Invasion des Pays baltes (1991)

Invasion des Pays baltes (1991)
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Invasion des Pays baltes
January 13 events in Vilnius Lithuania.jpg
Char soviétique T-80 en action le 13 janvier 1991 à Vilnius (capitale de la Lituanie).
Informations générales
Date 11 janvier 1991 - 25 janvier 1991
Lieu Pays baltes
Issue Retraite soviétique. Indépendance de jure des Pays baltes.
Belligérants
Drapeau de Lituanie Lituanie
Drapeau de Lettonie Lettonie
Drapeau d'Estonie Estonie
Drapeau : URSS Union soviétique
Forces en présence
Mouvement réformateur de Lituanie (Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdis)
Front populaire de Lettonie (Latvijas Tautas Fronte)
Front populaire d'Estonie (Rahvarinne)
• Diverses forces de police locales
Red Army flag.svg Armée soviétique
Emblema KGB.svg KGB
OMON
Pertes
21 civils tués
plus de 600 blessés (parmi les partisans, policiers et civils)
inconnues
1 soldat soviétique tué par tir ami
Dislocation de l'URSS

L’invasion des Pays baltes (en lituanien : Sausio įvykiai) a lieu en janvier 1991 lorsque les troupes soviétiques envahissent l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Elle avait pour objectif de reprendre le contrôle de ces trois petites républiques baltiques qui s'étaient déclarées indépendantes une année auparavant. Les affrontements les plus violents eurent lieu à Vilnius, la capitale lituanienne et la plus grande ville du pays.

Sommaire

Contexte

Les anciennes RSS baltes (la RSS de Lituanie, la RSS de Lettonie et la RSS d'Estonie) se proclament indépendantes en 1990. La constitution soviétique est officiellement abolie par les séparatistes et est remplacée par des lois locales. Des barricades sont construites ainsi que des postes-frontières pour délimiter la Russie et la Biélorussie des pays baltes. Pour faire face à cette escalade politique, les autorités soviétiques ont opté pour la solution de restaurer l'ordre constitutionnel par la force.

Chronologie

La tour de Vilnius en 2006.

Le 11 janvier 1991, les troupes soviétiques envahissent la Lituanie et s'emparent de nombreux bâtiments gouvernementaux lituaniens dont le ministère de la Défense à Vilnius, la capitale de la Lituanie[1].

Le 12 janvier 1991, des combats éclatent à balles réelles entre l'armée soviétique et les forces de police locales lituaniennes. Les troupes soviétiques essayent de s'emparer de l'Académie de police de Vilnius, mais en vain[1].

Le 13 janvier 1991, des soldats soviétiques appuyés par des chars T-80 et des véhicules d'infanterie BMP-3 partent à l'assaut de la Tour de Vilnius. 14 personnes sont tuées dans l'attaque et un soldat soviétique est abattu par un tir ami[2].

Conséquences

Immédiatement après la fin des attaques, des manifestations rassemblant plus de 50 000 personnes ont lieu dans la capitale lituanienne, en particulier à l'extérieur du Conseil suprême soviétique de Lituanie afin de manifester pour l'indépendance du pays. Suite à ces nombreuses manifestations et protestations, les troupes soviétiques décident de se retirer de la Lituanie dans la journée du 13 janvier 1991[1].

Dans les autres pays baltes

En Lettonie

En Lettonie, les troupes soviétiques commencèrent leurs attaques le 14 janvier 1991. Les forces spéciales soviétiques, l'OMON, attaquèrent à plusieurs reprises la capitale lettone, Riga[3]. Le 20 janvier 1991, des affrontements éclatent entre les autorités séparatistes lettones et l'OMON. Deux policiers et trois journalistes sont tués et quatre autres policiers lettons sont blessés. Les pertes soviétiques sont inconnues mais font état de quelques pertes lors des affrontements. Après les combats, les soldats soviétiques investirent le bâtiment gouvernemental du Parti communiste de Lettonie. Le même jour, des manifestations rassemblant plus de 100 000 personnes ont lieu à Moscou pour soutenir les séparatistes lettons[3]. Les opérations cessèrent définitivement le 25 janvier 1991 avec le repli des troupes soviétiques.

En Estonie

En Estonie, il n'y eut pas réellement de combats. En janvier 1991, des chars soviétiques ont envahi l'Estonie mais la population les empêcha de progresser vers la capitale et d'atteindre les bâtiments gouvernementaux estoniens ainsi que la tour de télévision et de radio en formant un bouclier humain[4]. Les chars soviétiques n'ouvrirent donc pas le feu et se replièrent en Russie sans aucune effusion de sang. De ce fait, l'Estonie est le seul ancien pays soviétique à avoir acquis son indépendance de manière pacifique[4].

D'autres incidents éclatèrent le 21 août 1991 dans les jours qui suivirent le putsch de Moscou, durant lesquels les troupes soviétiques essayèrent de s'emparer de la tour de télévision estonienne à Tallinn, la capitale de l'Estonie, mais leur assaut échoua[5].

Bilan des événements

Mémorial dédié aux victimes de l'assaut de la Tour de Vilnius en janvier 1991

L'invasion mena à l'indépendance de jure des pays baltes. L'ONU fut la première à reconnaître ces États indépendants[6]. De nombreuses manifestations eurent lieu dans tout le Bloc de l'Est, dont notamment en Pologne et en Ukraine pour protester contre l'URSS. Ces actions précipitèrent la chute de l'URSS en décembre 1991.

En Lituanie, au total 14 personnes ont été tuées[7] et 140 autres personnes ont été blessées durant les combats[2], dont la majorité des pertes ont été provoquées lors de l'assaut de la tour de Vilnius le 13 janvier 1991. Cet assaut est souvent comparé dans les médias au Bloody Sunday (Dimanche sanglant) nord-irlandais[8].

Selon Moscou, le Kremlin n'aurait jamais donné l'ordre de tirer sur des civils[9]. Ce serait les partisans lituaniens indépendantistes (Lietuvos Persitvarkymo Sąjūdis), dissimulés dans la population, qui auraient ouvert le feu en premier, ce qui aurait contraint les forces soviétiques à riposter en tirant aveuglément dans la foule[10].

Par la suite, divers incidents furent rapportés en Lituanie avec l'attaque de nombreux postes-frontières par l'OMON jusqu'en août 1991. Au total 23 postes-frontières furent brûlés ou détruits[11] et 60 officiers de police furent blessés dans les incidents[12].

Chaque année le 13 janvier, la Lituanie commémore la Journée des défenseurs de la Liberté en souvenir de l'assaut de la Tour de Vilnius[13].

Notes et références

  1. a, b et c (en) A Chronicle of the Events of January 1991 and Later Months, consulté le 19 décembre 2010
  2. a et b (fr) Lituanie - In memoriam: 13 Janvier 1991 à Vilnius, NewropMag. Consulté le 5 juin 2010
  3. a et b (en) THE HISTORY OF CONFRONTATION, consulté le 19 décembre 2010
  4. a et b (en) And the freest country is...Estonia?, consulté le 19 décembre 2010
  5. (et) Histoire de l'ETV (télévision estonienne) en 1991, consulté le 19 décembre 2010
  6. (fr) La Lituanie devient Membre de l’ONU, Pays-baltes.com. Consulté le 5 juin 2010
  7. (en) January 13, 1991 – Lithuania’s ‘Winter War’, Lituanica. Consulté le 5 juin 2010
  8. (lt) Akmenės rajono spauda apie 1991 m. sausio įvykius, Laisve15.lt. Consulté le 5 juin 2010
  9. (en) KREMLIN DID NOT ORDER TROOPS TO USE FORCE, Seattle Post - Intelligencer. Jan 14, 1991. pg. a.1
  10. (en) Kristina Spohr Readman, Germany and the Baltic problem after the Cold War, p. 32
  11. (en) Human Rights Watch World Report, par HRW. Consulté le 5 juin 2010
  12. (lt) Valstybés sienos apsauga, Lka.lt. Consulté le 5 juin 2010
  13. Le 13 Janvier – l’engagement à la création d’une Lituanie libre, progressive et juste

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) January 1991 : images of freedom (photographies réunies par Erika Miknevičiūtė, traduction en anglais par Mantas Adomėnas), National Museum of Lithuania, Vilnius, 2005, 158 p. (ISBN 9789955415497)
  • (en) Glasnost in jeopardy: human rights in the USSR, Helsinki Watch, 1991, 180 p. (ISBN 0929692896)
  • (en) Germany and the Baltic problem after the Cold War: The Development of a New Ostpolitik 1989-2000, Kristina Spohr Readman, 2004, 268 p. (ISBN 0714655155)
  • (lt) Lietuva: 1991.01.13 : dokumentai, liudijimai, atgarsiai, Valstybinis leidybos centras, 1991, 370 p. (ISBN 5899426233)
  • (lt) Lietuva ir pasaulis 1991 - ųjų sausyje: Svarbesnių įvykių kronika, Vytautas Skuodis, 1995, 117 p. (ISBN 9986090989)
  • (fr) David Wolff et Gaël Moullec, Le KGB et les pays baltes : 1939-1991, Belin, Paris, 2005, 236 p. (ISBN 2701135532)
  • (fr) Antoine Jacob, Les Pays baltes: Indépendance et intégrations, Alvik Éditions, 2004, 335 p. (ISBN 2914833172)
  • (fr) Jean-Pierre Minaudier, Histoire de l'Estonie et de la nation estonienne, Harmattan, 2007, 402 p. (ISBN 2296046738)

Liens externes

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