Oryctolagus cuniculus

Oryctolagus cuniculus

Lapin de garenne, Lapin commun

Aide à la lecture d'une taxobox Lapin de garenne
ou lapin commun
 Lapin de garenne, individu sauvage
Lapin de garenne, individu sauvage
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Sous-classe Theria
Infra-classe Eutheria
Ordre Lagomorpha
Famille Leporidae
Genre
Oryctolagus
Lilljeborg, 1874
Nom binominal
Oryctolagus cuniculus
(Linnaeus, 1758)
Synonymes
  • Lepus cuniculus L., 1758
Répartition géographique
Oryctolagus cuniculus geographical distribution.jpeg
Statut de conservation UICN :

LC  : Préoccupation mineure
Schéma montrant le risque d'extinction sur le classement de l'UICN.

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Le lapin de garenne ou lapin commun (Oryctolagus cuniculus)[1],[2] est la seule espèce du genre Oryctolagus, c'est un mammifère lagomorphe de la famille des léporidés. Les populations sauvages sont communes en Europe et l'espèce a été introduite en Australie en 1874. Jusqu'au Moyen Âge, ce lapin est souvent élevé en semi-liberté, dans de vastes espaces clos appelés des garennes, ce qui lui vaut son nom vernaculaire. Sous sa forme domestiquée l'espèce est commune un peu partout dans le monde, élevée dans des clapiers. Le lapin de garenne est l'espèce souche de tous les lapins domestiques, avec de nombreuses races et variétés obtenues par sélection, y compris des lapins nains.

Articles détaillés : Lapin domestique et lapin nain.

Sommaire

Nomenclature et systématique

Autres noms vernaculaires : Lapin des bois[2], Lapin ordinaire[2], Lapin sauvage[1], Lapin vulgaire[2] ou encore Lapin européen[3].

Le lapin commun, autrefois classé dans l'ordre des rongeurs, appartient à l'ordre des lagomorphes, qui diffère du premier par la présence de deux paires d'incisives à la mâchoire supérieure (l'une derrière l'autre) contre une seule pour les rongeurs, mais aussi par une mastication latérale et non pas d'avant en arrière et par un nombre de doigts différent aux membres[4]. Il s'agit de l'unique léporidé du genre Oryctolagus, qu'il ne faut pas confondre avec d'autres lapins de la famille des léporidés, appartenant à d'autres genres comme par exemple le lapin d'Amérique. Le lapin commun ne peut donc s'hybrider avec aucune autre espèce de lapin[5].

Sous-espèces parfois reconnues du lapin de garenne[6] :

  • ITIS
    • Oryctolagus cuniculus cuniculus (Linnaeus, 1758), l'ancêtre du lapin domestique[7].
    • Oryctolagus cuniculus huxleyi Haeckel, 1874
  • NCBI (à titre indicatif)
    • Oryctolagus cuniculus algirus, dont la présence est limitée à la Galice, au Portugal, et à la moitié sud-ouest de la péninsule Ibérique. De taille un peu plus petite que O.c.cuniculus[7].

Le lapin domestique est aussi parfois donné comme une sous-espèce à part entière : Oryctolagus cuniculus domesticus[8].

Le nom de genre Oryctolagus trouve son origine dans le grec oruktês signifiant « fouisseur » et lagôs désignant un lièvre. Le mot cuniculus correspond lui au nom latin du lapin, dérivé de l’Ibère et transcrit pour la première fois en « ko(n)niklos » par l’historien gréco-romain Polybe[9]. En ancien français, l'animal s'appelait connil (du latin cuniculus ; cf. le castillan conejo, l'italien coniglio ou le néerlandais konijn). Le mot connil/connin ressemblant trop à celui de con (avec tous ses sens...), il fut supplanté au XVe siècle par « lapin » (on trouve ce mot dans les Chroniques de Charlemagne, 1458), dont l'étymologie controversée est très vraisemblablement une interférence de laper (manger avec avidité) et de lapereau (petit lièvre), ce dernier provenant de lapriel (du latin : leporellus, lapereau).

Description

Morphologie

Le lapin commun présente une silhouette comparable à celle du lièvre mais s'en différencie par plusieurs caractéristiques :

  • des oreilles plus courtes que la tête (chez l'individu sauvage) ;
  • un iris brun sombre ;
  • l'ongle des orteils non fendu ;
  • une gestation de 31 jours ;
  • des petits qui naissent aveugles et nus ;
  • une vie en société hiérarchisée ;
  • 44 chromosomes.
 v · d · m  Formule dentaire
mâchoire supérieure
3 3 0 2 2 0 3 3
3 2 0 1 1 0 2 3
mâchoire inférieure
Total : 28
Dentition du lapin

On distingue les mâles des femelles grâce à leur tête, plus large et moins fine que celle des femelles et à l'écart entre l'anus et les organes génitaux externes.

Le lapin de garenne mesure de 34 à 50 cm (longueur tête et corps) pour des oreilles de 4 à 8 cm. Son poids varie de 1,2 kg à 2,5 kg. Il possède une fourrure douce de couleur brun roux, parfois couleur fauve qui constitue un camouflage de choix contre ses prédateurs.

Les dents d'un lapin, notamment ses incisives, poussent sans arrêt. Le lapin doit constamment « user » ses dents afin d'éviter qu'elles ne deviennent trop longues (ce qui pourrait par ailleurs le blesser).

Perceptions sensorielles

Vue

Le lapin voit à 360° autour de sa tête.

On considère généralement que chacun des deux yeux du lapin a un champ de vision de 192°, voire plus pour certains auteurs qui estiment que ce champ peut atteindre 240°. Au total, le champ de vision du lapin est de 360°, et la zone de vision binoculaire est de 24° devant lui et 30 ° au-dessus de la tête[10]. En cas d'alerte, le lapin peut accroître cette vision binoculaire à 30° vers l'avant et 8 à 10° vers l'arrière en modifiant la position de ses yeux dans leurs orbites. C'est en effet uniquement dans la zone de vision binoculaire que l'animal peut évaluer la distance à laquelle se trouvent les éléments. Les oreilles seules peuvent obstruer la vision des lapins, notamment chez les lapins béliers. Par ailleurs, il existe un angle mort une dizaine de cm devant le nez. Dans cette zone ce sont les vibrisses de l'animal qui permettent de percevoir les éléments placés devant lui. Les cellules de la rétine sensibles à la lumière sont peu denses chez le lapin, qui perçoit de ce fait une image floue. Il est donc plus sensible au mouvement des choses qu'à leur forme[11].

La rétine de l'œil est, chez tous les mammifères, tapissée de cellules sensibles à la lumière. On distingue notamment des cellules en bâtonnet et des cellules en forme de cône. Les premières sont particulièrement représentées chez le lapin, ce qui lui permet de percevoir les choses avec une très faible quantité de lumière. Le lapin peut donc voir dans l'obscurité. Les cellules coniques du lapin contiennent deux types de molécules d'opsine, qui ont une absorption maximale de la lumière pour des longueurs d'onde correspondant au bleu pour l'une et au vert pour l'autre. Le lapin perçoit donc particulièrement bien ces couleurs, tandis que les autres couleurs comme notamment le rouge et l'orange sont très mal distinguées[11].

Toucher

Les vibrisses de l'animal sont ici bien visibles.

Les nombreux poils longs appelés vibrisses présents sur la tête du lapin, notamment sur la lèvre supérieure et la partie antérieure de la joue, mais également au-dessus des yeux et dans la région temporale, ont un rôle essentiel dans la perception du toucher[12].

Goût

La langue du lapin est tapissée d'environ 17 000 cellules gustatives, qui lui permettent de distinguer les quatre saveurs de base : salé, sucré, acide et amer. Le lapin préfère sensiblement les aliments un peu sucrés et un peu amers. Lorsque l'animal n'est pas soumis à un choix, il faut noter que sa consommation alimentaire est indépendante de l'appétence de l'aliment dont il dispose[13].

Ouïe

Le lapin a une bonne sensibilité auditive. Il perçoit les sons entre 360 et 42 000 à 50 000 Hz, alors que l'Homme n'entend qu'entre 20 et 20 000 Hz. Cela signifie que les lapins n'entendent pas les sons très graves, mais qu'ils sont sensibles à une très large gamme d'ultrasons. Le lapin a par contre du mal à localiser avec précision l'origine d'un son : il ne les localise qu'à 20-30° près contre 0,5 à 1° près pour l'homme. Une fois alerté, le lapin peut se dresser sur ses pattes arrières pour mieux voir et entendre un éventuel danger[13].

Odorat

L’odorat du lapin est assez développé. Il dispose de 50 à 100 millions de récepteurs sur sa muqueuse olfactive (contre 10 millions pour l'homme et 1 à 3 milliards pour le chien à titre de comparaison). La surface importante de ses cornets naseaux explique ces nombreux récepteurs, mais il faut noter que les maladies comme le coryza ou la rhinite altèrent très fortement les capacités olfactives de l'animal. L'odorat est un sens qui est développé dès la naissance du lapereau, et il permet à celui-ci de repérer les tétines par le biais des phéromones que celles-ci dégagent[13].

Comportement

lapin grisâtre entrant dans un terrier sous terre
Lapin de garenne à l'entrée de son terrier.

Le lapin commun est un animal nocturne et crépusculaire. La communication entre eux passe principalement par les odeurs, qui permettent d'identifier le sexe et l'âge, mais aussi le statut social.

À l'état sauvage, c'est-à-dire le lapin de garenne, les individus vivent en couple si la densité est faible et en groupe quand elle est plus importante. Un groupe compte jusqu'à 20 sujets adultes ; il est composé généralement de 1 à 6 mâles et de 1 à 6 femelles. Il comporte des mâles et femelles dominants : les premiers monopolisent les accouplements tandis que les secondes disposent des meilleurs emplacements pour creuser les rabouillères (terriers d'accouchement). L'ordre hiérarchique est remis en cause à chaque printemps par des comportements d'intimidation et des combats. Une fois la hiérarchie en place, les interactions agressives décroissent significativement. Les individus dominés ne se défendent pas contre les attaques des dominants. Tous les membres du groupe défendent la partie centrale de leur zone d'influence contre les prédateurs, les sujets dominés vivant en périphérie.

Quand le lapin de garenne sent un danger, il prévient ses congénères en tapant de la patte arrière, ce qui provoque un bruit sec, net et bien audible à grande distance. Lorsqu'il attaque, le lapin couche ses oreilles en arrière et pointe son nez vers l'ennemi, comme s'il cherchait à lui donner des coups de museau. Cette attitude agressive est rare chez le lapin en captivité.

Le lapin commun est presque muet ; on dit que le lapin clapit. Ce petit cri ressemble à un gémissement aigu. Dans de très rares situations d'extrême peur ou d'excitation, il peut émettre un son, une sorte de vibration lorsque la femelle est en chaleur ; le mâle couine également lors du bref coït avant de s'écrouler sur le côté pour se reposer. Le lapin pousse également un cri aigu lorsqu'il comprend qu'il va mourir (généralement une ou deux secondes avant de succomber).

Reproduction et longévité

Lapin de garenne collectant des végétaux pour tapisser son nid.
Lapereaux dans un terrier.

Le lapin commun est très prolifique. On a calculé que la descendance théorique d'un seul couple pourrait atteindre le chiffre de 1 848 individus à la première génération si tout facteur de mortalité précoce était écarté (W. G. Foster, 1972)[7].

Les lapins communs sont célèbres pour leurs capacités reproductives. En effet, les accouplements peuvent avoir lieu toute l'année, même si la plupart des mises bas ont lieu de février à août. L'ovulation est provoquée par l'œstrus ; l'œstrus post-partum est possible. La seule période d'anœstrus se situe à l'automne. Les femelles atteignent la maturité sexuelle dès 3,5 mois, contre 4 mois pour les mâles. La gestation dure 28 à 33 jours. Une lapine a en moyenne 3 à 5 portées par an, chacune comptant de 3 à 12 lapereaux ; l'intervalle minimal entre deux portées est de 30 jours.

Les lapereaux naissent nus et les oreilles et yeux fermés ; ils n'ouvrent pas les yeux avant 10 ou 12 jours. La mère les allaite une fois par jour pendant trois à quatre semaines. Durant cette période, les jeunes prennent rapidement du poids : ils passent de 35 à 45 gr à la naissance à 80 % du poids adulte à 3 mois. Durant ce temps, ils restent dans la rabouillère creusée par leur mère pour mettre bas. Cette dernière ne reste pas auprès d'eux pour les réchauffer et leur témoigne peu de soins. En revanche, elle défend agressivement son territoire contre des jeunes étrangers, alors que les mâles protègent tous les lapereaux, quel que soit leur lien de parenté avec eux.

75 % des lapereaux meurent durant la période d'allaitement. Quand ils atteignent la maturité sexuelle, les jeunes mâles sont souvent chassés par le groupe familial. Soit ils rejoignent une autre garenne, soit ils mènent temporairement une vie solitaire. Les lapins vivent 9 ans au maximum ; en moyenne, leur longévité ne dépasse guère les deux ans. Ils sont en effet confrontés à grand nombre de prédateurs : renards, fouines, belettes, chats forestiers, chiens, rapaces (hiboux, chouettes, aigles), etc. Le trafic routier et la chasse sont également des causes de mortalité importantes.

Habitat

Terrain sableux et herbeux avec des trous à mi-pente
Entrée des terriers de lapins de garenne dans les dunes de Keremma.

Originairement le lapin de garenne peuplait la péninsule Ibérique. On trouve aussi quelques traces anciennes de populations en France ou au Nord-Ouest de l'Afrique. Aujourd'hui il existe à l'état sauvage sur tous les continents exceptés l'Asie et l'Antarctique grâce à ses facultés d'adaptation. Les formes domestiquées sont élevées partout dans le monde. Ces lapins creusent des terriers et préfèrent les régions plutôt sèches et au sol meuble. On les rencontre dans les formations végétales de type lande ou garrigue mais aussi en forêt ou même parfois dans les parcs urbains[14]. Il est présent jusqu'à 1000 mètres d'altitude environ. Le terrier est creusé de préférence sur un talus, en terrain sec ; son ouverture varie de 10 à 50 cm. Suivant la densité de la population locale, il est relié ou non aux autres terriers par des galeries. Un réseau de terriers est appelé une garenne. Le lapin s'en éloigne généralement de quelques centaines de mètres pour chercher sa nourriture.

Le domaine vital d'un lapin de garenne varie de 0,4 à 4 hectares ; le territoire d'une famille ou d'un groupe représente quant à lui 9 à 10 hectares. Il est délimité par l'urine, les crottes des mâles dominants et la sécrétion des glandes mentonnières. Pour un humain, la présence de lapins se reconnaît principalement à la présence de groupes de crottes, au grattage de la terre aux limites du territoire et à la maigre végétation. Les empreintes du lapin sont comparables à celles du lièvre, mais plus petites.

Régime alimentaire

Crottes finales d'un lapin de garenne (les points du papier sont distants de 0,5 cm)


Le lapin est herbivore et caecotrophe, c’est-à-dire qu'il mange ses propres crottes molles dès leur sortie de l'anus. À l'état sauvage, son régime alimentaire est variable, suivant l'environnement local. Il se nourrit de plantes herbacées, principalement des Poacées, au printemps et en été ; en hiver, son régime est composé de tiges et écorces d'arbrisseaux. Il peut creuser légèrement la terre pour trouver racines, graines et bulbes ; il est également capable de grimper dans des arbrisseaux et des buissons pour manger les jeunes pousses. Le lapin mange également des plantes cultivées (céréales, carottes ou choux). Un adulte consomme de 200 à 500 grammes de plantes par jour. Quand les lapins sont présents en densité importante, leur impact sur le milieu est important : ils entravent la reproduction de certaines espèces de plantes mais aussi, en conséquence, d'animaux.

Comme les autres lagomorphes, le lapin a longtemps été considéré comme un ruminant. Ainsi, le Lévitique interdit de manger « le lièvre, car il rumine, mais il n'a pas l'ongle fendu[15] » Ce classement se fonde sur une observation du comportement du lapin, qui passe de longues heures à remuer les mâchoires de droite à gauche. En réalité, ces mouvements ne s'expliquent pas par la rumination mais par une alimentation en deux temps. D'abord, le lapin digère l'herbe qu'il a consommée : la cellulose est transformée par les bactéries anaérobies du cæcum en acides gras volatils qui servent de nutriments. Il en résulte des cæcotrophes, sorte de crottes d'un vert olive, molles et brillantes que le lapin réingurgite dès leur sortie de l'anus pour les sucer longuement, d'où le mouvement des mâchoires décrit précédemment. Les crottes finales du lapin de garenne sont d'un brun foncé, plus grosses (7 à 12 mm de diamètre) et ternes[16].

Maladies

Un lapin malade à l'œil boursouflé
Lapin atteint de myxomatose.

Le lapin commun est sujet à deux maladies importantes, qui ont un impact sur les populations sauvages et posent des difficultés aux éleveurs : la myxomatose et la maladie virale hémorragique (VHD), contre lesquelles il existe un vaccin; ainsi que des problèmes intestinaux dus aux Escherichia coli entéropathogènes (EPEC) contre lesquels le vaccin est à l'étude [17].

L'espèce et l'Homme

Domestication et élevage

Clapiers traditionnels en Catalogne.

À l'origine le lapin de garenne se rencontrait essentiellement en Espagne et dans le sud de la France. Il y a très tôt servi de source d'alimentation pour les peuplements humains. Ainsi, entre le VIIIe et le VIIe millénaire avant J-C, le lapin semble constituer l'essentiel de l'alimentation en viande en Provence. Il est par la suite laissé de côté par les chasseurs qui s'intéressent à des proies plus imposantes[18].

La diffusion récente du lapin en Europe occidentale, à l'échelle de l'histoire, constitue l'une des plus importantes migrations d'animaux sauvages dues à l'homme. Elle résulte essentiellement d'échanges entre groupes humains, depuis l'Antiquité jusqu'au bas Moyen Âge. Pourtant, le lapin commun n'a été domestiqué que tardivement, au Moyen Âge, et c'est le seul animal d'élevage originaire d'Europe[19]. Parallèlement, le « lapin de garenne » est passé de la garenne au clapier aux environs de l'an 1000, puis du changement de statut d'animal sauvage à celui d'animal domestique : le lapin domestique qui donné naissance à de nombreuses races d'élevage par la suite[20].

Le lapin domestique est aujourd'hui élevé pour sa chair, sa fourrure, ses poils ou comme animal de laboratoire ou animal de compagnie.

Diffusion par l'Homme

nombreux lapins autour d'un point d'eau
Lapins autour d'un trou d'eau en Australie, sur un site d'essai de la myxomatose.

La propagation du lapin de garenne par l'Homme et les problèmes qu'elle occasionne sont des phénomènes très anciens. Ainsi, le géographe grec Strabon énonce le cas de lapins échappés aux Baléares et qui se développèrent sur l'île si bien que les colons qui y étaient présents demandèrent à l'empereur Auguste de leur envoyer l'armée pour les débarrasser de ce fléau ou de leur offrir d'autres terres tant ces animaux faisaient des dégâts[18].

En 1874, 24 lapins communs furent introduits en Australie et se reproduisirent très rapidement[21]. Dans ce pays où les carnassiers avait été presque éliminés, les lapins ont prospéré. À peine un demi-siècle plus tard, la population de lapins s'élevait à 30 millions d'individus et menaçait l'agriculture et l'équilibre écologique. Après l'introduction de la myxomatose, on en est arrivé, en 1995, à introduire sur ce continent un virus ravageur des lapins : le Rabbit Haemorrhagic Disease Virus (RHDV) pour rééquilibrer leur population[22]. Les Australiens relâchèrent également des renards, jusqu'ici absents de l'île-continent, qui s'attaquèrent aux marsupiaux[21].

La chasse

Chien Beagle rapportant un lapin de garenne dans la gueule.
Article détaillé : Chasse au lapin.

En France l'Office national de la chasse et de la faune sauvage estime que 3 209 210 lapins de garenne (± 2,0%) ont été abattus dans la campagne de chasse de la saison 1998-1999[23] ce qui fait de cette espèce le quatrième type de gibier chassé derrière le pigeon ramier, les faisans et les grives. En 1998-1999, 35% des chasseurs avaient tué un lapin, contre 47% en 1983-1984. Le nombre de spécimens prélevés a beaucoup baissé depuis 1983-1984 puisque 6 432 000 lapins avaient été tués[23], cependant ces chiffres peuvent ne pas refléter les populations de lapins car celles-ci varient fortement annuellement. Ce déclin peut être attribué à la fois à la baisse des effectifs des petites populations et à la fois au désintérêt de certains chasseurs qui préfèrent les gibiers plus gros. En outre de fortes disparités régionales existent, ainsi les prélèvement dans le Nord et l'Ouest du Bassin parisien ont progressé[23].

Statut de conservation et menaces

Lapin de garenne en fuite.

Si le lapin de garenne est localement considéré comme envahissant en raison de sa densité de population ou plutôt des dégâts qu'il peut faire sur l'agriculture et la sylviculture, il a pourtant aussi disparu d'une vaste partie de son aire ancienne de répartition, ce pourquoi l'UICN l'a en 2007 considéré comme près de la limite au-delà de laquelle il serait à inclure dans les espèces menacées[24]. Les populations du lapin de garenne ont régressé à cause de la dégradation et fragmentation de leur habitat, de la chasse, de la myxomatose et de virus hémorragiques ou d'autres maladies. La mortalité routière est également une cause de régression de populations. Les pays d'Europe du sud-ouest (Aire d'origine du lapin) sont les plus touchés : Par exemple, les populations de lynx ibérique du Parc national de Doñana (Espagne) sont encore plus menacées depuis que la population des lapins du parc a diminué de 60% après qu'ils ont été décimés d'abord par la première vague d'une épizootie (fièvre hémorragique , RHD) en 1990, puis par la présence constante de la maladie. La population actuelle (2007) a été évaluée à moins de 10% de ce qu'elle était avant 1990[25].

En France le lapin de garenne, bien qu'ayant localement fortement régressé ou même disparu est inscrit sur la liste des animaux susceptibles d'êtres classés nuisibles et fait néanmoins l'objet de repeuplements par les organisations de chasseurs[26].

La disparition locale du lapin de garenne pose divers problèmes écologiques :

  • ils ne mangent plus la strate herbacée qui se développe en évapotranspirant plus et en produisant des milieux secs en été, sensibles aux incendies ;
  • les grands prédateurs (loups, lynx, grands rapaces) souffrent d'un manque de proies, ce qui menace des espèces très menacées telles que le lynx ibérique ou l'aigle impérial (Aquila adalberti) ;
  • ils ne creusent plus de terriers qui contribuent à remobiliser la banque de graines du sol et sont souvent utilisés par d'autres espèces.

Solutions : divers modes de réintroduction ont été testés, avec notamment un élevage conservatoire, des comportements de population à partir d'individus capturés au moyen de furets, et des « garennes artificielles ».

Le lapin commun dans la culture

Voir l'article principal : Lapin dans la culture.

Le lapin commun est profondément ancré dans la culture humaine, le langage, les contes, les fêtes comme l'art ou les croyances. Animal familier auprès de multiples populations, le lapin commun est en effet le principal initiateur de toute une symbolique et on le retrouve présent dans la mythologie de plusieurs pays du globe. Facile à observer et à apprivoiser, d'aspect attendrissant, reproducteur prolifique, gibier de choix... les raisons ne manquent pas pour faire de ce lapin parmi toutes les autres espèces cousines, un personnage privilégié de nombreuses œuvres littéraires ou cinématographiques ou graphiques.

Notes et références

  1. a et b Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  2. a, b, c et d (en) Murray Wrobel, 2007. Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007. ISBN 0-444-51877-0, 9780444518774. 857 pages. Rechercher dans le document numérisé
  3. Nom plus rarement utilisé, parfois par traduction littérale de l'anglais European rabbit. Exemple d'usage dans un document scientifique : Description des principales étiologies des maladies digestives chez le lapin européen (Oryctolagus cuniculus).
  4. Généralités sur www.ffc.asso.fr. Consulté le 16 mars 2010
  5. Jérôme Viale, Les principales maladies microbiennes du lapin : revue bibliographique de l'utilisation des molécules antibactériennes ; importance de leur innocuité, Maison Alfort, Thèse de médecine vétérinaire, 2006 [lire en ligne] 
  6. Les cuisiniers français
  7. a, b et c Conejodans le sitewww.sierradebaza.org(es)
  8. Voir par exemple les documents scientifiques utilisant ce taxon dans Google Scholar
  9. Céline Chantry-Darmon, Construction d’une carte intégrée génétique et cytogénétique chez le lapin commun (Oryctolagus cuniculus) : application à la primo localisation du caractére rex, Université de Versailles Saint-Quentin, Thèse, 2005 
  10. (en)A. Hughes, D. Vaney, « The organization of binocular cortex in the primary visual area of the rabbit », dans J. Comp. Neurol., vol. 204, 1982, p. 151-164 
  11. a et b François Lebas, « L'œil et la vision chez le lapin » sur www.cuniculture.info. Consulté le 3 mars 2010
  12. François Lebas, « Extérieur du corps et Morphologie » sur www.cuniculture.info. Consulté le 3 mars 2010
  13. a, b et c François Lebas, « Quelques comportements du lapin et leurs conséquences sur les méthodes d'élevage » sur www.cuniculture.info. Consulté le 4 mars 2010
  14. Référence Animal Diversity Web : Oryctolagus cuniculus (en)
  15. Lévitique 11:5-6, traduction de John Nelson Darby.
  16. Cf. La Hulotte no 60, p. 32-37.
  17. Résumés des communications présentées lors des 10es Journées de la recherche cunicole dans la section « Pathologie», Cuniculture Magazine, Volume 30 (année 2003) pages 64-74
  18. a et b Jean Rougeot et René-Gérard Thebault, Le lapin Angora, Éditions Point Vétérinaire, 1989, 184 p. (ISBN 2863260650, 9782863260654) 
  19. Achilles Gautier, Alfred Muzzolini, La Domestication, Errance - 1990
  20. Cécile Callou, De la garenne au clapier : étude archéozoologique du Lapin en Europe occidentale, Ed. Mémoires du Muséum d'Histoire naturelle - 2003 Lire un résumé de ce document
  21. a et b Jean Demangeot, Les Milieux « naturels » du globe, Paris, Armand Colin, 10e édition, 2002, p.105
  22. Pascale Joubert, Étude des mécanismes de maturation de la polyprotéine du virus de la maladie hémorragique du lapin (RHDV), Université de Tours, 2000. Lire le paragraphe sur le RHDV sur le site de l'INRA Tours
  23. a, b et c (ONFS 2007)
  24. Rapport de l'Agence européenne de l'Environnement source : European forests — ecosystem conditions and sustainable use EEA Report No 3/2008 ISSN:1725-9177, page 40 sur 110
  25. Moreno, S.; Beltran, J. F.; Cotilla, I.; Kuffner, B.; Laffite, R.; Jordan, G.; Ayala, J.; Quintero, C.; Jimenez, A.; Castro, F.; Cabezas, S. and Villafuerte, R., 2007. Long-term decline of the European wild rabbit (Oryctolagus cuniculus) in south-western Spain. Wildlife Research 34: 652–658
  26. Actes/Dossier du colloque de Plougonvelin 31 mai — 1er juin 2007 sur le lapin

Voir aussi

Bibliographie

  • François Biadi et André Le Gall, Le Lapin de garenne. Vie, gestion et chasse d'un gibier authentique, Hatier, Paris, 1993
  • Cécile Callou, De la garenne au clapier : étude archéozoologique du Lapin en Europe occidentale, éd. Mémoires du Muséum d'Histoire naturelle - 2003 Lire un résumé de ce document
  • (en) Robert M. Lockley, The Private Life of the Rabbit: An Account of the History and Social Behaviour of the Wild Rabbit, Macmillan, New York, 1964 ;
  • Jean Rougeot, Origine et histoire du lapin, Institut National de la Recherche Agronomique, Laboratoire des Pelages, Toisons et Fourrures, F‑78350 Jouy‑en‑Josas Lire le document
  • Dominique et Serge Simon, Le Lièvre et le lapin de garenne, Payot, Lausanne, 1986 (ISBN 2-601-02211-6)
  • (en) Harry V. Thompson et Carolyn M. King (dir.), The European Rabbit: The History and Biology of a Successful Colonizer, Oxford University Press, Oxford, 1994

Sous-articles détaillés sur cette espèce

Autres articles connexes

Références externes

Taxinomie

Autres sites


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