Le Parfait Amour (conte)

Le Parfait Amour (conte)
Le Parfait Amour
Auteur Henriette-Julie de Castelnau de Murat
Genre Conte de fées en prose
Pays d'origine France
Lieu de parution Paris
Éditeur Claude Barbin
Date de parution Janvier 1698

Le Parfait Amour est un Conte de fées en prose d'Henriette-Julie de Castelnau de Murat publié en janvier 1698 dans le recueil Contes de Fées pendant la grande mode du conte « à la française » qui se développe au début de la décennie 1690.

Sommaire

Personnages

Le Couple héroïque : La princesse Irolite, le prince Parcin-Parcinet.

Les Opposants : La fée Danamo, le prince Ormond.

Les Adjuvants : La fée Adorable, la gouvernante Mana.

Argument

La laideur ignominieuse de la princesse Azire n'empêcha pas sa mère, la redoutable fée Danamo, aveuglée par le pouvoir, de la destiner à l'irrésistible prince Parcin-Parcinet. Mais le jeune homme, qui aurait pu ainsi devenir souverain de trois empires, resta insensible à l'amour d'Azire, révulsé par son hideur.

Ses œillades se portèrent plutôt vers le château où se trouvait emprisonnée Irolite, la nièce de Danamo, qui la jugea trop belle pour la laisser paraître librement dans son palais : elle aurait fait trop d'ombre à sa fille pour la conquête d'un époux. Apprenant qu'elle était promise à l'effroyable et barbare prince Ormond, Parcin-Parcinet ne pensa plus qu'à enlever Irolite, l'objet de son brandon, avec la complicité de la gouvernante Mana et de la fée Favorable. Cette tante bienfaitrice lui envoya une bague composée de quatre métaux différents, d'or, d'argent, d'airain et de fer, qui devaient les préserver de la colère et des cruautés de Danamo au cours de leur fuite.

Mais le pouvoir de la bague fut utilisé avec légèreté. En effet, le premier souhait du prince fut un caprice d'amoureux : parler librement à celle qu'il aimait, alors que se trouvaient à ses côtés la redoutable Danamo et sa fille Azire. Les trois autres vœux se réalisèrent lorsque Irolite et Parcin-Parcinet furent poursuivis par les troupes d'Ormond, tandis qu'ils fuyaient le palais de Danamo. Ainsi la première fois, la terre s'ouvrit pour protéger le jeune couple qui fut accueilli dans un vaste palais souterrain inondé de lumières et peuplé de gnomes affables. La deuxième fois, c'est dans un univers aquatique que plongèrent les amants pour échapper à leurs poursuivants. Enfin la troisième fois, ils furent introduits dans un univers salamandrin où régnaient les puissances des flammes. Après ces quatre faveurs, Irolite et Parcin-Parcinet se retrouvèrent à nouveau dans la plaine où les attendait Ormond avec ses hommes de main. Désormais vulnérables et malgré la proximité du hâvre protecteur qu'ils cherchaient à rejoindre, ils furent arrêtés et livrés au joug de Danamo qui les emprisonna séparément pour les punir.

Mais la malédiction de la fée ne s'arrêta pas là : elle confectionna deux lampes qui, lorsqu'elles étaient allumées, étaient délétères et mortifères. Pour comble de cruauté, l'inexorable Danamo éveilla la jalousie dans le cœur des deux amants, en faisant croire à Parcin-Parcinet qu'Irolite était mariée et heureuse avec Ormond, tandis qu'on persuada Irolite que celui qu'elle aimait était sur le point de s'unir à Azire, soudainement soumis aux vicissitudes d'un cœur jeune et volage.

C'est alors qu'intervint in extremis la fée Favorable. Son âme, naguère inexpugnable, avait baissé pavillon face aux joutes répétées de dieu Amour : elle n'avait pu résister aux charmes d'un jeune prince de sa cour. Ainsi, touchée de compassion pour les malheurs de ses anciens protégés, elle pardonna à Parcin-Parcinet l'usage irréfléchi qu'il avait fait de la bague. Puis elle délivra les deux tourtereaux, leur promettant une vie longue et heureuse. Ils ne tardèrent pas à célébrer leur mariage, tandis que Danamo, vaincue, s'était occise d'un zèle furibond.

Brève analyse du conte

Un conte privilégiant la veine romanesque

« Le Parfait Amour » reprend le schéma assez classique de l'héroïne enfermée par une marâtre jalouse, puis délivrée par son amant. Cependant, on n'y retrouve pas les fameuses épreuves subies par la jeune fille, habituellement évoquées dans la plupart des contes de ce type.

Le récit de Madame de Murat se distingue sur ce point du conte Gracieuse et Percinet de Marie-Catherine d'Aulnoy. Les situations initiales des deux contes sont similaires, et les jeunes princes portent même des noms qui se font écho : Percinet devenant Parcin-Parcinet chez la Comtesse de Murat. Toutefois, l'histoire de Madame d'Aulnoy se rattache de manière évidente au mythe de Psyché apparu dans l'Âne d'or d'Apulée. Or, c'est plutôt la veine romanesque qu'a choisi Madame de Murat pour son intrigue où s'accumulent tendres discours, lettres, enlèvements, batailles et emprisonnements.

Le « Parfait Amour » ?

Le titre du premier conte de la Comtesse de Murat n'est ni le nom d'un personnage ni celui d'un lieu enchanté mais une expression indiquant le thème central du récit. Un tel titre implique une certaine vision de l'amour, en lien avec la tradition précieuse. Le "parfait amour" ne pourrait-il exister que dans l'espace et le temps de la féerie ?

Les deux fées Danamo et Favorable, malgré leur antagonisme, possèdent un point commun : une certaine incompétence en amour. Danamo étant définitivement invincible, il faudra attendre la fin du récit pour voir la « conversion »[1] amoureuse de Favorable, cédant enfin aux assauts galants d'Amour. L'amour n'est donc pas un affect inné aux fées.

De même, à la fin, la fée Favorable ne peut faire don de l'amour au couple héroïque : « elle les doua d'une longue vie et d'un bonheur constant ; mais pour leur tendresse, elle ne trouva rien à y rajouter. »[2] L'amour n'est donc pas un don des fées, il est au-delà de leur pouvoir. Le « parfait amour », même s'il se déploie dans un cadre merveilleux, ne s'identifie pas au féerique.

La variété du merveilleux

Un des rôles du merveilleux chez Henriette-Julie de Castelnau de Murat est d'intégrer totues sortes d'éléments de la littérature et de l'actualité, non seulement pour faire échapper le texte de la tradition folklorique des contes de nourrice, mais aussi pour évoquer d'une façon originale le Grand Siècle et les transformations qu'il a engendrées.

Dans « Le Parfait Amour », on observe en particulier l'évocation de gnomes, ondins, salamandres et sylphes, toute une matière merveilleuse qui n'est en réalité que le résiduel des théories cabalistiques vulgarisées par Nicolas-Pierre-Henri de Montfaucon de Villars dans Le Comte de Gabalis ou Entretiens sur les sciences secrètes (1670). Ainsi, en offrant au prince Parcin-Parcinet une bague magique qui doit préserver le couple des exactions de Danamo, la fée Favorable lui donne accès au monde élémentaire, puisque la bague est composée de quatre métaux précieux associés chacun à une classe particulière intervenant pour protéger les amants.

Plus tardivement dans le récit, Madame de Murat fait appelle à un merveilleux de salon puisqu'elle fait appelle à des lampes magiques : une lampe de cristal qui affaiblit la santé de la princesse Irolite, une lampe d'or qui altère celle de Parcin-Parcinet.

Notes et références

  1. Amour précieux, amour galant (1654-1675). Essai sur la représentation de l'amour dans la littérature et la société mondaines, Jean-Michel Pelous, 1980.
  2. Le Parfait Amour in Contes de fées, Henriette-Julie de Castelnau de Murat, 1698.

Œuvre en ligne

Bibliographie

  • L'Édition critique des Contes d'Henriette-Julie de Castelnau de Murat établie par Geneviève Patard, Éditions Honoré Champion, 2006.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Le Parfait Amour (conte) de Wikipédia en français (auteurs)

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