Petrus Egidius

Petrus Egidius
Petrus Egidius représenté dans une fresque du XVIIe siècle, dans la Sala Regia, Palazzo dei Priori, à Viterbe

Petrus Egidius (ég. Ægidius de Viterbe, Egidio da Viterbo ou Gilles de Viterbe) (né en 1469 à Viterbe, alors dans les États pontificaux et mort le 12 novembre 1532 à Rome) est un cardinal italien, membre des Augustins, philosophe, théologien, orateur, humaniste et poète des XVe et XVIe siècles.

Sommaire

Biographie

Petrus Egidius naquit à Viterbe, de parents riches et nobles, son père était Antoninus et sa mère, Maria del Testa[1]. Il entra jeune dans l'ordre des Augustins et après avoir étudié chez eux à Viterbe, il fut fait docteur en théologie et devint en 1503 général de son ordre.

Il est célèbre dans l'histoire de l'Église pour l'audace et le sérieux du discours qu'il prononça à l'ouverture du Ve concile du Latran qui se tint en 1512[2].

Léon X le créé cardinal lors du consistoire du 1er juillet 1517. Il lui confie successivement plusieurs sièges et l'emploie comme légat dans d'importantes missions. Le 2 décembre 1523, il devient évêque de Viterbe et le restera jusqu'à sa mort.

Cette même année, le pape lui confère le titre de Patriarche latin de Constantinople.

Son zèle pour une réforme réelle de l'Église l'incita à présenter à Adrien VI un mémorandum[3]. Homme instruit et rempli de vertu, membre du Grand Sénat pontifical, il jouissait d'une estime universelle et beaucoup le jugeaient destiné à succéder au pape Clément VII.

Cabaliste chrétien

Dans l'histoire du judaïsme, il est associé au grammairien Élie Lévita, qui lui enseigna l'hébreu. Quand les troubles de la guerre conduisirent Levita de Padoue à Rome, il fut accueilli chez Égidius, où il fut hébergé pendant plus de dix ans. C'est là que commença la carrière de Levita qui devint le plus connu de ceux qui enseignèrent la tradition hébraïque aux notables chrétiens. La première édition du Baḥour de Levita (Rome, 1518) est dédiée à Égidius qui avait introduit son hôte à l'antiquité classique et au grec, lui permettant ainsi d'utiliser cette langue dans ses travaux lexicographiques en hébreu - en 1521 Levita reconnut sa dette en dédiant sa Concordance au cardinal.

Égidius semble avoir été moins motivé par des raisons philologiques que par le désir de pénétrer les mystères de la Kabbale. Il appartenait au groupe des cabalistes chrétiens du XVIe siècle, parmi lesquels Johannes Reuchlin et Pic de la Mirandole furent les plus éminents, qui croyaient que le mysticisme juif, et en particulier le Zohar, contenait le témoignage incontestable de la vérité de la religion chrétienne. Au cours du conflit de Reuchlin avec les obscurantistes (1507-1521), dans laquelle il s'agissait de la conservation même des livres juifs, le cardinal écrivit à son ami en 1516 : « Pendant que nous travaillons en ton nom, ce n'est pas toi que nous défendons, mais la loi ; ce n'est pas le Talmud, mais l'Église ».

Égidius employa également un autre érudit juif, Baruch de Bénévent, pour lui traduire le Zohar (ou Livre de la Splendeur). Ce dernier peut aussi avoir été partiellement l'auteur des nombreuses traductions et des traités cabalistiques qui ont paru sous le nom d'Égidius. Le cardinal était un collectionneur de manuscrits hébraïques, et on peut encore en voir un grand nombre à la Bibliothèque de Munich, portant à la fois des traces légères de sa signature et de brèves annotations en latin.

La Bibliotheca Angelica, à Rome, conserve un vieux manuscrit de la Bible, donné par Léon X à Égidius. Le British Museum contient une copie du Yalkut ha-Makiri et le Midrash sur les petits prophètes, écrit pour le cardinal à Tivoli, en 1514, par Johanan b. Jacob Sarkuse. L'étude de la littérature juive conduisit le cardinal à porter aux juifs eux-mêmes un intérêt amical, qu'il manifesta tant dans le soutien énergique qu'il donna à Reuchlin dans son combat cité plus haut que dans la tentative manquée qu'il fit en 1531, de concert avec le cardinal Girolamo Ghinucci, pour empêcher que fût promulgué l'édit papal autorisant l'introduction de l'Inquisition contre les marranes.

Œuvres

Il avait une connaissance approfondie de l'Écriture et était fort versé en grec et en hébreu.

Nombreux sont les écrits qu'on attribue généralement à Égidius. La plupart d'entre eux se trouvent sous forme de manuscrits à la Bibliothèque Nationale de Paris, mais leur authenticité a encore besoin d'être établie. Mis à part quelques travaux mineurs sur la langue hébraïque, ils sont en grande majorité de nature cabalistique. On trouverait difficilement un classique de la mystique juive médiévale qu'il n'ait pas traduit, annoté ou commenté. Parmi ces travaux on peut mentionner le Zohar.

Seuls quelques-uns de ses écrits ont été imprimés dans le troisième volume de la Collectio Novissima de Martène. Pressé par Clément VII de publier ses œuvres, il aurait répondu, selon l'augustin Thomas de Herrera, qu'il craignait de contredire des hommes célèbres et d'une grande sainteté par sa façon d'exposer l'Écriture. Le pape lui aurait répondu que le respect dû aux hommes ne devait pas le dissuader, il était parfaitement autorisé de prêcher et d'écrire ce qui était contraire à l'opinion des autres, à condition que l'on ne s'écartât pas de la vérité et de la tradition commune de l'Église[4].

Son œuvre originale la plus importante est un traité historique : Historia viginti sæculorum per totidem psalmos conscripta. De façon philosophico-historique elle traite l'histoire du monde, avant et après la naissance de Jésus ; précieuse pour l'histoire du temps de l'auteur, elle offre une certaine analogie avec le fameux Discours sur l'histoire universelle de Bossuet.

Les six livres de son importante correspondance (1497-1523) concernent les affaires de son ordre, et une grande partie est adressée à Gabriel de Venise, son successeur ; ils sont conservés à Rome à la Bibliotheca Angelica. Le cardinal Hergenröther apprécie particulièrement la lettre circulaire dans laquelle Aegidius annonce sa démission du poste de général de l'Ordre augustinien (27 Février 1519)[5].

Parmi d'autres travaux connus d'Égidius on cite un commentaire sur le premier livre des Sentences de Pierre Lombard, trois Eclogae Sacrae, un dictionnaire des racines hébraïques, un Libellus de ecclesiae incremento, un Liber Dialogorum, et une Informatio pro sedis apostolicae auctoritate contra Lutheranam sectam.

Liens externes

Source de traduction

Notes et références

  1. The Biographical Dictionary of the Society for the Diffusion of Useful Knowledge (1842), voir sous' "Ægidius of Viterbo"
  2. Oratio prima Synodi Lateranensis habita, imprimée à Rome, 1513 ; on le trouve dans la Conciliorum collectio regia maxima de Jean Hardouin, vol IX, p. 1576.
  3. Konstantin von Höfler devait le publier par la suite dans les Actes de l'Académie des Sciences de Munich, III class, IV, 3 (B) 62-89.
  4. Nat. Alex., Hist. Eccl., saec. XV, 1,5,16; XVII, 354.
  5. Lämmer, Zur Kirchengeschichte des XVI. und XVII. Jahrhunderts', Fribourg, 1863, 64-67

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