Histoire des mines d'or

Histoire des mines d'or

Les mines d'or ont longtemps mobilisé des millions d'orpailleurs, ces chercheurs d'or attirés par la moindre rumeur, générant d'innombrables conflits et colonisations de territoires, ou même de continents entiers. Une partie seulement des gisements permettaient une exploitation durable, sous forme de mines plus ou moins profondes, perpétuant la rareté extrême de l'or jusqu'aux années 1890. Le commerce mondial ayant longtemps reposé sur des monnaies basées sur la riche mais tumultueuse histoire des mines d'argent, la généralisation du billet de banque sera un prétexte pour passer progressivement à l'étalon-or, entraînant une colonisation encore plus massive au cours du XIXe siècle.

Sommaire

L’or des Gaulois, convoitise des romains

Disque celte découvert à Auvers-sur-Oise, quatrième siècle avant notre ère.

Les plus récentes recherches prouvent que les gaulois étaient des prospecteurs et des mineurs exceptionnels. De lourds chariots chargés d'or précèdent Vercingétorix, au triomphe de César à Rome, en 46 av. J.-C. Les Gaulois traquaient déjà l'or depuis plusieurs siècles dans les rivières, sur les flancs des montagnes, et ils en faisaient de somptueux bijoux pour eux et pour leurs dieux.

L'or des Celtes hante les esprits depuis l'Antiquité. Les auteurs grecs et romains mentionnent avec une stupeur mêlée d'envie la richesse en or de la Gaule, les trésors accumulés dans les sanctuaires. César est même accusé d'avoir détruit les villes gauloises dans le seul but de s'en emparer. Le chef arverne Luérius jette de son char des pièces d'or et d'argent à ses compatriotes, les Gaulois allant au combat vêtus de leurs seuls bracelets et de leur fameux torque (collier) en or.

La récente prospection menée aux alentours de Cambo-les-Bains, au Pays basque, a permis d'identifier près d'une cinquantaine de sites exploités selon une technique basée sur la force hydraulique : les torrents étaient détournés et retenus dans des bassins au sommet des montagnes aurifères. L'eau lâchée sur les pentes se chargeait d'alluvions aurifères, torrents de boue canalisés vers la vallée. Les particules d'or étaient piégées dans les bruyères tapissant le fond des canaux. Il suffisait de les brûler pour récupérer l'or dans les cendres.

Dans la région de Cambo-les-Bains, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a constaté la présence d'or natif en paillettes dans le sol et de ruisseaux aurifères. D’autres régions, Ardennes, Pays de la Loire, Auvergne, Limousin, Aquitaine et Pyrénées renferment également de l'or alluvionnaire ou pris dans les roches.

En Limousin, quelque 230 mines d'or antiques ont déjà été inventoriées par la prospection aérienne, la photo-interprétation (étude de la couverture photographique aérienne au 1/10000, réalisée par l'Institut géographique national), les recherches dans les archives (études des ingénieurs miniers du siècle dernier et du début du XXe siècle siècle, mentions de trouvailles) et l’étude des noms de lieux du cadastre du XIXe siècle[1].

L’or des Germains, réservé à l’orfèvrerie, puis déclassé par l’argent

L’ensemble de bijoux d'époque gallo-romaine, exhumé du Rhin entre 1967 et 1997 près de Karlsruhe, constitué de vaisselle et de parure gallo-romaine et daté de 260 après J.-C, offre un témoin précieux de la situation dans le Nord-Est de l'Empire romain, qui subit alors l'intensification des raids menés par les Germains, essentiellement des Francs et Alamans à cette époque.

Les « barbares » se contentent alors de brefs raids, sans s'établir ni acquérir des terres, pour mettre la main sur des richesses facilement transportables comme les métaux précieux. L’écrivain allemand Gustave Freytag consacra à l’or des germains un livre qui décrit leur conception des métaux précieux :

« Les Germains étaient un peuple dépourvu d'argent, à l'époque où ils étaient venus déferler contre les frontières de l'Empire romain. La monnaie d'argent des Romains était déjà mauvaise depuis le troisième siècle : ce n'était plus qu'une monnaie de cuivre recouverte d'une couche d'argent, d'une valeur d'échange très incertaine. Aussi l'or fut-il le premier objet de convoitise des Germains. Ce ne fut comme monnaie qu'ils recherchaient l'or, mais comme parure guerrière ou sous la forme de vaisselle précieuse. »[2].

Convoité, comme chez tous les autres peuples, l’or était cependant pour les germains de peu de valeur si on le compare à l’ambre, qu’ils sacralisaient.

Le Moyen Âge, du règne de l'argent-métal au retour des monnaies en or

Sous le règnes de Charlemagne (768-814), les Francs annexent la Bavière en 788-794 et la Basse-Saxe en 804 après une longue guerre contre les Saxons. Le royaume des Francs couvrait alors la majeure partie de la France et de l'Allemagne. À la mort de Charlemagne en 814, ils décidèrent de privilégier l’argent pour battre monnaie, condamnant la production d’or. Ce monométalisme dura quatre siècles, jusqu’à la frappe après 1250 du Louis d'or de France, du ducat de Venise et du florin de Florence[3].

Ducat vénitien, début du XIVe siècle

Les mineurs allemands furent très tôt des spécialistes des techniques minières[3], qui leur ont permis de creuser de nombreuses mines d’argent dans toute l’Europe centrale, s’assurant des flux de métal régulier alors que l’or était beaucoup plus difficile à trouver. Ces mineurs spécialisés étaient de perpétuels migrants, prêts à quitter des districts en voie d'épuisement pour la contrée parfois lointaine où les appelle la rumeur d'un nouvel essor.

L'abondance de l'or dans les trésors royaux à l'époque de Grégoire de Tours explique que l’on poursuive le monnayage d'un métal qui ne circulait plus dans la société. Les rois ne pouvaient déjà plus lever de taxes en or[4]. Kremnitz, en Slovaquie, fut quasiment la seule source d'or entre 1320 et 1350, à côté de l'or du Soudan qui atteignait la Méditerranée.

Trois grandes cités marchandes d'Italie décident au XIIIe siècle de jouer la carte de l'or, en créant chacune une pièce fabriquée dans ce métal, plus difficile à rogner. Le florin, principale monnaie du Moyen Âge et la première en or, est créé en 1252 par la corporation des changeurs et banquiers (Arte del Cambio) de Florence, devenue l'une des cinq corporations majeures en 1250, tandis que Gênes créé la même année le genovini d'or[5]. Saint Louis créé en 1264 le gros tournois d'argent et l'écu, appelé aussi Louis d'or, interdisant par la même occasion au féodaux de battre monnaie. Venise créé en 1284 le ducat d'or. Le florin d'or s'apprécie par rapport au florin d'argent. Le premier sert à l'investissement, le second au commerce[6].

Le florin a en particulier permis aux drapiers de Florence de capter à leur profit la laine anglaise dans les années 1270. Sa pureté l'impose, car sa fabrication est dirigée par deux signori della zecca élus tous les six mois par les capitudini des arts, appartenant l'un à la corporation des changeurs l'autre à celle des lainiers, auxquels on adjoignait deux essayeurs de l'or et l'argent[6]. Le succès du florin d'or relance la prospection des mines d'or, en particulier en Slovaquie.

La ville serbe de Novo Brdo produit en 1450 un argent à forte proportion d'or

La ville serbe de Novo Brdo est citée par Raguse pour ses minerais mixtes, associant l'or et l'argent, très recherchées à partir des années 1300, lorsque la demande d'or a commencé à augmenter[7]. Les mines de la région de Kopaonik, de Novo Brdo, apparaissent au XIVe siècle, suivies, au nord de la Serbie, par celles de Zeleznik. En Bosnie, les archives mentionnent en 1349 le nom de la mine d'Ostruvznica[8]. La grande peste qui a touché la population européenne entre 1347 et 1351, tuant entre 30 et 50 % des habitants du continent, pénalise ces nouvelles mines. L'impact de la maladie ne s'atténuant que progressivement, la production d'or baisse fortement. En 1450, la ville de Novo Brdo, construite sur le cône d'un ancien volcan, n’a plus vraiment de rivaux. Elle produisit cette année-là 6 tonnes par an d'un argent, contenant une forte proportion d'or.

Le Soudan, plaque tournante du marché mondial

Au Moyen Âge européen, les Arabes chantaient la richesse en or du Soudan. Celle-ci arrivait par Le Caire, alors un très grand centre fournissant par les ports italiens toutes sortes de marchandises à l'Occident. Au XIIIe siècle les États européens en pleine croissance économique avaient un besoin pressant en métaux précieux, surtout l'or. C'est probablement la cité italienne de Gênes qui capta la plus grande partie de l'or africain venant du Soudan[9]. Cet or servit de palliatif aux déficits temporaires ou prolongé des mines d'or d'Europe de l'Est, en particulier au cours du XVe siècle, ainsi que de régulateur lorsque les différentiels de production entre l'or et l'argent menaçaient de créer une instabilité monétaire en Europe[9].

L'or du Soudan provient de territoires très larges, qui vont jusqu'au Mali et au Ghana actuels. La production aurait représenté, sur longue période, un total de 3,5 tonnes par an[10], selon le professeur d'histoire africaine Raymond Mauny[11].

Dès 728, les Arabes fondèrent la ville de Sijilmassa, qui devint un centre important de commerce de l'or soudanais avec le nord. En 734, Abou Oubaid al-Fakhri ramène du Soudan un butin en or. Des écrivains arabes des Xe, XIe et XIIe siècles, Ibn Haouqal, Al-Bekri et Al-Idrisi, fournissent des précisions sur les acheteurs de l'or soudanais.

L'or du Soudan a incité les Portugais à conquérir et à conserver le port de Ceuta, point d'arrivée du commerce de l'or transsaharien. Sur les régions de l'Afrique noire d'où provenait le précieux métal, ils recueillirent de précieuses informations[12]. La tentation fut forte d'établir un contact maritime pour dévier le commerce qui se faisait par les caravanes du Soudan occidental et par l'intermédiaire des musulmans de Berbérie. Après des décennies de reconnaissance de la côte occidentale de l'Afrique, le voyage de Vasco de Gama, en 1498-1499, finit par consacrer son contournement par le cap de Bonne-Espérance[13].

Les mines du Roi Salomon, en remontant le Zambèze par Sofala

En Afrique orientale, un intérêt supplémentaire a valorisé la "Contra costa" auprès des arabes puis des portugais : la présence d'orpaillages à l'intérieur du vaste état du Monomotapa. L'or de l'empire inspira aux Européens la croyance que le Monomotapa était le site des légendaires mines du Roi Salomon, mentionnées dans la Bible[14]. Selon la Bible, le Mont Ophir, dans le pays d'Ophir, était le plus abondant en or de tous, proche à la fois des Indes et de la Mer Rouge. Il a inspiré le roman Les Mines du roi Salomon de l'écrivain britannique Sir Henry Rider Haggard paru en 1885 et celui de Roger Frison-Roche, La Piste oubliée.

Le complexe de la colline du Grand Zimbabwe.

Les ruines du Grand Zimbabwe, ancienne cité d'Afrique méridionale située à une quinzaine de kilomètres au sud de l'actuelle Masvingo, étaient le centre de l'Empire Monomotapa (ou Munhumutapa), qui couvrait les territoires des actuels Zimbabwe (qui prit son nom de la ville), et du Mozambique.

L'exportation du métal jaune se faisait par le port de Sofala, situé à 35 km au sud de Beira, dans l'actuelle province de Sofala, au sud des deltas du Zambèze. Longtemps dominée par la ville de Kilwa, située bien au nord, sur Kilwa Kisiwani (du Swahili : Kisiwa, l’île) l'une des trois îles de l’archipel de Kilwa, dans le district de Kilwa en Tanzanie, la petite agglomération devint le point de mire des colonisations arabes puis portugaises, qui s'y livrèrent une âpre concurrence.

L'historien portugais Vitorino Magalhaes Godinho fait remonter au XIIIe siècle les origines de l'expansion hispano-portugaise et consacre les chapitres XI et XII de son livre L'Économie de l'empire portugais aux XVe et XVIe siècles aux routes caravanières des différents royaumes noirs (Ghana, Galam, Tirakka puis Tombouctou) et au système de la « troca muda » (« troque muette »), à distance, entre musulmans porteurs de sel et Noirs producteurs d'or.

Les nombreux autres centres portugais en Afrique Noire (Arguim, Côte de Guinée, Côte de la Mine) prirent le relais des arabes comme débouché pour la plupart des productions africaines : or, ivoire, poivre malaguete, esclaves. Leur régime commercial oscillait constamment entre le commerce privé, sous réserve de l'autorisation du Roi ou d'un concessionnaire, et le monopole. Le plus énorme monopole connu, celui du commerce de toute la Guinée (excepté Arguim et la zone frontière du Cap Vert) fut concédé en 1469, pour cinq ans, à un bourgeois de Lisbonne, contre 200 000 réaux par an et l'exploration annuelle de 100 lieues de côtes.

La manière forte fut utilisée en 1505 et en 1513 tout était en ordre. L'or n'arrivait cependant à la côte que contre des marchandises, les grains de Mélinde et les cotonnades de l'Inde[15]. Ensuite, les marchands arabes reprennent le contrôle à Kilwa et Zanzibar, mais en 1561, un missionnaire portugais convainquit le roi de se faire baptiser, ce qui inquiéta les arabes présents à sa cour, soucieux de conserver leur influence. Ils parvinrent à leur tour à convaincre le roi, qui fit exécuter le missionnaire. Une expédition punitive d'un millier de soldats portugais quitta alors Lisbonne en 1569, mais elle fut décimée par la malaria en remontant le Zambèze pour annexer les mines d'or[16].

En 1607, les portugais obtiennent la concession de l'ensemble des mines d'or du royaume du Monomotapa, en échange de leur soutien militaire contre les vassaux du roi[17]. Malgré l'organisation coloniale constituée autour de la Casa da Guiné, les portugais ne retrouveront pas, cependant, les quantités d'or que les arabes avaient réussi à faire remonter par le biais du commerce[18] et qui furent évaluées à 5,5 à 8,5 tonnes d'or[19].

Les Almoravides contrôlent les flux à travers le Sahara

Les Almoravides sont issus des tribus berbères Sanhadjas qui nomadisaient dans le désert entre l'actuel Sénégal et le Sud de l'actuel Maroc en passant par l'actuelle Mauritanie. C'étaient des tribus guerrières doublées d'un puissant mouvement religieux qui avait pour but d'instaurer l'islam sunnite de rite malékite dans tout l'Occident musulman (Al-Andalus et Afrique du Nord).

Tombouctou sur le fleuve Niger

Les Almoravides se sont emparés du riche royaume du Ghana avec tout l'or qu'il produisait, sont parvenus à remonter les pistes caravanières vers le nord, jusqu'au Tafilalt dans les années 1050. Ils avaient pour chef Abu Bakr Ibn Omar al Lamtouni puis Youssef Ibn Tachfin. Dans le domaine économique, l'État almoravide se distingue par sa maîtrise des flux de l'or, dont il contrôle les zones de production et les voies d'acheminement, du Ghana au bassin méditerranéen. Ensuite au XVIe siècle, les voies maritimes ont surclassé les routes anciennes du Sahara[20].

La carte tirée des travaux de l'historien portugais Vitorino Magalhaes Godinho, reprise par Fernand Braudel, trace les parcours des caravanes de chameaux, au départ de Tombouctou, Gao et Ouadane, ainsi qu'une ville du nom de Ghana, à 60 kilomètres à l'ouest de Tombouctou. Une très forte concentration de mines d'or est localisée à l'ouest des villes de Mali et Niani, ainsi que dans la Haute-Volta et le nord de l'actuelle Côte d'Ivoire, selon les travaux de Vitorino Magalhaes Godinho[21].

La Côte de l'Or (le Ghana actuel) développa une "civilisation de l'or" qui déborda sur la Côte d'Ivoire actuelle à la faveur des migrations de diverses factions du royaume ashanti. L'or y servait à certaines transactions commerciales, mais il fut aussi au service de l'idéologie des pouvoirs en place. Seules les familles nobles pouvaient le posséder et le faire travailler par des fondeurs. Leur puissance était exprimée visuellement sur leur vêtements par les poids Akan à peser la poudre d'or[22].

La Guinea Company anglaise, à Komenda et Kormantin, sur côte de l'or, des pépites aux esclaves

La Guinea Company est une compagnie commerciale anglaise, fondée en 1618 pour le commerce sur les côtes d'Afrique. Dirigée à partir de 1625 par Nicholas Crisp, elle construit des forts sur la Gold Coast à Komenda et Kormantin, en contrôlant une quinzaine de bateaux[23]. Le bénéfice tiré des importations d'or à Londres, pour son compte, se serait élevé à 500 000 sterling dans les 11 à 12 ans qui ont suivi l'année 1632.

En 1631, face aux critiques, une nouvelle charte est signée par Charles Ier pour former la Company of Merchants Trading to Guinea, pour 31 ans, du cap Blanc au cap de Bonne-Espérance, mais qui reprend en fait les mêmes actionnaires. Aux colonies anglaises, l'histoire de la Barbade est alors marquée par le décret de 1636 sur l'esclavage à vie, autorisant la traite négrière. En 1640, le parlement britannique, contrôlé par les puritains, qui reprochent au roi l'enrichissement de ses proches et les plantations en Irlande, accuse la Guinea Company de participer à la traite négrière. IL lui ordonne de céder son monopole. Mais la guerre civile anglaise commence la même année, offrant un sursis à la compagnie.

La découverte en 1999, sur un site ayant appartenu à Nicholas Crisp, des vestiges d'une manufacture d'objets en verre probablement destinés à l'Afrique a renforcé la probabilité que la compagnie ait participé à la traite négrière[24]. Ces objets sont les mêmes que ceux retrouvés en Amérique et au Ghana, sur la Côte-de-l'Or, et aucun autre objet équivalent n'a auparavant été trouvé en Angleterre[25].

Le rôle symbolique du métal précieux sur la côte de l’or du Guana

Au IXe siècle, l'historien et géographe arabe Al-Yaqubi désigne le Ghana comme l'un des trois États les plus organisés d'Afrique, avec Gao et le royaume du Kanem-Bornou. Il commente la richesse en or, l'opulence de la cour et l'habileté des guerriers. Le commerce de l'or y attire de nombreux marchands d'Afrique du Nord. Le contrôle sur les mines déterminera les relations avec l'Afrique du Nord et la Méditerranée pendant des siècles. Au XIe siècle, les souverains ghanéens étendent leur empire jusqu’à l’Atlantique et prennent aux Berbères la ville d'Aoudaghost, aux confins du Sahara, selon le témoignage d'El Békir. La capitale du Ghana, Koumbi-Saleh est édifiée près des centres aurifères du Bambouk et du Bouré. Au milieu du XIVe siècle, 70% de l'or acheminé en Occident provient de ce qui est devenu l’Empire du Mali[26] : le pèlerinage en Égypte de l’empereur Kankan Moussa a frappé les contemporains par la profusion d’or distribuée[27].

Le commerce encouragea l'apparition d'États Akans sur la route menant aux mines du sud, à travers la forêt, peu peuplée jusqu'à la fin du XVe siècle, lorsque quelques groupes Akan s'y installèrent avec des plants de sorgho, de banane et de manioc. Au début du XVIe siècle, des sources européennes mentionnent l'existence d'États riches en or dans la vallée de l'Ofin. Les peuples des Akwamu vivaient vers les mines d'or de Birin[28]. À la même époque, les Mandingue, des cavaliers venant du Mali, qui avaient fondé les États Haoussas dans le nord de l'actuel Nigéria et près du lac Tchad, émigrèrent vers le sud-ouest et s'imposèrent aux peuples indigènes du nord du Ghana et du Burkina Faso. Ils y fondèrent les états de Dagomba et de Mamprusi, et influencèrent le développement du royaume Gonja. Les Mossi et les Gonja adoptèrent la langue des peuples envahis, mais conservèrent leurs traditions.

Le premier État Akan date du début du XVe siècle, sur le territoire du futur royaume ashanti. Les Dioula, commerçants de race mandingues venaient y acheter l’or. Les autres mandingues s’inquiétèrent quand la quantité d’or que le royaume de Bono fournissait aux Dioula diminua. La raison était l'arrivée de nouveaux acquéreurs sur la côte[29], les Portugais, en 1471. À leur arrivée, ils rencontrent différents royaumes africains dont certains contrôlant d'importants gisements d'or. En 1482, les Portugais construisent le château d'Elmina, « la mine » en portugais, premier établissement européen sur la Côte-de-l'Or.

Ce n'est que plus tard, au XVIIe siècle, qu'apparaitront sur la côte le royaume Denkyira et au nord, le royaume Ashanti et son premier souverain Obiri Yebora, dont le successeur Osei Tutu remporta une série de victoires contre les États voisins, grâce aux armes à feu fournies par les Européens. C’est lui qui reçut du ciel, par l’intermédiaire d’un devin célèbre, Okomfo Anokaye, le trône d’or, symbole de la puissance des rois ashanti, sur lequel était répandu le sang des prisonniers capturés au combat et sacrifiés[29].

Les mines à ciel ouvert découvertes par Christophe Colomb dans la vallée de Cibao

Arrivé dans le Nouveau Monde, Christophe Colomb découvre des indiens en possession d'or. Lors de son deuxième voyage, en 1493, il explore Hispaniola et observe le lavage d'or dans les rivières. La seule carte connue du découvreur signale la mine d'or de Cibao à l'intérieur des terres[30].

Alonso de Qieda a découvert ce gisement d’or en 1494, dans la vallée du Cibao, au cœur de la chaîne de montagnes qui coupe l'île en deux. A proximité du plus grand lac artificiel des Caraïbes, l'énorme gisement de roches volcaniques contient du cuivre, du zinc, de l'argent et de l'or. La Isabela, première colonie fondée par Colomb au Nouveau monde, est aujourd’hui en ruines et difficile d’accès. La deuxième est Santiago de los Caballeros, au sud de Puerto Plata. Les premiers colons étaient trente, d’où le nom de la cité[31]. C'est la plus ancienne ville du continent américain. Un an plus tard, Pablo Belvis arrive d'Espagne avec une grande quantité de mercure pour l'amalgamation. Les premières pépites sont offertes au Pape et consacrées à la dorure d'un dôme de cathédrale en Espagne. Unecathédrale de l'Immaculada Concepcion de La Vega, sera construite à proximité de Cibao vers 1512.

Entretemps, en 1494, Colomb ordonne de construire une forteresse, dans la vallée du Cibao au sud de Puerto Plata, pour protéger les mines d'or. En 1495, la bataille de la vallée de La Vega Real a pour enjeu le contrôle de la vallée. L'armée espagnole envoyée par Christophe Colomb affronta 5.000 Taïnos sous les ordres du cacique Gatiguana. Selon la légende, la nuit précédant la bataille, la Vierge de Las Mercedes est apparue aux Espagnols, leur garantissant la victoire. C'est aujourd'hui la patronne de la République dominicaine.

La vallée est parsemée de nombreuses villes fortifiées, dont Cotui, qui s’appelait à l’époque Las Minas, pour protéger de grandes mines d'or et d'argent, à ciel ouvert, dont Hatillo pueblo viejo, longtemps considérée comme la plus grande du monde[32]. Cotui a été fondée en 1505, par Rodrigo Mejía de Trujillo, sous l'ordre du gouverneur espagnol Nicolás de Ovando[33].

L'or du Darién et du Choco, nouvelle promesse envolée

Les espagnols ne sont jamais arrivés à tenir les promesses des mines de Cibao ni même de "l'or des incas", même s'ils quadrillent toute l'Amérique du Sud à sa recherche. L'importation d'or en provenance des Amériques est d'environ 1,6 tonne par an sur la décennie 1493 à 1502, mais elle chute de 70% dès la décennie suivante. Une fois les mines d'or taries, la plupart des espagnols partirent pour Cuba ou le Darién, en 1510, puis le Mexique en 1519.

L'expédition de Balboa vers le Pacifique 1513 (aller en rouge, retour en bleu).

Dénoncé en 1502 par Francisco de Bobadilla, qui a aussi accusé Colomb de trafic d'or avec les Amérindiens, Rodrigo de Bastidas est déclaré innocent et Madrid lui octroie une rente annuelle sur la production du Golfe d'Uraba, qu'il a découvert en 1501, en Colombie.

En 1508 Alonso de Ojeda et Diego de Nicueza sollicitèrent à Madrid l’autorisation de conquérir la « Tierra Firme »,divisée en deux parties : la Nouvelle-Andalousie – l’actuelle Colombie – , à l'est du rio Atrato et la Castille d'Or, ou Veraguas, à l'ouest, côté Panama. Alonso de Ojeda et son lieutenant François Pizarre fondent San Sebastian d'Uraba en 1510, avec cinq caravelles et 500 cents hommes, mais se heurtent aux indiens: seulement 42 d'entre eux survivent et Alonso de Ojeda meurt. L'arrivée de Vasco Núñez de Balboa, plus diplomate, permet de fonder en 1510 Santa Maria la Antigua del Darién, plus à l'est du Golfe d'Uraba, puis de découvrir en 1513 l'océan Pacifique, en descendant le Rio Chuchunaque, grâce aux indiens.

Vasco Núñez de Balboa ayant usurpé les charges de Diego de Nicueza, Madrid nomme en 1514 Pedro Arias Dávila, l'époux d'une amie intime de la Reine, gouverneur de Castille d'Or, où il arrive avec 19 navires et 1500 hommes pour fonder la ville d'Acla à 100 kilomètres au nord de Santa Maria la Antigua del Darién, dont il s'empare aussi, son lieutenant Tello de Gusman découvrant en 1514, le site du futur Panama, en face de Nombre de Dios[34], fondé en 1510 par Diego de Nicueza, qui s'y est réfugié. Son autre lieutenant Gonzalo de Badajos subit cependant une défaite face à un millier d'indiens réunis par le cacique Parié[35].

Vasco Núñez de Balboa s'était fait offrir de grandes quantités d'or par les indiens Kunas, mais il est parti sur la côte Pacifique, dans l'intention de gagner le Pérou. Pedro Arias Dávila le rattrape en 1519 pour le faire décapiter. L'or du Darién se révèle difficile à localiser et extraire, le long du Río Atrato, confondu avec le Rio Choco, source de l'or, plus au sud, vers Antioquia, en direction de Medellin. Les indiens se révoltent, s'enfuient, sont victimes d'atrocités dont est témoin Bartolomé de las Casas. En 1517, Charles Quint autorise l’importation de 15.000 esclaves noirs, pour la production d'or. Ils seront beaucoup moins nombreux. La plupart fuient dans la jungle. La production espagnole remonte à une tonne d'or, sur la décennie 1511-1520[36], mais chute à nouveau ensuite.

Les indiens Kunas harcèlent la colonie, rapidement abandonnée vers 1524 pour Panama, fondée 200 kilomètres au nord, en 1519, par Pedro Arias Dávila. La région du Golfe d'Uraba, Acla comprise, est désertée par les espagnols, qui craignent les révoltes des Indiens des Sambres et celle des noirs marrons du grand palenque de San Basilio, à 60 kilomètres de Carthagène des Indes. Plus à l'est, les espagnols ont aussi des problèmes pour localiser et extraire l'or, sous les attaques des indiens: en 1531 Charles Quint doit concèder le Venezuela au banquier Bartholomé Welser, avec l'obligation d'introduire "50 maîtres mineurs" allemands. En 1535, ils sont déjà tous repartis et Caracas ne sera fondée qu'en 1567 par Diego de Losada, avec l'aide cette fois de flamands, face à une forte résistance indigène.

Entre temps, vers 1520, Pedro Arias Dávila a chargé Diego de Albitez de reconstruire, Nombre de Dios[34], fondée en 1510 en face de Panama, où arrivent une partie des esclaves noirs mais sans trouver beaucoup d'or non plus, la plupart fuyant également dans la jungle, où leurs descendants aideront en 1575 les corsaires Francis Drake et Guillaume Le Testu.

Après la famine monétaire des années 1680 à 1720, le match entre l’or et l’argent

La production d'argent du Potosi, dans la Cordillère des Andes avait atteint 7 à 8 millions de pesos par an à la fin du XVIe siècle. Son volume exceptionnel a découragé les autres sources minières, en particulier l'or, que les Espagnols ne parviennent pas à extraire en quantités suffisantes, contrairement aux espoirs suscités par la découverte de "l'or des incas". La production d'argent du Potosi ne décline que progressivement à partir de 1605, puis se maintient entre 1650 et 1680, avant de décliner franchement à partir de 1680, les expéditions pirates désorganisant le circuit monétaire de l'argent espagnol: plus que deux millions de pesos par an traversent l'océan jusqu'en 1730.

Sir Henry Morgan

Le pillage des galions espagnols est la cause de cette "famine monétaire", qui se concrétise à partir de 1680. Les anglais ont pris la Jamaïque aux espagnols. Corsaires et pirates s'y donnent rendez-vous, dirigés par Henry Morgan, qui attaque Cuba en 1668, Maracaibo en 1669 et Panama en 1671. Dans les années 1680, ce sont des pirates français du Rendez-vous de l'île d'Or qui s'attaquent cette fois à la côte Pacifique, via le Rio Chuchunaque, puis participent à l'Expédition de Carthagène en 1697, tandis que les corsaires malouins passent le Cap Horn à partir de 1700 pour piller les côtes chiliennes et péruviennes. Le site minier aurifère de Santa Cruz de Cana est également convoité par les pirates du Panama.

Depuis 1645, l'argent avait cependant globalement pris le dessus sur l'or, grâce aux mines du Potosi: le poids de l'argent extrait chaque année dépassait celui de l'or dans la proportion de 60 à 1. L'effondrement de la masse monétaire à la fin du XVIIe siècle s'explique par cette baisse de la production du Potosi bolivien, qui fournissait alors la plus grande partie de l'argent utilisé dans le monde, en particulier pour le commerce hollandais à travers l'Asie.

"Les marchands européens, pour poursuivre leur profitable commerce d'Asie, sont eux-mêmes à la merci des arrivées à Cadix de l'argent américain, toujours irrégulières, parfois insuffisantes. L'obligation de trouver à tout prix les espèces nécessaires au commerce asiatique ne peut être ressentie que comme une servitude. De 1680 à 1720 en particulier, le métal se fait relativement rare, son prix sur le marché dépasse le prix offert par les hôtels de monnaies. Le résultat, c'est une dévaluation, de fait, des monnaies décisives, le florin et le sterling, et une dégradation pour la hollande ou l'Angleterre des terms of trade avec l'Asie", selon l'historien Fernand Braudel[37].

C'est l'époque où la Compagnie néerlandaise des Indes orientales décline, tandis que l'important effort naval et commercial produit par la Révolution financière britannique ne parvient pas à prendre le relais en Asie. L'histoire des indiennes de coton en Europe, qui prend son essor grâce à la Suisse à la même époque, en copiant les produits indiens par des techniques d'impression locales, est le résultat du frein au commerce asiatique causé par cette famine monétaire, qui prendra fin à partir des années 1720 lorsque le Minas Gerais brésilien produit 9 tonne d'or par an en moyenne, soit 3 fois plus que lors des vingt années précédentes, grâce aux machines de Thomas Newcomen.

Le Minas Gerais brésilien produit 15 tonnes par an vers 1740 et 80% de l'or mondial jusqu'en 1820

Les espagnols n'ont ramené d'Amérique que 330 tonnes d'or pour l'ensemble du XVIe siècle, et environ 97% de leurs importations de métaux précieux étant considérées comme de l'argent. Ce sont en réalité les Portugais qui ont extrait l'essentiel de l'or au sud du Rio Grande[38]. Entre 1700 et 1820, plus de 1200 tonnes du précieux métal ont été extraites des mines du Minas Gerais brésilien, c'est-à-dire 80% de la production d'or mondiale pendant cette période.

Malgré une découverte dès 1693, les violents conflits qui suivent obligent à attendre les années 1720 pour atteindre 9 tonne d'or par an. La courbe de la production au Minas Geraisi montre que jusque là, la production se limite à 2 ou 3 tonnes d'or par an[36] elle bondit vers 1721 pour atteindre environ 9 tonnes par an[36] puis culmine à une moyenne de 14,5 tonnes d'or par an entre 1740 et 1760, grâce à l'afflux de mineurs et du recours à des techniques plus modernes pour creuser en profondeur, permises par la mise au point des pompes de Thomas Newcomen. Pendant cette vingtaine d'années, le gisement commence à s'épuiser et la production d'or retomBe à 10 à 11 tonnes d'or par an en moyenne sur la période 1760 à 1780[36]. Entre 1800 et 1820 elle est encore d'environ 3 tonnes pas an[36]

La mine d'or de Passagem, la plus ancienne et la plus riche du Minas Gerais, a extrait 35 tonnes d'or, jusqu'en 1985. La ville d'Ouro Preto (alors appelée Vila Rica) est fondée le 8 juillet 1711 à la suite de la découverte par les bandeirantes (pionniers) d'or dans les rivières. Une foule de chercheurs d'or s'y installe. Ouro Preto comptait en 1750 plus d'habitants que Rio de Janeiro ou New York, puis 80.000 en 1760 contre 40.000 aujourd'hui. Sa richesse lui permit de construire une multitude d'églises baroques, dont plusieurs décorées par l'architecte-sculpteur Aleijadinho. Construite sur plusieurs collines aux pentes raides, cette cité coloniale aux rues pavées est classée au patrimoine mondial de l'humanité. Fondée la même année, Mariana, à 14 km d’Ouro Preto a aussi une très belle architecture coloniales. Belo Horizonte, capitale régionale, avec des rues à angles droits, toute proche, ne naquit qu'en 1897.

Avant même la fondation des deux villes, les Paulistes se donnèrent les droits les plus importants, la région faisant partie de la Capitainerie de São Vicente, dépendant de São Paulo. La Chambre de São Paulo émit le 7 avril 1700 une requête exigeant les terres du Minas Gerais pour les seuls Paulistes.

Peinture représentant la guerre.

Cependant, les colons de Bahia et du Pernambouc étaient beaucoup plus proches des Portugais que des paulistes. La majorité d'entre eux parlait tupi-guarani. Ceux de la terre, appelés "nomades" ou "fripons sans loi", surnommaient les étrangers 'emboabas. L'ex-bandeirante Manuel de Borba Gato était le chef des Paulistes, et les "emboabas" étaient dirigés par Manuel Nunes Viana, portugais propriétaire de fort lucratives mines.

Pepite d'or.

En 1707, à Arraial Novo, deux des chefs paulistes les plus importants furent lynchés par les "emboabas". Par peur d'une vengeance, ils s'enfuirent. En 1708, les deux groupes en revinrent à l'affrontement armé. Manuel de Borba Gato intervint, bannissant Nunes Viana du district de Rio das Velhas, mais sans succès. A la fin de 1708, les "emboabas" contrôlaient deux des trois centres miniers. Les Paulistes, démoralisés, se réfugièrent dans le district de Rio das Mortes.

Les "emboabas" proclamèrent Nunes Viana gouverneur de la région minière et chargèrent Bento de Amaral de Coutinho de l'expulsion des derniers Paulistes. Ceux-ci reculèrent une fois de plus, vers Parati et São Paulo. Le roi du Portugal créa des Fonderies (Casa de Fundição e da Moeda) dans la Capitaineries de São Paulo et de Minas, subordonnées à l’Intendance royale. Tout l’or extrait en poudre ou en pépites devait y être fondu et traité au quinto royal, en retirant du poids total les 20% (quinto = cinquième) correspondants à cet impôt. Les barres obtenues étaient marquées du sceau royal prouvant le paiement de la taxe, et retournées au porteur, accompagnées d’un certificat d’origine.

Le comté de Gabarus, en Caroline du Nord

Conrad John Reed, 12 ans, trouve en 1799 ce qu'il décrit comme une lourde pierre jaune, pesant 7 kilos, le long de "Little Meadow Creek" dans le Comté de Cabarrus, en Caroline du Nord et en fait une cale pour la porte de sa maison. En 1802, le père de Conrad, John Reed, un déserteur d'un régiment hessois au service de l'Angleterre, lors de la guerre d'indépendance se rend au marché de Fayetteville, emportant de nouveau avec lui le morceau de métal mystérieux, pour le montrer à un orfèvre. L'orfévre déclara immédiatement que c'était de l'or, et demanda d'en faire l'essai. Reid lui laissa la pépite, revint peu de temps après, et trouva, au lieu de son caillou, un lingot valant vingt et un mille francs, ce qui lance la première fièvre de l'or aux États-Unis[39].

L'or est trouvé à trois mètres sous terre, associé avec de la chrysocolle, dans les Pioneer mills du comté de Cabarrus et dans le comté de Guilford[40]. En 1824, la mine emploie une centaine de personnes[41]. La localité où a été faite cette première découverte de l'or se nomme "Bull of Gold mines", le taureau des mines d'or.

Cependant ce ne fut qu'en 1825 que l'on frappa pour la première fois des pièces d'or, avec de l'or des États-Unis, à l'hôtel des monnaies de Philadelphie. Les découvertes de l'or s'étendirent successivement sur d'assez grandes surfaces de la Caroline du Nord, puis dans la Caroline du Sud.

Les concessions-loteries en Géorgie des années 1830 et la Piste des Larmes

Auraria (Georgie), site d'exploitation aurifère découvert en 1827[42] dans le comté de Lumpkin, près de Dahlonega, sur la façade ouest des Appalaches, en Georgie, fut l'une des plus anciennes régions de mines d'or des États-Unis[43]. La découverte est revendiquée par Benjamin Parks, mais les premières mines n'ouvrent vraiment qu'en 1829 et l'afflux de colons s'est matérialisé à l'automne 1829[44]. Le 1er août 1829, le Georgia Journal, de Milledgeville, informe ses lecteurs qu'un "gentleman des plus respectables du comté d'Habersham county", a découvert deux mines d'or, permettant à la région aurifère de Caroline de s'étendre à la Géorgie. Niles Register rapporte au printemps 1830 la présence sur la seule rivière Yahoola la présence de 4000 mineurs. Nuckollsville est rebaptisée Auraria (Georgie) et compte un millier d'habitants en 1832, le comté de Lumpkin en ayant 5.000. Licklog, siège du comté, est rebaptisé en 1833 Dahlonega, du terme Cherokee tahlonega, qui veut dire doré. Un hôtel des monnaies s'y installe en 1830 et frappe 100 000 dollars d'or dès la première année et jusqu'à sa fermeture en 1861, produit 1.5 million de pièces d'or pour une valeur faciale de 6 millions de dollars[45].

Emblème de la NationCherokee

Le site se trouvait sur le territoire des tribus d'indiens Cherokee, qui furent déplacés de force de leurs terres ancestrales du nord de la Géorgie et des Carolines vers le Territoire Indien, en Oklahoma. Un journaliste du Cherokee Phoenix, d'Elias Boudinot, se plaint alors que "nos voisins qui n'accordent aucun respect ni attention à la loi (...) font de nous un peuple abusé". La déportation du peuple cherokee, au cours d'un hiver particulièrement froid, en 1838-39, porte le nom de Piste des Larmes, et le célèbre John Ross (chef cherokee), métis de sang écossais, tenta de s'y opposer. Près de 4.000 d'entre eux moururent lors du voyage, soit un cinquième de la population. La plus grande partie des colons blancs arriva dans les années 1832 et 1833, à l'occasion de loteries permettant d'attribuer des terres. Mais dès le début des années 1840, la production diminua fortement[44]. De l'or fut ensuite découvert dans la Virginie, sur une petite surface dans les environs de Frederickburg, Spottsylvania, et Louisa[46].

Lors de la nouvelle de la ruée vers l'or en Californie de 1848, le docteur Matthew Stepvhenson[47], organisa une réunion à Auraria (Georgie) pour discuter d'un projet de voyage, devant 200 mineurs. Il désigna le Findley Ridge, juste au sud de Dahlonega, pour affirmer qu'il y avait plus d'or qu'en Californie mais ne parvint pas à décourager les mineurs de partir[48]. Un groupes de cherokee, parmi lesquels Lewis Ralston et le pasteur John Beck fit le voyage par les fleuves et le 21 juin 1850 identifia un gisement, le Ralston Creek[49]. Beck conserva un journal personnel de ces recherches[50] et en 1857, au moment de s'installer dans l'Oklahoma avec d'autres cherokee venus de Georgie, il écrivit aux membres du groupe pour leur proposer de repartir en prospection en retrouvant le site de Ralston Creek. Partis de Georgie en février 1858 et menés par William Greeneberry Russell, ils découvrirent de l'or en juillet, lançant la Ruée vers l'or de Pikes Peak, dans le Colorado.

La "Specie Circular" d'Andrew Jackson précède la "Panique de 1837" et le "Bank Charter Act"

La Specie Circular américaine est une ordonnance prise par le président américain Andrew Jackson en 1836 pour favoriser la conquête de l'Ouest en imposant aux acheteurs de terrains d'État de payer en or, ce qui augmente la demande et le prix de l'or, afin de doper la prospection minière à l'ouest du Mississippi. Cette mesure émanait de Thomas Hart Benton, populiste et défenseur infatigable de l'étalon-or pour la monnaie, qui selon lui, serait moins défavorable au petits fermiers et commerçants de l'Ouest alors que le papier-monnaie serait favorable aux citadins de l'Est.

La Specie Circular est le produit de la ruée vers l'or de Géorgie, qui a montré la puissance d'attraction du métal précieux sur les candidats éventuels à la conquête de l'ouest et donné une relative "légitimité" populaire au vol des terres des cherokee. Les débats qui entourent les risques d'inflation en cas de monnaie-papier mal garanti par l'or cassent la dynamique produite en Angleterre, par la deuxième version du Bank Charter Act de 1833, qui a entraîné une vague d'entrée en bourse de nouvelles banques, dont le nombre atteint 59 pour la seule année 1836. Elle ravive les vieux souvenirs de de la crise monétaire anglaise des années 1690, contribue fortement à la Panique de 1837 et son cortège de milliers de chômeurs, et se retrouve à l'origine de la troisième version du Bank Charter Act anglais, celle de 1844, qui va dans le même sens, en prévoyant que chaque billet de banque émis par la Banque d'Angleterre soit garanti par un stock d'or de valeur équivalente, ce qui provoquera très vite la ruée vers l'or en Californie de 1848, après avoir dans un premier temps activé la recherche d'or en Russie.

L'autre volet de la réforme est la création de la La Monnaie de la Nouvelle-Orléans, fierté des sudistes lors de la Guerre de Sécession, qui a produit plus de 427 millions de pièces de monnaie d'or et d'argent, de presque tous les types numismatiques américaines. Elle sera fermé pendant la période qui suivit la Guerre de Sécession, connue sous le nom de « Reconstruction » du Sud.

Les mines de Russie dans l'Oural et l'Altaï atteignent leur apogée en 1847 avec 28 tonnes

Pendant lontemps, la Russie a d'abord été importatrice de métaux précieux: c'est la balance commerciale russe, favorable, qui a injecté ce minimum de circulation monétaire - argent d'Europe, or de Chine - sans lequel l'activité du marché commercial n'aurait pas été possible à la même hauteur[51].

À partir des années 1730, les fourrures du Canada concurrencent leurs équivalentes russes, "l'or mou de Sibérie". C'est alors que "le cycle minier débute et que se construisent barrages, roues de moulins, martinets, forges et fours". Ensuite "une étrange, une fantastique ruée vers l'or s'organise durant las 50 premières années du XIXe siècle", raconte l'historien Fernand Braudel dans Civilisation matérielle, économie et capitalisme - XVe siècle - XIIIe siècle (page 577). Cet or avait trouvé au siècle précédent des débouchés en France. "Il est arrivé par les derniers traineaux, dit la Gazette de France du 4 avril 1772, reprenant des nouvelles de Saint-Petersbourg, une quantité considérable d'or et d'argent des mines de Sibérie, de la région de Nertchinsk et des montagnes d'Altaï"[52].

En 1847, lorsque l'exploitation des gîtes aurifères de l'Oural et de l'Altaï a atteint son apogée, Michel Chevalier, qui venait de remplir une mission pour le ministre français des affaires étrangères, évaluait la production annuelle de l'or dans le monde à 63,2 tonnes et celle de l'argent à 875 tonnes. C'était pour l'argent 25 tonnes de moins et pour l'or 30 tonnes de plus qu'au commencement du siècle. À ce compte, dans les quantités extraites, on aurait vu figurer 14 fois plus d'argent que d'or, proportion plus faible qu'avant, témoignant d'un rattrapage rapide de l'or, liée à la demande des banques centrales pour l'émission de billets de banque, alors en pleine expansion, même si en 1848, la masse monétaire cumulée de la France, l'Angleterre et les États-Unis se compose encore à 63% d'espèces métalliques et seulement à 20% de billets de banques[53].

L'année 1847 est le point culminant de la production de l'or en Russie. L'administration des mines affiche un chiffre de 28,5 tonnes pour les résultats combinés de l'Oural et de l'Altaï. Ensuite, la décroissance porte entièrement sur la richesse de la Sibérie, tant orientale qu'occidentale. Non-seulement l'activité des extractions n'a pas diminué dans l'Oural, mais elle s'est même légèrement accrue. L'exploitation dos districts aurifères de la Sibérie est partagée entre les particuliers et la couronne, qui, en se réservant le versant occidental de la chaîne, a livré le versant oriental aux efforts de l'industrie[54].

La Californie attire 300 000 prospecteurs pour 80 tonnes d'or par an, après la découverte de 1848

La Ruée vers l'or en Californie dura huit ans (1848 - 1856), avec en moyenne 300 à 400 millions de francs d'or par an, production qui revient à 130 millions en 1866[55]. Elle attira plus de 300 000 aventuriers[56]. A elle seule, la Californie fournit l'équivalent de deux ans de production mondiale de 1847. Un tableau publié par le Times en mai 1852 rassemble des calculs évaluant la production mondiale à 42,8 tonnes, soit 147 millions de francs, sans inclure la production d'or artisanale en Californie. Le San-Francisco Herald estimait à 367 millions de francs, du 1er avril 1849 au 31 décembre 1850. Le ministère du commerce français parlait de 329 millions de francs par an.

Champs aurifères de la Sierra Nevada et du nord de la Californie.

Tout commença à Sutter's Mill, la scierie du pionnier suisse John Sutter, près de Coloma, le 24 janvier 1848[57]. James W. Marshall, un charpentier, trouva des morceaux d'un métal brillant. Déconcerté, Sutter voulut d'abord se taire: il craignait l’impact sur la Nouvelle Helvétie, son projet d'empire agricole[58]. Cependant, la nouvelle se répandit et fut confirmée en mars 1848 par l'éditorialiste et homme d'affaires Samuel Brannan. Le 19 août 1848, le New York Herald fut le premier grand journal de la côte est à en parler. Le 5 décembre, le président James Polk confirma la découverte de l'or dans un message au congrès américain[59].

Les premiers chercheurs d'or étaient informés par les bateaux sillonnant les plus rapides routes maritimes. À la fin de 1848, seulement 6 000 étaient parvenus en Californie. En six mois, on pouvait gagner l'équivalent de six ans de salaire[60]. Début 1849, la rumeur avait fait le tour du monde. Des forty-niners vinrent des régions minières mexicaines de Sonora. Les premiers immigrants d'Europe, après le Printemps des peuples, n'arrivèrent que fin 1849[61]. De 70 000 à 90 000 immigrants sont arrivés en Californie en 1849, dont la moitié par la mer, 50 000 à 60 000 d'entre eux étant probablement américains. En 1855, l'estimation s'élève à 300 000[62]. San Francisco devint une forêt de mâts, quand des centaines de navires y furent abandonnés puis transformés en entrepôts, magasins, tavernes, hôtels et prisons[63]. D'autres furent détruits et utilisés comme remblais afin d'augmenter la surface des terrains constructibles.

San Francisco multiplia sa population par 25, de 1 000 habitants[64] en 1848 à 25 000 résidents permanents en 1850[65]. Les infrastructures des autres villes champignons furent saturées. Les hommes vivaient dans des tentes, des huttes ou des cabines prélevées sur des navires abandonnés[66].

La ruée vers l'or en Californie est considérée comme la première d'envergure mondiale[67]. Au départ de la côte est, un voyage par le cap Horn prenait entre cinq et huit mois[68] et couvrait une distance de 33 000 km. Une alternative était de rejoindre la côte est de l'isthme de Panama puis, à l'aide de mules et de canoës, traverser, pendant une semaine, la jungle jusqu'à la côte pacifique et d'y attendre un navire faisant route vers San Francisco[69]. Beaucoup de chercheurs d'or empruntaient la California Trail du Missouri à la Californie[70].

Une autre ruée vers l'or se produisit dans le nord de la Californie, le comté de Siskiyou, le comté de Shasta et le comté de Trinity[71]. La découverte, en 1851, de pépite d'or, à Yreka, draina des milliers de prospecteurs par la Siskiyou Trail[72]. De l'or fut aussi été trouvé dans le sud de la Californie, mais en quantité bien plus faible, dès 1842 au Rancho San Francisco et plus tard dans les montagnes du sud mais avec des retombées économiques limitées[73].

L’Australie extrait 500 tonnes en six ans et quadruple son nombre d’habitants entre 1851 et 1870

En 1839, un savant polonais, le comte Stréletski, en visite, adressa un rapport au gouverneur de la Nouvelle-Galles du Sud, qui fit parvenir ce document au ministre des colonies à Londres. Celui-ci communiqua cette pièce à sir Roderick Murchison, la référence de tous les géologues anglais. Il fut frappé de la ressemblance de certaines roches que le comte Stréletski lui avait envoyé avec celles qu'il venait lui-même d'étudier dans les districts aurifères de l'Oural, en compagnie de deux savants, MM. de Verneuil et Keyserling, représentant l'un la géologie française, l'autre celle de la Russie[74].

Les découvertes d'or dans l'état du Victoria, en Australie sont effectuées en 1851, par Edward Hargraves, un anglais ayant participé à la ruée vers l'or en Californie, venu en Nouvelle-Galles du Sud, car il était frappé de la similitude entre les roches des deux régions. Il découvre dans le bassin de la Macquarie (rivière) des traces d'or. Il rencontra le gouverneur de la colonie une pépite à la main et lui demanda douze mille cinq cents francs pour montrer l'endroit. Le gouverneur marchanda mais le mineur tint bon. Cependant des officiers anglais, excités par l'appât du gain partirent pour l'intérieur des terres. Hargraves désigna alors la place où il avait trouvé l'or, dans les montagnes près de Bathurst, à soixante-dix lieues à l'ouest de Sidney, le 9 mai 1851. A la tête d'une compagnie de mineurs, il se fit nommer commissaire des Domaines de l'État. L'endroit prit le nom poétique d'Ophir. Quelques jours après, il y avait plus de mille mineurs sur les lieux.

De nouvelles découvertes à Bathurst puis Beechworth, Ballarat et Bendigo, dans la Nouvelle-Galles, puis dans la province de Victoria ont déclenché une fièvre semblable à la ruée vers l'or en Californie. À son apogée, quelque deux tonnes d'or par semaine seront vendues dans le bâtiment du Trésor à Melbourne. Cette ruée vers l'or a été très importante pour le Victoria et Melbourne. Avec l'or australien vint la construction du premier chemin de fer et des premières lignes télégraphiques et l'apparition de racisme. En 1852 déjà 370.000 immigrés étaient arrivés en Australie. Victoria avait plus d'un tiers de la production d'or du monde dans les années 1850[75].

Entre 1851 et la fin des années 1860, le pays a vécu une métamorphose complète. En vingt ans, on en extrait pour 190 millions de livres d'or. Une population d'aventuriers et de pionniers se lance à la recherche de gisements nouveaux. La population quadruple en vingt ans : 405 000 habitants en 1850, 1 146 000 en 1860, 1 600 000 en 1870.

De nouvelles sources sont découvertes aussi en Nouvelle-Galles du Sud et dans l'État de Victoria. La maison Samuel Montagu ouvre ses portes sur le marché australien et deviendra la première banque de l'or. Grâce à l'or, l'Australie sort du sous-développement et devient une puissance économique produisant 500 tonnes d'or en six ans et en accueillant sur cette même période 1 250 000 immigrants[76].

Melbourne fut une ville-champignon, devenant le centre de la colonie grâce aux réseaux ferroviaires irradiant vers les villes régionales. Les chercheurs d'or introduisirent le droit de vote à bulletins secrets et une réforme agraire. D'énormes quantités de Chinois arrivèrent en 1854, ce qui entraîna des émeutes, des taxes d'entrée, des meurtres et une ségrégation qui pesèrent syr les fondements de la politique de l'Australie blanche.

Les autres ruées vers l’or de l’ouest américain

Tombstone en 1881

La panique financière de 1857, causée par l'épuisement plus rapide que prévu des gisements russes et californiens, cassa l'énorme spéculation qu'ils avaient permis. La crise mit au chômage des milliers de petites gens qui devinrent chercheurs d'or par nécessité. Des milliers d'aventuriers foncèrent au Colorado (1858), en Colombie britannique (1858 également), puis en 1859 au Nevada et en 1862 au Montana.

La conquête de l'Ouest eut pour principal moteur la prospection, grâce à une meilleure connaissance du potentiel géologique. Les concentrations en minerais d'or, d'argent ou de cuivre proviennent de la cristallisation de solutions hydrothermales, lorsqu'une plaque océanique passe sous une plaque continentale[77]. Les roches encaissantes les plus riches en filons sont soulevées. Puis l'érosion les décape jusqu'à l'affleurement des filons[78]. Les fragments d'or ou d'argent arrachés ainsi sont entraînés par le ruissellement au pied des montagnes. Loin de représenter une barrière naturelle comme le furent les Appalaches pendant deux siècles, les Montagnes rocheuses deviennent un immense mirage.

Une dizaine d'états de l'ouest des États-Unis, dans les Montagnes rocheuses, sont pourvues en villes fantômes, dont les photos sont conservées dans une galerie numérique[79]. Parmi les milliers de mines ouvertes au Nevada, Comstock Lode, à l'origine en 1859 de Virginia City (30.000 habitants), ou Goldfield, ville champignon à 1800 mètres d'altitude au milieu du désert avec 30.000 habitants dès 1906. Bodie et ses 10.000 habitants en 1880, dans la la Sierra Nevada, fut la deuxième ville de Californie puis progressivement abandonnée. Les ruines de Rhyolite, à l'entrée de la Vallée de la Mort, qui eut en 1907-1908 entre 8 000 et 10 000 habitants) ont servi de décor au film The Island.

La ruée vers l'or de Pikes Peak, de l'ouest du Kansas au sud-ouest du Nebraska, génère la création du Territoire du Colorado le 28 février 1861. Environ 100 000 chercheurs d'or fondent 250 villes fantômes[79] dans le Colorado. Appelés les Fifty-Niner, il se déplacèrent partout dans l'ouest, épuisant rapidement l'or alluvionnaire et accusant les indiens de leur voler du bétail, dans l'espoir de modifier les frontières des réserves, fixées lors du Traité de Fort Laramie (1851). A Smoky Hill River, au Kansas, une nouvelle piste menant aux gisements entraîne des accrochages avec les indiens refusant le traité de Fort Wise du 18 février 1861, qui divise leur territoire par treize. En 1864, le major John Chivington, de la milice du Colorado, attaque un village d'Arapahos et de Cheyennes du sud, à Sand Creek, tuant 150 Indiens, et relançant les guerres indiennes.

En Arizona, le cuivre, à Bisbee, Clifton et Jerome Junction (Arizona), et l'argent à Tombstone et Calico prirent le relais de l'or. Tombstone, fondée en 1879 par le prospecteur Ed Schieffelin, devint en 1882 le siège du comté de Cochise, avec 5 000 à 15 000 habitants. Non reliée au chemin de fer, privée d’eau, victime de la violence armée, elle subit en mai 1882 la fusillade d'OK Corral le 26 octobre 1881 et les mines déclinèrent, ramenant en 1900 la population à 700 habitants. Calico, née en 1881 de l’arrivée massive des prospecteurs, comptait 1.200 habitants, pour 22 saloons et 500 mines d’argent, mais devint une véritable ville fantôme dès 1907.

L'industrialisation débute dès 1873: la production provenant des mines dépasse celle des placers aurifères[80]. Rares furent les gisements comme la mine de Homestake, découverte en 1876 lors de la Ruée vers l'or dans les collines noires, qui eut une longévité importante, avec près de 1000 tonnes d'or jusqu'en 2005. Dès les années 1880, les aventuriers ont cédé la place à des industriels recourant à des études géologiques, puis en 1887 au procédé de la cyanuration qui permet de récupérer jusqu'à plus de 97% de l'or, au lieu de 60% à 75% au mieux avec le procédé traditionnel de l'amalgamation au mercure. Mais pour être rentable, il exige de grands volumes de minerais. Aussi, dès le début du XXe siècle, l'essentiel de la production des Amériques était réalisée par les grandes compagnies comme Newmont Mining et Homestake Mining.

Le mouvement américain pour le bimétallisme, déclenché en 1873 par l'abondance d'argent

Le mouvement américain pour le bimétallisme qui prend son essor après 1873 est révélateur de la très grande production d'argent qui se développe dans tout l'ouest américain, via de petites mines souvent artisanales, et qui va renforcer paradoxalement l'attrait des investisseurs pour l'or, devenu plus rare et plus précieux.

L'abandon du bimétallisme or-argent en 1873 est une catastrophe économique pour les dizaines de milliers de chercheurs d'or de l'Ouest américain, qui le plus souvent trouvent beaucoup plus d'argent-métal que d'or. Les nombreux propriétaires de petites mines d'argent dénoncent le "crime de 1873", l'année où le congrès a décidé d'abandonner la frappe de monnaies en argent-métal. Cela faisait longtemps qu'ils n'apportaient plus leur production aux presses fédérales en raison d'un prix officiel (seize gramme d'argent pour un gramme d'or)[81] jugé inférieur à celui du marché mondial, mais ils s'inquiètent de voir ce marché crouler sous un excès d'argent. Entre 1866 et 1900, le cours de l'argent par rapport à l'or est en effet divisé par deux[82]. Leur colère les amène à s'allier sur le plan politique avec les agriculteurs, au sein du National Greenback Labor Party[81], qui recueille un million de voix aux élections de 1878 et proteste aussi contre le rachat des billets à dos vert émis durant la guerre, qui menace d'alourdir leur dette en faisant reculer l'inflation.

Une première loi, le "Bland-Allison Act"[82], engage dès 1878 le gouvernement à acheter pour les transformer en pièces de 2 à 4 millions de dollars d'argent par mois. En 1890, renforcés par l'entrée dans les États-Unis de nombreux états de l'ouest, les fermiers et les propriétaires de mines et les fermiers obtiennent une nouvelle législation, le "Sherman Silver Purchase Act", selon lequel le gouvernement doit acheter, avec des bons remboursables dans l'un des deux métaux, une quantité minimum de 4,5 millions d'once d'argent par mois[82].

Malgré ces deux lois, l'or va servir d'étalon monétaire exclusif (l'étalon-or), d'abord au Royaume-Uni puis dans le monde entier après l'abandon du bimétallisme or-argent dans les années 1870. La guerre de 1914 mettra fin à ce système qui ne pourra jamais être remis en place. Avec les accords de Bretton Woods, en 1944, c'est un étalon de change or (Gold Exchange Standard) qui est mis en place. Le dollar est défini en un certain poids d'or et les autres monnaies en dollar. En 1971, les États-Unis suspendirent la convertibilité du dollar en or et en 1976, les accords de la Jamaïque entre les pays du FMI démonétisent l'or qui dès lors n'a plus de rôle monétaire officiel.

Homestake, l'exceptionnel gisement des collines noires, entraîne la bataille de Little Big Horn

La mine d'or de Homestake sera la plus rentable de l'histoire mondiale, et la plus grande de l'histoire de l'hémisphère nord, avec 1130 tonnes d'or extraites en 130 ans, dans des galeries creusées jusqu'à 2,5 kilomètres sous terre. Le gisement est situé au coeur des Black Hills, au sud du Dakota, des terres sacrées revendiquées par les Lakota depuis leur victoire sur les Cheyennes en 1776 et intègrées dans la grande réserve Sioux, d'où les non-Indiens sont exclus depuis le Traité de Fort Laramie (1868), qui conclut la Guerre de Red Cloud.

Cette photo représente ce qu'aurait pu être Crazy Horse, vu que de son vivant, il a toujours refusé de se faire prendre en photo

Par le Coinage Act de 1873, le gouvernement américain décide l'abandon du bimétallisme, ce qui fait monter les cours de l'or, d'autant qu'en Europe la loi monétaire allemande du 9 juillet 1873 confirme aussi la loi monétaire prussienne du 4 décembre 1871, dans le sens de l'Etalon-or. Washington a besoin d'or. Le 2 juillet 1874, le lieutenant-colonel George A. Custer quitte Bismarck, dans le Dakota du Nord, et s'enfonce dans les Black Hills à la tête de 1200 hommes, dont le 7e Régiment de Cavalerie, un groupe d'ingénieurs, trois journalistes, le photographe William H. Illingworth et 110 charriots[83]. Des éclaireurs indiens l'accompagnent en nombre, menés par Bloody Knife et Lean Bear.

Les frères québécois, Fred et Moses Manuel s’affairent dans le sillage de Custer et le 9 avril 1876, ils découvrent ce qu’ils cherchaient. La Grande Dépression de 1873 contribue à une ruée vers l'or dans les Black Hills, en violation du traité. L’incapacité récurrente de l'Armée des États-Unis à y mettre un terme, met en colère les Lakota et leurs alliés. En réaction, Tatanka Yotanka (Sitting Bull), Tašunka Witko (Crazy Horse) et leur peuples déclenchent la Guerre des Black Hills, qui va durer jusqu'en 1882.

Au printemps 1876, la bataille de Little Bighorn, qui voit les Sioux et Cheyennes vaincre le VIIe de Cavalerie, tuant 258 soldats. A l'été et l'automne 1876, la Dull Knife Fight et la Bataille de Slim Buttes permettent à la cavalerie et aux unités d'infanterie de l’armée régulière de battre les tribus Lakota et les forcer à retourner dans les camps contrôlés par le Bureau des affaires indiennes. Par un nouveau traité, les Lakota cèdent une bande de 80 km, à l'ouest de leur réserve, ce qui légalise les villes de mineurs des Black Hills comme Custer City ou Deadwood. Certains historiens considèrent que l’administration d'Ulysses S. Grant a délibérément provoqué cette guerre, car l'or des Black Hills permit de combattre la Grande Dépression. Trois ans après l'avoir découverte, Fred et Moses Manuel vendent en 1879 la mine de Homestake, dont ils ont tiré 5 000 dollars, pour la somme de 45 000 dollars à la société Homestake Mining, qui entre à la Bourse de Wall Street la même année.

En remontant les rivières vers le nord-est des États-Unis

Deux nouvelles régions aurifères se sont ajoutées après 1862 dans la partie la plus septentrionale des États-Unis, sur les confins des territoires de la Baie d'Hudson: les territoires d'Idaho et de Montana, d'où sortent les sources et les affluents principaux des fleuves Missouri et Columbia.

Dans l'Idaho, c'est surtout auprès de Boisé que l'or fut identifié, sous forme de dépôts, entre l'ancien fort de la Compagnie des fourrures et la rivière Snake. De l’or fut découvert dans les montagnes du nord le 28 juillet 1862. Plusieurs incidents se produisirent à l’automne 1862. Un jeune indien fut injustement pendu pour le vol d’un cheval. Deux jeunes hommes furent assassinés en représailles alors qu’ils ramassaient du bois. Lorsque quatre guerriers Shoshone furent fusillés et jetés dans la Bear River et plusieurs mineurs tués en représailles par les indiens, le colonel Patrick E. Connor, avec ses volontaires de Californie, obtint la permission de préparer une expédition en territoire Shoshone en janvier 1863. Ce fut le massacre de Bear River: 224 indiens, dont de nombreuses femmes et enfants, furent acculés au fond d'un ravin, leurs cadavres s'entassant sur 2 mètres de haut, tandis qu'on comptait 21 morts et 12 blessés chez les soldats. Plus d'une centaine de femmes et enfants furent faits prisonniers et le chef Bear hunter torturé par jeu puis tué en lui enfonçant dans les oreilles une baïonnette. Connor gagnera ses galons de général lors de cette bataille[84].

En 1866, Boisé était devenue une ville importante. La production de l'or rappela, par son importance, les premières années de la ruée vers l'or en Californie. Les prospecteurs fondèrent les villes de Bannock, Centerville et Placerville. Ils exploitèrent aussi des dépôts dans toute la zone située entre la rivière Salmon et la mission des Cœurs d'Alênes et construisirent les villes à forte population, dont les principaux de Fort Lemhi, Elk City, Florence et Oro City. Le Territoire de l'Idaho fut officiellement organisé le 4 mars 1863, couvrant les États actuels de l'Idaho, du Montana et de la quasi-totalité du Wyoming, avec pour première capitale Lewiston.

Le territoire du Montana, incluant les sources du Missouri et de la Columbia, riches d'or dans toute la partie occidentale, à l'ouest du Fort Benton, fut fondé le 28 mai 1864, un an plus tard, à partir de la section nord-est du Territoire de l'Idaho. La frontière entre territoires de Washington et du Dakota était à l'origine le long de la ligne de partage des eaux, mais l'équipe cartographique avait suivi la mauvaise crête. Des villes villes-champignons s'y construisirent, permettant d'exporter pour 100 millions de francs: Bannock City, Virginia City, Gallatin City, Montana City, La Barge City, Hangtown, Hell Gate, Fort Owen, Fort Colin et Mullan Pass[55]. Les prospecteurs suivaient la Piste de l'Oregon puis montaient au nord vers Fort Bridger et Fort Hall[85] ou bien remontaient le Missouri en bateau à vapeur jusqu'à Fort Benton, puis traversaient à pied ou à cheval[86].

La Fraser au nord de Lillooet

En Colombie-Britannique, les dépôts alluvionnaires des bords du fleuve Fraser, long de 1 370 km, qui prend sa source près du Mont Robson dans les Montagnes Rocheuses pour se jeter dans l'océan Pacifique à Vancouver, attirèrent des prospecteurs dès 1852. Les régions aurifères étaient centrées sur le territoire de Washington, d'abord aux environs du Fort Colville et de Pinkneyville sur la rivière Columbia, puis vers le Fort Okinakane[87], sur les pentes du Mont Stuart, ainsi qu'à côté du Fort Simcoe. Les bords de la rivière Snake, entre Lewiston et la Columbia, au nord du Fort Wallah-Wallah, furent aussi exploités de même que le secteur entre le Port-Townsend et Olympia, dans la partie orientale du territoire, près du détroit de Vancouver[88].

Les premiers graviers d'or de la Rivière Fraser en Colombie Britannique furent connus en 1852, mais il fallut attendre 1858 pour la grande ruée vers le haut Fraser, qui finalement atteint en 1861 les ruisseaux Williams et Lightning dans le Cariboo, les plus célèbres de tous les ruisseaux d'or dans la province[89]. Les dépôts d'or dans la Cuvette du Yukon ont ensuite été travaillés dès 1880, mais ce ne fut qu'en 1896 que l'or a été découvert dans les secteurs tributaires de la Rivière Klondike.

Le Klondike, découvert dans le Grand Nord en 1896

En août 1896, sous la conduite de Skookum Jim Mason, un amérindien de la nation Tagish, trois personnes descendaient vers le nord le fleuve Yukon depuis la région de Carcross, à la recherche de Kate, sœur Mason, et de son mari, George Carmack. Après les avoir retrouvé pêchant le saumon à l'embouchure du Klondike, ils rencontrèrent Robert Henderson, originaire de la Nouvelle-Écosse, qui cherchait de l'or dans l'Indian River, au sud du Klondike. Le 16 août 1896, l'expédition découvrit d'importants traces d'orpaillage dans le ruisseau Bonanza (anciennement Rabbit Creek). L'annonce de la découverte atteignit les États-Unis en juillet 1897, à San Francisco le 15 juillet, et à Seattle le 17 juillet, avec le retour des premiers prospecteurs ayant eu la main heureuse, déclenchant la ruée vers le Klondike. Le Post-Intelligencer de Seattle alla jusqu'à évoquer dans ses colonnes la présence d'« une tonne d'or ». En 1898, la population du Klondike atteignit jusqu'à 40 000 hommes, et on vint à craindre une famine.

La plupart des prospecteurs débarquaient d'abord à Skagway, en Alaska, ou dans la ville voisine de Dyea, à l'embouchure du canal Lynn. De là, ils empruntaient la piste Chilkoot, puis traversaient le col Chilkoot, ou bien gravissaient le Col White pour accéder au Territoire du Yukon et se diriger ensuite vers le lac Lindeman ou le lac Bennett, à la source du fleuve Yukon. À 40 - 60 km de l'endroit où ils avaient débarqué, les prospecteurs construisaient des bateaux ou des radeaux qui devaient les emmener à plus de 800 km, à Dawson City, près des gisements d'or. Pour obtenir le droit d’entrer au Canada, les stampeders (prospecteurs) devaient franchir les cols en transportant avec eux de quoi vivre pendant un an, ce qui représentait environ une tonne. La nourriture constituait à elle seule la moitié de leur charge. Au sommet de chaque col, un poste de la Police montée du Nord-Ouest s'assurait du respect de la loi. On voulait ainsi éviter que se reproduisent les pénuries qui avaient frappé Dawson City les deux hivers précédents. Cette ruée vers l'or prit fin à l'été 1898, après la découverte d'un nouveau filon d'or en Alaska. L’emballement inspira la fameuse Ruée vers l'or de Charles Chaplin et le livre Smoke Bellew de Jack London, qui y a participé.

L’or d’Afrique du Sud, découvert en 1886 dans le sillon du diamant, provoque la guerre des Boers

Le vieux cimetière des uitlanders chercheurs d'or de Pilgrim's Rest

En 1870, les deux républiques boers formées au Transvaal ne totalisent que 45 000 habitants contre près de 200 000 blancs dans la colonie du Cap[90]. Trois ans plus tôt, dans un territoire semi-indépendant, le Griqualand-Ouest, situé à la frontière de la colonie du Cap, de l'État-libre et du Transvaal, des diamants avaient été découverts. À la suite d'un arbitrage international, rendu par le lieutenant-gouverneur du Natal, le territoire fut attribué en 1871 à Nicolaas Waterboer, chef des Griquas, qui demanda la protection britannique. Le gite diamantifère fut annexé à la colonie du Cap, provoquant la fureur des républiques boers.

Entre temps de l'or fut découvert en septembre 1873 à Pilgrim's Rest, dont la population atteignit rapidement 1 500 personnes, vivant de près ou de loin de la prospection d'or. Vers la fin du siècle, les concessions seront aux mains de la Transvaal Gold Minings Estates (TGME).

Cecil Rhodes (1853-1902) premier ministre de la colonie du Cap et richissime homme d'affaires investit dans le rachat de concessions diamantifères. Et à partir de 1885, il rachète toutes les mines de diamants de la région de Kimberley. Il triomphe de son unique rival Barney Barnato (1851–1897) en rachetant son groupe pour former la De Beers en 1888. Barney Barnato mourra mystérieusement le 14 juin 1897. La découverte d'or intervient 17 ans après celle du diamant, en 1887 à Krugersdorp, fondée en lieu et place de Paardekraal, par Marthinus Wessel Pretorius, qui rebaptise le site en référence au président du Transvaal, Paul Kruger.

L'or est aussi découvert à Johannesburg, fondée la même année au cœur du Witwatersrand, à une cinquantaine de km de Pretoria, la future capitale du Transvaal. Du jour au lendemain, une ville champignon surgit, qui atteint en quelques années plus de 100 000 habitants, principalement originaires du Cap ou d'outre-mer (les uitlanders), qui réclament l'égalité politique avec les Boers. Le gouvernement Boer leur refusa le droit de vote et taxa lourdement l'industrie aurifère. En réponse, les uitlanders exercèrent une pression sur les autorités britanniques, en vue d'obtenir le renversement du gouvernement boer. En 1890, la production sud-africaine est de 16 tonnes d'or, ce qui reste inférieur à la moyenne annuelle de 90 tonnes extraites les six premières années lors de la ruée vers l'or en Australie[76].

En 1895, Cecil Rhodes appuya une tentative de coup d'État mené par Leander Starr Jameson. Son échec aboutit à la démission de Rhodes. En mai 1899, une conférence réunissant lord Alfred Milner et Paul Kruger fut organisée à Bloemfontein par le président Marthinus Steyn, de l'État libre d'Orange, mais les négociations achoppèrent. Kimberley et De Beers furent les enjeux de la bataille de Modder River et de la bataille de Paardeberg, au début de la Seconde Guerre des Boers en 1899 et 1900. En septembre 1899, Joseph Chamberlain, secrétaire britannique aux colonies, exigea de Kruger la complète égalité de droits pour les Britanniques du Transvaal. Simultanément Kruger donna 48 heures aux Britanniques pour évacuer leurs troupes des frontières. La première guerre des Boers, début 1996, provoque une chute brutale, puis la production reprend son cours. La production aurifère totale, du 1er mai 1887 au ler août 1902, a atteint 670 tonnes en quinze ans, soit 2 milliards de francs de l'époque[91]. Le total des dividendes distribués par les mines est passé de 0,53 million de francs en 1987 à 10 millions de francs en 1989. Il décolle à 22 millions de francs en 1992, 37 millions en 1994, 66 millions en 1995 et culmine à 127 millions en 1998[92], avec le succès des mines d'or en Bourse, particulièrement à la Bourse de Paris. Au cours du seul mois d'août 1899, la production sud-africaine atteint 14,7 tonnes d'or.

Il est depuis apparu que les Anglais avaient provoqué délibérément la guerre en 1899 pour prendre le contrôle du Transvaal, alors une république indépendante, où l’or était devenu une nouvelle industrie majeure[93]. Après 1890, Londres était le centre financier du commerce mondial et un approvisionnement régulier du stock d’or mondial était indispensable pour maintenir cette position[93]. Près de 100 000 travailleurs migrants noirs s’étaient déjà installés sur les mines du Rand, en compagnie de plus de 12 000 blancs[94].

Les nouvelles techniques d’extraction intensives sur le rand sud-africain

Witwatersrand, un (mot afrikaans qui signifie « la crête des eaux blanches », désigne une chaîne de collines culminant à 1 800 mètres), dans le centre du Transvaal, de Pretoria à Vereeniging, en passant par Johannesburg, sur 280 km de long pour une largeur de 3,6 km par endroits.

Chutes d'eaux dans le jardin botanique du Witwatersrand

Communément appelé le « Rand », le massif produisait en 1913 40 % de l’or mondial[95]. Le rand sera la monnaie officielle de l’Afrique du Sud lorsqu’elle est deviendra indépendante de la Grande-Bretagne en 1961.

A lui seul, le Rand donne plus au XIXe siècle que tous les gisements des siècles écoulés. De nouvelles techniques d’exploration exigent d’énormes investissements pour creuser des puits profonds. Trusts et sociétés minières succèdent aux artisans. La Chambre des Mines est créée en 1889. La Banque de réserve sud-africaine expédie une partie de l’or à la Banque d’Angleterre et sur le marché de Londres[26].

Dès 1905, l’Afrique du Sud se hisse au premier rang mondial devant l’Australie, et en 1913 l’or représente 45 % du revenu de l’Union sud-africaine, 80% des ses exportations et 40 % de la production mondiale. De 349 000 onces (31 gr l’once) en 1900, elle passe à 14,4 millions en 1941 et atteidra son niveau record en 1969 avec 31,3 millions d’once soit 80% de la production mondiale. La main-d’œuvre, abondante et très bon marché, est recrutée jusqu’en Rhodésie. Depuis, les compagnies ont engagé des restructurations, invoquant le coût d’exploitation des mines, et notamment la hausse des salaires. En 2004, la production d’or sud-africain atteint 342 tonnes, en recul de 9 % par rapport à l’année précédente[27].

Les sud-africains vont creuser jusqu'à 4 kilomètres de profondeur, comme à Val Reefs et à Tau Tona, une des trois mines de Western Deep Levels au sud de Carletonville, 70 kilomètres à l'ouest de Johannesburg, à côté des mines Mponeng et Savuka.

En un peu plus d'un siècle, 47 000 tonnes d'or ont été arrachées au sous sol. Il en reste aujourd'hui autant à exploiter. Mais en 1996, la production d'or sud-africain ne dépassait pas 495 tonnes, le niveau le plus faible depuis 1956[96]. Les mines sud-africaines sont toujours les plus profondes du monde et parmi les plus dangereuses[97].

Jusqu'au années 1980, l'or et l'Afrique du Sud sont associés

Au début des années 1980, environ 80% de l'or mondial venait de l'Afrique du Sud, tout en procurant au pays environ 63% de ses revenus miniers[98], très loin devant les diamants (environ 5,6%) et le charbon (environ 11,7%)[99]. L'Afrique du Sud concentre aussi la plus grande partie de la production mondiale de nombreux métaux, dont le platine, qui devient indispensable dans les années 80 avec l'arrivée des pots d'échappement catalytiques dans l'automobile.

Ce quasi-monopole protège le pays contre les menaces d'embargo international à l'époque de l'apartheid mais il va ensuite s'éroder du fait de nouvelles découvertes sur les autres continents, d'autant plus faciles que le second choc pétrolier de 1890 s'accompagne d'une flambée générale des matières premières au premier rang desquelles l'or, et que la législation protégeant l'environnement est assouplie sous les mandats du président américain Ronald Reagan, levant un obstacle à l'ouverture de petites mines d'or à ciel ouvert.

Les années 80 voient la renaissance des mines d'or canadiennes et américaines

Le Canada avait connu la Ruée vers l'or du canyon du Fraser, en 1858 en Colombie-Britannique qui attira en moins d'un mois, 30 000 personnes dans la ville de Victoria qui ne comptait que 500 habitants juste avant, et 70 plus tard, en 1931, le pays est le deuxième producteur mondial, avec 2,7 millions d'onces par an, soit environ 80 tonnes d'or, dont un tiers dans le Kirkland Lake et un autre tiers dans le reste de l'Ontario[100]. Placer Dome exploite des mines en Ontario, situées à Campbell et Porcupine et Musselwhite. La mine Giant (sept millions d’onces d’or entre 1948 et 1999[101]) ouverte dans le Nord du pays par Royal Oak Mines finit par s'essoufler et en 1979, le pays ne produit plus que 50 tonnes d'or.

La production est relancée en 1980 par la flambée des cours mondiaux et en 1989, c'est plus de trois fois plus, à 180 tonnes par an, dont près de la moitié dans la province de l'Ontario[102]. Le Canada joue dans les années 80 un rôle très important dans un nouveau type de Ruée vers l'or, assez différent de celles du XIXe siècle car basé sur l'anticipation : les engouements spéculatifs sur la Bourse de Vancouver, qui est en fait une extension de la Bourse de Toronto. En 1997, la cotation de la mine d'or de Bre-X Busang déclencha un envol des cours tellement effréné que la société, qui n'avait pas encore extrait un gramme d'or fut valorisée en bourse pour près de 20 milliards de dollars. L'enquête montra que les forages de la future mine avait été "salée" frauduleusement et ne contenait aucun métal précieux, ce qui fit s'effondrer le cours de Bourse et jeta le discrédit sur la Bourse de Vancouver, et ses très nombreuses sociétés minières dites "junior", car encore au stade de l'exploration.

Le développement des mines africaines, par l'investissement étranger

les principaux pays producteurs d’or en Afrique, hors l’Afrique du Sud, étaient en 2009 très nombreux, le métal venant du Ghana (plus de 75 tonnes), du Mali (50 tonnes en moyenne), de la Tanzanie (idem), de la Guinée et du Zimbabwe (de 10 à 20 tonnes selon les années), de la République démocratique du Congo Au total, plus de 34 pays africains produisent de l’or, , surtout en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, réalisant une production totale de plus de 600 tonnes d’or par an, soit environ le quart de la production annuelle mondiale[103]. Le continent détient la moitié des réserves d’or mondiales identifiées et les normes environnementales n'y sont pas appliquées ou peu contraignantes[104].

Les trois plus grandes multinationales de l'or sont omniprésentes en Afrique : AngloGold Ashanti (Afrique du Sud), Barrick Gold (Canada) et Newmont Mining (États-Unis), qui sont régulièrement dénoncées pour la pollution à large échelle et leur violation des droits de l’homme. La somme des dégradations écologiques et des atteintes à la santé provoquées par l’exploitation des mines d’or à ciel ouvert - qui sont les plus polluantes - va ruiner les régions productrices pour des générations à venir, selon l'ethnologue et journaliste suisse Gilles Labarthe, spécialiste de l'Afrique[105]. Selon lui, les nappes phréatiques polluées par le cyanure et le mercure, les normes de sécurité mal appliquées, le déplacement massif des populations locales, font de l'exploitation de l'or africain non seulement une bombe à retardement écologique et un scandale humain, mais aussi le symbole des actions répréhensibles de multinationales minières et des réseaux financiers opaques qui les soutiennent. Un rapport américain avance déjà le chiffre de 55 milliards de dollars pour réparer les dégâts.

Les 4 géants du tournant de l'an 2000 : Grasberg, Yannacocha, Goldstrike et Driefontein

Après s'être diversifié dans les années 80 sous forme de mines américaines bénéficiant de normes environnementales révisées à la baisse, phénomène également constaté en Afrique à partir des années 1990, l'exploitation de l'or s'est ensuite regroupée sur de très gros gisements profitant eux aussi de normes environnementales plus complaisantes.

Les gisements de Freeport et le parc national de Lorentz

Produisant 35,7 tonnes d'or par an et exploitée par la compagnie minière sud-africaine Goldfields, la sud-africaine Driefontein était encore en 1996 la plus grande mine d'or du monde, par la production[106] mais elle a depuis été dépassée en trombe par trois sites, la Mine de Grasberg (Indonésie) qui extrait 84 tonnes d'or par an, à près de 4000 mètres d'altitude, éventrant une montagne entière et exploitée par Freeport-McMoRan)[107], la Mine de Yanacocha (Pérou) qui représente 80,9 tonnes d'or par an, exploitées par l'américain Newmont Mining) et Goldstrike Property (Nevada), qui avec 52,5 tonnes d'or par an est le plus bel actif minier du canadien Barrick Gold).

La Mine de Grasberg concentre la contestation du pouvoir central indonésien, qui dure depuis le rattachement de la Papouasie occidentale à l’Indonésie en 1962. Des milliers de Papous ont été expropriés de leur montagne pour permettre l’exploitation de la mine, attaquée en 1977 par l'Organisation pour une Papouasie libre (OPM). La répression militaire indonésienne cause la mort de 800 personnes[108]. Depuis, la compagnie minière américaine Freeport-McMoRan possède son propre service de sécurité. L’armée indonésienne y concentre près de 6000 hommes[109]. En mars 2006, des manifestations d’étudiants à Timika (côte sud de l’île) et Jayapura[110] (côte nord) pour demander la fermeture de la mine furent durement réprimées.

La roche est extraite sur une épaisseur de 300 mètres et sur une surface de 8 km². La pluie et les écoulements naturels entraînent les particules fines dans le fleuve Aikwa, à proximité d’un des rares glaciers équatoriaux, qui sert d’indicateur pour les modifications climatiques. La disparition de la végétation et l’érosion ont créé des landes désolées tout autour de la mine. Quelques projets de remise en état commencent à être lancés par la mine, des associations écologiques craignant la pollution aux acides des rivières, du sol et des nappes phréatiques.

Notes et références

  1. http://antique.mrugala.net/Celte/Or%20gaulois/Or%20gaulois.htm
  2. Bilder aus der deutschen Vergangenheit, par Gustav Freytag, page 185
  3. a et b La révolution industrielle du Moyen Âge, Jean Gimpel, page 44
  4. Monnaie et économie à la fin du Moyen Âge. À propos d'ouvrages récents, par Marc Bompaire, page 273
  5. Études d'histoire monétaire, par John Day, page 32
  6. a et b http://books.google.fr/books?id=tFyXyY6i5KIC&pg=PA92&lpg=PA92&dq=%22cr%C3%A9ation+du+florin%22&source=web&ots=3A_I-kLWV7&sig=5XIQV5tjQTQ-CQAEk9_pcRyc_qM&hl=fr&sa=X&oi=book_result&resnum=1&ct=result#PPA93,M1
  7. http://books.google.fr/books?id=H6D8RGsIpCMC&pg=PA31&dq=histoire+des+mines+de+la+for%C3%AAt-noire&hl=fr&ei=_u_0S6-5O5eCmgOmi8zXCA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=8&ved=0CFMQ6AEwBw#v=onepage&q&f=false
  8. Les mines d'or et d'argent en Serbie et Bosnie, par Desanka Kovacevic, page 249
  9. a et b http://www.jstor.org/pss/27577793
  10. Tombouctou et l'empire Songhay : épanouissement du Soudan nigérien aux XVe siècle, par Sékéné Mody Cissoko, page 145
  11. http://books.google.fr/books?id=XpJFwtY_qEUC&pg=PA145&lpg=PA145&dq=or+soudan+mines&source=bl&ots=23DOIdt8-z&sig=jd0iEqBDmVXmZfs5Ws9gN8Ebe7I&hl=fr&ei=R8YCTOX4M5aSmwPGwuSdDA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=9&ved=0CEMQ6AEwCA#v=onepage&q=or%20soudan%20mines&f=false
  12. La Thalassocratie portugaise du XVIe siècle, par Jean-François Labourdette, professeur émérite de l’université Charles de Gaulle-Lille III
  13. http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/la_thalassocratie_portugaise_du_xvie_siecle.asp
  14. Histoire générale des voyages, Volume, par l'Abbé Prévost, Anne-Gabriel Meusnier de Querlon, Alexandre Deleyre et Jacques Philibert Roussellot de Surgy, page 225
  15. Civilisation matérielle, économie et capitalisme - XVe siècle - XIIIe siècle (page 536, par Fernand Braudel
  16. L'Empire du Monomotapa du XVe au XIXe siècle, par W. G. L. Randles, page 46
  17. L'Empire du Monomotapa du XVe au XIXe siècle, par W. G. L. Randles, page 50
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Voir aussi

Articles connexes

Autres articles sur l’histoire des matières premières

Liens externes


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