Fosse de Cassidaigne

Fosse de Cassidaigne

La Fosse de Cassidaigne, est une dépression du fond marin (plus de 300 m de fond) de la mer Méditerranée. Plus précisément c'est la partie amont d'un canyon sous-marin.

La fosse de Cassidaigne et le Canyon sous-marin dont elle fait partie sont situés à quelques km devant le port de Cassis. Elle fait partie du projet de futur Parc national des Calanques


Elle est située au large du littoral français, au large du littoral de Cassis et Port-Miou, au cœur du projet du futur Parc national des Calanques. Comme la fosse des Casquets en Manche, la fosse de Cassidaigne a été utilisée comme décharge sous-marine, mais dans ce dernier cas pour les besoins d'une seule entreprise (aluminerie). Le volume de déchets déversé en fait une des plus grandes décharges industrielles d'Europe.

Sommaire

Écologie

On peut supposer que - Comme dans toutes les fosses marines - des espèces rares ou particulières y vivaient nombreuses, jusque dans le milieu des années 1960. À cette époque, la direction de l'usine Pechiney de Gardanne (Aluminerie, créée en 1893 et aujourd'hui propriété du groupe Rio Tinto Alcan), décide d'envoyer en mer, en zone profonde la partie de ses déchets industriels la plus difficile à traiter[1].

Cette usine produit de l'alumine à partir de la bauxite via le procédé Bayer. Ce procédé est source de production d'une grande quantité de déchets dits « bauxaline » ou « boues rouges » (en raison de la couleur qui leur est donnée par une haute teneur en oxydes de fer).

Depuis 1966) 80 % des boues rouges produites par l'usine sont envoyées en mer via un pipeline enterré puis sous-marin, de 40 à 55[2] km de long (selon les sources), qui débouche à 7km du trait de côte et par 320 mètres de fond, dans la fosse de Cassidaigne.

L'usine doit trouver une autre solution, car le rejet de boue lui sera en 2015 interdit (le groupe Pechiney s'y était engagé). Outre le stockage d'une partie des résidus, l'utilisation des boues inertées comme matériau de construction (fond de couche routière, couverture de décharge (stockages de déchets ultimes), supports agronomiques, réhabilitations de carrières sont évoqués[2].

Depuis 1967, ce sont des millions de tonnes de boues rouges qui ont été ainsi immergées, provoquant la colère ou l'indignation de nombreuses associations ou personnalités impliquées dans la pêche, l'environnement, l'exploration ou la protection des océans. En 1990 lors de la demande de renouvellement de l'autorisation d'occupation du domaine maritime par Péchiney, l'Etat a encore tranché en faveur de l'industriel, l'autorisant à déverser ses déchets jusqu'en 2015 (plus de 40 ans de rejets). En juin 2008, la direction de l'usine d’Alcan, avec la Comex a effectués des relevés le long du tuyau et à son ouverture[2]..
Au milieu des années 80, ce sont environ 1,04 million de tonnes[2] étaient déversées en mer chaque année. En 2010, ce tonnage était abaissé à 250.000 t/an, et devrait être réduit à 190.000 tonnes en 2011.

Composition des boues rouges

Ceci fait du site de Gardanne le premier pollueur maritime de France[1]. En 2001, l'usine a par exemple rejeté sous forme de 304.000 t de boues rouges ;

En comparaison des sédiments naturels, les boues rouges sont caractérisées par un fort enrichissement en fer et titane, et dans une moindre mesure en trois produits toxiques, le chrome, vanadium et plomb, et par un important déficit en manganèse[3].

Les particules fines relarguées par ces boues sont assez toxiques pour - en laboratoire - inhiber l'embryogenèse et la Spermiogenèse des oursins. Elles sont également génotoxiques, c'est-à-dire susceptible d'affecter durablement (de génération en génération) le génome des espèces qui sont en contact avec elles.
Il faut noter que les particules fines en suspension ont un effet sensiblement plus toxique (dès la concentration de 0,1 %) que celles déposées dans le lit du canyon. Chez la seule espèce d'huître qui semble avoir été étudiée en présence de ces produits, les particules fines des effluents industriels bruts, ont des effets, même à la plus faible concentration (0,01 %), avec un taux moyen d'anomalies de reproduction supérieur à 94 %. Cette même huître se montre affectée par une exposition à la poudre de bauxite pulvérisée et aux boues rouges ; pour une dilution de 0,1 % dans l'eau, 2/3 des larves meurent avant le stade coquillé et moins d'un tiers d'entre elles sont normales. À une dilution de 1 %, 85 % des larves sont bloquées avant le stade coquillé. L'effet globale à moyen et long terme sur les écosystèmes n'est pas connu, en particulier pour la faune fouisseuse des sédiments et les chaines alimentaires qui en dépendent.

Risques majeurs

Le cap Canaille est en Région PACA - selon le BRGM, Ifremer, et le plan séisme français - le site plus à risque d'« instabilités de versant avec mobilisation brutale de terrain » en cas de séisme importante. L'effondrement de la partie terrestre ou sous-marine d'une telle structure générerait un tsunami et une onde de fond capable de remettre en suspension d'énormes quantité de particules fines issues de la décharge sous-marine de l'usine Pechiney/Rio Tinto Alcan. cette zone est dite « tsunamogéniques »

Le risque principal semble être celui d'une remise en suspension brutale et importante des sédiments toxiques accumulés depuis plus de 40 ans dans les grands fonds.

Ceci peut arriver à échelle locale en cas de chalutage, mais la probabilité de remise en suspension est bien plus liée au fait que cette région est soumise au risque sismique, ce qui a été confirmé par les études de mise à jour du plan séisme pour sa partie sous-marine [4],[5]. Le risque est lié à de très épisodique tsunamis, plus ou moins importants, mais surtout à des évènements plus modestes et beaucoup plus fréquemment qui sont des glissements de terrain sous-marins, dont sur les flancs de la fosse et du canyon sous-marin.

En France, selon le plan séisme, pour la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, « 17 secteurs susceptibles de subir des instabilités de versant avec mobilisation brutale de terrain pour un volume d’au moins 100 000 m3  » (c'est-à-dire susceptible de produire un bouleversement du fond marin, et une onde de type Tsunami) ont été identifiés par le BRGM [6]. Le BRGM estime que 3 zones sont plus à risque, avec en particulier un risque d' « instabilités avec des volumes dépassant très largement 500 000 m3  »:
Parmi ces 17 sites, 3 secteurs sont plus à risque d'instabilité créatrice de tsunami:

Cassis est même particulièrement mal situé de ce point de vue, puisque les volumes potentiels estimés susceptibles de "glisser" ou s'effondrer sont les plus élevés parmi les site les plus à risque :

- Près d'un million de m3 au droit du Revestel (960 000 m3 plus précisément) et

- 800 000 m3 au Cap Canaille.

Remarque : De la même manière, l'aléa sismique est une source de risque à terre pour les barrage et digues qui retiennent des déchets industriels, dont les mêmes boues rouges. En cas de tremblement de terre, les deux évènements pourraient se produire conjointement.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Catteano A. (2007) – Etude préliminaire de l’aléa tsunami en Méditerranée occidentale - Zonage des mouvements de terrain sous-marins sur le plateau et talus continental au large des côtes françaises. Rapport final IFREMER, 66p, 2 ann.
  • MARÇOT N., MATHON CH. (2003) – Prise en compte de la problématique des risques liés aux falaises côtières dans l’aménagement du territoire en Provence – Alpes – Côte d’Azur. Année 1 : Bilan des connaissances, définition des instabilités et qualification de l’aléa. Rapport BRGM/RP-52829-FR
  • RUELLAN E., MANGIN A., MIGEON S., BETHOUX N., BUFFET G., DESCHAMPS A., DUBAR M., GARZIGLIA S., IOUALALEN M., LANGLOIS R., LEGONIDEC Y., LEBOURG T., MASCLE J., MARECHAL M., NAULT L., RIBODETTI A., SAGE F., TREVISAN J., TRIC E., BONGIOVANNI E., DESTE J.F., LEFUR H., RIGAUD V., OPDERBECKE J (2007) – GIS CURARE 2005- 2007, Axe III – Mouvements du sol et instabilités gravitaires en mer. Rapport scientifique 2006.(Télécharger le rapport)

Liens externes

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Notes et références

  1. a et b Note de l'ONG Robin des bois, intitulée "Les casseroles de Pechiney", datée du 6 oct 2003 (Voir aussi les bases de données Basias et Basol)
  2. a, b, c et d Cassis : le port, les calanques et ses boues rouges 2008/08/06
  3. BOUES ROUGES : le parc national, un argument fort pour exiger des solutions ; Réunion de l'Atelier "Usage Mer" du GIP Calanques 3 novembre 2009
  4. Ifremer [1], Ifremer, Centre de Brest ; Département Géosciences Marines ; Laboratoire Environnements Sédimentaires2007/09/07 PDF, 66 pages. Document réalisé dans le cadre du plan séisme, et du projet "Etude préliminaire de l'aléa tsunamis en Méditerranée occidentale" du Plan Séisme français
  5. Etude préliminaire de l’aléa tsunami en Méditerranée occidentale - Mouvements de terrain côtiers de grande ampleur Rapport intermédiaire BRGM/RP-55356-FR, BRGM, Juillet 2007
  6. Voir la carte de la page 13, et les figure 3 et 4 du rapport « Aléa tsunami en Méditerranée – Mouvements de terrain côtiers de grande ampleur »).
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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Fosse de Cassidaigne de Wikipédia en français (auteurs)

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  • Gardanne — 43° 27′ 19″ N 5° 28′ 36″ E / 43.4552777778, 5.47666666667 …   Wikipédia en Français

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