Joseph Hackin

Joseph Hackin

Joseph Hackin est un archéologue français d'origine luxembourgeoise né à Boevange-sur-Attert (Luxembourg) le 8 novembre 1886, décédé en mer lors du torpillage de son bateau, au large du Cap Finisterre le 24 février 1941.

Sommaire

Le musée Guimet

Fils d'un cocher, Joseph Hackin effectue ses études en France, dans un collège privé à Dreux, puis à Paris, où il obtient les diplômes de l'École des langues orientales et de l'École libre des sciences politiques. En 1907, il est secrétaire de l'industriel Émile Guimet[1], mécène passionné par les civilisations orientales, qui créera à Paris le musée portant toujours son nom.

Le musée Guimet aujourd'hui à Paris.

En 1912, Hackin obtient la nationalité française. L'année suivante, il est nommé conservateur adjoint du Musée Guimet.

Mobilisé en 1914 comme simple soldat, blessé à trois reprises, il termine la guerre comme lieutenant, commandant de compagnie. Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur, et il est titulaire de la croix de guerre 1914-1918 et d'une décoration roumaine.

Démobilisé, il reprend ses activités et ses travaux au musée Guimet, dont il devient conservateur en 1923.

L'archéologue

L'essentiel de la carrière de Joseph Hackin, entre les deux guerres, se partage entre Paris, l'Afghanistan et l'Extrême-Orient.

À Paris, il exerce ses fonctions de directeur du musée Guimet, obtient un doctorat ès-lettres et assure des enseignements à l'École des hautes études et à l'École du Louvre. Parmi ses élèves se trouve Marie Parmentier, devient son épouse et sa collaboratrice. Elle est couramment appelée « Ria » (contraction de Marie/Hackin), y compris dans certaines publications[2].


En Afghanistan, il effectue, à partir de 1923, de nombreuses recherches à Bâmiyân, ainsi qu'à Begram (l'antique Kapissa, qui fut probablement la capitale d'été des rois kouchans). Là, Ria Hackin met au jour en 1937, sous sa direction, un exceptionnel trésor, dont une partie est conservée au musée Guimet[3].

Ivoires du trésor de Begram (musée Guimet).

Joseph Hackin dirige la maison franco-japonaise de Tokyo, de 1930 à 1933, ce qui ne l'empêche pas de participer, à titre d'archéologue, à la Croisière jaune, ou « Mission Centre Asie », organisée par André Citroën en 1931-1932. En 1934, il est nommé directeur de la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA) ; il a pour adjoint l'architecte Jean Carl, avec lequel il collabore depuis 1928. Hackin entretient les meilleurs rapports avec les hautes autorités afghanes qui facilitent ses recherches et ses déplacements. Grâce au véhicule tout terrain « Laffly » qu'il a acquis pour la DAFA, il effectue, parallèlement à ses recherches à Bâmiyân et Begram, de nombreuses reconnaissances archéologiques en Afghanistan.

La France libre

Mobilisé sur place en 1939, à la Légation de France à Kaboul, comme capitaine, puis commandant, il dépend de l'état-major du Théâtre d'opérations du Moyen-Orient (Beyrouth). Dès le 6 juillet 1940, il télégraphie son ralliement au général de Gaulle. Arrivé à Londres en octobre 1940, il est chargé de coordonner les relations entre divers comités de la France libre de par le monde. De son côté, Marie Hackin rejoint le Corps des volontaires féminines de la France libre, avec le grade de sous-lieutenant.

En février 1941, le général de Gaulle nomme Joseph Hackin délégué de la France libre en Inde (et dans les régions environnantes). Hackin et sa femme s'embarquent sur le cargo Jonathan Holt, qui est torpillé le 24 février 1941 dans les parages du Cap Finistère[4]. Tous deux périssent dans ce naufrage. En apprenant la nouvelle, Jean Carl, qui leur est profondément attaché et les a suivis à Londres, se suicide[5].

Joseph et Marie Hackin ont été nommés compagnons de la Libération par le général de Gaulle (décret du 13 mai 1941).

Le nom de Joseph Hackin a été donné à une rue du quartier Kirchberg, à Luxembourg ; ceux de Joseph et Marie Hackin à une rue du XVIe arrondissement de Paris.

Notes et références

  1. L'entreprise de la famille Guimet a donné naissance au groupe Pechiney.
  2. Outre ses collaborations avec son mari, elle est l'auteur, avec Ahmad Ali Kohzad, de Légendes et coutumes d'Afghanistan, Paris, PUF, ouvrage publié en 1953.
  3. Suivant accord signé dans les années 1920 entre les autorités afghanes et françaises (représentées par Alfred Foucher), une partie du trésor de Begram est conservé au musée Guimet. Les collections du Musée national afghan de Kaboul ont été en parties détruites par les talibans.
  4. Le torpillage eut sans doute lieu par 51,24 °N, 14,10 °W.
  5. Bernard Dupaigne, Gilles Rossignol, Le guide de l'Afghanistan, Lyon, La Manufacture, 1989, p. 210.

Bibliographie

  • Nouvelles recherches archéologiques à Bāmiyān , avec la collaboration de J. Carl, Paris, G. Van Oest, 1933, 92 p.(Mémoires de la délégation archéologique française en Afghanistan, t. III)
  • Recherches archéologiques au col de Khair Khaneh, près de Kābul, avec la collaboration de J. Carl, Paris, Éditions d'art et d'histoire, 1936, 39 p. (Mémoires de la Délégation archéologique française en Afghanistan, t. VII)
  • Diverses recherches archéologiques en Afghanistan: 1933-1940, avec la collaboration de J. Carl et J. Meunié ; avec des études de Roman Ghirshman et Jean-Claude Gardin, avant-propos par Philippe Stern. Paris, Presses universitaires de France, 1959, 141 p. (Mémoires de la Délégation archéologique française en Afghanistan, t. VIII).
  • Recherches archéologiques à Begram : chantier n° 2 (1937), avec la collaboration de Marie Hackin, Paris, Les Éditions d'art et d'histoire, 1939, 2 vol. (Mémoires de la délégation archéologique française en Afghanistan, t. IX)
  • Nouvelles recherches archéologiques à Begram : ancienne Kâpici : 1939-1940, avec la collaboration de Marie Hackin, J. Carl et P. Hamelin ; études comparatives par J. Auboyer, V. Elisséeff, et al. (avant-propos par Alfred Foucher, René Grousset, Philippe Stern), Paris, Presses universitaires, 1954, 2 vol. (Mémoires de la Délégation archéologique française en Afghanistan, t. XI).

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