Bataille du Pacifique

Bataille du Pacifique

Guerre en Asie et dans le Pacifique

Bien que la Guerre en Asie et dans le Pacifique soit souvent appelée Guerre du Pacifique, le nom de Guerre du Pacifique désigne également une guerre sud-américaine du XIXe siècle.
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Guerre du Pacifique.
Guerre en Asie et dans le Pacifique
Pearl Harbor Japanese recon photo of battleship row 80G30551.jpg

Attaque sur Pearl Harbor, cliché obtenu par les avions de reconnaissance japonais.
Informations générales
Date 7 décembre 1941 -
2 septembre 1945
Lieu Asie de l'Est, Asie du Sud-Est, Sous-continent indien, Océanie, Océan Pacifique
Casus belli Attaque sur Pearl Harbor
Invasion de la Malaisie
Issue Victoire des alliés, capitulation inconditionnelle du Japon.
Belligérants
États-Unis États-Unis
Australie Australie
Royaume-Uni Royaume-Uni
Flag of the Republic of China.svg République de Chine
British Raj Red Ensign.svg Indes britanniques
Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande
Flag of the Netherlands.svg Pays-Bas
Flag of the Philippines.svg Commonwealth des Philippines
Flag of the Soviet Union 1923.svg URSS
Flag of the Chinese Communist Party.svg Parti communiste chinois
Flag of Fiji (1924).PNG Fidji
Mongolie Mongolie
Flag of Canada 1921.svg Canada
Flag of Free France 1940-1944.svg France Libre
Japon Empire du Japon
Flag of Thailand.svg Thaïlande
Flag of Manchukuo.svg Mandchoukouo
Flag of the Republic of China-Nanjing (Peace, Anti-Communism, National Construction).svg Gouvernement collaborateur chinois
Commandants
États-Unis Franklin D. Roosevelt

États-Unis Harry Truman
États-Unis Chester W. Nimitz
États-Unis Douglas MacArthur
États-Unis Joseph Stilwell
Flag of the United Kingdom.svg Winston Churchill
Flag of the United Kingdom.svg Louis Mountbatten
Flag of Australia.svg John Curtin
Flag of the Republic of China.svg Tchang Kaï-chek
Flag of the Philippines.svg Manuel L. Quezon
Flag of the Soviet Union 1923.svg Joseph Staline

Japon Hirohito

Japon Hideki Tojo
Japon Hajime Sugiyama
Japon Osami Nagano
Japon Shigetaro Shimada
Flag of Thailand.svg Plaek Pibulsonggram

Pertes
env. 4 440 000 militaires
env. 24 000 000 civils
env. 3 340 000 militaires
env. 960 000 civils
Batailles
Seconde Guerre mondiale-Guerre en Asie et dans le Pacifique

Invasion japonaise de l'Indochine ·Guerre franco-thaïlandaise ·Bataille de Koh Chang ·Attaques allemandes sur Nauru ·Bataille entre le Sydney et le Kormoran ·Attaque sur Pearl Harbor ·Guerre en Chine ·Attaque de Hong Kong ·Bataille des Philippines (1941-1942) ·Invasion japonaise de la Thaïlande ·Bataille de la Malaisie ·Bataille de Bataan ·Bataille de Singapour ·Campagne des Indes orientales néerlandaises ·Bataille de Bornéo (1941-1942) Campagne de Birmanie ·Attaque dans la baie de Sydney ·Campagne de Nouvelle-Guinée ·Bataille de Timor ·Bataille de Java ·Bataille de la mer de Java ·Campagne des îles Salomon ·Bataille pour l'Australie ·Bataille de Taungû ·Bataille de Yenangyaung ·Bataille de la mer de Corail · Bataille de Corregidor · Bataille de Midway ·Opérations en Birmanie (1942-1943)  ·Bataille des îles Komandorski · Opération Galvanic · Opération U-Go ·Bataille de Kohima  ·Bataille d'Imphal · Bataille de Peleliu · Bataille d'Angaur · Bataille de Tinian · Bataille de Guam ·Opération Forager · Bataille de Saipan · Bataille de la mer des Philippines ·Campagne des Philippines (1944-1945) · Bataille de Leyte · Bataille du golfe de Leyte · Bataille de Luçon ·Bataille de Manille ·Bataille d'Iwo Jima  · Combats en Indochine (1945) ·Bataille d'Okinawa ·Bataille de Bornéo (1945) ·Opération Ten-Gō ·Bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki


Guerre sino-japonaise


Front d'Europe de l’Ouest

Front d'Europe de l’Est

Bataille de l'Atlantique


Campagnes de Méditerranée et d'Europe du Sud


Campagnes d'Afrique et du Moyen-Orient

La Guerre en Asie et dans le Pacifique comprend les campagnes menées à partir de 1941 en Extrême-Orient et dans les pays bordant l’océan Pacifique, lors de l'Expansionnisme du Japon Shōwa, et couvre l'ensemble des opérations militaires menées sur le front asiatique de la Seconde Guerre mondiale.

Les termes restrictifs de Guerre du Pacifique ou de Campagnes du Pacifique sont souvent employés en Occident pour désigner cette partie du conflit, bien que tous les pays concernés n'aient pas été bordés par l'océan Pacifique et que les combats ne se soient pas limités aux opérations navales. Du point de vue de l'Empire du Japon, cette extension de la guerre sino-japonaise fut officiellement appelée Guerre de la Grande Asie orientale (en japonais 大東亜戦争, Dai tōa sensō). Après la guerre, le terme de Guerre de quinze ans (十五年戦争, Jūgonen Sensō) est entré en usage au Japon, faisant remonter le conflit à l'invasion de la Mandchourie en 1931.

L'extension du conflit à partir de sa base continentale en Chine et en Indochine, débute en décembre 1941, à partir de l'entrée en guerre officielle de l'Empire du Japon contre les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Hollande. Ses partenaires de l'Axe, l'Allemagne nazie et le Royaume d'Italie, déclarèrent la guerre aux États-Unis le 11 décembre 1941, quatre jours après l'attaque sur Pearl Harbor. Des opérations de l'Axe eurent lieu dans la région avant 1941, mais on considère cette partie du conflit mondial comme ayant réellement débuté à partir de l'entrée en guerre officielle du Japon. Après 1941, l'implication de l'Allemagne et de l'Italie dans la région Asie-Pacifique fut minimale, bien que ces deux pays aient continué à utiliser les bases de leurs alliés japonais comme lieu de transit pour leurs bâtiments. L'essentiel des opérations des pays de l'Axe dans cette partie du conflit fut mené par l'Empire du Japon et, dans une moindre mesure, par ses alliés de Thaïlande et des gouvernements collaborateurs locaux.

Sommaire

Préludes

Conflits en Chine

L'Empire du Japon entama, dès l'ère Meiji, une politique d'expansion en Extrême-Orient. Dans les années 1920, le Japon continua d'étendre son influence en Chine, soutenant des seigneurs de la guerre comme Zhang Zuolin alors que le pays était en plein désordre. En 1931, les troupes japonaises envahirent la Mandchourie, annexant de fait la région et y installant l'état-client du Mandchoukouo. Le Japon poursuivit dans les années suivantes sa politique expansionniste en Chine et, en juillet 1937, déclencha une guerre ouverte en envahissant l'est du pays, inaugurant un conflit particulièrement sanglant. Plus long que prévu, la guerre sino-japonaise se traduisit cependant au début par d'importantes défaites chinoises, les Japonais prenant le contrôle de Shanghai, Nankin, Pékin, et du nord du pays en 1937 et 1938. Les Chinois, constitués en front uni sous la direction de Tchang Kaï-chek, n'abandonnèrent cependant pas la résistance.

En 1939, un incident de frontière en Mongolie (Bataille de Halhin Gol) opposa le Japon et l'Union soviétique. Cela dissuada le Japon de poursuivre son expansion vers le nord, et le poussa à repousser plutôt les limites de l'Empire vers les îles du Pacifique et l'Asie du Sud-Est.

Carte politique des pouvoirs en place en 1939.

Invasions de l'Indochine

En septembre 1940, le Japon profita de la défaite de la France en Europe pour envahir l'Indochine française. L'administration coloniale française, fidèle au Gouvernement de Vichy, accepta de laisser transiter par l'Indochine les troupes japonaises, qui lui laissèrent en échange la maîtrise du territoire jusqu'en 1945.

Le mois suivant, la Thaïlande attaqua à son tour les possessions françaises en Indochine, le Japon se posant en médiateur pour obtenir un cessez-le-feu, afin de ménager ses relations avec la Thaïlande et d'obtenir une alliance militaire avec ce pays.

Opérations allemandes

Le 27 septembre 1940, l'Empire du Japon signa avec l'Allemagne nazie et le Royaume d'Italie le pacte tripartite, constituant officiellement l'Axe Rome-Berlin-Tokyo.

Dans le cadre du conflit mondial, à partir de décembre 1940, l'Allemagne nazie réalisa plusieurs opérations navales dans les eaux du Pacifique, attaquant bâtiments et possessions de l'Australie.

Offensives foudroyantes du Japon

En 1941, l’expansion militaire du Japon, ne pouvait plus désormais se poursuivre sans supprimer la principale menace encore capable de s’y opposer dans le Pacifique : la force navale des États-Unis, rassemblée à Hawaii. À la suite du refus du Japon de se retirer de Chine (à l’exclusion du Mandchoukouo) et d’Indochine, les États-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas avaient imposé en juillet 1941 au Japon un embargo sur les produits pétroliers. Afin de contrer la menace nippone, les États-Unis avaient également commencé à apporter une aide au régime de Tchang Kaï-chek et intensifié leur présence sur le théâtre CBI.

En moins de 24 heures, l'Empire du Japon attaqua les États-Unis dans leurs possessions de Hawaï, du Commonwealth des Philippines,et le Royaume-Uni dans ses possessions de Malaisie britannique et de Hong Kong. Les attaques contre la Birmanie (possession britannique) et les Indes orientales néerlandaises (possession des Pays-Bas) s'ensuivirent quelques mois plus tard. Le Japon visait à s'emparer des territoires possédés dans l'hémisphère sud par les pays européens, s'emparant du même coup des champs pétroliers de Malaisie, de Sumatra et de Bornéo.

La Malaisie, Bornéo et l'Indonésie furent bientôt sous occupation nippone. Aux Philippines, la résistance dura six mois.

En Nouvelle-Guinée et dans les îles Salomon, les combats durèrent jusqu'en 1945.

Attaques contre les États-Unis

Pearl Harbor

Article détaillé : Attaque sur Pearl Harbor.

Réemployant la stratégie qui lui avait réussi contre la Russie en 1905, le Quartier général impérial décida d’engager les campagnes du Pacifique en envoyant le Service aérien de la marine impériale japonaise bombarder par surprise Pearl Harbor le 7 décembre 1941. La flotte du Pacifique fut fortement endommagée mais ses porte-avions, en mer au moment de l’attaque, échappèrent au désastre.

Philippines

Quelques heures après Pearl Harbor, le Japon attaqua le Commonwealth des Philippines, alors possession semi-indépendante des États-Unis. La résistance américaine et philippine dura six mois, au terme desquels le général Douglas MacArthur dut, sur ordre du président Franklin D. Roosevelt, prendre la fuite de Corregidor, rejoignant l'Australie pour y prendre la tête des forces alliées dans la zone Asie-Pacifique.

Attaques contre le Royaume-Uni

Malaisie

L'attaque contre la Malaisie britannique eut lieu quelques heures avant Pearl Harbor. Pour pénétrer en Malaisie, le Japon passa sans autorisation sur le territoire de la Thaïlande. Après quelques heures d'escarmouches entre les troupes thaïes et japonaises, un cessez-le-feu fut déclaré. La progression foudroyante des troupes japonaises en Malaisie convainquirent la Thaïlande de conclure une alliance avec le Japon.

Les Japonais écrasèrent en un mois et demi des troupes britanniques et australiennes deux fois plus nombreuses, mais mal équipées. Les alliés firent retraite sur Singapour, où ils capitulèrent quinze jours plus tard.

Hong Kong

Article détaillé : Attaque de Hong Kong par le Japon.

L'attaque contre le territoire britannique de Hong Kong eut lieu dans les 24 heures qui suivirent les attaques contre Pearl Harbor et la Malaisie. Les défenseurs du territoire capitulèrent au bout de 17 jours.

Birmanie

Article détaillé : Campagne de Birmanie.

Les Japonais attaquèrent en janvier 1942 la Birmanie, alors colonie du Royaume-Uni, détachée des Indes britanniques depuis 1937. Rangoon tomba le 8 mars. La République de Chine, ayant rejoint les Alliés, envoya ses troupes dans le pays pour combattre contre les Japonais aux côtés des Britanniques, sans empêcher toutefois les Japonais de conquérir l'essentiel du pays. Le 10 mai 1942, la Thaïlande, alliée du Japon, pénétra à son tour en Birmanie, annexant l'État Shan. En septembre 1943, les Alliés se replièrent provisoirement sur le territoire de l'Inde britannique.

Inde

Les Japonais réalisèrent une autre attaque contre les possessions indiennes du Royaume-Uni en occupant début 1942 les îles Andaman et Nicobar, afin de prendre le point stratégique de Port Blair. Ils ne débarquèrent pas dans l'immédiat sur le reste du continent indien, préférant se concentrer sur leur avance en Birmanie.

Océanie

Article détaillé : Campagne des îles Salomon.

En avril, utilisant comme tête de pont la base de Rabaul, prise en janvier au territoire australien de Nouvelle-Guinée, le Japon lança l'attaque contre les possessions du Royaume-Uni aux îles Salomon.

Attaque contre les Pays-Bas

L'administration coloniale des Indes orientales néerlandaises était alors coupée de sa métropole, les Pays-Bas étant occupés par l'Allemagne nazie. Visant à s'emparer des importantes ressources naturelles des colonies néerlandaises, les Japonais entamèrent le 13 décembre la manoeuvre vers Bornéo. L'attaque sur Java débuta le 28 février. Java tomba le 12 mars, et Bornéo le 1er avril. Les combats au Timor durèrent jusqu'en février 1943.

Attaques contre l'Australie

Sans avoir encore de plan précis pour envahir l'Australie, le Japon infligea au pays des attaques aériennes et maritimes à partir du début 1942, visant à isoler le pays et à l'empêcher de joindre ses forces à celles des autres pays alliés. En janvier 1942, le Japon attaqua la base de Rabaul, en Nouvelle-Bretagne, qui servit de tête de pont à leur avance en Océanie. En avril 1942, en parallèle à la Campagne des îles Salomon, et à la conquête des Indes orientales néerlandaises, le Japon attaqua le Territoire de Papouasie et le Territoire de Nouvelle-Guinée, appartenant à l'Australie.

Développement du conflit

En Birmanie, aux Philippines, aux Indes orientales néerlandaises, en Indochine française, le Japon entretint des liens avec des indépendantistes locaux, se posant en libérateur face au colonialisme occidental : le concept de la sphère de coprospérité de la grande Asie orientale fut utilisé comme instrument de propagande pour justifier les visées expansionnistes et impérialistes japonaises.

L'Empire du Japon apparaissait maître du jeu en Asie, mais continuait cependant de mener en Chine une guerre en plein risque d'enlisement. Les États-Unis commencèrent de leur côté à intervenir officiellement en Chine, installant dans le pays des bases aériennes, d'où il attaquèrent les positions japonaises. Le général américain Joseph Stilwell devint le chef d'état-major de Tchang Kaï-chek.

Renversement de tendance dans les opérations du Pacifique

Pavillon de l'United States Navy
Pavillon de la Royal Australian Navy

En mai 1942, la bataille de la mer de Corail tourna à l’avantage des Alliés, dans le cadre de la campagne menée en Nouvelle-Guinée par l'Australie et les États-Unis. Un mois plus tard, cet avantage fut accentué par le résultat de la bataille de Midway qui coûta 4 porte-avions aux japonais mais par deux fois, fin 1942, l’US Navy n’avait plus qu’un seul porte-avions opérationnel épaulé par un autre de la Royal Navy.

La mobilisation industrielle et humaine des États-Unis, menés en Asie par le général Douglas MacArthur, permit aux Alliés de reprendre peu à peu les îles du Pacifique comme Guadalcanal et le reste des Salomons, la bataille de Guadalcanal représentant un point tournant dans la campagne du Pacifique proprement dite.

La Nouvelle-Calédonie, les Établissements français de l'Océanie (Polynésie) et le Condominium des Nouvelles-Hébrides, ralliés à la France libre, servaient de bases aux forces alliées, les Forces navales françaises libres de la zone Pacifique contribuant à protéger les voies de ravitaillement[1].

Forces navales des principaux protagonistes début 1942 dans le Pacifique (mai 1941 pour le Royaume-Uni et les Pays-Bas)
Équipement principaux Marine impériale japonaise US Navy Royal Navy Marine royale néerlandaise
Navires de lignes 11 3 1
Porte-avions 11 4 1
Croiseurs 40 20 17 3
Destroyers 125 80 6 7
Sous-marin 75 55 15

Hégémonie américaine dans les opérations navales alliées

Évolution de 1943 à 1945 et situation lors de la capitulation du Japon.

Au sein des Alliés combattants dans le pacifique ou sur ses rives (Britanniques, Néo-zélandais, Australiens, Chinois et Américains), l'importance des Américains était encore plus marquée que sur le théâtre européen, où combattaient également d'importantes armées britanniques et soviétiques. L'essentiel des opérations dans l'océan Pacifique reposaient sur les forces navales et terrestres des États-Unis d'Amérique.

Forces navales des principaux protagonistes fin 1944 dans le Pacifique
Équipement principaux Marine impériale japonaise US Navy
Navires de lignes 4 ? 1) 10 ? 2)
Porte-avions  ? 40
Croiseurs  ?  ?
Destroyers  ?  ?
Sous-marin  ?  ?

1) Au minimum, soit le Yamato (coulé lors de la bataille d'Okinawa), le Nagato (pris par les américains et coulé lors d'un essai nucléaire sur l'atoll de Bikini), enfin le Ise et le Hyuga, transformés en hybride avec un pont d'envol sur la moitié arrière du pont.

2) 4 de la classe Missouri, 4 de la classe South Dakota, 2 de la classe Washington (compter, en plus, les cuirassés renfloués après l'attaque de Pearl Harbor quoique ces derniers n'étaient plus destinés au combat mais au bombardement de cibles terrestres).

Offensives alliées et japonaises

Situation en 1942.

Chine

En Chine, l’armée nationaliste du Kuomintang commandée par Tchang Kaï-chek et celle du Parti communiste chinois menée par Mao Zedong firent front commun contre les Japonais, mais sans coopérer. Le Japon, tout en maîtrisant une grande partie de la Chine, n'arrivait à réduire ni les place-fortes nationalistes ni la guérilla communiste, malgré de nombreuses offensives militaires et une politique répressive de grande ampleur, qui se solda par la mort de très nombreux civils.

L'escadrille des Tigres volants fut officiellement intégrée à l'United States Army Air Forces. Les Alliés constituèrent un pont aérien par-dessus les montagnes de l'Himalaya pour ravitailler la Chine depuis l'Inde. A mesure que le conflit avançait, l'aviation américaine compta de plus en plus de bases en Chine, d'où des raids furent lancés contre les positions japonaises dans toute la région.

Menée à partir d'avril 1944, l'offensive connue sous le nom d'Opération Ichi-Go permit de réaliser des gains territoriaux importants en Chine, mais échoua dans son objectif de stopper les raids aériens américains : l'aviation américaine déplaça simplement ses bases à l'intérieur de la Chine, ou aux îles Mariannes, hors de portée des attaques japonaises. Une nouvelle offensive japonaise, débutée en avril 1945 et visant des objectifs similaires, fut un échec : elle fut immédiatement suivie d'une contre-attaque de l'armée chinoise qui, à partir de juillet 1945, enfonça les lignes japonaises dans plusieurs provinces, effectuant la reconquête des territoires perdus l'année précédente et repoussant l'armée impériale de toutes parts. En août 1945, les Japonais capitulèrent dans le Guangxi et perdirent le contrôle du Jiangxi, du Henan, du Fujian et du Guangdong tandis que les troupes du gouvernement collaborateur chinois faisaient défection en annonçant leur ralliement au Kuomintang et que les Soviétiques envahissaient la Mandchourie.

Birmanie

Article détaillé : Campagne de Birmanie.

En Birmanie, les Britanniques, aidés des Chinois, menèrent une longue campagne pour reprendre le pays aux Japonais. Les bases alliées en Inde étaient utilisées pour stationner les troupes destinées à combattre en Birmanie, ainsi que pour organiser des raids aériens.

Au cours de la guerre, en tant qu'allié militaire du Japon engagé en Birmanie, la Thaïlande fit l'objet de bombardements stratégiques de la part des Alliés, qui visèrent notamment Bangkok.

A partir de janvier 1944, les Alliés menèrent une contre-attaque depuis les territoires de Manipur en Inde et du Yunnan en Chine.

Le 15 mai 1945, à la fin de la campagne, les Alliés parvinrent à rouvrir la route de Birmanie, permettant l'approvisionnement de la Chine par voie de terre. En juillet 1945, les Japonais furent chassés de Birmanie.

Inde

Article détaillé : Opération U-Go.

Fin 1943, les Japonais mirent sur pied à Singapour le Gouvernement provisoire de l'Inde libre, un gouvernement indépendantiste indien visant à renverser le Raj britannique et à obtenir l'indépendance de l'Inde. Ce gouvernement disposait d'une force militaire d'environ 40 000 hommes, l'Armée nationale indienne, qui seconda les Japonais dans la campagne de Birmanie.

En mars 1944, afin de stopper la contre-attaque alliée sur la Birmanie et de reprendre l'initiative, l'armée japonaise traversa la frontière birmane et envahit le territoire de l'Inde, accompagnée d'un contingent de ses alliés indiens. Mais ses troupes furent sévèrement battues par les britanniques et, en juillet 1944, le Japon dut battre en retraite en Birmanie, l'offensive en Inde se soldant par un échec total. Les pertes subies contribuèrent à affaiblir fortement leur défense en Birmanie, qui fut ensuite enfoncée par les Alliés.

Indochine

Article détaillé : Combats en Indochine (1945).

A partir de janvier 1942, les forces aériennes commandées en Chine par le général américain Claire Lee Chennault commencèrent à bombarder les positions japonaises en Indochine française.

Avec l'aggravation de la situation militaire, l'Empire du Japon craignait un passage des Alliés via l'Indochine, où ses troupes étaient stationnées depuis l'invasion de 1940. Le 9 mars 1945, les Japonais prirent le contrôle formel de l'Indochine française et firent arrêter l'amiral Jean Decoux. Une partie des troupes françaises rescapées se réfugia en Chine, dans le Yunnan. Des opérations de guérilla furent ensuite menées au Vietnam par les forces britanniques et françaises, ainsi que par le Viet Minh de Hồ Chí Minh.

Défaites japonaises

Défaites navales

Articles détaillés : Opération Forager et Bataille de Guam.

A compter de la fin 1943, la situation d'équilibre précédent bascula nettement en faveur d'une forte supériorité américaine. L'opération Forager aboutit à la prise des îles Mariannes, qui permit d'y installer des bases aériennes et de lancer des attaques directement sur le sol japonais.

A partir de l'été 1944, la position japonaise étant de plus en plus précaire, les attaques-suicides aériennes connues sous le nom de Kamikazes se multiplièrent. La suprématie navale américaine fut incontestable lors de la bataille d'Okinawa, l’US Navy alignant 40 porte-avions pour supporter l’opération, là où l’Empire du Japon, dont les moyens d’action navals ont été réduits, lui oppose des Kamikazes et le cuirassé Yamato.

Face à la mauvaise surprise d’avions suicide se précipitant sur les pontons et les tours de contrôle de leurs porte-avions, les amiraux américains ne manquèrent pas de remonter aux stratèges de l’opération Downfall l’état du moral des troupes[2] ; face à la perception de la détermination des soldats adverses, les GI s’apprêtaient à la mort en envisageant de débarquer sur les îles principales du Japon. De plus, l’engagement de la Navy à Okinawa amena des dégâts considérables de ce fait, nécessitant des réparations incompatibles avec le déploiement prévu pour l’invasion de l’archipel nippon.

Le 18 juillet 1944, face aux défaites du Japon, Hideki Tōjō quitta son poste de premier ministre. Le 1er août, Plaek Pibulsonggram, premier ministre et dictateur militaire de la Thaïlande, dut renoncer au pouvoir, l'économie du royaume ayant été quasiment ruinée par la guerre et l'alliance avec le Japon. Khuang Abhaiwongse lui succéda et poursuivit en apparence l'alliance avec le Japon, tout en maintenant secrètement le contact avec les mouvements thaïlandais anti-japonais.

Reconquête des Philippines

Le 20 octobre 1944, les États-Unis entamèrent la reconquête des Philippines, dont ils avaient été chassés au début 1942. La prise du territoire permit d'y installer de nouvelles bases aériennes et d'intensifier les bombardements sur le Japon. L'Empire se trouva en partie coupé de ses zones d'occupation à Bornéo et aux Indes orientales néerlandaises, et donc d'une partie vitale de son approvisionnement en pétrole.

En juin 1945, les troupes japonaises avaient été repoussées sur l'ensemble du territoire philippin, et s'étaient retranchées dans des poches de résistance à Mindanao et Luzon.

Débarquement au Japon

La prise par les Alliés des îles proches du Japon comme Iwo Jima et Okinawa permit d’assurer des attaques aériennes directes sur le Japon, et non plus seulement par vols de haute altitude depuis les îles Mariannes.

Principales pertes en navires de guerre (1941-1945)
Principaux belligérants Marine impériale japonaise US Navy Royal Navy
Navires de lignes 10 2 2
Porte-avions 20 11 1
Croiseurs 36 10 6

Notes : Les cuirassés américains attaqués à Pearl-Harbor ont été renfloués (à l’exception de deux) et ont pu reprendre le combat. Les marines australiennes et hollandaises ont subi aussi proportionnellement de lourdes pertes.

A la fin de la conférence de Potsdam, le 26 juillet 1945, un ultimatum fut signifié à l'Empire du Japon au nom des États-Unis, du Royaume-Uni, de la République de Chine et de l'Union soviétique. Le Japon était sommé de se rendre sans condition, sans quoi il subirait une destruction rapide et totale. Le 29 juillet, le premier ministre japonais Kantaro Suzuki prononça une phrase signifiant, soit qu'il entendait ignorer cet avertissement, soit simplement ne pas le commenter[3]. Ses déclarations ambigües firent comprendre qu'il rejetait toute idée de reddition.

Reddition du Japon

Tōkyō subit un bombardement incendiaire majeur dans la nuit du 9 au 10 mars 1945, puis Hiroshima et Nagasaki subirent chacune une attaque nucléaire, respectivement le 6 août et 9 août 1945.

Conformément aux engagements pris lors des accords de Yalta, l'Union soviétique déclara la guerre au Japon le 8 août et entra au Mandchoukouo, en Mongolie-intérieure et en Corée, en effectuant une fulgurante percée, écrasant sans peine les troupes japonaises, quelques heures avant le bombardement de Nagasaki. Le Japon, face à une défaite militaire inévitable, était désormais également menacé par une entrée sur son sol des troupes soviétiques, ce qui n'aurait laissé que peu de chance de survie au système impérial.

La reddition sans condition de l’Empire du Japon survint le 15 août 1945. Dans l'allocution radiodiffusée connue sous le nom de Gyokuon-hōsō, l'Empereur Hirohito s'adressa pour la première fois en personne à ses sujets, annonçant la capitulation du pays.

Les actes de capitulation furent officiellement signés le 2 septembre.

Chronologie de la reddition

Chronologie de la capitulation du Japon (1945)
Démonstration de force aérienne survolant le Missouri le 2 septembre 1945.


Conséquences

Dans les Indes néerlandaises occupées, Soekarno profita de la reddition japonaise pour proclamer unilatéralement le 17 août l'indépendance de l'Indonésie, déclenchant la révolution indonésienne.

La nouvelle de la reddition du Japon ne parvint aux forces stationnées au Mandchoukouo que le 19 août.

Le 21 août, le Royaume-Uni lança l'"Opération Tiderace" pour reprendre le contrôle des États malais fédérés, des Établissements des détroits et de Singapour, maîtrisant sans difficultés les troupes japonaises restées sur place.

Les dernières poches de résistance japonaise aux Philippines se rendirent le 2 septembre.

En Indochine française, les Japonais se rendirent officiellement à Hồ Chí Minh, dont les troupes occupèrent Hanoi en décrétant le 19 août un gouvernement révolutionnaire, dans l'épisode dit de la Révolution d'Août. Bảo Đại abdiqua le 25 août. Le 2 septembre, Hồ Chí Minh proclama l'indépendance de la République du Vietnam, prélude à la guerre d'Indochine. Les troupes du Royaume-Uni investirent le sud du pays, celles de la République de Chine le nord, et les troupes françaises du général Massu reprirent le contrôle de Saïgon. Le Corps expéditionnaire français en Extrême-Orient arriva quelques jours plus tard, et participa au désarmement des Japonais, tout en négociant le départ d'Indochine des troupes chinoises.

En Chine, le général japonais Yasūji Okamūra remit le 9 septembre au ministre de la guerre chinois He Yingqin les actes de capitulation du Japon. Le Japon acceptait la rétrocession à la Chine de l'île de Taïwan, annexée en 1895, et de la Mandchourie.

Le Japon abandonna également sa suzeraineté sur la Corée, dont le nord du territoire, occupé par l'Union soviétique, fut ensuite livré aux communistes coréens, prélude à la division du pays et à la guerre de Corée.

Le 15 septembre, les forces japonaises occupant Hong Kong se rendirent; les Britanniques reprirent rapidement le contrôle du territoire. Le 9 octobre, les troupes de l'Indian Army reprirent le contrôle des îles Andaman et Nicobar.

La Thaïlande restitua les territoires pris au Royaume-Uni en Birmanie, et à la France en Indochine. Les Britanniques pénètrèrent en Thaïlande pour y récupérer les prisonniers de guerre alliés. L'alliance entre le Japon et la Thaïlande ayant été mise à mal au cours du conflit, les troupes japonaises présentes en Thaïlande avaient déjà été désarmées par l'armée thaïe, dès l'annonce de la reddition du Japon.

Citoyens japonais priant en dehors du palais impérial le 15 août 1945.

Le ressenti de la capitulation dans la population japonaise fut considérable ; les chefs militaires, aveuglés par le code de l'honneur inspiré des samouraï, n'avaient laissé comme seule perspective que le suicide plutôt qu'accepter la défaite : ne restait alors que la seule figure de l'empereur vers qui se tourner. La stupeur provoquée par la nouvelle illustre également l'ampleur de la propagande orchestrée par le pouvoir japonais sur ses sujets, qui avait instillé l'idée d'une victoire inéluctable et de la supériorité des Japonais jusqu'aux dernières heures du conflit.

Le Japon fut soumis jusqu'en 1952 à une occupation militaire alliée, le général Douglas MacArthur devenant gouverneur militaire du pays.

Lire l'article en anglais (en) Japanese holdouts.

Des soldats japonais furent retrouvés dans la jungle, sur des îles ou dans des régions isolées jusque dans les années 1950 : ils avaient survécu en ermites en ignorant tout de la capitulation. Le lieutenant Hirō Onoda fut l'avant-dernier à se rendre, en mars 1974. Le tout dernier soldat de l'armée japonaise retrouvé vivant fut retrouvé en décembre de la même année, dans la jungle indonésienne : il ne s'agissait pas d'un citoyen du Japon, mais d'un aborigène de Taiwan du nom de Attun Palalin (incorporé sous le nom japonais de « Teruo Nakamura ») enrôlé dans les Volontaires de Takasago. Des rumeurs concernant d'autres soldats Japonais ayant pris le maquis firent ensuite régulièrement surface, jusque dans les années 2000[4].

La Task Force 38 de l’US Navy manœuvre au large des côtes du Japon, août 1945

Voir aussi

Bibliographie

  • Tuleja Thaddeus, Midway. Tournant de la guerre Du Pacifique, "J'ai lu leur aventure" n°A100, 1965
  • François Garçon, La Guerre du Pacifique, Casterman, 1997, ISBN 2-203-61028-X
  • Ronald H Spector, La Guerre du Pacifique, Albin Michel, 2000, ISBN 2-226-02844-7
  • Jean-Jacques Antier, Grandes batailles navales de la 2e guerre mondiale, tome 2, Omnibus, 2000, ISBN 2-258-05369-2
  • H.P. Wilmott, Atlas de la guerre du Pacifique 1941-1945, Autrement, 2001, ISBN 2-7467-0042-5
  • R. Oberlé, S. Woelffel, N. Aida, Hiroshima-Nagasaki, la guerre du Pacifique, Editions Hirlé, 2005, ISBN 2-914729-40-5
  • Jean-Jacques Antier, L’Aventure Kamikaze 1944-1945, Presses de la Cité, 2005, ISBN 2-258-06764-2

Documentaires

  • Victoire dans le Pacifique, d’Austin Hoyt, WGBH international, États-Unis, 2005, 2 x 54 mn

Articles connexes

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Liens externes

Notes et références

  1. Chemins de Mémoire : Les Forces navales françaises libres (FNFL)
  2. Les incendies provoqués par les munitions prenant feu sur les ponts d’envol à proximité des stocks d’essence provoquaient des blessures corporelles horribles à soigner.
  3. Herbert P. Bix, Hirohito and the Making of Modern Japan, HarperCollins, 2001, p.657.
  4. Two long-lost WWII Japanese soldiers reportedly found, USA Today, 27 mai 2005
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