Goumiers marocains

Goumiers marocains
Goum
Goum mixte marocain.jpg

Insigne général des goums mixtes marocains

Période 1908 – 1956
Pays Drapeau de France France
Branche Armée de Terre
Rôle Infanterie
Commandant historique Général Guillaume

Les goumiers marocains étaient des soldats appartenant à des goums, unités d’infanterie légères de l'armée d'Afrique composées de troupes autochtones marocaines sous encadrement essentiellement français. Ces unités ont existé de 1908 à 1956.

D'abord supplétifs, puis réguliers, les goumiers se sont surtout illustrés lors de la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle les Groupements de tabors (régiments), tabors (bataillons) et goums (compagnies), principalement sous les ordres du général Guillaume, ont obtenu, entre 1942 et 1945, dix-sept citations collectives à l'ordre de l'armée et neuf à l'ordre du corps d'armée[1], puis en Indochine de 1946 à 1954.

Sommaire

Création et différentes dénominations

La création des premiers goums marocains, qui remonte à 1908, est due à l'initiative du général d'Amade. Les six premières formations[2] formaient à leur début une milice locale[3] destinée à assurer des patrouilles ou des missions de reconnaissance sur le territoire marocain. La dénomination de goum sera finalement régularisée le 9 avril 1913 et les unités placées sous l'autorité militaire française à la suite de leur comportement à Fès en 1911.

Lorsque le Maroc accède officiellement à l'indépendance en 1956, les goums quittent l'armée française et rejoignent l'armée royale marocaine le 11 mai 1956 à minuit[4].

Ordre du jour de dissolution du 9 mai 1956

« Les goums marocains quittent l'Armée française. Toute leur histoire est incluse entre ces deux dates : 1908-1956, la pacification du Maroc, la Tunisie, la Sicile, l'Italie, la Corse, l'île d'Elbe, la France, l'Allemagne, l'Indochine, l'Aurès... Ils ont été de toutes les campagnes et peu de troupes ont cueilli, en si peu de temps, autant de gloire. Marqués dès leur origine, par le général d'Amade, du sceau du génie français, ils ont été pendant près d'un demi-siècle, fidèles à leur tradition de vie et de devoir. Leur rayonnement, dans la pacification du Maroc, leur fougue dans la reconquête du sol français sous l'impulsion de chefs prestigieux, leurs sacrifices en Extrême-Orient, ont inscrit une fulgurante épopée dans les plis de leur drapeau et de leurs fanions. Le destin des peuples va désormais nous séparer d'eux. A nos compagnons d'armes qui furent l'objet de notre part de tant de sollicitude, nous disons aujourd'hui un adieu ému. C'est la fierté au cœur d'avoir été dans leurs rangs, d'avoir mêlé généreusement notre sang au leur au cours de tous les combats, que nous leur garderons un souvenir plein de ferveur. Le drapeau des goums est pour la dernière fois au milieu de nous. En le saluant, élevons nos pensées vers tous ceux tombés glorieusement au champ d'honneur, officiers, sous-officiers, gradés, goumiers marocains. Puisse leur sacrifice résonner dans tous les cœurs.  »

— Ordre de dissolution lu par le colonel Aunis, dernier commandant des goums marocains, le 9 mai 1956[5].

Historique des garnisons, campagnes et batailles

Les goums marocains se sont particulièrement illustrés lors de la Seconde Guerre mondiale, notamment lors de la campagne d'Italie au sein du Corps expéditionnaire français du Maréchal Juin, puis lors des campagnes de France et d'Allemagne. Ils ont été ensuite largement engagés en Indochine de 1948 à 1954 et ont également participé au début de la guerre d'Algérie jusqu'en 1956. Ils ont finalement été dissous et intégrés à l'Armée Royale Marocaine au moment de l'indépendance en 1956.

Seconde Guerre mondiale

Composition des unités

Un goum, l'équivalent d'une compagnie, regroupe environ 200 goumiers. En période de guerre, les goums sont regroupés en Tabor, équivalent d'un bataillon, de trois à quatre goums. Enfin, le GTM ou groupement de tabors marocains, l'équivalent d'un régiment, est composé de trois tabors.

Durant la Seconde Guerre mondiale, chaque GTM comporte près de 3 000 hommes dont un peu plus de 200 officiers et sous-officiers. Il comprend un goum de commandement et d'engin (GCE) et trois tabors.

Le GCE (environ 300 hommes) comprend notamment :

  • une section de protection et de pionniers
  • un peloton d'estafettes à cheval
  • un peloton antichar et de mortiers
  • un groupe muletier

Le tabor (environ 900 hommes) comprend :

  • un GCE composé d'une section de mortiers de 81, d'un peloton de cavaliers et d'un groupe du train
  • trois goums de trois sections chacun

La proportions d'« indigènes » dans un GTM est de 77 à 78 %[6].

Les 4 GTM constituaient l’équivalent d’une forte brigade d’infanterie légère sous l’appellation de Commandement des Goums Marocains (CGM) aux ordres du général Guillaume puis du colonel Hogard.


Quatre GTM marocains (environ 12 000 hommes) ont été formés pendant la Seconde Guerre mondiale

Organisation détaillée

Entre 1943 et 1945, les 4 GTM sont constitués de la manière suivante :

  • 1er GTM
    • 2e tabor : 51e, 61e et 62e goums
    • 3e tabor : 4e, 65e et 101e goums
    • 12e tabor : 12e, 63e et 64e goums
  • 2e GTM (ne participa pas à la campagne d'Italie du CEF mais seulement à celle de Corse et de l'île d'Elbe en septembre-octobre 1943 puis de France et d'Allemagne)
    • 1er tabor : 47e, 58e, 59e et 60e goums
    • 6e tabor : 36e, 72e, 73e et 74e goums
    • 15e tabor : 8e, 11e, 30e et 39e goums
  • 3e GTM
    • 9e tabor : 81e, 82e et 83e goums
    • 10e tabor : 84e, 85e et 86e goums
    • 17e tabor : 14e, 18e et 22e goums
  • 4e GTM (ne participa pas à la campagne de France et d'Allemagne et fut renvoyé au Maroc après la campagne d'Italie)
    • 5e tabor : 41e, 70e et 71e goums
    • 8e tabor : 78e, 79e et 80e goums
    • 11e tabor : 88e, 89e et 93e goums

Le commandement des goums marocains (CGM), avec ces quatre GTM, est créé le 2 juin 1943 et placé sous les ordres du général Guillaume. Lorsque ce dernier succéda au général de Monsabert au commandement de la 3e division d'infanterie algérienne, le CGM resta sous son autorité.

Les généraux Alexander et Clark avaient une très haute opinion de la valeur militaire des goums[7].

Tunisie 1942-1943

En Tunisie, le général Alexander qui envoie les goumiers aider les alliés lors de la prise de Bizerte et Tunis les qualifiera de « fabuleux guerriers »[8].

Sicile 1943

Le 4e GTM est utilisé en Sicile par le général Patton.

Corse 1943

Le premier département français à être libéré est la Corse. Libération à laquelle participe le 2e GTM qui est chargé de nettoyer les montagnes dominant Bastia. Le 3 octobre 1943 il prend le col de Teghime. Il est cité à l'ordre de l'Armée.

Italie 1943-1944

En Italie, l'exploit le plus retentissant des GTM a lieu en mai 1944 lors de la bataille du Monte Cassino au cours de laquelle dix mille goumiers pénètrent dans les monts Aurunci, bastion sud de la position allemande de Monte-Cassino, « nettoient» les collines depuis le Garigliano jusqu'au sud de Rome et éliminent en trois semaines de combats certaines des unités allemandes les mieux entrainées[9]. Au cours de cet assaut des troupes françaises qui provoque la rupture de la ligne Gustave, le général allemand Kesselring écrit le 19 mai : « Les Français et surtout les Marocains ont combattu avec furie et exploité chaque succès en concentrant immédiatement toutes les forces disponibles sur les points qui faiblissaient »[10]. La plupart des analystes militaires considèrent la manœuvre des goumiers comme la victoire critique qui a finalement ouvert la route de Rome aux alliés[11].

Entre avril et juin, une partie des troupes a été impliquée dans les crimes de Ciociarie sur des civils.

Les goumiers entrent dans Sienne le 3 juillet 1944 et terminent la campagne à San Gimignano.

France 1944-1945

En aôut 1944, environ dix mille goumiers participèrent aux opérations de la 1re armée française dans le sud et l'est de la France. « Jamais la route des Maures n'a autant justifié son nom » écrira le maréchal de Lattre[12]. Les 1er, 2e et 3e GTM jouèrent un rôle important dans la libération de Marseille[13] en aôut 1944 et furent cités à l'ordre de l'Armée. Les goumiers sont ensuite utilisés dans les Alpes en automne puis dans les Vosges lors des combats meutriers de l'hiver 1944-1945.

Allemagne 1945

En février 1945, le 4e GTM remplace le 3e GTM rentré au Maroc et participe avec les 1er et 2e GTM à la campagne d'Allemagne. Les GTM nettoient d'abord la forêt de Haguenau des Allemands qui l'occupaient, franchissent le Rhin puis forcent la ligne Siegfried. Ils poursuivent sur Stuttgart, puis vers la Bavière et le Tyrol[13].

Pertes

Les pertes des Goumiers de novembre 1942 à mai 1945 furent de 1 638 tués (dont 166 officiers et sous-officiers) et d'environ 7 500 blessés. Seul quatre goumiers furent faits prisonniers[13].

Guerre d'Indochine

De 1948 à 1954, neuf tabors marocains participent à la guerre d'Indochine et s'illustrent notamment lors des batailles de la RC 4 et de Diên Biên Phu.

Les unités détachées en Indochine furent, par ordre numérique [14]

  • 1er tabor - capitaines Feaugas et Berdeguer puis commandant Riez
    • 58e, 59e et 60e goums et GCAT 1[15]
    • mars 1951 à avril 1952
  • 2e tabor - chef d'escadrons Mirabeau puis commandant Borie
    • 21e, 33e, 66e et 12e (?) goums et GCAT 2 (?)
    • novembre 1952 à octobre 1954
  • 3e tabor - commandant de Sèze puis chef d'escadrons de Chergé
    • 36e, 51e et 4e goums et GCAT 3
    • juin 1949 à mars 1951
  • 5e tabor - commandant Marquez, capitaine Azam puis commandant Gastine
    • 7e, 10e, 32e et 38e goums et GCAT 5
    • juin 1952 à juillet 1954
  • 8e tabor - commandant Claude Guérin
    • 78e, 79e et 80e goums et GCAT 8
    • octobre 1948 à novembre 1950
  • 8e tabor (2e formation) - commandant Rouast
    • 13e, 19e et 45e goums et GCAT 8
    • avril à novembre 1954
  • 9e tabor - commandant Commaret
    • 9e, 42e et 46e goums et GCAT 9
    • avril 1952 à avril 1954
  • 10e tabor - chef d'escadrons Dugué Mac Carthy
    • 84e, 85e et 86e goums et GCAT 10
    • août 1948 à août 1950
  • 10e tabor (2e formation) - commandant Coudry
    • 34e, 40e et 43e goums et GCAT 10
    • février à novembre 1954
  • 11e tabor - commandants Delcros et Arbola puis capitaine Donot
    • 3e, 5e, 8e et 25e goums
    • juillet 1950 à août 1952
  • 17e tabor - commandant Saulnay
    • 14e, 18e et 22e goums et GCAT 17
    • décembre 1950 à décembre 1952

Les tabors étaient regroupés par trois au sein du GTMEO (groupement de tabors marocains en Extrême Orient) commandé successivement par les colonels Lepage, Duparcmeur et Sore.

Le total des tués au combat ou morts en captivité s’élève à 787 (dont 57 officiers et sous-officiers).

Traditions

Devise

Insigne

L'insigne général des goums marocains est constitué par un poignard à bout recourbé ou koumia portant le sigle GMM.

Étendard

Il existe un seul drapeau pour tous les tabors des goums marocains qui leur fut remis en 1945 par le Général de Gaulle avant le défilé du 14 juillet sur les Champs-Élysées. Celui-ci porte, cousues en lettres d'or dans ses plis, les inscriptions suivantes[16] :

Depuis leur dissolution en 1956, le drapeau est aux Invalides.

Décorations

Seconde Guerre mondiale

Durant la Seconde Guerre mondiale, les GTM (régiments), tabors (bataillons) et goums (compagnies) marocains ont obtenu, entre 1942 et 1945, 17 citations collectives à l'ordre de l'Armée et 9 à l'ordre du Corps d'armée, décernées au cours des campagnes de Tunisie, d'Italie, de France et d'Allemagne. 13 143 citations individuelles ont également été attribuées[1].

Guerre d'Indochine

Les neuf tabor qui participent à ce conflit furent cités de nombreuses fois et obtinrent les décorations collectives suivantes :


Citations militaires

Extraits de quelques citations à l'ordre de l'Armée obtenus par les goums et les tabors marocains lors de la Seconde Guerre mondiale et la guerre d'Indochine.

Seconde Guerre mondiale

Corse 1943

« Splendide unité marocaine formée à l'image de son chef le Lieutenant-Colonel Boyer de Latour.

Engagée dans des opérations délicates et difficiles dès son débarquement en Corse, a pris dès les premiers combats un ascendant foudroyant sur l'ennemi, lui causant des pertes, lui faisant de nombreux prisonniers et créant chez l'adversaire une inquiétude manifeste

Troupe au moral élevé, à l'endurance inégalable, au cran magnifique et à l'allant irrésistible.

A donné toute la mesure de sa valeur guerrière en s'emparant de haute lutte du Col de Teghime, le 2 octobre 1943, par une série d'attaques menées avec fougue, qui causèrent à l'ennemi de lourdes pertes en hommes et en matériel. Bien que soumises à des feux violents d'artillerie et d'aviation, a conservé toute son ardeur agressive et est entré victorieusement dans Bastia le 4 octobre, contribuant pour une large part au succès de la campagne engagée pour la libération de la Corse. »

— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 2e GTM après les combats pour la libération de la Corse en octobre 1943, (Ordre n° 364, le 3 janvier 1944, général Giraud)

Italie 1944

« Sous les ordres du lieutenant Gautier. Pendant trois semaines de luttes et de marches ininterrompues de jour et de nuit, toujours à l'avant-garde du Corps de montagne, a bousculé l'une après l'autre, les troupes d'élites allemandes jetées en toute hâte par l'ennemi pour lui barrer la route. Dans un élan que les obstacles conjugués de l'ennemi et le terrain ne parviennent pas à freiner a atteint et dépassé les objectifs qui lui étaient assignés.

Le 14 mai, nettoie la rive gauche de l'Ausente. Le 15 mai, force au Castello l'entrée du Massif du Petrella. Le 17 mai, au Revole contribue en se ruant à l'assaut, à mettre en déroute le 3e bataillon du 104e régiment de Panzer Grenadiers et le 400e groupe de reconnaissance. Le soir même de cette action devant l'ennemi, sur le Faggeto, et le lendemain, malgré la pénurie de munitions et l'absence de ravitaillement, pousse sans désemparer sur le Monte Croce. Le 19 mai, capture ou détruit le 2e bataillon du même régiment, qui tentait de reprendre le Faggeto. Le 20 mai, s'empare de Campo di Melle. Le 21 mai, enlève, dans un corps à corps, l'Apiolo. Le 23 mai, s'empare de Schierano. Le 25 mai, chasse l'ennemi du Totando. Le 26 mai, s'avance en pointe sur l'Orticello, clé du col de la Palombara, et s'y maintient en dépit des réactions de l'ennemi. Le 27 mai, occupe San Stephano. Le 29 mai, pénètre dans San Giuliano di Roma. Enfin, le 1er juin, ouvre aux troupes régulières la porte de Segni.

A mis hors de combat 1 500 Allemands dont 300 prisonniers, s'emparant d'un armement important, perdant lui-même plus de 400 tués ou blessés.

A ajouté ainsi une page glorieuse à l'histoire des goums. »

— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 4e GTM après les combats de Monte Cassino et le percement de la ligne Gustav par les troupes françaises en mai 1944, (Ordre général n° 130, 22 juillet 1944. général Juin)

Provence 1944

« Sous l'énergique impulsion de son chef, le colonel Leblanc Georges, n'a cessé d'être sur la brèche en Tunisie, en Italie, en France. En Tunisie, ses exploits dans le Ghidich, le Boufus et le Safrouf lui valent une renommée légendaire. En Italie, au cours des opérations offensives de mai et de juin 1944, du Garigliano à la plaine de Rome puis jusqu'à Sienne, cette unité d'élite, toujours à l'avant garde, refoule l'ennemi par une série de manœuvres audacieuses et de nombreux combats victorieux. Dès son débarquement en France, poussé à marches forcées au nord de Marseille, il est engagé dans la bataille le 22 août et, après deux jours de combats, fait sauter le verrou de Marseille. Se heurtant constamment à une défense acharnée, il poursuit malgré des pertes sévères, la conquête de vive force des ouvrages de la Gavotte, du Moulin du Diable, de Tante Rose, qui constituent la dernière ligne fortifiée couvrant les batteries de côtes allemandes, cependant qu'il achève l'encerclement de la ville de Marseille en la débordant à l'ouest et en investissant les ouvrages du Rove. De ce fait, il oblige le commandant allemand du secteur à capituler avec toutes les forces relevant de son commandement. Durant cette période, il occasionne des pertes sanglantes à l'ennemi tout en s'emparant de 5 402 prisonniers, d'un butin considérable, perdant lui-même 281 hommes dont 27 officiers et sous officiers. »

— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 1er GTM après les combats pour la libération de Marseille en août 1944, (Décision n° 158, Paris, 1944. Charles de Gaulle)

« Unité marocaine de la plus haute valeur guerrière, déjà citée à l'ordre de l'Armée en Tunisie et en Corse. Sous les ordres du Colonel Boyer de Latour, s'est signalée à l'île d'Elbe, en réussissant dans des conditions extrêmement difficiles, un débarquement sur une côte fortifiée et puissamment défendue. Malgré de lourdes pertes, a pris une part importante à la conquête de l'île, faisant plus de 600 prisonniers. S'est montrée, en France, à la hauteur de son brillant passé. Débarquée le 20 août 1944 sur une dizaine de plage différentes dans la région de Saint Tropez, et engagée dès le lendemain à 120 km de là, devant Aubagne, a enlevé la ville en moins de deux jours d'une lutte sévère et meurtrière. A poussé ensuite sans désemparer sur Marseille, forçant du 23 au 28 août les défenses des faubourgs de la cité qui lui étaient opposées, et conquérant successivement, par une série de manœuvres hardies et d'assauts allant jusqu'au corps à corps, Saint Marcel, Saint Loup, la chaîne de Saint Cyr, le Roucas Blanc, le parc Borély, Endoume, la Malmousque et le fort Saint Nicolas. En huit jours de combat a fait 4 009 prisonniers, dont un général, trois colonels et 104 officiers. »

— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 2e GTM après les combats pour la libération d' Aubagne et de Marseille en août 1944, (Décision n° 158, Paris, 1944. Charles de Gaulle)

Vosges 1944

« Magnifique groupe de tabors qui, après s'être couvert de gloire en Tunisie, en Corse, à l'Ile d'Elbe, à Marseille, s'est de nouveau distingué sous le commandement du Colonel Boyer de Latour au cours des durs combats livrés sur le front des Vosges par la 3e DIA du 5 au 20 octobre. Engagé du 5 au 17 octobre dans la forêt de Longegoutte et dans la vallée de la Moselle, afin de dégager des unités séparées de nos gros par une violente contre attaque, il se lance à l'assaut avec sa fougue habituelle. Dans de furieux corps à corps, il s'empare de la ligne des crêtes dominant au nord Ferdrupt. Simultanément, appuyé par un détachement blindé, il atteint les lisières de Ramonchamp. Engagé de nouveau dans la région de Saulxures, il a rejeté l'ennemi du Droit de Cornimont et, malgré des tirs violents et précis de l'artillerie et des mortiers ennemis, dévale les pentes de la Moselotte, franchit cette rivière en amont de Cornimont, nous assurant ainsi la base de départ indispensable à la conquête du Haut du Faing. Ayant perdu la moitié de ses officiers au cours des combats de Marseille et des Vosges, n'en a pas moins maintenu jusqu'au bout son ascendant sur l'ennemi, infligeant à celui-ci des pertes extrêmement sévères. La présente citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre avec palme. »

— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 2e GTM après les combats sur le front des Vosges lors de l'hiver 1944-1945, (Décision n° 278, Paris, janvier 1945. Charles de Gaulle)

« Sous le commandement du Colonel Massiet Du Biest, a eu une part déterminante dans les succès remportés sur le front des Vosges du 5 au 22 octobre 1944 par la 3e DIA. Ayant reçu la mission de déborder par le Nord les résistances opposées aux unités régulières dans la forêt de Longegoutte, il s'empare en de violents combats, le 8 octobre, du Col de Xiard, débouche sans désemparer dans la vallée de la Moselotte qu'il franchit à Thiéfosse, fait tomber ensuite par une manœuvre hardie, le Col de la Burotte et le Haut du Roc, permettant ainsi à nos éléments blindés de progresser dans la vallée vers La Bresse. Pendant 18 jours consécutifs, combattant sous la pluie, dans les bois un ennemi tenace, sans cesse renforcé, a infligé à celui-ci des pertes particulièrement sévères. Au prix de durs sacrifices et d'efforts exceptionnels, a soutenu magnifiquement la réputation des Goums marocains. »

— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 3e GTM après les combats sur le front des Vosges lors de l'hiver 1944-1945, (Décision n° 337, Paris, mars 1945)

Allemagne 1945

« Engagé à nouveau le 16 mars, a franchi la ligne Siegfried en tête de la 3e DIA et de la 1re armée française. Après avoir nettoyé la forêt de Haguenau infestée de mines, pousse au nord de la Lauter dans le Bienwald et reconnait du 21 au 23 mars, les ouvrages du Westwall malgré les très vives réactions de l'ennemi. Exploite hardiment le 23 mars, la chute d'un seul de ces ouvrages pour s'infiltrer à travers les organisations ennemies; prenant à revers les défenseurs, capture plusieurs centaines de prisonniers dont un commandant de régiment, et s'empare d'un matériel très important dont 24 pièces antichars.

A ainsi ajouté une nouvelle page au livre de gloire des Goums Marocains. »

— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 1er GTM après le franchissement de la Ligne Siegfried lors de la campagne d'Allemagne en 1945. (Décision n° 823, le 12 juin 1945, Charles de Gaulle)

Guerre d'Indochine

« Magnifique Tabor, qui [...] vient de donner de nouvelles preuves de sa valeur guerrière... »

— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 1er tabor lors de la Bataille de la RC 4 à Cao-Bang en 1950[19]

.

« Unité d'élite, qui dès son arrivée en Indochine [...] s'est montrée l'égale des formations les plus aguerries... »

— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 11e tabor lors de la Bataille de la RC 4 à Cao-Bang en 1950[20]

.

« Unité d'élite de supplétifs marocains, qui participe depuis son arrivée en Indochine, le 2 octobre 1948, aux opérations du Tonkin avec un courage et un allant remarquable... Le 10e Tabor continue en Extrême Orient les plus belles traditions des Goums marocains. »

— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 10e tabor après les combats de 1948-1949[21]

.

« Au cours des neuf mois ininterrompus dans le secteur de Lai-Chau (Haute région du Nord-Vietnam), le 5e Tabor marocain, sous les ordres du Chef de Bataillon Marquez, a fait preuve des qualités militaires les plus remarquables. Dans un terrain de montagne difficile, devant un adversaire nombreux, ardent et agressif, le 5e Tabor, presque toujours isolé et sans appui, a rempli ses missions avec un courage et une abnégation magnifiques, qu'il a dû payer d'un lourd tribut de pertes. Le sacrifice total du 10e Goum dans les combats retardateurs autour de N'Ghia-Lo, la défense victorieuse du Pou-Sam-Kap, puis le repli sur ordre du 7e Goum, isolé pendant sept jours au milieu de harcèlements et embuscades meurtrières, la solidité du 32e Goum sous les chocs de Nonc-Heo et de Giap-Doc, les interventions spontanées du 38e Goum, en particulier à Pa-Ha, Nong-Heo et Thu-Co-Phong, sont à inscrire au riche palmarès des Tabors Marocains. Par une action soutenue, sans désemparer pendant trois mois, le 5e Tabor a puissamment contribué à enrayer l'offensive rebelle de l'hiver 1952-1953 sur le front Nord-Est de Lai-Chau. Du 8 au 14 janvier 1953, s'opposant avec succès au franchissement de la Nam-Na, il a finalement et définitivement stoppé l'ultime poussée adverse à Ban-Cheng-Nuoi, à 10 km au nord de Lai-Chau. Pendant ces trois mois de dure activité, a perdu face à l'adversaire, le quart de son effectif et le tiers de ses officiers. »

— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 5e tabor après les combats de 1953 dans le Nord-Vietnam.

Appréciations des généraux alliés

« C'est pour moi un plaisir tout particulier de vous féliciter des succès remarquables remportés sous votre commandement car, en saluant les Goums, je salue la renaissance de la France. »

— Extrait de la lettre du général Clark, commandant la Ve Armée anglo-américaine en Italie, au général Guillaume, commandant les goumiers, juin 1944[22].

Hommages

Voies portant le nom des goums ou des tabors

Chant

Refrain du chant de marche des goums :

Regardez les goums qui passent
L'œil brûlant comme des loups.
Quoi qu'on dise, ou quoi qu'on fasse
Il faut bien compter sur nous.
Hannibal et sa légende
Ne sont plus qu'un bruit très lointain.
Nous avons promené nos bandes
De l'Atlas par-delà le Rhin
Dans le rang des GTM.
À l'appel du grand Auroch*,
Retentit « Zidou l'goudem! »
Pour la France ! Pour le Maroc !

(*) Auroch est le nom de guerre du général Augustin Guillaume

Chefs de corps

  • Juin 1943 - août 1944 : général Augustin Guillaume, adjoint colonel Hogard
  • Septembre 1944 - 1945 : colonel Émile-Louis Hogard[23]

Faits d'armes faisant particulièrement honneur au régiment

Personnalités ayant servi au sein du régiment

Notes et références

  1. a et b Général Guillaume, Un homme en guerre, France-Empire, 1977, p.185
  2. Les 6 goums de la Chaouïa sont localisées à Sidi Boubeker, Ouled Saïd, Settat, Kasbah ben Ahmed, Boucheron et Camp Boulhaut
  3. In La longue route des tabors, page 10
  4. In La longue route des tabors, page 301
  5. Les Africains, Historama, hors-série n° 10, 1970, p.150
  6. Paul Gaujac, Le corps expéditionnaire français en Italie, Histoire et collections, 2003, p.33
  7. Anthony Clayton, Histoire de l'Armée française en Afrique 1830-1962, Albin Michel, 1994, p.369
  8. « To help them I gave them the French Moroccan Goumiers, who were experienced mountain troops and great fighters »,Harold Alexander, The Alexander Memoirs, 1940-1945, Londres, Cassell, 1962, pp. 37-38
  9. Anthony Clayton, Histoire de l'Armée française en Afrique 1830-1962, Albin Michel, 1994, p.366
  10. Georges Spillmann, Souvenirs d'un colonialiste, Presses de la cité, 1968, p.171
  11. « Most military analysts consider the Goumiers' maneuver as the critical victory that finally opened the way to Rome » — Edward Bimberg, The Moroccan Goums: Tribal Warriors in a Modern War, Greenwood Press, 1999 (ISBN 0-3133-0913-2)
  12. cité par Augustin Guillaume, Homme de guerre, éd. France-Empire, 1977, p. 148
  13. a, b et c Anthony Clayton, Histoire de l'Armée française en Afrique 1830-1962, Albin Michel, 1994, p.367
  14. In La longue route des tabors, page 377
  15. GCAT : goum de commandement et d'appui
  16. Décision n°12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007 relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, bulletin officiel des armées, n°27, 9 novembre 2007.
  17. a et b Les fouragères
  18. Collectivité décorées de la Légion d’honneur, Goums marocains - Ordre de la Légion d’honneur, France-Phaleristique.com
  19. Cao-Bang: la tragique épopée de la colonne Le Page, Nouvelles Editions Latines, 1981, page 211
  20. Cao-Bang: la tragique épopée de la colonne Le Page, Nouvelles Editions Latines, 1981, page 214
  21. Cao-Bang: la tragique épopée de la colonne Le Page, Nouvelles Editions Latines, 1981, page 216
  22. Général Guillaume, Homme de guerre, France-Empire, 1977, p. 136
  23. Père du général Hogard

Sources, bibliographie et filmographie

Livres
  • Jacques Augarde, La longue route des tabors, éditions France Empire, 1983 (ISBN 2-7048-0325-0)
  • Edward L. Bimberg, The Moroccan Goums, Tribal warriors in modern wars, Greenwood press, 1999
  • Nelcya Delanoë, Poussières d'empire, PUF, Paris, 2002 (histoire des Marocains d'Indochine ralliés au Viet minh)
  • Général Guillaume, Un homme en guerre, France-Empire, 1977
  • Joseph Peyré, La Légende du goumier Saïd, Flammarion, Paris, 1950
  • Jean-Pierre Riera, Christophe Touron, Abdenasser Bouras, Véronique Mazaz et Emmanuel de Tournemire, Ana ! Frères d'armes marocains dans les deux guerres mondiales, Lycée Lyautey et Senso Unisco Éditions, 2006 (hommage aux 130 000 soldats marocains ayant combattu aux côtés des troupes françaises pendant les deux guerres mondiales)
  • Jean Saulnay, Histoire des Goums marocains (tome 1), Le Maroc, pacification et unification du Pays (1908-1934), Paris, La Koumia - Public-Réalisations, 1985
  • Yves Salkin et Jacques Morineau, Histoire des Goums marocains (tome 2), La Seconde Guerre mondiale et l’après-guerre (1934-1956), Paris, La Koumia - Public-Réalisations, 1987.
  • Bahija Simou, Frédéric Garan, Thierry Dubois et Dominique Berbain, Frères d'armes, mémoire marocaine d'une histoire partagée, Paris [CEHD], 1999
  • Daniel Sornat, Les goumiers marocains dans la bataille (1948-1951) - Tonkin Et Rc4, L'Esprit du Livre Editions, 2010
Films

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Articles sur les goumiers
Photographies
Documentaires
  • Le dernier combat, film de Jean-Claude Cheyssial (France/Maroc, 52 min, 2005) et co-produit par Grand Angle, France 3 et 2M. Portrait de Mohammed Mechti, ancien goumier marocain.
  • Oulad l'Viêt Nam, film de Yann Barte (Maroc, 12 min 14 s, 2005) et co-produit par Ali'N Prod et Fondation ONA sur les goumiers marocains de l'armée française en Indochine ralliés au Viet minh.

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