La Kallocaïne

La Kallocaïne
La Kallocaïne
Auteur Karin Boye
Genre roman
Version originale
Titre original Kallocain
Langue originale Suédois
Pays d'origine Drapeau de Suède Suède
Version française
Traducteur Marguerite Gay et Gerd de Mautort
Lieu de parution Paris
Éditeur Fortuny
Date de parution 1947
Nombre de pages 275

La Kallocaïne (en suédois Kallocain) est un roman dystopique suédois publié en 1940 par Karin Boye. Le roman figure parmi les classiques du genre de la dystopie, qui s'est développé autour des deux guerres mondiales autour de la fusion, favorisée par les travaux de Hannah Arendt sur ce qu'elle baptise le « totalitarisme », du communisme et du nazisme.

Description

La Kallocaïne a fortement influencé 1984 d'Orwell, notamment dans les détails matériels : cantine, baisse de la qualité de vie, mais aussi dans le recours à un journal intime, la dénonciation au sein des couples, la surveillance policière de l'espace privé, l'idée du crime de la pensée, puni de mort, l'enrôlement des citoyens dans des célébrations d'état sur leur temps de loisirs, les enfants soldats redoutables adjuvants du régime, le rôle de la guerre aux portes, le rôle de la femme comme propulsant la force de vie, l'importance de l'amour dans le déclenchement de la prise de conscience.

La Kallocaïne relate l'invention, par un zélé chimiste qui vit dans la Ville des Chimistes n° 4, d'un sérum de vérité : celui qui a tout révélé sous l'influence de la piqûre se souvient ensuite parfaitement de ce qu'il a avoué. Vouée à délivrer l'état mondial des criminels par la pensée, la drogue lui permet en fait de comprendre la profonde humanité de sa propre femme et de la révéler à elle-même : elle part retrouver ceux qui lui ressemblent, tandis qu'éclate la guerre faite par l'état voisin à l'état mondial : le héros est fait prisonnier ; il écrit l'histoire de la kallocaïne dans sa prison.

L'accent est mis, dans l'histoire, sur le problème de la confiance que les humains peuvent mettre les uns en les autres dans une société totalitaire (où le mari se défie de son épouse, et l'épouse de son mari). On assiste au renversement du personnage central qui prend peu à peu conscience du monde dans lequel il vit, grâce à un de ses collègues, Rissen, qu'il finit par dénoncer tant il a peur de se découvrir lui-même si proche.

La Kallocaïne, malgré la présence de quelques souterrains voués au travail, dans la lignée de Métropolis, adopte une représentation horizontale des "enfers" : on découvre que l'état mondial n'est en réalité pas seul sur la Terre, malgré son nom, et qu'il existe un état voisin. Lors d'un voyage en avion, toutes écoutilles fermées, pour répondre à une convocation concernant la kallocaïne, le héros subit contrôle sur contrôle afin d'accéder à cet autre espace, celui de la capitale de l'état mondial, qui se révèle exactement de même nature que ses provinces. Le rêve d'une "ville du désert", dont le héros et Rissen se demandent si elle existe vraiment géographiquement, à la surface du Globe, rappelle celui d'Avalon : une île, un refuge qui peut être partout et nulle part. C'est bien ce refuge que Linda part chercher à la fin du roman, ayant compris que d'autres, partout dans l'état mondial et dans l'état voisin, pensent comme elle, et qu'ils aspirent à se trouver et à se rassembler. En fin de compte, la guerre qui éclate contre l'état mondial lui révèle sa finitude et sa fragilité. Mais si toute dictature a une fin, c'est une autre dictature qui lui succède ; et le pessimisme de l'auteur, qui reste muet sur le sort de Linda comme de Rissen (se sont-ils échappés ?), est radical.

Margaret Atwood reprendra cet épilogue aporistique à la fin de La Servante écarlate (1985), le sort final de Defred étant indécidable. Orwell, quant à lui, accuse le trait en ne permettant même pas un changement de dictature, et en ne présentant aucun personnage ayant potentiellement pris conscience de son aliénation ; au contraire, les deux amants, soumis à la torture, se dénoncent l'un l'autre ; écrasés de honte et du dégoût de n'avoir pas été dignes de se faire confiance (ici Orwell reprend la thématique majeure de Karin Boye, la question de la confiance qui est lancinante dans le roman), les deux héros, matés par le pouvoir et comme décervelés, n'ont plus en eux la moindre étincelle d'amour ou de révolte.


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article La Kallocaïne de Wikipédia en français (auteurs)

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