Les Très Belles Heures de Notre-Dame

Les Très Belles Heures de Notre-Dame

Les Très Belles Heures de Notre-Dame est un manuscrit que commande le duc Jean Ier de Berry en 1389 et dont la réalisation est sans doute interrompue vers 1409. Démembré très tôt, le livre d'heures proprement dit est conservé à la Bibliothèque nationale de France sous la cote NAL 3093, le missel, appelé aussi parfois Heures de Turin, est conservé au Museo Civico del Arte de Turin (ms. inv. n°7) et un livre de prière aujourd'hui détruit et dont il ne subsiste que quatre feuillets actuellement au musée du Louvre (RF2022-2024).

Sommaire

Histoire du manuscrit

L'Annonciation, livre d'heures, f.2

Le livre est commandé par Jean Ier de Berry, le livre comportant deux portraits du duc et ses armes à plusieurs reprises et notamment sur le dais mortuaire de l'office des morts. La composition du manuscrit, relativement rare avec des offices et des prières peu fréquents dans ce type d'ouvrages, est inspirée des Très Belles Grandes Heures de Charles V. Signe de cette inspiration, le manuscrit comporte une prière au souverain et autre au roi de France. Le manuscrit comprenait à l'origine 343 feuillets dont une centaine de folios enluminés.

Les textes sont commandés à partir de 1389 et les enluminures sont commencées en 1390. Celles-ci sont commencées sous la houlette de Jean d'Orléans (actif entre 1361 et 1407, alias le Maître du parement de Narbonne. Celui-ci doit son nom aux grisailles qu'il a exécutées sur une tenture de soie de l'autel de la cathédrale de Narbonne, actuellement conservée au musée du Louvre (1375). Pour cet ouvrage, il emploie des collaborateurs tels que le maître du Couronnement de Charles VI, Jean Petit, alias le Pseudo-Jacquemart. La première campagne s'interrompt peut-être vers 1404-1405 sans raison connue pour reprendre jusqu'en 1409. Ensuite, prennent part aux miniatures le Maître de Saint-Jean-Baptiste et le Maître du Saint-Esprit lors d'une seconde campagne.

En 1412, le duc fait don des Très Belles Heures de Notre-Dame à son garde des joyaux, Robinet d'Étampes. Cependant, il semble que dès cette date, il ne lui fasse don que du livre d'heures proprement dit et non de la totalité du livre. Le missel et le livre de prière sont donc déjà reliés à part et en grande partie inachevés.

Le livre d'heures de la BNF

Le livre d'heures reste dans la famille d'Étampes pendant longtemps : il appartient à Marguerite de Beauvillier, femme de Robert d'Étampes, chambellan du roi Charles VII en 1438, qui remplace les armes et le portrait de Jean de Berry par les siens. Le manuscrit reste ensuite dans les mains des seigneurs puis marquis de la Ferté-Imbault. La reliure actuelle date du XVIIIe siècle et comporte les armes d'une famille alliée aux Étampes, les Duplessis-Châtillon. L'ouvrage est ensuite dans la collection du comte Victor de Saint-Mauris, puis d'Auguste de Bastard et enfin d'Adolphe puis de Maurice de Rothschild. Ce dernier en fait don à la Bibliothèque nationale en 1956.

Cette partie du manuscrit comporte aujourd'hui 25 miniatures sur les 31 qu'il devait comporter à l'origine. Jean d'Orléans est sans doute l'auteur de la plupart des miniatures de l'office de la Vierge, ainsi que les grandes illustrations de l'office des morts et des prières de la Passion. Lors de la deuxième campagne, interviennent alors le Maître du Jean Baptiste et le Maître du Saint-Esprit. Les frères de Limbourg, entrés au service du duc en 1405, interviennent eux aussi sur le manuscrit pour ajouter trois miniatures à la fin de cet ouvrage, sans doute vers 1410-1412 : L'Adoration de la Sainte Trinité, L'Adoration de Dieu le père et Itinéraire du duc de Berry (cette dernière ayant disparu, elle est connue par un dessin ancien).

Le Missel et livre de prière ou Heures de Turin-Milan

Le Christ au Mont des Oliviers, missel, f.30v attribué au Maître H, atelier van Eyck, années 1430

Cette partie du manuscrit, désignée souvent sous le nom Heures de Turin-Milan, ne comporte pas de livre d'heures à proprement parler, mais un missel et un livre de prières spéciales à l'adresse de saints. Cette partie est sans doute vendue par Robinet d'Etampes. Elle entre quelque temps après en possession d'un membre de la famille de Bavière-Hollande qui y fait ajouter ses armes (f.59, détruit). On pense qu'il s'agit soit de Guillaume IV de Hainaut, soit de son frère Jean III de Bavière soit de sa fille Jacqueline de Hainaut.

Des miniatures sont alors ajoutées au manuscrit, sans doute à partir de 1422-1424 : d'après leur style, elles sont attribuées à l'atelier des frères Jan et Hubert Van Eyck. En effet, à cette époque, Jan est peintre en titre de Jean de Bavière. Trois mains différentes ont été distinguées parmi ces miniatures ajoutées dans une première campagne (maître H, I, J), sans être capables d'établir quel frère van Eyck ou quel autre peintre de leur atelier y a contribué. Une deuxième campagne se déroule dans les années 1430, peut-être de la main des maîtres G et H, à moins qu'il ne s'agisse de Jan van Eyck lui-même. Une troisième campagne intervient vers 1435, peut-être pour un nouveau possesseur, représenté dans la Prière du voyageur en péril (Prières, f.71v). Les symboles héraldiques, mêlant armes des rois de France et de duc de Bourgogne, font penser à une intervention après le Traité d'Arras (1435). Une dernière campagne intervient enfin vers 1447-1450 pour le compte d'un commanditaire, peut-être le même que le précédent mais un peu plus âgé, représenté en habit fourré en prière devant Dieu (Prières, f.46v). Un calendrier à l'usage des Pays-Bas bourguignons est alors ajouté au manuscrit.

Le livre appartient par la suite à la maison de Savoie, peut-être par l'intermédiaire de Marguerite d'Autriche (1480-1530). Il appartient ensuite à Christine de France. C'est peut-être elle qui est à l'origine du second démembrement du livre. Le missel, est acquis vers 1800 par le prince Gian Giacomo Trivulzio de Milan (décédé en 1831). Son descendant Luigi Alberico Trivulzio en fait don en 1935 au Museo Civico de Turin.

Le livre de prières reste dans les collections de la famille de Savoie. Il est alors démembré de certains de ses feuillets  : quatre feuillets rentrent dans les collections du Louvre en 1896. Un autre feuillet est récemment réapparu, appartient aujourd'hui aux collections du Getty Center[1]. Le manuscrit lui-même est intégré à la collection de la bibliothèque de l'université de Turin en 1723. Il et détruit à l'occasion d'un incendie de la bibliothèque le 26 janvier 1904. Cependant, Paul Durrieu fait réaliser une reproduction de ses enluminures deux ans avant cette destruction, ce qui permet d'en reconstituer son aspect.

Voir aussi

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Bibliographie

  • Eberhard König et François Boespflug, Les « Très Belles Heures » du duc Jean de France, duc de Berry, Le Cerf, coll. « Images & Beaux livres », octobre 1998, 298 p. (ISBN 2-204-05416-X).
    Publication intégrale des miniatures connues du manuscrit
     
  • Les Enluminures du Louvre, Moyen Âge et Renaissance, éd. Hazan/Musée du Louvre, 2011, notice 77-80, p. 140-156
  • M. Smeyers, « Answering Some Questions about the Turin-Milan Hours », in Le dessin sous-jacent dans la peinture, colloque VII, 17–19 septembre 1987 (UCL, Inst. Sup. d'Archéol. et d'Histoire de l'art, Document de travail, 24), Louvain-la-Neuve, 1989, p. 55–70.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références


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