Bataille de Vauquois

Bataille de Vauquois
Vue du sommet de la butte depuis les tranchées allemandes, devant les cratères de mines et le monument français
Situation du front avant l'offensive Meuse-Argonne de septembre 1918 avec la position de Vauquois en jaune (cliquez sur la carte pour l'agrandir)
Le monument Aux combattants et aux morts de Vauquois fut construit en 1926 sur le site de l'ancienne mairie, du côté "français" de la butte. Œuvre de l'architecte Monestier et du sculpteur Roussel, il représente une pyramide tronquée surmontée d'une lanterne des morts. En fronton, un poilu en tenue de 1915 et un marronnier tronqué. Il rappelle le marronnier qui fut scié à la mitrailleuse par les Allemands car il servait de repère de tir à l'artillerie française.
Monument à Henri Collignon au bas de la butte

La bataille de Vauquois est une bataille de la Première Guerre mondiale sur le front Ouest. Elle dura presque toute la durée du conflit et se déroula sur la butte de Vauquois, une hauteur de la Meuse, à 25 km au nord-est de Verdun. Elle est un des exemples de la « guerre des mines » de ce conflit où des galeries souterraines (« des mines ») étaient creusées sous les lignes ennemies, remplies d'explosifs que l'on faisait exploser.

Sommaire

La bataille

Le petit village de Vauquois était situé sur une butte de 290 mètres de haut, qui domine les plaines environnantes de plus de 130 mètres, du massif de l'Argonne à l'ouest au plateau de la Woëvre à l'est[1]. D'août à septembre 1914, pendant la guerre de mouvement, le village fut pris par les Allemands le 3 septembre, repris par les Français le 15 et reperdu le 24 [1]. Les Allemands fortifièrent alors la position. Le 28 et le 29 octobre 1914, les troupes françaises, sans préparation d'artillerie préalable, essayèrent de reprendre la position mais furent les deux fois balayées par les mitrailleuses allemandes[1].

Situé à l'ouest de Verdun, la butte devint un point stratégique lors de la stabilisation du front à la fin de 1914. Poste d'observation naturel sur la région environnante, elle permettait l'ajustement des tirs d'artillerie.

Le 18 puis le 28 février 1915, le 31e Régiment d'Infanterie reprend le village mais doit l'évacuer, sous le pilonnage de l'artillerie allemande[1]. Début mars, la ligne de front va se figer alors au sommet de la butte, de part et d'autre des ruines du village. Les deux parties vont alors s'enterrer, creusant tranchées et abris ainsi que des galeries à travers la butte. Les combats en surface ne deviendront plus que sporadiques.

Avril 1915 marque le début de la guerre des mines, avec un avantage initial aux Français. D'étroites galeries sont creusées sous les lignes ennemies et remplies de caisses d'explosifs. Le temps passant, on creuse toujours plus profond dans le sous-sol de la butte, de la gaize, une roche siliceuse formée de débris fossilisés[1]. En avril 1916, une première grosse mine allemande explose à l'est de la butte tuant 11 soldats français. Les Français répliquent le 23 mars en faisant exploser sous la position fortifiée allemande de l'église, 12 tonnes d'explosifs tuant 30 hommes. Le 14 mai les Allemands font exploser à l'ouest une mine contenant 60 tonnes d'explosifs détruisant et ensevelissant une partie de la 1re et 2e lignes françaises et 108 soldats. L'explosion sera ressentie à plusieurs kilomètres à la ronde et creusera un cratère de plus de 25 mètres de profondeur et 100 mètres de large. Cela sera la plus puissante explosion de cette bataille. Les mois suivants verront l'explosion d'autres mines mais de moindre ampleur. Dans chaque camp, on surveille le travail de sape de l'adversaire, des contre-mines ou camouflets sont creusés. Les accidents sont aussi nombreux lors du percement des galeries dans une butte fragilisée par les nombreuses mines et explosions ou lors du transport des explosifs dans ces boyaux étroits.

Le 6 juin 1915, une équipe de brigade de sapeurs-pompiers de Paris, formant la compagnie « engins spéciaux » 22/6 du 1er régiment du génie[2]du camp de Satory, venus en renfort avec un matériel d'un usage nouveau, les appareils Schilt, mais d'une efficacité impressionnante, projette au moyen, de lances sur les lignes allemandes environ 3000 l d'un mélange d'un liquide composé de 30% de pétrole et 70 % d'huile légère de houille contenu dans des récipients sous pression, mélange enflammé au moyen de grenades incendiaires. Cette émission de liquide enflammé avait pour but d'aider à prononcer une attaque à hauteur des vestiges de l'église du village. L'effet de souffle produit par l'explosion d'un dépôt de munitions allemand, touché par ce mélange, rabat le liquide enflammé sur les lignes françaises. les victimes se comptent parmi les sapeurs pompiers et les hommes du 3e bataillon du 31e RI, présents dans les tranchées[3]. Par manque d'expérience, à cause d'un vent contraire et d'une cible plus élevée, cela fut un échec[4], une vingtaine d'entre-eux moururent brulés, victimes de leur propre matériel. Le drapeau des sapeurs pompiers de Paris porte l'inscription Vauquois.


Dans les deux camps germe l'idée, en 1917, de purement et simplement araser la butte. Les Français envisagent de creuser trois mines à -40 mètres de profondeur et de les remplir de 140 tonnes d'explosifs mais le projet est abandonné faute de main d'œuvre suffisante. Les Allemands planifient eux de creuser 3 galeries à -100 mètres. Le projet n'est abandonné qu'en mars 1918 alors que les galeries sont pratiquement achevées.

L'intérieur de la butte comprendra ainsi sur plusieurs niveaux plus de 17 km de puits, galeries et rameaux[5].

Au total, 519 explosions souterraines se sont produites à Vauquois (320 françaises et 199 allemandes[5]), utilisant plus de 1000 tonnes d'explosifs. En avril 1918, la guerre des mines cesse dans une butte dont l'intérêt stratégique a largement diminué. En mai-juin 1918, des troupes italiennes relèvent les troupes françaises, en attendant les troupes américaines qui arrivent le 26 septembre 1918. Un pilonnage d'artillerie allié détruit de nombreuses entrées de galeries et la butte est prise, après une résistance acharnée d'une petite garnison de la garde impériale allemande.

La bataille de Vauquois fut l'une des plus longues de la Première Guerre mondiale. Au sud de la butte, le cimetière national de la Maize abrite 4368 soldats français tués lors de cette bataille (« ceux de Vauquois »). Au nord, le Soldaten Friedhof de Cheppy accueille les soldats allemands, principalement du XVI Armee Korps de Metz.

Après la guerre

Le village fut entièrement détruit lors de ces quatre années de guerre. À l'endroit où il se trouvait, une profonde tranchée, toujours visible aujourd'hui, créée par les cratères de mine coupent le sommet de la butte. Bien que le site fut classé en zone rouge après la guerre, du fait des munitions et cadavres enfouis dans le site, des habitants se réinstallèrent et reconstruisirent un nouveau mais plus petit village au pied de la butte, soutenus par le général Deprez, originaire de la commune, et par la ville d'Orléans, devenue marraine du nouveau village. Un monument fut construit côté français (« Aux combattants et morts de Vauquois ») en 1925. Le site est entretenu par une association et est ouvert au public. Des visites des galeries sont également organisées.

Les terrains de zone rouge ont été classés aux monuments historiques par un arrêté du 22 septembre 1937 sur une superficie de 39,8247 hectares[6].

Personnalités ayant combattu à Vauquois

Lors de l'offensive Meuse-Argonne de septembre et octobre 1918 auquel participa la Force expéditionnaire américaine :

  • Harry S Truman (1884-1972), président des États-Unis de 1945 à 1953, alors officier dans la garde nationale du Missouri[7] et commandant une batterie d'artillerie américaine qui attaqua le secteur de Vauquois en septembre 1918[8].
  • George Patton (1885-1945), alors lieutenant-colonel à la tête du corps blindé de la force expéditionnaire américaine. Il attaqua dans le secteur de Vauquois[9], faisant passer ses chars non loin de la butte.

Notes et références

  1. a, b, c, d et e Alain Denizot, Verdun et ses champs de bataille, Nouvelle Éditions Latines, 1972, p.42, (ISBN 9782723319973).
  2. La Butte meurtrie, Vauquois, p 202-203
  3. JMO du Génie du 5e corps d'armée (France)
  4. Panneaux d'informations sur le site de la butte de Vauquois.
  5. a et b La butte de Vauquois sur le site Chemins de mémoire.
  6. Notice no PA00106652, sur la base Mérimée, ministère de la Culture.
  7. Un monument dédié aux combattants du Missouri se trouve à quelques kilomètres de Vauquois à Cheppy.
  8. Letters home by Harry Truman, rassemblées et publiées par Monte M. Poen (ISBN 9780826214744), p. 57.
  9. Patton: a genius for war de Carlo D'Este, 1995, 977 pages. p.262.

Sources

Liens externes

49°12′20.52″N 5°4′12.00″E / 49.2057, 5.07


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