Bataille d’Angleterre

Bataille d’Angleterre

Bataille d'Angleterre

Bataille d'Angleterre
Bundesarchiv Bild 146-1969-094-18, Dornier Do 17 und Supermarine Spitfire.jpg
Un chasseur britannique Supermarine Spitfire aux prises avec un bombardier allemand Dornier Do-17
Informations générales
Date Juin 1940 - Mai 1941
Lieu Sud de l'Angleterre
Issue Victoire britannique
Belligérants
Flag of the United Kingdom.svg Royaume-Uni Flag of Germany 1933.svg Allemagne
Flag of Italy (1861-1946) crowned.svg Italie
Commandants
Flag of the United Kingdom.svg Hugh Dowding Flag of Germany 1933.svg Hermann Göring
Forces en présence
RAF roundel.svg Royal Air Force
1 963 avions
Balkenkreuz.svg Luftwaffe
CoA of the Regia Aeronautica.svg Regia Aeronautica

4 074 avions
Pertes
1 547 avions abattus,
417 pilotes et 27 450 civils tués
1 887 avions abattus avec tous les équipages tués ou prisonniers
Seconde Guerre mondiale
Batailles
Seconde Guerre mondiale-Front d'Europe de l'Ouest

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Campagnes d'Afrique et du Moyen-Orient


Bataille de l’Atlantique


Campagnes de Méditerranée et d'Europe du Sud


Guerre en Asie et dans le Pacifique


Guerre sino-japonaise

La bataille d'Angleterre (Battle of Britain) fut une campagne aérienne durant la Seconde Guerre mondiale. Ce fut une opération de grande ampleur menée par l'armée de l'air allemande pour détruire la force aérienne britannique avec l'intention de l'invasion du Royaume-Uni (Opération Lion de mer). L'objectif à court terme était de détruire le potentiel aérien britannique, en annihilant la production d'avions, en anéantissant les infrastructures aéroportuaires et en intimidant la nation britannique pour la forcer à la neutralité ou à la capitulation.

Sommaire

Forces en présence

Du côté anglais, le poids de la bataille va reposer presque exclusivement sur deux types de chasseurs : le Supermarine Spitfire et le Hawker Hurricane qui possèdent le même moteur Rolls Royce Merlin et un armement identique : huit mitrailleuses Browning de 7,7 mm. Solide et robuste, le Hurricane est une meilleure plate-forme de tir mais est moins rapide et moderne que le Spitfire, cependant les deux chasseurs sont plus maniables que le Me 109 allemand. Assez tôt dans la bataille, de par leurs caractéristiques, les Hurricanes seront prioritairement affectés à la destruction des bombardiers alors que les Spitfires s'occuperont surtout des chasseurs allemands.

Côté allemand, le chasseur principal est le Me 109, équipé d'un moteur Daimler Benz à injection directe qui ne coupe pas pendant certaines manœuvres violentes au contraire du Rolls-Royce "Merlin" britannique, autre différence il possède deux canons de 20 mm et deux mitrailleuses de 7,92 mm mais ses atouts sont contrebalancés par son manque de maniabilité. De plus, il sera très handicapé par sa faible autonomie qui bridera les pilotes allemands et les rendra moins efficaces.

Le chasseur lourd bimoteur Me 110 possède une autonomie supérieure mais, malgré son puissant armement de deux canons et quatre mitrailleuses dans le nez, il est surclassé par les chasseurs anglais bien plus manœuvrables.

Trois types de bombardiers bimoteurs : le Heinkel He 111, le Junkers Ju 88 et le Dornier Do 17 assez modernes surtout les deux premiers, sont utilisés par l'armée allemande. Ils souffrent toutefois d'un manque d'armement défensif. Enfin le bombardier en piqué monomoteur Ju 87 Stuka bien qu'efficace contre des cibles terrestres est très vulnérable à cause de sa lenteur et de son manque d'armement défensif.

Environ 600 Hurricane et Spitfire font face à 2 500 avions allemands et en particulier à environ 1 200 Me 109 et Me 110.

Organisation de la Royal Air Force en 1940

La chaîne de commandement de la RAF est double. Il y a d'une part une structure organique, et d'autre part, une structure géographique. Des unités étrangères intégrées à la RAF combattent aux côtés des soldats de l'Empire britannique : de nombreux Polonais, Tchèques et Slovaques, Canadiens, …

Nation Pilotes
Pologne 145–147
Nouvelle-Zélande 101–127
Canada 94–112
Tchécoslovaquie 87–89
Belgique 28–29
Australie 21–32
Afrique du Sud 22–25
France 13–14
Irlande 10
États-Unis 6
Rhodésie du Sud 2–3
Jamaïque 1
Palestine 1
Barbade 1

Ils savent que le Royaume-Uni est le dernier territoire leur permettant de continuer le combat.

La structure géographique

La RAF était divisée en quatre "Groups" (Groupes, en français plutôt "régions aériennes") couvrant l'ensemble du Royaume-Uni :

  • Le 10 Group, commandé par l'Air Vice Marshall Sir Christopher Quintin-Brand, couvrait le Pays de Galles et l'ouest de l'Angleterre
  • Le 11 Group, commandé par l'Air Vice Marshall Keith Park, couvrait le Sud de l'Angleterre et Londres
  • Le 12 Group, commandé par l'Air Vice Marshall Trafford Leigh-Mallory, couvrait les Midlands d'Angleterre
  • Le 13 Group, commandé par l'Air Vice Marshall Richard Saul, couvrait l'Écosse et l'Irlande du Nord

Chaque Group comportait un nombre plus ou moins important de "sectors" (secteurs) (sept pour le Group 11)

La structure organique

La structure organique, bien que calquée sur la structure géographique, obéit à une logique opérationnelle. Les avions sont regroupés en "Commands" (Commandements) en fonction de leurs missions:

  • Le Bomber Command est responsable de toutes les unités de bombardement
  • Le Coastal Command est responsable de toutes les unités de patrouille maritime
  • Le Training Command est responsable de la formation des nouveaux pilotes
  • Le Fighter Command regroupait toutes les unités de chasseurs

Comme le Fighter Command a eu la part la plus importante dans la bataille, voici son organisation. En 1940, le commandant du Fighter Command est l'Air Marshall Sir Hugh "Stuffy" Dowding. Artisan de la victoire de la RAF, il s'oppose à Churchill qui voulait envoyer plus d'avions sur le continent. Le quartier général du Fighter Command était situé à Stanmore, dans la banlieue de Londres. Chaque "sector" abritait un "wing" (escadrille), réparti entre une base de secteur et des aérodromes satellites. Le wing était composé de deux ou plusieurs "squadrons" (escadron) de douze avions.

Au 10 juillet 1940, près de 570 Spitfires et Hurricanes sont prêts à faire face aux assauts allemands.

La couverture radar et la procédure d'interception

Détails sur : Chain Home.
Carte de la couverture des radars britanniques en 1940

Le brevet du radar est déposé en 1935 par Sir Robert Watson-Watt. L'état-major de la RAF saisit immédiatement l'importance d'un tel système. Un total de soixante installations est construit sur l'ensemble des côtes britanniques, la Chain Home.

La procédure d'interception était la suivante :

  • une formation d'avions est repérée sur les écrans des radars ;
  • les données sont interprétées par les opérateurs et transmises au quartier général du Fighter Command ;
  • le Quartier Général synthétise les informations et, en fonction des menaces, il transmet des ordres aux différents secteurs.

En 1940, le système est rodé même s'il y a toujours des erreurs possibles. En juillet, une formation de trois appareils envoyés intercepter un appareil unique se retrouve face à vingt chasseurs allemands.

Organisation de la Luftwaffe en 1940

La Luftwaffe est officiellement annoncée en 1935. La structure est identique en 1940. Le Commandant en chef de la Luftwaffe était Hermann Göring. La Luftwaffe est divisée en Luftflotten (flottes aériennes) d'environ 1 000 avions chacune. Les Luftflotten rassemblaient des Fliegerkorps (corps d'armée aérienne) pour les bombardiers et des Jagdfliegerführer (Commandants de la chasse) responsables d'environ 500 avions. Les appareils étaient regroupés en Geschwader (escadres) de composition identique :

  • Jagdgeschwader (escadres de chasse) composées de 94 Messerschmitt Bf 109
  • ZerstörergGeschwader (escadres de chasseurs lourds) composées de 94 Messerschmitt Bf 110
  • Stukageschwader (escadres de bombardiers en piqué) composées de 94 Junkers Ju 87 Stuka
  • Kampfgeschwader (escadres "de combat" (dans la phraséologie nazie), entendez escadres de bombardement) composées de 94 bombardiers Junkers Ju 88, Dornier Do 17, Heinkel He 111.

Il est indispensable de distinguer, en aviation, les termes d'escadrille, de groupe et d'escadre, qui désignent des unités, ou éléments d'unités, très différents. En 1939-45, l'escadrille n'était pas une unité autonome mais la moitié (France, Angleterre) ou le tiers (Allemagne) d'un groupe, qui était lui-même la moitié ou le tiers (surtout en Allemagne) d'une escadre. Il n'y avait pas d'équivalent britannique de la Jagdgeschwader allemande ni même de l'escadre française de deux groupes (24 à 36 avions chacun dans la chasse), parfois trois. Les "wings" de la RAF étaient en 1940 des groupements "ad hoc" de 2 squadrons (groupes) de 16 avions chacun, dont au maximum 12 en vol, parfois de 3 squadrons, rarement plus, et la composition de ces "wings" de la RAF variait en fonction des périodes et des besoins. Ces "wings" étaient, en français, des escadres et non pas des ailes, comme sa traduction française erronée du film anglais "La bataille d'Angleterre".[1]

Adolf Galland a d'abord commandé, pendant cette dure bataille, le groupe de chasse III/JG 26, donc le IIIe groupe (3 escadrilles) de la 26e Jagdgeschwader (escadre de chasse). Les numéros des JG étaient plus ou moins aléatoires ; il n'existait que neuf (9) JG en été 1940, plus trois groupes de chasse divers, dont un à effectif réduit. Il n'existait pas de JG 1 ni de JG 4 à 25 incluses, 27 à 50 incluses ni 55 à 76 incluses. Les JG à effectifs complets qui existaient en été 1940 étaient les suivantes  : JG 2 et 3, 26 et 27, 51 à 54 et 77. Chaque JG comprenait trois groupes d'environ 38 à 40 avions chacun en principe, plus les 4 avions de l'état-major d'escadre  : son effectif théorique total était de 120 à 124 avions et pilotes mais il n'était que rarement réalisé, et ce en raison du manque d'avions et de pilotes de remplacement. Le nombre réel d'avions était plutôt de 100 à 110 (dans la chasse) et souvent très inférieur à cause des pertes. Certains auteurs ont trop tendance à écrire qu'un groupe de chasse allemand participant à tel ou tel combat comptait 40 avions (124 pour une escadre au complet), ce qui est toujours impossible car c'était l'effectif théorique maximal, y compris les avions non disponibles (détruits et non encore remplacés, endommagés et en réparation, ou subissant l'entretien indispensable). Par exemple, le groupe III/JG 26 avait de 30 à 26, 18 et même 13 avions disponibles suivant les jours, les pertes et les recomplètements, et de 29 à 10 (!) pilotes de chasse utilisables au combat. En particulier, le nombre de pilotes allemands capables de participer à des missions de guerre était même, souvent, encore nettement inférieur au nombre d'avions disponibles (prêts pour le combat). Les effectifs allemands en avions et en pilotes baissèrent souvent dans une très forte proportion en raison des pertes subies au combat ou par accident, et ce malgré les livraisons (insuffisantes) d'avions de recomplément et les arrivées de pilotes formés et entraînés mais novices, donc très vulnérables pendant leurs premières missions, et en nombre insuffisant. Ces problèmes d'effectifs montrent clairement que l'Allemagne n'était pas en mesure de vaincre l'Angleterre dans le ciel, car la production de chasseurs était très supérieure dans ce pays, qui bénéficiait en outre de plusieurs avantages connus, et la RAF n'a jamais souffert d'une pénurie aigüe de pilotes, contrairement à sa légende héroïque.

Les pertes terribles subies (des deux côtés) par les nouveaux pilotes, certes bien entraînés - au moins au début - mais inexpérimentés, pendant leurs 5 à 10 premières missions de guerre, ont amené les Allemands à ajouter un "Groupe de complément" à chaque escadre de chasse. Ayant un effectif réduit par rapport aux autres, ce groupe était chargé de donner aux pilotes novices le maximum de connaissances utiles au combat en les faisant profiter de l'expérience acquise jusque-là et en les faisant participer à des combats simulés contre des pilotes expérimentés de la même escadre.

Adolf Galland a pris le 20 août le commandement de son escadre, la JG 26, dont il a rapidement fait l'escadre la plus efficace et la plus appréciée de ses protégés, les bombardiers, qu'elle était souvent chargée (comme les autres JG) d'escorter contre la chasse britannique.

Parler d'escadrille au lieu d'escadre est une erreur récurrente, due sans doute à une erreur de traduction. En effet et comme vu plus haut, une escadrille en français est l'équivalent d'une staffel, là où geschwader doit plutôt être traduit par escadre.

Lors de la bataille d'Angleterre, trois Luftflotten sont engagées (sur cinq) :

  • la Luftflotte 2 du Generalfeldmarschall Albert Kesselring, basée dans le Nord-Est de la France, en Belgique et aux Pays-Bas ;
  • la Luftflotte 3 du Generalfeldmarschall Hugo Sperrle, basée dans l'Ouest de la France ;
  • la Luftflotte 5 du Generaloberst Hans-Jürgen Stumpff, basée au Danemark et en Norvège.

Au moment d'entamer les opérations, les trois Luftflotten totalisaient huit Jagdgeschwader, trois Zerstörergeschwader, trois Stukageschwader et huit Kampfgeschwader, soit entre 2 500 et 3 000 avions si l'on prend en compte les avions de reconnaissance.

Déroulement de la bataille

On peut grossièrement distinguer trois phases durant cette bataille :

  • Le bombardement des convois britanniques (début juillet 1940 -début août), appelé "Kanalkampf" (Combat dans la Manche) par les Allemands.
  • La tentative de destruction de la RAF (de début août au 7 septembre 1940) ;
  • Les bombardements de Londres et des grandes villes (jusqu’à octobre 1940), connus sous le nom de "Blitz" (Eclair) qui se poursuivirent jusqu'au printemps 1941.

Durant la première phase, l'aviation allemande se consacra à l'attaque des convois de ravitaillement britanniques. Cette tactique avait pour but d'isoler le Royaume-Uni et de forcer les appareils de la RAF au combat.
Après un mois d'attaque des convois peu efficace (1 % du tonnage sous pavillon britannique coulé), l'état-major allemand décida d'affronter directement la RAF sur son sol. Pour ce faire, l'attaque des aérodromes militaires britanniques et des usines de l'industrie aéronautique fut ordonnée. Cette période démarra le 13 août 1940, jour baptisé Adler Tag (Jour de l'Aigle), le mauvais temps ayant repoussé d'un jour le déclenchement des opérations.

Le 15 août, persuadé que la RAF avait perdu près de 300 appareils (soit la moitié de son effectif théorique) et que les avions basés dans le Nord du Royaume-Uni avaient été déplacés plus au sud, la Luftwaffe lance dans la bataille sa Luftflotte 5, basée en Norvège et au Danemark. Elle devait attaquer des objectifs en Écosse et dans les Midlands mais les chasseurs de la RAF étaient toujours là et infligèrent des pertes sévères (20 %) à la force d'attaque. La Luftflotte 5 fut retirée de la bataille et ses appareils furent envoyés en renfort pour les Luftflotten 2 et 3. Le 15 août étant un jeudi, il fut appelé "Jeudi noir" par la Luftwaffe.

Le 18 août fut le jour le plus terrible pour les deux camps qui enregistrèrent le plus de pertes ce jour. Les pertes de bombardiers en piqué Stuka furent telles ce jour-là que l'état-major allemand décida de les retirer en attendant des jours meilleurs.

Le 24 août se produisit un évènement qui changea le cours de la bataille. Un bombardier Heinkel He 111, croyant attaquer la raffinerie de Thameshaven, larga ses bombes par erreur sur Londres, un objectif qui ne devait être attaqué que sur l'ordre personnel de Hitler. En représailles, dans la nuit du 25 août 1940, la RAF parvint à lâcher quelques bombes sur Berlin. Hitler se lanca dans une violente diatribe contre les Britanniques "S'ils bombardent nos villes, nous raserons les leurs, s'ils lâchent des centaines de bombes nous en lâcherons des milliers". Le bombardement de Berlin fut un échec personnel pour Göring qui avait juré que "Si une bombe tombe sur Berlin, vous pouvez m'appeler Maier" (expression courante en allemand pour dire que quelque chose n'arrivera pas). Hitler modifia sa stratégie et décida de bombarder les populations civiles des villes britanniques et plus particulièrement de Londres en guise de représailles.

Londres endommagé par les bombardements

Le 7 septembre, un raid de plus de 100 bombardiers escortés par près de 400 chasseurs fut envoyé sur Londres. Croyant que la cible de ce raid était en fait les aérodromes de la RAF, le contrôle au sol britannique laissa les chasseurs de la RAF couvrir ceux-ci, ce qui laissa le champ libre aux bombardiers allemands. Ce changement permit à une RAF au bord de la rupture de souffler. En faisant peser le poids de l'offensive sur les populations civiles, les Allemands permettaient à la RAF de se reconstituer.

Le 15 septembre, un raid massif fut envoyé sur Londres. Dans son poste de commandement, Hugh Dowding vit les cartes se remplir de symboles représentant les ennemis en approche. Demandant si tous les avions sont en l'air, on lui répondit par l'affirmative. À la question sur l'existence de réserves, on lui répondit de façon négative. À cette heure, plus de 370 avions britanniques couvraient Londres. A la fin de la journée, les Britanniques avaient perdu près de 40 avions, les Allemands plus d'une centaine (chiffres contestés). Ce résultat explique que le 15 septembre reste dans les mémoires comme le "Battle of Britain Day", le jour de la bataille d'Angleterre.

On peut dire que cette deuxième phase de la bataille prit fin dans le courant du mois d'octobre.

À ce moment, l'Opération Seelöwe fut ajournée sine die et l'effort allemand contre le Royaume-Uni s'amenuisa. Les bombardements de villes britanniques continuèrent néanmoins mais avec une intensité généralement moindre jusqu'au printemps de 1941 quand Hitler ramena le gros de la Luftwaffe vers l'est en prévision de l'invasion de l'URSS. Toutefois, quelques bombardements importants eurent encore lieu sur les villes britanniques, notamment au début du mois de novembre avec les attaques sur Coventry, Birmingham et Wolverhampton par exemple.

Les bombardiers allemands infligent à Londres les plus grands dégâts que la capitale britannique ait subis depuis le grand incendie de 1666.

Les causes d'un échec

L'échec allemand s'explique par de nombreuses raisons :

  • Un changement constant d'objectifs : les navires d'abord, puis les bases aériennes et les usines, et enfin les villes.
  • La non prise en compte de l'importance du radar, véritable œil de la RAF. Des stations radar ont été ponctuellement attaquées, mais elles étaient remises en opération assez vite
  • Des défaillances criantes des services de renseignement allemands qui ont surestimé les pertes britanniques et commis de grosses erreurs dans l'identification des bases de chasseurs anglais : même fin août les allemands continuent d'effectuer des raids sur des terrains d'entrainements ou de la défense côtière.
  • L'obstination de Hitler et Göring à vouloir raser Londres
  • Les pertes subies par la Luftwaffe lors de la bataille de France : 20 % des Messerschmitt-109 alignés en avril 1940 avaient été abattus
  • La faible autonomie du Messerschmitt 109 , qui ne lui permettait pas d'escorter suffisamment longtemps les attaques des bombardiers. La version "F" équipée de réservoirs largables arriva trop tard. Le seul vrai chasseur à long rayon d'action, le Messerschmitt-110 était quant à lui trop peu manœuvrable.
  • Le manque d'initiative laissé aux pilotes allemands. Même s'ils ont été globalement meilleurs que leurs homologues britanniques (l'as des as allemand Helmut Wick a abattu 53 avions, le Sergent Josef Frantisek - Tchèque volant pour la RAF - en a abattu 17, les pilotes de chasse allemands devaient escorter les bombardiers, une tactique pénalisante pour eux. En outre, la R.A.F. disposait de pilotes entrainés "normalement", alors que la Luftwaffe disposait de pilotes tres entrainés et de pilotes très peu entrainés (donc pas d'entrainement "moyen"). Les pilotes Allemands étaient aussi moins bien traités que les pilotes anglais qui, eux , disposaient par exemple de plus de jours de permission.
  • Le rayon d'action trop faible des bombardiers allemands qui ne permettait pas d'attaquer les usines de Spitfire et de Huricane en Écosse.
  • Le lieu des combats. Les pilotes allemands qui sautaient en parachute étaient faits prisonniers. Les pilotes britanniques pouvaient retourner au combat sur un avion neuf.

Le bilan humain et matériel de la bataille d'Angleterre est lourd : 30 000 morts, dont beaucoup de civils, et 2 millions de foyers détruits. Les chiffres officiels avancent +/- 900 avions perdus côté britannique contre +/- 1 700 pour les Allemands. Cependant, ne sont pas repris côté anglais les nombreux appareils d'entraînement, de secours, de réserve, obsolètes, ainsi que les appareils civils. Si on inclut tous ceux-ci, on peut raisonnablement parler d'un total de 1 200 avions anglais détruits. Les pertes allemandes semblent assez complètes et précises.

Vraie fausse bataille ?

Une controverse subsiste quant aux objectifs réels de cette bataille. Si beaucoup considèrent que cette bataille fut décisive dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Europe, certains considèrent aujourd'hui que cette bataille fut surtout politique, sans réelle intention militaire d'un côté comme de l'autre.

Pour les partisans de cette thèse, s'il s'agissait pour les Anglais, de se défendre contre les incursions aériennes, pour les Allemands, le but était de maintenir la pression sur l'opinion publique britannique, pour contraindre le gouvernement britannique à un armistice et il ne s'agissait nullement de préparer une invasion programmée de la Grande-Bretagne, estimant celle-ci impossible d'un point de vue logistique. Les concentrations de navires dans les ports français quelquefois évoquées et souvent bombardées étaient en fait composées de péniches fluviales et autres chalutiers. Difficile dans ces conditions de faire franchir la Manche à une armée, laquelle se trouvait d'ailleurs en grosse difficulté logistique après la campagne de France. Cette armée n'avait en effet que 15 % de la dotation en carburant et munitions nécessaire à une autre campagne. De plus, selon certains compte-rendus, Hitler semblait plutôt manifester de l'admiration pour l'Empire britannique (un modèle pour un Reich censé durer 1 000 ans) et ne souhaitait pas sa perte. Sa priorité une fois le front de l'ouest disparu (ce qui est le cas à l'été 40), était les préparatifs de l'invasion à l'Est et l'extension territoriale du Reich, contre le seul ennemi "véritable" à ses yeux : la Russie soviétique. Envahir l'Angleterre n'aurait été alors qu'une perte de temps et de moyens. En revanche, Hitler souhaitait plus que tout la contraindre à la paix (des offres en ce sens ayant été envoyée courant de l'été 1940). Il pensait que les tensions entre partisans de la guerre et de la paix (représentés par Lord Halifax) en Angleterre verraient la victoire de ces derniers sous la menace de l'aviation allemande. Et la Luftwaffe se retrouva sans directive précise, avec ordre de faire plier les Britanniques. les partisans de cette thèse "politique" avancent pour preuve le nombre d'opérations qu'ils jugent mal coordonnées, notamment celles de l'Adlertag, qui tournent à l'amateurisme. Ils mettent en avant aussi l'absence d'une aviation stratégique, la Luftwaffe n'étant équipée que de chasseurs à faible rayon d'action et de bombardiers moyens.

Selon cette thèse, le gouvernement britannique était au courant de ces difficultés allemandes et savait que son pays ne risquait pas grand chose, même si leurs dirigeants affirmaient le contraire à leur peuple, pour les renforcer dans l'idée que le mal était représenté en Europe par l'Allemagne et aussi pour leur prouver la nécessité de conduire cette guerre jusqu’à sa fin. Ceci dit, la volonté du peuple britannique et de Winston Churchill de se battre jusqu'à la fin a permis au monde libre de vaincre le Nazisme en permettant aux Allies d'utiliser l'Angleterre comme tremplin pour monter l'invasion du Jour J, de libérer la France tout en empêchant l'URSS d'occuper l'Europe tout entière. Voici la signification énorme de la victoire anglaise dans la bataille, première grande défaite subie par le IIIe Reich.

De plus, bien que les succès offerts par le radar soient indéniables, il convient de les démystifier et les ramener à leur juste valeur. La plupart des communications allemandes étaient déchiffrées à cette époque par l'appareillage Ultra des Anglais. Ce système tint ainsi ceux-ci au courant des difficultés des Allemands, de leur manque d'objectif réel ainsi que des cibles et de la composition des raids de bombardiers et de chasseurs du Reich. En fait ce système offrit des informations inestimables aux Anglais concernant les intentions de l'ennemi. Il permit bien plus d'interceptions que le radar, arme "miracle" des Alliés, mais il fut tenu secret pour ne pas révéler aux Allemands que leurs communications n'étaient plus sûres. Les succès furent ainsi attribués en premier lieu au radar, vision encore transmise de nos jours par certains historiens. [2]

Articles connexes

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Bibliographie

  • Un duel d'aigles RAF contre Luftwaffe par Peter Townsend Robert Laffont, 1969
  • Les premiers et les derniers par Adolf Galland Yves Michelet, 1985
  • Quand le ciel était en feu (Als der himmel brannte) par Karl Bartz, Corrêa, 1955.

Lien externe

Sources

  1. Yves Michelet, traducteur, éditeur et ami d'Adolf Galland de 1984 jusqu'à sa mort en 1996, 25 février 2009
  2. "batailles aériennes" n°37,39 édition Lela Presse
    "la Luftwaffe donne l'assaut" par Charles Aubusson
    collection "les combats du ciel" n°2 "spitfire mkI/II" édition Osprey Aviation
    "39/45", "la bataille d'Angleterre" édition Heimdal
Opérations aériennes de la Seconde Guerre mondiale
La guerre aérienne en Europe

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La guerre aérienne dans le Pacifique

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