Bataille de Wadi al-Khazandar

Bataille de Wadi al-Khazandar
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Bataille de Wadi al-Khazandar ou troisième bataille de Homs
Les archers mongols (à gauche) mettent en fuite les Mamelouks (à droite)

Les archers mongols (à gauche) mettent en fuite les Mamelouks (à droite).
Informations générales
Date 22 et 23 décembre 1299
Lieu Wadi al-Khazandar au nord-est de Homs en Syrie
Issue Victoire des Il-khanides
Belligérants
Il-khanides, Arméniens, Géorgiens Mamelouks
Commandants
Ghazan Khan An-Nâsir Muhammad
Forces en présence
60 000 Mongols, 40 000 Arméniens et Géorgiens 20 000 à 30 000 Mamelouks
Pertes
5 000 à 15 000 200 à 1 000
Invasions mongoles
Batailles

La bataille de Wadi al-Khazandar est aussi appelée troisième bataille de Homs[1], c’est une victoire des Mongols sur les Mamelouks le 22 et 23 décembre 1299.

Sommaire

Prémices

En 1260, Hülegü avait envahi le moyen orient et avait ouvert la route vers l’Égypte mamelouke. Il est alors rappelé en Mongolie par la mort de Möngke et rentre avec la majeure partie de son armée. Il ne laisse derrière lui qu’un faible contingent de 20 000 hommes. Cette armée est battue à la bataille d'Aïn Djalout puis à Homs, les mongols doivent se retirer au-delà de l’Euphrate. Plus tard, Hülegü ne peut pas reprendre sa campagne en Syrie car il doit se battre dans le Caucase.

En 1281, Mangou Temur[2], frère de l’il-khan Abaqa, se heurte aux Mamelouks dirigés par le sultan Qala'ûn. Il prend la fuite la défaite mongole est totale (30 octobre 1281)[3].

La campagne de Ghazan en Syrie

Trajet des campagnes mongoles de 1300 à 1303. Emplacement de la bataille de Wadi al-Khazandar (3rd Homs). Emplacement de la bataille de (bataille de Marj as-Suffar en 1303, victoire des Mamelouks).

En 1299, Ghazan entre en Syrie avec 60 000 hommes. Il attaque les Mamelouks qui avaient pourtant salué favorablement sa conversion à l’islam. Ghazan occupe Alep, mais pas la citadelle (12 décembre 1299)[4]. Le 20 décembre, il passe près de Hama sans assiéger la citadelle et pose son camp près de Salamiya. Dans le camp des mamelouks l’heure est à la contestation. Une partie des troupes se mutine contre An-Nâsir Muhammad à cause de la destitution de Kitbugha par Lajin (en 1297) et de l’exécution de leurs chefs par Lajin (règne de 1297 à 1299) qui vient de laisser la place à An-Nâsir. Les insurgés tentent une révolution pour remettre Kitbugha sur le trône. Une explication calme les esprits, car tous ressentent la nécessité de s’unir contre l’ennemi commun. Une cinquantaine d’insurgés sont pendus dès le lendemain. Le 3 décembre, An-Nâsir Muhammad est à Damas où il apprend l’arrivée de Ghazan avec une armée formidable. Il fait une distribution d’argent aux cavaliers qui ne l’emploient pas à l’achat de ce dont ils avaient besoin. Les mamelouks sont découragés, ils ont le pressentiment de la défaite, ils voient les habitants de la Syrie qui émigrent à l’approche des Mongols[5].

La bataille

Du côté mongol la situation est difficile. Les troupes sont fatiguées, de nombreux chevaux sont hors service. Ghazan ordonne que toute l’armée s’apprête à combattre à pied, les mongols pourront ainsi être plus efficaces avec leurs flèches contre les charges des Mamelouks. Ghazan quitte Salamiya et s’arrête à une journée de marche de l’armée égyptienne. Le 23 décembre, arrivé près de la rivière, Ghazan fait reposer ses troupes. La cavalerie met pied à terre, certains retirent leur armure, d’autres soignent leur monture. Tout à coup on annonce l’approche de l’ennemi. Ghazan qui n’a que le centre de son armée à côté de lui met les troupes en ordre de bataille. Néanmoins, il pense que la bataille ne va pas s’engager tout de suite car les mamelouks sont postés sur l’emplacement des deux victoires précédentes près du mausolée de Khalid ibn al-Walid[6]. Ghazan donne l’ordre de détacher 10 000 hommes pour contourner l’aile droite des armées mameloukes. Les égyptiens croient pouvoir profiter de ce départ pour attaquer et marchent vers l’armée mongole qu’ils trouvent rangée en ordre de bataille près du lieu nommé Wadi al-Khazandar[7]. L’armée mamelouke compte plus de vingt-milles cavaliers. Le sultan se tient à l’écart pour assister à la bataille. Vers onze heures, l’armée égyptienne passe à l’attaque malgré la fatigue des chevaux. Ils chargent mais les mongols ne bougent pas. La charge est plus longue que prévu et les chevaux sont à bout de souffle lorsqu’ils atteignent les rangs mongols. Ghazan donne l’ordre aux cavaliers de mettre pied à terre et de se servir des chevaux pour se protéger. Les cadavres des chevaux criblés de flèches servent de rempart. Les timbales de l’aile droite mongole commandée par Qutlugh Châh sonnent la charge. Qutlugh Châh donne l’ordre aux cavaliers de mettre pied à terre, puis se ravise et leur demande de se remettre en selle. Le Mamelouks chargent en masse et l’aile droite mongole est enfoncée, les pertes sont d’environ 5 000 hommes. Qutlugh Châh accompagné des rescapés va rejoindre Ghazan au centre. Ghazan fait avancer son aile gauche : 10 000 archers fantassins marchent en tête. Leurs flèches font des ravages dans les rangs d’un corps d’arabes qui était à l’avant de l’aile droite égyptienne. Ils sont les premiers à fuir, suivis par les troupes d’Alep et de Hama et bientôt par toute l’aile droite mamelouke. Lorsque l’aile droite mamelouke revient de sa poursuite de l’aile droite mongole, elle ne trouve plus l’armée mamelouke. Le combat a duré quatre heures. Ghazan est victorieux et s’est montré très ardent au combat. Il s’avance jusqu’à un farsakh (environ 5 km) de Homs. Au coucher du soleil il ordonne de cesser le carnage. S’il avait voulu poursuivre les fuyards, il n’y aurait pas eu beaucoup de survivants. Un corps de bédouins, apparaît du côté du désert et semble vouloir prendre Ghazan à revers. Le commandant de l’arrière garde mongole forte de 5 000 hommes les met en fuite[5].

Après la bataille

Une armée de renforts forte de 5 000 hommes venant d’Anatolie arrive avec le roi de Cilicie Héthoum II qui a retrouvé la vue après avoir été aveuglé lors de sa captivité. Le sultan An-Nâsir Muhammad arrive dans Homs au coucher du soleil, les habitants lui demandent que faire, il leur répond de se sauver comme ils le pourront. An-Nâsir Muhammad repart vers Le Caire. Le gouverneur de Homs vient apporter à Ghazan les clefs de la ville qui renferme les trésors du sultan. Ghazan distribue ces richesses à ses officiers et revêt plusieurs des robes du sultan. Il passe deux jours à Homs et se dirige ensuite vers Damas[5].

En janvier 1300, Damas se rend à Ghazan sans combat. Le 4 février Ghazan ayant reçu le tribut des villes conquises, repart vers ses états et franchit l’Euphrate le 16[8].

Notes et références

  1. La région de Homs a été le théâtre d’au moins six batailles marquantes :
    • Première bataille d'Émèse (Homs) les Romains menés par Aurélien remportent la victoire sur les Palmyréens menés par la reine Zénobie et son général Zabdas (272).
    • Deuxième bataille d'Émèse (ou première pour des Arabes) est la prise d'Émèse par Arabes menés par le général Abu Ubayda du calife Omar défendue par les Byzantins après un siège qui dure de décembre 635 à mars 636.
    • Troisième bataille d'Émèse (ou seconde pour des Arabes) est une victoire des Arabes menés par le général Abu Ubayda du calife Omar assiégé dans la forteresse d'Émèse contre les Byzantins. Il fait une sortie et après quatre jours de bataille il remporte la victoire (638).
    Après la conquête arabe, Émèse devient Homs.
  2. Mangou Temur l’un des vingt-et-un enfants connus de Hülegü, frère cadet d’Abaqa est à ne pas confondre avec Mengü Temür (Mongka Timur) khan de la Horde d'Or de 1266 à 1280, fils de Tütüqan et petit-fils de Batu
  3. Constantin d'Ohsson, op.cit., vol. III [lire en ligne], « livre V, chapitre III », p. 525-532 
  4. René Grousset, op. cit. [lire en ligne], « Règne de Ghazan. », p. 481 (pdf) .
  5. a, b et c Constantin d'Ohsson, op. cit., vol. IV [lire en ligne], « livre VI, chapitre VI », p. 230-241 
  6. Le mausolée de Khalid ibn al-Walid est actuellement dans la ville de Homs 34° 44′ 12″ N 36° 42′ 56″ E / 34.73678, 36.71559.
  7. Wadi al-Khazandar en arabe : wādī al-ḫaznadār / ḫazandār, وادي الخزندار, rivière / vallée de la maison du trésor.
  8. Constantin d'Ohsson, op. cit., vol. IV [lire en ligne], « livre VI, chapitre VI », p. 256-257 

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie


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