sous la contrainte, il ne faudrait pas en tenir compte et que seul l'ordre de sabordage devrait être considéré. Un peu plus de deux ans plus tard, le 27 novembre 1942, les Allemands tentent effectivement de s'emparer des navires français après avoir franchi la ligne de démarcation le 11 novembre 1942 et la flotte se saborde effectivement à Toulon.

Le 27 juin, Churchill décida donc de mettre hors d'état de nuire la marine française. Cette opération déclenchée le 3 juillet 1940 avait pour nom de code Catapult et ne visait pas que les navires basés à Mers el-Kébir. A Alexandrie une escadre française composée d'un cuirassé, 2 croiseurs lourds, de 3 torpilleurs et 1 sous-marin est internée sans combat. Les Britanniques s'emparent par la ruse ou par la force des bâtiments réfugiés en Grande Bretagne. Un officier français du sous marin Surcouf et 3 marins de la Royal Navy perdront la vie dans cette opération.

Les pourparlers

L'amiral James Somerville reçut donc l'ordre d'appareiller afin de mettre hors d'état de nuire la flotte française basée à Mers el-Kébir. Arrivé à l'aube du 3 juillet devant la base navale, l’amiral Somerville adressa au vice-amiral d'escadre Marcel Gensoul un télégramme imposant un ultimatum dont le terme échouait six heures plus tard. Il fit trois propositions :

  • soit la flotte française rejoignait la flotte britannique dans sa lutte contre les forces de l'Axe ;
  • soit elle se sabordait ;
  • soit elle gagnait les ports britanniques, américains ou français des Antilles afin d'être désarmée.

Selon Kammerer, il y eut quatre propositions et non pas trois ni deux : la proposition de rejoindre les ports américains était en effet très différente de celle de rejoindre les ports britanniques, puisque les États-Unis n'étaient pas encore entrés en guerre (c'est le gouvernement de Vichy qui fit croire que l'ultimatum ne laissait le choix que de se rallier à l'Angleterre ou de se saborder). Selon les marins français rescapés, il semblerait que l'intention de Gensoul était de saborder (ou du moins de saboter son escadre française pour la rendre inutilisable) et qu'il en aurait fait part à Somerville. Mais, selon Kammerer, Gensoul attendait les ordres du gouvernement (qui était en train de s'installer à Vichy) et, comme l'armistice prévoyait que toute décision concernant la flotte devait être approuvée par le comité de l'armistice (donc par les Allemands), les ordres de Vichy ne pouvaient pas aller dans ce sens.

Dans le courant de l'après-midi, un compromis était sur le point d'être trouvé, après que Somerville eut prolongé son délai. Mais un des adjoints de Darlan, le vice-amiral d'escadre Le Luc fit savoir par radio à Gensoul que les escadres françaises de Toulon et d'Alger se portaient à son secours. Les Britanniques captèrent ce message et Londres ordonna à Somerville d'ouvrir le feu.

Liste des navires présents

Le 21 juin 1940, la Royal Navy avait positionné en Méditerranée la force H de Gibraltar, commandée par l'amiral Somerville. Cette flotte comptait 1 porte-avions, 2 cuirassés, 1 croiseur de bataille, 2 croiseurs légers et 9 destroyers. De son côté, la marine française, sous le commandement du vice-amiral d'escadre Gensoul, alignait dans la base navale de Mers El Kébir 2 croiseurs de bataille, 2 cuirassés, 1 transport d'hydravions et 6 contre-torpilleurs.

D'autres unités françaises qui se trouvaient dans le port de commerce d'Oran n'ont pas participé au combat du 3 juillet : les 10 torpilleurs Casque, Corsaire, Bordelais, Boulonnais , Brestois, Tornade, Tramontane, Trombe, Typhon et La Poursuivante, les 4 sous-marins Ariane, Danaë, Diane et Euridyce, ainsi que l'aviso colonial Rigault de Genouilly, l'aviso dragueur de mines Chamois, les patrouilleurs Sétoise, Toulonnaise et Terre Neuve, et enfin les remorqueurs Armen et Estérel .


Navires ayant participé au combat de Mers el Kébir
Français Britanniques
Transport d'hydravions/Porte-avions Commandant Teste Ark Royal
Cuirassés Bretagne Résolution
Provence Valiant
Croiseurs de bataille Dunkerque Hood
Strasbourg
Croiseurs légers Aréthuse
Emeraude
Contre-torpilleurs/destroyers Mogador Faulknor
Volta Fearless
Le Terrible Foxhound
Kersaint Vidette
Tigre Foresight
Lynx Escort
Keppel
Active Wrestler
Vortigern

Le déroulement de l'attaque

À 16 h 53, l'amiral Somerville donne à contrecœur l'ordre d'attaquer la flotte française. Il a bien préparé son affaire : il a fait miner la passe du port avec les mines magnétiques larguées par avions. Embossés "cul à quai" à la jetée, les bâtiments français ne peuvent manoeuvrer et difficilement riposter aux tirs de la flotte britannique, qui est, elle, bien abritée par le relief[6]. De ce fait, l'artillerie principale des 2 croiseurs de bataille (2 tourelles quadruples de 330mm), concentrée sur la plage avant, est orientée vers la terre. Les navires français sont écrasés sous des salves d'obus rapides et bien réglées par le guidage des avions de l'Ark Royal. Le cuirassé Provence et le croiseur de bataille Dunkerque sont touchés et s'échouent pour ne pas couler. Le cuirassé Bretagne, atteint par une salve britannique, prend feu puis explose. Il chavire et coule en quelques minutes, entraînant avec lui dans la mort 997 marins de son équipage.

Durant le combat, le croiseur de bataille Strasbourg, commandé par le capitaine de vaisseau Louis Edmond Collinet réussi par une brillante manœuvre à appareiller à 17 heures sans être touché. Suivi de six contre-torpilleurs, il gagne alors le large après un bref engagement contre un destroyer anglais. Le premier contre-torpilleur de la ligne de file, le Mogador, est touché sur l'arrière par un obus de 380 mm qui fait exploser ses grenades anti-sous-marines. Hors de combat, il ne peut s'échapper. Le Strasbourg augmente sa vitesse et gagne la haute mer, escorté des cinq autres contre-torpilleurs. Le croiseur de bataille Hood tente en vain de l'intercepter et renonce lorsque la nuit tombe. Les bâtiments français, indemnes, accostent au port de Toulon le lendemain.

Seul le transport d'hydravions Commandant Teste, resté au mouillage, sort indemne de la bataille. Il quitte le port seul pendant la nuit. À 18 heures, le vice-amiral d'escadre Gensoul demande un cessez-le-feu pour évacuer ses blessés. Les Anglais ont d'ailleurs cessé le feu car les fumées des tirs et des explosions leur cachent la vue du port.

L'amiral Esteva, annonce à la radio que le Dunkerque n'a été que légèrement avarié. Les Anglais décident alors de le frapper à nouveau. Le 6 juillet, les avions torpilleurs du porte-avions Ark Royal reviennent achever le travail en bombardant le Dunkerque et en faisant exploser le patrouilleur Terre-Neuve amarré à couple et à bord duquel les marins débarquaient les munitions du croiseur de bataille.

Bilan

Cet engagement fait 1 297 morts du côté français, tandis que les blessés sont évacués vers les hôpitaux d'Oran. La plus grande partie de l'escadre présente à Mers el-Kébir est hors de combat. Victime collatérale, l'aviso colonial Rigault de Genouilly, qui avait appareillé d'Oran est torpillé le 4 juillet au large d'Alger par le sous-marin HMS Pandora, causant la mort de 3 officiers mariniers et 9 quartiers maîtres et matelots. Mis à part les FNFL, la Marine française ne prit plus part au combat contre les forces de l'Axe avant 1943 ; au contraire, elle fut engagée ponctuellement plusieurs fois contre les Alliés.

Pertes humaines de Mers el-Kébir du 3 au 6 juillet 1940
Officiers Officers mariniers Quartiers-maître et marins Totaux
Bretagne 36 151 810 997
Dunkerque 9 37 179 225
Provence 1 3 4 8
Strasbourg 2 3 5
Mogador 3 37 40
Terre Neuve 1 2 6 9
Armen 2 3 5
Esterel 1 5 6
Totaux 48 199 1 050 1 297

Les Britanniques ont pour leur part perdu 4 avions (2 chasseurs et 2 avions torpilleurs) et déplorent 2 morts. Avec cette attaque, le message des Anglais adressé au monde est clair : "nous sommes résolus à continuer la guerre quel qu'en soit le prix".

À Londres, le général de Gaulle justifie l'opération Catapult en déclarant le 8 juillet :

«  [...] en vertu d’un engagement déshonorant, le gouvernement de Bordeaux avait consenti à livrer les navires à la discrétion de l’ennemi. Il n’y a pas le moindre doute qu’en principe et par nécessité l’ennemi les aurait employés soit contre l'Angleterre, soit contre notre propre Empire. Eh bien, je le dis sans ambages, il vaut mieux qu’ils aient été détruits. »

On prétend souvent que cette attaque ainsi que la déclaration de De Gaulle a porté un coup à la dynamique de l'Appel du 18 Juin. Toutefois les renoncements à la poursuite de la lutte par les principaux gouverneurs de l'Empire sont antérieurs à cet évènement, les quelques ralliements de territoires sont postérieurs et les engagements dans les forces françaises libres, ne décroissent pas avant septembre 1940.

De Gaulle écrira cependant plus tard dans ses Mémoires de guerre[7] :

« [...] contrairement à ce que les agences anglaises et américaines avaient d'abord donné à croire, les termes de l'armistice ne comportaient aucune mainmise directe des Allemands sur la flotte française.
Par contre, il faut reconnaître que devant la capitulation des gouvernants de Bordeaux et les perspectives de leurs défaillances futures, l'Angleterre pouvait redouter que l'ennemi parvînt un jour à disposer de notre flotte [...] »

L'affaire de Mers el-Kébir indisposa les Français d'Algérie qui voyaient disparaître un élément essentiel à leur protection. Mais la population métropolitaine n'était pas disposée à se jeter dans les bras de l'Allemagne. Seuls les collaborateurs ultra comme Pierre Laval et l'amiral Darlan étaient favorables à une déclaration de guerre immédiate au Royaume-Uni. En l'occurrence c'est le maréchal Pétain qui joua un rôle modérateur, déclarant : « Une défaite suffit ». Cependant les relations diplomatiques entre les deux pays furent rompues. C'est ce moment que choisirent Pétain et Laval pour en finir avec la IIIe République et instaurer un régime autoritaire le 10 juillet 1940.

Contrairement à une idée largement répandue, la plupart des officiers et des amiraux français n'étaient pas anglophobes. Pour preuve, l'entente entre la Marine Nationale et la Royal Navy pendant l'entre-deux-guerres était bonne et la coopération fut remarquable entre les deux marines dès le début du conflit. Mais les chefs de la marine française n'avaient plus vraiment confiance en leur allié britannique à la suite de l'accord naval de Londres passé en juin 1935 avec l'Allemagne nazie. En complète violation du traité de Versailles, car sans consulter ses autres signataires (États-Unis, France, Italie), cet accord autorisait Hitler à reconstruire une marine de guerre équivalente à 35% du tonnage de la Royal Navy, soit un tonnage sensiblement équivalent à celui de la marine nationale française. Les amiraux français virent leurs préjugés confirmés quand plusieurs incidents franco-britanniques eurent lieu, du printemps 1940 à l'automne 1942 : campagne de Norvège, rembarquement de Dunkerque, combats de Dakar, du Gabon, de Syrie, de Madagascar, enfin d'Afrique du Nord, où cette fois elle affronta également les Américains. Et c'est ce qui explique en partie que le 27 novembre 1942, l'amiral Laborde refusa d'obéir à l'amiral Darlan (qu'il détestait), quand celui-ci lui ordonna de rallier les forces anglo-américaines. Resté fidèle à son serment au maréchal Pétain, l'amiral Laborde préféra ordonner le sabordage des bâtiments de la flotte de Toulon en état d'appareiller, pour qu'ils échappent aux Allemands, plutôt que de chercher à rejoindre les Alliés et continuer la guerre à leur côté.

Notes et références

  1. Winston Churchill, The Second World War, Plon, 1948-1954 ; rééd. La Deuxième Guerre mondiale, Le Cercle du Bibliophile, 12 vol. , 1965-1966, Tome deuxième, « L'orage approche – La « Drôle de guerre » 1939-1940 », chap. XI : « Avant l'orage – Mars 1940 », p. 190 :
    « [...] les gouvernements français et britanniques avaient donné leur accord [le 28 mars 1940] à la publication de la déclaration suivante :
    « Pendant la présente guerre, les gouvernements français et britannique s'engagent à n’entamer aucune négociation, à ne conclure aucun armistice ou traité de paix, sauf d’un commun accord. »
  2. a et b Albert Kammerer, La Tragédie de Mers El kébir, éditions Médicis, 1945.
  3. Max Lagarrigue, 99 questions... La France sous l'Occupation, CNDP, Montpellier, 2007 (ISBN 978-2-86626-280-8) [extrait en ligne sur arkheia-revue.org (page consultée le 7 décembre 2009)]
  4. Max Lagarrigue, 99 questions... La France sous l’Occupation, op. cit., p. 10.
  5. Max Lagarrigue, 99 questions... La France sous l’Occupation, op. cit., p. 11.
  6. Le site anglophone Maritime Quest propose une photographie de la rade en juillet 1940, probablement peu avant l'attaque.
  7. Charles de Gaulle, Mémoires de guerre – L'appel : 1940-1942 (Tome I), éd. Plon, Paris, 1954 ; rééd. Pocket, 1999 (nouvelle édition 2007) 440 p. (texte intégral), (ISBN 2266095269 et 978-2-266-09526-6), chap.  : « La France Libre », p. 98

Annexes

Bibliographie

  • Martial Le Hir, Mers el-Kébir et Catapult - Les marins de l'oubli, Marines Éditions, mai 2008 (ISBN 978-2-915379-75-4).
  • Hervé Coutau-Bégarie et Claude Huan, Mers el Kébir (1940), la rupture franco-britannique, Economica, 1994.
  • Yves Rochas, Vérités interdites : Mers el Kébir, juillet 1940, éditions de l'Officine, 2006
  • Max Lagarrigue, 99 questions... La France sous l'Occupation, CNDP, Montpellier, 2007 (ISBN 978-2-86626-280-8).
  • Albert Kammerer, ambassadeur de France, La tragédie de Mers El Kébir – L'Angleterre et la flotte française, éditions Médicis, 1945.
  • Winston Churchill, The Second World War, Plon, 1948-1954 ; rééd. La Deuxième Guerre mondiale, Le Cercle du Bibliophile, 12 vol. , 1965-1966, Tome troisième, « L'heure tragique – la chute de le France, 1940 », chap. XI : « L'amiral Darlan et la flotte française, Mers-el-Kébir », p. 226-253.
  • Dominique Lormier, Mers El-Kébir – Juillet 1940, éd. Calmann-Lévy, 2007, 190 p. (ISBN 2702138152 et 978-2-7021-3815-1).
  • Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, éd. Librairie Académique Perrin, Paris, 1962-1964 ; rééd. CAL, Paris, chap. « Le drame de Mers el-kébir », p. 157-172.


Autres lectures
  • (fr) Vincent Gréciet, « Combats fratricides en Afrique : Mers-El-Kebir, Dakar, les premiers pas des FAFL en Afrique », revue Batailles Aériennes, no 26, 2003.

Articles connexes

Liens externes


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