Jean-Daniel Schoepflin

Jean-Daniel Schoepflin^[1] (1694-1771) est un historien alsacien qui enseigna l'histoire et l'éloquence latine à l'Université de Strasbourg. Ses publications sur l'histoire de l'Alsace et des régions alentours, ainsi que sont travail de généalogiste princier lui firent d'acquérir une renommée européenne qui participa à l'"âge d'or" universitaire de Strasbourg au XVIII^e siècle. Il est l'auteur de L'Alsace Illustrée, l'un des plus important ouvrage de l'histoire alsacienne ainsi que l'un des fondateurs de la méthode historique moderne^[2].

Biographie

Monument funéraire à l'église Saint-Thomas de Strasbourg

Jean Daniel Schoepflin est né le 24 septembre 1694 à Sulzburg, petite ville du margraviat de Bade-Durlach. Son père y était un employé du margrave Frédéric VII Magnus de Bade-Durlach. En tant que fils de fonctionnaire, le jeune Schoepflin bénéficie d'une solide éducation et pu partir suivre ses cours académiques à Bâle. En 1710, il arrive à Strasbourg où il devient précepteur dans la maison d'un professeur de belles-lettres qui se trouve être un beau-frère du comte autrichien de Bartenstein.

Il débute sa carrière d'historien avec quelques écrits modestes en langue latine sur un théologien de Strasbourg (Barth), un autre au souvenir de son bienfaiteur, Kuhn, puis encore Germanicus et une généalogie des rois de Navarre. À partir de ce moment, il entame les travaux qui occuperont le reste de sa vie, avec des recherches sur les antiquités de l'Alémanie.

A 30 ans, sa réputation littéraire est déjà établie à Strasbourg, dans les villes savantes de la vallée rhénane, en Allemagne et dans le Nord. En 1723, il se voit offrir une chaire à Francfort puis deux ans plus tard, la veuve de Pierre le Grand lui propose des fonctions à Saint-Petersbourg. Il reçoit encore des propositions pour la Suède à Upsal et pour la Hollande à Leyde, mais il refuse car il reste attaché à Strasbourg et à son Université.

Il effectue un séjour de plusieurs mois en Italie, dont il explore les nombreux trésors archéologiques, en particulier à Rome, ce qui lui permet de nouer des amitiés parmi de nombreux savants et hommes d'influencse. A son retour, en 1728, il prend les fonctions de chanoine de Saint-Thomas et jette les fondements d'une importante collection de manuscrits et d'ouvrage historiques et philologiques.

Il est nommé membre honoraire de l'Académie de Londres et correspondant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres de Paris. Il fait aussi plusieurs tournées à Lunéville où il est apprécié de Stanislas Leczinski.

Comme il excelle à débrouiller les généalogies confuses ou conjecturales, il obtient un grand succès auprès de l'Empereur Charles VI auquel il est présenté à Vienne en 1738. Le monarque est en effet un grand amateur de tout ce qui touche les questions des descendances princières et se montre particulièrement intéressé par les développements de Schoepflin qui permettent de remonter l'origine de la maison des Habsbourg bien au-delà de Gérard d'Alsace, jusqu'aux temps mérovingiens avec le duc Étichon d'Alsace ^[3]

A l'occasion des 300 ans de l'imprimerie, il publie en 1740 et 1741, deux traités où il revendique pour Gutenberg et Strasbourg (où celui-ci avait temporairement séjourné) l'invention des caractères mobiles.

Vers cette même époque, Schoepflin commence à s'occuper de l'œuvre qui allait le faire passer à la postérité: Par un remarquable travail de collecte d'informations, parcourant les bibliothèques et les archives, il peut enfin, après 10 ans d'abnégation, faire paraître en 1751 le première volume de 'l'Alsace Illustrée et la présenter au roi Louis XV. Obtenant la protection du roi, Schoepflin, et avec lui l'Université de Strasbourg, attire alors beaucoup de fils de nobles maisons de toute l'Europe centrale et du Nord, venant à Strasbourg faire, sous sa direction, leurs études de droit public, ce qui contribue à donner à Strasbourg un renom d'hospitalité et de mouvement intellectuel. Goethe sera ainsi l'un de ses élèves.

En 1761 paraît le deuxième volume de l'Alsace Illustrée, puis en 1767 l'Alsace diplomatique, un recueil de chartes ayant servi à l'œuvre précédente.

Schoepflin meurt le 7 août 1771 à Strasbourg, sans avoir pu exécuter son Alsace sacrée et son Alsace littéraire

L'église Saint-Thomas de Strasbourg abrite son monument funéraire^[2].

Œuvres

L'œuvre principale de Schoepflin est incontestablement l'Alsace Illustrée en deux volumes, associé à l'Alsace Diplomatique, tous deux en langue latine. Par son exhaustivité et la rigueur de ses démonstrations, elle constitue la plus importante compilation de données sur l'histoire alsacienne et reste aujourd'hui une référence, même si des découvertes postérieures ont permis d'en contester ou compléter certaines partie:

• 1751: Alsatia illustrata Celtica Romana Francica (volume 1)
• 1761: Alsatia illustrata Germanica Gallica (volume 2)
• 1767: Alsatia diplomatica

Une traduction en 5 volumes de l'Alsatia Illustrata a été réalisée par Ravenez au milieu du XIX^e siècle:

•  ????: L'Alsace illustrée ou recherche sur l'Alsace pendant la domination des Celtes, des Romains, des Francs, des Allemands et des Français - Tome 1
• 1849: L'Alsace illustrée ou recherche sur l'Alsace pendant la domination des Celtes, des Romains, des Francs, des Allemands et des Français - Tome 2: L'Alsace sous les romains, monuments de cette période, Mulhouse, François Perrin, libraire-éditeur
• 1851: L'Alsace illustrée ou recherche sur l'Alsace pendant la domination des Celtes, des Romains, des Francs, des Allemands et des Français - Tome 3: Monuments romain, l'Alsace sous les Francs, Mulhouse, François Perrin, libraire-éditeur
• 1851: L'Alsace illustrée ou son histoire sous les empereurs d'Allemagne - Tome 4: L'Allemagne germanique, l'histoire des seigneuries, Mulhouse, François Perrin, libraire-éditeur
• 1852: L'Alsace illustrée ou son histoire sous les empereurs d'Allemagne - Tome 5: Villes impériales, généalogies, Mulhouse, François Perrin, libraire-éditeur

Autres œuvres:

• 1754: Vindiciae celticae, en latin, "recherches sur les origines celtiques"
• 1763-1766: Historia zäringo-badensis, en latin et en 7 volumes, "l'histoire de la maison Zœhringen"

Schoepflin a aussi participé au Dictionnaire des gaules, édité par Jean-Joseph Expilly.

Distinctions

Il fut membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

Postérité

À Strasbourg, le quai Schoepflin et l'Espace Schoepflin (un centre médico-social, un gymnase, une école maternelle, une école élémentaire, une cantine scolaire et un parking souterrain) témoignent de sa notoriété.

Notes

1. ↑ ou Johann Daniel Schöpflin
2. ↑ ^{a et b} Roland Recht, Jean-Pierre Klein et Georges Foessel, Connaître Strasbourg : cathédrale, musées, églises, monuments, palais et maisons, places et rues, Alsatia, Colmar, 1976, p. 171
3. ↑ La parenté entre Étichon et la maison des Habsbourg reste aujourd'hui contestée

Voir aussi

Bibliographie

• Louis Spach, Biographies alsaciennes: Volume 1, Imprimerie Berger-Levrault & fils, 1866 (source principale de cet article)
• Christian Pfister, Jean-Daniel Schoepflin : Étude biographique, Imprimerie Berger-Levrault et Cie, Paris, Nancy, 1888
• Jürgen Voss, Jean-Daniel Schoepflin (1694-1771) : un Alsacien de l'Europe des Lumières (trad. de l'allemand par Bernard Rolling), Société savante d'Alsace, Strasbourg, 1999, 386 p. (texte remanié d'une thèse de doctorat d'Histoire soutenue à Mannheim en 1976)

Liens externes

• Strasbourg, Schoepflin et l'Europe au XVIII^e siècle (notes de lecture des actes du colloque organisé en 1994 par Bernard Vogler et Jürgen Voss à l'occasion du 300^e anniversaire de la naissance de Jean Daniel Schoepflin ; Bouvier, Bonn, 1996, 341 p.)
• « Éloge de Schoepflin » (Revue d'Alsace, 1850, vol. 1, p. 311-325)