Lewis Goldsmith

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Lewis Goldsmith, né vers 1763, probablement à Richmond (Surrey), décédé le 6 janvier 1846 à Paris, est un essayiste politique (dit à l'époque « publiciste ») et un espion anglo-français d'origine juive portugaise.

Sommaire

Un radical partisan de la Révolution française

Lié aux radicaux à la fin des années 1780, Goldsmith établit des contacts avec les cercles maçonniques et les Illuminati à Francfort-sur-le-Main en 1792. Durant les guerres de la Révolution, il voyage à travers l'Allemagne, la Pologne (1794) et les Provinces-Unies[1]. En 1795, il écrit la préface de la deuxième partie de l'ouvrage de son ami Joel Barlow, Advice to the Privileged Ordres, qui exhorte les rois et les aristocrates à renoncer à leurs privilèges indus[2]. De retour à Londres en 1797, il fonde un journal pro-français, Albion, en 1799[1].

En 1801, Goldsmith publie The Crimes of Cabinets, or a Review of the Plans and Aggressions for Annihilating the Liberties of France and the Dismemberment of her Territories, une attaque contre la politique militaire de Pitt. En 1802, menacé de poursuites juridiques, il obtient d'Otto, commissaire pour l'échange des prisonniers de guerre, une lettre de recommandation pour Sémonville, alors ministre plénipotentiaire à La Haye[3]. Celui-ci lui remet un passeport, et il passe avec son épouse Rebecca à Paris[2], où Talleyrand l'introduit auprès de Napoléon. Avec l'aide de ce dernier, Goldsmith crée en octobre un nouveau journal, Argus, ou Londres vu de Paris, une publication bi-hebdomadaire anglaise sur les affaires anglaises d'un point de vue français. Pressé par Talleyrand de modérer le ton de son journal[1], il est remplacé en février 1803 par Thomas Dutton, ancien directeur du Dramatic Censor. Dans le besoin, Goldsmith demande une compensation de 7 000 francs[2] et propose ses services à l'ambassadeur britannique au printemps suivant. Les services secrets parviennent rapidement à le retourner et à en faire un agent double[1].

En 1803, selon les dires de Goldsmith lui-même, il se voit confier une mission, celle d'obtenir du Comte de Provence, le chef de la famille royale française et le prétendant au trône Louis XVIII, une renonciation au trône de France en échange du trône de Pologne. Celui-ci décline l'offre. Goldsmith affirme qu'il a alors reçu pour instruction d'enlever Louis, ou de le tuer s'il résiste. Il est également chargé de suborner des hommes d'État allemands[4]. Jusqu'en 1807, Goldsmith remplit des missions d'espionnage pour le compte de Napoléon.

En 1804-1805, il publie avec Bertrand Barère le Memorial Anti-Britannique. Par ailleurs, il traduit les Commentaries on the Laws of England de William Blackstone en français[2].

Un adversaire de Napoléon

Goldsmith retourne en Angleterre en 1809 avec un passeport de Dunkerque pour l'Amérique. Arrêté et emprisonné dans un premier temps à la prison de Tothill Fields Bridewell[2], il est bientôt relâché, et il s'installe comme solicitor à Londres. En 1811, devenu entre-temps violemment anti-républicain, il fonde l'Anti-Gallican Monitor and Anti-Corsican Chronicle (connu par la suite sous le titre : British Monitor), dans lequel il dénonce à présent la Révolution française. Il propose ainsi qu'un prix soit mis sur la tête de Napoléon par souscription publique, mais se voit lui-même condamné par le gouvernement britannique.

Il publie également Secret History of the Cabinet of Bonaparte et Recueil des manifestes, or a Collection of the Decrees of Napoleon Bonaparte en 1811, une Secret History of Bonaparte's Diplomacy — dans lequel il affirme que Napoléon lui avait offert 200 000 [francs?] pour cesser ses attaques contre lui — en 1812 et An Appeal to the Governments of Europe on the Necessity of Bringing Napoleon Bonaparte to a Public Trial en 1815.

Dernières années

Goldsmith fait des séjours prolongés à Paris en mai 1818 et en novembre 1819[1]. En 1825, il retourne définitivement dans la capitale française, où il devient en 1832 avocat conseil (solicitor) de l'ambassade britannique[5],[2] et publie des Statistics of France quelques années plus tard. Sa fille unique, Georgiana, née en 1807 à Paris[2], devient le 5 août 1837 la seconde épouse de John Copley, Lord Lyndhurst, trois fois Lord Chancelier du Royaume-Uni, décédé le 12 octobre 1863[6], qui a joué un rôle dans l'émancipation des Juifs du Royaume-Uni en 1858[7]. Il meurt « de paralysie » après des mois de maladie, dans sa maison, rue de la Paix, à Paris, le 6 janvier 1846[8].

Notes et références

  1. a, b, c, d et e Darius Alexander Spieth, p. 149-150.
  2. a, b, c, d, e, f et g John Goldworth Alger, p. 104-108.
  3. Frédéric Masson, p. 490.
  4. Edgar Roy Samuel, « Anglo-jewish notaries and scriveners » (p. 113-159), Transactions of the Jewish Historical Society of England, tome 17, 1953, p. 148.
  5. Paul Morand, « Un journal napoléonien de propagande imprimé à Londres » (p. 780 à 810), Revue des deux Mondes, tome 46, 15 août 1938, p. 787.
  6. Ernest Philip Alphonse Law, The History of Hampton Court Palace : Orange and Guelph times, G. Bell and sons, 1891, p. 448.
  7. Abraham Gilam, The Emancipation of the Jews in England, 1830-1860, Garland, 1982, 193 pages; p. 93.
  8. Oxford Dictionary of National Biography

Bibliographie

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Lewis Goldsmith » (voir la liste des auteurs)
  • (en) Oxford Dictionary of National Biography
  • (en) « Lewis Goldsmith », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [détail de l’édition] [lire en ligne]
  • (en) John Goldworth Alger, Napoleon's British Visitors and Captives: 1801-1815, Westminster, A. Constable & Co. ; New York, James Pott & Co., 1904 (rééd. Read Books, 2008, 348 pages, p. 104-108).
  • (en) Samuel Austin Allibone, A critical dictionary of English literature: and British and American authors, living and deceased, from the earliest accounts to the middle of the nineteenth century. Containing thirty thousand biographies and literary notices, with forty indexes of subjects, J. B. Lippincott & co., 1858, tome 1, p. 687.
  • Gérald Arboit, « Introduction à l'histoire du renseignement sous le Premier Empire », Renseignement et Opérations spéciales, L'Harmattan, n° 4, mars 2000, 195 pages, p. 39-79.
  • Frédéric Masson, Le Département des affaires étrangères pendant la révolution, 1787-1804, E. Plon et cie, 1877, 570 pages, p. 490.
  • Gilbert Martineau, La Vie quotidienne à Sainte-Hélène au temps de Napoléon, Hachette, 1966, 271 pages, p. 249.
  • (en) Samuel Maunder, The biographical treasury, a dictionary of universal biography, Londres, Longman, Orme, Brown, Green & Longmans, 1838, p. 338-339.
  • (en) Darius Alexander Spieth, Napoleon's sorcerers: the Sophisians, Associated University Presse, 2007 - 215 pages, p. 149-150
  • (en) Robert Watt, Bibliotheca Britannica: A General Index of British and Foreign Literature, Routledge, 1996, 3002 pages, p. 423
  • « Goldsmith (Lewis) », Biographie nouvelle des contemporains: ou Dictionnaire historique et raisonné de tous les hommes qui, depuis la révolution française, ont acquis de la célébrité par leurs actions, leurs écrits, leurs erreurs ou leurs crimes, soit en France, soit dans les pays étrangers; précédée d'un tableau par ordre chronologique des époques célèbres et des événemens remarquables, tant en France qu'à l'étranger, depuis 1787 jusqu'à ce jour, et d'une table alphabétique des assemblées législatives, à partir de l'assemblée constituante jusqu'aux dernières chambres des pairs et des députés d'Antoine-Vincent Arnault, Antoine Jay, Étienne de Jouy, Jacques Marquet de Montbreton de Norvins, Librairie historique, 1820-1825, 20 volumes, tome 8, 1822, p. 222-223.
  • « Les vétérans de la presse militante en Angleterre: biographies anecdotiques des journalistes et publicistes anglais (III) », Revue britannique: Choix d'articles traduits des meilleurs écrits périodiques de la Grande-Bretagne d'Amédée Pichot, Bruxelles, Méline, 1863, tome 2, p. 46-49 (reprenant « Editors and newspapers and periodical writers of the last generation, by an old apprentice of the law, third and concluding article », Fraser's magazine for town and country de James Fraser, Londres, Parker, Son & Bourn, tome 66, juillet-décembre 1862, p. 39-44).
  • « Goldsmith (Lewis) », La France littéraire, ou Dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France, ainsi que des littérateurs étrangers qui ont écrit en français, plus particulièrement pendant les XVIIIe et XIXe siècles de Joseph-Marie Quérard, Firmin Didot père et fils, 1829, tome 3, p. 404-405.

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