Eugène Casalis

Eugène Casalis

Eugène Casalis (1812-1891) était un missionnaire protestant français qui a joué un rôle important au Basutoland (Lesotho depuis 1966) pendant vingt-deux ans avant de revenir à Paris pour diriger la Maison des missions de Paris pendant vingt-cinq ans. Il est également connu pour son rôle précurseur dans l’ethnographie du Lesotho et la linguistique de la langue séchuana, domaines dans lesquels ses travaux font toujours référence.

Eugène Casalis
Nom de naissance Eugène Casalis
Naissance 21 novembre 1812
Orthez (Pyrénées-Atlantiques)
Décès 9 mars 1891 (à 79 ans)
Paris
Nationalité Française
Pays de résidence Lésotho, France
Activité principale Missionnaire
Conjoint Sarah Dyke

Sommaire

Enfance et jeunesse

Eugène Casalis est né le 21 novembre 1812 dans une vieille famille huguenote bourgeoise[1] d’Orthez (Pyrénées-Atlantiques). Adolescent, il fut très profondément marqué par le témoignage d’une figure marquante du Réveil du début du XIXe siècle, le pasteur évangélique suisse Henri Pyt, envoyé dans les Pyrénées-Atlantiques par la Société continentale de Genève[2].

A sa conversion, Eugène Casalis a la conviction qu’il est appelé par Dieu comme missionnaire aussi, en 1830, rentre-t-il à la Maison des missions de Paris où, après deux années de scolarité, il est ordonné missionnaire.

En mission

La Société des missions évangéliques de Paris (SMEP), dont dépendait la Maison des missions, avait initialement décidé d’envoyer Eugène Casalis évangéliser l’Algérie avec deux autres étudiants[3], Constant Gosselin et Thomas Arbousset, et elle leur avait donc fait apprendre l’Arabe et étudier le Coran[4]. Ils furent cependant contraints de renoncer à ce projet devant le refus de toute évangélisation de l’Algérie par les autorités militaires, ceci afin de ne pas indisposer les chefs religieux qu’elles souhaitaient se rallier[5]. La SMEP décida alors de les envoyer au Bechuanaland afin de renforcer une première équipe missionnaire, envoyée en 1829, composée de Prosper Lemue, d'Isaac Bisseux et de Samuel Rolland.

Arrivés au Cap en février 1833, les trois missionnaires furent dissuadés par Lemue et Rolland d’aller au Bechuanaland, des troubles ethniques provoquant dans cette région de constantes migrations de populations qui rendaient impossible toute évangélisation.

C’est alors qu’ils furent alors approchés par un chasseur mulâtre Bassouto envoyé par le roi du Basutoland, Moshoeshoe, qui souhaitait la venue dans son royaume des «Blancs bienveillants»[6] dont il avait entendu parler ; inquiet de la multiplication des guerres tribales, il désirait en effet pacifier et développer son pays, et il était convaincu qu’une mission chrétienne lui serait d’une aide efficace.

Arbousset, Gosselin et Casalis acceptèrent la proposition et arrivèrent, début juin à Thaba Bossiou, la capitale du royaume Bassouto, située en pleine montagne[7]. Ils furent accueillis chaleureusement par Moshoeshoe et ils se mirent d’accord sur deux emplacements pour les missions, l’une près de la capitale, l’autre en plaine, à trente kilomètres de Thaba Bossiou, en un lieu qui fut nommé Morija en juillet 1833[1]. Cette station missionnaire allait devenir le centre de l’activité missionnaire protestante française au Basutoland, avec un temple, des écoles, une imprimerie et même un hôpital.

En 1837, à la demande du roi Moshoeshoe, Eugène Casalis quitta Morija pour aller s’établir près de Thaba Bossiou. Ayant un très bon contact avec le roi, il devint rapidement son conseiller spirituel et politique[1], pour ainsi dire son ministre des Affaires étrangères[8]. Il conseilla au roi de se rapprocher des Anglais et de chercher leur protection afin d’empêcher l’invasion d’une partie de son pays par les fermiers Boers, les négociations aboutissant à la signature du traité dit de Napier[8].

En 1838[9], Eugène Casalis se rendit au Cap où il épousa Sarah Dyke, la fille d’un marchand d’origine anglaise établi au Cap et, en juin 1849, il fut contraint de revenir en France afin d’y collecter des fonds. En effet, la crise économique qui avait précédé la Révolution de 1848 avait porté un grave coup aux finances de la SMEP qui avait été contrainte de fermer la Maison des missions de Paris et plusieurs stations missionnaires au Basutoland ; les missionnaires n’étaient même plus payés d’ailleurs. De plus, le protestantisme traversait une période de crise sur le plan théologique, divisant les protestants en libéraux et évangéliques, la mission demeurant d’ailleurs le dernier lien entre les deux groupes. Cette tournée connut un grand succès car il était le premier missionnaire à revenir dans son pays pour témoigner[1].

Revenu au Basutoland quinze mois plus tard, Eugène Casalis découvrit une situation catastrophique. Depuis son départ, de nombreux convertis étaient retournés au paganisme et les relations avec les Anglais n’avaient fait que s’envenimer. Cette situation s’aggrava d’ailleurs dans les années suivantes, les Anglais envahissant même le Basutoland en 1855. Bien que victorieux dans tous les combats, Moshoeshoe, conseillé encore une fois par Casalis, accepta la négociation qui aboutit à un armistice entre la colonie du Cap et l’état souverain du Basutoland[10].

En 1855, après quatre nouvelles années au Basutoland, Eugène Casalis quitta définitivement le pays à un moment critique, les Boers et les Anglais faisant peser des menaces de plus en plus vives sur le territoire du Basutoland.

Eugène Casalis était appelé à Paris pour diriger la Maison des missions qui avait été à nouveau ouverte. Il assumera la charge de directeur de l’institution, tout en étant aussi pasteur du temple protestant de Passy[1] (Paris) jusqu’en 1878, date à laquelle il fut progressivement remplacé par le pasteur Alfred Boegner, oncle du pasteur Marc Boegner.

Il est décédé à Paris le 9 mars 1891.

Ethnographe et linguiste

Les trois missionnaires traduisirent en langue séchuana les évangiles ainsi qu’une cinquantaine de chapitres de la Bible et Eugène Casalis publia plus tard, en 1841, un essai de fixation de la langue et de la grammaire séchuana (Etudes sur la langue séchuana, Imprimerie royale, Paris I841.).

Plus tard, après son retour définitif en France, il publia, en 1859, Les Bassoutos, ou vingt-trois années d'études et d'observations au Sud de l'Afrique, un ouvrage précurseur d’ethnographie qui ne s’inscrit pas dans le style des explorateurs de l’époque.

Articles connexes

Bibliographie

  • Zohra Ait Abdemalek, Protestants en Algérie, Le protestantisme et son action missionnaire en Algérie aux XIXe et XXe siècles, Editions Olivétan, 2004, ISBN 978-2-915245-17-2.
  • Daniel C. Bach, La France et l’Afrique du Sud, Histoire, mythes et enjeux contemporains, Credu-Karthala, 1990, ISBN, 2-86537-269-3.
  • Jacques Blandenier, L’essor des missions protestantes ; volume 2 : du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, Éditions de l'Institut biblique de Nogent et Emmaüs, 2003, ISBN 2-903100-32-2.
  • Eugène Casalis, Études sur la langue séchuana, Imprimerie royale, Paris I841.
  • Eugène Casalis, Les Bassoutos, ou vingt-trois années d'études et d'observations au Sud de l'Afrique, Société des Missions Evangéliques, Paris 1859 (traduit en anglais par l'auteur en 1861).
  • André Encrevé (sous la direction), Les protestants, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, Beauchesne, 1992, ISBN 2-7010-1261-9.
  • Alain Ricard, Eugène Casalis, voyageur et ethnographe (1859): Les Bassoutos, ou 23 années d'études et d'observations au sud de l'Afrique (http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/11/25/65/PDF/casaexplo.pdf).
  • Alain Ricard, Eugène Casalis, les Bassoutos, la poésie..., Communication présentée à la journée sur l'Ethnologie à Bordeaux, le jeudi 10 mars 1994, Université de Bordeaux 2, (http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/10/58/33/PDF/casalis.pdf).

Références

  1. a, b, c, d et e André Encrevé (sous la direction), Les protestants, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, Beauchesne, 1992, ISBN 2-7010-1261-9, p. 116.
  2. Jacques Blandenier, L’essor des missions protestantes ; volume 2 : du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, Editions de l’Institut biblique de Nogent et Emmaüs, 2003, ISBN 2-903100-32-2, p. 243-244.
  3. Constant Gosselin et Thomas Arbousset.
  4. Jacques Blandenier, L’essor des missions protestantes ; volume 2 : du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, p. 245.
  5. Jacques Blandenier, L’essor des missions protestantes ; volume 2 : du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, p. 243.
  6. Jacques Blandenier, L’essor des missions protestantes ; volume 2 : du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, p. 247.
  7. Daniel C. Bach, La France et l’Afrique du Sud, Histoire, mythes et enjeux contemporains, Credu-Karthala, 1990, ISBN, 2-86537-269-3, p. 87.
  8. a et b Daniel C. Bach, La France et l’Afrique du Sud, Histoire, mythes et enjeux contemporains, p. 89.
  9. En 1836 selon Daniel C. Bach, La France et l’Afrique du Sud, Histoire, mythes et enjeux contemporain, p. 89.
  10. Daniel C. Bach, La France et l’Afrique du Sud, Histoire, mythes et enjeux contemporains, p. 91.

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